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CHAPITRE XVI
LA GUERRE DE CENT ANS EN BAS-POITOU
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Premières hostilités : Châteauneuf, Noirmoutier,
Beauvoir, l’Ile-Chauvet. Jeanne de Belleville.
Le sire d’Harcourt et le seigneur de Pouzauges.
Savary de Vivonne. La noblesse poitevine à Poitiers (1356).
Fontenay, l’Hermenault, la Roche-sur-Yon, Les Herbiers, Mortagne, Tiffauges,
Luçon, Chantonnay,
Reprise de Fontenay sur les Anglais (1372).
Sièges de la Grainetière et de Palluau par les Anglais (1371-1372).
Reprise de Mortagne,
Benaston, Montaigu et Benet, etc. (1373).
Duguesclin, seigneur de Fontenay-le-Comte (1373-1377).
Surgères (Jacques de).
Rôle de Parthenay l’Archevêque (Guillaume).
Guy VI de la Trémouille.
Famille des de Vivonne.
Troubles en Poitou vers 1384, - Menace d’une invasion
anglaise, - Attaque de Noirmoutier par Les Anglais (1388-90), - Bataille de Nicopolis
(1396).
De la Trémouille défie en duel le sire de Courthenay, chevalier
anglais.
Les Grands Jours à Poitiers (1405). Naufrage et pillage
d’un vaisseau breton en face l’île Bouin (4 mars 1408).
Gouvernement du duc de Berry, - Ses exactions à Fontenay,
- l’Hermenault et le Châtellier-Barlot Assaillis par les Bourguignons
1411-1416.
Fontenay, au comte de Richemond, résiste aux révoltés
de la Praguerie et aux seigneurs de la Trémouille (1424). Exactions de
Georges de la Trémouille (1424).
Poitiers, capitale des provinces fidèles (1418).
Charles VII couronné à Poitiers (1422).
Victoire d’un navire d’Olonne sur deux vaisseaux anglais devant
le Port-Breton (Ile d’Yeu 1425).
Découragement de Charles VII, - Les Bas-Poitevins sous la bannière
de Jeanne d’Arc.
Fêtes à Fontenay à l’occasion de la délivrance
d’Orléans. Arthur de Richemond continue ses
Exploits contre les Anglais. Tristan Charruyeau pendu à Pouillé (17 mai 1434).
La Praguerie, - Charles VII en Bas-Poitou (1442).
Pillage de l’abbaye de Saint-Michel-en-l’Herm (1452).
Nouvelle entrée triomphale d’Arthur de Richemond
à Fontenay après l’expulsion des Anglais (1453), - Travaux
divers exécutés par ordre du connétable. Prise de possession
du
château de Fontenay au nom du roi (2 janvier 1459).
Joachim Rouault, maréchal de France, seigneur de Bois-Mesnard, près
Pouzauges.
La table d’Olivier de Coétivy à Fontenay-le-Comte au commencement
d’avril 1451.
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PREMIÈRES HOSTILITÉS : CHATEAUNEUF,
NOIRMOUTIER, BEAUVOIR, L'ILE CHAUVET.
JEANNE DE BELLEVILLE, LE SIRE D'HARCOURT ET LE
SEIGNEUR DE POUZAUGES.
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Dans la période que nous venons de parcourir sous le règne
des derniers Capétiens directs, depuis Philippe. Auguste et Saint
Louis, Fontenay est devenu le principal foyer du mouvement qui pousse
le Bas-Poitou vers un monde meilleur.
Bien des causes ont contribué à y développer plus
tôt que partout ailleurs, les institutions destinées à
servir de base aux communes jurées. D'un côté, le
souvenir des municipalités gallo-romaines, qui ne s'était,
jamais effacé de la mémoire des Fontenaisiens, de l'autre
la situation toute particulière faite à leur ville et
au Poitou, longtemps sous la tutelle directe des rois de France, beaucoup
moins durs au pauvre peuple que les hautains et fiers vassaux du moyen
âge.
Malheureusement, notre pays ne devait pas jouir longtemps des bienfaits
que lui assurait une administration sage et paternelle. Une lutte de
haine qui devait durer un siècle et mettre la France à
deux doigts de sa perte, venait de s'allumer entre elle et l'Angleterre,
et couvrir notre pays'de sang et, de-ruines.
Depuis l'avènement d'Édouard III: au trône d'Angleterre
en 1327, le Haut-Poitou avait pour ainsi dire toujours été
en guerre. Poitiers était tombé au pouvoir de l'ennemi
commandé par Henri de Lancastre, comte de Derby, en 1346. Un.
an après, par lettres patentes. d'Édouard III, Jeanne
de Belleville, dame de Clisson, mère du fameux connétable,
rentrait en possession de Châteauneuf, qui lui avait été
confisqué par Philippe de Valois, à la mort d'Olivier
III de Clisson, son mari, décapité par ordre du roi, et
donné au dauphin. Pour venger son époux, elle se mit à
la tête de 400 hommes, enleva plusieurs châteaux-forts et
se mesura avec de vaillants guerriers, se montrant ainsi digne d'être
la mère de l'émule de Du Guesclin.
Malgré les louables. efforts faits par le comte de-Forez, lieutenant
du roi de France en Poitou, pour mettre la province à l'abri
d'un coup de main, des bandes de coureurs des deux partis ravageaient
les campagnes. - Ainsi, au mois. d'août 1348, les Moutiers-les-Mauxfaits
furent pris, pillés et mis à feu et à sang, sous
les ordres de plusieurs gentilshommes du pays, au nombre desquels on
trouve les deux frères d'Apremont, Guillaume de Boulières,
Guillaume de Buor, seigneur de la Mothe-Frelon, Hardouin; de Cholet,
etc. Le prieur des Moutiers, Nicolas Michelet, et Maurice du Fouilleux,
au nom des autres habitants de cette localité, ayant adressé
une plainte à Platon de Grèze, châtelain de la Roche-sur-Yon,
ce dernier fut chargé de l'information de l'affaire, de la capture
des prévenus, de la saisie de leurs biens et de la conduite des
prisonniers à Paris. Lesbiens volés aux Moutiers avaient
été transportés au château de Poiroux, dont,
Guy d'Apremont était seigneur. Son châtelain, Robert Gueniel,
qui avait fait partie de la bande des assaillants, et recelait les objets
pillés, avait seul été arrêté et emprisonné
au Chatelet de Paris (1).
En 1350, Noirmoutier tombait aux mains d'un chef de partisans à
la solde de l'Angleterre, Raoul de Cahours, auquel Édouard accordait
mille livres sterlings par an, à prendre sur les terres dont
il s'emparerait au midi de- la Loire. Mais bientôt, Cahours s'étant
brouillé avec le monarque anglais, pour n'avoir pas voulu rendre
ses conquêtes à Jeanne de Belleville, dame de Clisson et
de la Garnache, qui venait d'abandonner le parti français, passa
au roi de France Jean II, moyennant 2.430 livres par an et la possession
reconnue de Beauvoir, de Lampant, de Bouin et de l'île Chauvet
(2), dont s'était empare en 1349, Guillaume, dit le Galois de
la Heuse, capitaine souverain pour le roi en Poitou.
Un autre chef de bande, Maciot de Mareuil, bourgeois de Nantes, aidé
d'aventuriers nantais, s'empara l'année suivante de Noirmoutier
et de Cahours. Il ne voulut relâcher ce dernier à aucun
prix (3), malgré les lettres de rémission offertes par
le roi de France, et Robert d'Houdelot, maître des arbalestriers
du roi, ne put avoir raison de ce forcené. Guillaume Estner,
capitaine à la solde du seigneur de l'île, Amaury de Craon,
parvint à le faire déménager en 1353, moyennant
finances, nouvelles lettres de rémission et menace de le pendre
s'il ne . s'en allait pas de bonne grâce (4). En 1355; .l'lle-Dieu,
défendue par Jean Dorca, se rendait à une bande d'Anglais,
et cette même année le prince de Galles débarquait
à Bordeaux et attaquait l'Aunis, malgré l'énergie
de Jean, duc d'Harcourt, envoyé à la Rochelle par le roi
de France, avec le seigneur de Pouzauges, Hugues (5), pour garder les
côtes et s'opposer aux Anglais. Ces derniers, victorieux, arrivaient,
le 19 août 1356, dans le Limouzin, à Lussac-les-Châteaux,
sur les confins du Poitou.
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NOTES:
(1) Loquet. - Essais historiques sur le Talmondais, chapitre
IV. - Annuaire 1898, pp.43, 44, 45 et 46.
(2) Ces terres ne furent restituées à Olivier
de Clisson que quelques mois avant le traité de Brétigny.
(3) Il le laissa mourir en prison.
(4) Viaud-Grand-Marais. - Guide â Noirmoutier pages
22 à 25,
(5) Arrière petit-fils de Savary de Mauléon.
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LA NOBLESSE POITEVINE A POITIERS
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Après des prodiges de valeur, Jean le Bon venait d'être
fait prisonnier sous les murs de Poitiers, et dans cette sanglante bataille
du 19 septembre 1356, auquel le roi voulant prendre une revanche des
insuccès de ses prédécesseurs, avait fait un énergique
appel, la noblesse perdit l'élite de ses chevaliers. Le Bas-Poitou
y regretta ses plus beaux noms beaucoup de ces héros du devoir
et de la bravoure furent recherchés par leurs familles sur le
champ de bataille, et quelques mois après on les vit dans l'église
des Jacobins et des Cordeliers, peints avec leurs armoiries sur les
murs.
Parmi les morts, on distingue le sire de Parthenay, un sire de Brosse,
Clérin de Cherves, de Beaulieu, de Linières, de Rocheservière,
de Noirterre, du Retail, de Rézé, de Mirbeau, Jean des
Herbiers, qui fut inhumé aux Cordeliers de Poitiers (1); Gauthier,
seigneur de Sainte-Hermine, aventurier célèbre, fait connétable
de France par Jean II, le 6 mars 1356, et beaucoup d'autres chevaliers
ou écuyers dont les noms vivent encore dans notre pays.
Les Anglais, ivres de leur victoire, continuaient à travers
la France leur marche triomphale, emportant l'une après l'autre
les villes qui osaient leur résister. Toutes les précautions
furent prises pour protéger le Poitou, que sa position géographique
faisait le champ de bataille des deux nations, d'autant mieux que Maillezais,
ceint pourtant de solides murailles, venait de succomber (1359) (2).
Fontenay fut entouré de nouvelles, murailles, mais l'héroïsme
de ses habitants fut son plus ferme rempart.
Le premier cri de patriotisme sorti de la bouche des bourgeois de la
Rochelle, " déclarant au roi, que puisqu'il voulait les
contraindre à ne plus être Français, ils ne reconnaîtraient
l'Anglais que des lèvres seulement ", trouve un écho
dans Fontenay, qui lui aussi se révolte contre l'humiliant traité
de Brétigny (3).
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NOTES:
(1) Un autre seigneur des Herbiers, Foucher Louis, se
distingua également dans la guerre contre les Anglais, et reçut
en 1379 un aveu, dans lequel il est qualifié de haut et puissant
seigneur.
(2) Ce fut à cette date qu'Olivier de Clisson fut
nommé lieutenant du roi en Poitou.
(3) En exécution du traité de Brétigny
(8 mai 1360), le 22 septembre 1360, en présence de Jean le Maingre,
dit Boucicaut, maréchal de France et de Chandos, dans la grande
salle du palais de Poitiers, en une assemblée des échevins
et des bourgeois, la ville et la province furent remises par le commissaire
du roi de France à celui du roi d'Angleterre. La capitainerie
du château fut confiée à Guillaume d'Appelvoisin,
d'une famille déjà ancienne dans le Poitou.
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FONTENAY, L'HERMENAULT, LA ROCHE-SUR-YON,
LES
HERBIERS, MORTAGNE, TIFFAUGES,
LUÇON, CHANTONNAY, MAREUIL-SUR-L AY, ETC.
TOMBENT AU POUVOIR DES ANGLAIS.
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Dans les premiers jours d'août 1361, Chandos, commandant l'armée
anglaise, vint investir Fontenay qui était la clef du Bas-Poitou.
Un de Chabot y commandait. Les réponses qu'il fit aux sommations
de Chandos apprirent à ce vaillant capitaine qu'il assiégerait
en vain une place où l'honneur veillait, et dont les remparts
solidement restaurés étaient inabordables. Fontenay fut
bloqué.
Les assiégés luttèrent longtemps contre les horreurs
d'un siège, et malgré la famine qui les décimait,
ne se rendirent que le 30 septembre, alors qu'ils en avaient reçu
l'ordre formel du roi Jean, depuis le 12 août.
Le 1er octobre, Chandos fit son entrée dans la ville, qui dès
lors appartint aux Anglais (1). Pendant que Chandos assiégeait
Fontenay, une compagnie de soldats anglais aux ordres de Louis de Granval
incendiait, le 20 août, le château de l'Hermenault, qui
eut le même sort en 1412, lors de la guerre des Armagnacs et des
Bourguignons en Bas-Poitou.
Jeanne de Clisson, née à Montaigu, sur du fameux
Olivier de Clisson, gouvernait Fontenay pour le compte du Prince Noir,
aux lieu et place de son mari, Jean de Harpedanne, retenu souvent dans
son gouvernement de Saintonges, et rien ne faisait prévoir une
reprise des hostilités,, lorsqu'une, étincelle ralluma
la guerre.
Écrasée d'impôts, la noblesse du Poitou porta ses
plaintes à la cour de France.. Édouard fut cité
comme vassal à comparaître devant les pairs pour s'expliquer
sur ces griefs. Il répondit fièrement qu'il se rendrait
à Paris avec 60.000 hommes. La guerre, recommença aussitôt.
Chandos assiège et prend, en 1360, par trahison du gouverneur
Belon (2), le château: de la Roche-sur-Yon, au moment où
il allait être secouru par Amaury de Craon, à la tête
d'une armée française. Il est repris, en juillet 1-373,
par Olivier de Clisson- qui établit son camp au nord de la forteresse,
à la place occupée maintenant par la nouvelle ville (3).
Les Herbiers, Mortagnes, Tiffauges, Luçon et Chantonnay sont
ravagés.-par les Anglais ; qui pillent et massacrent sans pitié
hommes, femmes et enfants.
Mareuil eut le même sort, et un gentilhomme poitevin, Pierre
Mainart de la Benatonnière, y fut nommé capitaine pour
le prince de Galles.
Nos flottes portèrent le feu et la flamme sur les côtes
d'Angleterre, et Bertrand Du Guesclin, l'honneur de son siècle
et de sa patrie envahit le Poitou. Le 7 août 1370, il s'empare
de Poitiers et, à la cathédrale; un Te Deum est chanté
par Aimeric de Monts, cet évêque dont le patriotisme n'avait
pas craint de refuser au prince de Galles un serment de fidélité
qu'il se sentait peu disposé à tenir.
Cette prise de Poitiers fut un :retour. sérieux de la fortune
pour nous. - Saint-Jean-d'Angély, Angoulême, Taillebourg,
Marans, Surgères, Saintes, la Rochelle, Bressuire (4 décembre
1370) ouvrent leurs portes aux armées françaises, pendant
qu'Olivier de Clisson anéantit la plus grande partie des Anglais
qui avaient échappé au désastre de Bressuire et
qui essayaient de gagner les Sables-d'Olonne pour s'embarquer. Poursuivant
ses exploits, il s'empare du château du Poiroux et de l'abbaye
de Jard qu'il livre aux flammes.
Bientôt Du Guesclin est chargé d'investir Fontenay.
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NOTES:
(1) Le château de Fontenay était alors occupé
par Guillaume de Marueilh, lieutenant de messire Perreau Courin, chevalier.
Les Archives de Fontenay contiennent, outre le procès-verbal
de prise de possession de la ville par Jean Chandos, les noms des notables,
qui le 26 octobre, piétèrent en l'église de Notre-Dame.
le serment de fidélité au roi d'Angleterre. - Archives
de Fontenay, T. I, pages 239-40, etc.
(2) Belon, convaincu d'avoir livré le château
aux Anglais pour 6.000 livres, fut condamné par le prince Louis,
fils de Jean, roi de Sicile, comte d'Anjou et du Maine, à être
lié dans un sac et précipité dans la Loire. -Henri
Bourgeois. (La Vendée historique 1898, page 6.)
(3) Ce château fut, en 1628, démantelé
par ordre de Richelieu.
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REPRISE DE FONTENAY SUR LES
ANGLAIS
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A l'instar de Jeanne de Blois (1) et de Jeanne de Montfort, conduisant
elles-mêmes des armées et des flottes, Jeanne de Harpedanne
fait réparer les fortifications de la ville, protéger
les moulins du château par un mur fort épais, et recreuser
le fossé qui garantissait les Loges contre un coup de main.
Dès le 14 novembre 1369, elle avait mis les, habitants des paroisses
de Doix, Puissec, , Saint-Médard-des-Prés, Chaix, Montreuil,
Gué-de-Velluire (2), Sainte-Radégonde-la-Vineuse, Serigné,
Saint-Maurice-des-Nouhes, Notre-Dame-de-Coussay, Denant, Bouneuil, Fontaines,
en demeure de venir faire le, guet à la dite ville de Fontenay,
et de réparer les douves, murs, etc., et de faire les charrois
nécessaires. Mais les habitants n'ayant pas répondu à
l'invitation, le prévôt Thomas Brandin avait, le 27 novembre,
donné l'ordre de requérir les , serfs des paroisses dont
nous venons de parler pour les travaux de fortification de la ville
(3).
Pour interdire l'entrée du port principal, elle fait construire
une poterne défendue par la tour de la Lamproie et bâtir
un fort au milieu de la Vendée. N'ayant qu'une confiance fort
limitée dans la fidélité des bourgeois, elle confie
la garde de la ville à la noblesse du pays, aux paysans dépendant
de la châtellenie, et dirige elle-même la défense,
montrant au milieu des plus grands dangers une bravoure et une intrépidité
chevaleresques. Mais la ville ne pouvait résister longtemps aux
assauts furieux que lui livrait le capitaine " pitoyable aux petits,
mais moins courtois à l'ennemi ". Le 12 octobre 1372, la
garnison de Fontenay se rendait avec tous les honneurs dus au courage
malheureux et à l'héroïsme d'une femme (4).
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NOTES:
(1) Chabot-Gérard, Ve du nom, comte de Sancerre,
seigneur de la Mothe-Achard et Falleron, Retz, Saint-Hilaire-le-Vouhis,
etc., avait embrassé le parti de Charles de Blois contre le comte
de Montfort, et à la fameuse bataille d'Auray (29 septembre 1364),
il fut fait prisonnier, malgré des prodiges de valeur. - Il commandait
l'arrière-garde de l'armée. - Le 3 avril 1357, il avait
contribué à la défaite d'Henri de Transtamarre,
à Navarette.
(2) La collection Fillon contenait l'original d'une sauvegarde
donnée le 10 février 1371, par Thomas Perey, sénéchal
du Poitou, pour le Prince Noir, à Guy de Velluire, dont les vassaux
avaient été taillés en pièces près'
du Gué, au mois d'avril précédent, par la garnison
de Marans. Le motif du conflit n'est pas énoncé dans la
pièce.
(3) Archives de Fontenay, T. I, pages 269 et 270.
(4) Sur ces entrefaites, Jeanne de Harpedanne eut un fils
du nom de Jean. Il fut baptisé à Notre-Dame, et elle fit,
à cette église des dons considérables, a la condition
qu'on y célébrerait à son intention une messe,
le samedi de chaque semaine, " entre soulail levant et heure de
prime. " - Dans cette charte de donation, Jean de Harpedanne prend
les titres de seigneur de Belleville, de Montaigu et de l'hôtel
de la, Chopine, situé où se trouvait autrefois la recette
particulière des finances. C'est à tort pensons-nous,
que. quelques historiens prétendent que les assiégés
obéissaient à Catherine de Sénéchal, seconde
femme de Jean de Harpedanne.
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SIÈGES DE LA GRAINETIÈRE
ET DE PALLUAU PAR
LES ANGLAIS. - REPRISE DE
MORTAGNE, BENASTON MONTAIGU, BENET, ETC.
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Cette même année, les anglais vinrent assiéger
l'abbaye de la Grainetière, défendue par le capitaine
Martinière, mais ils ne purent s'emparer que de la basse-cour,
à laquelle ils mirent le feu. L'année précédente,
ils n'avaient pas été plus heureux devant le château
de Palluau, qu'ils avaient assiégé en vain.
Niort, qui était resté fidèle à la France,
fut repris malgré son héroïque défense et
livré au pillage(1). Mais le Bas-Poitou résistait toujours,
et la prise de Thouars par le connétable (29 septembre 4372)
(2), ainsi que celle des châteaux-forts de Mortagne (3), Benaston
(4), Mallièvre, Montaigu, Benet (5), Les Herbiers, Tiffauges
et Rocheservière rendait Charles V maître de presque tout
le Poitou à la fin de 1373 (6).
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NOTES:
(1 et 3) Niort ouvrit ses portes au connétable
le 27 mars 1373, et Mortagne à la fin d'août. Lusignan
résista jusqu'au 1er octobre 1374, et Gençay capitulait
le 17 février 1375 seulement.
(2) Thomas (Renaut de), chevalier seigneur de Pouzauges,
Chabanais, etc., servit en Guyenne en 1371, sous les ordres de Du Guesclin,
et aussi Bouaut André Tristan, seigneur de Bois-Ménard
et de la Rousselière, après avoir suivi d'abord la fortune,
du roi d'Angleterre. Le 8 août 1380, il accompagnera Charles VI
en Flandre et assistera au siège de Bourbourg, avec 16 chevaliers
et 131 écuyers Tristan est le personnage que Marchangy à
fait revivre dans son roman de Tristan le voyageur.
(4) On dit qu'au siège de Benaston, près
Chavagnes-en-Paillers, Du Guesclin eut une jambe cassée par une
poutre enflammée qui traversait un fossé.
(5) Benet, où il existait un riche prieuré
dès le XIe siècle, fut enlevé aux Anglais par Du
Guesclin, quelques jours avant l'attaque de Fontenay-le-Comte.
(6) De septembre 1361 à 1371 environ, les Anglais
étaient restés à peu près maîtres
absolus du Bas-Poitou, sauf de la Roche-sur-Yon et des. biens d'Olivier
de Clisson, et de Jeanne de Belleville qui ne leur furent jamais remis
; notamment Beauvoir et la Garnache.
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DU GUESCLIN SEIGNEUR DE
FONTENAY-LE-COMTE
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Deux ans après, Charles V donnait Fontenay au vaillant connétable
qui en demeura seigneur, du 13 mai 1373 au tel décembre 1377.
Dans ce court espace, ce grand homme se signala par la remise d'une
partie des redevances féodales, et par la diminution de l'impôt
perçu sur les vins et les blés à leur entrée
dans le port (19 avril 1376) (1). Le vaillant connétable mourait
quatre ans après devant Châteauneuf-Randon, et Charles
V lui donnait une sépulture royale à Saint-Denis, comme
si l'ombre du héros breton pouvait encore protéger au-delà
de la, mort cette royauté, dont l'avenir, était pour le
monarque l'objet de terribles anxiétés. Plus tard, l'éloquence
de l'évêque d'Auxerre complètera en faveur de la
mémoire du grand connétable, l'oeuvre de la reconnaissance
nationale, en prononçant, pour la gloire de celui qui avait enlevé
pour toujours aux anglais notre pays, la première oraison funèbre
dont ait retenti la chaire chrétienne.
Peu de mois après, Charles V le suivait au tombeau, et par sa
mort couvrait la France de deuil. Quelques années lui avaient
suffi pour rendre au royaume sa première vigueur. Il ne se montra
point à la tête de ses armées, Crécy et Poitiers
étaient toujours présents à sa mémoire.
Il s'inquiéta peu qu'Édouard sillonnât le royaume
de ses armées et brûlât quelques châteaux il
se fiait au patriotisme de son peuple pour, rejeter les Anglais du sol.
Il rétablit l'ordre dans les finances, et du fond de son palais,
il dirigea le bras qui écrasa partout l'ennemi. A sa mort, le
royaume était florissant; quelques années après
il fut couvert de ruines.
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NOTES:
(1) A cette date, Bouton Guiffin, seigneur de la Beaugizière
de Saint-Michel-leCloucq, servait encore dan, l'armée du Prince
de Galles. - 8eauchet Filleau; page 436.
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SURGÈRES (JACQUES DE)
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Au nombre des seigneurs bas-poitevins qui, après avoir échappé
au' désastre de Poitiers, furent mêlés aux événements
importants de cette époque si troublée et si néfaste
pour notre pays, figure en première ligne Jacques de Surgères,
chevalier, seigneur de la Flocelière. Après le traité
de Brétigrny, il passa sous la domination anglaise, obtint, le
5 août 1361, des lettres de grâces et de pardon à
l'occasion des injustes traitements qu'il avait fait subir aux frères
Guillaume et Pierre Beritault. Jacques de Surgères accompagna
le comte de Pembroke dans la chevauchée qu'il fit, en 1369, contre
le vicomte de Rochechouart et lorsqu'il fut surpris à Purnon
par le comte de Sancerre. Il se trouvait à la Rochelle lorsque
la flotte anglaise, commandée par le comte de Pembroke, fut détruite
par les flottes combinées de France et d'Espagne., Il joignit
ses prières à celles de Jean de Harpedanne, à Maubruny
de Liniers et aux autres chevaliers, pour décider les Rochelais
à porter secours aux Anglais. Il rejoignit, avec ses compagnons,
la flotte anglaise et partagea sa mauvaise fortune. Fait- prisonnier,
il fut mis à rançon, paya sur-le-champ les mille écus
d'or qu'on lui demandait, et, seul libre au milieu de ce grand désastre,
vint annoncer au Captal de Buch et aux autres officiers anglais qui
venaient au secours de leurs, frères, la ruine de leurs espérances.
Jacques de Surgères accompagna Thomas de Percy au secours de
Sainte-Sévère, et à la nouvelle de la prise de
Poitiers par Du Guesclin, qui profita de leur absence pour s'en emparer,
il se jeta dans la ville de Thouars avec les autres, chevaliers partisans
de l'Angleterre ; mais, forcés de capituler et n'étant
pas secourus, ils prêtèrent serment de féauté
au roi et rentrèrent dans le sein de la France (30 novembre 1372).
Rien que des faits précédents, il paraisse évident
que Jacques de Surgères eût, servi avec fidélité
le prince auquel le traité de Brétigny l'avait soumis,
nous trouvons cependant (Archives nationales) qu'il avait été
pris en haine par le prince de Galles, à cause de son attachement
à la cause française, et que, taxé à de
grosses amendes, il avait été obligé de vendre
pour 1.000 livres, 110 livres de rentes à Guillaume Felton, sénéchal
de Poitou pour le roi d'Angleterre, que les héritiers de ce dernier
avaient cédées à Pierre Mignot, lieutenant de ce
sénéchal. Charles V, par lettres du 28 novembre 1380,
et en considération des services qu'il lui avait rendus dans
sa guerre contre les Anglais (probablement depuis la prise de Thouars),
le remit dans la possession de ce qu'il s'était vu forcé
d'aliéner. Il testa le 29 septembre 1388, faisant un legs aux
pauvres de la Flocelière, pour le repos des âmes de ses
père et mère. Il vivait encore le 13 février 1382
(1).
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NOTES:
(1) Son fils Jacques, chambellan des rois Charles VI et
Charles VII, fut, le 23 mai 1424, exempté par le dauphin d'aller
au recouvrement de la Normandie occupée par les Anglais, ainsi
que Pierre du Puy-du-Fou, Guillaume Boussart et Jean Bouscher, gentilshommes
employés à la garde de la Floceliére, Cerisay et
Saint-Symphorien, places fortes et défendables qui lui appartenaient.
- Le fils de ce dernier, Jacques III (qualifié de cousin par
Françoise d'Amboise, veuve de Pierre II, duc de Bretagne), fut
aussi conseiller de Charles VIII et obtint de ce roi en 1487, l'établissement
de foires (B F 682), Beauchet-Filleau, T. II, pages 681 et 682.
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ROLE DE PARTHENAY L'ARCHEVESQUE
(GUILLAUME)
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Par suite du fatal traité de Brétigny, Parthenay l'Arche
vesque (Guillaume), seigneur de Parthenay, Vouvent, Mervent, Mouchamps,
etc., fut obligé de suivre la loi du vainqueur et de passer sous
la domination, anglaise. Fidèle à ses nouveaux suzerains,
il combattit pour eux jusqu'à ce que Du Guesclin eut reconquis
le Poitou. Il accompagna le Prince Noir en Espagne (1366), et à
la bataille de Majera (3 avril 1367), qui remit pour quelques années
D. Pèdre sur le trône de Castille. Guillaume combattait
à la tête de 200 chevaliers et fut un de ceux dont le courage
décida la victoire. De retour au milieu de ses possessions, il
fut chargé, avec Guillaume Felton, sénéchal de
Poitou pour le roi d'Angleterre, de régler les différents
élevés au sujet de la terre de Bellevïlle, et que
réclamait Édouard en vertu du traité de Brétigny,
puis choisi comme gardien de la ville et comté de Poitou, avec
Guichard d'Angle, Louis d'Harcourt et le seigneur de Poyanne. Il était,
en 1369, au nombre ,des seigneurs qui se trouvaient au siège
de la Roche-sur-Yon, et accompagnait Chandos à l'expédition
de Saint-Savin, à l'issue de laquelle ce grand homme trouva la
mort, au pont de Lussac. Il était aussi l'un des cinq juges laïques
établis en Aquitaine par le roi d'Angleterre. Lorsqu'en 1372,
Du Guesclin se fut emparé de tout le Poitou et eût soumis
sa capitale, Parthenay l'Archevesque fut du nombre des chevaliers qui
se retirèrent à Thouars pour pouvoir y résister
à l'armée française, sous les ordres du, duc de
Bourgogne et du duc de Berry L'on sait que la ville, réduite
à-l'extrémité, on en vint à parlementer
; il fut convenu u que si les Français estoient le jour de la
Saint-André .(30 novembre), plus fors devant la dite ville de
Thouars que les Anglais, tous les Poitevins se mettroient en l'obéissance
du roi de France ". L'on sait aussi que la fortune, qui n'abandonna
guère les armées victorieuses de Charles V, le servit
encore dans cette circonstance et repoussa loin des côtes de France
l'armement formidable, dernier effort de l'Angleterre. Fidèles
à leurs serments, Guillaume et ses compagnons revinrent sous
les drapeaux de la France, et en furent même, quelques années
après, les plus fermes soutiens lors des guerres de Charles VI.
Charles V, qui savait si bien distinguer et récompenser le mérite,
même chez ceux qui avaient porté les armes contre lui,
continua à le traiter avec la même faveur. Il fut chargé,
le 9 octobre 1381; avec le seigneur de Thors, de faire observer en Poitou
les trêves conclues avec l'Angleterre. Guillaume ne se contenta
pas de remplir ces missions pacifiques il prit une part active aux conquêtes
que fit l'armée sous les ordres du duc de Bourbon et du comte
de la Marche. Aux derniers temps de sa vie, et profitant des loisirs
de la paix, il fit commencer, par le nommé Coudrette, la rédaction
en vers du roman de Mélusine, de qui les Parthenay prétendaient
descendre. Cet ouvrage ne fut terminé que sous son fils Jean.
Il mourut le 17 mai 1401, âgé d'environ 75 ans (1).
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|
NOTES:
(1) Extrait de Beauchet-Filleau, T. II, page 496.
|
LA TRÉMOUILLE (GUY VI
DE LA)
|
Guy VI de la Trémouille, baron de Sainte-Hermine, Mareuil etc.,
conseiller et chambellan du roi, grand chambellan de Bourgogne, garde
de l'oriflamme de France, est un des seigneurs bas-poitevins dont le
.nom se trouve mêlé aux grands événements
accomplis non seulement en France, mais en Europe, pendant le dernier
quart du XIVe siècle. En 1377, il assiste à la prise d'Ardres
sur les Anglais, accompagne, en 1379, le duc de Bourgogne contre les
Flamands, fait, en 1380, partie de l'armée qui s'avance pour
la défense de Troyes menacée_ par l'armée anglaise,
accompagne Charles VII en Flandre, et se précipite le premier
dans les fossés de Bourbourg. Puis, avec le duc de Bourgogne
et le connétable, est chargé de négocier le .mariage
du roi avec Isabeau de Bavière. En lui remettant l'oriflamme
de France, dans l'abbaye de Saint-Denis, au moment de marcher contre
les Anglais, en 1382, Charles VI le qualifie de vaillant chevalier.
Après avoir refusé, disent MM. de Sainte-Marthe, l'épée
de connétable, lors de la retraite d'Olivier de Clisson, il accompagna
le roi aux noces de Jeanne de Nevers. Chargé plusieurs fois de
missions diplomatiques importantes il fut, en 1387, un des seigneurs
envoyés par Charles VI pour pacifier Paris, et plus tard pour
recevoir le duc de Bretagne lorsqu'il fit son entrée dans la
capitale. Le roi le choisit comme un des meilleurs et des plus adroits
chevaliers de sa cour, avec les ducs de Bourgogne et de Bourbon et le
comte de Vendôme, pour être un de ses tenants lors du tournoi
fait pour l'entrée de la reine Isabelle à Paris. Il se
trouvait dans l'armée de ce prince, lorsque marchant contre le
duc de Bretagne, il devint subitement fou aux environs du Mans. Il fut
un des seigneurs nommés par Froissart, avec les oncles du roi,
qui décidèrent le conseil à conclure la paix en
stipulant le mariage de Jean, fils aîné du duc de Bretagne,
avec Isabelle de France. Guy de la Trémouille, très estimé
du duc de Milan, avait conclu avec lui à Pavie un traité
par lequel le duc lui accordait 4.000 florins d'or de pension, à
la charge de l'assister contre toute personne, et de ne faire aucune
alliance contre lui, en exceptant toutefois le roi et les enfants de
France, et le duc de Bourgogne. Il accompagna, en 1395, Louis II, duc
de Bourbon, dans sa campagne d'Afrique, et Froissart, qui nous a conservé
le récit de cette expédition, dit qu'à la dextre
du duc de Bourbon, estoient logez premièrement messires Guy et
Guillaume de la Trémouille, son frère qui avoient pennons.
Un des naturels du pays, chevalier des plus valeureux; ayant avec huit
de ses compagnons, défié neuf chevaliers chrétiens,
Guy~ de la Trémouille accepta le défi; mais les ennemis
ne se présentèrent pas. Guy accompagna encore le duc de
Bourbon, lorsqu'il marcha pour secourir les Génois, et suivit
Jean de Bourgogne en Hongrie. Il fut l'un des chevaliers, princes et
barons que Bajazet préserva du massacre après la funeste
bataille de Nicopolis (16 septembre 1396) dans l'espérance d'en
retirer une grosse rançon. Rendu à la liberté et
revenant en France, il tomba malade, à Rhodes, et y mourut en
1398. Il fut inhumé dans l'église Saint-Jean selon son
désir (1).
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|
NOTES:
(1) Extrait de Beauchet Filleau, T. II, page 748.
|
FAMILLE DES DE VIVONNE.
|
Dès les premières années du règne de Philippe
de Valois, un autre gentilhomme poitevin servit lui aussi avec dévouement
la cause du roi de France, et lui demeura fidèle jusqu'à
sa mort ce gentilhomme était un des membres de cette illustre
famille de Vivonne, qui a donne a notre pays tant de nobles serviteurs.
Vivonne (Savary de) seigneur de Thors, les Essarts, Aubigny, Faye, fut
conseiller du roi Philippe de Valois, qui le nomma sénéchal
de Toulouse et de l'Albigeois vers 1334, et l'établit en 1336
capitaine souverain ès parties du Poitou et de la Saintonge,
où il servit avec un chevalier et vingt-quatre écuyers
de son hôtel, depuis le 20 juin 1336 jusqu'au 15 août 1337,
époque où 'il se rendit à Amiens. Il servait en
1337 avec neuf chevaliers, vingt-deux écuyers , et en 1339 avec
deux chevaliers bacheliers et quinze écuyers en 1340, il était
accompagné de quatorze chevaliers bacheliers, et de cinquante-sept
écuyers. Chargé en 1341 de la défense du château
de Saint-Maixent, il fut du voyage de Bretagne. Envoyé en 1344
en Espagne avec l'archevêque de Reims, il renouvela avec ce prélat,
le 1er janvier 1345, l'alliance qui existait entre les deux royaumes.
Le traité fut signé par l'archevêque de Reims pour
le seigneur de Thors e qui ne sçavoit pas écrire ".
Il continua de combattre sous le roi Jean en Poitou et en Saintonge
jusqu'à sa mort, arrivée vers le mois de septembre 1367
(1).
Son fils, de Vivonne Renaut, seigneur de Thors, les Essarts, Faye,
Aubigny, Pouillé, etc., fut sénéchal du Poitou
dès 1353, et en exerça les fonctions avec tant d'intégrité,
qu'il mérita le; surnom de bon sénéchal. Il fut
aussi lieutenant du roi en Poitou, Saintonge et Aunis, gagna la bataille
d'Aunay sur les Anglais, se trouva à celle de Chizé, fut
chargé le 19 octobre 1384, par Charles VI, de faire, avec le
sire de Parthenay, observer en Poitou la trêve conclue avec le
roi d'Angleterre. Il fit montre à Niort, le 16 avril 1385, en
qualité de chevalier banneret, de sa compagnie d'hommes d'armes
composée: lui compris, de 19 chevaliers, 80 écuyers, 9
trompettes et un maréchal-des-logis, pour servir aux gages du
roi en cette guerre, au pays-de Poitou, puis encore le 6 mars 1386 pour
la guerre de Gascogne, '-et servit sous le maréchal de Santerre
en 1387, en Guienne en 1389. Un de ses fils Savary, fit montre à
Poitiers, le 1er août 1387, avec 9 chevaliers bacheliers et 50
écuyers de sa compagnie. Il accom-pagna en 1396, contre les Turcs,
Jean de Bourgogne, duc de Nevers, et périt à la bataille
de Nicopolis (1396) (1), à côté de l'illustre maréchal
de Boucicaut, , fait prisonnier à la suite d'une héroïque
résistance.
De Vivonne Regnault, seigneur de Faye, Aubigny, Les Essarts, fut tuteur
de ses neveux en 1396.. Il rendit pour son propre compte un aveu au
seigneur de. Sainte-Hermine; des terres des Essarts et de Sainte-Hermine,
Pouillé, le 10 septembre 1395, et au comte de Poitou; le 25 mai
1103, de son hôtel de la Motte, sis à Fontenay-le-Comte.
Il était le 25 juin 1397, lieutenant-général du
sénéchal du Poitou, fut conseiller et chambellan bellan
de Charles VI, et retenu avec 50 hommes d'armes pour la défense
de la ville de Paris, sous la conduite du duc de Berry, lors de la guerre
des Armagnacs et des Bourguignons, ayant dans sa compagnie 5 chevaliers,
lui compris, et 15 écuyers qui firent montre à Paris,
le 28 septembre 1405. En 1115 il était sénéchal
du' Poitou(2).
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|
NOTES:
(1) Beauchet-Filleau. - T. II, page 813.
(2) Beauchet-Filleau, Tome ii, page 815.
(3) Beauchet-Filleau, Tome u, page 845.
|
TROUBLES EN POITOU VERS 1384.
- MENACE
D'UNE INVASION ANGLAISE.
|
A la fin du XIVe siècle, les populations, écrasées
sous le poids des impôts et le fardeau de la guerre, cherchant
dans le. pillage et les dévastations le moyen d'échapper
aux exigences tyranniques du fisc, les habitants des campagnes s'assemblent,
s'associent, choisissent leurs chefs et se répandent à
travers le pays. Ces malheureux, connus sous le nom de tuchins, allaient,
dit Bouchet "par les païs es maisons des notables, gens d'église,
bourgeois, marchands et autres, pillaient les dites maisons et tuyoient
ceux qui y trouvoient sans pitié ni miséricorde.."
Pendant que ces tristes événements s'accomplissaient,
le Bas Poitou était menacé d'une invasion Anglaise, et
plusieurs guerriers de race britannique se répandirent sur les
limites du Poitou, avec la pensée de trouver au milieu. des populations
épuisées, des chances certaines de succès. Il en
fut autrement. Le roi convoqua à Niort toute la noblesse poitevine,
et bientôt on vit se presser sous les bannières de France
une foule de guerriers attachés autrefois au parti Anglais, mais
dont la fidélité et la bravoure seront désormais
acquises à la cause nationale. Au milieu de tous ces guerriers,
barons et nobles, on distinguait le sire de Pouzauges, Renaud(1) qui
au siège de Thouars en 1372, était dans le parti Anglais,
et qui avec les sires de Thouars et de Parthenay. (2) se joint à
l'armée du duc de Bourbon, pour son expédition en Aquitaine
contre les Anglais (1385).
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|
ATTAQUE DE NOIRMOUTIER PAR LES
ANGLAIS (1388-90).
BATAILLE DE NICOPOLIS (1396).
|
Au mois de juillet 1388 ou 1390, la flotte anglaise du comte Richard
d'Arundel, composée de 140 voiles, vint attaquer Noirmoutier
(3). Les habitants, réduits à l'extrémité,
s'enfermèrent au château, où ils combattirent vaillamment
et résistèrent à plusieurs assauts. Ce fut des
remparts de la forteresse qu'ils purent constater la retraite de leurs
ennemis à la lueur des incendies qui dévoraient leurs
maisons.
En récompense de cette héroïque défense,
de grands privilèges furent accordés aux seigneurs et
aux habitants de l'île, et confirmés par chacun des successeurs
de Charles VI jusqu'à Louis XIV.
Mais ce n'était pas seulement sur les champs de bataille de
France que la noblesse poitevine versait son sang champion de toutes
les grandes causes, elle allait combattre le Coran qui menaçait
l'Europe chrétienne. A la funeste bataille de Nicopolis, gagnée
par Bajazet sur Sigismond, roi de Hongrie, dont l'armée fut taillée
en pièces, ainsi que la noblesse française conduite par
Philippe d'Artois, connétable de France, et par Jean de Nevers
depuis Jean Sans-Peur, la noblesse bas-poitevine perdit plusieurs 'de
ses membres les plus distingués, notamment Savary de Vivonne,
seigneur des Essarts et de Pouillé, dont nous avons déjà
parlé.
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|
NOTES:
(1) Froissart, dans ses Chroniques, donne avec détail
le récit d'une joute brillante tenue à Vannes en 1381
devant le duc de Buckingham, entre trois chevaliers français
dont faisait partie Renaud, et trois chevaliers anglais.
(2) Guillaume d'Appelvoisin, seigneur d'Appelvoisin et
du Bois-Chappleau, servir dans la compagnie de Guillaume l'archevêque,
sire de Parthenay. - BeauchetFilleau, page 71.
(3) Elle, avait pu, cette même nuée, effectuer;
une descente entre Marans et La Rochelle.
|
DE LA TRÉMOUILLE DÉFIE
EN DUEL LE SIRE DE COURTHENAY, CHEVALIER ANGLAIS.
|
Si la noblesse poitevine tout entière combattait vaillamment
contre les guerriers anglais, resserrant ainsi les liens qui l'attachaient,
aux destinées de la royauté de France, un de ses plus
illustres rejetons,, le sire de la Trémouille, donnait à
la cour de France un éclatant témoignage de sa haine contre
la nation rivale. Défié en duel par le sire de Courthenay,
brillant chevalier anglais, la Trémouille, grand chambellan du
duc de Bourgogne, et ensuite du--roi de France, accepta avec plaisir,
le combat qui, au dernier moment, ne put avoir lieu, sur les instantes
demandes du roi. Le sire de Courthenay s'étant vanté ensuite
de ce qu'il n'avait pu trouver un chevalier' français qui le
voulut combattre, fut provoqué par le sire de Clary, qui le renversa
et le blessa, le contraignant à s'avouer vaincu (1).
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|
NOTES: class="note">(1) Guy de la Trémouille, surnommé le vaillant,
avait refusé l'épée de connétable après
la retraite d'Olivier de Clisson.
|
LES " GRANDS-JOURS "
A POITIERS (1405).
|
Charles VI fit tenir les Grands-Jours à Poitiers en 1405. C'était
une assemblée de présidents, de maîtres de requêtes,
de conseillers à la cour, députés par lettres du
roi et convoqués pour juger toutes matières ,criminelles
et les matières civiles " ès quelles est question
seulement de 600 livres de rente, ou de 1.000 livres pour une fois seulement
pour les appellations verbales et autres qui ont accoutumé d'être
plaidées et jugées en l'audience et instruites à
la barre et jugées ès-dites matières par arrêt,
comme si c'était en parlement séant. " - Le but poursuivi
était en somme de rétablir la justice dans les provinces,
où elle avait été longtemps languissante. Dupleix,
en la vie de Louis XIII, dit qu'on appelait cela tenir les GrandsJours,
par quelque allusion " au grand jour du jugement terrible que Dieu
exercera à la fin du monde. "
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|
NAUFRAGE ET PILLAGE D'UN VAISSEAU
BRETON EN
FACE L'ILE DE BOUIN (4 Mars 1408).
|
" Du château de Vue, près Paimbuf, dépendait
un droit important appelé " Gaif " dans plusieurs chartes
du XIIIe siècle et plus complètement désigné
par des actes postérieurs, sous le nom de Bris-Galois, Naufrages
et Épaves de mer. Il s'exerçait depuis l'embouchure de
la Loire jusqu'au pont de Beauvoir-surMer. Ce droit donnait lieu aux
actes de la barbarie la plus sauvage, au profit des habitants des bords
de la mer et de leurs seigneurs.
Dès qu'il y avait naufrage, ou même apparence de naufrage,
la cargaison et le navire cessaient d'appartenir à leur capitaine
ou propriétaire tout était saisi, puis vendu à
l'encan. "
Dans le naufrage dont nous allons donner le récit sommaire,
aucun des mariniers ne survécut, et l'on voit seulement les officiers
du sire de Rays et de la dame de Bourgneuf se disputer leurs dépouilles
et les débris du navire que ces derniers venaient de démolir.
Le let dimanche de carême 1408, un navire breton chargé
de 18 charges de sel, monté par huit hommes d'équipage
fut, par une tempête, jeté sur la cote de Collet, près
de Bouin. Six marins, en voulant sauver la cargaison, furent noyés
sur place ; les deux autres eurent le même sort tout près
de la terre ferme.
Aussitôt que le fait fut connu, messire Jean Robin, châtelain
de Pruigné, mandataire du sieur de Rays, accompagné de
plusieurs hommes, se rendit sur le lieu du naufrage où ils rencontrèrent
Jean Guinement, châtelain de Bourgneuf pour Mme de la Suze, ainsi
que divers habitants du lieu, qui avaient déjà commencé
à dépouiller et briser le navire. Malgré les objurgations
et défenses faites au nom du sieur de Rays, les envoyés
de la dame de la Suze détachèrent- le mât, coupèrent
les liens et s'emparèrent des cordages, coffres, caisses, boîtes,
viandes, poissons salés, linge, vaisselle, or et argent, et emportèrent
le tout à Bourgneuf " outre la volonté et consentement
des officiers de Monseigneur, lesquels biens montaient à l'estimation
de 350 livres (1) ".
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|
NOTES:
(1) Annuaire de la Société d'émulation,
1886, pages 123, 124 et 125.
|
GOUVERNEMENT DU DUC DE BERRY.
- SES EXACTIONS
A FONTENAY. L'HERMENAULT ET
LE CHATELLIER-BARLOT ASSAILLIS PAR LES
BOURGUIGNONS.
|
Le successeur de Duguesclin, Jean, duc de Berry et comte de Poitou
(1), ne suivit pas longtemps les nobles exemples que lui avait donnés
Duguesclin.
Il aida néanmoins à réparer l'église de
Notre-Dame de Fontenay qui s'en allait en ruines (2) et fit remise de
quelques impôts. Là se bornèrent ses bienfaits.
Livrée à la merci de ses officiers, parmi lesquels le
capitaine du château, Guillaume Odart, se distingua par sa rapacité-,
la pauvre châtellenie tomba dans un état de détresse
pire que le gouvernement de Harpedanne, détresse augmentée
plus tard encore par les brigandages des partis qui se disputèrent
sa possession.
Sous un pareil régime, le commerce fut anéanti, les draperies
et les tanneries furent en partie fermées, et le port, faute
d'entretien, fut envahi par les graviers et la boue que charriait la
Vendée (3).
La situation était on ne peut plus précaire, lorsqu'en,
1412, les Bourguignons, commandés par le sire de Heilley, s'emparèrent
de la ville défendue par Miles II, nommé par lettrespatentes
du 3 janvier 1411, capitaine de la ville et du château (4).
Tout ce que la population était parvenue à soustraire
aux gens du duc Jean fut impitoyablement enlevé par le bourguignon
Heilley, et son souvenir est demeuré en telle exécration
au peuple, que les enfants de la ville et des bourgs circonvoisins n'ont
pas cessé depuis, de traîner chaque année par les
rues, le jour du mercredi des Cendres, un mannequin de paille en chantant
à tue-tête.
Mardi-gras salé
La paille au couté
La barbe au menton
Saute Bourguignon. |
Puis il vont le précipiter au milieu des cris de joie dans la
rivière. Hier encore, lendemain du mardi-gras, ce chant vengeur
composé, il y a 490 ans, retentissait comme par le passé
à nos oreilles.
Les malheureux Fontenaisiens, ne sachant à quel saint se vouer,
demandèrent protection à Germain Paillard, évêque,
de Luçon, attaché au parti du duc de Bourgogne, et obtinrent
par son entremise, quelque soulagement à leurs misères.
Jean sans Peur enjoignit au sire de Heilley de les traiter plus favorablement
et les autorisa même, au nom du Roi, à lever des droits
sur les bateaux du port de Maillé, fatal privilège dont
ils avaient joui autrefois, qui leur attira l'inimitié des Niortais,
rivaux jaloux de leur industrie, et fut la source de nouvelles infortunes.
Jean de Berry ne fut pas plus tôt redevenu maître de Fontenay,
que, pour le punir d'avoir reçu quelques faveurs des Bourguignons,
il le rànçonna sans pitié, et enleva jusqu'aux
hardes et bahuts.; si bien qu'au moment de son décès,
arrivé le 26 mai 1416, les bourgeois étaient littéralement
en chemise, n'ayant que les yeux pour pleurer (5).
L'Hermenault subit le même sort. Le Châtellier-Barlot,
de la commune du Poiré-sur-Velluire, soutint un siège
en règle contre les bandes bourguignonnes qui ravageaient le
pays. En 1415, Vouvent avait eu aussi à subir un siège
meurtrier cont e les partisans d'Arthur de Richemond.
Par la mort de Jean, Fontenay fit, pour quelques semaine encore, retour
au domaine royal. L'atelier monétaire, créé par
le Prince-Noir sur l'emplacement actuel- de l'hôtel du Cerf (6),
reçut de Charles VII une extension plus grande ; on y fabriqua
des écus d'or et surtout des blancs, dont quelques-uns, portant
la lettre F, et trois fleurs de lys dans un cercle, ont été
trouvés en 1889 dans la rue des Loges.
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|
NOTES:
(1) Le 6 juillet 1383, il avait donné Fontenay
à Olivier de Clisson, comme gage d'un emprunt de dix-mille livresd'or
qu'illui avait fait, mais parlettres du 18 juillet de la même
année, Jean de Berry reconnait que le connétable lui avait
remis la ville, château et châtellenie de Fontenay. (Extrait
des Archives de la maison de Rohan. (Archives de Fontenay, T. i, page
291.)
(2) Le prieur de N.-D., frère G. Bernart, qui avait
dirigé les travaux de restauration, recevait en cadeau, le 26
décembre 1419, vingt sous de rente et deux journaux de pré.
-. Arch. Fontenay, T. I, page 311,
(3) Fillon et de Rochebrune, Poitou-Vendée, page
32.
(4) La fille cadette de Miles, descendant de l'illustre
famille des vicomtes de Thouars, devait épouser, quelques années
après, le trop célèbre Gilles de Retz, plus connu
sous le nom de Barbe-Bleue, dont le souvenir sinistre et romanesque
plane encore sur la pittoresque petite ville de Tiffauges.
(5) B. Fillon. - Poitou-Vendée, Fontenay-le-Comte,
pages 32-33.
(6) Cette maison est mentionnée dans un document
conservé à a mairie de Fontenay, et qui porte Ta date
du 11 novembre 1353.
|
FONTENAY, AU COMTE ARTHUR DE
RICHEMOND RÉSISTE AUX RÉVOLTÉS DE LA
PRAGUERIE ET AUX SEIGNEURS DE LA TRÉMOUILLE. EXACTIONS DE GEORGES
DE LA TRÉMOUILLE.
|
Parvenu au trône, Charles VII fit, le 9 mars 1424 (1), don de
Fontenay à Marguerite de Bourgogne, veuve du Dauphin Louis, lors
de son mariage avec Arthur de Richemond, frère du duc de Bretagne.
Sous l'administration éclairée et habile de ce grand capitaine,
Fontenay vit momentanément renaître son commercé
et sa prospérité, et put résister 'victorieusement
aux différents assauts que lui livrèrent les révoltés
de la Praguerie et les seigneurs de la Trémouille.
Fontenay ne fut pas la seule ville du Bas-Poitou qui eut à se
plaindre de la Trémouille. Georges, momentanément favori
et ministre de Charles VII (2), oubliant les bons rapports qui avaient
existé pendant plusieurs siècles, entre sa famille et
le monastère de Luçon, entre violemment dans la forteresse
de cette ville, où l'évêque Élie Martineau
avait, par lettres du 4 mai 1421, chargé Chabot Tristan, seigneur
de Pressigny, de la garde et défense du château, et de
l'église de Luçon (DF 14), avec un capitaine de son choix
et une garnison. Il s'y installe, puis il va mettre le siège
devant le monastère des Moutiers-sur-le-Lay, résidence
habituelle des évêques de Luçon pendant l'été;
bombarde le château, cause là mort de plusieurs moines
et d'un grand nombre d'habitants, traite la contrée en pays conquis,
ravage et confisque les terres de l'évêque et du chapitre,
exigeant en outre un impôt de 700 écus d'or et une taille
de même valeur. Elie Martineau mourut de douleur le 7 février
1424 mais le 27 novembre de la même année, des lettres
patentes datées de Bourges, déboutaient de ses prétentions
Georges de la Trémouille, seigneur laïque des Moutiers,
et l'évêque dépossédé' nommait au
commandement de la forteresse noble homme Tristan Chabot, seigneur de
Pressigny déjà cité.
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|
NOTES:
(1) Le 26 mars de la même année 1424, une
bulle de l'anti-pape Clément VIII, accordait diverses indulgences
aux bienfaiteurs de l'église Notre-Dame de Fontenay. (Archives
de la ville, T. I, page 315). Ces mêmes archives possèdent
la liste des officiers de la châtellenie en 1428.
(2) Georges de la Trémouille, fils de Guy VI, baron
de Sainte-Hermine, seigneur de Mareuil, etc.; grand chambellan de France,
premier ministre d'Etat et gouverneur du royaume, fut fait prisonnier
à Azincourt en 1415. Envoyé par Charles VII vers le duc
de Bourgogne pour traiter de la paix,il fut fait prisonnier à
La Charitésur-Loire, par Péronnet-Gressart, qui lui fit
payer 14.000 écus d'or pour sa rançon, pour indemnité
de laquelle le roi lui céda par lettres-patentes du 29 juillet
1426, tous les impôts, aides et tailles qui avaient été
mis et le seraient à l'avenir sût. toutes les terres qu'il
possédait en Poitou, Limouzin, Anjou, Berry et duché d'Orléans.
Il reçut encore de grands biens de la munificence de ce prince,
près duquel il se trouvait lorsqu'il fut sacré à
Reims, et représenta en cette cérémonie un pair
laïque.
Après une tentative d'assassinat contre lui en 1432, il fut honoré
d'une lettre des l'ères du concile de Bâle, qui le priaient
de favoriser le départ des évêques français
qui devaient s'y rendre. Fait prisonnier par le connétable de
Richemond, jaloux de la faveur du roi, il ne sortit de captivité
qu'en payant une grosse rançon. Mais bientôt il rentra
de nouveau dans les bonnes grâces du roi, qui par lettres du 26
septembre 1435 lui confirma la donation de 1426 le 11 novembre de l'année
suivante, il lui donnait 8.000 écus d'or et 2 capitaineries.
Il reparut à la cour et devint l'ami du dauphin de France, depuis
Louis XI. - Il mourut le 6 mai 1446. - Beauchet-Filleau, tome II, page
750.
|
POITIERS CAPITALE DES PROVINCES
FIDÈLES (21 Septembre 1418)
|
La funeste bataille d'Azincourt (1415) (1) venait de livrer une seconde
fois la France aux Anglais, pendant que les Armagnacs et les Bourguignons
se partageaient ses dernières dépouilles. Le jeune Charles,
réunissant autour de lui tous ceux qu'avait chassés de
Paris la .tyrannie du duc de Bourgogne, transporte dans le midi les
débris de la royauté et s'empare du titre de régent.
La cité de Poitiers devient alors la capitale des provinces dévouées
à ses intérêts, et il y convoque le Parlement de
Paris, cet auxiliaire du pouvoir suprême (2). Dans le préambule
de ses lettres-patentes données à Niort; le 21 septembre
1418, se rencontrent tout à la fois et la position du royaume
à cette époque de désastres et le nouveau rôle
que notre province doit remplir dans les événements des
premières années du XVe siècle.
Dans le mois d'août 1420, transformant en guerriers les, hommes
de son Parlement de Poitiers, il leur ordonnait de visiter, faire démolir
ou fortifier les places du Poitou, ainsi qu'ils le jugeront convenable.
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NOTES:
(1) Un Geoffroy de Châteaubriant, seigneur des Roches-Baritaud,
fut tué à Azincourt. Georges de la Trémouille,
Foucher Antoine, seigneur de Thénies en Saint-Germain-de-Prinçay,
qui servit dans toutes les guerres qui eurent lieu sous Charles VII,
pour chasse les Anglais, y furent faits prisonniers, ainsi que Jean,
seigneur de la Forêt-sur-Sèvre, Jean, seigneur du Puy-du-Fou,
Geoffroy Chasteigner d'Abaixe, seigneur d'Amaillou, et mis à
rançon par Perrinet Greissard, capitaine pour les Anglais, de
la ville de la Charité-sur-Loire, et ce moyennant dix-huit-cents
écus d'or. (Beauchet-Filleau, p. 142.)
(2) Le Parlement siégea pendant dix-huit ans à
Poitiers, et ce long séjour de la cour et du Parlement dans cette
ville a été pour notre pays le commencement d'une ère
nouvelle dont l'influence se fait encore sentir parmi nous.
En 1431, une université était créée
à Poitiers, université qui devint florissante.
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CHARLES VII COURONNÉ
A POITIERS.
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Ce fut au château d'Espailly que Charles VII apprit la mort de
son père survenue au mois d'octobre 1422. Le petit nombre de
guerriers qui lui étaient restés fidèles déployèrent
sur le champ leur bannière semée de fleurs de lys (1)
et le saluèrent du titre de roi. Il se rendit promptement à
Poitiers, où il fut couronné avec plus de solennité
en présence de deux princes du sang, de plusieurs seigneurs,
du Parlement (2) qu'il venait de créer et d'une foule immense
de peuple qui se pressait à cette cérémonie.
Sa situation était déplorable ; à peine quelques
provinces se montraient disposées à soutenir son parti,
et il n'avait pour allié que Louis III duc d'Anjou et roi de
Sicile. .Bedfort commandait en maître dans la capitale, et grossissant
son parti de l'alliance des ducs de Bourgogne et de Bretagne, attaquait
à la fois toutes les villes que Charles possédait encore
sur la rive droite de la Loire.
Les troupes royales avaient été battues à Cravant
et à Verneuil (3), et c'est à peine si quelques succès
partiels, comme celui remporté par un navire d'Olonne sur deux
vaisseaux Anglais devant l'Ile-d'Yeu, le 11 novembre 1425 , venaient
réconforter un peu le roi.
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|
NOTES:
(1) Le drapeau blanc fut alors substitué à
l'oriflamme couleur de feu perdue à Azincourt.
(2) Ce Parlement eut pour avocat général
un illustre Fontenaisien, Jehan Rabasteau, ancien juge prévôtal
au siège de sa ville natale, et qui devait. plus tard être
l'hôte de Jeanne d'Arc, ainsi qne nous le verrons plus loin.
Cette création fut autorisée par une bulle
du pape Eugène IV, en date du 29 mai 1431. Cette université
fut divisée en quatre nations, qui prirent pour devises les noms
de France, Aquitaine, Touraine et Berry, et la direction en fut confiée
à Jean Lambert, professeur de théologie. Un siège
royal y était créé en 1436, et ainsi se terminait
pour notre province le dernier incident de crise nationale. Un sénéchal,
véritable souverain du pays, concentrait entre ses mains la toute-puissance
; de sa volonté émanait le gouvernement embrassant tout,
justice, finances et armes. Le sire de la Roche était sénéchal
du Poitouen 1440.
(3) Un bas-poitevin, Jean Rouault, seigneur de Bois-Ménard,
près PouZauges, fut tué â la bataille de Verneuil,
et un autre, Chabot-Thibaud, seigneur de la Grève,- ancien prieur
de l'Angle aux Chanoines, près Chantonnay, tué â
la Journée des Harengs.
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VICTOIRE D'UN NAVIRE D'OLONNE
SUR DEUX VAISSEAUX ANGLAIS DEVANT LE PORT-BRETON (Ile-d'Yeu).
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Un navire de guerre sorti du port d'Olonne s'arrête auprès
de 1'Ile-d'Yeu, devant le Port-Breton, attendant l'occasion de combattre.
Elle ne tarde pas à se présenter, grâce à
l'arrivée d'un navire Anglais de même force et dimension,
et. la lutte s'engage vive et acharnée. Les Olonnais vont l'emporter,
quand un vaisseau marchand, portant les couleurs de l'Angleterre, se
jette sur le baliguer ou baleinier d'Olonne, et lui fait éprouver
des pertes d'hommes, ainsi que des avaries Le baliguer Anglais profite
de ce secours inattendu pour se dégager et faire retraite, tandis
que le vaisseau auquel il doit sa délivrance, accablé
par les Français, tombe en leur pouvoir. Les maître, conducteur
et compagnons ou mariniers du Dieu-le-Garde, tel était le nom
du baliguer d'Olonne, conduisent aussitôt leur prise à
Noirmoutier, le dimanche soir, 11 novembre 1425.
Ce vaisseau, chargé de vin, venait d'être enlevé
très près de là, à un marchand de Saint-Paul-de-Léon,
nommé Guillaume Laurens. Dès le surlendemain, il arrive
à Noirmoutier et il le réclame comme sa propriété,
offrant du reste aux Olonnais une indemnité convenable pour réparer
leurs avaries et soigner leurs blessés.
Tout en protestant que leur prise est loyale et raisonnable, de leur
bonne grâce néanmoins, et pour avoir amour et dilection
avec Laurens et les autres marchands du duché de Bretagne, Pierre
Beau, Jean Merchoeure et leur équipage acceptent les 150 écus
d'or offerts par le Breton, qui recouvre aussi avec son vaisseau, 22
tonneaux de vin qu'il réclamait.
Les faits qui précèdent, très honorables à
tous égards pour nos marins de la Vendée, sont racontés
dans l'acte original de la transaction intervenue en la cour de Noirmoutier,
huit jours après le combat. Or, ce combat des Olonnais avait
lieu contre les anciens ennemis du royaume de France, au moment où
les affaires de Charles VII étaient en si mauvais état
qu'on l'appelait le roi de Bourges (1).
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|
NOTES:
(1) Extrait de Recherches historiques sur la Vendée,
par Paul Marchegay. (Annuaire 1867.)
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DÉCOURAGEMENT DE CHARLES
VII
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Depuis le mois d'octobre 1428, Orléans était au pouvoir
des Anglais, et l'infortuné Charles VII, accablé de disgrâces,
errant de ville en ville et bientôt sans royaume, cède
à l'infortune qui l'opprime., Près de chercher un asile
dans une cour étrangère, il jette un dernier regard, un
regard de désespoir sur cette belle France, qui ne lui offre
de toutes parts que d'affreux déchirements et un petit nombre
de braves mourant sans vengeance sur les ruines des villes incendiées
qu'ils ont défendues.
A peine quelques places arrêtent encore les progrès de
l'ennemi. A peine une vieille prophétie qui annonce qu'une jeune
fille venue des environs de Bois-Chenu, délivrera le royaume,
soutient encore la confiance des esprits faibles. Tout va périr
quand cette envoyée paraît : c'est une paysanne de 17 ans,
d'une taille noble et élevée, d'une physionomie douce
mais fière. Elle s'appelle Jeanne d'Arc.
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LES BAS-POITEVINS SOUS LA BANNIÈRE
DE JEANNE D'ARC.
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Sous la conduite de Ville-Robert, elle se rend à Chinon, où
était le monarque, et lui déclare que Dieu l'envoie pour
faire lever le siège d'Orléans, et le faire sacrer à
Reims: On donne à cette sublime visionnaire des armes, avec quelques
troupes ; on lui permet de servir son pays. Jeanne fait appel à
la France mutilée elle-lui répond par un cri de dévouement
; et le Bas-Poitou, que nous retrouverons toujours au jour des grandes
luttes et des grands dévouements, envoie ses enfants combattre
sous la bannière de la noble héroïne.
Les castes disparaissent, les différences de fortunes n'existent
plus, le sentiment de la nationalité, qui semble mesurer son
degré de puissance et de vitalité à l'immensité
des malheurs qui frappent la patrie, amène sous les mêmes
étendards, nobles, bourgeois, paysans et ouvriers, désormais
liés par le besoin d'une commune défense.
Parmi les Bas-Poitevins qui accompagnèrent Jeanne d'Arc, on
peut citer Gilles de Bel dit Barbe-Bleue, seigneur de Tiffauges, de
Pouzauges, etc., et maréchal de France, qui portait la Sainte-Ampoule
au couronnement de Charles VII à Reims. Il contribua fort au
ravitaillement de la ville ; Arthur de chemond, gouverneur de Fontenay-le-Comte
et connétable de France ; Dunois, plus tard seigneur de Mervent
et de Vouvent; - Georges de la Trémouille, baron de Sainte-Hermine,
de Mareuil, etc., qui, au sacre du roi, représentait un des pairs
laïques (1) ; Jean de Harpedanne, seigneur de Belleville ; - Pierre
Bastard, de la Châtaigneraie; - Renaud VI de Pons, lieutenant
général en Poitou ; - Jean et Louis de Rochechouart, tués
à la journée des Harengs ; - Joachim Rouault, seigneur
de Bois-Ménard, près Pouzauges, puis maréchal de
France, une des plus grandes illustrations bas-poitevines ; son frère
Abel, et son autre frère Jean décédé en
1434 ; - Louis d'Amboise, prince de Talmont; André de Vivonne,
commandeur de Champgillon ; - Guillaume d'Argenton; Miles II de Thouars,
seigneur de Pouzauges ; - Guillaume Yver, de Fontenay, tué le
5 mars 1429, à côté de la Pucelle. - C'était
Ie plus, riche bourgeois de la Grand'Rue, marié à la fille
du chevalier Colas de la Court. Il avait suivi à la guerre Thibaut-Chabot,
seigneur de Grissay, son suzerain, mort avant lui, le 11 février
précédent, au commencement du siège; avec son compagnon
d'armes, Amaury de Machecoul, seigneur de Velluire et de Brillac.
Guillaume Yver ne fut pas le seul fontenaisien qui se soit trouvé
mêlé à cette glorieuse épopée dont
une pauvre fille du peuple fut la sainte héroïne. Un autre
d'entre eux eut avec elle des relations plus directes. Lorsqu'elle fut
conduite à Poitiers pour être soumise à un absurde
et ridicule examen, elle reçut l'hospitalité dans la maison
de Jean Rabasteau, ancien juge prévôtal de Fontenay, et
alors avocat général au Parlement, où elle fut
entourée de la plus touchante sollicitude. Et lorsque Charles
VII se souvint enfin qu'il devait une réparation à la
mémoire de cette grande et patriotique victime de son ingratitude,
des détails pleins d'intérêt furent fournis sur
la Pucelle par la femme de ce digne magistrat, que la mort empêcha
de figurer au procès de réhabilitation (2).
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|
NOTES:
(1) Chabot-Perreval, seigneur de la Turmelière
et de Lire, assista aussi au sacre de Charles VII à Reims, le
17 juillet 1429. - Brouillé d'abord avec le sire de la Trémouille,
favori du roi, il fit ensuite avec lui une alliance offensive et défensive
en vers et contre tous en 1434. Dans ce traité, il est qualifié
de seigneur de Gonor. Il était capitaine de la Roche-sur-Yon
en 1437 (Beauchet-Filleau, page 576.
(2) Fillon, Beauchet-Filleau, - René Vallette,
- Daniel Lacombe. Voir de ce dernier, dans la Revue du Bas-Poitou, 4e
année, pages 4-7-48, etc., un remarquable travail sur Rabasteau.
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FÊTES A FONTENAY A L'OCCASION
DE LA DÉLIVRANCE D'ORLÉANS. ARTHUR DE RICHEMOND CONTINUE
SES EXPLOITS CONTRE LES ANGLAIS. TRISTAN CHARRUYEAU, LIEUTENANT DU CAPITAINE
DE LA GARNISON DE SAINTE-HERMINE PENDU A POUILLÉ le 17 MAI 1434.
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La nouvelle de la délivrance d'Orléans (8 mai 4429),
fut accueillie, à Fontenay surtout, par des transports de joie.
En présence du connétable Arthur de Richemond, cet ennemi
impla cable des Anglais, on exécuta sur les places publiques
des danses villageoises et des jeux rustiques, auxquels prirent part
les paysans des environs.
Les Fontenaisiens mirent même tant d'entrain, que d'après
le compte de Robin Denizot, receveur ordinaire de la châtellenie,,
Olivier Duval et aultres, rompirent leurs chausses en jouant aux barres,
et, pour réparer ces accidents, il leur fut donné trois
écus d'or pour en avoir des neuves.
Les victoires d'Orléans, de Patay, de Beaugency et de Troyes,
la délivrance de Reims, le sacre de Charles VII, qui avaient
mis la France "en grande joie " devaient précéder
de bien peu là fin tragique de la grande Lorraine (30 mai 1431).
Le bûcher de Rouen, sa dernière étape, devait lui
donner l'auréole du martyre,-afin que rien ne manquât à
cette grande et pure renommée dont le souvenir, perpétué
par l'airain en face 'la sanglante trouée des Vosges, dit à
la grande et chevaleresque nation qu'elle ne périra point.
Par un soudain retour des choses d'ici-bas, cette honteuse exécution
fit détester encore davantage le joug des Anglais dans toutes
les provinces qui leur étaient soumises ; Arthur de Riche mond
sût mettre à profit ce réveil du sentiment national.
Aussi intelligent et honnête administrateur que grand capitaine,
il se défait de Giac, indigne ministre qui détournait
l'argent destiné aux frais de la guerre, rétablit la discipline
dans l'armée, crée les compagnies d'ordonnance et va mettre
le siège devant Paris qui lui ouvre ses portes. A peine le roi
a-t-il fait son entrée solennelle dans sa capitale, d'où
il avait été banni depuis dixneuf ans, que Richemond poursuit
le cours de ses expéditions, rétablissant l'ordre au fond
des provinces, et faisant pendre, le 17 mai 1434, à Pouillé,
Tristan Charruyeau, lieutenant du capitaine de la garnison de Sainte-Hermine
qui s'était souillé de plusieurs crimes.
Secondé par Dunois, il reprend aux Anglais la Normandie (1)
la Guyenne et Bordeaux. La bataille de Castillon (1453) terminait la
Guerre de Cent-Ans.
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|
NOTES:
(1) Jacques II de Surgères, seigneur de la Flocelière,
conseiller et chambellan honoraire de Charles VI et de Charles VII,
fut par lettres-patentes du roi dispensé, ainsi que Pierre du
Puy-du-Fou, Guillaume Boussart et Jean Bouscher des Echardières,
employés à la garde de ses places fortes et défensables;
de la Flocelière, Cerisay et Saint-Symphorien, d'aller recouvrer
la Normandie occupée par les Anglais.
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LA PRAGUERIE (1440). - CHARLES
VII EN BAS-POITOU (1442).
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Les maux de la nation avaient été en partie réparés
par l'administration habile de Charles VII, et le pays en général
jouissait d'une ère de paix qu'il n'avait pas connue depuis longtemps,
mais le monarque, au milieu de sa gloire, était à plaindre.
Aussi malheureux. père qu'il avait été autrefois
malheureux fils, il eut la douleur de voir le dauphin, depuis Louis
XI, se révolter contre lui (1), à la tête de ceux
qu'il avait autrefois comblés de ses faveurs. Les ducs d'Alençon
et de Bourbon, Georges de la Trémouille, Boucicault; Dunois et
le sénéchal du Poitou, Jean de la Roche, étaient
à la tête des mécontents.
Ils s'emparent de Niort et de Saint-Maixent, mais le roi se porte contre
eux, reprend Saint-Maixent, livré au dauphin par un traître,
nommé Jacques, le fait écarteler, dédommage l'abbaye
de ses pertes et court dans le Bourbonnais, où il achève
la ruine du parti.
A la suite de ces événements, Niort perdit sa commune
qui lui fut restituée dès 1442.
A cette même époque, le Bas-Poitou était lui aussi
exposé à beaucoup de déprédations causées
par la présence des gens de guerre. Le roi ne voulut pas que
de pareilles calamités se prolongeassent plus longtemps, et il
se mit en marche, bien décidé à réprimer
énergiquement des. actes- de vandalisme qui épouvantaient
les populations. Les châteaux des Essarts et de Palluau étaient
de véritables repaires de brigands. Le duc de Bretagne les occupait
de force, au préjudice de la veuve du comte d'Avaugour, et ses
gens y transportaient leur butin. Le duc n'attendit pas l'arrivée
du roi, et à Saumur il vint lui offrir ses hommages, en même
temps qu'il faisait remettre au connétable de France, les' châteaux
de Palluau et des Essarts.
Charles VII n'en poursuivit pas moins sa route. Après quelques
jours de marche, il arriva à Mareuil et de là se porta
sur Sainte-Hermine. Les châteaux de ces deux petites places appartenaient
au sire de la Trémouille. Comme ceux de Palluau et des Essarts,
ils étaient occupés par des bandes de voleurs. Le roi
les menaça des peines les plus sévères et leurs
chefs intimidés mirent fin à leurs brigandages (2).
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|
NOTES:
(1) Deux ans auparavant (1438), le même dauphin
avait été chargé par son père, à
la demande de l'évêque de Poitiers, du, seigneur de la
Chàtaigneraie, du lieutenant de Niort, du bailli de Parthenay,
du sénéchal de Fontenay, de délivrer les campagnes
du Poitou des écorcheurs, ayant à leur tête la Trémouille,
d'Amboise, le bàtard de Bourbon, Jean et Guy de la Rochefoucault
qui, rendus pour ainsi dire indépendants à la faveur des
troubles, ne rougissaient point de s'enrichir par des brigandages.
(2) Merland, T. V, pages 284 et 285.
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PILLAGE DE L'ABBAYE DE SAINT-MICHEL-EN-L'HERM
(1452).
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La guerre de Cent Ans n'était pas encore finie que SaintMichel-en-l'Herm
devait être de nouveau attaqué par plusieurs seigneurs
poitevins chez lesquels se montrait déjà l'esprit de réforme
que le savant pape Pie II prévoyait, lorsqu'il dépeignait
en termes énergiques, la situation désolée faite
aux pauvres travailleurs par les maîtres de la terre.
En 1452, l'abbaye fut prise par le vicomte de Thouars, Louis d'Amboise,
homme débauché, joueur émérite, et le sire
de Châteaubriant. Ces deux seigneurs avaient entraîné
avec eux un nombre considérable de gentilshommes. Parmi leurs
complices se trouvaient : Jean de Viliers, capitaine du. château
de Saint-Paul; Pierre de Nahiers, fils du seigneur de Nahiers, près
du Puy-du-Fou; Gilles Rigault, chevalier, seigneur de Millepié;
Alexis de la Pastelière, près de Cerisay : Jean Goulait,'
écuyer seigneur de la Passière, près Saint-Mesmin-le-Vieux;
Guillaume Chasteignier, écuyer, fils du seigneur en partie de
Réaumur; Louis Guillon, écuyer, seigneur de la Vaudrière,
près Aubepère ; Alexis Hongre, écuyer, seigneur
de la Blandinière ; Savary Desoulières, écuyer,
seigneur de Peletaut, paroisse de Bazoges ; Jacques Paon, fils de Guillaume
Paon de Vieil-Voildroux Jehan Daniau de. Chantonnay ; Jacques de Planteis,
fils de Pierre Planteis de Chantebuzin, de la châtellenie de Paluvou.
L'affaire fut portée devant le Parlement, et n'était pas
terminée en 1455. On menaça les coupables de bannissement
et de la confiscation de leurs biens en cas de récidive, et l'affaire
en resta là (1).
Fontenay avait appris avec une vive allégresse les succès
remportés par Richemond. Il était fier de son suzerain
et de ses enfants, dont beaucoup avaient bravement servi la cause de
l'indépendance française sous la bannière dn grand
connétable, et si l'histoire n'a pas enregistré les noms
de tous ces vaillants, les Fontenaisiens ont conservé pieusement
ceux de Régnault Poisson et de Raoul Billaud, tués aux
cotés de leur seigneur.
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|
NOTES:
(1) Louis Brochet. - Histoire de l'abbaye royale de Saint-Michel-en-l'Herm
page 39.
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NOUVELLE ENTRÉE TRIOMPHALE
D'ARTHUR DE RICHEMOND A FONTENAY APRÈS L'EXPULSION DES ANGLAIS
(1453). - TRAVAUX DIVERS EXÉCUTÉS PAR ORDRE DU CONNÉTABLE.
PRISE DE POSSESSION DU CHATEAU DE FONTENAY AU NOM DU ROI (2 Janvier
1459).
|
Arthur de Richemond fit " dans sa bonne ville " comme en
1429, une entrée triomphale (1); les registres de 1453 mentionnent
encore une somme de sept écus d'or (environ 450 fr.) dépensés
en réjouissances faites en novembre aux frais du connétable
à l'occasion de l'expulsion définitive des Anglais.
Les soucis de la politique et les soins de l'armée n'empêchaient
pas de Richemond de veiller aux intérêts de Fontenay, qui
vit augmenter considérablement sa population. Presque tous ses
monuments datent de lui ; le château fut restauré et devint
une puissante citadelle(,), Saint-Thomas fut reconstruit ainsi que l'église
des Jacobins; celle de Saint-Nicolas, dont nous donnons ci-contre un
joli vitrail, fut réédifiée, et Notre-Dame, qui
ne pouvait plus suffire aux besoins du culte, fut rebâtie sur
les plans de deux maîtres maçons du pays, Sylvestre Ernault
et Guillaume Mercier. On ne conserva que la crypte de l'ancien édifice
roman retrouvé le 2 janvier 1846. Sous l'habile direction des
deux architectes fontenaisiens, s'élevèrent au moins,
dans leurs parties principales, ces deux façades superbes, ces
pinacles, ces galeries ajourées, ces hardis clochetons, qui bravent
l'effort des ouragans.-Pas une pierre qui ne soit fouillée artistement
et tourmentée : aux portails, une nuée de statues sur
leurs socles sculptés, sous leurs dais ciselés,. suit
les lignes de l'ogive, ou la puretéé du style le dispute
au talent de ces " tailleurs imagiers " qui s'appelaient Bastien
de Montreuil, Jacob Leroux et Guyot Giraudeau.
Vitrail de l'église Saint-Nicolas (commencement
du XVe siècle)
Dessin à la plume de la collection B. Fillon
Basilique dont la force est cachée sous la grâce "
belle à deux pas, belle à deux lieues " a dit un
poète. Notre-Dame paraît être dans l'ensemble de
ses conceptions architectoniques, un défi aux lois de la pesanteur,
une gageure avec l'impossible, un rêve irréalisable et
partout réalisé, une folie architecturale qu'un souffle
des vents devait faire évanouir. Cependant, depuis près
de- cinq siècles, ce magnifique vaisseau a conservé au
moins dans ses grandes lignes, le travail de ces vaillants artistes
du moyen âge, dont la patience et le talent sont aujourd'hui pour
nous un sujet d'étonnement (3).
Devenu duc de Bretagne en 1456 par la mort de son neveu Pierre II,
Arthur de Richemond n'en continua pas moins, Malgré ses nobles,
le titre de connétable de France, disant qu'il voulait honorer
dans sa vieillesse une charge dont il s'était ; honoré
toute sa vie. Arthur termina glorieusement sa carrière le 28
décembre 1458. Les officiers du roi ayant à leur tête
Louis de Beaumont, se hâtèrent aussitôt de prendre
possession de Fontenay le 2 janvier 1459, ainsi que l'établit
le document ci-après, extrait du chartrier de Thouars-, par le
savant et regretté M. Paul Marchegay.
" Nous, Loys de Beaumont, chevalier, seigneur du Plessis-Macé
et de la Fourest (4), conseiller et chambellan du roi, notre seigneur
et son sénéchal en Poictou, certifions à tous par
ces présentes, que le second jour de janvier 1459, en notre compagnie,
maître Jehan Chevredens, procureur du roi en Poictou, nous sommes
transportés en la ville et châtel de Fontenay-leComte,
que tenoit en son vivant feu monseigneur le duc de Bertaigne, auquel
châtel avons trouvé Robin Denisot (5), soi partant lieutenant
de Charles de Montmorency, écuyer, capitaine dudit châtel
au temps dudit feu monseigneur le due auquel Robin Denisot, nous avons
fait commandement, sur telles peines que le droit de nous bailler et
mettre entre les mains du roi le dit castel de Fontenay-le-Comte, appartenant
au roi, comme étant de son vrai domaine. Lequel, en obéissant
au roi, nous a fait ouverture dudit châtel et nous en a baillé
les clefs ; et celui chatel avons mis et mettons en la main. du roi,
et (avons) baillé en garde, sous la dite main au dit Robin Denisot,
parmi ce qu'il nous a promis et juré de bien et loyaument. garder
le dit chatel au profit du roi notre dit seigneur et de ses sujets,
et que en icelui il ne soufferra (6) ni laissera entrer personne sans
le congé du roi, notre dit seigneur ou de nous, par ces présentes
signées de nos seing manuel et scel de nos armes, en l'absence
du scel de la sénéchaussée de Poictou.
Donné et fait le jour et an que dessus.
L. DE BEAUMONT.
Charles VII penche vers la tombe (7), et une ère nouvelle va
commencer pour notre pays.
Le moyen âge vient de prendre fin avec l'empire fondé
par Constantin sur les rives du Bosphore ; le pays est délivré,
son indépendance assurée, sa nationalité douloureusement
enfantée, s'est glorieusement affirmée. Si dans cette
lutte séculaire pour reconquérir les frontières
perdues toutes les provinces firent leur devoir, il est pourtant des
villes qui ont le droit d'être fières du rôle qu'elles
y jouèrent, et disons-le bien haut (les historiens l'ont trop
oublié), Fontenay mérite assurément une des premières
places dans les fastes militaires de cette époque si tristement
célèbre. Les deux preux, les deux vaillants, les deux
illustres capitaines, qui avec Jeanne d'Arc firent le plus pour la délivrance
du sol sacré de la patrie, furent deux seigneurs de Fontenay,
Bertrand Du Guesclin et Arthur de Richemond.
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|
NOTES:
(1) Il avait séjourné à Fontenay
au mois de janvier 1443, avec sa seconde femme Jeanne d'Albret.
(2) Aujourd'hui il ne reste plus guère de cette
époque que la grande terrasse.
(3) Au XVIe siècle, Notre-Dame de Fontenay était
encore une riche et artistique cathédrale du Poitou.
(4) Le Plessis-Maté en Anjou, et la Forêt-sur-Sèvre,
à la limite de la Vendée et des Deux-Sèvres.
(5) Voir Histoire de Fontenay-le-Combe par B. Fillon,
page 77.
(6) Souffrira.
(7) C'est sous le règne de Charles VII, pendant
les premières vêpres de la Toussaint 1460, que se produisit
en Bas-Poitou un soulèvement du sol qui rattacha l'île
de Maillezais au continent.
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JOACHIM ROUAULT, MARÉCHAL
DE FRANCE, SEIGNEUR DE BOIS-MESNARD, PRÈS POUZAUGES.
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A côté de ces deux illustres guerriers, figure encore
en très bonne place, un vaillant bas-poitevin, qui devait finir
sa carrière sous Louis Xl, et auquel il serait injuste de ne
pas consacrer ici quelques lignes :
Joachim Rouault, seigneur de Bois-Mesnard et de Gamaches, seigneur
de Fronsac, gouverneur de Paris, sénéchal de Poitou et
de Beaucaire, conseiller, chambellan du roi, maréchal de France,
fils de Jean Rouault, seigneur de Bois-Mesnard, tué à
la bataille de Verneuil, en 1424, naquit vraisemblablement vers 1409,
dans le vieux manoir paternel, situé près de Pouzauges,
dont il ne reste plus guère aujourd'hui que des ruines. Il s'éleva
de très bonne heure à une grande fortune, car dès
1448 il est sénéchal du Poitou. L'année suivante
il marche à côté du dauphin, après s'être
distingué à Creil et à Pontoise, il prend une part
active à la conquête de la Normandie et de la Guyenne,
et après la prise de Bordeaux est fait connétable de cette
ville en 1451. Vainqueur à Castillon, il est, pour ce fait d'armes,
nommé maréchal de France par Louis XI, à peine
monté sur le trône, le 3 août 1461. Lors du sacre
du roi à Reims, il remplit, pendant le repas, les fonctions de
grand écuyer, et à la rentrée solennelle dans Paris,
il paraît au centre du cortège, portant l'épée
du souverain.
Regardé comme un des meilleurs hommes de guerre de son temps,
Rouault se trouve mêlé à tous les événements
de l'histoire de France à cette époque. Il s'était
signalé à la bataille de Formigny, en 1450, au siège
de Blaye, en 1451, et avait défendu contre le duc de Bourgogne
(1472), Beauvais, siège illustré par le dévouement
de Jeanne Hachette, à côté de laquelle il combattit.
Rouault fut récompensé de tant de bravoure par le don,
en 1466, de la châtellenie de Nalliers. " Homme d'extréme
vertu et noblesse et qui longuement exerça son office "
dit le catalogue des maréchaux de Jean le Féron, il servit
utilement la politique de Louis XI, . qui lui accorda sa confiance et
l'appelait ordinairement le maréchal Joachim, saris le confondre
avec ses familiers que l'histoire a flétris. Cette confiance,
vers la fin de la vie du maréchal, lui fut retirée à,
la suite .d'une dénonciation portée par le comte de Saint-Pol.
Par, un jugement prononcé à Tours, le 30 mai 1476, il
fut banni de France et ses grands biens lui furent confisqués.
Mais ce jugement inique ne reçut point d'exécution. Il
mourut dans ses terres, le 4 août 1478 et fût, suivant son
désir, inhumé dans l'église des Cordeliers de Thouars.
Un de nos compatriotes, André Rivaudeau, dans son hymne à
Marie Tiraqueau, fait l'éloge en vers :
De ce preux Joachim qui mérite bien d'estre
Maréchal de France et porta le faix
Au profit de ses rois, au siège de Beauvais (1). |
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NOTES:
(1) Voir la sùite dans Biographies vendéennes,
par Merland, pp. 319, 320, etc.
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LA TABLE DE OLIVIER DE COÉTIVY
A FONTENAY-LE
COMTE AU, COMMENCEMENT D'AVRIL 1451.
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Plusieurs documents conservés dans le chartrier de Thouars,
et dont les originaux ontété jadis mis sous nos yeux parle
regretté M. Paul Marchegay, font connaître comment était
servie, au milieu du XVe siècle, la table des grands seigneurs
et de leur maison, et ils indiquent le prix des aliments, dans la préparation
desquels les épices n'étaient pas épargnés.
Nous croyons être agréable à nos lecteurs en reproduisant
ici la partie du document qui a trait au voyage que fit 'à Fontenayle-comte
l'un des plus braves serviteurs de Charles VII, Olivier de Coetivy,
grand sénéchal de Guyenne, quelques années avant
son mariage avec l'une des filles légitimes d'Agnès Sorel,
Marie de Valois.
Olivier de Coétivy vint au commencement d'avril 1451 passer
trois jours à Fontenay, où il devait avoir une entrevue
avec André de Laval, maréchal de France, relativement
au projet de mariage de ce dernier avec Marie de Rays, dame de Pouzauges
et de Tiffauges, veuve sans enfant de l'amiral Prégent de Coétivy,
frère aîné d'Olivier. - Tous les comestibles n'étaient
ni fournis ni préparés par l'hôte, mais par les
pourvoyeurs et cuisiniers, qui faisaient nécessairement partie
de- la suite d'un grand seigneur.
Accompagné de ses principaux officiers et serviteurs, au nombre
de vingt-neuf, Olivier de Coétivy, . parti de Taillebourg le
matin du 31 mars 1451, arriva dans notre bonne ville pour dîner
et souper, le 'jeudi 1er avril. - Ainsi qu'on le remarquera, le voyage
ayant été effectué pendant le carême, la
prescription du maigre avait été observée avec
une rigoureuse exactitude.
Le jeudi 1er jour d'avril, dîner et souper,
à Fontenay
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Sous
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Deniers
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En quatre douzaines de pain, de 2 deniers
la pièce........................
En gros pain et échaudés .............................................................
Sept pots de vin blanc, de 12 deniers le pot..................................
Six merlus frais, de 2 sols 6 deniers la pièce .................................
Moules........................................................................................
Huit sèches .................................................................................
Une douzaine de harengs..............................................................
Deux livres de raisiné....................................................................
Une livre d'amandes ....................................................................
Cinq livres et un quarteron d'huile d'olive.......................................
Une livre de gingembre moulu.......................................................
Une livre de sucre ........................................................................
Une livre de confitures...................................................................
Deux torches................................................................................
Demi-pipe de vin blanc pour celui du jour......................................
En la livrée de 30 chevaux; compris celui de Collinet, à
2 sols 6 deniers chacun .............................................................................
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8
2
7
15
10
3
»
»
»
5
8
9
10
8
40
75
|
»
6
»
»
»
4
15
16
20
3
4
2
»
4
»
»
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Le vendredi 2e jour du dit mois d'avril, diner et
souper, audit lieu de Fontenay
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Sous
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Deniers
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En quatre douzaines de pain, de 2 deniers
la pièce ..................................
En gros pain et échaudés.................................................................................
Vin blanc de la provision du jour devant.....................................................
Sept pots de vin clairet, de 12 deniers le pot .............................................
Trois pots et demi de vin vermeil, de 20 deniers le pot ..........................
Trois merlus frais................................................................................................
Deux rayes ..........................................................................................................
Six sèches fralches..............................................................................................
Six plies, six mulets, cinq soles.........................................................................
Six livres de beurre, de 15 deniers la livre.....................................................
Deux livres de raisiné........................................................................................
Une livre de riz...................................................................................................
Deux livres d'amandes.....................................................................................
En la livrée de 30 chevaux, au prix dessus dit.............................................
Au dit lieu de Fontenay, pour une paire de bottines à Monseigneur....
Pour une paire de souliers à Yvonet...............................................................
Pour une paire de souliers à Piétrequin ........................................................
Pour une paire de souliers à messire Guillaume..........................................
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8
»
»
7
5
10
6
2
10
7
»
2
3
75
5
4
4
4
|
»
20
»
»
10
»
8
6
»
6
16
6
4
»
»
2
2
2
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Le samedi, 3e jour du dit mois, dîner et
souper, au dit lieu de Fontenay
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Sous
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Deniers
|
En quatre douzaines de pain, 2 deniers
la pièce...................................
En gros pain et échaudés.......................................................
Vin blanc de la provision devant dite.............................................
Neuf pots de vin clairet, de, 12 deniers le pot..................................
Deux pots de vin vermeil, u prix dessus dit....................................
Un congre et trois merlus frais..............................................
Quatres sèches, une plie et deux douzaines de soles.......................
Deux aloses achetées le jour devant...................................
Quatre aloses achetées le dit jour..........................................
Saumon....................................................................
Cinq beschetones...............................................
Une livre de raisiné..................................................................
Six livres de beurre..................................................................
Epinards, persil et vinette............................................................
Pommes.......................................................................................
En la livrée des dits 30 chevaux, au prix dessus dit....................................
En droguerie pour les chevaux........................................................
En déaculou (1) pour Monseigneur....................................................
En l'ambourrure de cinq selles, deux lacets à trousser
les faux-étriers et bander la selle de Monseigneur et
appareiller les harnais
A Jean de Villaines, serviteur de Monseigneur de Puy-Jarreau,2
sols 6 deniers, qu'il disait avoir payé pour appareiller
lesselles de son dit maître, pour ce
En cinq fers et demi aux chevaux de Bracquemont
En cinq fers aux chevaux de Monseigneur de Puy-Jarreau
En deux fers aux chevaux de Me Jehan Burdelot
En deux fers aux chevaux de Me Guy Burdelot
En treize fers aux autres chevaux |
8
2
»
9
3
11
7
11
16
10
5
»
7
»
»
5
75
»
2
7
2
5
5
2
2
13 |
»
1
»
»
4
3
6
8
8
»
»
8
6
10
10
»
»
15
6
6
6
6
»
»
»
» |
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Sous
|
Deniers
|
En deux douzaines de pain au prix
dessus dit
En échaudés
Vin blanc, de la provision devant dite
Six pots de vin clairet, au prix dessus dit
Deux pots de vin vermeil
Six soles et un turbot
Deux livres de beurre
Une livre de raisiné
Un quarteron de sucre
En la dinée des dits 30 chevaux
En 30 mesures d'avoine, le dit jour au matin
En sucras, pour les trois jours dessus dits
Pour la belle-chère, les dits trois jours et demi, au
logis de Monseigneur
Pour la belle-chère, au logis de Monseigneur de Puy-Jarreau
etle lieutenant de Saint-Jean, demi-écu, pour ce
Pour la belle-chère, au logis de Braquemont, Jean Conou,
JeanTaule et Guiou Renou
Pour graisse et vinaigre, pris au dit logis, pour les chevaux
Pour la façon d'un pâté de lamproie et trois
de saumon |
4
»
»
6
3
15
2
»
2
25
12
4
45
13
15
2
2 |
10
»
4
»
6
8
6
»
6
2
»
9
»
6
6 |
Si l'on tient compte du rapport existant entre la valeur de l'argent
à cette époque et à la nôtre, on arrive
à cette conclusion que le dîner et le souper de Olivier
de Coétivy, pendant le carême 1451, coûtaient en
moyenne 600 francs de notre monnaie actuelle.
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NOTES:
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