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MONUMENTS MÉGALITHIQUES - BOIS
CONSACRÉS - EMPREINTE DU
CHRISTIANISME - ANALOGIE ENTRE
CERTAINES FÊTES CELTIQUES
ET CERTAINES FÉTES CHRÉTIENNES, .
MÉGALITHES
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Les druides n'avaient point, à ce qu'il paraît, de temples
dans le vrai sens du mot, mais il nous est resté de cette époque
reculée, et peut-être même d'une époque
encore antérieure, une grande quantité de monuments
informes et grossiers, appelés mégalithes (1), monuments
construits de grandes pierres qui, pour la plupart, ne pouvaient avoir
qu'une destination religieuse.
Il semble pourtant démontré aujourd'hui que les tumulus
et les dolmens étaient des sépultures ; des auteurs
y ont vu des autels. Quoi qu'il en soit, l'affectation de ces divers
monuments est plus ou moins hypothétique, et il est prudent
de surseoir encore à une conclusion définitive. Sans
doute ces ouvrages sont liés à de grands faits historiques
ou moraux, mais le sens exact nous échappe encore, et il faut,
pour le présent du moins, se résoudre à considérer
cette question comme l'un des desiderata de la science archéologique.
Si l'on parcourt certaines régions du nord de la Vendée,
la Châtaigneraie, Pouzauges, Le Châtelier, la Verrie,
la Gaubretière, Montaigu, et surtout celles de l'ouest et du
nord, Talmont, Avrillé, le Bernard, Saint-Vincent-sur-Jard,
Saint-Sornin, Challans, Beauvoir, l'Ile-d'Yeu, Noirmoutier, on ne
peut marcher une journée sans rencontrer un de ces monuments
bizarres, qu'on appelle improprement druidique. Le nombre en diminue
malheureusement par l'effet du vandalisme de certaines gens qui, pour
un maigre profit, n'hésitent pas à casser et chatouiller
ces grandes pierres, comme disent les paysans de Chauché qui,
pour leur part, en ont détruit un assez grand nombre dans la
forêt de Grala.
Ceci dit en passant, nous allons décrire les principaux mégalithes
qui demeurent encore en Vendée, afin d'en perpétuer
au moins le souvenir.
Le Menhir ou Peulven est, comme l'indique la langue celtique, une
pierre longue, un pilier de pierre planté debout. Si le menhir
est une pierre isolée de forme ronde ou ovale et polie, comme
les galets de la mer, on l'appelle ordinairement le pavé de
Gargantua, dont des types existent notamment à Avrillé,
le Bernard, les Epesses, Commequiers, Olonne, Chateau-d'Olonne, Longeville,
Saint-Hilaire-de-Loulay, Bazoges-en-Paillers, Monsireigne, les Roches-Baritaud,
près Chantonnay, Saint-Sornin, Saint-Benoît-sur-Mer,
le Tablier (2).
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Le Cromlech est une réunion de menhirs formant une enceinte
presque toujours circulaire, au milieu de laquelle est un menhir isolé
ou un dolmen.
Les Cromlechs ont une grande analogie avec les périboles sacrées
qu'on voyait chez les peuples orientaux, et servaient, à ce
qu'on croit, de temples et de cours de justice. On en trouve un type
assez remarquable dans la commune de la Verrie, et des fragments nombreux
au lieu dit Bois des justices, situé à près de
300 mètres de hauteur entre les Herbiers et Saint-Michel-Mont-Mercure.
Un double cercle de menhirs rayonnait jadis autour du dolmen de la
Frébouchère, près d'Avrillé, sur un diamètre
de 500 mètres. Il en reste encore 3 dans la première
enceinte et 5 dans la seconde.
Le Lichaven se compose de trois pierres, dont deux sont debout et
la troisième placée sur leur sommet comme le dessus
d'une porte : on pense que c'étaient des espèces d'autels
pour oblations. On en trouve notamment dans un fief de vignes de la
commune- de Saint-Philbert-du-Pont-Charrault et à l'Ile-d'Yeu.
Les Boulers sont d'énormes blocs si bien équilibrés
sur un rocher que la main d'un enfant suffit pour leur imprimer un
mouvement oscillatoire, telle est la pierre branlante située
dans la commune de l'Orbrie, sur les bords de la Vendée et
celle de la Tour de la Verrie.
Le Dolmen qui ressemble un peu au lichaven se compose d'une table
de pierre d'un à trois pieds d'épaisseur posée
à plat horizontalement sur des pierres plantées debout
l'une à côté de l'autre. Le mot qui les caractérise
vient de dol, qui signifie maison et de men, qui veut dire pierre.
Le plus remarquable, connu sous le nom de dolmen de la Frébouchère,
se trouve dans la commune du Bernard, et l'on se demande par quelle
force on a pu, à cette époque où la civilisation
n'était certainement pas très avancée, transporter
cette masse énorme, et par quelle puissance de mécanique
on `a pu soulever et asseoir à 2 mètres de hauteur,
la pierre formant voûte, laquelle, d'une longueur de 8 mètres
sur 5 mètres de large pèse plus de 100,000 kilogrammes.
On peut citer ceux de Xanton-Chassenon (3), La Verrie, Saint-Hilaire-du-Bois,
Cheffois, Noirmoutier, L'Ile-d'Yeu, La Tranche, Saint-Martin-de-Brem,
.
On donne le nom de galgals ou tombelles à des monuments de
pierre de forme conique qui atteignent quelquefois 30 à 40
pieds d'élévation. Les plus célèbres se
trouvent au Pé-des-Fontaines, commune du Bernard.
Enfin les Barows ou Tumulus sont aussi des buttes artificielles,
mais composées de terres et non de cailloux. De beaux spécimens
existent notamment à Beauvoir-sur-Mer, aux Châtelliers-Châteaumur,
dans le canton de Pouzauges, aux Lues, à Beauvoir, à
Vairé, à Saint-Nicolas-de-Brem (4).
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Il est impossible de rendre l'effet fantastique de ces centaines
de géants d'altitudes diverses, de dimensions inégales,
dont la couleur grise se détache ici sur le vert sombre des
pins, là sur le jaune doré de l'ajonc, au loin sûr
l'azur du ciel. Nous en avons vu quelques-uns au milieu du jour, d'autres
au soir sons le feu du soleil comme dans les vapeurs du crépuscule,
et nous n'avons rien trouvé à comparer dans leur grandeur
sauvage à ces témoins d'une époque bien éloignée
de nous.
Que dans ces monuments que l'on rencontre dans plus de 50 communes
de la Vendée, on veuille voir des autels, des tombeaux ou de
simples souvenirs de quelques événements, ces mégalithes
n'en sont pas moins imposants, quoi qu'on en ait dit. Ils ont pourtant
quelque chose de singulièrement triste et rebutant. On croit
sentir dans ce premier essai de l'art, une main déjà
intelligente, mais aussi dure que le roc qu'elle a faconné.
Nul signe, nulle inscription, si ce n'est peut-être sous les
pierres couvertes du Bernard,ou sous le beau dolmen de Xanton-Chassenon
; encore ces signes sont si peu distincts qu'on est tenté de
les prendre pour des accidents naturels. Si vous interrogez les gens
du pays, ils répondront que ce sont les maisons des Korrigans,
des Courils, petits hommes lascifs qui, le soir, barrent le chemin
et vous forcent de danser avec eux jusqu'à ce que vous en mouriez
de fatigue. Ailleurs, ce sont les fées, qui, descendant des
collines de la Roche aux Moines en filant, ont apporté ces
rocs dans leur tablier. Ces pierres éparses sont toute une
noce pétrifiée. Une pierre isolée, près
de Bazoges-en-Paillers, témoigne du malheur d'un paysan qui,
pour avoir blasphémé a été avalé
par la lune. Certaines bonnes gens de la Verrie vous diront que les
deux plus grandes pierres plantées sur le sommet de La Tour
sont la première : la quenouille de la femme de Gargantua,
et la seconde son fuseau. Quant aux gros morceaux de granit qui se
trouvent à coté, ce sont les graviers que Gargantua
lui-même secoua de ses souliers un jour qu'ils lui grattaient
les talons.
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NOTES:
(1) D'après Le Petit-Temps du 24 février
1897, il y aurait encore en France environ 7000 de ces singuliers
monuments, dans lesquels se lit une incertaine et émouvante
histoire du passé ? Ils se décomposeraient ainsi : Dolmens
: 3430. - Menhirs : 1530. - Alignements de pierres : 45. - Cromlechs
: 459. - Polissoirs 57. - Pierres â bassins :123. - Pierres
branlantes: 90.
(2) Le menhir du Tablier, qu'on appelle Pierre-Nauline,
mesure 6 mètres de hauteur, et se dresse dans le lit de l'Yon.
(3) Celui de Xanton-Chassenon, découvert et fouillé
par nous en 1890, mesure 25 mètres et pèse 40,000 kilogrammes.
(Un dolmen inédit - Vannes, Lafolye).
(4) Les autres monuments mégalithiques et les
principaux lieux dits, figurent dans la note historique consacrée
à chaque commune (ouvrage en préparation). Parmi ces
lieux dits il en est un très commun en Vendée : c'est
celui de Chiron. Or, plusieurs savants, notamment M Cardin, prouvent
que certains chirons ont dû recouvrir ou couvrent encore des
sépultures gauloises. On pourrait citer le Chiron Follet, près
Fontenay, le Chiron du Champ-de-la-Fée en Saint-Vincent-sur-Jard
; le Chiron des Tessonnières en Saint-Hilaire-la-Forêt,
.
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LES LUCS OU BOIS SACRÉS
DE LA
VENDÉE.
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Nous avons dit que les druides avaient une vénération
profonde pour les bois qui, chez presque tous les peuples, ont été
les premiers lieux destinés au culte des dieux, à l'époque
surtout où les hommes ne connaissant ni villes, ni maisons,
habitaient les lieux couverts et les cavernes.
Les forêts, en effet, avec leurs fourrés impénétrables,
convenaient merveilleusement au symbolisme mystérieux du culte
druidique, et nombreux sont en Vendée ces bois sacrés,
dont quelques-uns ont reçu le nom de Lues, conservé
jusqu'à nos jours pour désigner soit un point isolé,
comme Les Lues situés dans les communes de Pissotte, le Poiroux,
Saint-Vincent-sur-Graon, Le Lucus Guichet (Bois-Guichet), du Givre
; soit un bourg comme Les Lues, du canton de Rocheservière.
Les Lues sont en général les sites les plus pittoresques
du pays, non loin desquels se trouvaient un lieu de refuge fortifié,
une garde, un signal.
On y rencontrait collines boisées, landes incultes, rochers
sauvages, ruisseaux limpides. Là se trouvaient la Folie obligée
(1), la Fontaine aux eaux abondantes, passant pour avoir des vertus
médicinales, et autour de laquelle les bonnes gens voient encore
la nuit se promener des lumières surnaturelles.
Les Lues, du canton de Rocheservière, doivent surtout leur
illustration à de mystérieux débris épars
dans les champs qui les environnent. Ce sont d'énormes pierres
en forme de menhir et de dolmen répandues en si grand nombre,
et affectant des formes si bizarres, qu'on les prendrait pour les
fragments de quelque temple immense d'une architecture ignorée,
ou pour les ruines de quelque cité antérieure à
tous souvenirs historiques. Le nom de bois consacrés que la
tradition a maintenu à l'endroit où gisent ces décombres,
donne quelque poids à cette double supposition, en l'absence
de toute autre explication plus vraisemblable. On peut admettre aussi
que là s'élevait jadis quelque édifice du culte
druidique, et près de l'autel, le collège des prêtres,
comme dans le pays chartrain. Ici seulement, c'est l'importance des
débris, l'espace qu'ils couvrent, qui font hésiter devant
cette conjecture.
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Les Lucs, dont l'origine remonte à une époque très
reculée, ont conservé leur caractère religieux
longtemps après la conquête : tout fait supposer que
la politique ombrageuse de Rome fit tous ses efforts pour déshabituer
les populations d'aller porter leurs prières en ces lieux ;
mais cette politique ne put extirper du cur des fils de la Gaule,
les croyances qui s'y étaient comme incrustées, et qui
se transmirent chez eux de génération, en génération
: ceux-ci retournèrent à leurs lues dans les moments
de crise suprême, et transformèrent au IVe siècle
en "chastelliers", les anciens refuges fortifiés
qu'ils trouvèrent encore debout.
Lorsque le christianisme domina à son tour dans nos contrées,
il n'eut donc, rien de mieux à faire que d'imprimer à
ces lieux respectés sa propre empreinte, et d'y bâtir
des chapelles dédiées à son Dieu, à ses
premiers apôtres, à ses martyrs. Durinum et le Mont Malchus
dédiés à Apollon et à Mercure, furent
sanctifiés par saint Georges et saint Michel. Les temples de
Vénus ou de Minerve furent purifiés par l'invocation
de la Mère de Dieu.
Partout la légende celtique accompagne la légende chrétienne
dans les lieux où existent encore des traces non équivoques
des bois sacrés. Au Poiroux (Les Lues de l'Église),
à Cheffois, bâti au pied d'un oppidum ou, centre d'assemblées
religieuses, à la Châtaigneraie, qui doit son nom à
une bourgade celtique, couronnée par un petit bois de châtaigniers,
on rencontre encore La Fontaine aux eaux abondantes coulant au pied
du, coteau, hantée jadis par une fée protectrice, et
le monument de pierre dont le nom est conservé dans celui de
Garnaud (2) ou de la Garde (3),, qui accompagne toujours un établissement
religieux. Ici la Vierge a remplacé la fée celtique,
la Dorne de la Dame, le Genou de la Dame, la Fontaine de la Dame.
La Pierre Levée, la Pierre qui vire est devenue le piédestal
de la croix, l'arbre symbolique de la légende chrétienne
a pris la place, du chêne sacré des druides, -le gui
est devenu l'herbe de la croix; il guérit la fièvre
et donne des forces pour la lutte ; et la chapelle chrétienne
à son tour a pris celle de l'autel dédié à
l'antique Ogmius des Celtes.
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NOTES:
(1) La Polie, ancien lieu de réunions celtiques,
se retrouve à Fontenay-le-Comte, l'Orbrie, Breuil-Barret, Cheffois,
Vouvent, La Châtaigneraie, Pouzauges, Bournezeau, Dompierre,
Boulogne, Aizenay, Les Lues, Bazoges-en-Paillers,
Mareuil, Rosnay, La Verrie, Commequiers, La Chapelle-Achard, La Boissiére-des-Landes,
.
Au mois d'août 4896, M. Luguet, professeur de philosophie à
la Faculté des Lettres de Poitiers, a trouvé au Bois
de la Folie de Pouzauges, un autel préhistorique dont il a
donné la description dans le Bulletin des Antiquaires de l'Ouest
(4' trimestre de 1896, pages 394-395).
(2) Le nom irlandais ou écossais Garnaud, Carnes
ou Carnes,, qu'on est assuré de rencontrer sur le territoire
des communes où il a existe un ancien centre de population
celtique, est conservé dans des ténements de la plupart
des communes de la Vendée. Beaucoup de villages portent mime
ce nom, notamment à Auzay , Cheffois, Saint-Martin-des-Fontaines,
Monsireigne.-- La Chapelle-Achard, La Boissiére-des-Landes,
.
(3) Indépendamment des nombreux ténements
de La Garde, on retrouve en Vendée au moins 18 villages de
ce nom. Ils sont presque tous sur ou près des points celtiques,
tels que la Dorne de la Dame, la Pierre-Levée, La Folie, .
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ANALOGIE ENTRE CERTAINES FÊTES
GAULOISES ET CERTAINES FÊTES CHRÉTIENNES. - IMPRESSIONS
PRODUITES PAR LES CÉRÉMONIES DRUIDIQUES. |
Les grandes fêtes des Gaulois correspondent à certaines
que nous célébrons encore aujourd'hui. A l'époque
de notre Noël, c'est-à-dire au solstice d'hiver, on allumait,
la nuit, des feux sur les montagnes, en l'honneur du dieu du soleil.
Belen, et on se livrait aux danses et aux festins.
Dans la nuit du 1er au 2 novembre, on célébrait
la fête du feu nouveau; tous les feux étaient éteints
dans toute la contrée celtique, pour-être ensuite rallumés
à la flamme de l'autel. C'était aussi la fête
des défunts ; cette nuit là, le dieu Teutatès
procédait au jugement des morts " ; il conduisait les
uns dans " l'abîme ténébreux ", les
autres dans le " cercle du bonheur ".
La fête de la cueillette du gui était aussi la fête
de l'année nouvelle ; on s'invitait à des festins et
l'on échangeait des étrennes.
Les danses et les feux de la Saint-Jean sont les danses et les feux
de l'ancienne fête du soleil.
A l'époque des moissons, les prêtres parcouraient les
champs en invoquant la protection des dieux sur la récolte
: c'est une des origines des Rogations établies par saint Mamers
dans son diocèse de Vienne, et rendues obligatoires par le
27e canon du concile tenu à Orléans en 511. Il est probable
que les premiers missionnaires chrétiens (surtout les druides
convertis), n'osant heurter de front des idées qui avaient
tant de siècles d'existence sanctifièrent les objets
et les cérémonies du vieux culte, en les appliquant
au culte nouveau, ou du moins en tolérant cette application
(1).
Mais ce n'était pas tout que d'avoir chassé les grands
dieux de l'Olympe et aboli les sacrifices officiels. Un paganisme
plus tenace que celui-là était celui qui se maintenait
dans les superstitions rurales, dans les usages les plus ordinaires
de la vie, dans les expressions mêmes du langage; et, au vine
siècle encore, les conciles fulminaient contre les pratiques
idolâtriques, la vénération dés buissons,
des arbres, des pierres, des fontaines, des lacs, ..
On comprend l'effet que devait produire sur les masses, les cérémonies
mystérieuses des druides " dépositaires de tout
pouvoir, interprètes de toutes lois, juges et bourreaux tout
ensemble " lorsque ces cérémonies se pratiquaient
surtout sur les points les plus élevés du territoire,
notamment au sommet du Bois des Justices, situé entre les Herbiers
et Saint-MichelMont-Mercure, où l'on voit encore, ainsi que
nous l'avons déjà dit, de nombreux fragments de cromlechs.
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Qu'on se figure un plateau abrupt, sauvage, dominant près
de 300 mètres le pays qui l'environne, alors couvert de bruyères
et de bois ; une région solitaire, triste, orageuse, enveloppée
de brouillards et retentissante du bruit des vents. Qu'on se représente
par la pensée, alors que la foudre gronde, que les éclairs
sillonnent la nue, des milliers d'hommes armés, accompagnant
leurs bardes qui chantent les louanges de Teutatès ; l'eubage
vêtu de blanc monté sur le chêne, et coupant le
gui sacré, avec la, faucille d'or de la druidesse. Qu'on se
figure le barde
chantant comme chante la mer sur les grèves, avec un rythme
monotone, comme le vent chante dans les grands arbres quand il mugit,
et on aura une idée bien affaiblie de l'effet produit sur ces
foules par les exhortations guerrières de leurs prêtres,
leur prêchant le mépris de la mort, par ces excommunications
si redoutées, dont parle César, proclamées en
présence de tout un peuple assemblé, et qui vouaient
au mépris et à l'exécration publique ceux qui
en étaient atteints !
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NOTES:
(1) Rambaud, Histoire de la civilisation. - Auber, Histoire
du Poitou. Pitre-Chevalier, Druidisme. -H. Violeau.
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ANTIQUITÉS CELTIQUES
DE LA VENDÉE
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Les monuments de, l'âge de pierre, que la science interroge
aujourd'hui avec tant de sollicitude, deviennent de plus en plus rares
; il est temps de les signaler et de les décrire, si l'on veut
en perpétuer au moins le souvenir. Il en est de même
de la légende qui a fait jusqu'ici le charme de nos villageois
et a traversé les siècles sans rien perdre de sa poésie.
Nous commencerons par l'arrondissement de la Roche.
Canton de Mortagne. - La Verrie possède encore la Pierrebranlante
Pierre branlante de la Verrie, d'après une eau-forte de
M. de Rochebrune.
de la Tour, dont les perfections sont remarquables. Elle a une cuvette
de I m. 48 de longueur sur 0 m. 61 de r, avec un bec d'écoulement.
- La pierre des Bourdinières, avec huit entailles en forme
de cuvette et une rigole qui y communique(1).
Canton de Montaigu. - Saint-Hilaire-de-Loulay a encore deux de ses
menhirs aux abords du Riaillé, un des affluents de la Maine.
L'un est situé auprès de la Blannière, et le
second près du Petit Rort hais.
Cugand a sa Grotte aux Loups. Il a eu son menhir sur le coteau de
la Palaire de la Bruffière. Un dolmen, dit Pierre-Levée,
a donné son nom à l'un des quartiers du bourg.
Saint-André-Treize-Voies compte trois petits menhirs qui ont
été renversés et en partie détruits. Le
menhir dit de la Pierre est seul encore debout.. Il mesure 1 m. 15
d'épaisseur, 2 m. de r, et une hauteur de 2 m. 70 au-dessus
du sol ; il est en quartzite.
Les Lues. - Le Petit Luc conserve toujours ses trois tumulus, qui
ne sont plus hantés la nuit que par une Dame Blanche.
Rosnay. - La commune de Rosnay possède deux menhirs appelés
: Pierre de Follet ou de Gargantua. L'une dite la Pierre-Nauline,
a donné son nom au coteau au bas duquel coule l'Yon. C'est
du sein de ses eaux qu'elle s'élève à une hauteur
d'environ 6 mètres.
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Bazoges-en-Paillers a encore un menhir en granit, appelé la
Pierre Longue, d'une hauteur de 4 mètres.
Sainte-Cécile possède le petit menhir de Pierre-Bise.
Dans la commune de Saint-Fulgent, on trouve la PierreLevée
du Plessis, des Landes.
Chauché. - A la hauteur de Chauché et près la
métairie de la Roche, dans un demi-cercle formé par
l'un des méandres de la Petite Maine, existe un menhir de quelques
mètres d'élévation.
Les Epesses possèdent les groupes en granit de la Poizelière,
de la Filouzière, et du Bois de la Pinsonnière ?
Saint-Germain-le-Prinçay. - A l'entrée de l'allée
des Roches - Baritaud, se trouve un magnifique menhir en granit de
3 m. 30 de hauteur, pour une circonférence moyenne de 4 m.
40. On dirait sa face du nord-est taillée ; elle est à
arêtes brisées et présente la forme plate plutôt
que ronde; ce n'est que vers le sommet qu'elle se dessine légèrement
en cône.
Saint-Philbert-du-Pont-Charrault possède - la grotte des
Farfadets, sanctuaire mystérieux formé par d'immenses
blocs de granit et perché sur le flanc du coteau de la Nouette,
à 30 mètres au-dessus du niveau de l'eau. La Garne de
la Rairie conserve encore la pierre de son dolmen.
Chantonnay avait aussi son groupe celtique dit. Pierre-Brune. Il n'en
reste plus qu'un monolithe en quartzite et quatre en grès (2).
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NOTES:
(1) Dans le mime canton: La Gaubretière possédait,
à Pierre-Levée, >in dolmen détruit. - Mallièvre
possédait deux tumulus dont l'un a disparu. - Chambretaud avait
sa Pierre-Plate, dont les beaux quartiers sont entrés dans
l'église des Herbiers.
(2) I1 y a un certain nombre d'années, les ouvriers
qui fouillèrent un dolmen existant encore à Pierre-Brune,
y trouvèrent une quantité considérable d'ossements
humains ce qui est la confirmation de ce qu'on admet aujourd'hui généralement
: à savoir que la plupart des dolmens ont servi de tombeaux.
Les tumulus sont les vrais mausolées de la Gaule, et dans notre
département comme dans les autres
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ARRONDISSEMENT DE FONTENAY-LE
COMTE
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Dans cet arrondissement comme dans les deux autres, les pierres mégalithiques
se trouvent le plus souvent sur le, bord des rivières.
Xanton-Chassenon possède un magnifique dolmen de 25 mètres
et du poids de 40.000 kilos, exploré par nous il y a 11 ans.
Pissotte. - Près des Lues, à signaler le demi-dolmen
dé la Pierre-Sorcelière et la Chaire à Moïse.
Saint-Hilaire-du-Bois a sur son territoire leo-dolmen à peu
près intact de la Pierre-Couverte, consistant en quatre piles
verticales supportant une table horizontale inclinée vers le
sud-ouest. Elle a 3 mètres de long sur 1 mètre, 10 de
large : son épaisseur est de 0 mètre 70.
Bazoges-en-Pareds. -- Les pierres de Bazoges-en-Pareds sont posées
sur le plateau des Landes, qui domine là vallée arrosée
par le Loing et l'Arkanson. Elles consistent: 1° en un dolmen
en granit, dit Pierre-Levée, dont les deux tables, longues
de 7 mètres 90, ont conservé leur aplomb sur les neuf
supports. On y arrivait par un vestibule et une allée probablement
couverte, il en reste encore quelques vestiges ; 2° en un menhir
à 300 mètres sud-est du dolmen. Treize autres gisent
en désordre dans les environs du menhir.
Monsireigne. En partant des Landes et en remontant le Grand-Lay vers
sa source, on trouve dans la commune de Monsireigne, le menhir renversé
de la Chauvinière.
Cheffois. - Cheffois possède le dolmen de la Pierre qui Vire
au premier chant du coq. La Châtaigneraie a la Pierre-Bise,
qui rappelle les temps préhistoriques. Saint-Mesmin a son dolmen
de la Pierre-Folle.
Marsais-Sainte-Radégonde a un dolmen placé au confluent
de la Semagne et de la Malleboir. Elle avait encore, il y a cinq ans,
le dolmen de la Pierre-Folle, brisé par un maçon de
Sainte-Radégonde-la-Vineuse.
Les Châtelliers. -- Les Châtelliers ont conservé
deux magnifiques tumulus qui dominent la vallée de la Sèvre.
Ils sont flanqués comme deux tours sur un. mamelon qui se dresse
à pic à 100 mètres au-dessus des prairies où
serpente la Sèvre-Nantaise, en face de Saint-Amand. Les tuiles
romaines abondent sur le flanc du coteau.
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ARRONDISSEMENT DES SABLES-D'OLONNE
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Noirmoutier. - Le dolmen qui reste à la pointe de l'Herbaudière
était peut-être autrefois au centre d'une série
de groupes de la même espèce, allant de l'ilôt
du Pilier au Bois de la Chaize. Les rochers de Devin, de Lutin, qui
sont sous les eaux, ainsi que les dolmens de a Table de Riberge, de
Ténerge,
Dolmen de La Table (11e de Noirmoutier), cliché Charier-Fillon.
de la Truie, de Guirande, découverts par le savant' et regretté
M. Charier-Fillon (1), ne semblent-ils pas, avec le chiron de la Fée,
sur le continent, rappeler avec les superstitions, du moyen-âge,
l'ère des prophétesses d'autrefois et indiquer les lieux
où elles rendaient leurs oracles
L'Ile-d'Yeu. - A citer, le dolmen du Nord, reposant sur deux pierres,
et qui est du nombre de ceux qu'on appelle Lichavens; on trouve aussi
deux dolmens à la pointe Gauthier, un dolmen à la Tranche,
un beau menhir de i mètres de haut près la chapelle
de la sainte Vierge.
Soullans. - Il' ne reste plus dans cette commune que la Pierre Levée
de la Vérie, énorme bloc de quartzite de 3 m. 70 de
haut sur 3 m. 05 de large et une épaisseur de 1 m.10. Le diable
dit-on, y a imprimé ses griffes et percé la pierre de
sa corne. C'est l'unique pierre percée que nous connaissions
en Vendée.
Beauvoir possède un tumulus de l'époque gauloise.
Commequiers possède notamment le menhir de la Palissonnière
11 est en quartzite, orienté au -nord-est, haut de 2 m. 56,
large de 2 mètres et d'une épaisseur de 0 m. 82 ; on
prétend qu'il couvre le tombeau d'un chef. Deux autres dolmens
encore debout dans le Bois des Pierres-Folles sont parallèles
et orientés au nord-est. La table du premier à 5 m.
10 de longueur sur une r de 2 m. 48 et une épaisseur de 0-m.25.
La table du second est longue de 3 m. 70, large de 1 m. 75 sur 0 m.
40 d'épaisseur.
Landevieille a son menhir de la Pierre-Couchée. Le mégalithe
renversé a une longueur de 4 m. 70, une r de 2 m. 66 et une
épaisseur de 0 m. 25.
Bretignolles a sa Pierre-Rouge, énorme monolithe de 7 mètres
environ de hauteur, qui défie depuis des siècles les
orages et les tempêtes, et sa Pierre-Levée des Soubises,
qui vire sur elle-même au son de la cloche de Saint-Nicolas-de-Brem,
qui n'en possède pas, soit dit en passant.
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Saint-Nicolas-de-Brem. - Saint-Nicolas-de-Brem n'a pas de cloche
pour égayer l'existence monotone de la pierre des Soubises,
mais il possède en revanche un magnifique tumulus appelé
le château, ayant au moins 22 mètres de hauteur et 170
mètres de-circonférence moyenne. Sa r est, à
son sommet, de 34 mètres sur une face et de 48 sur l'autre..
On le dit sillonné de souterrains et de salles de refuge.
Saint-Martin-de-Brem. - On peut compter quatre -groupes de pierres
celtiques dans cette commune. Le marais dit de la Pierre, rappelle
le premier ; le dolmen du Quarteron de la Pierre est le' second 'il
n'en reste plus que trois blocs celui du Terrier de la Grosse Pierre,
qui n'a conservé aussi que trois supports, est le troisième
; le quatrième a seul gardé son aplomb : c'est le menhir
de la Crulière, situé dans le pré de la Pierre.
Sa hauteur est de 2'm. 59, sa r de 2m. 50, et son épaisseur
de 1 m. 15.
Olonne. Le château de Pierre-Levée, dans Olonne, tire
son nom d'un menhir en granit de 3 m. 50 de hauteur, de 1 m
50
de r et d'une épaisseur moyenne de 1 m. 55. Plus à l'est
et proche le fossé des Sarrasins, s'élève un
second menhir, celui de la Chevrerie, et un troisième gît
au milieu des dunes, près la Couche de l'Hermitage..
Château-.d'Olonne. - Les groupes celtiques du Château-d'Olonne
sont à 2 ou 3 kilomètres de la mer sur les deux plateaux
des Boutelières et du Puy-Rocher. Il ne reste plus que quatre
blocs du dolmen de la Versaine de Grosse Pierre, et un seul du dolmen
de la Croix de la Rudelière, qui en comptait une dizaine il
y a 60 ans. Le dolmen du Champ du Caillou a encore trois de ses supports.
Il est en partie enfoui et est incliné au sud, sous un angle
de 12 degrés.. Le dolmen des Epinettes est le mieux conservé.
Il est relevé au sud sous un angle de 150. Il pose sur quatre
piliers, dont deux au sud, un à l'est et l'autre au nord. La
table à 4 m. 25 de longueur sur 2 mètres de r.
Vairé a aussi son tumulus, dit du Brandeau, qui selon toute
apparence fut converti au moyen âge en motte féodale.
Saint-Sornin. - On voit encore à Saint-Sornin un menhir dit
Pierre de Gargantua, et un dolmen renversé dans le champ de
la Grand'Garne.
Le Givre possède deux menhirs renversés près
la Brunière.
Le Château de la Brunière.
Angles n'en a conservé qu'un, celui de l'Eau.
Le Bernard. - Le dolmen de la Frébouchère est peut-être
le plus considérable de l'ouest. Il se compose de deux monolithes
formant vestibule, de neuf blocs d'un énorme volume, sur lesquels
pose horizontalement une table en granit de 8 m. environ de longueur,
sur plus de 5 m. de r, du poids de près de 400,000 kilos. Un
double cercle de menhirs rayonnait jadis autour du monument, sur un
diamètre de 500 mètres. Il en reste encore trois dans
la première enceinte et cinq dans la seconde. Le dolmen est,
troué au milieu, à 2 mètres au-dessus du sol
: la table, brisée en deux par la foudre, a été
redressée par les soins de M. Friederick fils, de Fontenay-le-Comte.
On trouve encore au Bernard dix autres dolmens presque tous renversés,
et à peu près autant de menhirs également renversés.
Au Plessis, il en reste encore deux debout. Le plus élevé
mesure 5 m. 66 de hauteur.
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Longeville. Le monument le mieux conservé de Longeville est
le menhir en grès du Russelet, appelé la Pierre qui
Vire, parce que, dit-on, elle tourne sur elle-même à
minuit. Ce menhir est entouré d'un demi-cercle- de pierres
posées.
Avrillé est, après le Bernard, la commune qui a gardé
le plus de souvenirs de l'âge de pierre. Les monuments de cette
époque consistent aujourd'hui en la Pierre branlante de la
Cornetière, et en dix-sept menhirs.
Les deux menhirs de la Mancelière, qui sont renversés,
le menhir de la Boilière, de 3 m. 90 de hauteur, le menhir
du Bourg ou du Camp de César, haut de 7 m. 30, les trois groupes
du bois de Furgon, le premier composé de deux pierres d'inégales
grandeurs : la hauteur de la principale est de 5 m. 20 ; le deuxième
groupe, formé par deux menhirs renversés, dont l'un
est long de 5 m. 10 et l'autre de 4 m. ; le troisième groupe,
composé d'un bloc de 3 m. d'élévation et d'un
autre plus petit ; le menhir du Champ de la Pierre ou du Moulin de
la Guignardière qui, lui aussi, a son acolyte ; le menhir de
Beaulieu, dans le champ du Rocher; le menhir de la Garnerie, qui n'a
pas moins de 5 m. de hauteur, avec accompagnement d'un autre moins
colossal, le menhir de Puy-Durand dans le champ du Rocher, où
se trouvent aussi trois tables mutilées par le marteau des
tailleurs de pierres ou des entrepreneurs de routes enfin, le menhir
de la Fontaine Saint-Gré, qui est renverse.
Ajoutons qu'au commencement de ce siècle, il y avait quatre
autres menhirs à Bel-Air, une magnifique table en granit dans
le champ du Rocher, qui a donné un bénéfice de
600 francs à l'entrepreneur qui l'a achetée, deux dolmens
et un menhir dans les Vieilles- Vignes, trois menhirs dans le Camp
ou aux abords du Camp de César, et deux autres à Beaulieu.
Saint-Hilaire-la-Foret fournit cinq groupes : deux menhirs de plus
de 3 mètres d'élévation à la Rainière
; deux dolmens aux Gréchaudes ; ils n'ont chacun qu'un appui
: dix autres pierres gisent à leurs pieds. Le dolmen renversé
du Chicon ; un dolmen à la Sulette ; la table ne pose que sur
deux supports ; les cinq autres sont couchés les deux dolmens
de la Rassoliette.
Saint-Vincent-sur-Jard. - Le dolmen de la Versaine de la Pierre,
qui a perdu tous ses appuis, appartient à la commune de Saint-Vincent-sur-Jard,
ainsi que le dolmen du Grand Bouillac ou Pallet de Gargantua, qui
n'est plus assis que sur trois blocs.
Total des monuments de l'âge de pierre pour le canton de Talmont
: environ 76. Ils sont presque tous en granit (2).
Tels sont les principaux monuments celtiques de la Vendée
et quelques-unes des innombrables légendes s'y rattachant.
Le fait principal qui ressort de cette course à travers notre
département, c'est que les tribus primitives qui s'y fixèrent,
ont laissé des traces de leur passage dans les nombreux îlôts
aujourd'hui reliés au continent, dans ses plaines fertiles
, sur le bord de ses rivières et de ses fleuves, jusque sur
les plateaux élevés - et les fortes collines où
ils -prennent leur source (3).
|
NOTES:
(1) Un dolmen inédit. - Niort, Cloupot, libraire-éditeur,
1888.
(2) Monuments de l'âge de pierre en Bas-Poitou.
- Rapport lu au Congrès archéologique do France, par
l'abbé Baudry. - XXXIe session à Fontenay, 1864, et
Recherches et Découvertes personnelles.
(3) Voir- pour plus de détails, l'Annnaire 1872
(abbé Baudry). Antiquités celtiques de la Vendée
et Légendes, pages 110 à 136).
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TRADITIONS ET LEGENDES
1° ARRONDISSEMENT DE LA
ROCHE-SUR-YON |
La Verrie. -,La Pierre branlante tee' la Tour, de la Verrie, vire
sur elle-même le 25 décembre, entourée d'un cercle
de lumière. Des lutins androcéphales forment autour
des rondes burlesques pendant une partie de l'hiver. C'est sans doute
en réminiscence de cette tradition que les gars de la Verrie
exécutent, le second jour des noces, la Danse du Branle du
Panier, au cri aigu du traquenard et au cri du refrain :
Tintamarre
Démarre |
bis! |
Tintamarre
Il est amarré ! |
|
Les lutins de la Verrie ont aussi la malice de pénétrer,
furtivement dans les écuries du hameau de la Tour, où
ils mêlent la crinière des chevaux. On ne peut s'en débarrasser
qu'en passant un chapelet dans le cou de ces animaux.
Près de la pierre des Bourdinières, dans la même
commune, des chandelles brillent la nuit, particulièrement
en Avent.
Une bête blanche se montre la nuit du dimanche au lundi aux
ivrognes attardés à la Croix de la Vieille- Ville, près
de la Pierre percée.
Les Lues. - Les trois tumulus du Petit-Lue sont toujours hantés
la nuit par une dame blanche. Au temps où le terrible monitoire
se faisait au prône de la grand'messe, les filles récal-citrantes
couraient le garou au terrier du Pé. Au repas qui suivait le
sabbat, tenu tour à tour aux croisées Soreau et de la
Durantière, il se faisait une grande consommation de chiens
; l'homme qui se laissait surprendre au milieu de la cohue des bêtes
pharamines, ne se tirait de leurs mains qu'en laissant tomber de son
gousset un deux-liards marqué de la croix.
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Aizenay. - Pour forcer le sorcier et la sorcière à
les désensorceler, eux et leurs animaux, les habitants font
bouillir à petit feu, une pire de mouton toute hérissée
d'aiguilles. L'un d'eux ne se délivra d'un garou, au village
des Arcis, qu'au moyen d'un bâton de 'néflier, essence
d'arbre qui les met en fuite. Les sabbats se tiennent aux croisées
de la Clapechère et de Lavignon.
Un soir, un prétendant, blotti sous le lit, vit sa fiancée
partir pour Lavignon, après s'être ointe d'une graisse
magique et avoir répété trois fois :
Par dessus les haies et les buissons !
Pour aller joindre Lavignon. |
Désireux de la suivre, il s'oignit de la même manière,
seulement, ayant oublié la formule Par dessus.... et l'ayant
remplacé par les mots
A travers les haies et les buissons
il arriva à Lavignon, le corps tout ensanglanté par les
épines contre lesquelles il avait dû se heurter par suite
du vu qu'il avait exprimé. Pour comble de malheur, sa fiancée,
au retour, ayant franchi la rivière d'un seul saut, il lui échappa,
dans son admiration, de prononcer le nom de Jésus. Perdant aussitôt
la vertu de dévorer l'espace, il rentra à pied au logis,
avec un retard de deux heures.
La Ferrière et Saint-Martin. - Au Plessis de la Ferrière,
est caché un jeu de boules en or, et à la croisée
du Gros-Caillou de Saint-Martin-des-Noyers, une vieille femme accoste
les passants, après minuit.
La Merlatière. - L'état-major des loups-garous de la
contrée, habitait jadis la Merlatière; Quatre fois:
par an, ils tenaient le sabbat à la -Croisée-Marteau
et y dansaient pieds nus sur la pointe des ajoncs (pénitence
imposée aux chefs), et mangeaient ensuite des serpents, des
charrettes ferrées, des moulins à vent, choses que leur
estomac supportait très bien ; il n'y a- que les procureurs
et les sergents qu'ils ne pouvaient digérer.
Les Brouzils. - La Pierre-Blanche-de la forêt de la. Grala
est visitée tour à tour par les fées et par les
sorciers de la Copechagnière, des Brouzils, de Chauché
et dé Saint-Denis.
Saint-Paul-en-Pareds - L'église de Saint-Paul est l'uvre
de Méluzine qui, défaisant chaque nuit l'ouvrage des
maçons, la bâtit à la place où elle se
trouve, à t kilomètre du bourg, au grand désappointement
de ses cabaretiers.
Chantonnay possède, près le ruisseau de la Mozée,
sa fontaine de Sainte-Marie, à environ 300 mètres du
dolmen de la Pierre-Brune.
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Les Celtes aimaient à grouper leurs monuments près
des fontaines. On en trouve une, nouvelle preuve aux Roches-Baritaud,
où s'élevaient jadis 3 menhirs, au milieu d'une charmante
oasis, arrosée par six ou sept sources contrastant singulièrement
avec l'aridité de la plaine qui l'environne. Il ne reste plus
aujourd'hui que celui dont nous avons déjà parlé.
Saint-Philbert-du-Pont-Charrault. - Les Berges en granit de la Nouette,
élevés d'environ 30 mètres au-dessus du moulin
à eau établi sur la rivière, furent, une belle
nuit, entassés sur le flanc raide du coteau, par les farfadets
qui y construisirent une grotte à laquelle ils ont attaché
leurs noms.
Il y a moins d'un demi-siècle, un homme du village de la
Sorsonnière, monté sur le cheval Malet, fit en trois
jours le voyage de Paris aller et retour. Il se plaisait ensuite à
raconter à la veillée, toutes les belles choses qu'il
avait vues.
La croisée de l'Ormeau de la Billette, où le sabbat
se tient pendant l'hiver, rappelle aux passants: l'histoire du voyageur
qui n'échappa au danger d'être jeté dans la chaudière
embrasée, dressée au pied de l'arbre par le bège
fantôme, le putois et le vampire, qu'en y jetant un deux liards
sur lequel était gravé une croix. Dans le ravin de 1a
Margottière, folâtrait souvent la chèvre blanche
de Pierrot, les lutins -et les démons de nuit.
Rosnay-sur-Yon. Un jour, Gargantua, poursuivi par les chiens d'un
berger qui gardait son troupeau sur le coteau où est la grotte
Saint-Yon, mit dans sa poche les dolmens des cantons des Moutiers-les-Mauxfaits
et de Talmont, afin de pouvoir écraser les chiens comme de
misérables fourmis ; mais ces animaux, plus intelligents qu'il
ne les supposait, se blottirent impunément entre ses jambes
colossales, et là se mirent à déchiqueter à
belles dents ses talons monstrueux, lorsque, pour leur échapper,
il laissa choir les deux gros monolithes; mettant ensuite le pied
sur le plus élevé, il posa l'autre sur la flèche
de Luçon, distante de 12' kilomètres. Craignant d'y
retrouver ses adversaires, il atteignit d'une seconde- enjambée
la flèche de Fontenay-le-Comte (28 kilom.), et d'une troisième
celle de Niort (32 kilom.), où il prit un moment de repos.
Depuis, on ne l'a plus revu à Rosnay.
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|
ARRONDISSEMENT DE FONTENAY-LE-COMTE
|
Grues, Saint-Michel, La Dive et Triaize étaient jadis quatre
îlots habités à une époque fort reculée.
La Dive semble devoir son nom à quelque divinité féminine
de l'olympe gallo-romain.
Saint-Denis-du-Payré - L'attentat commis sur un fadet de la
forêt de Payré par un habitant de Curzon fut cause, on
le sait, de la décadence dans laquelle tomba cette petite ville,
jadis- si florissante. Parmi les fontaines sacrées, celle de
l'Aubière eut longtemps la réputation de guérir
la fièvre
Longèves. - Au-dessus du Chiron du Garou, près Pahu,
on voit certaines nuits une blanche lumière qui, efface la
clarté des étoiles
Petosse est la localité où, de temps immémorial,
on ferre les chats, pour qu'en se rendant en hiver,, au sabbat des
sorciers, ils puissent piétiner sur la glace sans se casser
les pattes.
Marsais-Sainte-Radégonde.- Le sabbat se tient à la
Croisée du Coudray, dans la commune de Marsais-Sainte-Radégonde
(1).
Pouillé a cru longtemps aux mystères de la lycanthropie,
aux apparitions nocturnes, aux -évocations des vivants et des
morts, dont les charlatans et les devins faisaient passer les images
sous leurs yeux dans des- miroirs prétendus cabalistiques
Saint-Hilaire-du-Bois. - A quelques centaines de mètres du
monument celtique de Pierre-Couverte et près le champ dit des
Vieilles-Eglises, où l'on a fouillé une nécropole
carlovingienne, coule une fontaine sacrée portant le nom de
Fontaine de Notre-Dame, qui reçoit la visite des pèlerins
à certaines époques de l'année.
Basoges-en-Pareds. - Les Pierres-Folles furent élevées
par les fées. Douze fées chargées chacune d'un
gros monolithe qu'elles portaient dans leur dorne, s'acheminaient
à des distances diverses vers la Pierre-Levée pour contribuer
à sa construction lorsque tout à coup parut la. Vierge,
qui jeta l'épouvante dans leurs rangs. A sa vue, elles laissèrent
choir leur fardeau aux lieu et place où elles étaient,
et quittèrent ce lieu enchanteur pour n'y plus reparaître.
En mémoire de cette victoire le menhir qui avoisine le dolmen
porte le nom de la Vierge.
Mouilleron-en-Pareds est cité pour son exubérance de
beaux rochers en quartzite de 2 kilomètres de longueur, où
passe la sarabande et par la fontaine des farfadets, du village de
la Fosse, comblée il y a environ 50 ans, à laquelle
Germanette a pour toujours attaché son nom.
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L'histoire du fadet blotti au fond de l'eau et - subitement amoureux
de la belle fileuse; ses veillées passées avec elle
pendant six semaines et sans mot dire depuis l'heure du coucher du
mari, jusqu'au moment où il s'échappait par le trou
de la serrure, quand l'horloge sonnait minuit; l'abondance qui régnait
dans la maison : pain se multipliant sur la table, coffre se remplissant
d'écus, enfant au berceau croissant à vue d'oeil ; l'intervention
du curé de la Jaudonnière,, mettant fin à ces
enchantements, en qualité de désensorceleur émérite
; le fadet brûlé au vif sur le trépied chauffé
à blanc par le mari jaloux et comme conséquence lamentable,
la fresaie criant sur les toits, la mort de l'enfant et la famine
avec tout son cortège de misères, sont; autant de choses
que tout le monde sait et qu'on raconte en hiver aux Menses qui seraient
tentées de dormir avant le premier chant du; coq.
Cheffois, dont les mamelons ondulent à la hauteur de ceux
de Mouilleron-en-Pareds, a sa fontaine sacrée, où se
désaltèrent les fées, et son Trou aux lutins.
On y trouve un monument celtique, la Pierre qui vire de la Taponnière,
parce que chaque nuit elle tourne sur elle-même - quand chante
le coq du village.
Breuil-Barret. - Près la croisée de la Croix-Cocriou,
non loin du Breuil, s'élève une pierre debout, ayant
à son sommet une cuvette qui se remplit de l'eau du ciel, que
boivent en passant les loups-garous, au retour dé leur course
aux sept clochers. Longtemps les pères la firent toucher à
leurs enfants le jour de leur baptême, pour les préserver
des mauvais sorts.
Petit-Lys. - Les loups-garous courent la galipode à la croisée
du Petit-Lys.
Vouvent. - La fée Méluzine, qui a donné son
nom au habitants de Vouvent (on les appelle vulgairement Merluzins),
bâtit en une seule nuit les sept tours de leur cité,
avec trois dornées de pierres et une goulée d'ève
(d'eau).
Avant 1793, le monastère de la Grande-Rhée n'était
pas exempt de la visite des âmes en peine.
Condamnées à traîner leurs chaînes dans
les cellules où reposaient les voyageurs, ceux-ci, dans leur
effroi, se levaient bien avant l'aube du jour, et se sauvaient en
toute hâte à travers les clairières, où
souvent une garache ou un grand homme rouge les saisissait au collet.
On ne les chassait qu'au moyen d'un signe de croix.
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Saint-Pierre-du-Chemin. - Les fées de Saint-Pierre-du-Chemin
étaient plus hospitalières. Dans la cave qui porte leur
nom, près le Pont-Beugnon, elles avaient à la disposition
des chercheurs, une mine inépuisable d'or, pendant la messe
de minuit.
Menomblet avait ses garaches, qui faisaient chorus avec celles de
Saint-André-sur-Sèvre, de Saint-Marsault et de la =Ronde.
C'étaient des hommes changés, pour l'expiation de leurs
péchés, tantôt en mules, tantôt en brebis
ou en tout autre animal.
Monsireigne. - Au temps où la baguette des- fées avait
le pouvoir de mettre tout en mouvement, le mentir de Monsireigne entrait
en danse à minuit, et le sabbat se tenait sur le plateau' de
Puy-Morin. Une légende concernant les villages de la Roche,
de Moque-Souris, ., tend à prouver que le dogme de la métempsycose,
qui admet le passage de l'âme par les différents règnes
de la nature; y était reçu à une époque
très éloignée de nous.
Saint-Michel-Mont-Mercure. - Une; demoiselle d'Angers, changée
en garache, fut tuée une nuit dans les rues de l'Aubonnièrè
de Saint-Michel.
Au Boupère, le Gué-Verdon est un passage que franchissent
les farfadets dans leurs promenades nocturnes.
A la Flocellière, le hameau de la Cantinière a reçu
souvent la visite d'un garou blanc de la taille d'un. veau.
L'un des fadets qui trouvaient un asile, le jour, dans les souterrains
des Châtelliers, fut brûlé un soir, à la
vallée de la Bréchoire, par un trépied qu'un
méchant homme avait rougi au feu.
Le puits de la Demoiselle, à Châteaumur, rappelle le
souvenir de la fée que l'on voyait la nuit, debout sur une
des pierres du chemin.
|
NOTES:
(1) Non loin de la pierre-Folle dont nous avons parlé
et en bordure d'une ancienne voie pavée, appelée : Le
Grand chemin du Bocage.
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|
ARRONDISSEMENT DES SABLES-D'OLONNE
|
Noirmoutier. - Les sirènes et les lutins jouent encore un
rôle sur le rivage de Noirmoutier, et particulièrement
au passage du Gois. Là, certains lutins, connus sous le nom
de Braillards, poussent des cris plaintifs, la nuit des tempêtes,
quand le vent souffle avec le plus de violence. Les marins, persuadés
que ce sont des naufragés ou des âmes en peine qui réclament
leurs secours, se jettent à l'eau et nagent à leur rencontre,
mais, plus ils avancent, plus le courant semble emporter les Braillards.
Les perfides ! Ils reculent jusqu'à ce qu'ils aient entraîné
leurs bienfaiteurs au bord d'un précipice. Alors, ils se _soulèvent
au-dessus' des vagues, rient aux éclats et disparaissent.
Ile-d'Yeu, appelée Oqa par les Celtes, Oia par les Romains,
Oys au moyen-âge et Ile-d'Yeu dans les temps modernes. La racine
og a le sens de jeune, dans le sanscrit, et probablement par déduction
de petite.
Saint-Jean-de-Monts. - A la Roche-aux-Chats, les chats y tenaient
le sabbat avant qu'elle ne fut détruite, en 1860. En laissant
choir la Pierre-Levée, le diable y imprima ses griffes et perça
le monolithe de part en part de sa corne. On montre encore, et l'empreinte
des griffes, et le trou fait par la corne maudite.
Sallertaine et la Garnache. - Les Pierres du Molin, que les fées
portaient au pont de Saint Martin, restèrent sur la colline
parce qu'au chant du, coq, les cordons de leurs dornes se brisèrent
et laissèrent tomber :leur fardeau.
Commequiers. - Dans son vol rapide, Marie, à la poursuite
de Satan, appuie l'un de ses pieds sur la grande table du dolmen des
Pierres-Folles ; la pâte quartzeuse s'amollit et l'empreinte
y resta gravée à 0 m. 05 de profondeur, comme preuve
de son passage. Cette empreinte, qui se voit encore, se nomme le pas
de la Vierge : elle a la forme d'un pied de 0 m. 19 de longueur.
Les rochers de Sion étaient destinés au pont de Saint-Martin
le chant du coq les fixa pour toujours sur les rivages de l'Océan,
entre Croix-de-Vie et Saint-Hilaire-de-Riez.
Saint-Martin-de-Brem. - Si l'on en croit la légende du pays,
un gros garçon de quinze ans s'étant donné, lui
et sa vache, au diable, l'énorme monolithe de la Grulière,
laissé par le bras de Satan, les écrasa tous les deux.
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Château-d'Olonne. - Deux lavandières de nuit ont été
vues, quelquefois, dans les environs du Château-d'Olonne.
Saint-Gervais. - Une femme de Saint-Gervais reconnut un soir que
l'enfant qu'elle allaitait était un petit farfadet, parce qu'ayant
jeté des coques d'ufs sur le feu, il s'écria tout
à coup:
Jamais je n'avais vu
Bouillir au feu
Tant
De petits pots blancs.
Curzon - Les fées avaient pris en affection l'ancienne ville
de Curzon et y-répandaient l'abondance. Leur reine, figure
vénérable au dire des anciens, avait choisi pour palais
les allées souterraines de la Pierre-Plate, et elle y habitait
avec sa cour. Un jour, une fée du Chateigner apparut à
un berger qui frappait avec sa houlette sur la pierre couchée
: " Jeune homme, lui dit-elle, veux-tu aller tous les samedis
au marché de Luçon chercher nos provisions de bouche
? - Je le ferai volontiers, répondit le berger, mais\ qui veillera
en mon absence sur mon troupeau? Ne crains rien, reprit la fée,
ton troupeau sera bien gardé ". Le berger, alléché
par le prix, consentit à faire le voyage hebdomadaire. Le samedi
il venait à la pierre, où il trouvait un billet et des
pièces d'or, et le soir il déposait sur la même
pierre, les denrées qu'il avait achetées. Pendant son
trajet, l'herbe naissait sous les pieds du troupeau qui engraissait
à vue d'il, et demeurait immobile dans le pâturage.
D'autres fées non moins bienfaisantes, peuplaient les souterrains-refuges
dont le' sous-sol du bourg est sillonné. Mais hélas
l'ingratitude de ses habitants fut cause de sa perte et de son malheur.
Un jour, la reine tint conseil et décida que la nuit suivante,
les fées, dans l'intérêt de la population, construiraient
en trois données de pierres, et avant le chant du coq, un pont
qui, traversant l'immense vallée (3 kilomètres de large),
où serpente présentement le Lay, couvert jadis des eaux
de la mer, relierait Curbon avec Payré et Saint-Denis. Un méchant
homme, qui entendit cet ordre, en empêcha la complète
exécution. Les fées n'avaient apporté qu'une
dornée, que l'on montre au lieu dit les Platières, lorsqu'il
força un coq de chanter avant l'heure; le pont resta inachevé.
Dans le même temps, un Fradet, de la cave des Dixmes, près
la Motte, fut brûlé vif au Pilier, rendez-vous des belles
fileuses, et un autre fut tué dans la forêt de Payré.
Ces deux attentats 'achevèrent d'exaspérer la reine
des fées, qui prononça' contre la cité, l'anathème
suivant
Démési Curbon,
P'tit ville en grand renom,
Tu t'appel'ras Curzon
Curzon, Curzonnas.
|
Le sort en est jeté ;
Chaque an tu varieras (diminueras),
D'in maille et d'in dener (denier). |
Et de fait, Curzon depuis cette époque a toujours, été
en déclinant, et les soirs d'hiver, quand l'âtre resplendit
de l'embrasement des puissantes cosses de nau, on se raconté
encore, non sans frémir, à la veillée, les condamnables
exploits du chevalier rouge, jetant à minuit, dans les marais,
l'or enlevé au prêtre de Saint-Romain, et les nocturnes
chevauchées de, la barque mystérieuse de Mortevieille.
Sur onze cantons dont se compose l'arrondissement des Sables-d'Olonne,
ceux de Palluau et de la Mothe-Achard sont les seuls qui ne confinent
pas à l'Océan. Aussi les antiquités celtiques
y sont plus rares. Cependant il en reste assez pour se convaincre
?que les peuplades primitives, qui s'étaient fortement assises
aux embouchures de la VIe, du Jaunay, de l'Auzance et de la Vertonne,
avaient remonté ces petits fleuves jusqu'à leur origine.
En résumé, l'arrondissement des Sables; avait encore,
il y a quelques armées, 146 groupes environ de monuments de
l'âge de pierre (1).
|
NOTES:
(1) Extrait de d'Annuaire 1864 et 1872 (abbé-Baudry),
déjà cité.
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|
ETAT SOCIAL. -HABITATIONS. -
OPPIDUMS PRINCIPAUX.
LES PLESSIS. - DESTINATION ULTÉRIEURE.
|
Au moment de la conquête romaine, notre pays ne comptait que
des bourgades et des oppidums en assez grande quantité. Ces
bourgades, parmi lesquelles on peut citer Fontenay, La Châtaigneraie,
Cheffois, Auzay, Saint-Cyr-en-Talmondais, Pouzauges, Mareuil-sur-Lay,
Bessay Saint-Mesmin, Les Moutiers-les-Mauxfaits, Saint-Vincent-sur-Graon,
., se composaient de; huttes ~de bois où de terre battue, avec
une porte, pas dé fenêtre, et un trou dans la toiture
pour laisser passer la fumée. Très souvent même,
ces bourgades consistaient en oppidums, forteresses' construites en
madriers, en palissades, en pierres entremêlées, le plus
souvent sans mortier, qui servaient de refuges en temps de guerre,
et n'étaient pas habitées en temps ordinaire. Seulement
c'était là, ou près de là, que les guerriers
se réunissaient et que se tenaient les marchés, les
assemblées politiques et les assemblées religieuses.
On peut citer parmi les principaux oppidums de la Vendée, ceux
de Mareuil, Mervent, Cheffois, La Châtaigneraie, Bessay, - Tiffauges,
. Saint-Cyr-en-Talmondais, Les Moutiers -les Maux faits, Les Lues,
Pissotte (Les Lues), Les Châtelliers-Châtaumur; Montaigu,
Auzay, Pouzauges, Saint-Georges-de-Montaigu, Le Poiroux (Les Lues),
La Tardière, Saint-Vincent-sur-Graon, Puymaufrais, Saint-Michel-le-Cloucq,
Saint-Hilaire-des-Loges, l'Hermenault, Mortagne-sur-Sèvre,
. (1).
Indépendamment de ces oppidums la Vendée possédait
encore de nombreux plessis ; sorte de forteresses privées,
habitées par de riches propriétaires. Ce nom de plessis
s'est conservé comme beaucoup d'autres, très significatifs
sur tous' les poing du Bas-Poitou, à La Châtaigneraie,
Bazoges-en-Pareds, Saint-Hiloire-de-Voust, Saint-Martin-Lars-en-Sainte-Hermine,
Les Châtelliers, Aubigny, Saint-Hilaire-le-Vouhis, Saint-Vincent-Puymaufrais,
Les Essarts, La Merlatière, La Ferrière, Le Poiré-sacs-
Vie, Aizenay, Les Lues, Saligny, Saint-Fulgent, Chauché, Saint-André-Goule-d'Oie,
Les Herbiers, Saint-Mars-la-Réorthe, Mouchamps, Les Landes-Genusson,
Saint-Aubin-des-Ormeaux, Sains -Hilaire - de - Mortagne, l'Iled'Olonne,
Vairé, Sains-Urbain, Froid fond, La Garnache, l'Aiguillon-sur-Vie,
La Mothe-Achard, Beaulieu-sous-la-Roche, la Chapelle-Achard, Apremont,
Maché, Le Bernard, .
Elle possédait même des enceintes fortifiées
à une époque autrement ancienne. Si, en effet, on rencontre
dans beaucoup de camps des objets de provenance romaine, on recueille
dans beaucoup d'autres, comme à Saint-Cyr-en-Talmondais, à
Mareuil, à Châtelard, des collections entières
d'armes en silex. Ces camps ou castella remontent au moins à
l'époque de la pierre polie.
Du moment où il est incontestable qu'on sa 'ait en Bas-Poitou,
dès l'époque néolithique, construire des enceintes
fortifiées en terre, si proches parentes des tombelles du même
temps, comment supposer un instant,` quand même les tertres
seraient muets, que - des peuplades guerrières et turbulentes
auraient laissé perdre cette science, leur sécurité
`? Qui ne sait, du reste, que oppidum, ainsi que nous le verrons plus
'loin, suppose castellum.
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L'examen des lieux et des cartes indique nettement qu'au moment
de la conquête romaine, des fortins nombreux occupaient les
- promontoires, les îles des rivières, les forêts,
les marais.(2).
Que sont-ils devenus ? Ont-ils tous disparu ? Point! Quelques-uns,
comme ceux de Chantoizeau (3), de Sauvaget, de Brene veau, de Chatelard,
occupant des lieux que la vie a délaissés, nous posent
aujourd'hui dans les forêts, ou sur les bords des cours d'eau,
le problème de leurs enceintes abandonnées; d'autres,
occupés par les Romains, comme à Tiffauges, Mortagne,
Mervent, Pouzauges, ont été transformés par eux.
Remaniés au moyen âge, ils portent aujourd'hui les restes
de châteaux féodaux, sur lesquels un vent de colère
et de destruction semble avoir soufflé ; et un observateur
attentif, cherchant la motte primitive sous les courtines féodales,
la reconnaîtrait plus d'une fois ! Souvent, la motte a été
un castellum gaulois, auquel a succédé un poste romain,
puis un château de bois mérovingien, puis le château
du moyen âge.
|
NOTES:
(1) Inutile de dire-que la plupart de ces oppidums tiraient
de leur position même leurs principaux moyens de défense.
(2) Les lieux de refuge fortifiés étaient
quelquefois établis sur un îlot voisin du rivage et facile
à défendre, comme BouilléoCourdault.
(3) Les remparts en terre de cette enceinte fortifiée,
construite plusieurs siècles avant l'époque féodale,
se trouvent non loin des Hautes-Verreries de la forêt de Vouvent.
-L'enceinte, de forme ovale, mesure 124 mètres de tour ; sa
largeur de l'ouest à, l'est, est de 44 mètres, et de
31 mètres du nord au midi. - La hauteur des remparts en terre
est de 2 m. 20 au midi et dé 1 ni. 50 au nord. (Louis Brochet.
- La Forêt de Vouvent, son histoire et ses sites, page 155.
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VASES ET USTENSILES. -- MOBILIER.
- COSTUMES.
CONDITIONS SOCIALES.
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Nous ne sommes plus à ces temps éloignés où
l'homme s'isolait par famille. La division du travail est établie,
et la fabrication de la vaisselle de terre notamment, qui pour les
archéologues, ouvre des horizons multiples sur l'état
social et intellectuel de nos devanciers, devenue métier, s'est
concentrée entre les mains de quelques individus. Les vestiges
que recèlent les falaises de Belesbat, dont nous avons parlé
dans un chapitre précédent, donnent la plus juste idée
de cette progression lente, mais efficace.
Les fragments deviennent plus consistants, mieux travaillés,,
et se couvrent d'ornements rudimentaires qui sont le bégaiement
de l'art nouvellement éclos.
Les moins anciens, fabriqués au tour, sont d'une terre plus
fine, et ont parfois des parois quelque peu amincies. La cuisson,
quoique toujours imparfaite, est déjà opérée
avec plus de soin. Les lieux où se trouvent des débris
de' poteries gauloises proprement dites ne sont pas rares, et on peut
même dire qu'il est bien peu de points habités de l'époque
romaine, qui n'en recèlent pas dans les couches inférieures
de leur sol.
Fontenay et une foule de vieilles localités, situées
sur les bords de l'ancien golfe des Pictons, l'îlot du Pré-Naud
(commune de Benet), Le Langon, Nalliers, Luçon, Saint-Denis-du-Payré,
Curzon, ., en fournissent des quantités. Les dépôts
de cendres de Nalliers, du Linaud, de Luçon, et le territoire
de Saint-Michel-en-l'Herm recèlent des instruments en forme
de tiges, dont l'usage n'est pas encore déterminé. En
1841, on a exhumé d'un terrain situé à côté
du prieuré du Fontaines, commune du Bernard, et d'un autre;
voisin de Thorigné-en-Mouzeuil, - des urnes gauloises en forme
de pots à fleurs, mais sans anses, des pots au feu également
dépourvus d'anses, et des jattes d'une terre noirâtre,
fabriqués au tour et déposés dans des sépultures
par incinération .(1).
Aux Champs- Doullens, commune de Saint-Vincent-sur-Graon, nom qui
rappelle l'existence d'une bourgade celtique, on a exhumé plusieurs
vases gaulois, remplis d'ossements calcinés. On y a trouvé
aussi une aiguille en os et une monnaie d'or de petit module, concave
d'un côté, sur laquelle on distinguait à peine
la forme d'un cheval, pièce frappée environ 150 ans
avant l'ère chrétienne.
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Ce que l'on sait de la poterie gallo-romaine autorise à croire
que les Gaulois des ,derniers temps ont fait des vases d'une certaine
élégance. La numismatique -a fourni une indication précise,
quant aux dates, à peu près certaines. Elle vient d'un
dépôt de 63 statères pictons, d'électrum
à bas titre, déterrés en 1854, à Vouillé
les-Marais (2), qui datent des cinquante dernières années
de l'indépendance gauloise.
Monnaie pistonne en électrum, trouvée en 1807 aux Carboudes
de Fontenay (cliché Fillon)
Bague d'un chevalier romain trouvée en 1807, près
la commanderie de St-Thomas.
Ces statères étaient contenus dans un vase tout uni,
à parois encore plus minces que celles des Champs-Doullens,
mais toujours de terre noire.
Citez les plus riches gaulois, on trouvait bien des vases -d'or et'
d'argent, ainsi que Pont démontrée les découvertes"
faites à Fontenay, au Poiroux, à Grues, Saint-Mesmin,
Nesmy, Château-Guibert, Saint-Hilaire-de-Talmont, mais pas de
meubles; on couchait sur de la paille ou sur des peaux de bête.
Le costume était des plus simples: pour l'homme, une espèce
de culotte appelée braie, une sorte de, plaid écossais
appelé scie ou saquai, et des chaussures appelées galliques
ou gauloises, d'où est venu notre mot de galoches. - Le poète
latin Martial (40-103 après J.-C.), parle de la cuculle ou
bardoculle de la Saintonge. C'était un manteau court, garni
d'un capuchon qui est devenu, au moyen âge, le chaperon du bourgeois
et le scapulaire du moine. Notre capuchon de domino en est une copie
assez exacte.
Le costume des femmes du peuple se composait essentielle nient d'une
chemise et d'une robe ; celui des femmes nobles était plus
compliqué et plus riche. Celles-ci se piquaient déjà
de coquetterie; elles se lavaient avec de la bière pour avoir
la peau blanche, se fardaient le visage avec de la craie, les joues
avec du vermillon, les sourcils avec de la suie (3),
Conditions sociales. En Vendée, comme dans le reste de la-
Gaule quatre classes d'habitants vivaient côte à côte
1° les esclaves, prisonniers faits, à la guerre ou débiteurs
insolvables ; 20 le peuple, composé en général
des vaincus, attachés au sol et le cultivant au profit de leurs
maîtres. (Cependant des côlons pouvaient posséder,
vendre et acheter ; sans avoir la condition et les prérogatives
des hommes libres, ils étaient cependant bien au-dessus des
esclaves attachés à la personne (d'un maître);
3° les nobles, chefs de clans, possesseurs de vastes territoires,
maîtres de nombreux paysans qui se croient leurs parents, et
qui ne sont en fait guère que leurs esclaves ; 'il, les prêtres,
ordre privilégié se recrutant le plus souvent dans la
noblesse (druides, bardes) (4).
|
NOTES:
(1) Extrait de l'Art de terre cher les Poitevins, par
B. Fillon.
(2) La Taillée, commune de Vouillé-les-Malais:
(3) Rambaud. - Histoire de la civilisation française,
'1 i, page 25. - On a trouvé à Bournigal, près
pouzauges, un petit godet de l'époque gauloise renfermant de
la sanguine, avec laquelle se teignaient sans doute les belles, gauloises
; ce qui prouve que la coquetterie féminine ne date pas d'hier.
;
(4) Rambaud. - Du Fougeroux. Le Poitou sous la domination
romaine.
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LES PICTONS. - ANNALES ÉCRITES
|
Les Pictons, qui habitaient la Vendée pendant la période
gauloise, formaient une puissante confédération subdivisée,
d'après la plupart des historiens, en trois tribus alliées,
dont les noms sont parvenus jusqu'à nous : les Ambiliates,
qui occupaient le nord, depuis les Herbiers jusqu'à la Sèvre-Nantaise
; les Agnanutes (1), dont les possessions situées au centre,
se prolongeaient jusqu'à la limite des cantons de Chantonnay
et de Sainte-Hermine, vers Pareds, et enfin les Agésinates
Cambalectri, qui tenaient les bords de la mer e s'avançaient
jusqu'à une certaine distance dans les terres.
Les Pictons étaient, 58 ans avant Jésus-Christ, une
des trois-cents nations ou peuples (civitates) qui composaient cette
grande région de la France actuelle, dont les habitants étaient
aux veux des Romains, les Gaulois (Galli) proprement dits.
Quoi qu'il en soit, l'entrée du pays des Poitevins dans les
annales écrites, ne date guère-que de la conquête
des Gaule, par Jules César notre acte- de naissance, comme
Poitevins, ainsi due le fait remarquer-judicieusement Caillé
(2), se lit dans les Commentaires du conquérant, au livre an,
chapitre XI, à propos de la guerre maritime qu'il fit aux Venètes.
On y voit les Pictons (Agésinates Cambalectri), en compagnie
de leurs voisins les Santons et autres peuples déjà
soumis, fournir d'après ses ordres; des vaisseaux gaulois,
pour compléter la flotte avec laquelle le jeune Brutus attaqua
et défit les braves et malheureux Venètes. Ces services
'commandés valurent à la province entière l'amitié
du vainqueur et l'exemption de certains impôts, dont furent
grevées les autres tribus : ce qui a fait dire à Lucain,
Pictones immunes. Et pourtant au livre vu, chapitre IX, le conquérant
cite les Pictons parmi les peuples de la Gaule qui répondirent
à l'appel de Vercingétorix, et se rangèrent sous
ses ordres, pour la délivrance et la liberté de la Gaule.
Lorsqu'il arrive au chapitre LXXV du même livre, il fait l'énumération
des nations gauloises, qui envoyèrent des contingents pour
faire lever le siège d'Alésia (3): il y comprend les
Pictons pour 8000 hommes (octona Pictonibus).
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Il est encore question des Pictons au livre VIII des Commentaires,
mais on sait que ce livre n'a pas été écrit par
Jules César: on l'attribue généralement à
Hirtius, un de ses lieutenants.
Au chapitre XXVI, l'auteur parle des frontières des Pictons
(fines Pictonum) et mentionne par deux fois leur capitale, qu'il appelle
Oppidum Lemonum. C'était le nom gaulois de la ville qui prit,
à la fin du IVe siècle, le nom de Pictavi, dont on a
fait après maintes variations celui -de Poitiers.
Dans le cours des Commentaires, on ne trouve qu'un nom de chef picton,
Duratius, Durat. Déserteur de la cause nationale, il s'était
rallié aux vainqueurs ; devenu l'ami de Jules César,
il avait pris parti pour lui dans les circonstances difficiles.
Hirtius nous fait voir aussi une grande partie des Pictons révoltés
contre Duratius, l'assiégeant avec l'aide des Andes, (Angevins),
dans Limonum (Poitiers).
Deux lieutenants de César, les légati, C. Caninius
et C. Fabius, vinrent au secours de Duratius, battirent et défirent
complètement les coalisés, dont ils firent un très
grand massacre. C'en fut fait dès lors de l'indépendance
de la nation, ou cité des Pictons (51 ans avant Jésus-Christ)..
En revanche, à partir de cette affaire, elle jouit d'une paix
qui dura des siècles, pendant lesquels l'histoire est à
peu près muette sur son compte.
Les écrivains qui sont venus après César ont,
çà et là, en termes d'une brièveté
désespérante, parlé des Poitevins et de leur
pays.
Le géographe Strabon, né 50 ans avant Jésus-Christ,
les mentionne dans l'énumération des peuples de l'Aquitaine,
constituée par Auguste(4). Voici ce qu'il en dit e La Loire
se décharge entre Les Pictones et les Namnètes. Le long
de l'Océan se trouvent Les Pictones et les Santones.
Pline l'Ancien (23-79), cite les Pictons qui bordent l'Océan.
Il fait connaître qu'ils employaient la chaux pour l'amélioration
de leurs terres. (Pictones calce-uberrimo facere agros).
Le géographe Ptolémée (ne siècle de l'ère
chrétienne), nous apprend que les Pictons avaient deux villes
principales, Lemonum et Ratiatum (Rezé) (5). Cette dernière
était située dans cette partie du pays des Pictons,
où Strabon dit qui, la Loire se décharge entre eux et
les Namnètes (Nantais), ce qui est précieux pour la
topographie de notre pays, dans les temps les plus, reculés.
Enfin, Grégoire de Tours, au Vie siècle, dit que la
limite des Pictons touche à la cité des Namnètes.
S'il en fallait d'autres: preuves, nous les trouverions encore dans
la circonscription ecclésiastique de l'ancien diocèse
de Poitiers qui, au moment de sa fondation, comprit l'étendue
territoriale dont nous venons de parler ; car suivant l'expression
très juste de Dom Bouquet, de d'Anville et de Guérard,
il est reconnu que les confins des anciens diocèses .de France
ne différaient point des limites des anciens peuples, de la
Gaule. La cession de la rive gauche de la Loire à la Bretagne,
et du pays de Mauges à l'Anjou, n'eut lieu qu'au IXe siècle
: le Poitou les perdit alors, après les avoir possédés
pendant plus de huit-cents ans.
Ammien Marcellin, qui avait servi dans les Gaules, sous Julien, cite
Poitiers comme une des plus belles villes de l'Aquitaine.
Dans une lettre à Ausone, préfet des Gaules, saint
Paulin, son ami, le félicite de la fertilité des terres
qu'il possède chez les Pictons (Pictonisis titi fertile rus
viret arvis). Ce même Ausone nous apprend que ceux des Pictons
qui habitaient sur les bords de la mer se livraient à la pêche
des huîtres (Ostrea pontit et qu Pictonit legit accola
littoris), et que ces huîtres étaient aussi prisées
que celles des rivages armoricains (Armorici pontis).
Ptolémée et Marcien relatent l'existence d'un promontoire
(promontorium Pictonum), le long du rivage de la mer pictone, ainsi
que celle d'un port (Portus Secor) entre l'embouchure de la Charente
et celle de la Loire. Un géographe grec, comme Ptolémée,
Artémidore d'Ephèse, parle d'un golfe ou sinus, désigné
sous le nom de Lac des Deux Corbeaux, qui séparait le-pays
des Santons de celui des Pictons. Ce serait l'ancien golfe (Sinus
Pictonum) dont il ne reste plus que l'anse de l'Aiguillon-sur- Mer
(6).
|
NOTES:
(1) M. Lièvre, dans une remarquable étude,
conteste cette division'.
(2) Revue littéraire de la Vendée, où
nous avons pris une grande partie des renseignements qui suivent.
(3) Au siège d'Alésia, auquel ils prirent
part, près de cent-mille hommes s'abordèrent à
l'arme blanche. (Histoire de France pour tous, page 13.
(4) En l'année 753 de Rome, Auguste chargea
un nommé Léocadius, de faire le dénombrement
du Poitou, Auber, Tome 1, page 32..
(5)Ratiatum, Rastratum, ou le pays, ensuite, nommé
de Retz, fit constamment partie de l'évéché de
Poitiers jusqu'en 851, époque de la réunion à
l'évêché de Nantes (Dufour. - De l'Ancien Poitou
et de sa capitale),
(6) Nous en avons déjà parlé dans
un chapitre précédent.
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ITINÉRAIRE D'ANTONIN
ET TABLES DU PEUTINGER. |
L'itinéraire d'Antonin et la table théodosienne, plus
connue sous le nom de carte de Peutinger (1), le savant allemand qui
la retrouva à la fin du XVe siècle, dans un monastère,
ne donne que peu d'indications sur là géographie du
pays des Pictons.
Tels sont les renseignements principaux que les documents écrits
depuis Jules César jusqu'au commencement du Ve siècle,
fournissent suc le Civitas Pictonum gallo-romain.
Ils sont relativement maigres, mais là science archéologique
à déjà supplée et supplée chaque
jour à leur insuffisance et à leur obscurité.
|
NOTES:
(1) Ce précieux document géographique,
qui date du III ou du IVe siècle, indique seulement les grandes
voies romaines que suivaient les légions dans la plus grande
partie de l'empire d'Occident. On y trouve les voies militaires (vice
militares) qui traversaient le Poitou, les noms et l'emplacement de
leurs " mansiones ", mais on y chercherait vainement la
trace des autres voies qui, classées eu plusieurs catégories,
suivant leur importance, étaient toutes placées sous
la surveillance et ta direction de magistrats spéciaux nommés
" curatores viarinus". Mais l'archéologie et tes
découvertes faites depuis un siècle ont permis de rétablir
le tracé d'une grande partie de ces voies secondaires, qui
desservaient les diverses circonscriptions du Poitou, connues sous
te nom de " pagus ou de vicus ", et dont l'entretien était
obligatoire pour ta cité.
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