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	      CHAPITRE XI  
	       LA FEODALITE EN VENDEE, DE 877A 1180  
	       
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    La féodalité en Vendée de 877 à 1180. 
           
    
            
      Relèvement des églises, - Châteaux féodaux. 
           
        
            
         
        Les pirates de Noirmoutier vers 1060. 
           
          
            
            Obligations militaires des bas-poitevins aux X° et XI° siècles. 
           
            
            
              Les premiers châteaux-forts de Vendée et les églises fortifiées 
            (Moricq, Beauvoir, La Garnache, Talmont, Fontenay, Maillezais, Apremont, etc.) 
           
              
            
              Les châteaux-forts bas-poitevins aux XI°, XII° et XIII° siècles. 
           
                
              Château de Pouzauges. 
           
                  
            
               
            La trahison du seigneur de Talmont (1138), Louis VII devant Talmont. 
           
                    
              
              Le moyen-âge, ses faiblesses et ses grandeurs. 
           
                      
              
              L’église féodale en Vendée. 
           
                        
                L’an mille. 
           
                          
              
              Abbayes de la Vendée. Saint Jean d’Orbestier. 
           
                            
              
               
            Sainte-Croix de Talmont. 
           
                              
              
               
            Bellenoue. 
           
                                
              
              Nieuil-sur-l’Autise. 
           
                                  
              
               
            Moreilles. 
           
                                    
              
               
            Bois-Grolland. 
           
                                      
              
               
            Trizay. 
           
                                        
              
               
            Breuil-Herbaud. 
           
                                          
              
              L’Ile Chauvet. 
           
                                            
              
              La Grainetière. 
           
                                              
              
               
            La Blanche. 
           
                                                
              
               
            Lieu-Dieu en Jard. 
           
                                                  
              
               
            Angles. 
           
                                                    
              
               
            Les Fontenelles. 
           
                                                      
              
                Influence des croisades sur les fondations monastiques, - l’église 
            adopte les institutions et les Mœurs féodales. Etablissement des avoués. 
           
                                                      
              
              Développement des églises de campagne. 
           
                                                          
              
              La Roche-sur-Yon et le Poiré-sur-Vie, - Droits du prieur de Saint-Lienne-Ecoles. 
           
                                                            
              
                Usage des bancs dans les églises. - Puissance des ordres religieux en 
            Vendée au XII°siècle. 
           
                                                              
              
                Anciens prieurés (Mouchamps, Fontaines, Cheffois, Courdault, Lande-Beauchêne, 
                                                              Saint-Laurent- 
              Sur-Sèvre, Sigournais, Puybelliard, Aizenay, Saint-Florent-des-Bois, 
            etc.) 
           
                                                                
              
                Caractère malheureux de cette époque au point 
            de vue moral, - Création du sacré collège, - la Papauté. 
           
                                                                
              
              Puissance de la Papauté. 
           
                                                                    
              
                Eglises des XI° et XII° siècles, Saint-Nicolas 
                                                                  de Brem (cryptes de Fontenay, Tiffauges, Curzon, Les Essarts), Nieuil-sur-l’Autise, 
            Vouvent, Foussais, Maillé, Fontaines, Belleville,   
           
                                                                    
              
                Maillezais, Chalais, Benet, La Chaize-Giraud, Les Moutiers-les-Mauxfaits, Mareuil-sur-Lay, 
            Luçon, La Grainetière. 
           
                                                                        
              
                Caractères des vieilles églises de Vendée.
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                     
            
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		    LA FÉODALITÉ EN VENDÉE DE 877 à 1180	 
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	         A partir du règne de Charles le Chauve, il n'y eut plus d'intérêts 
          généraux, plus de gouvernement national. L'assemblée 
          de Kersi-sur-Oise, ayant, en 877, rendu héréditaires des 
          fiefs concédés jusque là à titre temporaire, 
          la puissance des rois devint illusoire. 
         Comme on voyait briller partout le fer destructeur des Normands, et 
          qu'il n'existait plus ni force centrale, ni corps d'armée qui 
          pût arrêter, ce torrent, tout propriétaire fut forcé 
          de veiller à sa propre défense, afin de . ne chercher 
          son salut que, dans son courage (1). 
         Le Poitou surtout, fut ainsi pendant plus d'un siècle, abandonné 
          à ses propres forces ; les populations s'habituèrent alors 
          à ne plus compter que sur leurs ducs et comtes, devenus héréditaires 
          et véritables souverains du pays. Chaque seigneur bravant utilement 
          les défenses faites par Charles le Chauve, fortifia son château, 
          et mit sa famille et ses biens à l'abri de la surprise et du 
          péril. 
         La menace, continuelle du danger précipita surtout le mouvement 
          de concentration de la propriété foncière (2), 
          et rendit plus nécessaires les liens qui s'établirent 
          entre la faiblesse et la force pour la défense commune. 
        L'excès des malheurs et des périls ramena tous les intérêts 
          les plus opposés au soin du salut commun, et la plus impérieuse 
          des lois, la nécessité, fit alors naître de ce chaos 
          un nouvel ordre de choses qui est devenu la féodalité. 
        Nous dirons peu de choses de ce régime, qui en Vendée 
          fut constitué d'une manière plus forte et plus indépendante 
          rendit de grands services à son origine, et donna lieu plus tard 
          à des abus de tous genres. 
         				
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			NOTES: 
			(1) On attribue assez généralement à 
          ces premières résistances de la noblesse contre le souverain, 
          l'origine de cette chevalerie errante (A) qui a ses pages si pittoresques 
          dans les murs du moyen âge. Les manoirs étaient souvent 
          dés refuges, où un chevalier admettait à une hospitalité 
          généreuse, le voyageur qui regagnait sa patrie, le pèlerin, 
          le, marchand lui-méme. 
         (A) La chevalerie était proprement, de nom comme 
          de fait, la milice d'élite de la France dont il est déjà 
          fait mention dans un des capitulaires de Charlemagne (807), l'armée 
          du' château féodal. 
         (2) Cette concentration fut encore dans le même 
          temps favorisée par l'établissement du droit d'aînesse, 
          qui n'existait pas dans la loi germanique. - La loi salique appelait 
          tous les enfants mâles au partage égal de la terre, dans 
          les successions, et assurait même une part aux enfants illégitimes 
          ; les filles seules étaient esclaves avec une rigueur exagérée, 
          que l'usage avait fait disparaître. 
           
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		   RELÈVEMENT DES ÉGLISES. 
            - CHÂTEAUX FÉODAUX  
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	        A la fin du Xe siècle, les églises et les monastères 
          du Poitou se relèvent de toutes parts : toutes les classes de 
          la population réunissent leurs premiers ' efforts pour rebâtir 
          les temples de Dieu et faire disparaître les ruines des abbayes 
          ; mais à côté du clocher qui s'élance de 
          nouveau vers le ciel, près du monastère qui répare 
          ses murailles renversées, et de l'ancien village gallo-romain 
          qui commence à reconstruire ses maisons de bois brûlées 
          par les Normands, nous trouvons la tour féodale qui a résisté 
          aux attaques des pirates. A l'abri de ses fortes murailles, habite le 
          possesseur d'un grand fief devenu héréditaire il est là 
          avec sa famille, au milieu des tenanciers qui cultivent sa terre, entouré, 
          de vassaux, possesseurs d'anciens fiefs qui lui doivent foi et hommage, 
          et le service de leur épée au jour du combat. Plus d'une 
          fois, à l'approche des Normands, l'enceinte fortifiée 
          à servi de refuge aux populations : le seigneur féodal 
          est sorti avec ses hommes d'armes, et a repoussé loin de la contrée, 
          le pillage et l'incendie ; trop heureux, lorsqu'il ne se servait pas 
          quelquefois lui-même de sa puissance pour molester plus faible 
          que lui, ainsi qu'en témoigne le fait suivant. 
         					
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			NOTES: 
			(1) Cette concentration fut encore dans le même 
          temps favorisée par l'établissement du droit d'aînesse, 
          qui n'existait pas dans la loi germanique. - La loi salique appelait 
          tous les enfants mâles au partage égal de la terre, dans 
          les successions, et assurait même une part aux enfants illégitimes 
          ; les filles seules étaient esclaves avec une rigueur exagérée, 
          que l'usage avait fait disparaître. 
         
         
         
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		   LES PIRATES DE NOIRMOUTIER VERS 
            1060  
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	         Au premier âge de la féodalité vouée au 
          régime de la force, moins encore par son principe et sa nature, 
          que par le milieu et les circonstances dans lesquelles elle se développa, 
          presque tous les seigneurs étaient devenus,, suivant le mot énergique 
          d'un chroniqueur (Orderic Vital) " brigands, ennemis des voyageurs 
          et des faibles ". 
         Plusieurs chartes de cette époque prouvent en particulier que 
          ceux, de nos côtes tiraient d'une active piraterie, la source 
          la plus claire et la plus abondante de leurs revenus. Celle dont on 
          va lire la traduction appartient au Cartulaire de l'abbaye de Saint-Sauveur-de-Redon, 
          en Bretagne. 
         Cet acte est la convention faite par le seigneur Perenès (1), 
          abbé de Saint-Sauveur, et de ses moines, avec Gautier et Gosselin 
          hommes nobles, seigneurs des châteaux de la Garnache, de Beauvoir 
          et de Noirmoutier. Car il arriva que les susdits nobles, ayant suivi 
          un vaisseau des moines allant en Poitou, s'en emparèrent à 
          son retour et le pillèrent complètement. 
         Dans la suite, repentants de cette faute, ils rendirent à deux 
          moines de ce monastère, Merkiou et Gautier, tout ce qu'ils avaient 
          pris. Voulant, en outre. obtenir d'être associés au bénéfice 
          des prières de tous les frères, ils concédèrent 
          à perpétuité, eux, leurs femmes, leur fils et leur 
          postérité, l'exemption de tous droits, cens et seigneuries, 
          pour deux navires des moines de Saint-Sauveur. 
         Les témoins suivants ont corroboré la puissance de cetteconvention 
          : Gautier, lui-même, et Gosselin Pierre, fils de Gosselin ; Guillaume, 
          moine de Saint-Jouin ; Hermenfroy, moine de Saint-Martin; Gosselin, 
          de Palluau; Airard, de Noirmoutier ; Aimery, son fils ; Albéric, 
          de la Garnache ; Boson, de Beauvoir ; Albois, le fils d'Armand ; Béranger, 
          fils de Gautier ; Aimery, sénéchal; Gobin; Haton, prévôt; 
          Monz (2). 
         					
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			NOTES: 
			(1) Mourut en 1060. 
         (2) Recherches historiques sur le département de 
          la Vendée, par feu de la Boutetiére. 
           
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		   OBLIGATIONS MILITAIRES DES BAS-POITEVINS 
            AUX Xe ET XIe SIÈCLE	 
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	          Le comte du Poitou gouvernait comme partout la force militaire de 
          son territoire ; mais, contrairement à ce qui se passait ailleurs, 
          les Poitevins n'étaient tenus qu'à trois mois de service, 
          et c'était peut-être là une de ces immunités 
          déjà fort anciennes, qu'avait signalées le poète 
          Claudien. Au reste, le recrutement n'appelait que les hommes libres, 
          c'est-à-dire ceux qui possédaient quatre manses, ou habitations 
          rurales, contenant chacune une valeur d'à peu près dix 
          arpents (1). Pour maintenir les soldats sous les drapeaux, au-delà 
          le terme de trois mois, il fallait une prolongation de la guerre ; mais 
          alors, comme le service de ce que l'on appelle aujourd'hui l'intendance, 
          n'était pas encore inventé, l'armée vivait dans 
          le pays occupé, entière-ment aux frais des populations 
          qui, souvent, étaient ruinées pour longtemps. 
         C'étaient donc les leudes, les vassaux et arrière-vassaux 
          qui effectuaient les réunions armées sur un point donné 
          du territoire. Là se rendaient, au premier appel, comme nous 
          l'avons vu pour Fontenay-le-Comte, en 841, les hommes libres qui recevaient 
          les ordres immédiats du comte. Antérieurement à 
          l'époque féodale, c'était le roi seul qui avait 
          le droit de convoquer les seigneurs de tout rang qui étaient 
          ses hommes liges. Mais tout fait croire qu'à l'époque 
          où nous voilà parvenus, le vieil esprit d'opposition à 
          la monarchie d'outre-Loire, s'étant toujours maintenu, le comte 
          avait déjà acquis une assez grande indépendance 
          de la couronne, pour que les leudes ne voulussent obéir qu'à 
          lui seul. C'est donc sous sa bannière que les Poitevins s'en 
          allèrent, dans la Neustrie, guerroyer contre les Normands (2). 
         					
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			NOTES: 
			 (1) Ducange (V. Mansum) Guérard. -Prolégomènes 
          du Polyptique d'Iminon, page 378 
         (2) Auber. - T. VI, pages 47 et 48. - C'est au commencement 
          du x' siècle, vers 927, que la vicomtesse d'Aunis, Senégonde, 
          donna à l'abbaye de Saint-Maixent, cent-huit ares de marais salants, 
          situés près de la Rochelle. 
           
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		    LES PREMIERS CHATEAUX FORTS 
            DE VENDÉE ET LES 
ÉGLISES FORTIFIÉES  
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	          En peu d'années, le Bas-Poitou, naguère sans défense, 
          vit ses coites Hérissées de forteresses, les murs de ses 
          cités garnis de tours, les villages bien armés, chaque 
          éminence protégée par un château défendu 
          par un fort, et la terre peuplée de cultivateurs soldats. 
        Alors s'élevèrent, pour être remplacées 
          ou complétées ultérieurement par d'autres plus 
          formidables, les_ forteresses de Moricq, Beauvoir, La Garnache, Noirmoutier, 
          Fontenay, Maillerais, Mareuil-sur-le-Lay, Apremont, Palluau, Puymau 
          frais, Mortagne, Mervent, Tiffauges, Pouzauges, Bazo-ges-en-Pareds, 
          La Roche-sur- l'on (1), Talmont, Châteaumur, etc. 
        Les monastères eux-mêmes, Noirmoutier, Saint-Michel-en-l'Herm, 
          devenaient des forteresses. Les plus simples églises se crénelaient 
          dans les campagnes, s'entouraient de murs épais, afin d'offrir 
          un asile, soit; aux laboureurs de la contrée, qui venaient s'y 
          abriter au besoin avec leurs femmes, leurs enfants et leurs troupeaux, 
          soit à des hommes d'armes qui s'en faisaient les défenseurs 
          en y tenant garnison. Cet usage se conserva longtemps, et les églises 
          du Boupère ,de Saint-Juire-Champgillon, de Réaumur, et 
          l'ancienne chapelle d'Ardennes, près Charzais, nous rappellent 
          encore ces temps d'insécurité et de violence, où 
          le salut ne résidait que dans là force. 
         
         
         Eglise fortifiée du Boupère, d'après un cliché 
          de M. Bonneau.  
           
        Depuis ce moment, les Normands cessèrent peu à peu de 
          trouver, dans le Bas-Poitou, une proie, facile ; et s'ils lui firent 
          encore de cruelles blessures, ils y rencontrèrent au moins, à 
          chaque pas, des guerriers, des périls et des combats. 
         					
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			NOTES: 
			(1) Il y existait une église et un château 
          dès le milieu du Xe siècle. 
           
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		  LES CHATEAUX-FORTS BAS-POITEVINS 
            AUX XIe, XIIe 
            ET XIIIe SIÈCLES.  
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	      Vers le XIe siècle, les châteaux-forts du Bas-Poitou se 
          composaient souvent de trois enceintes, dont la configuration se rapprochait 
          le plus possible de la forme rcctangulaire, bien que cette forme reçut 
          fréquemment de notables modifications en raison de la disposition 
          du terrain, dont on devait tenir compte avant tout. Le terrain enclos 
          par les remparts était appelé la Basse-cour; c'est là 
          que se trouvaient les magasins, les écuries, le saloir, le lardoir, 
          les logements; des maîtres du château et. de la garnison, 
          un puits ou une citerne, et enfin une chapelle, tantôt formant 
          un édifice à part, tantôt ménagée 
          dans une tour. Le donjon en pierres de taille, rond ou carré, 
          était divisé en trois ou quatre étages, et portait 
          à une certaine hauteur, des corbeaux rustiques, sur lesquels 
          on établissait des balcons en planches ; plus tard ce balcon 
          fut construit en pierre. Il faut remarquer que c'est presque toujours 
          par des ouvertures pratiquées au deuxième étage 
          qu'on pénétrait dans le donjon. Les murs étaient 
          soutenus par des contreforts carrés, et les donjons se terminaient 
          à leur partie supérieure par une terrasse ou par un toit 
          à quatre pans; jusqu'au XIe siècle, une des tours d'enceinte 
          servait habituellement de donjon. 
         Au ne siècle, la manière de bâtir devient plus 
          élégante et plus solide. Les tours sont garnies d'une 
          galerie de mâchicoulis en pierre, surmontée de créneaux. 
          Les donjons carrés étaient flanqués à leurs 
          angles supérieurs de guérites à vigie en encorbellement. 
          La première enceinte contenait des bâtiments qu'on utilisait 
          de diverses façons; la seconde renfermait le donjon et l'habitation 
          du baron. Dans la dernière moitié du XIIe siècle, 
          les tours rondes devinrent les plus communes, et les baies affectèrent 
          la forme d'arcs en tiers-point. 
         A partir du XIIIe siècle, la France féodale était 
          constituée, le réseau de forteresses était complet, 
          et on éleva peu de châteaux. L'architecture militaire de 
          cette époque présente les mêmes caractères 
          que l'architecture religieuse que nous avons étudiée. 
          Les salles d'habitation prirent un développement considérable 
          et furent décorées de vitraux et de peintures. Dans les 
          constructions importantes, le donjon renferme une autre tour encore 
          plus importante, appelée maîtresse-lotir, belfroy, beffroi, 
          parce qu'elle contient la cloche d'alarme. Il arrive aussi que les donjons 
          n'ont pas de porte au rez-de-chaussée : dans ce cas on y entrait 
          par une fenêtre assez élevée, qu'on atteignait avec 
          une échelle ou au moyen d'un pont manoeuvré par une poulie. 
         
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		   CHATEAU DE POUZAUGES  
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	         Le château de Pouzauges, édifié vers, la fin du 
          XIIe ou vers le commencement du XIIIe siècle, peut passer pour 
          un des principaux types d'architecture militaire en Bas-Poitou. Il se 
          compose d'un donjon et d'une forte enceinte de murailles, dont l'épaisseur, 
          en quelques points, atteint près de deux mètres. 
         
         DONJON DU CHATEAU DE POUZAUGES XI 
          D'après une eau-forte de M. de Rochebrune  
         
        Ces murailles, renforcées de tours, dont dix étaient 
          encore parfaitement reconnaissables il y a quarante ans, se trouvaient 
          défendues par des fossés d'une largeur et d'une profondeur' 
          énormes. Une autre enceinte, complètement détruite 
          aujourd'hui, protégeait toute la partie de la seconde enceinte 
          qui n'était pas baignée par l'eau des douves. 
         Ce donjon, de forme carrée, possède trois étages 
          voûtés. Ses côtés, de 18 m 40 de largeur, 
          sont flanqués aux angles et au milieu, de tourelles pleines, 
          aplaties sur les faces. Le premier étage, partiellement situé 
          en contre-bas du sol, ne présente d'autre ouverture qu'une porte. 
          Privé de cheminée, il devait servir de magasin. Le second 
          renfermait la grande salle du château, éclairée 
          par une fenêtre carrée de petite dimension et pourvue d'une 
          porte étroite très élevée au-dessus de la 
          base de l'édifice. Une grande cheminée permettait de Chauffer 
          cette pièce, qui était la plus belle et la moins triste 
          du sombre manoir. A côté se trouve une salle complètement 
          obscure. Au troisième, deux grandes chambres à coucher 
          reçoivent le jour par deux ouvertures carrées. Enfin l'édifice, 
          à la partie supérieure duquel on accédait jadis 
          par un escalier en colimaçon, était recouvert d'une plate-forme 
          qu'environnait un chemin de ronde, protégé par un parapet 
          soutenu par des mâchicoulis. 
        La grosse tour qui défend l'angle le plus aigu de l'enceinte 
          principale s'appelle encore Tour de Bretagne. Elle pourrait bien être 
          l'oeuvre de Gilles de Rais, dont le terrifiant souvenir plane encore 
          ici comme à Tiffauges. Une de ses meurtrières semble de 
          toute évidence avoir été construite pour l'emploi 
          de l'artillerie la pénétration que, l'on remarque de chaque 
          côté était, sans nul doute, destinée à 
          recevoir la traverse sur laquelle devait s'appuyer la couleuvrine et 
          plus tard l'arquebuse. Un porte-voix, comme à Tiffauges, servait 
          à transmettre les commandements autour des courtines, dans toute 
          la circonférence de l'enceinte et autour de la salle du troisième 
          étage du donjon. Son diamètre intérieur était 
          de 0 m. 20. Quant à-la paroi intérieure, elle était 
          enduite de mortier à la chaux. 
           
            
          Plans et coupes du vieux donjon de Pouzauges 
          vieux donjon de Pouzauges  
         
        Rien ne peut rendre l'aspect de cette solitaire et puissante forteresse, 
          avec ses murs noircis et déchirés par le temps, où 
          l'oeil découvre à peine les jours qui étaient si 
          parcimonieusement ménagés aux habitants de cette féodale 
          demeure. Véritable nid d'aigle, tout y a été combiné 
          pour la défense, rien ménagé pour le plaisir des 
          yeux. Une simple visite à cet antique témoin d'une époque 
          qui n'est plus, en dit davantage sur- la vie privée du moyen 
          âge, que toutes les descriptions, et on ne peut songer sans effroi 
          aux guerres épouvantables qui obligeaient de riches et puissants 
          seigneurs i venir s'emprisonner, avec leur famille, dans une telle résidence 
          				
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		   V. - CANTON DE TALMONT  
		  La trahison du Seigneur de Talmont en 1138  
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	          Talmont, aujourd'hui simple chef-lieu de canton, fut jadis la, capitale 
          d'un des grands fiefs du comté de Poitou, embrassant toute la 
          région comprise entre le cours inférieur du Lay et celui 
          de l'Yon et du Jaunay, et les côtes de l'Océan. Les ruines 
          du château, bâti au commencement du Xle siècle, disent 
          encore quelles dut être son importance : elle est attestée 
          d'ailleurs par tous les documents du moyen âge, rappelant le rôle 
          joué dans notre histoire provinciale par les familles qui l'ont 
          possédé successivement, de Talmont, de Lezay, de Mauléon 
          et, enfin des vicomtes de Thouars. Il fut rasé en 1628 (1), en 
          même temps que les fortifications de la Rochelle, après 
          que cette dernière ville eût succombé sous les coups 
          de Richelieu. 
        De tous les événements de l'histoire de Talmont, le plus 
          important sans contredit était resté dans l'ombre jusqu'à 
          ces derniers jours ; il vient d'être trouvé par M. Jules 
          Lair, dans un manuscrit de la Bibliothèque nationale (3), fragment 
          inédit de la vie de Louis VII, préparée par le 
          célèbre Suger, abbé de Saint-Denis. Ce savant; 
          s'est empressé de publier sa précieuse découverte 
          (4) mais- l'un des épisodes qu'elle renferme est si intéressant 
          pour le Bas-Poitou, que nous, n'hésitons pas à en donner 
          ici la traduction littérale, d'après M. Marchegay. 
         
         " Suger, après avoir raconté les débuts 
          difficiles du règne de Louis VII et les circonstances d'une insurrection 
          de Poitiers, qui s'était érigée en commune, en 
          1138, mais fut soumise aussitôt par le jeune monarque, continue 
          en ces termes. 
          Nous quittâmes donc joyeux la ville délivrée d'un 
          si grand poids, et après y avoir apaisé beaucoup d'occasions, 
          de débats divers, nous dirigeant en hâte du côté 
          de l'Océan, vers un noble château, dont le nom vient de 
          talus mundis ou talis mundus (5), et qui, suivant l'opinion de ceux 
          qui l'expliquent ainsi, le doit tant à la beauté du lieu 
          qu'à la fertilité du sol et aussi à la sûreté 
          du château, dans les fossés duquel la marée de l'Océan, 
          qui n'est pas fort éloigné, monte deux fois par jour, 
          et par son mouvement dans les ruisseaux d'eau douce, permet deux fois 
          par jour d'apporter en bateau, dans l'intérieur des terres et 
          jusqu'à la porte de la tour, abondance de poissons, de viandes 
          et de marchandises diverses. Le Roi fit sommer de se présenter 
          devant lui, un certain baron nommé Guillaume de Lezay, homme 
          factieux et fourbe, qui avait usurpé ce château à 
          l'occasion de sa garde. Il avait déjà eu avec lui un démêlé, 
          au sujet des faucons blancs du duc Guillaume (6), de ceux qu'on appelle 
          gerfauts, retenus par lui et restitués seulement sous le coup 
          des menaces et de la crainte, et il le pressait vivement aussi pour 
          la reddition du château. Celui-ci nous prenant à part, 
          l'évêque de Soissons et moi, invitait instamment par notre 
          entremise, le seigneur Roi à venir en personne recevoir son château. 
          Aussi l'évêque et plusieurs autres engageaient le seigneur 
          Roi à se hâter d'aller prendre possession du château, 
          puisqu'il lui était offert. Mais nous, et un bien petit nombre, 
          partageant notre avis, craignions leur perfidie et regardions comme 
          dangereux pour nous et notre seigneur, de pénétrer dans 
          l'enceinte du château avant la remise de sa tour inexpugnable. 
          Pour dissuader d'agir ainsi, nous _ rappelions un fait semblable, à 
          savoir que jadis le Roi des Français, Charles (7), de retour 
          d'une expédition en Lorraine, après avoir accepté 
          avec confiance l'hospitalité qu'Herbert, comte de Vermandois, 
          lui offrait comme. vassal et comme ami, avait trouvé un perfide 
          ennemi qui le retint en captivité jusqu'à sa mort ; d'autant 
          plus que nous avions appris que ce même Guillaume avait fait la 
          même chose ou à peu près au duc Guillaume, lequel 
          ayant logé une certaine nuit dans le château, put à 
          grande peine, lorsqu'il voulut sortir le matin, franchir les portes 
          perfidement fermées sur lui et les siens, contraint d'y laisser 
          prisonniers quelques-uns des plus nobles seigneurs de son armée(8). 
          Mais comme le plus grand nombre préférait, aller que s'arrêter, 
          nous refusâmes de céder à leur sotte audace. Pour 
          eux, ayant envoyé en avant leurs sergents choisir des logements 
          et acheter des vivres, ils les suivaient comme en se jouant. Nous au 
          contraire, attribuant à une trop grande légèreté 
          cette conduite d'hommes qui, imprévoyants, désarmés, 
          envoyaient en avant leurs destriers et leurs armes, nous les blâmions 
          avec force invectives. L'événement ne tarda point. Déjà 
          le susdit Guillaume, ne pouvant plus cacher sa trahison, et qu'il eut 
          fait arrêter sans bruit quelques-uns de ceux qui étaient 
          entrés les premiers, tenait lui-même la porte embrasée, 
          laissait entrer ceux qui lui paraissaient de meilleure prise, et repoussait 
          ceux dont il ne voulait pas. Courant en désordre et vociférant, 
          ceux qu'on saisissait au dedans criaient à ceux du dehors de 
          prendre la fuite. Les traîtres, ouvrant aussitôt les portes, 
          se mirent à la poursuite de ces derniers, s'efforçant 
          de prendre les uns, de blesser ou bien de dépouiller lestement 
          les autres. Quand soudain, bien que tardivement, le seigneur Roi courant 
          aux armes avec son armée, ceint de sa cuirasse, de son casque 
          et de ses jambarts de fer, accourut au secours des fuyards, tomba sur 
          ceux qui les poursuivaient, et avec ses Français, les seuls à 
          peu près qui l'eussent suivi, rendit la pareille aux Poitevins. 
          Là on vit le Roi couper de sa propre épée les pieds 
          a deux de leurs chevaliers, supplice d'autant plus douloureux que son 
          manque de force, à cause de sa' grande jeunesse (9), le faisait 
          durer plus longtemps. Les mettant donc en fuite, les refoulant jusqu'à 
          la porte, malgré son encombrement, avec l'aide de Dieu,il tira 
          de la trahison de ces scélérats une si grande et si digne 
          vengeance, que sur l'heure, contre tout ce qu'on pouvait espérer, 
          il se décida à attaquer à main forte et bras tendu 
          le château qui semblait inexpugnable, renversa et brisa par les 
          armes ses moyens de défense, et livra aux flammes tout le château, 
          même les abbayes et les églises, jusqu'à l'enceinte 
          de la tour, où se réfugièrent ceux des traîtres 
          qui avaient échappé à la mort " (10). 
         					
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			NOTES: 
			 (1) Louis Brochet. - Huit jours dans la région 
          de la Châtaigneraie et de Pouzauges. - Léon Arde. - Annuaire 
          1854. 
         (2) Dans un mémoire rédigé en 1661 
          par Marie de la Tour, et publié par M. imbert. T. XXXII de la 
          Soc. des Ant. de l'Ouest, la duchesse de la Trémoille dit: " 
          Le 8 avril 1634, j'obtins un arrêt du Conseil, qui nous adjugea 
          une somme de 50.000 livres, pour nous dédommager du razement 
          du château de Talmont, fait en 1628. " 
        (3) Fonds latin, n°s 12, 720. 
         (4) Voir Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, 
          année 1873, pages 583-596. 
        (5) Ce jeu de mots disparaît' en français. 
          D'autres étymologistes voient dans Talmont, .le nom de son possesseur 
          nomen viri, proprium Talemudus. (Ad. de Valois, notitia Galliarum, p. 
          577) ;d'autres le font venir de deux mots celtiques, Tal, hauteur, Mon, 
          courbure de rivière. (D. Fonteneau, t. LXXV, page 507). 
         (6) Père d'Eléonore, qui, par son mariage 
          avec Louis VII, lui avait apporté les duché d'Aquitaine 
          et comté de Poitou. 
         (7) Charles le Simple, en 923 
         (8) Le Cartulaire de Talmont, page 162, raconte ainsi 
          ce fait qu'il place en 1127. Comme un jour, au commencement de son règne, 
          le comte Guillaume, fils du comte Guillaume le Grand, quittait le château 
          de Talmont, où il était venu la veille, Guillaume de Lezay 
          s'empara de Hugues le Brun de Lusignan et de quelques autres barons 
          de la compagnie du Comte, et, eut l'audace de vouloir les retenir longtemps 
          captifs. 
         (9) Louis VI[ avait alors environ 17 ans 
         (10) Recherches historiques sur l'ancien Bas-Poitou, 
          par Paul Ma chegay - Annuaire 1874. 
           
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		   LE MOYEN AGE, SES FAIBLESSES 
            ET SES GRANDEURS	 
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	         Avec les Capétiens, la royauté cessa d'être une 
          imitation de l'empire romain, comme sous les deux premières races. 
          Elle prit un caractère national, occupa le rang le plus élevé 
          dans la hiérarchie féodale, et trouva sa force dans l'hérédité,. 
          par ordre de primogéniture, et dans la suzeraineté, ce 
          précieux lien qui, partant du plus humble vassal, vint aboutir 
          au roi, le premier des suzerains (1). 
         Le moyen âge ne fut pas non plus, en Vendée, exempt des 
          tristes taches qui se retrouvent dans l'histoire de toutes les sociétés 
          modernes humaines : il eut la rudesse et les violences de la jeunesse, 
          et trop souvent l'abus de la force y fit plier momentanément 
          les règles les mieux établies. Mais, à côté 
          des grandes fautes, se montrent l'expiation et le repentir, le dévouement, 
          l'héroïsme et la foi profonde. Si dans cette organisation 
          sociale, quelques parties se ressentent encore de l'inexpérience 
          et de la barbarie des temps primitifs, il y a du moins dans l'ensemble 
          une vie puissante, une grandeur qui n'a jamais eu d'égale, et 
          le développement des immortels principes du christianisme. Ce 
          qui frappe surtout dans les institutions de cette époque, c'est 
          la variété infinie, la liberté et la sage pondération 
          des éléments qui les composent : on voit qu'elles ne furent 
          pas seulement l'uvre des conquérants, mais l'heureuse alliance 
          des Gallo-Romains et des Francs. 
         Que serait devenue l'ancienne civilisation corrompue et épuisée, 
          si elle ne s'était pas retrempée et rajeunie à 
          de nouvelles sources? Mais aussi, comment les destructeurs de la puissance 
          romaine eussent-ils pu sortir de la barbarie, s'ils n'avaient pas reçu 
          des peuples au milieu desquels ils venaient s'établir, les règles 
          et les traditions qui pouvaient servir de contrepoids à la sauvage 
          indépendance des forêts de la Germanie ? 
        Au moyen âge, les Gaulois et les Francs ne formèrent plus 
          qu'un seul peuple, avec une puissante organisation, où chaque 
          race avait mis son empreinte, ou toutes les idées, tous les intérêts 
          sociaux trouvèrent leur représentation et restèrent 
          un s dans une admirable harmonie. 
         					
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			NOTES: 
			(1) La grandeur féodale était accessible 
          et simple : la distance courte du vassal au suzerain ; par l'enchaînement 
          hiérarchique des fiefs, l'abîme était comblé 
          entre le plus petit et le plus élevé des propriétaires 
          féodaux, de degré en degré , le moindre d'entre 
          eux se liait au roi, sans courir le risque de perdre le sentiment de 
          sa propre dignité. (Guizot.- Essai sur l'Histoire de France.) 
          
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		   L'ÉGLISE EN FÉODALE 
            EN VENDEE	 
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	          Si, dans le Bas-Poitou comme ailleurs, la féodalité 
          laïque dut sa puissance territoriale à l'hérédité 
          des bénéfices et, à la recommandation des alleux 
          (1), l'église féodale dut surtout la sienne à l'obligation 
          de la dîme. A côté des fiefs laïques de Talmont, 
          de Montaigu, de la Roche-sur-Yon, de Fontenay, de la Flocelière, 
          de Pouzauges, de Mortagne-sur-Sèvre, de la Mothe-Achard, de Mareuil, 
          d'Apremont, de Mervent, il y eut aussi les terres d'église. Elles 
          ont un aspect différent, selon qu'elles appartiennent à 
          l'évêché ou à des abbayes. L'évêque 
          de Poitiers s'est emparé surtout des domaines royaux contenus 
          dans le territoire de sa cité : ils forment généralement 
          une masse compacte, assez bien arrondie. Au contraire, le couvent qui 
          s'est formé plus tard, a dû accepter des donations de toutes 
          mains, en tout pays, et son domaine se compose ordinairement de parcelles 
          disséminées (2). 
        A l'époque où nous sommes rendus, les richesses des couvents 
          tendent à s'accroître dans une plus rapide proportion que 
          celle des évêchés (3). Les monastères de 
          Saint-Martin-de-Ligugé, de Saint-Jouin-de-Marnes, de Saint-Maixent, 
          de Luçon, de SaintMichel-en-l'Herm, de Maillezais même, 
          sont plus populaires que l'église épiscopale de Poitiers. 
          " Ils ont un plus grand renom de sainteté et une réputation 
          miraculeuse mieux établie. Ils attirent à la vie religieuse 
          les nobles et les non nobles amoureux de la paix et qui, en prenant 
          le froc, y apportent leurs biens." 
         Du reste, les moines ayant fait vu de pauvreté, ce n'est 
          pas à eux que s'adresse la donation : c'est à -saint Martin, 
          c'est à saint Benoît, c'est à saint Hilaire, aux 
          glorieux confesseurs et aux glorieux martyrs dont ils suivent la loi. 
         D'ailleurs, l'administration des moines est plus régulière, 
          plus paternelle, plus douce que celle des violents châtelains; 
          aussi les serfs accourent-ils nombreux, avec leurs femmes, leurs enfants, 
          leur bétail. Les couvents ne risquent rien à s'établir 
          dans les solitudes, dans les forêts vierges : le désert 
          ne tardera pas à- se peupler autour d'eux et la lande à 
          se transformer en. bonnes terres arables. Plaider contre les moines, 
          c'est bien chanceux ; ils traînent le baron illettré devant 
          un tribunal d'Église qui juge en latin. Contre eux, le baron 
          n'a d'autre ressource que la violence; or, la violence engendre le remords, 
          et le remords est une source de libéralités (4). 				
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			NOTES: 
			(1) On appelait recommandation, l'acte par lequel le possesseur 
          d'un alleu le transformait en fief sous la protection d'un seigneur. 
           (2) Le bourg d'Oulmes avait été donné, dès 965, 
          à, l'abbaye de Saint-Cyprien do Poitiers, par un nommé Guillaume. 
          (3) Parmi les nombreux privilèges accordés aux 
          abbayes, tels que l'exemption de tous péages, et le privilège 
          de la pèche, partout on leurs navires pouvaient pénétrer, 
          il en est un particulièrement remarquable, dont il est fait mention 
          en 940 : c'était une autorisation, pour les religieux, de créer 
          des bureaux de change dans leurs diverses maisons. Ce moyen de faciliter 
          les transactions commerciales, presque uniquement dévolu aux 
          moines, était donc connu dès le Xe siècle (Auber. 
          - T. VI, page 216). - En octobre 934, il est question d'un complant 
          de vignes que reçoivent de l'abbé de Saint-Maixent, Godemer 
          et Ermangarde, hauts personnages poitevins, à condition que dans 
          cinq ans " le plant qu'auront fait les donataires sera partagé 
          entre eux et le donateur ". - Auber, 263. 
         (4) Rambaud..- Histoire de la civilisation, T. i, pages 
          135, 136, 137. 
           
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		   L'AN MILLE  
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	         On était alors à l'an mille, et d'affreux pressentiments 
          alarmaient tous les esprits, sur la fin prochaine du monde et le règne 
          de l'Antechrist. Depuis le commencement du siècle, on s'attendait 
          à voir finir le monde. Mundi termino appropinquante disent presque 
          tous les auteurs du temps. On avait vu l'empire de Charlemagne crouler 
          après l'empire romain, les ruines s'entasser sur les ruines, 
          les malheurs succéder aux malheurs. Le christianisme lui-même, 
          semblait impuissant à guérir les maux d'ici-bas; de sorte 
          que cette fin du monde était à la fois l'espoir et la 
          terreur des chrétiens " Voyez ces vieilles statues, dans 
          les cathédrales et même dans les églises romanes 
          des Xe et e siècles, maigres, muettes et grimaçantes dans 
          leur roideur contractée, l'air --souffrant comme la -vie, et 
          laides comme la mort. Voyez comme elles implorent, à mains jointes, 
          cette seconde mort de la résurrection. qui doit les faire sortir 
          de leurs ineffables tristesses. " C'est l'image de ce pauvre monde 
          où chacun attendait. 
        ...Le prisonnier attendait clans le noir donjon, le serf attendait 
          sur la-glèbe, le moine attendait au fond du cloître, entre 
          l'ange consolateur t le diable qui tirait la nuit sa couverture, en 
          lui disant avec un éclat de rire : " Tu es damné", 
          le seigneur attendait entre les murs de son sombre manoir, derrière 
          lesquels s'était souvent accompli plus d'un drame terrible. 
         Le siècle s'écoula pourtant sans qu'on entendit le son 
          de la trompette fatale, et chacun finit par espérer. La nature, 
          brusquement rassurée, se sentit prise d'un élan d'espérance: 
          partout on voulut par des monuments durables attester sa foi, encore 
          surexcitée par des prédications. 
         Chacun à cette époque de rénovation tint à 
          se faire complice de ces artistes généreux, de ces imagiers 
          qui s'intitulaient " les logeurs du bon Dieu et maîtres de 
          l'oeuvre ", qui venaient de trouver en eux, la puissance d'expression, 
          la vitalité de la` race, et d'affirmer le génie, si longtemps 
          comprimés de la nature. 
         La noblesse, pour expier ses fautes ou se sanctifier, le clergé 
          pour exalter le culte de Dieu, prodiguent leur argent et leur influence, 
          et le peuple ses sueurs pour élever des églises, des châteaux, 
          des donjons, des abbayes. Depuis la chute des Carlovingiens, l'art français 
          naît, grandit, se développe, et dans cette nuit étoilée 
          du moyen âge " le rôle civilisateur de la France se 
          reflète sur tous .les points du Bas-Poitou. 
         Le XI, le XII et le commencement du XIIIe siècle furent pour 
          la Vendée, l'époque où les grands monastères 
          pourvus de riches donations s'élevèrent comme par enchantement 
          mais bien antérieurement à cette date, des dons nombreux 
          avaient été faits aux couvents par des bas-poitevins. 
          Citons au hasard. Au mois d'août 969, Aubert, fils de Ramnulfe, 
          donne le domaine de la Faucherie au monastère de Luçon. 
          - En 989, Guillaume Fier-à-Bras concède à l'abbaye 
          de Bourgeuil; le village et l'église de Longèves, ainsi 
          que quelques maisons des Loges, des vignes situées à Fontenay 
          et à l'Orbrie, la Court de Foussay et l'église Saint-Hilaire 
          de, ce lieu. - En 997, Girbert Corpeau et Agnès sa femme,' donnent 
          à l'abbaye de Maillezais divers domaines situés à 
          Coùtigny, la Vallée-d'Or, le Bois-Roux, lés Chaumes 
          etc. De 1019 à 1029, Guillaume le Grand, duc d'Aquitaine et comte 
          de Poitou, donne à l'abbaye ci-dessus plusieurs domaines, entre 
          autresla chapelle de Ruscunila, placée à Fontenay, les 
          deux moulins construits au pied du château, divers domaines situés 
          à Boisse, Serigné, Vouvent, Xanton, Darlais, Tesson, etc. 
           			
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		   ABBAYES DE LA VENDÉE	 
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		De l'an 1007 à l'an 1210, quatorze abbayes, suivant presque 
          toutes la règle de Saint-Benoît, furent édifiées 
          sur le sol du Bas-Poitou. 
         Nous résumons ci-après leur histoire. 
          				
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		   SAINT-JEAN-D'ORBESTIER  
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	        L'abbaye bénédictine de Saint-Jean-d'Orbestier, dont 
          on voit encore les ruines dans la commune du Château-d'Olonne 
          fut fondée en 1007, par Guillaume IV, dit le Grand, duc d'Aquitaine, 
          comte de Poitou et seigneur de Talmont. Dans la charte de fondation, 
          on lit qu'il y avait autour de ce couvent une forêt nommée 
          0rbisterium, qui avait une grande étendue. 
         Les principaux bienfaiteurs de l'abbaye furent les ducs d'Aquitaine, 
          Richard Coeur de Lion, roi d'Angleterre, plusieurs seigneurs de Mauléon, 
          de Vivonne, de la Roche-sur-Yon, d'Apremont, de Montaigu, de La Mothe-Achard 
          et les vicomtes de Thouars. Vers 1251, le monastère devint la 
          proie des flammes et fut rebâti avec les aumônes des fidèles, 
          d'après les exhortations de l'abbé. Plus tard il eut beaucoup 
          à souffrir des guerres de religion, et ses bâtiments, détruits 
          presque entièrement, ne furent relevés qu'en partie. 
         Pendant tout le moyen âge, le nombre des religieux fut toujours 
          assez considérable. En 1428, ils étaient dix-huit. En 
          1533, ils n'étaient que quatorze. Dispersés par les protestants, 
          il n'y en avait plus que trois en 1577 (1). Enfin en 1668, le, prieur 
          et le sacriste y résidaient seuls. La suppression de l'abbaye 
          fut faite en faveur de la cathédrale, qui, moyennant 1200 livres 
          de rente, s'engagea à acquitter les charges anniversaires, obits, 
          etc. Il ne reste plus d'Orbestier qu'une maison, qui a conservé 
          le nom de Prieuré, et les ruines de l'église, dont nous 
          avons donné une vue dans l'histoire des guerres de religion en 
          Bas-Poitou T. Ie page 158. 
         En 1789, le revenu de l'abbaye était de 1.000 livres. 
         				
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			NOTES: 
			 (1) On lit dans l'État du Poitou sous Louis XIV; 
          par Dugast-Matifeux ; L'abbaye de Saint-Jean-d'Orbestier (seu orborum), 
          destinée par le titre de sa fondation ii la retraite des enfants 
          orphelins ; il y a trois ou quatre religieux, et vaut â l'abbé 
          4.000 livres et a chaque moine 5 ou 600 livres. - Extrait du Mémoire 
          de, Colbert de Croissy au roi, 1667. 
           
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		   SAINTE-CROIX DE TALMONT	 
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	        L'abbaye bénédictine de Sainte-Croix de Talmont fut fondée 
          en 1010 (1), par Guillaume le Chauve, prince de Talmont. Son fils Guillaume, 
          docile aux intentions de son père, approuva les donations déjà 
          faites, et y ajouta la moitié des revenus de l'église 
          d'Olonne. - Kalédon, qui avait épousé la coeur 
          de Guillaume, ayant hérité de tous les biens de la famille, 
          confirma également les dons antérieurs et y joignit l'église 
          de Saint-Vincent-sur-Jard, celle de Saint-Hilaire-la-Forêt, celle 
          de Saint-Nicolas-de-Grosbreuil, la dîme de ces paroisses, et l'autorisation 
          de prendre, dans la forêt d'Orbestier, tout le bois nécessaire 
          pour restaurer ces églises. Il ajouta plusieurs bois et terres 
          situés près la, ville de Thouars. 
         L'abbaye de Sainte-Croix eut fort à souffrir dés guerres 
          de religion. Parmi les plaintes que l'évêque de Luçon 
          portait au roi en 1565, au sujet des vexations exercées par les 
          protestants envers les monastères et bénéfices 
          du diocèse : " L'abbaye de Talmont, dit-il, dans laquelle 
          on voulait avoir dix-huit ou vingt religieux, est entièrement 
          ruinée. 
         Depuis quatre ans, il ne s'y fait aucun service divin; les religieux 
          ont été chassés par l'abbé apostat, nommé 
          Boutard, et les revenus de l'abbaye ont été aliénés, 
          dissipés et vendus (2). " 
        Sainte-Croix de Talmont: était une abbaye royale, jouissant 
          d'un revenu de 4.000 livres, au moment de la suppression du monastère, 
          et de la réunion de la mense monastique à la chambre ecclésiastique 
          de Luçon. La maison servit alors de retraite à quelques 
          curés vieux et infirmes, auxquels on donnait une faible pension. 
          Quelques années avant 1789, sous M. de Mercy, cette maison avait 
          été peu à peu délaissée, et au commencement 
          de la Révolution, il n'y résidait plus aucun prêtre 
          .infirme. Un ecclésiastique, servant de vicaire à la paroisse,. 
          .acquittait seule les messes d'obligation. 
        L'abbé de Talmont avait le droit de présentation à 
          vingt-quatre cures, dix-sept prieurés et cinq chapelles. 
         				
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			NOTES: 
			 (1) Douze ans avant cette fondation, le samedi 8 juillet 
          1028, d'après la Chro-nique de Maillezais, une tempête 
          violente jeta l'épouvante en' Poitou., ['11e revêtit des 
          caractères effrayants que nul ne se souvenait' d'avoir vus. Le 
          nord du BasPoitou, plus voisin de la Loire, fut surtout maltraité 
          (Auber, T. vii, page 119, 
         (2) L'abbaye de Talmont, écrivait en 1666, Colbert 
          de Croissy au roi, où il y a quelques religieux non réformés, 
          possédée en commende par le sieur comte de, Laval, fils 
          de M. le duc de la Trémouille (A), vaut de revenus, en tout, 
          8.000 livres de rente. Etat du Poitou sous Louis XIV, par Dugast-Matifeux. 
         (A) Louis Maurice de la Trémouilte, comte de Laval, 
          pair de France, suivit d'abord la carrière des armes et entra 
          ensuite dans les ordres, comme cadet de famille, tandis que son frère 
          aîné restait protestant. Il fut à la fois abbé 
          de Charron et de Talmont. Pourvu en. 1665 de cette seconde abbaye, il 
          se plut à y faire sa résidence, en reconstruisit les bâtiments, 
          et y mourut le 25 juin 1681. C'était un - homme de lettres, amateur 
          de livres et d'objets d'art,dont il avait rassemblé une assez 
          nombreuse collection (page 87). 
           
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		   BELLENOUE  
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	         L'abbaye de.Bellenoue, située dans la commune de, Château-Guibert, 
          fut fondée antérieurement à 1047 par Gognore, fils 
          de Geoffroy, premier vicomte de Thouars, et par Aénor, femme 
          de ce dernier, qui se fit moine et fut inhumé à Saint-Michel-en-l'Herm, 
          dont la nouvelle abbaye devint une dépendance. Aimeri, son fils, 
          entouré de ses vassaux, en présence du prieur Raynault, 
          et de divers autres témoins, confirma entre les mains de l'abbé 
          de Saint-Michel, la donation faite par son père. La charte de 
          fondation se trouve en entier dans le. Gallia Glaristiana. 
        L'abbaye de Bellenoue fut dédiée à la_ Sainte-Trinité, 
          et réduite plus tard à l'état de simple prieuré, 
          rapportant 900 livres au XVIIe siècle. 
         En 1719, de Cornillon Saint-Verge résidait dans la maison appelée 
          encore La Cure, située au sud de Bellenoue, sur le chemin qui 
          conduit à. la Série. 
         Sur la porte extérieure de la cure, on lisait encore- en 1845, 
          cette inscription 
         C. Servant hujusce loci rector cedem cedificandam curavit, rappelant 
          ainsi le nom de Servant Charles, curé inhumé dans l'église 
          de la Trinité de Bellenoue, le 15 janvier 1671: 
         
         En 1778, le prieur qui était curé primitif du lieu, 
          tirait de ce bénéfice 1.500 livres de revenu. 
         Le 20 avril 1305, mardi de Pâques, Bertrand de Goth, archevêque 
          de Bordeaux, visita le prieuré de Bellenoue, et " y coucha 
          avec son train, puis le lendemain 21 prêcha et fit, autres actes 
          de visite ". 
           					
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		   NIEUIL-SUR-L'AUTISE  
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	        L'abbaye de Nieuil-sur-l'Autise (ordre de saint Augustin), fut fondée 
          sous le vocable de saint Vincent en 1069, par Airauld Gassedener ou 
          plutôt Cassedener (Casse denier), seigneur de Vouvent. 
         La motte gauloise de Nieuil (najogilum), était alors devenue 
          le centre d'un fief appelé la Court de Nieuil, dont fut investi 
          le nouveau monastère (Besly). 
         Gui Geofroy, duc d'Aquitaine, confirma en 1076, les dons faits par 
          le fondateur. Les successeurs de ce prince augmentèrent encore 
          le nombre de ces libéralités. Aénor de Châtellerauld, 
          épouse de Guillaume- X, vint mourir dans l'abbaye, et voulut 
          que sa dépouille mortelle reposât dans l'église 
          du lieu ; la reine Aliénor, sa fille, s'y rendit en 1141, et 
          ne se montra pas moins généreuse que ses ancêtres. 
          Louis VII se hâta de s'associer à l'acte de munificence 
          de sa femme., - Les Chabot, devenus seigneurs de Vouvent, suivirent 
          le même exemple ainsi que les Parthenay l'Archevesque, qui leur 
          succédèrent dans la possession de cet important domaine. 
        Les religieux de Nieul employèrent les richesses qu'ils tenaient 
          de leurs bienfaiteurs à édifier l'une des plus belles 
          églises romanes du Bas-Poitou. Elle existe à peu près 
          intacte de nos jours, pet les parties absentes n'empêchent pas 
          de juger de son ensemble. 
         Cette abbaye étendait sa juridiction sur de nombreux prieurés, 
          cures et chapelles des diocèses de La Rochelle, Luçon, 
          Poitiers, Saintes, Maillezais et Nantes. 
         C'est sous l'administration de Balthazar de la Vrillière, c'est-à-dire 
          à la fin du XVne siècle, que l'on résolut de faire 
          disparaître le monastère de Nieuil, dont les bâtiments 
          étaient dans le plus mauvais état. Enfin, par sentence 
          de fulmination des 8 et I-t août 1718, enregistrée suivant 
          arrêt du parlement de Paris du 11 avril 1720, l'abbaye de Nieul 
          était sécularisée et unie à l'église 
          cathédrale de la Rochelle (1). 
         					
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			NOTES: 
			1) Pouillé du diocèse de Luçon, Aillery. 
          - Poitou-Vendée, Fillon et de Roche brune. - Histoire de l'abbaye 
          de Nieuil, par Arnauld. 
           
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		   NOTRE-DAME DE MOREILLES	 
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	        L'abbaye de Moreilles, d'abord de l'ordre de Clairveaux, fut bâtie 
          par les seigneurs de Triaize sous l'invocation de la Sainte Vierge. 
          Elle existait avant 1109, puisqu'à cette date Airnery de Bouil, 
          seigneur du Poiroux, ayant fondé dans cette paroisse l'abbaye 
          de Bois-Grolland, fit venir des moines de Moreilles, et mit le nouveau 
          monastère sous la direction et dépendance de la maison-mère, 
          dépendance dont il sut s'affranchir en grande partie dans la 
          suite. Néanmoins l'existence de cette subordination, au moins 
          pendant quelques années, est nettement établie par le 
          document ci-dessous tiré du Cartulaire du Bas-Poitou par Paul 
          Marchegay. 
         Au nom de la sainte et indivisible Trinité, moi, Aimeri de 
          Bouil, voulant bâtir une maison dans laquelle Dieu fut perpétuellement 
          honoré par ses fidèles serviteurs, j'ai plusieurs fois 
          demandé à vénérable homme Méchin, 
          abbé de Moreilles, d'envoyer à Bois-Grolland un certain 
          nombre de religieux et de leur donner un abbé, afin qu'ils y 
          fixent leur résidence, ils y prient constamment le Seigneur pour 
          le pardon de mes péchés et des péchés de 
          mes parents, et enfin pour le bien spirituel de tous les fidèles 
          vivants et trépassés. Le sus dit Méchin, après 
          de longs ajournements, mais toujours sollicité par moi et par 
          beaucoup d'autres, a fini par accorder cette requête. 
        La bulle privilégiée de Lucius II accordée à 
          l'abbaye de Moreilles entre le 12 mars 1144 et le 25 février 
          1145, lui conféra spécialement la grange ou ferme de Bois-Grolland, 
          qu'Aimery de Bouil avait donnée à la dite abbaye. 
         L'abbaye de Moreille fut, en 1145, visitée par Gilbert de Porte, 
          évêque de Poitiers, et affiliée, en 1152, à 
          l'ordre de Citeaux. 
        Lorsqu'en 1203, l'abbaye de Bois-Grolland quitta la règle de 
          saint Benoît, pour se soumettre à la règle établie 
          à Citeaux; l'affiliation fut faite par Robert, abbé de 
          Bois-Grolland, entre les mains de Maurice, évêque de Poitiers 
          ; mais avec l'assentiment d'Ortensius, abbé de Moreilles. 
         Au mois d'avril de cette même année 1203, l'abbé 
          Ortensius (1) intervint comme témoin, dans un acte de donation 
          faite au profit du prieuré de Saint-Hilaire de Fontenay, par 
          Guillaume Chasseloup et son frère Girard Voussard (2). 
         En 1541, c'est-à-dire trois ans avant de ressortir au siège 
          royal et sénéchaussée de Fontenay, l'abbaye de 
          Moreilles avait pour fermier Joachim Voysin de la Popelinière, 
          près Sainte-Gemme-la-Plaine, père du célèbre 
          capitaine et historien protestant Lancelot Voysin de la Popelinièrel. 
        Ruinée en 1562 par les protestants, et en 1615, parla garnison 
          de Maillezais, des prieurs zélés profitèrent du 
          bon vouloir de Richelieu et de son successeur au siège de Luçon, 
          Aimery de Bragelongne (3), pour reconstruire les lieux incendiés. 
          - Le monastère sembla ressusciter alors, et vit s'augmenter considérablement 
          le nombre de ses religieux (4). L'église, reconstruite en 1699, 
          par les soins du prieur Gédoin, fut bénite la même 
          année par Mgr Charles Frézeau de la Frézelière, 
          évêque de la Rochelle. 
         Au mois de mai 1714, Dom Boyer, savant bénédictin, qui 
          visita l'abbaye de Moreilles et qui y prêcha dit, dans le compte-rendu 
          de son voyage, que l'église de Moreilles était fort belle, 
          et que le prieur, D. Jacques Godel, qui le reçut " avec 
          force amitiés, ainsi que D. Foulon et D. Hébert ", 
          faisait à ce moment-là " bâtir à grande 
          hâte et bien réparer son monastère ", dont 
          l'évêque de Lavaur, Nicolas de Malézieux, était 
          abbé, depuis longtemps. 
         Au moment de la Révolution, il' ne restait plus à Moreilles 
          qu'un seul moine, auquel l'abbé commendataire, qui était 
          l'évê.que de Nancy, faisait une pension sur les vingt-mille 
          livres qui lui restaient. 
        Le 13 février 1790, eut lieu la déclaration de l'abbaye 
          de Moreilles, avec le bail de son revenu de 21.150 livres, affermé 
          sur la caution du directeur général des fermes (5). 
        L'abbaye de Moreilles possédait à Chavigny, un marais, 
          sur lequel les habitants de Nalliers et de l'Isleau avaient pour " 
          coutume ancienne " le droit de mener pacager leurs bestiaux, ainsi 
          qu'il appert d'un acte de 1463. 
         Elle possédait également, dans la paroisse de Bessay, 
          les moulins de la Rochette, deux à eau et un à vent. Ces 
          moulins furent arrentés par l'abbé, en 1703, à 
          Antoine Guignard, moyennant la rente de 200 livres, dont 40 pour le 
          curé de Bessay, et 75 pour l'église du même lieu, 
          consentie par Jean des Forges. L'acte de confirmation est du 6 février 
          1729 (6). 
         Aujourd'hui, il ne reste plus de la riche abbaye de Moreilles, possédée 
          par M. G..., qu'un vaste enclos, un mur de l'église et des- écuries. 
         					
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			NOTES: 
			 (1) Le nom du même abbé figure avant 1203, 
          dans un document de la plus haute importance, ayant trait à Chaillé-les-Marais, 
          et que nous regrettons de ne pouvoir reproduire ici. 
         (2) Archives de Fontenay, T. iI page 64. 
         (3) Aimery de Bragelongne, fatigué du fardeau 
          épiscopal, quitta volontairement cette fonction, pour se retirer 
          dans l'abbaye de Moreilles dont il devint abbé.: Il y mourut 
          en 1642. - Un autre abbé de Moreilles, Nicolas de Malézieux, 
          évêque de Lavaur, se trouvait dans son abbaye a la mort 
          de Mgr de Lescure c'est lui qui, le 9 juillet 1723, célébra 
          dans la cathédrale de Luçon, un service solennel à 
          l'intention de son défunt confrère. 
         (4) Lors des obsèques de Mgr, de Nivelle, en 1662, 
          le prieur de Moreilles officiait. Dans l'assistance, se trouvaient Dom 
          François de la Cour, et Dom René Le Geay, moines de la 
          même abbaye. - Boileau, curé de Coussay. - Bruneteau, du 
          Langon, et Grasset, de Petosse. Colbert de Croissy, dans son Etat du 
          Poitou, page 81, prétend qu'en 1666, il n'y avait dans l'abbaye 
          de Moreilles, que cinq religieux non réformés qui, dit-il, 
          vivaient assez bien. -- Le revenu était de 20.000 livres, et 
          le commendataire était Martin de Bragelongne, neveu de l'évêque 
          du même nom. 
         (5) Annuaire de la Société d'émulation 
          de la Vendée, 1857, page 245, id. 258. Voir Chassin. - La Préparation 
          de la guerre de Vendée, T. I, pages 137-141. 
         (6) Archives du diocèse. 
           
           
         
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		   BOIS-GROLLAND  
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	         Bois-Grolland (Broqlium ou Boscum Grolandi, et plus souvent Brolium 
          Grollandi), dans la paroisse du Poiroux, était une abbaye dédiée 
          à la Sainte Vierge. Elle avait été fondée 
          en 1109, par Aimery de Bouil, seigneur du Poiroux, et placée 
          sous la règle de saint Benoît. Celle de Citeaux y fut établie 
          plus tard. Le fondateur y fit venir des moines de Moreilles et mit le 
          nouveau monastère sous la direction de sa maison-mère, 
          dépendance dont il sut s'affranchir en grande partie dans la 
          suite. 
         " Au nom de la sainte et indivisible Trinité, moi, Aimery 
          de Bouil, voulant bâtir une maison dans laquelle Dieu fut perpétuellement 
          honoré par ses fidèles serviteurs, j'ai plusieurs fois 
          demandé à vénérable homme Méchin, 
          abbé de Moreilles, d'envoyer un certain nombre de religieux et 
          de leur donner un abbé, afin qu'y fixant leur résidence, 
          ils y prient constamment le Seigneur pour le pardon de mes péchés 
          et des péchés de mes parents, et enfin pour le bien spirituel 
          de tous les fidèles vivants et trépassés. Le susdit 
          Méchin, après de longs ajournements, mais toujours sollicité 
          par moi et par beaucoup d'autres, a fini par accéder à 
          cette requête. " Marchegay. - Cartulaire dit Bas-Poitou. 
         L'église et les bâtiments de Bois-Grolland furent détruits 
          pendant les guerres de religion, puis rétablis par les religieux 
          de l'étroite observance. L'abbaye jouissait d'un revenu de 6.000 
          livres (1). L'anniversaire de la dédicace de l'église 
          avait lieu tous les ans, le 16 décembre. La charte de fondation. 
          nous apprend que, tout près, il existait alors une forêt 
          du nom de Vertou (Wertaw, c'est-à-dire du silence, lieu tout 
          à fait convenable à des religieux). 
         L'église et le monastère avaient été bâtis 
          dans un goût assez recherché, sous la direction de Dominique 
          .Robin qui, de prieur de Vertou, était devenu prieur et second 
          fondateur de l'abbaye de Bois-Grolland . 
         En 1807, l'abbaye abandonnée était devenue le chef-lieu 
          d'une congrégation . dite- des Ursulines de Bois-Grolland. Elle 
          était composée de religieuses de plusieurs ordres que 
          la guerre avait séparées, et qui s'étaient réunies 
          là pour y vivre de la vie conventuelle. La supérieure 
          était Mlle-de Lézardière. appelée en religion 
          soeur Sainte-Angèle. Cette congrégation fut autorisée 
          par le gouvernement. Sa règle était basée sur celle 
          de saint Augustin. Elle avait une maison à la Roche-sur-Yon, 
          dite de Saint-Gabriel ; d'autres au Poiré-sur-Vie, à Aizenay, 
          aux Sables-d'Olonne, à Tiffauges. La principale mission des Ursulines 
          était l'instruction de la jeunesse et le soin des malades pauvres. 
         En 1813, la mère Sainte-Angèle, sur la demande qui lui 
          en fut faite, et avec la permission de Mgr Paillou, se transporta, ainsi 
          que plusieurs de ses religieuses, dans la ville de Luçon, où 
          elles se réunirent à quelques anciennes Ursulines et s'employèrent 
          à l'éducation des jeunes filles. 
         
       		
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			NOTES: 
			 (1) Il avait pour abbé commendataire, en 1666, 
          Mgr de Lingendes, évêque de M con. 
           		
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		   TRIZAY  
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	        L'abbaye de Trizay, dont on voit encore quelques bâtiments dans 
          la commune de Saint-Vincent-Puymaufrais, à peu de distance du 
          Lay, est indiquée dans le Pouillé des bénéfices 
          de France, sous le nom clé Trisagium Trisaium. Placée 
          sous l'invocation de Notre-Dame, elle était fille de l'abbaye 
          de Pontigny, de l'ordre de Citeaux, et eut pour fondateur en 1124, Hervé, 
          seigneur de Mareuil, frère de Guillaume, seigneur d'Apremont. 
          L'ouvrage ci-dessus ne la fait cependant dater que de 1145 (1). 
         Voici, d'un autre côté, en quels termes le Dictionnaire 
          dés familles de l'ancien Poitou parle de cette fondation. " 
          Pierre Achard était, en 1117, présent à la fondation 
          de l'abbaye de Trizay, par Hervé de Mareuil, Geoffroy de Tiffauges 
          qui fut un des bienfaiteurs de cette abbaye, et autres L'auteur du Dictionnaire 
          de la noblesse prétend que c'est seulement en 1124, et sous l'épiscopat 
          de Gilbert, évêque de Poitiers, que Pierre Achard souscrivit 
          l'acte de fondation de cette abbaye. 
         De la déclaration des biens, revenus, etc., fournis le 6 janvier 
          1790, par le sous-prieur de Trizay (2), il résulte qu'à 
          cette époque, l'abbaye ne comptait plus que cinq religieux, dont 
          la réputation, au dire de certains contemporains, n'était 
          rien moins qu'exemplaire. 
         Dom Le Rouge, religieux de Trizay, a fait imprimer à Fontenay, 
          en 1773, un ouvrage sur l'agriculture, qui a pour titre Principes du 
          cultivateur. Le même religieux est aussi auteur d'un livre qui 
          parut au moment de la Révolution, et qui a pour titre : Voyage 
          aux Pyrénées. 
         					
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			NOTES: 
			(1) L'abbé Aillery dit que l'abbatiale de Trizay 
          aurait été bénite-le 15 août 1145. 
         (2) Archives nationales, F 17 1179. 
           
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		   BREUIL-HERBAUD	 
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	         L'abbaye de Breuil-Herbaud, dans la paroisse de Falleron, fut fondée 
          avant 1130, sous l'invocation de Notre-Dame, et soumise à la 
          règle de saint Benoît. Le Dictionnaire des familles du 
          Poitou (art. Thouars) parle d'une confirmation faite en 1029; par Geoffroy, 
          vicomte de Thouars, de la donation en faveur du monastère de 
          Saint-Cyprien de Poitiers, par Raoul Flamme et Raingarde, son épouse, 
          de leur domaine de Breuil-Herbaud, pour y construire un bourg et une 
          église. Cette église, comme son nom l'indique, était 
          située au milieu du bois. 
         En 1680, l'abbé Jacques-Nicolas Beisser, fils d'un chirurgien 
          du Roi, chevalier, commandeur de Saint-Lazare et du MontCarmel, fit 
          rétablir l'église et les bâtiments de l'abbaye , 
          rentrer les domaines usurpés et travailla pour le bien de la 
          maison. Dès l'an 1700 pourtant, il n'y avait plus de moines, 
          et la mense conventuelle avait été unie à la mense 
          abbatiale. Le revenu s'élevait, en 1789, à 6.000 livres, 
          selon les uns, et seulement à 3.000, selon d'autres. 
           				
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		   L'ILE CHAUVET	 
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	         On a prétendu que cette abbaye, située en la paroisse 
          de Châteauneuf, tirait son nom (insula Galveti) de sa situation 
          au milieu du marais septentrional, où elle apparaissait comme 
          chauve et dénuée d'ombrage ; mais il est plus rationnel 
          d'admettre que le terrain sur lequel elle fut bâtie portait tout 
          simplement le nom de l'un de ses propriétaires. Ce terrain formait 
          autrefois une petite île de l'Océan. L'auteur des Ordres 
          monastiques dit que quelques écrivains assurent que Charles le 
          Chauve fut le fondateur du monastère qui y fut établi. 
          Le Gallia Christiana (et nous partageons son avis), croit au contraire 
          qu'il faut en faire honneur aux moines de l'Absie et aux seigneurs de 
          la Garnache. Cette fondation aurait dès lors eu lieu seulement 
          vers l'an 1130. Quoi qu'il en soit, l'île Chauvet était 
          sous l'invocation de la Sainte Vierge et de l'ordre des Bénédictins, 
          qui la cédèrent longtemps après aux Camaldules 
          (1653) (1). L'abbé portait la croix pectorale, la mitre et la 
          crosse. Les religieux étaient au nombre de sept à huit, 
          et avaient sous leur dépendance le prieuré régulier 
          de la Jarrie-Vieille-Seigle, en la paroisse de Landevieille. L'abbé 
          nommait aussi à trois chapelles régulières desservies 
          dans l'église, sous les noms de Saint-Julien, Saint-Antoine et 
          Saint-Sébastien, et à la chapelle de Sainte-Catherine 
          qui s'y trouvait également. 
          En 1588, le monastère fut incendié par les capitaines 
          protestants du Bourg et de Granville. 
        Au moment de la Révolution, le revenu de l'abbaye- de l'île 
          Chauvet était de 4.500 livres (2). 
         				
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			NOTES: 
			 (1) Louis du Plessis de Richelieu, frère aîné 
          du grand cardinal, mort archevêque de Lyon, en 1653-fut, de 1633 
          ii 1643, abbé de l'abbaye de File Chauvet. - Un autre abbé, 
          Gaspard de Coligny, abandonna l'état ecclésiastique-pour 
          se marier, en 1681 (Auber). 
          (2) L'abbé Auber donne la date 1670 ; c'est à cette, date 
          que d'après lui, seraient arrivés à l'île 
          Chauvet 12 camaldules, appelés par l'abbé Henri de Maupas, 
          évêque du Puy, et ensuite d'Evreux. 
        Les camaldules étaient des bénédictins, 
          dont le nom vient de la petite ville de Camaldoli, en Toscane. 
           
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		   LA GRAINETIÈRE	 
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	         La date de fondation de cet établissement religieux n'est rien 
          moins que certaine, mais on peut croire que cette fondation est due 
          à la terreur qu'inspirait l'approche de l'an mille. 
         Contrairement à l'opinion de Thibaudeau et de l'abbé 
          Aillery (1), qui donnent la date de 1130, on peut affirmer que l'abbaye 
          de la Grainetière existait avant 1100, puisqu'à cette 
          époque, il lui était fait une donation de 45 sols de rente 
          sur la terre do Marigué; par Godefroid, fils d'Alfred, pour le 
          repos de l'âme d'Ozengarde, autrefois épouse de Guillaume 
          Judicaël, seigneur des Herbiers. 
         Quoi qu'il en soit, la premier abbé connu est un Guillaume 
          de Conchamps, également premier abbé de l'abbaye de Fontdoulce, 
          au diocèse de Saintes, fondée vers 1117. Son successeur 
          aurait été Gérald, qui plaça son monastère, 
          de l'ordre de saint Benoît, sous la dépendance de celui 
          de Saint-Michel-en-l'Herm. 
        L'abbaye de la Grainetière, dont il reste encore d'imposantes 
          ruines dans la commune d'Ardelay, était autrefois fortifiée, 
          et en temps de guerre, les habitants du voisinage s'y retiraient. 
         
        
         
RUINES DE L'ABBAYE DE LA GRAINETIERE 
          D'après une eau-forte de M. de Rochebrune  
 
        En 1372, les Anglais vinrent assiéger la Grainetière, 
          défendue.. par un vaillant homme de guerre, Martinière, 
          et ne purent s'emparer que de la basse-cour, à laquelle ils mirent 
          le feu. 
         Les religieux avaient même le droit d'établir à 
          la Grainetière un capitaine. Le duc de Berry, comte du Poitou, 
          en nomma cependant sans leur consentement, et leur assigna des gages 
          sur le revenu du monastère. Ces capitaines vendaient et pillaient 
          les biens de l'église, ce qui força les religieux à 
          s'en plaindre à Charles VII qui, ainsi qu'Arthur de Richemond, 
          connétable de France, les avait pris sous sa protection. Le 6 
          mars 1425, une Commission fut adressée au sénéchal 
          du Poitou, Jean de Torsay, " pour faire enquête et rendre 
          justice à qui de droit " (2). 
         La maison de Chasteigner a possédé longtemps la Grainetière 
          et joui de ses revenus, quoi qu'il y eut des abbés titulaires, 
          dont elle avait fait de simples régisseurs. La mense conventuelle 
          fut unie, en 1760, à la mense abbatiale, sous réserve 
          d'une pension qui se payait au séminaire de Luçon. Cette 
          rente inamortissable était, en 1788, de 2.600 francs, sur laquelle 
          il était payé à Dom Billaud, ancien prieur, une 
          rente de 1.200 francs, plus une pension de 500 francs au desservant 
          de la Grainetière. On accordait aussi 200 francs au curé 
          d'Ardelay, pour aider à la nourriture de son vicaire. Cette abbaye 
          avait alors un revenu de 10.000 livres (3). 
         En 1789, l'évêque de Chartres, dernier abbé, y 
          plaçait un prêtre auquel il donnait 300 francs pour y dire 
          la messe, faire les offices et administrer les sacrements. 
         Disons pour terminer cette courte notice (4) que l'abbaye de la Grainetière 
          eut pour abbé, en 1533, Lazare de Baïf, qui fut tout à 
          fa ' fois maître des requêtes, diplomate, érudit 
          et poète, et que l'abbé Prévost, le gracieux auteur 
          de Manon Lescaul, habita la Grainetière. C'est à l'ombre 
          de ses grands bois, dans ce site à la fois romanesque et sauvage, 
          qu'il composa cet immortel ouvrage qui se répandit dans l'Europe 
          entière pour charmer ses loisirs (5). 
         				
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			NOTES: 
			(1) Pouillé du diocèse de Luçon, 
          XXXIII. 
         (2) En 1671, Mgr Nicolas Colbert, évêque 
          de Luçon, visita la Grainetière. - Quatre ans auparavant, 
          dans un rapport au roi, Colbert de Croissy dit que l'abbaye possédée 
          par le sieur de la Roche-Posay (Louis Chasteigner), valait 6.000 livres 
          de rente. 
         (3) l fut un temps où les revenus de la Grainetière 
          étaient évalués à 3.400 hectolitres de grains, 
          sans compter ses autres ressources. 
         (4) Extraite de La Région des Herbiers - Ardelay, 
          par Louis Brochet.. 
          (5) Lors d'une visite faite le 22 avril 1682, par Mgr 
          de Barillon, il fut constaté que l'abbaye renfermait quatre religieux 
          profès au lieu de six qui existaient précédominent, 
          et qu'ils vivaient à part, ayant chacun des bénéfices 
          particuliers. 
           
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		   ABBAYE DE LA BLANCHE	 
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	        Une petite maison religieuse avait d'abord été fondée, 
          en 1172, dans l'île du Pilier ; mais comme la digue naturelle 
          qui la rattachait dit-on, à l'île principale, menaçait 
          peu à peu de disparaître et que les moines étaient 
          ainsi exposés à manquer de toute espèce de provisions, 
          on les transféra à Hério (Noirmoutier). Cette translation 
          a donné lieu à plusieurs appellations qui, quoique différentes, 
          désignent néanmoins le même monastère ... 
          Une fois installée à Hério, l'abbaye prit le nom 
          de Notre-Dame de la Blanche, sans doute à cause de la couleur 
          du costume des moines de Citeaux. En 1205, les seigneurs de la Garnache 
          firent à l'abbaye de la Blanche diverses donations confirmées 
          en 1236, par Pierre de Dreux, duc de Bretagne. Parmi les autres bienfaiteurs 
          de l'abbaye figurèrent Guillaume de Mauléon, Pierre Jobert, 
          de Talmont, Hugues, vicomte de Thouars et seigneur de la Garnache, Aimeri, 
          son fils. Tous ces dons furent approuvés en 1267 par Alphonse, 
          frère de Saint Louis, comte de Poitiers et de Toulouse. Déjà 
          une bulle de Grégoire IX, datée de 1235, avait confirmé 
          toutes les donations faites et à faire. Il avait pris l'abbaye 
          sous sa protection, et lui avait accordée des faveurs spéciales 
          qui rendaient les religieux comme indépendants de la juridiction 
          épiscopale. 
         Il paraît néanmoins que vers l'an 1500, sous l'administration 
          de l'abbé Jean V de la Trémouille, depuis évêque 
          de Poitiers, l'abbaye de la Blanche se trouvait dans un état 
          déplorable, et que l'église était sans ornements, 
          car l'abbé obtint du pape des indulgences pour ceux qui contribueraient 
          à la réparer. Ces indulgences données par le légat, 
          étaient de 1490. 
         L'abbaye de la Blanche éprouva, en 1562, les fureurs des protestants. 
          On lit dans le Gallia Christiana que l'un de ses abbés, Jean 
          VII (1532-1540) "était un loup, sous la peau d'une brebis, 
          et qu'il vaut mieux se taire que d'en parler ".Denis Largentier 
          porta la réforme dans le monastère, en y introduisant 
          des religieux de l'abbaye des Prières (1) au commencement du 
          XVIIe siècle. 
         L'abbaye royale de la Blanche possédait un revenu de 11 à 
          12.000 livres. 
         				
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			NOTES: 
			 (1) Abbaye de Bernardins, fondée en 1250, dans 
          le diocèse de Vannes, à l'embouchure de. la Vilaine. 
           
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		   LIEU-DIEU-EN-JARD (Commune de 
            Jard)	 
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	         Vers la fin du XIIe siècle (1), Richard Ier, roi d'Angleterre, 
          duc de Normandie, comte d'Anjou et de Poitou, fonda l'abbaye de Jard, 
          au milieu d'un bois disparu depuis, et situé sur les bords de 
          la mer. Elle fut placée sous l'invocation de Notre-Dame. Cette 
          maison fut détruite par les Calvinistes le 31 mars 1568. Le 2 
          avril suivant, un conseil ayant été tenu à Nantes, 
          sous la présidence de l'évêque de Luçon, 
          pour connaître des vexations des protestants, l'abbé Jean 
          de Malins y déclara que le 31 mars de cette même année, 
          le couvent et l'église de Jard avaient été saccagés 
          et brûlés presque entièrement, ainsi que le château 
          de la Grange, demeure ordinaire de l'abbé, et la métairie 
          de la Châtaigneraie, qui faisait là meilleure partie du 
          revenu de l'abbaye. 
         En 1570, René de Sallo, religieux de Jard, devint évêque 
          de Luçon. 
         La mense conventuelle fui, vers 1730, par décret de Mgr de 
          Bussy-Rabutin, évêque de Luçon, unie au collège 
          des Prémontrés de Paris, auxquels l'abbaye appartenait 
          encore en 1755. 
          Les ruines de l'église annoncent qu'elle était considérable. 
          En 1789 le revenu de l'abbaye était de 7.500 livres (2). 
         				
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			NOTES: 
			(1) D'aucuns prétendent que c'est en 1208. 
        (2) Colbert de Croissy évaluait, en 1666, à 
          20.000 livres de rente, l'abbaye de Jard, dont l'abbé commendataire 
          était alors l'évêque de Poitiers (Gilbert de Clérembault). 
          
          
         
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		   NOTRE-DAME D'ANGLES	 
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	         D'après Thibaudeau dans son histoire du Poitou, l'abbaye d'Angles, 
          de l'ordre des Augustins, aurait été fondée en 
          1210. 
         
         
      Travée dans l'église d'Angles 
          (D'après une eau-forte de M. de Rochebrune).  
         
        En 1631, le sénéchal de Fontenay, François Brisson, 
          et Jean Besly, avocat du roi, vinrent visiter l'église et les 
          bâtiments qui avaient été ruinés pendant 
          les guerres de religion. Ils n'y trouvèrent que deux prêtres, 
          qui touchaient les revenus, s'élevant alors à 1.000 livres. 
          Le couvent était rempli d'immondices, et l'abbé n'y résidait 
          point. Le curé seul faisait l'office divin; aussi, pour sa décharge, 
          ob-tint-il, un peu plus tard, en 1671, de Mgr de Colbert, évêque 
          du diocèse, que l'église fut érigée en vicariat 
          perpétuel. Cependant les revenus du monastère étaient 
          encore considérables alors, et la faveur d'être nommé 
          abbé d'Angles était briguée par les plus hautes 
          familles. C'est ainsi qu'en 1704, Jean Pharamond de Sainte-Hermine, 
          ancien lieutenant de vaisseau, devint abbé d'Angles. On voyait 
          ses armes dans l'église du lieu. 
          				
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		   LES FONTENELLES  
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	          L'abbaye des Fontenelles (Fontanelle), commune de Saint-André-d'Ornay, 
          située dans l'ancienne forêt de la Roche-sur-Yon, dont 
          on ne trouve plus que quelques faibles traces, était une abbaye 
          royale de l'ordre des Augustins, qui valait environ 3.600 livres. Elle 
          fut fondée en 1.210 par Guillaume de Mauléon, seigneur 
          de Talmont, et sa femme Béatrix, dame de Machecoul, Luçon 
          et la Roche-sur-Yon. Ces deux personnages et leur fille furent inhumés 
          dans l'église du monastère. Jean de Melun, évêque 
          de Poitiers, avait lui-même consacré l'église en 
          1248. 
         Les Fontenelles comptèrent parmi leurs bienfaiteurs, Charles, 
          comte d'Alençon et d'Anjou, Jean, duc de Normandie, le connétable 
          de Clisson, René, roi de Jérusalem et de Sicile, tous 
          seigneurs de La Roche-sur-Yon. Le couvent fut d'abord occupé 
          par les religieux de Saint-Benoît, et ensuite par les religieux 
          de Chancelade, dits chanoines de Saint-Augustin. Les Calvinistes massacrèrent, 
          en 1.569, les chanoines, dévastèrent l'église et 
          brûlèrent tous les bâtiments à l'exception 
          des cloîtres. L'abbé Jean Pidoux, oncle maternel du grand 
          fabuliste Jean de la Fontaine, ayant fait reconstruire le dortoir, les 
          protestants y mirent encore le feu plus tard, mais les auteurs de ce 
          second incendie furent contraints, en 1626, de rétablir à 
          leurs frais ce qu'ils avaient détruit. La règle se ressentit 
          de ces troubles :les religieux perdirent de leur ferveur, et Richelieu, 
          évêque de Luçon, crut devoir intervenir en 1614, 
          en leur imposant un règlement sévère. Ces mesures 
          furent cependant insuffisantes ; le désordre fut même poussé 
          si loin, que l'évêque fut obligé; en 1669 (1), d'interposer 
          une seconde fois son autorité d'une manière plus radicale 
          et plus efficace. Il y. appela donc des chanoines réguliers de 
          Sainte-Geneviève, qu'il chargea de réformer les religieux. 
          Il ne restait plus en ce moment aux Fontenelles que quatre moines qui 
          ne méritaient pas d'en porter l'habit et le nom. M. Legrip, dans 
          son histoire des Fontenelles (2), dit qu'à cette époque 
          les moines se livraient au plaisir de la chasse, dans la forêt 
          de La Roche. Ils s'y adonnaient avec une telle passion, qu'il était 
          impossible à certains jours d'en trouver un seul à l'abbaye 
          On les rencontrait aux alentours, le fusil sur l'épaule, vêtus 
          de gris, laissant de côté le scapulaire exigé par 
          les statuts (3). 
         			
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			NOTES: 
			 (1) En 1666, Colbert de Croissy évaluait à 
          6.000 livres de revenus l'abbaye des Fontenelles, possédée 
          alors par le fils de Beaumont Pally, gentilhomme, du BasPoitou. 
         (2) Annuaire de la Société d'émulation, 
          année 7874, page 155. 
        (3) La plupart des renseignements- historiques concernant 
          les abbayes dont nous venons de parler, ont été extraits 
          littéralement du Pouillé de Luçon, par l'abbé 
          Aillery. 
           
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		   INFLUENCE DES CROISADES SUR 
            LES FONDATIONS MONASTIQUES  
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	         Les dernières abbayes dont nous venons. de faire l'historique 
          n'avaient plus, en général, les dimensions des grands 
          établissements du XIe siècle, où l'importance des 
          créations répondait à de plus grands besoins spirituels, 
          où un plus grand zèle s'était porté vers 
          elles, affirmant sa foi par des couvres grandioses. Ce .sentiment religieux, 
          si développé après l'an mille, avait trouvé 
          à se satisfaire dans l'enthousiasme des Croisades, vers lesquelles 
          .nous verrons les plus puissantes familles bas-poitevines diriger leurs 
          ressources: le besoin d'argent étant devenu plus impérieux 
          que jamais. 
           				
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		    L'ÉGLISE ADOPTE LES INSTITUTIONS 
            ET LES 
            MOEURS FÉODALES	 
		   	              | 
	 
	
	
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	         Depuis 1061, l'abbé, dans les monastères de Luçon, 
          de Saint-Michel et de Maillezais, porte la crosse comme l'évêque, 
          et la crosse est un sceptre temporel, en même temps qu'une houlette 
          pastorale. 
         Comme l'évêque, il exerce une autorité absolue 
          sur les populations urbaines 'et agricoles de ses domaines. Il possède, 
          comme les seigneurs laïques, tous les attributs de la souveraineté, 
          y compris le droit de guerre. L'évêque a sa maison fortifiée 
          dans sa cité épiscopale; l'abbaye est ceinte de murailles 
          et ,,flanquée de tours, et nous verrons Saint-Michel-en-l'Herm 
          résister souvent aux assauts furieux des vicomtes de Thouars 
          et des protestants. Tous deux ont des soldats pour les défendre 
          et de hauts protecteurs pour les aider. 
        Quelquefois, ils chaussent les éperons d'or, revêtent 
          là cotte de mailles, les gantelets de fer, le baudrier militaire, 
          déploient leur bannière seigneuriale pour marcher à 
          la tête de leurs vassaux. Mais les couvents, dont les domaines 
          sont- plus dispersés, sont en général obligés 
          de s'adresser à quelque puis saut seigneur qui. devient leur 
          gardien, leur avoué, leur vidame(1). 
         Le clergé est complètement engagé dans l'engrenage 
          du système féodal. Les évêques, et les abbés 
          ont des vassaux : ils ont des protecteurs ; ils reconnaissent même 
          des suzerains, bien qu'ils ne se soumettent pas à toutes les 
          formalités du pacte féodal, et qu'ils se refusent ordinairement 
          à placer, leurs mains consacrées par l'autel dans les 
          mains d'un souverain laïque. On peut donc dire que l'établissement 
          religieux et le fief sont les deux points auxquels se rattachent, pendant 
          une longue période du passé tous les faits intéressant 
          l'histoire de nos communes rurales (2). 
         				
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			NOTES: 
			(1) C'est surtout à, cette époque que s'établit., 
          pour les abbayes, l'usage do prendre pour protecteur, un des principaux 
          seigneurs du pays qui, sous le nom d'avoué (advocatus), devait 
          défendre les biens et les intérêts placés 
          sous son patronage et commander le contingent militaire des terres abbatiales. 
          - Nous avons sous les yeux de nombreuses chartes où des restitutions 
          eurent lieu sur la réclamation des avoués. Nous voyons 
          par exemple que,, sur la réclamation d'Aymeri, vicomte de Thouars 
          et avoué du monastère de Saint-Maixent, devant le comte 
          Ebles et ses optimates, Godebald et Ermembert, restituent à l'abbaye 
          les domaines qu'ils avaient usurpés. Cette charte porte la date 
          de l'an 903 et est signée du comte Ebles, du vicomte. Aymeri, 
          du vicomte Hidegard,. du vicomte Savary et de plusieurs autres. - Charte 
          inédite de lis, collection B, Fillon. 
          (2) Rambaud. - Histoire de la civilisation, T. I, pages ,139. 140 et 
          141. 
           
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		   DÉVELOPPEMENT DES ÉGLISES 
            DE CAMPAGNE  
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	       Beaucoup des églises de la Vendée, établies du 
          vie au XIIe siècle, se sont constituées de la manière 
          suivante. Le fondateur concédait le terrain et faisait bâtir 
          l'édifice par ses paysans (1) ; puis il y installait quelque 
          pauvre clerc à titre de curé, et lui attribuait une partie 
          de la dîme, jusqu'alors payée à l'évêque 
          ou au monastère. Les évêques se plaignaient ils 
          ne voyaient aucune compensation à cette perte, parce que l'usage 
          reconnaissait le fondateur ou ses héritiers comme e patrons " 
          de l'église nouvellement fondée, et les- autorisaient 
          à nommer le curé. L'évêque et les abbés 
          ne jouissaient de ce droit que dans le cas où eux-mêmes 
          étaient les fondateurs, ce qui se produisait souvent pour ces 
          derniers ; ainsi, l'abbé de Luçon nommait à soixante 
          ou quatre-vingts prieurés ou paroisses, celui de Maillezais à 
          vingt-six églises ou prieurés, situés aux diocèses 
          de Saintes, de Poitiers, de Bordeaux, etc. l'abbé de Saint-Michel-en-l'Herm 
          nommait à cent un bénéfices, dont 51 dans le diocèse 
          de Luçon, 32 dans le diocèse de Maillezais, 16 dans celui 
          de Saintes, et 2 dans celui de Mende (2). Il en était ainsi des 
          abbés de Talmont, de Nieuil, etc. 
         				
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			NOTES: 
			(1) C'était le cas de l'église de la. Flocelière, 
          .fondée. par un laïque, peu de temps après l'an mille. 
         (2) Louis Brochet. - Histoire de l'abbaye de Saint-Michel-en-l'Herm. 
          Pièces annexes, II et III. 
           
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		    LA ROCHE-SUR-YON ET LE POIRÉ-SUR-VIE. 
            - DROITS 
            DU PRIEUR DE SAINT-LIENNE. - ÉCOLES  
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	        Le prieuré de Saint-Lienne (1), à la Roche-sur-Yon., 
          jouissait de droits considérables, qui lui avaient été 
          accordés par des seigneurs, sous la condition que les religieux 
          entretiendraient dans leur église, des lampes devant le corps 
          de saint Lienne. On conserve. dans les archives de la préfecture 
          de la Vendée, plusieurs chartes originales de donations faites 
          à cette condition: en 1208, par Guillaume de Mauléon en 
          1218, par Brient de Montaigu; en 1228, par Hervé de Velluire; 
          en 1256 et 1257, par Maurice de Belleville, seigneur de Montaigu et 
          de la Garnache. Aimery de Thouars, seigneur, de la Roche-sur-Yon, donne, 
          en 1218, au prieuré de Saint-Lienne, l'usage dans la forêt 
          de La Roche-sur-Yon, et 60 boisseaux de rente à prendre sur la 
          terre de Château-Fromage, à la condition que l'un des religieux 
          lui servirait de chapelain. Parmi les droits du prieur de Saint-Lienne, 
          se trouvait celui de mettre dans la paroisse du Poiré, un homme 
          clerc et lettré pour tenir les écoles en icelle. 
        Vincent de Pont de Vie, seigneur de Pont de Vie, au Poiré, ayant 
          voulu contester ce droit au prieur de Saint-Lienne, il fut rendu, à 
          Paris, une sentence qui donnait main-levée des empêchements 
          de Vincent de Pont de Vie, et qui maintenait le prieur de Saint-Lienne 
          dans son droit (1). 
         
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			NOTES: 
			 (1) Voir à ce sujet la très intéressante 
          brochure de l'abbé Rousseau, aumônier au' lycée 
          de la Roche-sur-Yon. - La Roche-sur-Yon, ses origines. - Saint-Lienne 
          et son prieuré. 
         (2) Thibaudeau. - Notes, T.I, page 448. 
           
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		   USAGE DES BANCS DANS LES ÉGLISES	 
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	         Anciennement les laïques n'avaient point de bancs dans les églises, 
          pas même dans la nef. On n'y remarquait qu'un siège en 
          maçonnerie, régnant le long des murs des nefs et des transepts, 
          ainsi que les églises du Vieux Pouzauges et des Moutiersles-Mauxfaits 
          en offrent de curieux exemples (1). Plus tard, on se relâcha de 
          cette discipline, en faveur des personnages importants et des seigneurs 
          supérieurs, patrons ou fondateurs. Et enfin, par des concessions 
          successives à l'esprit du temps, l'usage en est devenu général. 
          				
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		   PUISSANCE DES ORDRES RELIGIEUX 
            AU XIIe SIÈCLE	 
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	         La puissance des ordres religieux au XIIe siècle avait permis 
          aux moines de s'attribuer la plus grande et la meilleure partie des 
          fonctions ecclésiastiques. Non seulement les anciens monastères 
          continuent à s'enrichir, comme celui, de Saint-Michel-en-l'Herm 
          par exemple, qui à cotte époque étendait sa domination 
          sur plus de soixante bénéfices, mais il s'en forme sans 
          cesse de nouveaux apportant constamment d'autres stimulants à 
          la, générosité des fidèles. 
         Les abbés relevant du Saint-Siège primaient les évêques 
          dans leur diocèse, et ,ce ne fut qu'après de nombreux, 
          désordres qu'Urbain III obligea, en 1185, les moines à 
          remettre à des prêtres séculiers la direction des 
          paroisses rurales. Alors, mais presque toujours à l'ombre des 
          abbayes, s'élevèrent ces belles églises romanes 
          dont plusieurs sont demeurées à peu près intactes 
          sur divers points de la Vendée. Dans plus de vingt paroisses 
          on peut admirer encore ces façades superbes sur lesquelles l'homme 
          a rendu vivantes ces milliers de statues, ces légions d'anges 
          et de démons, d'hommes et d'animaux qui se dressent à 
          toutes les issues et à toutes les cimes, comme si la pensée 
          ordonatrice de l'uvre avait voulu en faire l'arche universelle 
          " la grande nef du monde " a dit Henri Martin. 
         				
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			NOTES: 
			 (1) Lors des fouilles que nous fines exécuter en 
          1888, dans le ténement des Vieilles-Eglises de Bouillé-Courdault, 
          nous découvrîmes le long du transept de la vieille chapelle 
          du prieuré de Courdault, fondé en 1063, par Airaud et 
          sa femme, des sièges en calcaire, dégrossis, accolés 
          le long des murs.:- Revue du Bas-Poitou. 
           
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		   ANCIENS PRIEURÉS	 
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	        Pour démontrer combien était irrésistible le mouvement 
          religieux qui, après l'an mille (1), poussait les populations 
          du Bas-Poitou à édifier des établissements monastiques, 
          nous croyons devoir, après avoir fait l'historique des grandes 
          abbayes, donner la nomenclature de quelques prieurés, fondés 
          à peu près à la même époque sur divers 
          points du territoire, en dehors de ceux dont nous avons déjà 
          parlé, notamment, à propos de SaintMichel-en-1'Herm. 
         En 1020, un prieuré relevant de l'abbaye de Saint-Nicolas d'Angers 
          est fondé à Mouchamps. 
         Vers 1040 est fondé, dans la paroisse du Bernard, le prieuré 
          de Fontaines, par un chevalier de Talmont, et donné au monas-tère 
          tourangeau de Marmoutier. Parmi les obligations imposées aux 
          religieux en retour: de cette donation, et outre l'obligation de fournir 
          au prieuré un certain nombre de religieux qui y continuassent 
          des prières pour le seigneur de Talmont et autres, nous voyons 
          une redevance de mille sèches qu'il n'est pas. rare de rencontrer 
          en d'autres chartres du moyen âge. Cet objet était d'autant 
          plus précieux à Marmoutier qu'on ne pouvait se l'y procurer 
          qu'avec beaucoup dé difficultés et 'de grands frais (2). 
         En 1063, Airaud et sa femme fondent le prieuré de Courdault, 
          qu'ils cèdent aux moines de Saint-Cyprien de Poitiers (3). 
         En 1090, Pierre 1er, seigneur de la Garnache fonde, à une lieue 
          de Sallertaine, le monastère` de La Lande-de-Beauchêne, 
          qu'il place sous la direction de l'abbesse de Fontevrault. 
         A la même époque, le prieuré de Saint-Laurent-sur-Sèvre 
          est fondé par les moines de Saint-Cyprien de Poitiers. 
         Ceux de Sigournais et de Puybelliard sont antérieurs à 
          l'an 1090, époque où Bernard, abbé de Marmoutier, 
          près de Tours, vient les visiter. 
         Le prieuré d'Aizenay fut fondé vers 1050, et celui de 
          SaintFlorent-des-Bois avant 1099. 
         Celui de Sainte-Flaive-des-Loups dépendait, avant 1109, de 
          l'abbaye de Montierneuf de Poitiers. 
         Le 6 mars 1190, au moment de partir pour la Terre Sainte, Richard 
          Cur de Lion, roi d'Angleterre et comte de Poitou, fonde, dans 
          la paroisse de Pissotte, le petit monastère des Gourfailles, 
          et lui concède divers domaines, notamment La Levrière 
          et le fief de la Vitrelle en Pissotte, le moulin de La Roche, la Bonnelle, 
          au-dessous de Haute-Roche, la Touche et le bourg de Sérigné 
          (4). 
         Le prieuré Saint-Nicolas de Fontenay est mentionné dans 
          un acte du 28 novembre 1195, et celui de Saint-Hilaire du même 
          lieu, dans un document du mois d'avril 1203. 
         En 1135, Rainier de Mouchamps et sa femme fondaient, dans la paroisse 
          de Vendrennes, le prieuré de Bois-Goyer. 
         Celui des Epesses était, au XIIe siècle, dépendant 
          de l'abbaye de Vézelay., au diocèse d'Autun. 
         L'aumônerie de Pouzauges était fondée, en 1202, 
          par Guillaume de Chantemerle, seigneur de Pareds. 
         La Vau-Dieu en Vouvent et Champorté de Pouzauges, sont aussi 
          du XIIIe siècle, ainsi que beaucoup d'autres prieurés, 
          dont l'énumération serait trop longue. 
         				
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			NOTES: 
			(1) Une note détaillée des donations faites 
          depuis 942 jusqu'en 1154, au prieuré Notre-Dame de Fontenay, 
          dépendant de Luçon, permet de supposer que ce prieuré 
          fut fondé au plus tard dans le premier quart du Xe siècle 
          (Archives de Fontenay, T. I, page 17. 
         (2) Auber M. VII,, page 225. 
        (3) Louis Brochet. - L'ancien prieuré de Courdault. 
        (4) Archives de Fontenay, T. I, page 17. 
           
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		    CARACTÈRE MALHEUREUX 
            DE CETTE ÉPOQUE AU 
            POINT DE VUE MORAL. - CRÉATION DU SACRÉ 
            COLLÈGE. - LA- PAPAUTÉ.	 
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	        Par un manque de logique absolu, les seigneurs croyaient trop souvent 
          pouvoir concilier des murs déplorables avec les oeuvres 
          les plus éclatantes du zèle chrétien. Vers la fin 
          du XIe siècle, on en était arrivé sur ce point 
          à ne plus avoir d'autres règles que son caprice; les maîtres 
          de la terre disposaient des lois comme d'une villa et d'un arrière-fief 
          ; les règles les plus saintes du pacte social étaient 
          foulées aux pieds, dès lors qu'elles proscrivaient l'injustice 
          et les mauvaises murs. Les princes eux-mêmes ne respectaient 
          plus le mariage, et trop souvent le trône de France était 
          souillé de plusieurs adultères. Le peuple, constamment 
          foulé aux pieds, était arrivé à un degré 
          d'abaissement étonnant, car la loi évangélique 
          n'existait plus pour les puissants, et les malheurs auraient été 
          encore plus grands, sans la généreuse intervention de 
          l'Église, qui par ses conciles, par la, trêve de Dieu, 
          par l'action des papes et des évêques, s'interposait souvent 
          entre les bons et les méchants. 
         Le clergé n'échappait pas toujours lui-même à 
          ces désordres croissants. Plusieurs évêques, pourvus 
          de leurs bénéfices par la simonie, résistaient 
          au pape et s'appuyaient sur le roi de France, dont le libertinage soutenait 
          le leur. Des princes aux murs déplorables, des cadets de 
          famille, s'asseyaient sur des sièges épiscopaux, sources 
          pour eus de fortunes scandaleuses (1). 
         Les papes étaient souvent nommés par les empereurs d'Allemagne, 
          et la confusion du spirituel et du temporel parut trop souvent complète. 
          En présence de cette situation pleine d'abus et de dangers pour 
          l'église, un moine de Cluny, Hildebrand, devenu depuis pape sous 
          le nom de Grégoire VII, fit décréter par un concile 
          tenu à Rome en 1059, que l'élection des papes serait désormais 
          faite par les cardinaux; c'est ainsi que fut constitué le Sacré 
          Collège. 
         Plusieurs prêtres, dit le savant bénédictin Maunoir, 
          crurent se mettre à couvert des censures canoniques, en prenant 
          des concubines au lieu d'épouses, et l'on vit, jusqu'au milieu 
          du XIVe siècle, des femmes entretenues dans des maisons particulières 
          (2). 
         Les abbés établis pour garder " les murs de Jérusalem 
          ", furent quelquefois les premiers à déserter leur 
          poste, et se répandirent dans le monde, à la cour, y dépensant 
          follement leur temporel. Ce fut alors que les abus et les désordres 
          entrèrent par toutes les portes, et on peut les compter, par 
          les sentences multiples dont les foudroya l'Église (3). L'histoire 
          ne doit certes pas être plus indulgente pour de tels scandales, 
          que ne le fut l'Église elle-même, que rie le furent, les 
          saint Bernard et les Grégoire, mais il ne faudrait cependant 
          pas, confondant l'usage et l'abus, condamner en thèse générale 
          les richesses et le pouvoir temporel du clergé. On peut affirmer, 
          textes en main que le clergé séculier bas-poitevin surtout, 
          dut à son autorité temporelle, de civiliser et d'améliorer 
          notre pays ; de maintenir souvent l'équilibre entre les seigneurs 
          et les vassaux, de protéger le faible contre le puissant, l'opprimé 
          contre l'oppresseur, de frayer à travers ses rangs ouverts à 
          tous une route au plus pauvre et au plus petit, vers les plus grandes 
          destinées. 
         				
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			NOTES: 
			(1) Aubert, tome VII, pages 320 et 342. 
         Pitre-Chevalier. - Bretagne ancienne, page 207. 
         Plusieurs conciles se tinrent à ce sujet a Poitiers, 
          notamment l'un en 1078. Un de 1075 défendit sous les peines canoniques 
          les plus graves, de reconnaître la qualité d'évêque 
          ou d'abbé, à quiconque aurait reçu son évêché 
          ou son abbaye des mains d'un laïque. 
           
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		   PUISSANCE DE LA PAPAUTÉ  
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	         Bientôt la souveraineté du pape ne s'exerça plus 
          uniquement sur les choses spirituelles, mais aussi sur les choses temporelles. 
          Les papes prirent en main la direction des affaires de l'Europe,. intervinrent 
          au cours des guerres entre les prétendants, proclamèrent 
          la guerre sainte contre les Infidèles, et furent les maîtres 
          incontestés. Le baron cuirassé de fer, les empereurs et 
          les rois, les nations elles-mêmes tremblèrent devant les 
          légats vêtus de rouge, comme tremblaient autrefois les 
          souverains de l'Asie, devant les envoyés du peuple romain. 
         Les seigneurs bas-poitevins n'échappèrent point non 
          plus aux foudres pontificales, non plus qu'aux foudres épiscopales, 
          ainsi que nous le verrons dans un prochain chapitre. 
           				
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		   ÉGLISES DES XIe ET XIIe 
            SIÈCLES (1)  
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	        Saint-Nicolas-de-Brem. - Porche construit au XIe siècle, avec 
          des débris peut-être carlovingiens. 
         
         
          Crypte de Curzon 
          (D'après une eau-forte de M. de Rochebrune)  
           
         Cryptes de Notre-Dame de Fontenay et de Curzon. - Même plan 
          par terre, même exécution : quatre colonnes isolées 
          au centre; bancs au pourtour (2) pris dans les premières assises 
          de la construction, - voûte d'arête plein cintre. 
         Cryptes du château de Tiffauges, avec colonnes paraissant remonter 
          à une haute antiquité. 
         Crypte des Essarts, fin du me, - débris de tombeau très 
          ancien. 
          Les églises du XIIe siècle sont fort nombreuses en Vendée, 
          surtout dans les environs de Fontenay. Les plus importantes de cette 
          époque sont : 
         L'Église abbatiale de Nieuil-sur-l'Autise, l'un des monuments 
          les plus complets et les mieux dessinés qui subsistent dans la 
          Vendée. Le cloître, qui est aujourd'hui la propriété 
          de Mme Sabouraud, est complètement conservé, ainsi que 
          la salle capitulaire dont la voûte a été refaite 
          en 1616, par Pierre Brisson. L'Église de Vouvent, dont nous donnons 
          une vue au chapitre XV, a pu être construite environ dans le même 
          temps quenelle de Nieuil: 
         Foussais. - Le portail seul est conservé : le rez-de-chaussée 
          bien entendu, car le pignon est du XVe siècle. Sur l'un des deux 
          grands bas-reliefs encastrés après coup (La Descente de 
          Croix), on voit cette curieuse inscription :  
           
         
        
          
             
              Eraudus Audebertus De Sancto 
                Joanne Angeriaco me fecit | 
             
           
         
         
        L'autre bas-relief représente le souper chez Simon, et le Noli 
          me tangere. 
         Maillé et Fontaines sont très altérés 
          dans leurs; façades, dont les sculptures ciselées sur 
          les archivoltes, portent des traces de peinture, ainsi que plusieurs 
          des -parties intérieures de ces monuments. On a trouvé 
          aussi des traces de ces peintures extérieures, à Saint-Michel-le-Cloucq. 
         Belleville. - L'ancienne église de Belleville présente, 
          pour ce qui en reste debout, tous les caractères de l'architecture 
          de la fin du XIIe ou du commencement du Xllle. On y voit encore l'un 
          des plus curieux et des plus rares monuments de l'époque de transition 
          du roman au gothique qu'on ait en Vendée. C'était primitivement 
          la chapelle d'un prieuré de chanoines réguliers de l'ordre 
          de saint Augustin, dépendant de l'abbaye de Nieuil-sur-l'Autise, 
          desservant aussi le château , dans l'enceinte duquel elle était 
          située . Elle devint plus tard l'église paroissiale . 
          - Bâtie probablement par Maurice II de Bellevllle, Seigneur de 
          Montaigu ou par Brient, son successeur. 
         
         
Façade de l'ancienne Eglise de Belleville (Vendée) 
          D'après un dessin de M. Auguste Douillard de Montaigu.  
         
        Mailtezais, - A l'abbaye, le narthex est du e siècle l'église 
          paroissiale est tout entière du XIIe siècle(3). 
         Chalais. - La chapelle de Chalais, située non loin de Saint-Pierre-le-Vieux, 
          est de la fin du XIe et du commencement du XIIe siècle ; le chevet 
          en est bien conservé, ainsi que les cariatides qui supportent 
          l'entablement, et qui pour la plupart représentent l'emblême 
          de certains vices, ou des personnages dans des postures quelquefois 
          bizarres(4). 
         Benet a sa façade du XIIe (5), mais elle a été 
          renforcée au XVe par des contreforts qui la défigurent. 
         La Chapelle-Giraud, avec ses intéressants bas-reliefs, qui 
          rappellent ceux de Foussais ; Les Moutiers-les-Maux faits et Mareuil-sur-le-Lay, 
          sont trois églises remarquables par leurs nefs intérieures 
          ; celle des Moutiers principalement, dont les trois nefs sont parfaitement 
          conservées, et " sans déformation, tout en granit, 
          donne le type le plus parfait des églises romanes ". - Mareuil 
          offre de belles arcatures dans les murs extérieurs de sa nef 
          et de l'abside. 
         Luçon. - Mentionnons encore le transept de Luçon, qui 
          offre de belles arcatures du XIIe siècle. 
         La Grainetière n'a plus que quelques parties de son abside 
          et de sa salle capitulaire (6), qui font juger de la beauté de 
          son ancienne architecture.. Toute la construction est eu granit, parfaitement 
          appareillée et très bien conçue comme plan. Malheureusement 
          ce superbe débris n'est pas même respecté par la 
          propriétaire actuelle, qui démolit les parements des murs, 
          afin de réparer les maisons de ses fermiers. Dans les environs 
          des Herbiers notamment, il n'est pas rare de voir des chapiteaux employés 
          aux usages les plus divers (7). - A citer encore pour mémoire 
          Saint-Nicolas-de-Brem. Saint-Jean-d'Orbestier, La Caillère, l'arcade 
          du transept de La Chaize-le-Vicomte, etc. 
         
 
        ABBAYE DE LA.GRAINETIERE SALLE CAPITULAIRE 
          D'après une eau-forte de M. de Rochebrune.  				
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			NOTES: 
			(1) Les églises se multiplièrent alors avec 
          une profusion d'autant -plus grande qu'un certain nombre de celles qu'on 
          avait édifiées jusque-là, étant construites 
          en bois, avaient été dévorées parle feu 
          ou détruites par les envahisseurs. - C'est aussi du commencement 
          du XIe siècle, c'est-à-dire vers 1030, que date la merveilleuse 
          invention de la musique moderne, par Guy d'Arezzo. 
         (2) Nous en avons également trouvé dans 
          les ruines d'une église romane, sise au ténement de la 
          Vieille-Église de Courdault, dans le canton de Maillezais, ainsi 
          que nous l'avons dit plus haut. 
         (3) Voir le dessin, chapitre ix, page 193. 
         (4) Louis Brochet. - La Vieille Église de Chalais, 
          Vannes,. imprimerie Lafolye, 1890. 
        (5) Voir la photogravure, au chapitre 24.  
        (6) Elle est (lu XIVe siècle, 
        (7) Congrès archéologique. Extrait d'un 
          rapport ce M. de Rochebrune et Recherches personnelles. 
           
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		   CARACTÈRES DES VIEILLES 
          ÉGLISES DU POITOU  
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	        En Vendée comme ailleurs, et peut-être plus qu'ailleurs, 
          dit Jules Quicherat, les églises de campagne présentent, 
          dans leur ensemble, l'ouvrage de plusieurs siècles. En généralisant 
          les observations consignées par le regretté M. Léon 
          Audé, il semble que 'la première construction dit plus 
          grand nombre remonte aux approches de l'an 1100 (1). Le plus primitif 
          est celui d'une croix latine formée par un vaisseau unique de 
          cinq travées, par le milieu duquel passe un court transept. 
         Le chevet,. qui est plat, dévie sensiblement hors de l'axe 
          de l'édifice. Ces dispositions ont été altérées 
          au XIVe et au XVe siècle, par l'addition de collatéraux, 
          tantôt à la nef, tantôt au chur, d'autres fois 
          dans toute la longueur du vaisseau. 
         Au XVe siècle appartiennent aussi des garnitures de mâchicoulis 
          et de breteches construites par dehors pour convertir l'église 
          en forteresse, ainsi que cela se voit encore aujourd'hui au Boupère 
          (2). 
         D'ailleurs, au moyen âge, l'architecture religieuse, en Bas-Poitou 
          surtout, prime généralement toutes les autres : les constructions 
          civiles même, et jusqu'aux édifices militaires, se conforment 
          en plus d'un point, surtout dans l'ornementation, au style adopté 
          par la religion. En effet, le moyen âge est la période 
          religieuse, par excellence, de l'humanité : elle a cumulé 
          l'office de la patrie, de la nation et de la cité : elle règle 
          la vie		
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			NOTES: 
			 (1) Trois ans après l'an mille, -date assignée 
          par la superstition, b la. fin du monde, un vieil historien, Raoul Glaber, 
          nous apprend qu'il se manifesta dans toutes les Gaules une réaction 
          d'espoir et de joie qui lit sortir de terre des milliers d'églises. 
          Les anciennes furent démolies, quoi, qu'elles pussent servir 
          encore; on avait trouvé mieux. 
         (2) Il convient d'ajouter que des réparations 
          considérables et sans caractère fixe, ont suivi les guerres 
          de religion 
          
        
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