|
|
|
|
CHAPITRE XII
LES ORDRES MENDIANTS, - LES MATHURINS, - LES ORDRES RELIGIEUX
MILITAIRES
|
Les Cordeliers, Les Trinitaires, les chevaliers de Saint-Lazare,
les Hospitaliers, les Templiers.
Possessions des ordres religieux et militaires dans le département
de la Vendée (Billy, Bourgneuf, Féolette, Les Fossés, - Châlon,
les Habites, Launay, Sainte-Croix-De-Montaigu, Puyravault, Champgillon, Coudrie,
Landeblanche, Sainte-Gemme.
Familles apparentées aux chevaliers. Veilles familles bas-poitevines.
LES CROISADES. - Rôle des seigneurs poitevins.
Première Croisade.
Seconde Croisade.
Troisième Croisade.
Quatrième Croisade.
Cinquième Croisade.
Sixième Croisade.
Résultats des Croisades en Bas-Poitou.
Habitations particulières.
Navigation.
Pêche, Ostréiculture et Bouchots.
Les canaux et les desséchements.
Droits d’usage et de parcours des marais. Viticulture.
Littérature (Pierre de Maillezais, Raoul Ardent, Pierre
Béranger, Pierre de Poitiers, Savary de Mauléon).
Langage de l’époque.
Avantages généraux. - Conditions des serfs en Bas-Poitou.
Les bourgs ou villages vendéens de l’époque féodale.
Villes neuves ou villes franches.
Contrats.
Canton de la Mothe-Achard. Fermage d’un paysan vers 1100.
Canton des Moutiers-les-Mauxfaits. Mode de transmission d’une
propriété rurale Vers 1120.
Château-d’Olonne. Bail à moitié de la Pironnière
en 1219.
Bail de vigne à comptant à Saint-Benoit-d’Angles en 1265.
Justice féodale. Juridictions diverses.
Les mairies ou prévôtés en Bas-Poitou :
Fontenay, La Mothe-Achard. La Mairie ou Prévoté de la Châtaigneraie,
en la paroisse de Saint-Philbert-de-Pont- Charrault (1236-1538).
Election d’un maire.
|
Les Cordeliers, Les Trinitaires, les chevaliers de Saint-Lazare,
les Hospitaliers, les Templiers.
|
1° Billy. - Cette commanderie, située près Corbaon,
dans la commune de Château-Guibert, se composait des château
et métairie de Billy et de quelques devoirs, cens et rentes :
le tout affermé 2.100 livres en 1782.
2° Bourgneuf, près Olonne. - Cette commanderie se composait
du logis et du moulin de Bourgneuf, paroisse de la Chapelle-Achard,
et de quelques devoirs, cens et rentes à l'lle-d'Olonne ; le
tout affermé 300 livres en 1640.
3°, Féolette. - Cette commanderie se composait du logis
et métairie de Féolette près de Saint-Etienne de
Brillouet, de la borderie de la Badellerie, même paroisse, des
métairies du Portault en Nalliers, et de la Vendronnière
en Saint-Vincent-Fort-du-Lay. Elle possédait en outre le four
banal et les deux moulins à vent. de Nalliers; une maison à
Sainte-Hermine, et des devoirs, cens et rentes importants à Saint-Etienne-de-Brillouet
et paroisses voisines : le tout affermé 1.200 livres en 1577,
et 2.700 en 1728. Le plus ancien titre concernant Féolette et
conservé aux archives de la Vienne est de 1215.
4° Les Fossés-L'halons. - Située dans la paroisse
de La Boissière-des-Landes, comprenait les logis et la métairie
des Fossés-Chalons, des . devoirs, cens et rentes à Nieuil
et paroisses voisines ; et l'annexe de la Baugerie, à laquelle
se rattachait la borderie du Pont-Métayer en Saint-Vincent-sur-Jard.
Le tout affermé 2.700 livres en 1781.
5° Les Habites (1). - Cette commanderie se composait des logis
et métairie des Habites, paroisse du même nom, aujourd'hui
partie de la commune d'Apremont, et de quelques devoirs, cens et rentes
aux Habites et paroisses voisines. La cure et l'église paroissiale
en dépendaient. A partir du XVIe siècle elle fut toujours
unie à Coudrie.
6° Launay. - Cette commanderie se composait du logis, de la métairie
et des deux moulins de Launay, paroisse de Sainte-Cécile, des
métairies de la Roussière, paroisse de Sainte-Flo-rence,
et de Serit, paroisse des Herbiers, du four banal du Fuiteau, paroisse
de Chantonnay, de la haute justice du village de la Châtaigneraie,
paroisse de, Saint-Philhert-du-Pont-Charrault, et de quelques devoirs,
cens et rentes dans les divers lieux ci-dessus; le tout affermé
avec Sainte-Croix-de-Montaigu 600 livres en .1603, 950 en 1712 et 1.200
en 1748.
Le plus ancien titre conservé à Poitiers, est un acte
d'environ 11200 par lequel Aimery, seigneur de Mortagne, donna certaines
choses aux Hospitaliers, en échange d'autres que leur avait jadis
données Antérius son père.
7° Sainte-Croix-de-Montaigu. - Cette commanderie, d'après
une visite de 1561, ne se composait plus dès lors que d'une maison
et chapelle en ruines, et de quelques devoirs et rentes. Depuis assez
longtemps déjà elle était réunie à
celle de Launay.
8° Puyravault. - Cette commanderie se composait du logis et du
marais du Commandeur (cabanes de Puyraveau, de la Martinière,
de la grande et de la petite Colomberie, de la Renardière et
du Fondreau), dans la paroisse de Puyravault, d'une contenance totale
de 2.000 journaux de terre tant labourables que pacages ; de la cabane
de la Verdinière. paroisse de Chaillé, d'une contenance
de 230 journaux et de quelques cens et rentes de peu d'importance ;
le tout estimé 2.305 francs de revenus à la fin du XVIIe
siècle. La cure et l'église paroissiale en dépendaient.
Les archives de la Vienne possèdent trois liasses et six registres
in-folio de titres concernant Puyravault. Le plus ancien est une sentence
de la sénéchaussée de Poitou, du 30 juin 1442,
dans un procès entre le commandeur et le chapitre de l'Eglise-Cathédralede
Poitiers, qui avait une pièce de terre de 20 septérées,
dans le marais de Champagné.
9° Champgillon. - Cette commanderie se composait du château
(2), métairie, four banal et greffe de Champgillon; des métairies
de l'hôpital de Thiré, de Ligné en Saint-Valérien,
de la Touche-Maurice et de Manfray, paroisse de la Réorthe, de
la Brissonnerie, paroisse de la Vineuse ; de Chaumes, paroisse de Saint-Hermant
; de l'hôpital de Saint-Juire ; des moulins des Cornes et Tamarin,
paroisse de Champgillon ; de la fontaine de Thiré ; de Poislefeu,
près la Réorthe ; du moulin de Potays et du four banal
de la Châtaigneraie en Saint-Philbert ; de terres et bois disséminés
à Sainte-Hermine, Bessay, Saint-Pierre, Les Moutiers, la Vineuse
et Saint-Juire, et de devoirs, cens- et rentes importants à Champgillon
et paroisses voisines.
10° Coudrie. - Cette commanderie se composait des logis et sanctuaire
de Coudrie, et du moulin de la Brosse, paroisse de Coudrie, aujourd'hui
partie de la commune de Challans ; de la métairie de Lespinassière,
paroisse de la Garnache; de la borderie des Villattes, paroisse de Challans
; du moulin de la Fesse, paroisse de Froidfond ; des prés de
la Giraye et des Guerbaudières, paroisse de Beauvoir-sur-Mer
et de quelques devoirs, cens, rentes, dans les paroisses voisines, ainsi
qu'à Machecoul et autres lieux de la Loire-Inférieure.
Le tout avec Bourgneuf, les Habites et Landeblanche, qui lui étaient
unis depuis le milieu du XVIe siècle, était affermé
3.000 livres en 1600.
11° Landeblanche. - Cette commanderie se composait du logis, métairie,
et des deux moulins de Landeblanche, paroisse de Belleville, et de quelques
devoirs, cens et rentes à la Roche-sur-Yon et dans le voisinage.
Après la suppression de l'ordre du Temple, elle fut réunie
à celle des Habites.
12° Sainte-Gemme. - Cette commanderie se composait du logis et
métairie de Sainte-Gemme, paroisse de Benet, de celles des Moutiers,
paroisse de Coulon, et de Mervent, paroisse de Sainte-Christine, plus
quelques devoirs, cens et rentes à Benet et environs. Ils étaient
de peu de valeur : le plus curieux était une rente de 100 anguilles
et de 30 sols pour la cuisson, due chaque année, le dimanche
des Rameaux, par le possesseur du moulin de Salbeuf, paroisse de Sciecq
(Deux-Sèvres). Après la suppression de l'ordre du Temple,
Sainte-Gemme fut réunie à l'hôpital de Cendre, paroisse
de Saint-Pompain (Deux-Sèvres), qui était d'un revenu
moindre. Les deux ensemble étaient affermés 1.900 livres
en 1645.
Les archives de la Vienne possèdent notamment sur SainteGemme,
un magnifique volume de 55 feuillets, en parchemin, intitulé
: " Le papier des rentes et revenus de la maysson de l'Opital-de
Sainte-Gemme, detraiz de plussours papiers enciens ; et l'a fait fayre
frère Guillaume Farny, au commandour de la dicte maysson en l'an
mil CCC dix. " L'avant-dernier article " le pasquer "
de Sainte-Gemme, dans lequel est décrit le droit d'usage et de
pâturage communs sur les deux rives de la Sèvre, depuis
Benet (Vendée), jusqu'à Eschiré (Deux-Sèvres),
est à lui seul une pièce aussi curieuse qu'intéressante
(3).
Retour
haut de page
|
NOTES:
(1) Voir pour l'incendie de 1622, l'Annuaire de la Société
d'émulation de la Vendée. (1875), pages 69-70.
(2.) De l'ancien château, il ne reste guère
aujourd'hui que des vestiges très modernisés ; sur les
murs de l'habitation restaurée, se voient encore gravées
les dates 1597-1642-1664. - La chapelle, dont une visite prieurale de
4719, conservée aux archives de la Vendée, donne la description,
a complètement disparu
(3) Archives de, la Vienne et extrait de la Société
d'émulation. Louis de a Boutetière (Année 1872).
|
POSSESSIONS TERRITORIALES DES
ORDRES
RELIGIEUX ET MILITAIRES
DANS LE DÉPARTEMENT DE LA VENDÉE.
|
1° Billy. - Cette commanderie, située près Corbaon,
dans la commune de Château-Guibert, se composait des château
et métairie de Billy et de quelques devoirs, cens et rentes :
le tout affermé 2.100 livres en 1782.
2° Bourgneuf, près Olonne. - Cette commanderie se composait
du logis et du moulin de Bourgneuf, paroisse de la Chapelle-Achard,
et de quelques devoirs, cens et rentes à l'lle-d'Olonne ; le
tout affermé 300 livres en 1640.
3°, Féolette. - Cette commanderie se composait du logis
et métairie de Féolette près de Saint-Etienne de
Brillouet, de la borderie de la Badellerie, même paroisse, des
métairies du Portault en Nalliers, et de la Vendronnière
en Saint-Vincent-Fort-du-Lay. Elle possédait en outre le four
banal et les deux moulins à vent. de Nalliers; une maison à
Sainte-Hermine, et des devoirs, cens et rentes importants à Saint-Etienne-de-Brillouet
et paroisses voisines : le tout affermé 1.200 livres en 1577,
et 2.700 en 1728. Le plus ancien titre concernant Féolette et
conservé aux archives de la Vienne est de 1215.
4° Les Fossés-L'halons. - Située dans la paroisse
de La Boissière-des-Landes, comprenait les logis et la métairie
des Fossés-Chalons, des . devoirs, cens et rentes à Nieuil
et paroisses voisines ; et l'annexe de la Baugerie, à laquelle
se rattachait la borderie du Pont-Métayer en Saint-Vincent-sur-Jard.
Le tout affermé 2.700 livres en 1781.
5° Les Habites (1). - Cette commanderie se composait des logis
et métairie des Habites, paroisse du même nom, aujourd'hui
partie de la commune d'Apremont, et de quelques devoirs, cens et rentes
aux Habites et paroisses voisines. La cure et l'église paroissiale
en dépendaient. A partir du XVIe siècle elle fut toujours
unie à Coudrie.
6° Launay. - Cette commanderie se composait du logis, de la métairie
et des deux moulins de Launay, paroisse de Sainte-Cécile, des
métairies de la Roussière, paroisse de Sainte-Flo-rence,
et de Serit, paroisse des Herbiers, du four banal du Fuiteau, paroisse
de Chantonnay, de la haute justice du village de la Châtaigneraie,
paroisse de, Saint-Philhert-du-Pont-Charrault, et de quelques devoirs,
cens et rentes dans les divers lieux ci-dessus; le tout affermé
avec Sainte-Croix-de-Montaigu 600 livres en .1603, 950 en 1712 et 1.200
en 1748.
Le plus ancien titre conservé à Poitiers, est un acte
d'environ 11200 par lequel Aimery, seigneur de Mortagne, donna certaines
choses aux Hospitaliers, en échange d'autres que leur avait jadis
données Antérius son père.
7° Sainte-Croix-de-Montaigu. - Cette commanderie, d'après
une visite de 1561, ne se composait plus dès lors que d'une maison
et chapelle en ruines, et de quelques devoirs et rentes. Depuis assez
longtemps déjà elle était réunie à
celle de Launay.
8° Puyravault. - Cette commanderie se composait du logis et du
marais du Commandeur (cabanes de Puyraveau, de la Martinière,
de la grande et de la petite Colomberie, de la Renardière et
du Fondreau), dans la paroisse de Puyravault, d'une contenance totale
de 2.000 journaux de terre tant labourables que pacages ; de la cabane
de la Verdinière. paroisse de Chaillé, d'une contenance
de 230 journaux et de quelques cens et rentes de peu d'importance ;
le tout estimé 2.305 francs de revenus à la fin du XVIIe
siècle. La cure et l'église paroissiale en dépendaient.
Les archives de la Vienne possèdent trois liasses et six registres
in-folio de titres concernant Puyravault. Le plus ancien est une sentence
de la sénéchaussée de Poitou, du 30 juin 1442,
dans un procès entre le commandeur et le chapitre de l'Eglise-Cathédralede
Poitiers, qui avait une pièce de terre de 20 septérées,
dans le marais de Champagné.
9° Champgillon. - Cette commanderie se composait du château
(2), métairie, four banal et greffe de Champgillon; des métairies
de l'hôpital de Thiré, de Ligné en Saint-Valérien,
de la Touche-Maurice et de Manfray, paroisse de la Réorthe, de
la Brissonnerie, paroisse de la Vineuse ; de Chaumes, paroisse de Saint-Hermant
; de l'hôpital de Saint-Juire ; des moulins des Cornes et Tamarin,
paroisse de Champgillon ; de la fontaine de Thiré ; de Poislefeu,
près la Réorthe ; du moulin de Potays et du four banal
de la Châtaigneraie en Saint-Philbert ; de terres et bois disséminés
à Sainte-Hermine, Bessay, Saint-Pierre, Les Moutiers, la Vineuse
et Saint-Juire, et de devoirs, cens- et rentes importants à Champgillon
et paroisses voisines.
10° Coudrie. - Cette commanderie se composait des logis et sanctuaire
de Coudrie, et du moulin de la Brosse, paroisse de Coudrie, aujourd'hui
partie de la commune de Challans ; de la métairie de Lespinassière,
paroisse de la Garnache; de la borderie des Villattes, paroisse de Challans
; du moulin de la Fesse, paroisse de Froidfond ; des prés de
la Giraye et des Guerbaudières, paroisse de Beauvoir-sur-Mer
et de quelques devoirs, cens, rentes, dans les paroisses voisines, ainsi
qu'à Machecoul et autres lieux de la Loire-Inférieure.
Le tout avec Bourgneuf, les Habites et Landeblanche, qui lui étaient
unis depuis le milieu du XVIe siècle, était affermé
3.000 livres en 1600.
11° Landeblanche. - Cette commanderie se composait du logis, métairie,
et des deux moulins de Landeblanche, paroisse de Belleville, et de quelques
devoirs, cens et rentes à la Roche-sur-Yon et dans le voisinage.
Après la suppression de l'ordre du Temple, elle fut réunie
à celle des Habites.
12° Sainte-Gemme. - Cette commanderie se composait du logis et
métairie de Sainte-Gemme, paroisse de Benet, de celles des Moutiers,
paroisse de Coulon, et de Mervent, paroisse de Sainte-Christine, plus
quelques devoirs, cens et rentes à Benet et environs. Ils étaient
de peu de valeur : le plus curieux était une rente de 100 anguilles
et de 30 sols pour la cuisson, due chaque année, le dimanche
des Rameaux, par le possesseur du moulin de Salbeuf, paroisse de Sciecq
(Deux-Sèvres). Après la suppression de l'ordre du Temple,
Sainte-Gemme fut réunie à l'hôpital de Cendre, paroisse
de Saint-Pompain (Deux-Sèvres), qui était d'un revenu
moindre. Les deux ensemble étaient affermés 1.900 livres
en 1645.
Les archives de la Vienne possèdent notamment sur SainteGemme,
un magnifique volume de 55 feuillets, en parchemin, intitulé
: " Le papier des rentes et revenus de la maysson de l'Opital-de
Sainte-Gemme, detraiz de plussours papiers enciens ; et l'a fait fayre
frère Guillaume Farny, au commandour de la dicte maysson en l'an
mil CCC dix. " L'avant-dernier article " le pasquer "
de Sainte-Gemme, dans lequel est décrit le droit d'usage et de
pâturage communs sur les deux rives de la Sèvre, depuis
Benet (Vendée), jusqu'à Eschiré (Deux-Sèvres),
est à lui seul une pièce aussi curieuse qu'intéressante
(3).
Retour
haut de page
|
NOTES:
(1) Voir pour l'incendie de 1622, l'Annuaire de la Société
d'émulation de la Vendée. (1875), pages 69-70.
(2.) De l'ancien château, il ne reste guère
aujourd'hui que des vestiges très modernisés ; sur les
murs de l'habitation restaurée, se voient encore gravées
les dates 1597-1642-1664. - La chapelle, dont une visite prieurale de
4719, conservée aux archives de la Vendée, donne la description,
a complètement disparu
(3) Archives de, la Vienne et extrait de la Société
d'émulation. Louis de a Boutetière (Année 1872).
|
FAMILLES APPARENTÉES
AUX CHEVALIERS
|
Parmi les croisés du Bas-Poitou dont les noms survivent, il
faut encore mentionner Pierre Mesnard, qui faisait partie de 1a milice
du Temple. Pierre de Monti, grand-maître de l'ordre de Jérusalem,
en 1568. - Toussaint de Cornulier, commandeur du même ordre en
Poitiers. Les chevaliers de Malte, Henri et Amable de Suyrot (1528-1598).
- Charles-Auguste Grelier de Concize, commandeur de l'ordre de Saint-Jean
de Jérusalem. Les chevaliers Fidèle, Armand-Célestin
Grelier du Fougeroux ; Gaspard, Bonaventure, et Achille-Louis de Béjarry.
- Les pages du grand-maître de l'ordre, . Marie-Henri-Louis de
Mouillebert, seigneur de Puysec, près Fontenay, et Armand-Charles
de Béjarry. - Les Le Bailly de la Falaise, dont la famille se
rattache aux guerres saintes, par ses alliances avec les d'Anfreville
et les de Thiboutat (1).
Retour
haut de page
|
VIEILLES FAMILLES BAS-POITEVINES
|
Indépendamment des familles bas-poitevines, dont plusieurs membres
furent ou fondateurs ou bienfaiteurs des, abbayes ou prieurés
dont nous avons parlé, on peut citer au commencement du IXe siècle,
la famille Achard. Un Mathieu était, en 813, seigneur de la Mothe-Achard.
Un Achard Etienne, figure comme témoin dans un désistement
fait en 1081, par un nommé Geoffroy, de plusieurs droits qu'il
prétendait posséder à Saint-Maixent (DF). Peut-être
est-ce le même qui signe comme témoin en 1097, l'acte damné
acquisition faite par l'abbaye de Talmont, de quelques héritages
situés, au Sableau. Son fils Pierre était présent
à la fondation de l'abbaye de Trizay.
Vers 935, dans la charte de fondation de l'église Saint-Pierre-de-Mauléon,
figure Raoul, fils d'Arnould de Mauléon, vicomte d'Herbauges,
marié- à Humberge, fille de Raoul, seigneur de Mortagne.
Ce Raoul avait épousé Hilarie, sueur de Renaud, seigneur
de Mallièvre. Son fils Ebles II, se maria avec Alia, fille de
Hugues du Puy-du-Fou. Toutes les donations de dîmes et de terres
qui se rapportent à l'église de Saint-Pierre, furent signées
par Ebles 11, par les seigneurs de Mallièvre, de Talmont, de
Châteaumur, de Puy-du-Fou, de Mortagne, etc., tous fiefs du voisinage
dont les seigneurs se qualifiaient de chevaliers et qui attestent pour
la postérité, que déjà la contrée
tout entière était sous le régime de la féodalité
solidement établie (2).
Un Guillaume de Thouars, dit Taillefer, fondait vers 970, un château
à Pouzauges, et augmentait son domaine, en épousant Mathilde,
fille de Renaud, seigneur de Mortagne. Un de ses fils Renaud, devenait
bientôt seigneur de la Flocelière.
Vers la même époque, apparaît comme seigneur de
Tiffauges, un Aimery, second fils d'Eudes de Thouars, marié à
la fille de Guillaume Il Taillefer, comte d'Angoulême.
C'est vers le second quart du XIe siècle, qu'apparaissent les
appellations des principales familles poitevines, celles des Lusignan,
des Parthenay, des Morthemar, des Vivone, des la - Tremouille, etc.
C'est dans un document de 1047 que l'on voit, croyons-nous, figurer
pour la première fois, le nom illustre de la Trémouille.
Cette année, en effet, un Pierre de la Trémouille est
mentionné comme témoin, dans une charte d'affranchissement
d'un Collibert accordée par Geoffroy Martel, et sa femme Agnès,
à leur retour de la Pouille, où ils avaient accompagné
l'empereur Henri III (3).
La famille de Chabot, dont de nombreux descendants habitent non seulement
la Vendée, niais l'Anjou et, la Bretagne, est connue depuis 1040
(4). A cette date, Chabot Guillaume chevalier seigneur de la Chabotière
et des fiefs Chabot, fut témoin, avec Henri Ier, roi de France,
Guillaume, duc de Guyenne, et les plus grands seigneurs du Poitou et
de l'Anjou, de la fondation de l'abbaye de la Trinité de Vendôme,
par Geoffroy Martel, comte d'Anjou, et Agnès de Bourgogne, sa
femme.
Vers 1055, Chabot (Willelmus), Ainor sa femme et Geoffroy son frère,
vendent quelques terres et salines, et donnent plusieurs dîmes
et cens à l'abbaye de Maillezais (5).
Un Chabot Sebran, sire de Vouvent et Mervent, soutient en présence
de Louis VII, dit le Jeune, roi de France, duc d'Aquitaine et comte
de Poitou, contre Godin ou G-audin, abbé de Maillezais, qu'en
qualité de successeur de son frère, il avait droit d'avouerie,
garde et juridiction de cette abbaye et membre en dépendant,
tenue par lui à hommage lige du comte de Poitou, " ce qu'il
offrait de prouver par le duel` ou à l'épreuve de l'eau
bouillante ". Mais par jugement du roi et de ses barons assemblés,
il fut débouté de sa demande au mois de mars 1151. Il
mourut peu de mois après, le 16 des calendes d'août. Il
avait épousé Agnès, dame de Rocheservière
et de la Grève, fille d'Emmery et d'Agnès de la Faye (6).
L'existence de la famille de Mesnard est constatée dans le
Talmondais dès 1050, par une charte conservée aux archives
de la Vendée, et publiée par le savant Paul Marchegay.
En 1068 il est fait mention de la famille Chasteigner, qui à
cette époque possédait la terre de ce nom. Plus tard,
elle possèdera Réaumur, La Meilleraye, et se distinguera
pendant les Croisades.
En 1212, un Jean Chasteigner, seigneur de Réaumur, était
considéré comme le quatrième chevalier banneret
du Poitou.
On peut citer encore dans lexie siècle, un sire de Pouzauges,
un sire de Parthenay, et Savary, vicomte de Fontenay, qui en 1066 accompagnèrent
Guillaume le Bâtard, dans la conquête de l'Angleterre. Quatre-mille
pèlerins poitevins d'élite, sous le commandement du vicomte
de Thouars, Aimery IV (7), prennent part à la sanglante bataille
de Hastings (14 octobre 1064), où soixante-sept-mille Anglais
devaient mordre la poussière.
Le même Aimery qui, dès 1047, avait confirmé la
possession du prieuré de Bellenoue à l'abbaye de Saint-Michel-en-l'Herm,
accompagna, en 1054, les comtes d'Anjou et de Poitou, qui marchaient
au secours du roi Henri Ier, contre Guillaume Ier, duc de Normandie.
Il fit partie de l'expédition d'Espagne, entreprise par Gui Geoffroy,
comte de Poitou, et s'y distingua. Mais le fait le plus remarquable
de la vie d'Aimery fut, ainsi que nous l'avons déjà dit,
la large part qu'il prit à la conquête- de la Normandie
Gauthier et Gosselin, seigneurs de la Garnache. - David, seigneur
de la Flocelière qui, le 24 octobre 1091, donna en son nom et
en celui de son frère et de son fils Geoffroy, l'église
de la Flocelière au monastère de la Sainte-Trinité
de Mauléon (aujourd'hui Châtillon-sur-Sèvre), dont
elle dépendit jusqu'en 1789. Le fait de cette donation avait
été peint, à une époque très reculée,
sur un mur de l'église, où il a été découvert
cri 1864 ; malheureusement, ces restes de peintures murales- n'ont pas
été conservés.
Aspremont Guillaume figure, en 1095, comme l'un des signataires de
la donation de droits et de divers, héritages, faite au prieuré
de la Chaize-le-Vicomte, par Herbert, vicomte de Thouars. - Aspremont
souscrivit en 1109, la charte d'érection de l'abbaye de Bois-Grollard
(8).
Un acte daté des fêtes de Pâques 1096, et relatif
à une restitution de biens, concentré au, château
de Benon, signé Guillaume, comte de Poitiers, Mathilde ou Mahault,
comtesse, sa femme, etc., acte confirmé par le légat du
pape, cinquantetrois archevêques, évêques, abbés,
etc., donne encore des renseignements intéressants sur quelques
familles seigneuriales du Bas-Poitou.
On voit figurer au corps de l'acte Larius, sire de Mortagne, Geoffroy
et Umbert, surnommé Amaubert, Guillaume Achards sire de la Mothe,
Bernard, sire de Mervent, Mesnard Meschin, et Hugues Chabot.
Trois ans après, le 7 décembre 1099, dans un acte de
donation faite au prieuré de la Cbaize-le-Vicomte, par Hubert,
vicomte de Thouars et plusieurs de ses barons, nous relevons les noms
qui appartiennent à notre pays : Maurice de Montaigu, Jean de
Bressuire, Raoul de Mauléon, Geoffroy de Tiffauges, Guillaume
de Châteaumur, Maurice de Pouzauges, GuillaumeBertrand des Essarts,
Etienne de Bournezeau, Bernard de la Roche-sur-Yon, Barbotin d'Aspremont,
Pierre de la Gar- nache et le seigneur de Kemikers (Commequiers) (9).
Vers 1110, apparaît un Anstronius, seigneur de Mortagne, dont
un fils, Pierre, était seigneur de Treize-Vents. A la même
date, Guillaume Guy des Herbiers confirme divers dons à l'abbaye
de la Grainetière.
En 1131, figurent comme témoins du testament de Guillaume X,
duc d'Aquitaine (10); Truille, seigneur de Pouzauges, Guillaume (le
Talmont, Geoffroy du Puy-du-Fou, Guillaume, frère de ce dernier
et camérier de France, Guillaume de Pouzauges, son frère,
Richard, baron, Regnault de Mortagne, Regnault de la Flocelière,
et enfin Guillaume des Herbiers, maître d'hôtel du duc d'Angoulême
(11).
Au mois d'avril MO, Beaumont Richard est un des signataires d'une
charte passée à Antioche, et pour laquelle Raymond, prince
de cette ville, et Constance, sa femme, confirment au profit de l'église
du Saint-Sépulcre, des droits qu'elle possédait en cette
ville d'Antioche (12).
En cette même année 1140, Bodin Aimery, fils d'un, des
écuyers de Mareuil, fait, conjointement avec Sebrant Chabot,
seigneur de Vouvent, et Thibault Chasteigner, seigneur de la Châtaigneraye,
une donation à l'abbaye de l'Absie (BeauchetFilleau, page 372).
En 1145, un seigneur de Sainte-Hermine assiste à la dotation
de l'abbaye de Trizay.
Retour
haut de page
|
NOTES:
(1) René Vallette. - Chroniques du Bas-Poitou,
T. iv, page 118.
(2) Auber, Tome VI, page 376.
La plus ancienne famille connue du Bas-Poitou, serait
la famille Judikaël. En 616, un Judikaël, prince de Domnoë,
était seigneur des Herbiers. (Brandois, Notice sur les Herbiers.)
(3) Gallia Christiana, II. col. 1293.
(4) De La Fontenelle de Vaudoré. - Histoire es
évêques de Luçon, T
(5) Manuscrits de Dom Fonteneau, 25. .
(6) Beauchet-Filleau, page 557.
(7) Ce fut ce même Aimery, qui fit construire l'église
de la Chaize-le-Vicomte, vers 1088. Pour plus de détails, voir
Cartulaire du Bas-Poitou, par Paul Marchegay.
(8) Besly dit que vers l'an mille, des princes de la
maison de Chabot, seigneur d'Apremont et de Mareuil, quittèrent
leur nom de famille pour adopter celui de leurs terres, que leurs descendants
ont continué à: porter jusqu'à l'époque
de leur extinction (Beauchet-Filleau, p. ii.
(9) Beauchet-Filleau, T. n, page 717.
(10) H. Auber. - Histoire du Poitou, T. VI, page 377.
(11) Auber, T. vin, page 129.
(12) Dam Fonteneau croit que l'antique châtellenie
de Beaumont, qui_ faisait partie de la baronnie de Mortagne et de la
vicomté de Tiffauges, est le berceau de cette famille Beaumont,
dont l'origine se perd dans la nuit des temps (Beauchet-Filleau, page
249).
|
LES CROISADES
ROLE DES SEIGNEURS POITEVINS
|
Au moment où l'humanité, après l'affreux cauchemar
de l'an mille, semble prête à se coucher dans un sépulcre,
tout à coup elle est réveillée par le bruit des
Croisades.
C'est par- les causes de cette guerre, que nous n'étudierons
point ici, que l'on put voir que l'âme humaine n'était
pas encore morte, et qu'il ne lui manquait, pour reconquérir
la plénitude de la vie, que de s'incarner dans un corps nouveau,
(lui commence à s'appeler la commune, qui demain s'appellera
la patrie, et qui comme l'homme lui-même sera enfantéo
dans la douleur et dans le sang
Alors, toutes les querelles, toutes les guerres cessèrent comme
par enchantement. Les ennemis se donnèrent la main pour marcher
vers la Terre-Sainte. Le serf y suivit le seigneur; la femme, le mari,
l'enfant, le vieillard. Le mot de Salomon fut vérifié
: " Les sauterelles n'ont point de rois, et elles s'en vont ensemble
par bandes. "
La haine du nom musulman n'était pas nouvelle en Europe, et
le Poitou surtout se rappelait, avec colère, les ravages qu'y
avaient causés les invasions sarrasines.
Dans la noblesse poitevine, batailleuse et aventureuse par tempérament,
le mouvement qui avait gagné le monde chrétien s'accentua
rapidement, et de nombreuses familles de notre pays entrèrent
dans le sentiment général qui précipitait l'Europe
vers l'Asie, pour y conquérir des ruines et un tombeau.
Retour
haut de page
|
PREMIÈRE CROISADE
|
A peine le printemps de 1096 eut-il paru, qu'une foule de Poitevins
se trouvèrent sous la conduite des plus illustres barons, prêts
à partir pour la première croisade, qui fut la réponse
la plus efficace donnée par les peuples aux appels des Souverains
Pontifes, et aux sollicitations secrètes de l'enthousiasme et
de la foi.
Dans cette vaillante phalange, les Quatre-Barbes furent représentés
par le Bernard qui avait conquis en Espagne, à dix ans de là,
le glorieux surnom que ses descendants portent encore, et avec lui le
Robert qui devait fonder, à son retour, l'hôpital de Montmorillon
; Guy de la Trémouille ; - les Maulévrier, établis
déjà depuis un demi-siècle dans la petite ville
de ce nom, sise à la limite du Poitou et de l'Anjou ; - les Pérusse
des Cars, qui dès lors possédaient des terres et des alliances
dans notre pays ; Guy de Lusignan, qui devait ceindre la couronne de
Jérusalem (1); - les sires de Châteaubriant, dont la branche
des Roches-Baritaud a fourni un gouverneur à Fontenay, en 1570;
- Hugues Bontou, seigneur de la Baugisière en Saint-Michel-le-Cloucq,
et Hugues de Garnaches, de l'illustre maison de Rouault, morts l'un
et l'autre courageusement, dit Besly, le 17 mai 1102, à la désastreuse
journée de Rame ; - Jaillard de la Maronnière, dont le
nom se retrouve sur tous les champs de bataille, depuis la première
Croisade jusqu'à Castelfilardo ; - Arbert Clérembault,
seigneur de Sallertaine, qui donne ses terres au prieuré de ce
lieu, avant de partir pour la Terre-Sainte; - Aimery de Bouil, l'un
des plus puissants seigneurs du Talmondais.
Quatre ans plus tard, Guy de la Trémouille, les Geoffroy des
Herbiers, et d'autres seigneurs poitevins, rangés sous l'étendard
d'Herbert de Thouars, rejoignirent Guillaume IX (2), comte de Poitiers
et duc d'Aquitaine, traversèrent l'Allemagne, trouvant partout
un accueil sympathique " et semant leur route, par la Hongrie et
jusqu'aux rivages de la Mer Noire, de leurs chants et de leurs prières
(3). "
Après de graves conflits avec le due de Bulgarie, reçus
et choyés pendant cinq semaines à la cour de l'empereur
Alexis Comnène, trahis ensuite par ce dernier, ils arrivèrent
sous les murs de Nicée, où allaient commencer pour eux'
les plus sérieux périls suscités par les louches
intrigues de ce même Comnène, qui avait peint en termes
si énergiques les excès de la domination musulmane.
Furieux, les Aquitains et les Gascons reviennent sur leurs pas et
assiègent Constantinople. Sur le point de franchir la dernière
enceinte, intervient un. arrangement. Guillaume triomphant, se hâte
de traverser le Bosphore et va mettre de nouveau le siège devant
Antioche, où périrent un grand nombre de Poitevins.
Le comte de Poitou sauva sa vie à grand'peine ses bagages et
son argent furent la proie des Seldjoucides; un seul écuyer lui
resta. Fuyant à sa suite à travers les montagnes et par
des chemins perdus, il arriva non loin de Tarse, en une petite ville
que .gouvernait Bernard l'Etranger.
Après des péripéties sans nombre, après
avoir visité Beyrouth, gagné Antioche, pris part au siège
de Jaffa, le due retourna en France, où il débarquait
sans accident vers la fin de décembre,1102 (4)
Bientôt après (15 juin 1106), le pape Pascal II arrivait
à Poitiers et y présidait un concile.
Au tableau des misères endurées par les chrétiens
d'Orient, la chevalerie poitevine se leva de nouveau tout entière,
et sous la conduite du prince de Tarente, Boëmond, elle partit
avec les Angevins et les Manceaux.
" En 1107, cinq-mille chevaux et quarante-mille hommes s'embarquèrent
à Bari, sur le golfe de Venise, laissant à l'Europe l'admirable
spectacle de ce que peuvent, dans un même homme, l'intrépidité
de sa vaillance guerrière, et l'énergie de ses religieuses
convictions(5).
Retour
haut de page
|
NOTES:
(1) La Fontenelle de Vaudoré, dans les notes manuscrites
conservées à la bibliothèque de Niort, dit que
Geoffroy, son frère, seigneur de Mervent, conduisit vers Guy
une armée nombreuse, a où les natifs de Mervent et des
autres possessions de son beau-père, Chabot-Thibaud Il, étaient
en nombre. "
(2) Jean des Herbiers, seigneur de l'Ementruère,
Beaufou, etc., signa le testament de Guillaume IX. Il y prend le titre
de Dapifer Aquitani (BeauchetFilleau, p. 223).
Un de ses descendants, Milet des Herbiers, seigneur de
l'Etenduère, fut maîtred'hôtel de Philippe-le-Long,
et mourut vers 1320-1330, sans laisser d'enfant d'Alix du puy-du,-Fou,
son épouse.
(3) Auber, Histoire du Poitou, t. vii, pages 437-458.
- Chasteigner-Thibaud IV, seigneur de Réaumur, de la Meilleraye
et de la Châtaigneraie, se trouve compris dans un rôle des
principaux seigneurs du Poitou qui contribuèrent, au XIIIe siècle,
par leurs dons, aux Croisades ; sa portion est une des plus considérables.
Un de ses fils, Thibault V, fut signataire de la charte d'Alphonse de
Poitiers (Beauchet-Filleau, p. 6J2).
De tous les poètes voyageurs qui faisaient partie
de la seconde expédition, aucun n'a laissé de traces aussi
caractéristiques de son talent, que Guillaume, duc d'Aquitaine,
le raviss-eur de Mauberjonne, femme du vicomte de Châtellerault.
Il fut, en raison de ses débordements, excommunié en 1119
par le concile de Reims.
(4) Aubert, Histoire du Poitou, et Pennel. - Il fut excommunié
en 1119 par le concile de Reims.
(5) Michaud, Histoire des Croisades, t. n, pages 24-44
et suivantes.
|
SECONDE CROISADE
|
Les revers essuyés par les Croisés en Palestine, n'avaient
point diminué la foi de ceux qui espéraient trouver le
salut et le pardon de leurs fautes, sur cette terre où l'homme
avait été conquis à la vie de la foi. La solennelle
invitation d'Urbain II : " Soldats de l'en fer, soyez les soldats
de Dieu ! " résonnait toujours aux oreilles des nobles poitevins
(1), et dès 1134, c'est-à-dire douze ans. avant que Louis
VII (2) et Eléonore ne partissent pour la Palestine, Raymond,
fils de Guillaume IX, devenait prince d'Antioche, où il débarquait
(3) avec une suite nombreuse, dans laquelle on comptait Hugues de l'île
de Bouin, - Gauthier de Sourdeval, - un Guillaume de Poitiers, parent
de la famille ducale et beaucoup d'autres. Jeune et beau, il épousa,
le jour de son arrivée, Constance, fille de Boémond II,
mais sa bravoure lui ayant fait imprudemment livrer bataille à
Noradin, ,sultan d'Alep, il fut tué le 29 juin 1149 (4).
Retour
haut de page
|
NOTES:
(1) Malgré leurs idées religieuses très
sincères, mais obéissant" à ce sentiment batailleur,
exagéré peut-être, et aussi à un point d'honneur
qui était le propre des seigneurs bas-poitevins, les chevaliers
étaient souvent en guerre entre eux, et c'est ainsi qu'en 1123,
Geoffroy II, seigneur de Tiffauges, prit le château de Mallièvre,
qui appartenait à Guy de Mallièvre. Ce dernier appela
à son secours 'son suzerain, le comte d'Anjou, Foulques V, lequel
vint mettre bon ordre aux affaires en reprenant le château, qu'il
rendit à son légitime possesseur.
(2) Un Sebrand-Chabot, seigneur de Vouvent, accompagnait
Louis VII, ainsi que Pierre Berlin, l'un des bienfaiteurs de l'abbaye
de Maillezais, qui servit sous les ordres de Guy de Thouars.
(3) A quelques kilomètres.
(4) Auber. - Histoire du Poitou.
|
TROISIÈME CROISADE (1190)
|
Cependant Saladin, soudan d'Egypte et de Syrie, avait envahi la Palestine,
dépossédé Guy de Lusignan, roi de Jérusalem,
et fait un horrible massacre des chrétiens. Les cris des victimes
retentirent jusqu'au fond de ]''Europe,: une nouvelle croisade fut résolue.
Richard Coeur de Lion, roi d'Angleterre et comte du Poitou, par sa mère
Eléonore d'Aquitaine, rassembla ses vassaux et s'achemina vers
cette terre illustrée par tant de triomphes, désolée
par tant de revers.
Plusieurs seigneurs poitevins se joignirent encore au brillant monarque,
et parmi eux il convient de citer particulièrement Pierre de
Walsh, dont un descendant possédait au moment de la Révolution,
la terre de Chassenon, près Saint-Hilaire-desLoges ; - Jean de
la Béraudière, d'une famille devenue baspoitevine par
le mariage de Marguerite de la Béraudière, dame de Breuil-Barret,
avec René Mesnard de la Toucheprès de la Pommeraye ; -
Thibaud-Chabot, qui garantit un emprunt de deux-cents marcs d'argent,
fait par Jean de Clairvaux à des marchands génois; - Eustache
de Sainte-Hermine, qui assista au siège d'Acre et dont des descendants
existent encore ; - Renaud du Vergier de la Rochejacquelein ; - Guillaurne
de Quatre-Barbes (1).
Ajoutons que les chevaliers poitevins dont nous venons de donner les
noms se montrèrent garants de plusieurs emprunts contractés
envers les Juifs, pour la continuation de la guerre.
Retour
haut de page
|
NOTES:
(1) Ce dernier seigneur est mentionné dans la charte,
suivante : " Que tous les fidèles du Christ sachent que
moi, Geoffroy de Mayenne, je nie suis constitué garant de 130
mares d'argent pour mes chers Bernard de la Ferté, François
de Vimeur, Guillaume dit de Quatre-Barbes, Geoffroy de la planche,.
envers Ansolde Bochono et ses associés, citoyens génois,
etc. Fait au siège d'Acre, l'an du Seigneur 1191, le lendemain
de la fête de saint Rémi (Beauchet-Filleau, T. n, page
570).
Un autre de Quatre-Barbes (Foulques), baron de Jallayé, accompagna
Philippe-Auguste a la croisade de 1190, revint en France après
la prise de Ptolémaïs, puis retourna de nouveau en Judée
en 1218, lorsque le pape Honorius III, après le concile de Latran,
eut réclamé les secours des chrétiens occidentaux
pour leurs frères d'Orient, et périt au siège de
Damiette (1219). (Beauchet-Filleau, T.II, p. 572.)
|
QUATRIÈME CROISADE (1204)
|
Les expéditions en Terre-Sainte occupaient encore tous les esprits.
Foulques, curé de Neuillv, homme plein d'éloquence et
de ferveur, eut mission du pape d'engager la noblesse à se croiser
de nouveau ; mais, cette fois; on ne trouva plus dans le Poitou le même
enthousiasme.
Parmi les hommes marquants du-Bas-Poitou, on peut citer Brice ou Rudes
de la Roche-Saint-André, dont les descendants figurent nombreux
parmi les chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem ; Robert de la
Trémouille, qui se maintint en Palestine. Après s'être,
en 1201, signalé à la prise de Constantinople, il reçut
successivement quatre fiefs dans lesquels se trouvait la ville, ruinée
de Chalatriza, dont il fit rebâtir les murs (1).
Retour
haut de page
|
NOTES:
(1) Clausolles et Auber.
|
CINQUIEME CROISADE (1248)
|
Peu de temps après ses campagnes en Bas-Poitou, campagnes dont
nous-parlons dans un autre chapitre, saint Louis fut attaqué
d'une maladie cruelle qui le plongea dans une léthargie semblable
à la mort. Revenu à lui-même, il fit le vu
de consacrer ce qui lui restait de forces à aller délivrer
les chrétiens la Terre Sainte.
Le 15 août 1248, il partit pour cette terre d'Egypte où
tant de chevaliers devaient verser leur sang.
Parmi les seigneurs poitevins, on vit se ranger sous la bannière
royale : Sebrand-Chabot, seigneur de Vouvent (1), qui devait se distinguer
à la prise de Damiette, où trouvèrent la mort,
le 4 juin .1249, Hugues .XI de Lusignan et Thibaud de la Trémouille,
avec ses trois fils tués à la bataille de' la Massoure
; - Gouffier Etienne (2); - Savart de Mauléon, qui contribua
lui-même puissamment à la prise de cette ville, qui devait
servir de rançon au roi. Savary était arrivé des
premiers avec une foule de galères portant un nombre considérable
de combattants - Raoul de Mauléon, qui engagea ses domaines d'Aunis
et du Talmondais au sire de Thouars, et assigna aux religieux de Charroux
une aumône de cent sous de rente sur sa terre de Saint-Michel-en-l'Herm
; Hugues de Quatre-Barbes, qui, en octobre 1249, donne devant Damiette,
quittance d'une somme de 400 livres tournois pour lui: et ses chevaliers,
à Charles,- comte d'Anjou (3) ; - Le sire de Braine, de la famille
de Dreux-Mauclerc, seigneur de la Garnache, où il mourut en 1250,
au moment où le pape Clément IV l'assignait devant l'évêque
d'Angers pour répondre de certains méfaits. Alphonse,
comte de Poitiers, alla aussi rejoindre son frère avec plusieurs
de ses vassaux, et se distingua par une bravoure à toute épreuve,
sur ces plages d'Asie et d'Afrique qui avaient déjà dévoré
tant de chrétiens. Sous les murs de Damiette, il servit de caution
à trois chevaliers poitevins : Guillaume d'Apremont, Théodebald
de Chatesgner (4) et Aymeric de Sainte-Hermine (5).
Retour
haut de page
|
NOTES:
(1) Dans la salle des Croisades, au musée de Versailles,
on trouve le nom et les armes de Sebrand-Chabot. Ce Chabot-Sebrand;
voulant faire le voyage de la 'l'erre Sainte, vendit ou engagea, en
4218, du consentement d'Agnès; sa femme, et de Thibault, son
fils ainé et héritier, ses terres et revenus à
l'abbé et aux religieux de Saint-Maixent, sous certaines conditions
(D. F., p.14).
(2) Le fait est prouvé par une charte souscrite
à Saint-Jean-d'Acre, en 4250, et citée par A. Roger, dans
sa Noblesse de France aux Croisades (Beauchet Filleau, T. u, P. 463).
(3) Beauchet-Filleau, T. n, p. 570.
(4) Si l'on en croit l'abbé Auber, les ports de
la Rochelle et des Sables-d'Olonne auraient fourni à saint Louis
une importante marine.
(5) Une charte, datée de Damiette (novembre 1249),
constate qu'il a engagé ses biens présents et à
venir à Alphonse, comte de Poitiers, en retour de la, garantie
que ce prince lui a accordée pour un emprunt fait à Anfreo
Nicolaï, pour subvenir aux dépenses de la croisade. En vertu
de cet, engagement, la maison de Sainte-Hermine a été
admise au musée de Versailles et son-écusson placé
dans la troisième salle carrée (Beauchet-Filleau, T. I,
p. 655).
|
SIXIÈME CROISADE (1270)
|
Saint Louis, ayant assuré le bonheur de son peuple, conçut
le projet d'une nouvelle croisade contre les infidèles. Il partit
suivi de Philippe, son fils, et d'une foule de chevaliers, parmi lesquels
le Bas-Poitou compta Guillaume Buor, seigneur de la Landes et des Noultes,
de la Tabarière ou Chantonnay, qui eut l'honneur d'être
convoqué à cette croisade " par patente spéciale
en lettres d'or " signée de la main du saint roi.
Retour
haut de page
|
RÉSULTATS DES CROISADES
EN BAS-POITOU
|
Le grand mouvement des Croisades en secouant la torpeur du monde féodal,
exerça une heureuse influence sur l'industrie et, le commerce.
Saris parler (le l'effort qu'il nécessita pour l'armement des
chevaliers et de leur suite, il révéla aux marchands de
nouvelles routes, aux industriels de nouveaux procédés,
aux agriculteurs de nouvelles plantes (1). On rapporta d'Orient l'usage
du lin, de la soie, des moulins à vent, le prunier de Damas.
Les étoffes de coton devinrent moins rares, les industries de
luxe se perfectionnèrent. Les grandes tapisseries, les coussins,
les tapis de Damas, les glaces de Venise, égayèrent et
assainirent les sombres appartements des châtelains de Talmond,
de Mortagne, de Tiffauges, des Herbiers, du Puy-du Fou, de la Flocelière,
de Pouzauges, de Mareuil, d'Apreniont, de la Garnache. L'or et les pierreries
s'étalèrent sur de brillants costumes de soie aux couleurs
voyantes.
Les industries du lin, du chanvre, de la laine et du cuir se développèrent
à Parthenay, Fontenay-le-Comte, Mortagne, Niort, Bressuire. Ces
divers produits, travaillés sur place avec un soin rare, servaient
aux habillements des diverses classes (le la société (2).
Le linge proprement dit devint d'un usage plus commun à partir
surtout du XIIIe siècle, quand on crut s'apercevoir que la lèpre
et d'autres maladies cutanées, venues de l'Orient, avaient pour
premier remède le soin d'une propreté de corps inusitée
jusque-là sous cette forme (3).
Alors recommencèrent, â se dessiner chez les femmes de
notre pays, paysannes des fermes et des villages, citadines des bourgs
et ,des cités, ces allures dégagées, ces mouvements
alertes, ces coiffures si pittoresques adoptées surtout dans
le Bas-Poitou, qu'on retrouve encore aux Herbiers, dans le marais de
Luçon, de Maillezais et dans les environs de Fontenay et de Niort.
Talmont (4) et Fontenay (5) eurent des foires importantes favorisées
par- le voisinage de. la mer, l'existance des vieilles routes et aussi
par la navigation fluvial qui, depuis longtemps déjà,
existait sur la Sèvre, sur la Vendée et une partie du
Lay, ainsi que l'établissent les pancartes de péage de
Maillé., Velluire, Mareuil, etc.
Retour
haut de page
|
NOTES:
(1) Dès le XIIIe siècle, les fabricants
d'épées de Fontenay avaient une grande réputation
de savoir-faire, et les artisans des bords de la Sèvre savaient
travailler le bois. Les potiers, nombreux à Vouvent, Maillezais,
Champ-Saint-Père, savaient également fabriquer (les buyes
vertes et (les cuves ou ponnes à lessive, des carreaux de dallage
en terre cuite rouge peints en jaune et décorés de figures.
L'industrie des verriers était également prospère
à Maillezais, la Roche-sur-Yon, Mervent, Mouchamps. ( Le commerce
et l'Industrie en Poitou du XIe au XVe siécle, par Boissonnade,
professeur â l'université de Poitiers, (Antiquaire de l'ouest,
année 1898, pp. 16, 17. 18.)
(2) Les laines qui n'étaient pas employées
sur place étaient enlevées par les marchands de Gravelines,
de Gand, de Bruges, et alimentaient, concurremment avec des laines anglaises,
les nombreux métiers des Flandres. En 1307, les cent livres (le
laine dont on distinguait deux variétés, bourre lanisse
et bourre moléissc, se vendaient 26 sous à 16 sous. (Boissonnade,
pp. 18, 19 et 264.)
(3) Dès le XII siècle, l'usage des ablutions
s'était très répandu dans le Bas-Poitou, .mais
par suite d'abus commis dans certaines étuves entretenues par
des barbiers, ces établissements disparurent peu à peu.
Le peuple continua à user des bains de rivière, mais les
autres -classes se déshabituèrent de ces soins de propreté.
(Boissonnade. De l'organisation du travail en Poitou, p. 518).
(4) Il existait à Talmont, en 1140, un médecin
du nom de Mandeguerre (Chartrier Marchegay, p. 140).
(5) Fontenay avait des foires importantes dès la
fin du XIIe siècle. Vers 1207, Guillaume de Mauléon, seigneur
de Fontenay, fait don aux confrères de N.-D., des droits à
percevoir pendant la foire qui a lieu après l'octave de la Conception.
A quelques jours près, cette foire, qui se tient encore le 25
mars, n'a pas changé. (Archives de Fontenay, T. I, p. 68).
|
HABITATIONS PARTICULIERES
|
Habitations particulières. - Les habitations du peuple devinrent
plus confortables, et revêtirent une physionomie spéciale
qui ne rappelait en rien celle de l'habitation gallo-romaine copiée
jusque-là plus ou moins servilement. Tout d'abord les jours ne
sont plus, pris sur une cour intérieure, niais bien sur la voie
publique; de plus, lorsque la cour existe, elle n'est plus employée
qu'à des usages domestiques. On pénètre directement
de ' la rue dans la salle principale, laquelle est ordinairement surélevé.
Lorsque l'habitation a une certaine importance, cette salle, dans laquelle
on reçoit et dans laquelle on mange, est doublée d'une
seconde pièce qui sert de cuisine : les chambres à coucher
sont au-dessus.
Le premier étage est très souvent en bois : son fenêtrage
occupe plus de la moitié de la largeur de la façade, et
le tout est couvert par un toit saillant ; on ne voit que très
rarement à cette époque de pignon sur rue. Le pan de bois
du premier étage est formé de grosses pièces, porté
en encorbellement sur de fortes solives qui reposent sur le mur de fond
et sur celui de face. Ce pan de bois est hourdé de mortier entre
les bois : des dessins à la pointe sont tracés sur l'enduit.
Le dessous de la saillie du toit et le pan de bois sont peints de couleurs
vives (jaune et noir, blanc et brun ou rouge, rouge et noir). Un grand
changement dans la distribution intérieure s'opère à
cette époque ; si on retrouve, dans les maisons gallo-romaines
et mérovingiennes, la séparation de l'habitation des femmes,
il n'en est plus de même dans les maisons du XIe siècle,
où la vie en commun est nettement indiquée. La grande
salle du rez-de-chaussée sert de boutique lorsque le propriétaire
est commerçant, dans ce cas, la salle est au premier étage
; c'est là que couchent le père, la mère et les
enfants en bas-âge; les apprentis ou domestiques couchent dans
les greniers. Ordinairement la cuisine est séparée du
logis principal par une petite cour ; on y arrive par une galerie couverte
; une allée avec escalier droit flanque la salle du rez-de-chaussée
et donne accès directement au premier, une galerie fait communiquer
la pièce du premier étage avec l'étage audessus
de la cuisine. Quelquefois, si les maisons sont doubles, c'est-à-dire
qu'un même toit en couvre deux, chacune de ces agglomérations
est séparée de la suivante au moyen d'une ruelle qui,
souvent, conduit à un jardin.
Dans les maisons du moyen âge, tout est disposé pour
répondre aux besoins des habitants aux grandes pièces,
les grandes baies ; peu d'ornementation, mais des murs et des planches
solides ; l'escalier n'est pas caché, et si cela est nécessaire,
la façade est abritée. Si ces anciennes habitations ne
nous paraissent plus confortables il faut avouer que c'est parce que
nous ne vivons plus aujourd'hui comme à cette époque,
et que nous avons d'autres besoins ; mais telles qu'elles sont, elles
répondent parfaitement au programme qui était donné
la famille, c'est-à-dire les proches et les serviteurs se réunissant
dans la même pièce, autour du maître (1).
Fontenay possède encore dans les rues de la Fontaine, Saint-Nicolas
et des Loges, des Habitations du XIVe et du XVe siècle qui se
rapprochent beaucoup par leur style et leur disposition principales,
du type.., général que nous venons de décrire.
Elles attestent une administration locale très développée,
une grande prospérité intérieure, et des habitudes
de bien-être et même de luxe qui ont disparu depuis les
guerres de religion du XVIe siècle.
Retour
haut de page
|
NOTES:
(1) Tubeuf (Histoire de l'architecture.)
|
NAVIGATION
|
Navigation. Les ports de Talmont, des Sables-d'Olonne, de Saint-Gilles,
de l'Aiguillon-sur-Mer, déjà utilisés pour les
expéditions des Normands en Angleterre et pour celles de Palestine,
sur la demande expresse de Philippe-Auguste (1), virent leur commerce
prendre une grande extension. Des armateurs se livrèrent sur
une vaste échelle au cabotage. Dès le e siècle,
il se faisait par la Sèvre et les ports de la côte, notamment
par celui de Talmont, un important commerce de blé. Les céréales
étaient vendues jusqu'en Angleterre (2). Bozon de la Davière,
comme nous l'apprend une charte de 1070, établit sur les navires
en partance pour la Grande-Bretagne, un impôt de 12 deniers, dont
les moines de Sainte-Croix-de-Talmont furent seuls exemptés.
Des pêcheurs espagnols s'étaient installés aux
Sables au Xe siècle, et la marine y était, à la
fin du XIe siècle, assez importante pour que le droit d'entrée
sur les navires formât le principal revenu de l'église
de l'île d'Olonne.
Saint-Gilles, qui est peut-être le plus vieux port du littoral
poitevin (quelques auteurs pensent que ce pourrait bien être le
Portus Secor de Ptolémée), avait également une
grande importance. Tout ceci suppose déjà des marins vendéens
une grande expérience de l'art. de la navigation, perfectionné
en 1183, par la publication du Grand Routier de mer, de Pierre Garcie
Ferrande, l'un des marins de Saint-Gilles, d'origine espagnole ou portugaise.
Retour
haut de page
|
NOTES:
(1) Pasquier (Recherches sur la France, lib. IV, col.
25. D. Rivet, XII-199.)
(2) Lorsque la récolte était abondante,
l'autorisation d'exporter du blé était accordée
aux Bas-Poitevins, malgré les restrictions générales
posées en principe. (ordonnance autorisant l'exportation, année
1252.)
|
PECHE,OSTREICULTURE ET BOUCHONS
|
Pendant longtemps, le port des Sables fut seul autorisé à
exporter les grains destinés aux provinces françaises.
(Boissonnade, déjà cité.)
Pêche, ostréiculture et bouchots. - La pêche se
développait aussi, et c'est avec un soin jaloux que les moines
surtout entretenaient les pêcheries qui leur appartenaient (1).
La culture des parcs à huîtres, conservée depuis
les romains, était fort prospère à la Bodelinière
et dans les viviers de Sion et de Brétignolles, aujourd'hui désignés
sous le nom d'écluses.
Les moulières de VIe étaient renommées, et les
seigneurs du Poitou tenaient à faire figurer sur leur table le
mollusque appétissant qui en provenait. Les sires d'Apremont,
de Ryé et de Commequiers recherchaient les moules de la Bodelinière,
mais malheureusement cette industrie, établie sans règles,
devint bientôt un obstacle pour la navigation de la VIe, car le
3 septembre 1615, Marie de Luxembourg, dame de Ryé, prescrivait
à ses officiers de faire détruire les moulières
établies dans le lit de la Vendée et qui gênaient
la navigation.
Le marin irlandais Valton, poussé par la tempête sur
les côtes du Bas-Poitou, vers 1235, fixait sa, résidence
dans l'anse de l'Aiguillon, et créait sur ce point l'industrie
des bouchots, qui n'a fait que se développer depuis sur les côtes
du-Bas-Poitou et de l'Aunis.
Retour
haut de page
|
NOTES:
(1) En 1280, les moines de Saint-Michel-en-l'Herm obtenaient
que le poisson destiné aux moines de la Grainetière, près
les Herbiers, fût acheté dans leurs propriétés
de Saint-Michel-en-l'Herm, et, pour ce faire, décidaient Raoul
de Mauléon et Guillaume à octroyer par chantres aux dits
religieux de la Grainetière dix sols de rente (environ 57 francs).
(Louis Brochet. - Histoire de l'abbaye royale de Saint- Michel-en-l'Herm,
pp. 37 et 38.)
|
LES CANAUX ET LES DESSÉCHEMENTS
|
En 1217, Pierre de Volvire, seigneur de Chaillé-les-Marais,
permettait aux abbés de Saint-Micbel-en-l'Herm, de l'Absie, de
Saint-Maixent, de Maillezais et de Nieul-sur-l'Autise, de faire creuser
un canal pour dessécher les marais du Langon et de Vouillé.
Ce canal fut nommé et se nomme encore Canal des Cinq-Abbés.
Il prend naissance près de l'ancienne île de Vouillé,
et après un parcours d'environ onze kilomètres, débouche
dans la partie inférieure de la Sèvre.
Les canaux dits Etier de Chaillé, Etier de, Moreilles et Achenault
de la Tranchée, furent creusés à cette époque
pour verser dans la partie inférieure de la Sèvre, et
de là dans le golfe de l'Aiguillon, une partie des eaux qui couvraient
ce marais.
En 1270, un grand canal était creusé par les soins des
abbés de Saint-Michel-en-l'Herm et de Saint-Léonard-des-Chaumes,
et le grand prieur des Templiers- d'Aquitaine; pour servir de décharge
aux eaux de leurs marais, situés dans le voisinage de Marans.
Le canal de Luçon, qui appartenait avant 1799, à l'évêque
et au chapitre -de Luçon, qui l'entretenaient et y percevaient
des droits, est; probablement plus ancien (1)
Le canal du Roi, qui communiquait de la Vendée au canal de
Luçon, fut creusé en 1283, aux frais des paroisses d'Auzay,
de Petosse, de l'Hermenault, de Pouillé, de Saint-Valérien,
de Saint-Laurent-de-la-Salle, du Poiré, du Langon, de Mouzeuil,
de Nalliers et de Sainte-Gemme-la-Plaine.
Par suite de la création de, ces canaux, d'immenses étendues
de terre jusqu'alors couvertes par les eaux se couvraient de riches
moissons, et là où ne poussaient que les plantes aquatiques,
les champs se couvrirent d'abondantes moissons : une végétation
superbe remplaça partout les rouchères.
Si les paysans secondaient puissamment lés moines, si le servage
pesait lourdement sur eux, et si un grand nombre mouraient de misère
et d'épuisement au milieu, de ces foyers pestilentiels, il faut
savoir reconnaître que les, moines d'alors furent aussi à
la peine, et, qu'à l'exemple des Trappistes, ils manièrent
bravement la pelle et la pioche ; qu'ils furent en somme pendant plusieurs,
siècles les directeurs de ces -immenses., travaux dont ils firent,
dans une certaine mesure, profiter les travailleurs.
Retour
haut de page
|
NOTES:
(1) Dès le IVe siècle, Eumène parlait
du soin avec lequel les habitants du Bas-Poitou desséchaient
les marais en creusant des canaux d'écoulement.
Pendant la dernière moitié du XIVe siècle,
les travaux d'assainissement subissent un temps d'arrêt, et, ce
n'est qu'en 1399 que l'on voit l'abbé Girard, dit Pied-Bot, transformer
en gras pâturages les alentours immédiats du Rocher de
Saint-Michelen-l'Herm. Quatre-vingt-un ans plus tard, Guillaume Pertins,
ingénieur, opérait le recurement de la rivière
de Saint-Benoît, où se rendait primitivement l'un des trois
bras du Lay. C'est sans doute vers cette époque que le chapitre
de Luçon faisait construire la digue du Bot-Bourdin, qui, s'appuyant
au nord sur le promontoire de Saint-Denis-du-Payré, venait se
terminer au sud sur une digue que l'on avait déjà opposée
à la mer. Elle garantissait les marais de Triaize, de Chasnais,
des Magnils et de Luçon. Le pouvoir civil veillait avec un soin
jaloux à la conservation de ces travaux; car nous voyons, le
10 juillet 1481, le sénéchal du Poitou; donner dès
ordres contre Jean de la Trémouille, prévôt de Luçon,
qui se permettait de faire pacager des bestiaux sur le Grand-Bot et
de vexer les bouchers de Luçon. (Louis Brochet. - Histoire de
l'abbaye de Saint-Michel-en-l'Herm, p. 28).
|
DROITS D'USAGE ET DE PARCOURS DES MARAIS VITICULTURE
|
Droits d'usage et de parcours des marais. On peut affirmer, croyons-nous,
que le droit d'usage et de parcours des marais, qui existe encore dans
bon nombre de communes de la Vendée, remonte à cette époque,
et que quelques lambaux de ces immenses espaces furent distribués
à ces serfs de la glèbe, qui alors, sous la sainte et
féconde influence de Saint-Louis, pouvaient acheter non seulement
un peu de liberté, mais aussi quelques arpents de cette terre
arrosée de leurs larmes et de leurs sueurs.
Viticulture. La vigne se cultivait sur plusieurs points de la Vendée
et les vignobles des environs de Niort (1), de Mareuil, de Saint-Denis-du-Payré,
de la Miltière de Talmont, de Sigournais, de Sérigné,
produisaient aux lieu et place de l'hypocras, ces vins renommés
qui mettaient la joie au cur du pauvre paysan et du riche seigneur,
qui ne dédaignaient pas néanmoins dès cette époque,
le Bordeaux, le Bourgogne et le Champagne.
Ajoutons que beaucoup de nos vins étaient exportés par
les vaisseaux flamands dans les pays du Nord et par les Templiers jusqu'en
Orient (2).
Retour
haut de page
|
NOTES:
(1) Boissonnade, p.9.
(2) Boissonnade, p. 18.
|
LITTÉRATURE
|
Les écoles monastiques étaient à peu près
les seules qui existassent en ce moment, et c'est au fond des cloîtres,
asiles de la littérature latine, qu'il faut aller chercher les
hommes de quelque valeur littéraire que le Poitou ait produits
pendant les XIe, XIIe et XIIIe siècles. Car, ne l'oublions pas,
les premiers littérateurs poitevins en langue nationale furent
ou des seigneurs ou des gens qui vivaient à leur cour. Les bourgeois
des villes ont suivi quand, avec la liberté, l'instruction leur
est venue. Le peuple, sous la chaumière, racontait des légendes
ou composait des chansons en langue vulgaire, mais ne les écrivait
pas.
On peut citer parmi les écrivains de cette époque Pierre
de Maillezais, ami des lettres et, de la littérature ancienne,
grand admirateur de Cicéron, qui fonda à Maillezais une
bibliothèque choisie. Il composa les chroniques de -son monastère,
fit le voyage de la Terre Sainte avec Guillaume IX, et mourut dans les
premières années du XIIe siècle.
Raoul Ardent naquit vers 1040 dans les environs de Bressuire. C'était
un prodige d'érudition et d'éloquence qui embrassa presque
en entier le cycle des connaissances humaines. Il fut prédicateur
de Guillaume IX, qu'il suivit en Orient en 1101, avec Pierre de Maillezais.
Nous ne savons s'il eut beaucoup d'empire sur le duc d'Aquitaine et
comte de Poitiers, toujours est-il que ce dernier troubadour, aussi
gai qu'il était guerrier redoutable, prit sous sa protection
les auteurs qui cultivaient le genre érotique, la licence, les
chansons populaires.
On doit à Raoul Ardent ou Radulphe un vaste recueil d'homélies.
Pierre Béranger, mort vers la fin du XIIe siècle, fut
un disciple d'Abeilard, dont il embrassa avec ardeur les idées.
Pierre de Poitiers, disciple de Pierre Lombard,-inventa les arbres
historiques qui, depuis, donnèrent naissance aux arbres généalogiques.
Il mourut au commencement du XIIIe siècle.
Savary de Mauléon, seigneur de Fontenay, poète aimable
et remarquable politique, qui prit le parti de Philippe-Auguste contre
Jean-sans-Terre. Il aimait avec passion les tournois et les fêtes,
jetant dans toutes ces assemblées l'éclat de sa poétique
imagination. Tous les chroniqueurs contemporains s'accordent à
entourer la mémoire de ce seigneur de paroles d'admiration-;
l'un avoue que de toutes ses belles actions, on pourrait facilement
remplir un énorme livre ; l'autre l'appelle le " chef de
toute courtoisie, le maître des braves. "
Savary de Mauléon contrastait singulièrement avec la
plupart des châtelains de son époque, dont quelques-uns
(nous aimons à croire que c'était le petit nombre), déclaraient
ne savoir signer, attendu leur qualité de gentilhomme.
Retour
haut de page
|
LANGAGE DE L'ÉPOQUE
|
La langue française se faisait, à la fin du XIIIe siècle,
avec des lambeaux de différents dialectes, et nos ancêtres
eurent autant de mérite à former la langue que nous en
aurions à l'arrêter sur la pente de la décadence.
Comme à cette époque, on se déplaçait peu,
il s'opéra dans chaque partie de la France un travail particulier
sur l'idiome. Le tempérament de chaque peuple, la conformation
de ses organes vocaux, la diversité des origines ethnographiques,
influèrent sur cette élaboration. Il en résulta
pour chaque province son parler, et le Bas-Poitou n'échappa pas
à cette loi.
La Fontenelle de Vaudoré, dans un document ayant trait à
une vente faite en 1273 par des habitants de Luçon aux moines
de Saint-Michel-en-l'Herm, nous a conservé la note suivante,
qui ne manque pas d'intérêt, d'autant mieux qu'elle nous
montre le langage et le style de l'époque à Luçon
et dans ses environs: " Vente faicle par des particuliers à
frère Pierre, humble abbé par la grâce de Dieu de
Sent-Micheu-de-l'Erx et au couvent de cette même abbaye de l'Herberjement,
qu'ils avaient au château de Luçon, avec quelques héritages.
La vente, scellée d'au sceau monseigneur Macé de Saint-Venant,
chevalier sénéchaux N. S. le roi de France en Poitou et
d'au siau de Renaut de Marconnay (1).
Plus d'une expression bas-poitevine de ce document a conservé
encore de nos jours ce goût de terroir que rie désavoueraient
pas bon nombre de Vendéens.
Retour
haut de page
|
NOTES:
(1) Louis Brochet (Histoire de l'abbaye de Saint-Michel-en-l'Herm,
p. 37).
|
AVANTAGES GÉNÉRAUX
|
La masse du peuple s'épura aussi ; les aventuriers, les vagabonds,
les factieux, tous ceux qui, par misère ou par goût; ne
se plaisent, qu'au milieu du trouble et des désordres, s'élancèrent
avec joie dans la nouvelle, carrière qui leur était ouverte.
Les passions haineuses s'adoucirent, les murs perdirent un peu
de leur rudesse, saris perdre leur loyauté. Dans le Bas-Poitou
comme ailleurs, une émulation générale anima tous
les esprits et l'Occident sembla échapper au chaos lorsque les
croisés rapportèrent les connaissances qu'ils avaient
acquises en Asie sur la législation, l'industrie et les arts,
et cette poésie qu'on y respire-avec l'air.
Retour
haut de page
|
CONDITIONS DES SERFS EN BAS-POITOU
|
Dans le Bas-Poitou surtout, le régime féodal, dont la
base était " la foi donnée et la foi repue.",
peut se définir le régime du contrat. Le despotisme romain
avait nivelé, écrasé, avili toutes les classes
la féodalité rend à l'homme sa dignité perdue.
L'empire romain avait exagéré le droit de l'État
; la féodalité exagère peut-être le -droit
de l'individu, mais c'est par l'individu régénéré
que pourra se refaire une société nouvelle. Les citoyens
des anciennes républiques grecques et de l'ancienne république
romaine n'ont jamais été aussi libres que les membres
de la société féodale. Sans doute cette liberté
n'existait que pour les nobles ; mais les principes nouveaux ont contribué
plus tard à relever la condition du peuple. Beaucoup des idées
féodales sur les droits des gouvernés vis-à-vis
des gouvernants, ont passé dans nos constitutions modernes (1).
Du XIIe au XIVe siècle, le principe féodal favorise
de plus en plus les classes populaires. Les seigneurs renoncent à
exiger d'autorité beaucoup de services : ils préfèrent
se les assurer par des contrats librement acceptés par les paysans.
De même que le seigneur concédait des fiefs à des
nobles en échange du service militaire, il pouvait concéder
des terres à: des vilains en échange de services industriels.
Quelquefois, moyennant la jouissance d'une certaine terre, des hommes
s'engageaient à le servir de père en fils, comme tonneliers,
charpentiers, forgerons, bouviers, bergers, poissonniers, etc., etc.,
et même guides sur des chemins dangereux. Il se constituait ainsi
par le libre contrat des fiefs d'artisan.
Retour
haut de page
|
NOTES:
(1) Rambaud (Histoire de la civilisation française,
T. I, p. 132).
|
LES BOURGS OU VILLAGES VENDÉENS
A L'ÉPOQUE FÉODALE
|
Le nom d'un bourg ou d'un village est presque toujours emprunté
à quelque particularité géographique, topographique
ou historique, comme Fontaines, Fontenay, la Roche-sur-Yon, etc., à
des gisements métalliques : la Ferrière ; à quelque
hauteur : Apremont, Puymaufrais, Monts ; à des bois, des dépressions
: la Châtaigneraie, la Vallée ; au voisinage de quelque
saint édifice : l'Hermitage, les Moutiers ; au voisinage de quelque
château : les Châteliers ; au fait que le village a été
originairement peuplé- de colons de l'époque romaine.
Marmande, Espagne, la Romagne, Mortagne, Tiffauges, etc. Ou bien ce
nom était celui du saint de la paroisse ou du monastère
voisin Saint-Paul, Saint-André, Saint-Vincent, Saint-MichelMont-Mercure,
Saint-Michel-en-l'Herm. Ou encore ce nom rappelait celui de quelque
ancien propriétaire, comme Antigny.
Les villages les plus récemment fondés s'appelaient Villeneuve
ou la Neuve- Ville; les villages libres ou récemment affranchis
s'appelaient Ville franche, etc.
Retour
haut de page
|
VILLES NEUVES OU VILLES FRANCHES
|
Dès le commencement du XIIIe siècle, on voit en Bas-Poitou
les puissants barons créer, à l'exemple des rois, des
centres ou des villages nouveaux sous le nom de villes neuves ou- villes
franches, où ils attirent les serfs de leurs voisins par la garantie
d'un meilleur traitement, par l'exacte limitation des rentes des corvées,
des taxes, des droits de justice.
Suger avait créé de cette façon la colonie de
Vaucresson. Louis VII avait fondé Villeneuve-le-Roi, près-d'Auxerre
; Villeneuve, près de Compiègne ; Villeneuve, près
d'Elampes, Le comte de Champagne avait créé, en 1175,
la ville neuve des Ponts-sur-Seine.-Quantité d'autres Villeneuve
et Villefranche, dispersées sur la carte de France, témoignent
aujourd'hui de l'étendue de ce mouvement. Les autres seigneurs,
pour ne pas voir déserter leurs serfs, avaient dû leur
accorder les mêmes avantages, et nombreux sont en Vendée
ces centres qui, pour -la plupart, indiquent une ère d'émancipation
et qu'on rencontre dans les communes de Velluire, Saint-Juire-Champgillon,
Foussais, Benet, Chaillé-les-Ormeaux, la Chaize-le-Vicomte, Mouille-ron-le-Captif,
Bournezeau, la Ferrière, Beaufou, les Brouzils, Chauché,
Saint-André-Goule-d'Oie, Saint-Sulpice-le-Verdon, l'Ile d'Olonne,
Château-d'Olonne, Notre-Dame-de-Riez, la MotheAchard, Grand'Landes,
Saint-Christophe-du-Ligneron, le Bernard, Saint-Etienne-du-Bois, etc.
Retour
haut de page
|
CONTRATS
|
En outre, pour certaines terres, les obligations du paysan à
l'égard du seigneur ne résultent pas de sa qualité
de vilain ou de serf, mais d'un contrat. qui n'est autre qu'un "
bail " comme ceux qui sont en usage encore aujourd'hui et qui sont
définis par notre code civil.
Ainsi, à côté des obligations serviles, il y a
de libres contrats. Les premiers ont, tantôt la terre en concession
perpétuelle et héréditaire, moyennant le payement
d'une rente fixe, ce que nous appelons " emphythéose "
et qui s'appelait alors " fiefferme ", tantôt "
des beaux à temps " variant d'un an à quinze ans.
Le prix de la location est une rente en argent ou en nature, mais souvent
aussi le propriétaire donne sa terre à condition d'avoir
telle ou telle partie de la récolte, s'associant ainsi aux chances
du laboureur.
Tantôt il se réserve moitié de la récolte,
et alors cela s'appelle " bail à métairie e, tantôt
il ne s'en réserve qu'une gerbe sur six ou sur dix ou sur onze,
et alors s'appelle " bail à champart, à terrage,
à la gerbe.
Nous , donnons, ci-après, d'après le savant M. Paul
Marchegay (1) : 1° Une notice, ayant trait au mode de fermage d'un
paysan du canton de la Mothe-Achard vers l'an 1100 ; 2° Le mode
de transmission d'une propriété rurale vers 1120, dans
le canton des Moutiers-les-Mauxfaits ; 3° Un bail à moitié
dans la commune du Château-d'Olonne en 1219 ; 4° Un bail de
vigne à complant à Saint-Benoît d'Angles en .1265.
Retour
haut de page
|
NOTES:
(1) Parmi les clauses inscrites souvent dans les contrats
de cette époque, il en est une qui mérite de fixer l'attention.
On y rencontre souvent ces conditions de reméré qui ne
cédaient une propriété à un tiers que sous
la clause expresse qu'après avoir appartenu à une ou deux
générations dans la famille du preneur, le fonds vendu
ou donné à cens, reviendrait à celle du bailleur,
ce qui était un moyen à celui-ci de se procurer de l'argent
pour un besoin momentané, ou un fonds de terre dont on désirait
avoir l'usage sans frustrer les héritiers légitimes d'un
patrimoine qu'ils eussent aimé garder. (Dom Fonteneau, XV-141.
- Auber, T. VI, page 343).
|
CANTON DE LA MOTHE-ACHARD
FERMAGE D'UN PAYSAN VERS 1100
|
La petite notice ci-dessous, traduite dans le Cartulaire de Talmont
par le savant M. Marchegay, et qui constate le legs de trente-deux boisselées
de terre et d'un quartier de vigne fait à l'abbaye de Sainte-Croix
par une, femme à l'article de la mort, est plus importante qu'elle
ne paraît au premier aspect. En effet, elle relate la proportion
dans laquelle un colon attaché à la glèbe percevait
les fruits de la terre dont il s'agit. Sur cent gerbes, il lui en est
attribué soixante-deux, niais comme le paiement du tout lui incombait,
soit cinquante-deux, contre quarante huit au seigneur. Si l'on tient
compte du droit absolu et héréditaire qu'il avait à
la culture de cette terre, en se conformant à la coutume du pays,
on ne peut-disconvenir que sa position, à certains égards,
trop dépendante, n'était pas désavantageuse sous
celui qu'on peut appeler du fermage du sol.
Sur le point de mourir, Aldearde, femme de Guibert, prévôt
de Guillaume Achard (1), donne à Dieu et à Sainte-Croix-de
Talmont, pour le repos de son âme, deux sextérées
de terre de Lonjumeau. Le paysan qui cultive cette terre y doit prendre
deux parts et nous la troisième et une gerbe, une dernière
se partageant par moitié. Elle a donné aussi un quartier'
de vignes à la Mazonnière (2), . en présence de
Guibert son mari et d'Achard son fils.
Retour
haut de page
|
NOTES:
(1) Seigneur de la Mothe-Achard.
(2) Aujourd'hui la Mouzinière, commune de Saint-Julien-des-Landes
|
CANTON DE
MOUTIERS-LES-MAUXFAITS
MODE DE TRANSMISSION D'UNE PROPRIÉTÉ
RURALE VERS 1120
|
Dans la partie méridionale du canton des Moutiers, au lieu nommé
la Martinière, l'abbaye de Sainte-Croix-de-Talmont possédait
un petit domaine qui, vers l'année 1120, fut agrandi par suite
du meurtre du fils de l'un des principaux habitants de Curzon. Trois
notices, ou plutôt articles, du Cartulaire de l'abbaye, rapportent
la donation faite par le père du défunt avec des circonstances
assez curieuses sur la manière dont s'opérait alors la
transmission de la propriété. On relate dans la première
un fait important : l'existence dans le bourg de Curzon d'un quartier
appartenant au comte de Poitou, appelé Burgus Consularis, et
dont les bourgeois ou habitants avaient sans doute des privilèges.
C'est probablement dans l'enceinte de ce Burgus qu'était située
la forteresse dont, trois siècles plus tard, Charles VII voulut
assurer la défense et la conservation contre les attaques des
Anglais en ordonnant, le 18 février 1132, par lettres-patentes
datées de Chinon, que la garde et capitainerie de cette place,
comme celle de Talmont, " fût délivrée à
son amé escuier et huissier d'armes Adenet de Trochelles ".
Voici la traduction du texte latin qui se trouve dans le Cartulaire
de Talmont (1) aux folios 113 et 115, mais nous n'avons pu déchiffrer
le nom de l'assassin du jeune homme pour l'âme duquel les moines
de Sainte-Croix devaient célébrer des messes :
Burcard de Curzon, pour l'âme de son fils Aimeri, qui avait
été tué par donné à l'église
de Sainte-Croix et à nous ses moines, trois sesterées
de terre sise à l'Orme-Chevrier (Ulmus Caprius), et contiguës
aux terres que nous. possédons. Cette donation fut faite d'abord
à Curzon, dans le bourg du comte, et l'investiture en fut reçue
par notre moine, Yvon, auquel, en l'embrassant, Burcard remit une branche
de sarment, le tout en présence de Giraud, prêtre de Saint-Benoît,
Payera Geoffroi, Raoul Grenier, Bernard Brunet, et Joscelin, notre serviteur.
" Ensuite Burcard et son fils Simon se rendirent à la
Jonchère, et là, dans l'église, en déposant
sur l'autel un cierge béni, ils nous confirmèrent non
seulement la susdite donation, mais tout ce que nous possédions
dans leur fief. Beaucoup de personnes en furent témoins, entr'autres
Benoît de la Bodocière, Giraud Ductran, Constant Vieille-Selle,
Etienne li Bogres, et le susdit Joscelin. Et nous, en considération
de ces avantages, avons donné un cheval à Simon, tant
pour son service que pour témoigner envers la génération
future de ce qui vient d'être fait.
Soudon de Curzon, fils d'Albert-le-Mâle, a confirmé aussi
les donations susdites et toutes celles qui pourraient nous être
faites à l'avenir dans son fief; c'est pourquoi nous lui avons
donné vingt-cinq sous et cinq à son prévôt
Barbotin, fils d'Abbon. Témoins : Payen Chabot et Pierre l'Agneau,
boucher (2) ".
Retour
haut de page
|
NOTES:
(1) Archives du département de la Vendée.
(2) Extrait de l'Annuaire de la Société
d'émulation de la Vendée, année 1858.
|
CHATEAU-D'OLONNE
BAIL A MOITIE DE LA PIRONNIERE EN 1219
|
La rareté des anciens baux est regrettable, parce que la plupart
contiennent des renseignements sur l'état de l'agriculture à
l'époque à laquelle ils ont été rédigés.
C'est à ce titre qu'il importe 'de recueillir ceux que le temps
à épargnés et que nous traduisons dans le Cartulaire
de Saint-Jean d'Orbestier (Archives de la Vendée), celui du domaine
de la Pironnière, commune du Château-d'Olonne, en 1219.
Sans rechercher pour le moment les abus criards auxquels a donné
lieu le régime féodal, il faut convenir avec M. de la
Boutetière qu'aujourd'hui on trouverait peu de bailleurs et trop
de preneurs de métairies aux conditions imposées par Audebert,
abbé d'Orbestier, à Arbert Bordun.
" Sachent tous présents et à venir que Audebert,
abbé de Saint-Jean d'Orbestier, du consentement et vouloir de
tout le chapitre de ladite église, a donné et concédé
à Arbert Bordun et Bonnette, sa femme, et à leurs enfants
et héritiers, à perpétuité, le domaine de
la Pironnière, avec ses appartenances, à titre de métairie,
en payant toutefois la dîme des gerbes dans l'aire, ainsi que
celle des bestiaux. Les susdits Arbert et Bonnette, sa femme, et leurs
héritiers, prélèveront dans l'aire un sextier (1)
de froment pour les outils en fer à eux nécessaires; toute
la récolte des grains sera ensuite divisée en deux parts,
afin que l'abbé et les siens en prennent une et Arbert Bordun
et ses héritiers l'autre. La semence sera aussi fournie à
ces derniers sur le commun, et ils posséderont librement et sans
aucune charge tout le terrain enclos par un fossé touchant la
maison. Pour la maison qu'ils construiront en ce lieu, pour les charrettes
ou les charrues à eux nécessaires, ils auront droit de
prendre à leurs frais le bois dans la forêt du couvent,
et chaque année, à l'époque de la récolte,
ils prendront aussi une charretée de foin dans le pré
d'Etienne, moyennant l'exécution de tout ce que dessus l'abbé
et les siens garderont et défendront de toute attaque contre
leurs hommes, le susdit Arbert et ses héritiers. Et pour assurer
et perpétuer la mémoire de cela, nous avons muni la présente
charte (lu sceau de Saint-Jean d'Orbestier. Sont témoins de ce
don : Michel, prieur clé l'abbaye ; G., prieur de Bois-du-Luc
Hélye, sacriste ; Guillaume Papins ; Guillaume Durans ; P Caphéas
et plusieurs autres. Ce fut fait l'an du Seigneur 1219 " (2).
Retour
haut de page
|
NOTES:
(1) Seize boisseaux.
(2) Extrait de l'Annuaire de la Société
d'Emulation de la Vendée, année 1874, pp. 119, 120 et
121. - Recherches historiques sur le département de la Vendée,
par L. de la Boutetière.
|
BAIL DE VIGNE A COMPLANT A
SAINT-BENOIT D'ANGLES
EN 1265
|
Les documents qui suivent sont extraits du Cartulaire de Saint-Jean
d'Orbestier, aux Archives de la Vendée. La quantité de
terre cédée n'est pas malheureusement précisée,
mais l'indication de douze deniers de recette permet d'avancer avec
la plus grande probabilité qu'il s'agissait de douze journaux
de vigne.
A tous ceux que ces présentes verront, l'abbé et le
couvent de Saint-Jean d'Orbestier, salut en Notre-Seigneur. Sachez que
nous avons donné et concédé à Jeanne et
Marie de Saint-Benoist d'Angles, surs, pupilles de maître
Pierre de la Buvée et à leurs héritiers et successeurs,
notre terre située dans la paroisse de Saint-Benoist d'Angles,
qui confronte d'une part au pré du prieur de Saint-Benoist d'Angles,
d'une autre par où l'on va de Saint-Benoist d'Angles à
Saint-Cyr, d'une autre à la terre de Geoffroy Benoist ou valet,
d'une autre enfin à la terre aux Vigneaux. Nous leur donnons
cette terre à planter en vigne, à charge par les dites
soeurs, leurs héritiers ou successeurs, de payer chaque année,
à nous ou à notre mandataire, à Saint-Benoist d'Angles
ou environs, au temps des vendanges, quatorze sommes de vendange, à
titre de complant, et douze deniers de recette, et de ne pouvoir léguer
ou aliéner ladite vigne à aucune maison religieuse ou
église séculière, ni la grever d'aucun légat,
pension ou charge. A savoir que nous ne percevrons rien des sommes de
vendanges et derniers susdits avant l'an de l'Incarnation 1273. En témoignage
de quoi nous avons donné aux dites sueurs, à leurs dits
héritiers et successeurs, les présentes lettres munies
de notre sceau. Fait l'ait du Seigneur 1265 " (1).
En résumé, on peut dire d'une manière générale
que le servage lie à la terre celui qui la cultive à perpétuité
pour lui et sa famille, mais il en fait en même temps un fermier
héréditaire qui ne peut pas être dépossédé,
et qui, en réalité, est un véritable propriétaire.
On trouve, il est vrai, dans les vieilles chartes, des ventes de serfs
jusqu'au milieu du XVIIIe siècle, mais MM. Guérard et
Léopold Delisle, ont prouvé d'une manière incontestable
qu'il ne s'agissait pas alors, comme dans l'antiquité, de la
vente de l'homme lui-même, de son temps, de ses facultés,
mais seulement des services et des redevances auxquels il était
obligé, puisque les hommes de condition libre eux-mêmes
sont souvent compris dans de pareilles ventes, en ce sens que les services
et les redevances qu'ils devaient, passaient à une autre personne
(2). Le Poitou nous en fournit à cet égard de nombreuses
preuves. Dansée Cartulaire des sires de Rais et de l'abbaye de
Boisgrol-land publiés par feu M. Marchegay, sur dix chartes du
XIIe et du XIIIe siècles, qui mentionnent de pareilles ventes,
il y en a huit où il s'agit d'hommes libres propriétaires,
qui gardent leur liberté et leur propriété, mais
qui doivent des services, objets réels de la vente. Nous ne saurions
mieux faire, du reste, que de répéter, avec M. Guérard,
dont l'opinion a un si grand poids
" L'esclavage est devenu une servitude mitigée; la servitude
mitigée s'est convertie peu à peu sous la première
et la seconde race, dans le servage du moyen. Le servage, qui n'était
plus la privation, mais seulement une restriction de la, liberté,
disparut à son tour dans le cours du moyen âge. Mais déjà
les hommes de condition servile exercent en réalité la
propriété du sol, et les redevances qu'ils payaient à
leurs seigneurs étaient plutôt un impôt qu'une rente
(3). "
Retour
haut de page
|
NOTES:
(1) De la Boutelière (Société d'Emulation
de la Vendée, année 1874, pp. 421 et 122).
(2) Les derniers paysans français qui aient été
serfs de corps à la veille de 1789 furent des serfs d'église,
ceux du chapitre de Saint-Claude, dans le Jura (Rambaud, p. 260).
Dès 1515, une ordonnance royale affranchit tous
les serfs du domaine royal, proclamant que " selon le droit de
nature, chacun doit naître franc " et que " notre royaume
est dit et nommé le royaume des Francs ".
(3) Guérard (Polyptique d'Iminon). - Du Fougeroux.
|
JUSTICE FÉODALE
|
Quoique le droit de rendre la justice à leurs vassaux fut de
ceux auxquels tenaient le plus les barons du moyen âge, ils se
sont, à une époque très reculée, dispensés
de l'exercer eux-mêmes.
Les officiers sur lesquels ils se sont déchargés de
ce soin, ont été appelés, suivant les contrées,
prévois, baillis et sénéchaux. Parfois leurs fonctions
furent héréditaires, mais elles étaient plus fréquemment
personnelles et révocables. Le sénéchal de la Mothe-Achard
était dans ce dernier cas, car, au milieu du XIIIe siècle,
ainsi qu'il résulte d'un acte par lequel il s'engage, sous la
garantie de tous ses biens, meubles et immeubles, à rendre bonne
justice, tant à l'égard de la seigneurie qu'envers le
seigneur lui-même (1).
Juridiction. - " Les droits de juridiction étant presque
les mêmes dans chaque seigneurie, il nous semble 'essentiel de
donner sur la justice avant 1789, quelques développements, sans
lesquels il serait difficile de retrouver la physionomie d'un temps
si loin de nous par les murs, bien qu'il ne date que d'hier.
C'est, nous devons l'avouer, le moins beau côté de l'ancienne
société française. Nous ne voulons pas dire que
nous en soyons à la perfection, nous croyons au contraire, que
c'est un des points qui font le mieux ressortir l'imperfection humaine,
imbecillitas humana; mais enfin, il y a là un progrès
incontestable par une meilleure organisation des ressorts. Autrefois,
la complication des juridictions et la multitude des officiers judiciaires,
vivant des procès qu'ils avaient à éterniser, loin
d'assurer une meilleure et plus prompte administration de la justice,
semblaient plutôt instituées pour faciliter à la
chicane les moyens de dénaturer le bon droit et de ruiner les
plaideurs. Les instances duraient souvent plus que la vie des gens.
Un procès intenté dans le commencement du XVIIIe siècle,
par le prieur de Réaumur aux habitants de la paroisse, au sujet
de quelques dîmes, dura quarante ans et ne fut terminé
que par une transaction entre les parties.
Dans le principe, le comte de Poitou, siégeant à Poitiers,
était le chef-lieu de la justice de la province. Le ressort était
divisé en soixante-sept vigueries, vicari, établis
successivement, et où la justice se rendait par les viguiers
assistés d'assesseurs choisis parmi les notables. Peu à
peu cette puissante organisation s'affaiblit, le morcellement de la
souveraineté, qu'implique l'idée féodale, s'opère
dans la justice comme dans tout le reste. Les seigneurs du deuxième
rang se substituent à ceux du premier pour le fait de la justice.
Chaque seigneur devient justicier et se passera de l'assentiment du
suzerain pour la nomination ou la révocation des juges chargés
de rendre la justice en son nom. Ce fut le signal de la chute des viguiers
qui tombèrent au XIe siècle. A partir de ce moment commence
la.justice segneuriale.
La haute justice comprenait tout : elle avait plénitude de
juridiction jusqu'à la mort. Le gibet, les fourches patibulaires,
le carcan, la prison sûre étaient ses signes, ses charges,
ses privilèges. Cela explique l'existence dans les châteaux
de prisons où l'on veut toujours voir exclusivement un moyen
d'oppression arbitraire sur les vassaux.
La moyenne justice avait compétence pleine au civil, restreinte
au criminel. Elle ne jugeait le fait délictueux que jusqu'à
l'effusion du sang, jusqu'à l'amende de 60 sols.
La basse justice avait une très grande limitation. Sa juridiction
ne s'étendait que jusqu'à 60 sols au civil, et 7 sols
au criminel.
Ces justices n'étaient pas seulement un honneur pour les seigneurs,
c'était une charge souvent lourde. Ils devaient pourvoir sur
leurs propres revenus aux frais qu'elles occasionnaient (2).
Trois-cents hautes justices ou environ ressortissaient à la
sénéchaussée présidiale de Poitiers (3),
soit nument, soit par appel. Sur ce nombre, il y en avait bien soixante
sans exercice, quarante sans officiers, et cinquante au moins qui n'étaient
pas jugées, ou, ce qui est pire, l'étaient fort mal (4).
Quant aux moyennes et aux basses justices, elles étaient innombrables
(5). Quelle était la valeur de ces officiers, sans autorité,
sans garantie pour la résistance aux volontés du seigneur
qui pouvait les changer suivant son bon plaisir? L'appel à tous
les degrés. Nos tendances actuelles sont à la restriction
de l'appel ; alors c'était la seule garantie contre des juges
qui n'étaient pas maîtres de leurs sentences; c'était
aussi un moyen pour la royauté de manifester sa puissance sur
ses grands vassaux. Mais de coin bien de difficultés et de délais
cette garantie était entourée! Que l'on songe aux embarras
du pauvre plaideur, si loin de Poitiers, si loin du parlement, dans
un pays dépourvu de tous moyens de communications, par des chemins
peu sûrs, quand il-devait porter son appel et suivre son procès
jusqu'au chef-lieu de la province ! (6). "
Retour
haut de page
|
LES MAIRIES OU PRÉVÔTÉS
EN BAS-POITOU
LA MAIRIE OU PRÉVOTÉ DE
LA CHATAIGNERAIE EN LA PAROISSE
DE SAINT-PHILBERT-
DU - PONT - CHARRAULT (1236-1538)
|
Souvent disputé entre le roi de France et le roi d'Angleterre,
le Bas-Poitou jouit de bonne heure de chartes octroyées qui lui
assurèrent des garanties contre l'oppression.
Dans ce pays où domine une autorité très forte,
celle du roi d'Angleterre, duc d'Aquitaine, il ne faut point s'attendre
à rencontrer des villes souveraines, comme dans le midi et dans
le nord. Ici les milices sont commandées, les impôts sont
perçus, la justice en dernier ressort est rendue par des officiers
du roi.
Dès le XIIIe siècle, les bourgs ou les villages affranchis
ont un rudiment d'organisation municipale. Leurs habitants, avec la
permission du seigneur, tiennent des assemblées, le dimanche
devant leur église, pour délibérer sur les affaires
de la communauté. Ces assemblées diffèrent des
conseils municipaux d'aujourd'hui, en ce qu'elles comprennent tous les
chefs de famille. Les villages ont à leur tête, outre l'agent
du seigneur, des chefs désignés par eux ordinairement,
avec le consentement du seigneur. Ordinairement ce sont des syndics,
parfois il y a un seul chef qui porte le nom de prévôt
ou de " maire ", comme celui que l'on trouve dès 1236
à la Châtaigneraie, aujourd'hui simple village de la commune
de Saint-Philbert-du-Pont-Charrault.
Sous la présidence du prévôt, Fontenay eut aussi,
dès le XIIIe siècle, une sorte d'organisation municipale,
et les seigneurs des fiefs compris dans l'enceinte fortifée,
furent obligés d'abandonner au conseil des prud'hommes le soin
de pourvoir lui-même à la sûreté de la ville.
C'était enlever à la féodalité le pouvoir
de. lui nuire (7).
La Mothe-Achard avait également à la même époque
une organisation similaire.
Retour
haut de page
|
NOTES:
(1) Société d'émulation de la Vendée,
année 4858, page 177.
(2) La cour seigneuriale comprenait au moins: 1- un juge
ou bailli, maire et garde de la justice, quelquefois assisté
ou remplacé par un lieutenant ou adjoint, remplissant les mêmes
fonctions ; 2° un procureur fiscal stipulant l'intérêt
public et veillant aussi aux droits du fisc; 3° un greffier recueillant
les dépositions, les plaidoiries, et transcrivant les arrêts
; 4° un sergent mettant a exécution les arrêts, sentences,
jugements et ordonnances, signifiant les exploits d'ajournement, les
sommations, exécutant les saisies-arrêts et autres actes
extra-judiciaires. Bitton. - Fiefs et arrière-fiefs en Vendée.
La baronnie de Mareuil, qui' avait droit de haute justice, comprenait
en 1508 un sénéchal, un commis, trois officiers, un receveur,
un procureur, un greffier, un écuyer. Louis Brochet. - Les conséquences
d'un vol de blé dans les greniers du seigneur de Mareuil. - Mareuil
et ses environs.
(3) Parmi les, plus importantes du Bas-Poitou, il convient
de citer Fontenay, Vouvent, Mervent, Brandois, La Chaize-le-Vicomte,
La Commanderie de Launay en Sainte-Cécile, Les Essarts, Tiffauges,
Mareuil, Châteaumur, Chantonnay, Montaigu, La Mothe-Achard L'Hermenault,
Sainte-Hermine, Palluau, Bazoges-enPareds, La Châtaigneraie de
Saint-Philbert-de-Pont-Charrault, Sigournais et le Puybelliard.
(4) Mémoire de M. Beauchet-Filleau sur la justice
du Poitou. Mémoire des antiquaires de l'Ouest, 1844, p. 417 ;
- Etude de M. Bardy, avocat général, Bulletin de la même
société, 1857, p. 117.
(5) M. Bitton a relevé les noms de seigneuries
ayant droit de basse justice.
(6) Léon Audé. - Études historiques
et administratives sur la Vendée. - Les Châtelliers-Châteaumur.
(7) Les archives de Fontenay, T. i, page 65, renferment
des lettres de PhilippeAuguste portant la date de 1207, confirmant le
don de la charge de prévôt, et sénéchal héréditaire
de Fontenay et de la terre du Pàtis, fait par Guillaume de Mauléon
â Girard de la Pérate.
|
ÉLECTION D'UN MAIRE.
|
L'exercice de ce qu'on appelait autrefois la Justice seigneuriale,
consistait dans la connaissance de certaines causes, par des juges particuliers,
en des audiences dites : Assises de la Seigneurie.
Ces causes étaient les dations de tutelle et de curatelle, les
actions sur choses immeubles sises dans la juridiction, les actions
entre les personnes dont l'amende n'excédait pas soixante sous
pour la moyenne justice, sept sous six deniers pour la basse. En général,
rien de moins intéressant que les registres de ces assises qui
ont échappé à l'action du temps, dormant dans la
poussière des archives, ou achevant de disparaître sous
la dent des rats dans les fonds obscurs de quelques greniers.
On aurait tort pourtant de généraliser le mépris
qu'inspirent ces témoins d'un autre âge, a car on y trouve
toujours à glaner ces infiniments petits de l'histoire, qui recueillis,
coordonnés " et expliqués, sont l'histoire elle-même
; non pas, il est vrai, " celle des guerres, des batailles et autres
fléaux de l'humanité, " mais celle des institutions,
des moeurs et des usages, en un " mot, la vie même de nos
pères. "
M. de la Boutetière, dont les lettres regrettent la perte,
en a découvert une preuve nouvelle dans les papiers du Grand-Prieuré
d'Aquitaine, de l'ordre de Malte, conservés aux. archives du
département de la Vienne. Entre autres renseignements, on y trouve
treize procès-verbaux de la nomination du Maire annuel, à
laquelle contribuaient les habitants. Nous croyons être agréable
à nos lecteurs, en leur présentant le résumé
de ce savant travail.
La Châtaigneraie, aujourd'hui simple hameau de la: commune de
Saint-Philbert-de-Pont-Charrault, relevait de Saint-Jean de Launay,
commanderie de Malte, située dans la paroisse de Sainte-Cécile.
Au moyen âge il y avait dans cette petite seigneurie, comme dans
toutes les autres, un officier chargé, sous le nom de prévôt,
de tous les détails de l'administration. Cet office qu'on. trouve
souvent dans nos contrées, concédé en fief, était
parfois exercé par des hommes durs et avides, et les habitants
de la Châtaigneraie achetèrent au prix d'une rente de trente
sous, le droit de mettre l'un. d'eux à la place de cet intermédiaire
obligé avec leur seigneur. La somme était grosse pour
l'époque, mais l'avantage aussi; car en dehors de beaucoup d'autres
qui sont évidents, un des hommes de la communauté exerçant
ces fonctions à titre gratuit, l'économie était
grande. T1 y avait profit aussi pour le commandeur de Launay, à
percevoir la somme d'abord, ensuite à laisser ses vassaux faire
eux-mêmes leurs affaires.
Chaque année, le jour de la fête de Saint-Barnabé
(1l juin), les chefs de maison se réunissaient pour élire
trois candidats, l'un desquels était choisi pour prévôt,
ou maire, par le seigneur. Après l'installation solennelle et
la prestation de serment, il y avait fête au village; et l'institution
fonctionna au mieux des intérêts de tous jusqu'en 1525.
A partir de cette date, des discordes intestines se produisirent entre
les habitants : peu à peu les électeurs refusèrent
d'user de leurs droits, plusieurs furent même condamnés
à l'amende et à partir de 1534 (14 juin, où on
déclara maire un sieur Morin) on n'assiste plus qu'à un
échange de papier timbré entre le sénéchal
Bereau, père du poète de ce nom, assisté de son
confrère Pruyau, et Jehan Morin, affublé de Mathurin Barbarin,
son sergent alloué (1).
Cette charte de 1236, écrite d'une main mutilée par
les balles allemandes, donne le récit circonstancié de
l'introduction dans le principal village de la paroisse de Saint-Philbert-du-Pont-Charrault,
au temps où dominait la féodalité, du suffrage
électoral pour le choix du maire ou prévôt, chargé
de recueillir l'impôt. Si le droit obtenu ainsi (et non sans peine
probablement), est promptement tombé en désuétude,
il ne faut pas s'en prendre aux seigneurs, mais aux sujets, que la menace
d'une grosse amende ramenait seule au scrutin, et dont l'indifférence
causa l'annulation de la charte destinée à assurer la
sécurité de leurs biens et de leurs personnes.
Retour
haut de page
|
NOTES:
(1) Extrait de l'annuaire 1872, page 83.
|
|
|
|