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ROLES D'OLÉRON (1150)
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Quelque temps après son retour de la Palestine (1149),
Eléonore vint se fixer dans l'île d'Oléron avec
la pensée de divorcer et de s'occuper sérieusement du
gouvernement du Poitou. C'est pendant ce séjour à Oléron
que se souvenant des Coutumes de la mer et du droit Rhodien, célèbres
dans la Méditerranée, et qu'elle avait vu pratiquer en
Orient, elle fit dresser les Rôles d'Oléron, dont elle
avait eu la première idée vraiment gouvernementale aussitôt
après son mariage.
Elle se livra elle-même, aidée des sages conseils de quelques
chevaliers poitevins qui l'avaient accompagnée en ferre Sainte,
à ce travail des rôles qu'elle publia en 1150. Il se composait
de quarante-cinq articles qui règlent toutes les coutumes maritimes
de l'Ouest, bientôt adoptées comme une règle générale
des décisions judiciaires sur les matières de la navigation
du commerce (1).
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NOTES:
(1) Auber, T. vin, 236-237.
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DIVORCE D'ÉLÉONORE -
SON MARIAGE AVEC HENRI II.
LES CHARTES MUNICIPALES. RUPTURE
DU LIEN FÉODAL RATTACHANT LES
SEIGNEURS POITEVINS AUX DUCS D'AQUITAINE.
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En 1152, Éléonore, la fille du dernier de la race
des Wilhem, abandonnait le roi de France Louis VII, pour porter à
son rival, le' roi d'Angleterre, son coeur et sa -dot (1). Autour d'elle
tout se meut, tout s'agite, elle semble être l'âme de toute
cette époque. Il m'est pas jusqu'à ses adultères
qui ne jettent dans notre histoire de nouveaux éléments,
en entretenant dans les choses d'amour les haines de rivalité
qui existent avec tant de force dans les choses politiques.
La logique des événements se rencontre partout, même
dans les secrets de sa couche nuptiale
.N'y a-t-il
pas une invisible fatalité dans sa rupture conjugale avec Louis
le Jeune, et dans le choix qu'elle fait d'un nouvel époux, puisque
ces déterminalions d'un caprice de femme sont le signal de guerres
séculaires entre deux puissantes nations. Et chose bizarre, le
Poitou qui sera un des champs de bataille de cette terrible lutte où
se jouera le sort des nations, le Poitou où vont se renouveler
les antiques souvenirs de nos premières luttes nationales, verra
le nom de cette femme, le premier inscrit sur ces chartes municipales
qui constituent l'indépendance des cités, ouvrent la vie
politique à ces bourgeois et manants si rudement maltraités
aux siècles passés, et deviennent les premières
pages de l'épopée sublime dont le peuple doit devenir
plus tard le héros.
Il faut pourtant savoir reconnaître aussi que ces cités
eurent tour à tour à subir les libéralités
et les exigences du vainqueur, que les demandes de subsides succèdent
en effet aux octrois des privilèges, et que ces deux manifestations
de la puissance royale marchent pour ainsi dire de front.
Le lien féodal qui rattachait les seigneurs poitevins aux ducs
d'Aquitaine s'est rompu, et dans la période qui va s'ouvrir,
les fiers barons seront les intrépides champions nationaux, repoussant
avec la même énergie les envahisseurs qui menacent aussi
bien leur propre liberté que celle de tout le territoire sur
lequel s'élèvent leurs châteaux-forts, centre redoutable
de leur activité guerrière. Là aussi l'importance
historique des seigneurs de Thouars, de Lusignan, de Talmont, de Tiffauges,
d'Apremont, de Pouzauges, de la Flocelière, de Mortagne de Mareuil,
se révèle avec un grand éclat dans les luttes anglo-françaises.
Elles font éclore avec une merveilleuse fécondité,
tous les germes de cette noblesse dont les vigoureux rameaux couvrirent
bientôt de leurs aristocratiques descendances, toutes les bourgades
de nos contrées.
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NOTES:
(1) Les épousailles eurent lieu i Poitiers.
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RÉVOLTE EN POITOU
CONTRE LES ANGLAIS.
INFLUENCE DES TROUBADOURS.
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C'est dans la poésie des troubadours aquitains qu'il faut
chercher non seulement les éléments de la vie entière
d'Éléonore, mais aussi les secrets des événements
qui agitèrent nos contrées vers 1172.
Aux chants d'amour, succèdent des cris de guerre, à l'enthousiasme
de la femme, celui des combats : " Quel plaisir ! s'écrie
le poète aquitain Bertrand de Born, les coureurs qui précèdent
l'armée chassent devant eux gens et troupeaux ; et aussitôt
s'avance un nombre imposant de gens d'armes qui serrent leurs rangs.
Mon cur se réjouit au siège des châteaux les
mieux fortifiés, quand les barrières sont rompues et renversées,
quand sur la plaine s'étend une troupe nombreuse qu'entourent
et protègent des fossés profonds, des retranchements et
des pieux fortement entrelacés. Je jouis en voyant capitaines
et soldats rouler dans les fossés profonds, en voyant les morts
étendus, et les drapeaux et les guidons couchés à
leurs côtés ! (1) "
N'y a-t-il pas dans ces chants et dans cet enthousiasme presque féroce
quelque chose qui rappelle ces fameux poètes du Nord, fanatiques
sectateurs d'Odin, disposant par l'horrible tableau des carnages, les;
curs et les yeux des guerriers à braver l'horreur véritable
des succès sanglants ?
C'est que les temps ont changé ! le Poitou lui aussi a invoqué
ses antiques souvenirs de gloire ; son ardeur nationale s'est réveillée,
et il est impatient de combats pour briser le joug qui l'oppresse. Le
parricide avait amené le dénombrement de l'empire de Charlemagne
le parricide allait se charger de briser la domination anglaise.
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NOTES:
(1) Traduction de Raynouard.
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GUERRE EN BAS-POITOU PROVOQUÉE PAR LA
MÉSINTELLIGENCE D'HENRI
ET D'ÉLÉONORE. - LES BRABANÇONS.
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La mésintelligence qui existait depuis longtemps entre
Henri, roi d'Angleterre, sa femme Éléonore et leur fils,
allait amener une rupture complète entre les membres de cette
peu intéressante famille.
Éléonore venait d'être transportée prisonnière
à Salisbury (1173), et cet événement, auquel n'était
pas étranger son premier mari Louis VII, roi de France, fut en
Poitou, où les concussions du sénéchal Raoul de
Faye avaient amassé beaucoup de colères, le signal d'un
soulèvement en faveur de la fille des anciens souverains (1).
Parmi les barons révoltés, on comptait Guy de Lusignan,
Simon de Lezay, Raoul de Mauléon, Guillaume Larchevesque de Parthenay,
etc.
C'était donc une conspiration générale à
laquelle se joignit le roi de France Louis VII. Le roi d'Angleterre
Henri y répondit en se jetant sur le Poitou à la tète
de vingt-mille Brabançons, Routiers et Cotereaux, soldats de
fortune et pillards qu'il avait déjà utilisés en
Angleterre.
A la tête de ces terribles auxiliaires, il envahit le Poitou,
le dévasta et s'empara de beaucoup de postes fortifiés.
Un an s'était passé tout entier de part et d'autre, dans
ces préparatifs d'une guerre cruelle. Le jour de la Pentecôte
1174, il était à Poitiers. Il y fut informé que
son fils Richard s'était rendu maître de Saintes.
Aussitôt, suivi des Poitevins, il court reprendre cette ville,
puis se met à la poursuite de son fils qu'il force à chercher
un refuge Taillehourg. Tranquille alors de ce côté, il
confie la défense du pays à des seigneurs dévoués
et se met en route pour la Normandie, où se passaient d'autres
événements. Après des alternatives de succès
et de revers, la pais était conclue entre tous les princes et
les deux rois, le 3 septembre 1174. Henri Il et son fils Richard faisaient
ensemble leur entrée à Poitiers.
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NOTES:
(1) " Tu as été enlevée
de ton pays et emmenée dans la terre étrangère,
s'écrie un moine anonyme. Élevée dans l'abondance
et la délicatesse, tu jouissais d'une liberté royale,
tu vivais au sein des, richesses, tu te plaisais aux, jeux de tes femmes,
à leurs chants, au son de la guitare et du tambour ; et maintenant
tu te lamentes, tu pleures et tu te consumes de chagrin. Reviens à
tes villes, pauvre prisonnière. Où es ta cour R Où
sont tes jeunes compagnes? Où sont tes conseillers Y Les uns,
traînés loin de leur patrie, ont subi une mort ignominieuse
; les autres ont été privés de la vue ; d'autres,
bannis, errent en différents lieux. Toi, tu cries et personne
ne t'écoute ; car le roi du nord te tient resserrée comme
une ville qu'on assiège. Crie donc, ne te lasse point de crier
: élève ta voix comme la trompette, pour que tes fils
t'entendent, car le jour approche où ils te délivreront,
où tu reverras ton pays natal! "
A ces sentiments de tendresse pour la fille des anciens
chefs nationaux, succède un cri de malédiction contre
les villes qui tiennent pour le parti du roi de race étrangère
: " Malheur aux traîtres qui sont en Aquitaine, car le jour
du châtiment est proche ! - Malheur à ceux qui vont au
roi du nord pour lui demander du secours. -- Malheur à vous,
riches de la Rochelle, qui vous confiez dans vos richesses ! Le jour
viendra où il n'y aura plus de fuite pour vous, où la
fuite ne vous sauvera pas, où la ronce, au lieu d'or, meublera
vos maisons, où l'ortie croîtra sur vos murailles (2).
"
(2) Augustin Thierry. - Histoire de la conquête
d'Angleterre.
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HENRI Il - MET LE POITOU EN ÉTAT DE DÉFENSE.
NOUVELLE RÉVOLTE DE RICHARD.
GUERRE CIVILE EN POITOU ENTRE RICHARD ET
GEOFFROY (1) - GRANDE CHASSE A PORT- JURÉ,
PRÉS D'ORBESTIER.
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Pendant que Henri Il faisait en France une paix plus honorable
que lucrative, des soulèvements partiels éclataient en
Angleterre, provoqués par ces mêmes enfants qui faisaient
leur soumission en France Néanmoins, avant de retourner à
Londres, il se hâta, dès les premiers mois de 11'70, de
mettre le Poitou en état de défense.
A Richard, à qui ce soin n'incombait pas moins qu'à lui,
puisque par le traité de Montlouis, il était possesseur
de deux châteaux en Poitou et de la moitié des revenus
que rendait cette province, il prescrivit de faire remettre, conformément
aux traités de paix, les châteaux des. barons qui avaient
été démantelés, dans le même état
de défense où ils étaient avant les derniers troubles.
Les baillis reçurent l'ordre de fournir au jeune duc, tout ce
dont ils pourraient avoir besoin ; enfin, il mit à sa disposition
tous les habitants du pays sujets au service militaire, en l'autorisant
à les faire marcher partout où ils le jugerait à
propos (2).
Cette paix entre le père et le fils ne devait pas être
durable. La noblesse du Poitou avait, à la suite de nouvelles
mésintelligences familiales, député à Angers,
auprès de Henri Court-Mantel, frère de Richard, l'élite
des barons, pour l'assurer de tout leur dévouement. A cette.
mission officielle, les barons avaient ajouté des démarches
particulières, pour réitérer leurs offres justifiées
par les débauches publiques de Richard, ses entreprises sur les
meilleures familles, où ses hardiesses s'attaquaient aux femmes
les plus respectables, et désolaient un grand nombre de foyers
de conditions libres.
Richard savait ces négociations, et prenait: ses mesures pour
les ruiner. Donc, dans le courant de l'automne 1182, il invita à
une grande chasse l'élite des seigneurs du Bas-Poitou. Le rendez-vous
en était à Port-Juré, non loin d'Orbestier (3),
où il avait une maison de chasse et des habitudes aussi fréquentes
que ses rares loisirs pouvaient lui en permettre.. On n'y manqua pas.
Là se trouvaient groupés autour de lui Aimery VII de Thouars,
qui détestait Henri II, Geoffroy de Lusignan, Raoul de Mauléon,
Pierre de la Garnache et Pierre de Bouil : mais la ;chasse y. fut oubliée.
pour la, politique; on y délibéra sur les moyens de résister
au parti d'Henri II et l'on s'engagea à suivre le plan arrêté
pour soutenir Richard dans ses projets sacrilèges, dont l'odieux
s'effaçait aisément sous les apparences d'un patriotisme
mal raisonné. Les événements qui se pressaient,
allaient anéantir aussi ses projets éphémères
(4).
Henri Court-Mantel, qui comptait aussi sur les ennemis de son père.,
n'hésita point à profiter des offres qui- lui étaient
faites. Après avoir combiné ses moyens de prudence, il
part pour, le, Poitou, où plusieurs châteaux lui sont ouverts.
Il s'y entend avec Geoffroy qu'il envoie en Bretagne préparer
ses moyens pour une jonction prochaine et une action commune. L'effet
suivit de près cette entente. Geoffroy réunit plusieurs
milliers de Brabançons et de ses propres vassaux ; puis il prend
la tête de, ces forces, entre sur les terres de Richard, y fait
un butin considérable, et livre aux flammes les propriétés
du pays. Cette situation lamentable se prolongea jusqu'en 1184, époque
où Eléonore d'Aquitaine, captive depuis douze ans, recouvra
enfin une partie de sa liberté.
En 1185, Henri ayant enjoint à Richard l'ordre de rendre à
sa mère tout le Poitou et les autres dépendances qui lui
appartenaient en propre, Eléonore put retourner en Poitou, où
elle fut accueillie avec bonheur, car son fils, rentré en grâce
auprès de son père, y était haï (5).
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NOTES:
(1) Geoffroy, son: frère, était duc
de Bretagne, par se mariage avec la fille de Conan IV.
(2) Auber, T. VIII, page 321.
(3) Commune de Château-d'Olonne.
(4) Fillon. - Poitou et Vendée, Saint-Cyr, page
4.
(5) Eléonore mourut à Poitiers le 31 mars
1'214 et non à Fontevrault. Son mari, Henri II, était
mort à Chinon en 1189.
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ASSASSINAT D'ARTHUR. INVASION DU POITOU PAR
JEAN SANS FERRE - PHILIPPE-AUGUSTE.
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Jean-Sans-Terre,, ayant fait assassiner son neveu Arthur de Bretagne,
qui avait des droits fondés à la succession de Richard,
fut cité à la cour des pairs, comme vassal du roi de France.
Jean n'ayant point comparu, fut déclaré rebelle par un
jugement solennel, qui confisqua aussitôt tous ses domaines de
France. Cet arrêt ne pouvait s'exécuter que par la force.
Philippe, à la tête d'une puissante armée, se jeta
sur la Normandie, qu'il réunit à la couronne trois-cents
ans après la cession qui en avait été faite par
Charles-le-Simple à Rollon et à ses compagnons. Le vainqueur
soumit avec la même facilité la Touraine, le Maine, l'Anjou,
et envahit le Poitou (1), où Jean-Sans-Terre avait de nombreux
partisans, parmi lesquels étaient surtout Robert de Thurnam,
sénéchal de Poitiers, et Savary de Mauléon, seigneur
de Fontenay. Malgré leur bravoure, Poitiers est pris, Robert
fait prisonnier et toute la province semble menacée d'une entière
réduction. Le frère de Jean-Sans-Terre, comte de Salisbury,
se hâte de porter secours aux Poitevins, et Jean-Sans-Terre débarque
lui-même le 9 juin 1206 à la Rochelle, où il rencontre
Aimery VII de Thouars et son frère Guy, gouverneur de Bretagne
pour Philippe-Auguste, et qui devenait parjure à la foi donnée.
D'autres seigneurs bas-poitevins, en revanche, demeuraient fidèles
au roi de France, et parmi eux, Chabot-Thibault IIIe du nom, seigneur
de Rocheservière et de la Grève. Il était en 1176,
commandant de la milice d'Aquitaine, e conjointement avec Jean aux Belles-mains,
évêque de Poitiers, il tailla en pièces une bande
de routiers qui désolaient le Poitou. On le. voit figurer plus
tard en 1206 parmi les grands seigneurs de la suite de Philippe-Auguste,
et jurant avec eux au nom de ce prince, la trêve qu'il venait'
de conclure avec Jean-Sans-Terre.
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NOTES:
(1) Un des plus chauds partisans contre l'anglais,
fut Jean, seigneur de Nesmy.
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NOUVELLES INVASIONS - PRISE DE LA GARNACHE
CONFIRMATION DE LA CHARGE
DE PRÉVOT ET SÉNÉCHAL A FONTENAY.
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Pendant que Jean-Sans-Terre marche sur Montauban pour se venger
de son beau-frère le comte de Toulouse, qui était du parti
de Philippe-Auguste, le roi de France, instruit de ses préparatifs
entre en Bretagne, s'empare de Nantes, se jette de nouveau sur le Poitou,
prend la Garnache et fait prêter serment à Maurice de Craon
de lui garder la forteresse de Pierre de la Garnache. Cette même
année 1207, il confirme la charge de prévôt et sénéchal
héréditaire de Fontenay, et de la terre du Pâtis,
par Guillaume de Mauléon et : Girard de la Pérate (1).
Poursuivant ses succès, Philippe-Auguste fortifie Mirbeau Loudun
et quelques autres places, et revient à Paris pendant que Jean-Sans-Terre
dévaste l'Anjou.
Une trêve de deux ans est enfin conclue par les deux rois, sur
l'intervention du pape Innocent 111, mais Philippe savait trop bien
ce que les trêves valaient pour son adversaire. Il l'accepta néanmoins,
bien décidé au bout de ce temps à châtier
son vassal félon.
Philippe entre de nouveau en Poitou, prend Airvault et Parthenay, pendant
que son maréchal Clément de Metz s'emparait, dans une
rencontre, de plusieurs barons poitevins, parmi lesquels se trouvaient
il Ligues de Thouars, et Savary de Mauléon, châtelain de
Fontenay. Ils avaient oser s'aventurer sur les terres du roi de France
et les dévaster pendant que . ses lieutenants occupaient Parthenay.
Ils revenaient chargés de butin., quand ils tombèrent
entre les mains de l'ennemi qui,- après un !combat sanglant,
les fit prisonniers et les envoya à Paris (2). Ce dernier., coup,
eut pu être irréparable et amener un triomphe des armes,
françaises, si les captifs n'avaient été recommandés
au pape, qui ayant à cur d'en finir, avec les Albigeois,
désirait la paix entre les deux rois.
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NOTES:
(1) Archives de Fontenay, Tome i, page 65.
(2) Dom Fonteneau, XCXIV.- 209, etc..
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NOUVELLE GUERRE EN POITOU - PRISE DE
MERVENT ET DE VOUVENT PAR JEAN-SANS-TERRE
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Après l'interdit porté par le pape Innocent III
contre Jean-Sans-Terre, ce dernier était venu à résipiscence
et favorisait de son mieux l'Église ; mais comme il lui fallait
toujours avoir la guerre avec quelqu'un, ce fut aux barons poitevins
qu'il s'en prit. A la fin. de mars 1214, il était avec une nombreuse
armée à la Rochelle, où il fut bientôt rejoint
par Savary de Mauléon (1) et par d'autres chevaliers bas-poitevins.
A leur tête, il traverse Marans, Fontenay, et le jeudi, d'avant
la Pentecôte (16 mai 1214), met le siège devant Mervent.
Malgré l'énergique défense d'une poignée
d'habitants qui s'étaient jettes dans le château, les pierriers
anglais firent merveille, et devant des forces décuples la place
capitula.
Le lendemain, Jean-Sans-Terre mettait aussi le siège devant
Vouvent, où s'était jeté Geoffroy, de Lusignan
avec, ses deux fils. Les fortes murailles de la petite ville, n'auraient
pas non plus résisté longtemps aux pierriers anglais;
qui les -battaient en brèche, si le comte de la Marche, accouru
près de Jean-Sans- Terre, n'eût pas ménagé
un traité, suivi de la reddition de Vouvent.
Le roi d'Angleterre quitta Vouvent le 21 mai 1214, pour aller au secours
de la place de Moncontour, ;assiégée par le prince Louis,
fils du roi de, France. Le prince anglais mit dans ses marches une diligence
extrême, car le jour de la Trinité, il fit la paix définitive
avec les Lusignan.
Le 26 mai, Lupillon, chef des arbalétriers, qui :occupait Mervent,
avec une garnison nombreuse, rendit la place à Lusignan qui rentrait
également en possession de Vouvent.
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|
NOTES:
(1) Dom Fonteneau, XCXIV.- 209, etc..
(2) Savary de Mauléon, fils d'un Raoul, seigneur
de Mauléon, de Talmont et de Fontenay, s'attacha quelque temps
à la fortune du roi de France, puis ensuite à celle du
roi d'Angleterre. Il mourut vers 1223, en Angleterre, où il s'était
réfugié à la suite de pirateries nombreuses, qui
l'avaient rendu odieux aux Français. Il fut inhumé dans
l'abbaye de Saint i, dont il avait été un des bienfaiteurs.
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SÉJOUR DE JEAN-SANS-TERRE A FONTENAY
DIFFICULTÉS DE JEAN-SANS-TERRE
AVEC SES SUJETS - INTERDIT DU PAPE HONORIUS III
CONTRE DIVERS SEIGNEURS POITEVINS.
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Pendant .cette campagne, Jean-Sans-Terre habita pendant plusieurs
jours Fontenay, d'où sont datés divers actes renfermés
aux archives de cette ville et que nous résumons ainsi.
27 avril 1214.- Permission accordée par Jean-Sans-Terre à
G. Brochard, maître du Temple de Poitiers, d'expédier,
une cargaison de vin (1).
28 avril. - Lettre de Jean-Sans-Terre, relevant Philippe Hareng, de
la mise hors la loi prononcée contre lui à l'occasion
d'un meurtre qu'il avait commis (2).
28 avril. - Lettre de Jean-Sans-Terre ordonnant à Béatrix
de Machecoul de remettre le château de la Roche-sur-Yon sous la
garde de ses- fidèles (3).
2 mai. - Du même, conférant un bénéfice
à Guillaume de Roignes (4). - Jean-Sans-Terre (5) avait rétabli
ses affaires dans le Poitou, mais la bataille de Bouvines (26 juillet
1214) (6) avait changé la face des choses. Jean-Sans-Terre. battu
à La Roche-aux-Moines, après avoir ravagé les environs
de Nantes, avait réussi néanmoins à regagner l'Augleterre,
où il trouva ses barons ligués contre lui.
Ses sujets offrirent même la couronne à son vainqueur,
le prince Louis, mais cette révolution ne devait pas être
durable. Louis, proclamé roi à Londres, dut rentrer en
France et faire la paix.
Le pape Honorius III n'avait pas vu sans un mécontentement extrême,
Guillaume l'Archevesque, seigneur de Parthenay, Hugues de Lusignan,
comte de la Marche, les autrê membres de leur famille, et leurs
" complices " se rapprocher du roi de France (7). Le 5 juillet
1222, il mit toutes leurs terres en interdit, notamment Mervent, pour
s'être " soustraits, disait la bulle, à la fidélité
qu'ils devaient au roi d'Angleterre dont ils étaient les, hommes
liges. " Les abbés de Talmont et de Saint-Michel-en-l'Herm
et le doyen de Poitiers étaient chargés de fulminer l'excommunication
(8).
L'historien impartial ne peut, dans la circonstance, que déplorer
cette attitude du pouvoir spirituel, prenant partie dans des débats
politiques, et compromettant ainsi le caractère sacré
de la religion.
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|
NOTES:
(1) Tome I, pages 72 et 73.
(2) Tome I, pages 72 et 73.
(3) T. I, pape 75.
(4) T. I, pages 75.
(5) Il mourut le 9 octobre 1216, à l'âge
de 53 ans.
(6) C'est à cette bataille que se couvrit de
gloire un de Villebois-Mareuil, ascendant de l'illustre colonel du
même nom, tué i t. en 1900, pour l'indépendance
des Boërs.
(7) En 1218, Savary avait amené au roi de France
toute une flottille, au port de la Claye.
(8) Louis Brochet. - La forêt de Vouvent, son histoire
et ses sites, pages 81 et 82.
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LE POITOU EN PAIX - ATTITUDE RELIGIEUSE DES GRANDS SEIGNEURS
ÉVÉNEMENTS DIVERS :
DON POUR LA REPRISE DU CHATEAU DE MAREUIL
SIÈGES DE FONTENAY - LE-COMTE ET DE
MAILLEZAIS.
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Pendant quelques années, le Poitou jouit d'une paix relative,
dont profitèrent plusieurs seigneurs, soit pour faire des dons
aux abbayes, soit pour contracter des emprunts afin d'aller en Terre
Sainte pour accomplir un vu ou secourir les chrétiens opprimés
par les infidèles. Au bas de ces actes figurent toujours les
plus grandes illustrations du pays, comme les La Trémouille,
les Parthenay, les Vivonne, les Lusignan et d'autres noms moins connus.
Au mois de juin 1230 (1), Geoffroy II de Lusignan, dit la Grand'Dent,
remit momentanément ses deux châteaux de Vouvent et de
Mervent au nouveau roi d'Angleterre, Henri III, lors de sa courte apparition
en Poitou, et ce malgré l'investiture qui en avait été
donnée en 1226, par Louis VIII, à son fils Alphonse, qui
n'avait que neuf ans, et qui ne fut réellement comte du Poitou
qu'en 1241, à la suite de fêtes splendides données
à Saumur, en présence des principaux barons poitevins.
C'est en cette même année 1230 que Saint Louis accorda
à Raimond ou Rainaud de Thouars, seigneur de Tiffauges, un don
de cinquante livres de rente, jusqu'à ce qu'il ait recouvré
le château de Mareuil, aux mains des Anglais.
Trois ans après, Fontenay connut encore les horreurs d'un siège.
La succession de Savary de Mauléon, recueillie par Raoul de Mauléon,
fils naturel qu'il avait eu d'Amabilie du Boys, fut réclamée
par Geoffroy de Lusignan. Aux contestations succédè-rent
bientôt lés hostilités et les combats. Geoffroy
vint, mettre le siège devant Fontenay, que défendait Raoul.
Là ville dut se rendre. Le vaincu Raoul et sa mère conservèrent
à peine quelques minces domaines dont ils se dessaisirent (1235)
en faveur d'Alphonse, frère de Saint Louis.
Dans l'intervalle, et à la suite d'exactions reprochées
aux Juifs., une troupe, da; malandrins alla, niais sans succès,.
mettre le siège devant l'abbaye de Maillezais: (1236):
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NOTES:
(1) D'après certains auteurs, Geoffroy ayant
été, en 1231, fait prisonnier par Henri, roi d'Angleterre,
n'obtint sa vise cri liberté qu'à la condition de livrer
au monarque anglais, ses châteaux de Mervent et de Vouvent, de
rendre hommage et de lui donner des garanties suffisantes de sa fidélité.
- Ses chevaliers durent donner la même garantie.
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