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LE BAS-POITOU SOUS LA DOMINATION ROMAINE.
INTRODUCTION DU CHRISTIANISME
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Prospérité de l’agriculture au moment de l’invasion
romaine, - Conquête du Bas-Poitou.
Voies romaines principales et mansions
Voies romaines secondaires
Les deux plus anciennes voies commerciales gauloises du Bas-Poitou
(le chemin Vert et le Chemin Des Sauniers)
Importance des débris jonchant le sol de la Vendée, - Antiquités.
Etat social à l’époque gallo-romaine, - Stèles funéraires
de Benet
Les Tonnelles et les Lampes du Bas-Poitou
Agriculture, Industrie, Etat des arts, Villas, Thermes ou Balnéaires,
Cimetières…
Arrondissement des Sables-d’Olonne
Note sur les fouilles du Troussepoil
Fouilles archéologiques à Noirmoutier
Objets recueillis dans le balnéaire
Arrondissements de la Roche-sur-Yon et de Fontenay-le-Comte
Les Castrums, - les Châtelliers
Invasions barbares
Décadence
Causes qui ont amené en Bas-Poitou la destruction des monuments romains
dans les derniers temps de l’empire d’Occident.
Introduction du christianisme en Vendée (Le Langon, le Veillon et Olonne,
Saint-Cyr-en-Talmondais, le Tallud-Sainte-Gemme, Angles, Fontenay-le-Comte, Foussais)
Apostolat de Saint Hilaire de Poitiers et de Saint Martin de Vertou,Fondation de monastères à Durinum.
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LE BAS-POITOU
SOUS LA DOMINATION ROMAINE
INTRODUCTION DU CHRISTIANISME
PROSPÉRITÉ DE L'AGRICULTURE
AU MOMENT DE L'INVASION ROMAINE. - CONQUÊTE,
DU BAS-POITOU.
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Trente ans avant Jésus-Christ, l'agriculture était
prospère, et la récolte du blé assez abondante
dans notre pays pour permettre des exportations au midi de la Gaule.
Dans ses " Commentaires " Jules-César, l'historien-conquérant
que nous allons voir venir, l'épée dans une main et
la plume dans l'autre, apportant une lumière impérissable
à notre histoire, et une servitude passagère à
nos aïeux, dit que les Helvètes fuyaient leur pays qui
ne pouvait les nourrir, pour aller s'établir dans celui des
Pictons et des Santons qui possédaient du blé en abondance.
Dans un fort savant Mémoire paru dans le Bulletin agricole
d'octobre 1888, M. Levrier, ancien avocat à Niort, donne d'intéressants
renseignements sur la moissonneuse qu'avaient inventée nos
pères et qu'a décrite Palladius (1).
Tout le centre de la Gaule jusqu'à Limoges et Bourges venait
s'approvisionner de sel dans la région qui constitue aujourd'hui
une partie de l'arrondissement des Sables-d'Olonne, et le chemin des
Sauniers venant de Poitiers par Charzais, dont le nom a survécu
à bien des Révolutions, était au commencement
de l'ère chrétienne, avec le Chemin- Vert, dont nous
parlons plus loin, la grande route commerciale conduisant aux côtes
de l'Océan.
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Un pays aussi riche que le Bas-Poitou, placé non loin de l'embouchure-
d'un grand fleuve, sur les bords de l'Océan, ne devait pas
échapper à la convoitise romaine.
Depuis le jour où le brenn des Gaulois pesant la rançon
de Rome avait jeté son épée dans la balance en
disant: " V victis l. Malheur aux vaincus ! " les
Romains avaient résolu l'asservissement de toute la Gaule.
Ils commencèrent d'abord par la Cisalpine, qu'ils emprisonnèrent
dans un cercle de forteresses... Puis vint le tour de l'Armorique
et du Bas-Poitou. Ces dernières proies étaient réservées
à Jules-César.
" J'aurais voulu voir, dit Michelet, cette blanche et pâle
figure, fanée avant l'âge parles débauches de
Rome, cet homme délicat et nerveux, le front nu sous les pluies,
de la Gaule, à la tête des légions, traversant
nos fleuves à la nage ou bien à cheval, au milieu de
sa garde germaine, entre les litières où ses secrétaires
étaient portés, dictant quatre, six lettres à
la fois, exterminant sur son chemin deux millions d'hommes, et domptant
en dix années, la Gaule, le Rhin et l'Océan du Nord
".
Vainqueur des Venètes et maître de Nantes, l'antique
Condivincum, Jules-César vient mettre le siège devant
Durinum, aujourd'hui Saint-Georges-de-Montaigu. Après une lutte
désespérée il entre en triomphateur dans la vieille
cité gauloise, placée dans une position stratégique
admirable, au confluent des Deux-Maines. Là il s'y retranche,
et aussi habile politique que grand général, il essaie
de faire des vaincus de la veille, des alliés pour la grande
lutte qu'il prépare contre Pompée.
Des plus vaillants soldats de ce pays honoré par lui du nom
de mata gens, il forme une légion à laquelle il donne;
pour enseigne l'alouette, symbole de la vigilance et de la gaieté.
Consolée de la servitude par la gloire, cette brave légion,
où dominent les Pictons, passe les Alpes, en chantant, harcèle
jusqu'à Pharsale les soldats de Pompée, entre -victorieuse
à Rome, comme autrefois avec le breun, et met à ses
pieds l'empire du monde.
Cinquante ans après la conquête, sous l'empereur Auguste,
les Romains emploient pour le Poitou la politique habile qu'ils appliquaient
partout.- Les Pictons sont séparés dé la grande
famille celtique où le vieil esprit n'était pas encore
éteint. Réunis à l'Aquitaine, ils devaient peu
à peu subir l'influence de cette portion de la Gaule promptement
devenue une province romaine (2).
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NOTES:
(1) Palladius, fils d'Exupérance, préfet
des Gaules, naquit à Poitiers durant le Ve siècle. Nous
lui devons un Traité d'Agriculture en quatorze livres. (Thibaudeau,
Histoire du Poitou).
(2) D'après le Père Arcère, Tibulle
aurait accompagné en Poitou le- général romain
Messala.
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VOIES ROMAINES PRINCIPALES
ET MANSIONS
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Quelque amers que pussent être les regrets du passé
et le souvenir de la vieille liberté gauloise, l'admnistration
des empereurs et des proconsuls sut les effacer par sa modération,
son impartialité et sa préoccupation continuelle des
intérêts généraux.
A côté des camps retranchés de Pouzauges, de
Saint-Michel-Mont-Mercure, de Tiffauges, de Mortagne, etc., où
Agrippa établit, selon les circonstances, son quartier général,
des voies romaines dont le tracé, certain pour quelques-unes,
l'est aussi à peu près pour d'autres, en raison de considérations
que nous ne pouvons développer ici, sillonnent le pays et assurent
les communications entre Nantes, Angers, Poitiers, Limoges, Bourges,
Saintes et-les côtes de l'Océan.
1. - De Nantes â Rom, par Montaigu, Saint-Georges-de-Montaigu{Durinum),
Bazoges-en-Paillers, Le Plessis-de-Beaurepaire, Le Plessis-des-Herbiers,
La tonnelle, Les Herbiers (Ardelay près), Bois-Jolly, La Blinière,
Pouzauges, Montournais, Saint-Pierre-du-Chemin et L'Absie (1).
2. - De Nantes à Saint-Gilles, par Port-Saint-Père,
Machecoul, Varnes, Challans, Riez (2).
3. - De Nantes à l'Absie, par Vertou, Le Pallet, Tiffauges,
La Verrie (près), Le Châtellier, Menomblet, Saint-Pierre-du-Chemin
(3).
4. - De Nantes à Saintes (2 tracés). Le 1er par Montaigu,
Saint-Georges-de-Montaigu, Les Quatre-chemins-de-l'Oie. L'Herbergement-Ydreau,
Le Plessis, Saint-Vincent-fort-du-Lay, Ingrandes (4) près La
Réorthe, Champgillon, Thiré (l'antique Ruson), Féolette,
Le Langon,, Velluire. Reth, Le Vanneau et Sansais, où elle
rejoint la ligne d'Angers â Saintes (5), par Usseau et Torxay
(6).
5. - De Nantes à Saintes (2e tracé). Par Saint-Georges-de-Montaigu,
Benaston, La Rabatelière, Les Essarts, le Moulin-des-Loges,
La Lévinière, Puymaufrais, Sainte-Hermine, Mouzeuil,
Le Langon, etc. (7).
6. - De Nantes à Beauvoir, par Rezé, Les Sorinières,
Viais, Saint-Philbertde-Grand-Lieu (Déas), Bois-de-Céné
(près) (8).
7. - De Nantes ci fard, par Viais, Saint-Philbert, Saint-Etienne-de-Mer-Morte,
Froidfond, Saint-Christophe-du-Ligneron, Apremont, La Mothe-Achard,
Grosbreuil (près) (9) .
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8. De Nantes à Jard, par Viais, Saint-Colombin, Légé,
Saint-Etiennedu-Bois, La Chapelle-Palluau, Aizenay (près),
La Chapelle-Achard, Grosbreuil (10).
9. - De Nantes à Mareuil, par Saint-Georges-de-Montaigu,
Les QuatreChemins-de-Grala, La Merlatière, Thorigny, Mareuil
(11).
10. - De Saintes à Beauvoir, par Sansais, Le Vanneau, Reth,
Velluire, Le Langon, Nalliers (près), le Pont-de-Silly, Mareuil,
La Routière (Aubigny), Apremont, Challans (près), Saint-Gervais,
Beauvoir (12).
11. - De Bourges à Saint-Gilles, par Ension (Saint-Jouin-de-Marne),
La Pommeray-sur-Sèvre, Les Châtelliers (près),
L'Herbergement-Ydreau, Les Essarts, La Merlatière, Aizenay
(près), Apremont (13).
12. - D'Angers à Saint-Gilles, par Cugand, La Pénissière,
Durinum, L'Herbergement, Les Lues, La Chapelle-Palluau (près),
Maché (près), Apremont (14).
13. - De Bourges aux Sables-d'Olonne, par Ingrande, l'Absie, La
Loge-Fongereuse, Sainte-Hermine, Mareuil-sur-le-Lay, Saint-Avaugour-des-Landes,
Le Poiroux (près), Château-d'Olonne (15).
14. - De Bourges à Beauvoir, par Voultegon (Segora), Châtillon,
La Louvrenière de Saint-Martin-Lars-en-Tiffauges, où
on a trouvé une borne milliaire, Durinum, Saint-André-Treize-Voies,
Rocheservière (près), Saint-Etienne-de-Mer-Morte, Varnes,
Châteauneuf, Beauvoir (16).
15. De Poitiers à la Gachére, par Allonne, rie Busseau,
Puymaufrais, où il existe des restes de l'ancien pont romain
appelé le Grand-Pont déjà cité, Trizay
(fours â potiers gallo-romains, restes d'habitations, trouvés
vers 1860),Saint-Florent-des-Bois (près), La Chapelle-Achard,
Vairé (près) (17).
Le long de ces grandes voies, comme à Saint-Georges-deMontaigu,
Cugand et probablement Mareuil, Fontenay-le-Comte, Le Langon, Apremont,
l'Herbergement-Ydreau, se dressaient des mansions : c'étaient
des sortes d'hôtelleries, des lieux de repos plus particulièrement
destinés à servir d'étapes aux corps de troupes
en mouvement, mais où les simples voyageurs trouvaient aussi
des bâtiments pour se reposer et prendre la nourriture (18).
De mille en mille pas romains (environ 1181 m. 50), s'élevaient,
sur les routes, des bornes milliaires marquant les distances. Plus
hautes que les nôtres, elles formaient, soit des colonnes, soit
des petits monuments, sur lesquels on gravait souvent des inscriptions.
- Vers 1832, on a trouvé, à Saint-Pierre-du-Chemin,
une de ces bornes milliaires, déposée au musée
de Nantes, croyons-nous, et plus récemment encore, une autre
à la Louvrenière de Saint-Martin-Lars-en-Tiffauges.
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NOTES:
(1) Cette voie, que nous avons retrouvée sur
plus de 12 kilomètres, lie passe point IX. Beaurepaire, comme
l'ont prétendu divers auteurs : elle se rend de Bazoges aux
Herbiers, par Les Plessis et La Tonnelle.
Il est à remarquer que les foires les plus renommées
du pays, celles de Montaigu, les Herbiers, Saint-Michel-Mont-Mercure,
Pouzauges, Saint-Pierre-du-Chemin, Chantemerle et 1 Absie, se tiennent
le long de cette route.
acute; certain jusqu'à Machecoul,
d'après le Bulletin de la Société de géographie
de Nantes, année 1898 (Léon Maître), probable
pour les autres points.
(3) Mentionnée de Nantes à Tiffauges,
bulletin déjà cité.
(4) Le non d'lngrandes indique ordinairement non seulement
une frontière, mais l'endroit où un chemin, soit gaulois,
soit, romain, passait du territoire d'un peuple dans celui d'un autre.
(5) Certains autours prétendent, qu'à
partir du Langon, elle se dirigerait sur Saintes, parle Gué-de-Velluire,
Saint-Jean-de-Liversay, Le Gué d'Allère et Surgères.
(6) Voie reconnue par nous du Langon à Reth,
signalée de Sansais à Saintes, par M. Lièvre.
- Le reste, connu du Plessis à La Réorthe.-Probable
pour le reste.
(7) A Puymaufrais, existent sur le Lay les restes d'un
pont romain, que nous avons vu il y a de longues années. Il
est connu dans le pays, sous la dénomination de Grand-Pont.
- Tracè connu sur plusieurs points, probable sur d'autres.
(8) Société de géographie de Nantes
(année 1898). Léon Maitre.
(9) Tracé suivi, indiqué par M. Billon.
(10) (L'abbé Baudry).
(11) Tracé probable.
(12) Tracé repéré' par nous, de
Reth à Sansais. - Restes du vieux pont romain à Mareuil,
vestiges nombreux de l'époque gallo-romaine partout. - Voie
d'emprunt.
(13) Tracé très probable.
(14) Tracé connu de la Sèvre aux Lues
: probable plus loin.
(15) Retranchements gallo-romains entre le Poiroux
et Saint-Avaugour.
Nombreux vestiges gallo-romains. - Tracé probable.
(16) Tracé certain sur quelques points, probable
sur d'autres.
(17) Tracé probable.
(18) Anthony Rich. - Dictionnaire des Antiquités
grecques et latines.
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VOIES ROMAINES SECONDAIRES |
A ces voies principales s'en rattachaient des secondaires en très
grand nombre, parmi lesquelles nous citerons seulement :
1° Une voie romaine ou gauloise améliorée, allant
des Lues à Saint-Gilles, par Palluau, Commequiers et le Pas-Opton
(Fillon) ; - 2° une autre, de Mareuil â Talmont, par les
Moutiers-les-Mauxfaits; - 3° une autre, de l'Absie à Sigournais,
par Saint-Pierre-du-Chemin, Le Paligny (bois), et Bourdin (Aude et
Richer) 4° celle de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu â l'Herbergement,
par Saint-Colombin, Bouaine, Saint-André-Treize-Voies (Léon
Maître. Bulletin de la Société de géographie
de Nantes, année 1898) ; - 5° de Viais â l'Herbergement,
par Geneston et Saint-André-Treize-Voies (Léon Maître)
; 6° une autre, appelée Grand-Chemin du Bocage, dont il
reste des traces près la Touche de Sérigné, à
la ferme du Grand-Chemin et près la Coudraye, se dirigeait
probablement des Herbiers et de Chantonnay sur Fontenay. Cette dernière
devait être sans doute un tronçon du chemin conduisant
de Nantes à Fontenay et qui aurait facilité aux pirates
le parcours du pays (1).
On peut conclure par l'examen des cartes que si pour les voies stratégiques,
les Romains n'ont point toujours tenu compte des routes tracées
par les Gaulois, il n'en a pas toujours été de même
quand il s'est agi de la communication d'un centre à l'autre,
car il ne faut pas oublier que les Romains ont conservé les
mêmes centres de populations que les Gaulois. Un fait digne
de remarque, c'est l'analogie curieuse qui existe entre la direction
des voies romaines et celle suivie par les routes nationales, et aussi
par les lignes stratégiques dont on sillonna la Vendée,
à partir de 4833. C'est ainsi, qu'à la Pénissière
de la Bernardière, la voie romaine et la voie stratégique
viennent se rencontrer.
Il n'est donc pas téméraire d'affirmer que le territoire
des Civitas Pictonum était couvert d'un véritable réseau
de voies de toutes sortes, preuve indéniable d'un grand développement
de civilisation et de prospérité.
Aussi Larry était-il autorisé à dire dans ses
considérations sur la géographie ancienne du Poitou,
en ces temps où il ne pouvait encore prévoir le merveilleux
développement des voies ferrées " ce luxe de communication
qui a souvent excité notre admiration " que le Poitou
jouissait à ces époques reculées des avantages
d'une civilisation très avancée, et qui n'avait rien
à envier à -la civilisation contemporaine si justement
fière de ses progrès (2).
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NOTES:
(1) Histoire du Poitou, par l'abbé Auber. T.
v., p. 480. Recherches personnelles.
(2) Mémoire de la Société de Statistique
des Deux-Sèvres. T. XII (années 1847-48 et 49).
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LES DEUX PLUS ANCIENNES VOIES
COMMERCIALES
GAULOISES DU BAS-POITOU
LE CHEMIN-VERT. -LE CHEMIN DES SAUNIERS.
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Les deux plus anciennes voies commerciales gauloises du Bas-Poitou,
utilisées et améliorées par les Romains, sont
sans nul doute le Chemin- Vert et le Chemin des Sauniers, dont les
traces sont encore visibles sur un grand nombre de points de la Vendée,
et dont la chaussée a été utilisée lors
de la construction de plusieurs routes de notre département
(1).
Le Chemin-Vert, dont le nom a survécu à bien des révolutions,
était à une époque fort éloignée,
la grande voie de communication entre les régions situées
au-delà de Niort et les côtes de l'Océan. Partant
de Limoges, il passait par ou près Mougon, Niort, Benet, Lesson,
Nieuil-sur-l'Autise (2), Xanton, Saint-Martin-de-Fraigneau, Darlay,
et se réunissait à la barrière de Parthenay (Fontenay)
avec le Chemin des Sauniers,, venant de Poitiers par Charzais.
Confondues ensemble au point sus-indiqué, ces d'eux voies
traversaient Fontenay-le-Comte, laissaient à gauche les Essarts,
la Garnison, la Garde, passaient au-dessus Puy-Bernier, pour de là
se rendre-à Petosse, le Grand-Vanzay et l'Abbaye.
Arrivés à ce dernier point, le Chemin-Vert et le Chemin
des Sauniers -se séparaient.
Le premier se dirigeait sur Mareuil, en servant de limite à
Saint-Jean-de-Beugné, Corps, les Magnils-Reigniers,, passait
non loin du moulin de Rassouillet et de Dissais.
Arrivé à Mareuil il traverse encore; sous le nom de
chemin de grande communication n° 19 de Jard à Coulonges,
les communes de la Couture, Rosnay (l'Yon au Gué-Besson), Champ-Saint-Père,
Saint-Sornin, les Moutiers-les-Mauxfaits, Saint-Avaugour-des-Landes,
Avrillé, Saint-Hilaire-la-Forêt, Saint-Vincent-sur-Jard
(Beccidcum) et Jard.
Le Chemin des Sauniers venant de Poitiers suit, en Vendée,
sensiblement le chemin de grande communication n° 35 de Fontenay
à Saint-Maixent, franchit le ruisseau de La Prouillc près
Saint-Hilaire-des-Loges, traverse la commune de Xanton jusqu'à
Beau-Soleil. A partir de ce point il emprunte le chemin de grande
communication n° 3 jusqu'à la barrière de Parthenay
(ville de Fontenay) et se confond avec le Chemin-Vert jusqu'au Grand-Vanzay,
limite Saint-Aubin et Nalliers, passe au pont de Silly (3), laisse
Luçon à gauche, rejoint la route des Sables au port
de la Claye, sépare la commune de Curzon de celle de Saint-Cyr-en-Talmondais,
ensuite la commune de la Jonchère de celles d'Angles et de
Saint-Benoît. 1l franchit le ruisseau de Troussepoil, au pont
de la Brime, au-dessus du Pé-des-Fontaines, couvert à
son sommet de sépultures gallo-romaines, forme ensuite la limite
de la commune du Bernard avec celle de Jard, traverse les communes
de Longeville, de Saint-Vincentsur-Jard, sous le n° 79 de grande
communication, et arrive à Jard, où il se confond de
nouveau avec le Chemin-Vert.
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NOTES:
(1) Les Romains avaient encore toutes sortes de voies
plus ou moins larges, suivant l'usage auxquelles elles étaient
destinées. On les appelait: Via, Iter, Actus, Semita, Callis,
Trames, Ambitus, Divortia.
Via. - Ces voies publiques avaient en général
huit pieds de largeur, sauf celles qui aboutissaient à de grands
fleuves, aux ports de mer ou aux villes importantes.
Iter, désignait aussi souvent la même chose
que Via, et avait autant de largeur. C'était aussi un petit
chemin de deux pieds de large où l'on pouvait aller à,
pied et â cheval, même en litière.
Actus, ètait un chemin de quatre pieds de large,
ouvert dans les champs pour le passage des charrettes et chariots
nécessaires à, l'agriculture et pour la rentrée
des récoltes (*).
(2) Tout près de Nieuil, nous avons retrouvé,
en 1888, le radier et les piles du vieux pont gallo-romain' qui donnait
passage au Chemin-Vert.
(*) Louis Brochet.- Une voie romaine traversant Fontenay-le-Comte.
(3) M. Bordelais, agent-voyer à Luçon,
en a retrouvé la chaussée, il y a environ vingt ans,
en faisant construire un chemin vicinal ordinaire sur le territoire
de Sainte-Gemme-la-Plaine.
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|
IMPORTANCE DES DÉBRIS
JONCHANT LE SOL
DE LA VENDÉE. - ANTIQUITÉS.
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Lorsque l'on parcourt le département de la Vendée (1),
on s'étonne de découvrir à chaque pas, tout ce
que l'histoire et aussi la nature y ont laissé ou semé
de curiosités et de sujets d'études.
Pour peu qu'on s'y arrête, il n'est presque pas de bourgade
anciennement habitée, qui n'ait autour d'elle ou dans son sein
des traces multiples et profondes de civilisations depuis longtemps
disparues.
Les monuments mégalithiques aux profils informes et gigantesques
qui existent encore en grand nombre sur notre sol, donnent à
l'esprit, avec leur haute antiquité, la sensation qu'ils n'ont
pu se dresser là que sous l'effort des bras d'une population
assez dense, et que du moment que cette population existait, il lui
a fallu des abris, des lieux de refuge. Que ces abris fussent en bois
ou en terre, peu importe ! il n'en n'est pas moins vrai que leurs
habitants surent se grouper sur certains points où les générations
suivantes sont venues successivement vivre et mourir, avec cette docilité
instinctive qui a fait de l'homme l'esclave de l'habitude et de la
routine.
On peut affirmer qu'il n'y eut jamais de lacune dans la vie de ces
petits centres de populations, depuis l'époque de la pierre
polie jusqu'à celle où les Romains apportèrent
à la Vendée, avec leurs coutumes et leur civilisation
raffinée, leurs murs corrompues.
Au commencement de ce siècle (2), quatre ou cinq gisements
gallo-romains au plus étaient signalés sur ce pays de
Vendée qui semblait être au bout du monde, déshérité
et ignoré. On semblait croire que les légions romaines
avaient foulé le sol de notre département, sans y laisser
aucun vestige matériel de, leur passage. Aujourd'hui plus on
cherche, plus on explore, plus on découvre à chaque
pas, l'empreinte de, la civilisation romaine qui s'était infiltrée
partout dans les plaines, dans les îlots de l'ancien golfe des
Pictons, sur les hautes collines et jusqu'au milieu de l'Océan.
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Partout existent, soit apparents, soit latents, dans cette vaste
enceinte, des souvenirs et des indices matériels de cette civilisation
qui suivait pas à pas pour s'y fixer et y fleurir, les aigles
romaines, partout où elles pénétraient.
En tous lieux, comme une charrue puissante, elle a labouré
notre sol et y a laissé des traces de son passage et de son
influence. L'époque de la défaite est si éloignée,
que le ressentiment en est pour ainsi dire étouffé sous
le poids des siècles, et que c'est presque avec orgueil, que
l'on exhume ces impérissables souvenirs de la domination romaine,
qui excitent à juste titre la curiosité de l'archéologue
(3).
Notre contrée est donc intéressante à plus d'un
titre, embellie encore par la magique poésie des souvenirs
que nous allons essayer de faire revivre dans les pages qui suivent.
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NOTES:
(1) Ancien Bas-Poitou.
(2) En 1802, on avait trouvé à Pont-Habert,
près Challans, des ruines d'un édifice gallo-romain
(Voir Statistique Cavoleau, pp. 391-92, etc.). Vers la mètre
époque, on avait rencontré à Saint-Georges-de-Montaigu,
des vestiges de l'occupation romaine.
(3) Fillon, de Rochebrune, Baudry et documents personnels.
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|
ÉTAT SOCIAL A L'ÉPOQUE
GALLO-ROMAINE.
STÈLES FUNÉRAIRES DE BENET.
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La plupart des classes sociales indépendantes chez les anciens
Pictons, se retrouvent sous la domination romaine, mais singulièrement
modifiées. En dehors des patriciens et des curiales se forment
de nouvelles couches sociales, grandissent des hommes de la plèbe
qui, enrichis par l'industrie et le commerce, deviennent eux aussi
des notables, et héritent de l'influence que possédaient
autrefois les seuls chevaliers. Ils ont laissé, de nombreux
monuments funéraires avec des inscriptions et des bas reliefs
qui témoignent de leur luxe. Sur ces monuments, dont quelques-uns
existent encore à Benet, figurent les ancêtres du tiers-état
français ; le maçon avec sa truelle, le forgeron avec
son marteau, le sabotier à son établi, le peintre en
bâtiment avec son pinceau, etc. Un marchand de vin est assis
fièrement en costume de travail, ayant à côté
de lui sa femme parée de ses plus beaux atours. Les deux stèles
ou cippes trouvées à Benet dans la propriété
de M. Tristan, sont surmontées de frontons triangulaires, vierges
de toute inscription tumulaire. Sur la base de l'une est gravé
en relief le croissant de Diane, et sur celle de L'autre, une sorte
de pomme de pin. Deux acrotères devaient probablement se trouver
au-dessus des chapiteaux qui supportent le couronnement.
La stèle la mieux conservée a une largeur de 0 m.
58 et une hauteur totale de 1 m. 35. Dans une niche semi-circulaire
elle contient l'effigie en buste d'une femme dont les cheveux sont
disposés de manière à former un bourrelet en
torsade autour du front : c'est du reste la coiffure dont on retrouve
beaucoup d'exemples dans les effigies de femmes romaines. Une sorte
de tunique décolletée embrasse la poitrine sur laquelle
elle paraît fixée à l'aide d'une bande triangulaire.
La taille est serrée à la ceinture par un cordon, et
les manches paraissent fortement étoffées. De la main
droite elle tient une bouteille à long col, sorte d'ampulla,
et de l'autre un vase à boire ou poculum.
Deux de ces poculum se trouvent sous le buste de la femme ce qui
tendrait à faire croire qu'elle faisait le commerce des liquides,
d'autant mieux que les cippes étaient presque tous revêtus
d'ornements ou emblèmes faisant allusion à la profession
du défunt.
La deuxième stèle, d'une hauteur totale de 1 m. 10
pour une largeur de 0 m.. 5M, était posée sur une pierre
formant soubasserrent, dans laquelle on l'avait encastrée.
Elle présentai sensiblement une section demi-circulaire.
Dans la niche presque carrée, est représenté
à mi-corps et en bas-relief, un homme dont les traits sont
loin d'être aussi bien conservés que ceux de la femme.
La partie supérieure des épaules seule émerge
avec-la tête, au-dessus du bloc, dans lequel a été
creusé la niche : aucun attribut n'existe (1).
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NOTES:
(1) Louis Brochet. - Chez les Gallo-Romains du pays
de Maillezais. Vannes, imprimerie Lafolye, 1891
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LES TONNELLES ET LES LAMPES
DU BAS-POITOU |
Les Tonnelles, sortes de petites tours monolithes, naguère
éparpillées sur toute l'étendue de notre département,
placées généralement à côté
de bourgs, ou villages d'origine ancienne, ou dans les directions
qui y aboutissaient, 'couronnaient presque toujours des hauteurs.
Sur la route de Grues à Lairoux, existe encore une tonnelle
dite Tour-des-Fées. Cette tonnelle, une des mieux conservées
du pays, a près dé quatre mètres de hauteur son
élévation au-dessus du niveau de la mer est de 20 mètres.
Sa construction, d'après Benjamin Fillon, paraît remonter
au IVe siècle, ainsi que celle de Moricq. Il n'entre pas dans
notre pensée de nous inscrire contre l'opinion du savant vendéen
: il nous suffira de faire remarquer qu'antérieurement à
cette époque, devait probablement exister au même lieu,
un monument remontant aux âges préhistoriques, car, au
mois de septembre 1892, M Lièvre, le savant archéologue
de Poitiers, et nous, avons trouvé, au pied de la tonnelle,
des silex dits " amandes de Chelles ", et divers autres
objets de l'époque solutréenne ou. magdalénienne.
Quelques auteurs pensent que ces Tonnelles, fort nombreuses sur
le territoire de la Vendée, à en juger par le nom des
ténements, servaient à transporter de la côte
à l'intérieur, des signaux de jour et de nuit, en vue
d'un danger venant de la mer, ce qui ferait remonter leur construction
à une des époques où les Saxons ravagèrent
la Gaules c'est-à-dire, sous Posthume ou sous les successeurs
de Constantin.. D'aucuns prétendent que ces débris de
construction ne seraient autre chose que des restes de moulins à
pivot dont l'existence est signalée, croyons-nous, pour la
première fois en 1105 nous nous rangerions assez volontiers
à cette dernière opinion.
Si le mode d'affectation des lieux dits Tonnelles, est controuvé,
il n'en est pas ainsi de ceux appelés : Lampes, Lanternes,
Falots, Petits-Feux, dont quatorze, relevés par M. Bitton,
s'échelonnaient sur l'ancien golfe des Pictons, placés
à une distance maxima de 15 kilomètres du littoral,
et de 20 kilomètres environ les uns des autres. Trois autres
sont plus enfoncés dans l'intérieur des terres.
Ces lampes ou phares, construites près des bords de la mer,
ou sur des points élevés des côtes, servaient
à l'entretien des feux allumés pendant la nuit, et de
repères aux navigateurs, en les avertissant, soit de la présence
d'un passage difficile, soit d'une rade ou d'un port. A l'origine,
on se contenta d'allumer au sommet de ces tours, des feux de bois
ou de charbon, des torches de résine, ou bien encore des mèches
plongeant dans l'huile ou dans le suif. C'étaient sans doute
des lampes de ce genre, dont le savant M. Bitton a retrouvé
la trace sur les points suivants (1).
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1. Commequiers. - La Lampe à la Brigassière, altitude
20 mètres, distance de la côte 5 k. 500.
2. Saint-Hilaire-de-Talmont. - La Lampe à la Savoire, altitude
20 mètres, distance de la mer 7 k.
3. Saint-Julien-des-Landes. -- Le Falot à la Guyonnière,
altitude 46 mètres, distance de la mer 10 k.
4. Saint-Vincent-sur-Graon - Le Petit-Feu à la Tuandière,
altitude 70 mètres, distance de la mer 15 k.
5. La Bretonnière. - Le Petit-Feu à Mortevieille,
sur un petit promontoire environné de marais alimentés
par les eaux du Lay, au fond d'une anse, communiquant avec le golfe.
6. Péault. - La Lampe au Poiré, altitude 25 mètres,
distance de la mer 5 k. 500-.
7. Les Magnils-Reigniers. - La Lampe à Beugné, sur
les bords du même golfe.
8. Sainte-Gemme-la-Plaine. - La Lampe au moulin de ce nom, sur la
route de Luçon, altitude 20 mètres, distance de, la
mer 3 k. 540.
9. Le Poiré-sur-Velluire. - La Lampe à la hutte de
ce nom, sur le bord du marais.
10. Fontenay-le-Comte. - La Lampe près la Ruine à
l'altitude de 20 mètres, et à 5 kilomètres environ-du
golfe.
11. St-Médard-des-Prés. - La Lampe à peu de
distance de la précédente, à la même altitude
et à la même distance.
12. Montreuil-sur-Mer. - La Lampe à l'est du village, altitude
20 mètres, et à 2 kilomètres du golfe.
13. Sainte-Christine. - La Lampe au sud-est du moulin, à
l'extrémité du promontoire et à une faible distance
du golfe.
14. Nieuil-sur-l'Autise. - Champ de la Lampe.
En dehors de ces `quatorze points placés sur l'ancien lac
des Deux-Corbeaux, des anciens géographes, se trouvent :
1. Sigournais. - La Lanterne près du Requère, altitude
80 mètres, distance de l'ancien golfe environ 27 k.
2. La Châtaigneraie. - La Lampe au Pré-Bailly, altitude
108 mètres, distance de l'ancien golfe environ 26 k.
3. Saint-Martin-Lars-en-Sainte-Hermine. - La Lampe à Braignard,
altitude 84 mètres, distance de l'ancien golfe environ 19 k.
Le profil des altitudes indique nettement que l'élévation
de ces divers points est en raison directe de l'éloignement
des bords de la mer, et que lampes devaient concourir à un
même but, obéir à un même ordre d'idées
(2).
|
NOTES:
(1) Depuis la rédaction de cet article, nous
avons trouvé la base d'un de ces phares, au lieu dit Saint-Martin-du-Gué-de-Velluire,
sur le bord même de l'ancien golfe des Pictons. La nature des
matériaux employés indiquait clairement la fin du ni-
ou le commencement du IVe siècle. C'est sur ce point que fut
établie la première paroisse du Gué.
(2) Pour plus de détails (voir l'Annuaire de
la Société d'Emulation- de la Vendée, année
1886, pages 1 à 19.)
Dufour et La Fontenelle mentionnent un retrait subit de la mer sous
le règne de Louis d'outremer, Guillaume tête d'Étoupes
étant comte de Poitiers. Cet événement se- serait
accompli entre 936 et 954. Quelques auteurs fixent la date de 949.
D'' après Lacune, les eaux qui couvraient le Marais de Maillezais,
disparurent subitement pendant les vêpres, le 31 octobre 1460,
et qu'enfin dans une requête présentée en 1737,
à l'intendant du Poil ou, par les gens de cette contrée,
il y est rappelé que la nier se retira inopinément de
beaucoup de, lieux qu'elle couvrait auparavant à la mer basse.
Le même Lacurie prétend qu'il y avait autrefois un port
important à Maillezais:
A cette époque les eaux de la mer se mêlaient encore
aux eaux douces du marais.
|
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|
AGRICULTURE, INDUSTRIE, ÉTAT
DES ARTS, VILLAS,
THERMES OU BALNÉAIRES, CIMETIÈRES, ETC.
|
Les Bas-Poitevins s'étaient vite assimilé les murs
et la civilisation plus avancée de leurs vainqueurs (1) ; l'agriculture
se développait, le commerce renaissait, les habitants de la
région qui constitue aujourd'hui une partie ~de l'arrondissement
des Sables-d'Olonne sillonnaient de leurs barques la mer des Pictons.
A: cette époque notre pays, selon toute vraisemblance, commençait
à con- naître le noisetier, l'abricotier, le châtaignier,
le prunier, le pêcher etc.
L'industrie gallo-romaine était en progrès, et sur
beaucoup de points de la Vendée des découvertes établissent
d'une façon certaine que dès les premiers siècles
de l'ère chrétienne, l'industrie du fer était
prospère à la Ferrière, à la Vergne de
Saint-Hilaire-des-Loges, à Mervent, et que celle du verre y
était en grand honneur sur plusieurs points, notamment dans
la forêt de Vouvent, où en 1889 et 1890, nous avons découvert
plusieurs fours, remontarit aux ne et me siècles (2).
Dès le ne siècle, sous la monarchie des Antonins,
et plus tard sous Posthumus, Lollianus, Victorinus, Marius et Tétricus,
Pendant le règne desquels la Gaule fut pour ainsi dire indépendante,
toutes les magnificences du midi avaient envahi notre contrée.
Aux sanctuaires des forêts avaient succédé des
temples magnifiques'- à Champorté près Pouzauges,
à Saint-Michel -Mont-Mercure, à Bouin, à Saint-Georges-de-Montaigu,
- et aux maisons de terre et de bois, avaient succédé
les maisons de pierre et de marbre.
Les hommes considérables ont dans la cité leur maison
d'hiver et dans les campagnes des villas magnifiques, des curtis,
coin, prenant outre la maison seigneuriale, de véritables villages
occupés par de nombreux artisans, où le luxe de la richesse,
le bon goût, et même une certaine poésie charmaient
l'existence de ceux qui venaient chercher un abri contre les préoccupations
ou e ennuis de la cité.
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Ces villas, qui sous la première race de nos rois deviendront
la demeure de quelque noble franc ou appartiendront au fisc royal
comme à l'Hermenault, Thiré, Grues, Saint-Nicolas-de-Brem,
Antigny, Petosse, Payré-sur-Vendée, Saint-Gervais, Noirmoutier,
etc., (3) sont souvent pourvues de thermes ou balnéaires comme
ceux de Noirmoutier, que nous décrirons plus loin, .et dont
l'aménagement et la richesse sont pour nous un sujet d'admiration.
Ces villas sont cachées au bord des eaux, à l'ombre,
des forêts (4), au flanc des collines, au fond des vallées
les plus reculées, et les fouilles entreprises depuis 50 ans
en Vendée, notamment par MM. de la Brière, Piet, de
Sourdeval, Audé, Fillon, Brethé, Baudry, Mandin, etc.,
ont établi qu'il en existait sur plus de cent points aujourd'hui
connus.
Dans maints tombeaux de cette époque, au Mazeau, à
l'lsleaules-Vases, à Saint-Denis-du-Payré, à
Nalliers, au Langon, à Dompierre, à Saint-Georges-de-Montaigu,
à la Bernardière, à Saint-Médard-des-Prés,
et ailleurs, on a trouvé de nombreux objets en verre de l'époque
gallo-romaine, fabriqués en Vendée et dont' l'ensemble
annonce un sentiment artistique très développé.
Dans la villa de, Saint-Médard-des-Prés, découverte
en 1845, et dont l'atrium reconstitué figure dans notre dessin,
on a trouvé des couleurs, des bronzes, des mosaïques et
des vernis. Des peintures murales, qui ornaient cette riche habitation,
pourraient bien faire honte à. quelques peintres décorateurs
de nos jours. On y remarque surtout des sujets ayant trait aux divinités
des eaux.
Instruments de peinture découverts à Saint-Médard
(Atrium restauré de la villa)
(D'après une eau-forte de M. de Rochebrune)
Dans l'angle sud-est de la sépulture, on a trouvé un
coffret en fer très oxydé, de 0 m. 25 de longueur, 0
m. 15 de largeur et 0 m. 10 de hauteur. Il renfermait, mêlés
à un peu de terre amenée par l'infiltration des eaux
1- Une boite à couleurs en bronze (n° 1). - 2- Un godet
on petit mortier du même métal (n° 7). - 3- Un étui
contenant deux petites cuillères également en bronze
(n° 8, 9 et 10). - 4° Deux instruments en cristal de roche
(n° 11). - 5° Deux manches de pinceaux en os (n° 12).
- 6- Une palette en basalte (n° 13).
Ces divers fragments, possédés par MM. Charier, Jousseaume,
de Fontenay, etc., dénotent une grande habileté et-se
rapportent au IIIe siècle. Un mouvement considérable
dans les arts de la Gaule se produisit sous Posthumus, dont certaines
- monnaies seraient aussi très; supérieures comme sentiment
de l'art, à ce qui se faisait alors en Italie. Les bains romains,
découverts à Noirmoutier, semblent se rapporter à
l'époque du grand mouvement dont nous venons de parler. Il
n'est, pas jusqu'aux potiers poitevins qui, ainsi que nous le verrons,
_n'aient laissé avec leurs marques de fabrique, divers objets
de la même époque.
L'ancienne côte des, Pitons, depuis Benet jusqu'aux limites
du pays de Retz surtout, est littéralement garnie de substructions
romaines.
|
NOTES:
(1) Cependant, la langue latine ne pénétra
que difficilement dans les contrées où les Romains n'étaient
qu'en petit nombre. D'après Sidoine Apollinaire, la langue
gauloise était encore parlée au centre de la Gaule à
la fin du Ve siècle. Néanmoins, de ce vieux langage
de nos pères dans lequel ils n'ont rien écrit, il ne
nous est resté au plus que trois cents mots gaulois parmi lesquels
: allouette, arpent, balai, baraque, baton, bec, bêche, bijou,
bouleau, bourde, boyeau, braise, branche" brique, broche, brouille,
bruit; brusque, bruyère, cabane, carrière, casaque,
cep, dune, échine, fol, galant, haleine, jambe, lieue marne,
narguer, orgueil. pic, raie, soc, vache, tan, trou, truc, etc. (Histoire
de France pour tous, page 49,)
(2) Louis Brochet. Les Fours à Verriers de l'époque
Gallo-Romaine. - La, Forêt de Vouvent, son histoire et ses sites.
(3) La maison seigneuriale de Petosse se nommait La
Court, mot indiquant que la création de cet important domaine
remonte au moins à l'époque mérovingienne. En
1903 Petosse dépendait' de l'abbaye de Maillezais.
(4) L'abbé Auber, dans son Histoire du Poitou,
T. i, page 402, dit que les grandes forêts de la Vendée
virent plusieurs fois les rois mérovingiens se délasser,
par de grandes chasses à courre, des soucis et des agitations
de la politique ; nous pensons que l'affirmation de l'honorable chanoine
n'est rien moins que certaine.
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|
ARRONDISSEMENT DES SABLES-D'OLONNE
|
La portion de Saint-Hilaire-de-Talmont qui longe la côte; est
couverte de pans de murs romains, surtout aux abords de la mine de
plomb sulfuré argentifère de l'Essart. On les rencontre
particulièrement au' village des Hautes-Mers et au, Veillon,
où le hasard fit découvrir, en 1856, entre autres choses,
un trésor composé de bijoux en or et en argent, et de
25 à 30,000 monnaies d'argent ou de billon.
Dans le champ de la Poizerie, l'abbé Baudry a constaté
l'existence du couloir d'une villa de 38 m. 57 sur 3 m. 60, aboutissant
d'un côté à un mur de 9 mètres et de l'autre.
à. un mur de plus de 70 mètres de longueur. Ce couloir
conduisait à'- une salle de bain de 2 m. 90 sur 2 m. 12.
Les dunes ont englouti aussi la plupart des villas de, Longeville.
Des fragments de colonnes et d'autres débris gallo romains
trouvés à la Touche, prouvent qu'un, établissement
de cette période existait autrefois sur l'emplacement du hameau.
A Saint-Sornin on a trouvé aussi avec les restes d'une villa,
un grand carré maçonné avec soin et revêtu
de ciment.
Au Bernard, à Troussepoil, substructions considérables
de l'époque gallo-romaine. Au chef-lieu, c'est une villa dont
les fondations convergent autour du clocher, et un établissement
de bains.
Cet établissement (1) mesure 22 mètres du fourneau
à l'aqueduc qui lui est opposé. Sa longueur totale y
compris les salles dont il est entouré, et dont une n'a pas
moins de 13 mètres, est d'environ 50 mètres. Sa largeur
est à quelque chose près la même.
L'établissement est double, et forme deux compartiments complets
l'un pour les hommes et l'autre pour les femmes. A Troussepoil, l'abbé
Baudry a fouillé quatre corps de bâtiments, dont un de
22 mètres de long sur 19 de large. Le plus considérable
couvre 20 ares de terrain et est divisé en quarante compartiments
environ. Dans l'une des constructions, on a rencontré l'ocre
rouge, le rubrica des anciens, à trois états différents
à l'état brut, à l'état de peinture dans
de larges terrines, à l'état de petit pain coulé,
portant l'empreinte du sceau et destiné après l'offrande
qui en était faite à la divinité à servir
de spécifique contre la maladie.
Le même abbé Baudry pensait que des fouilles bien,
conduites à la Touche-Grignon, commune d'Angles, amèneraient
des découvertes d'un haut intérêt (2).
Il convient encore de citer parmi les villas les plus importantes
trouvées dans l'arrondissement des Sables, celle de Beauvoir
et ses thermes, décrits par le savant curé du Bernard,
et aussi celles de Noirmoutier, Curzon, Saint-Sornin, Champ-Saint-Père,
Saint-Urbain, Saint-Gervais, etc.
Nous allons dire quelques mots sur les fouilles de Troussepoil,
près du Bernard.
|
NOTES:
(1) Il existait aussi des thermes, dans l'emplacement
de l'ancien cimetière de Sallertaine, où on a rencontré
une épée romaine, des pots, des figures allégoriques,
etc.
(2) Extrait d'un mémoire de l'abbé Baudry.
- Congrès archéologique dé France, année
486-1, pages 263-268.
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|
NOTES SUR LES FOUILLES DE TROUSSEPOIL
|
Parmi les objets trouvés par l'abbé Baudry, dans les
puits funéraires (1) de Troussepoil plusieurs étaient.
symboliques.
Les cadeaux de noix, d'après Catulle, se rattachaient aux
cérémonies du mariage. On en a trouvé en terre
blanche déposés dans un tombeau, avec une lampe, près
de Bourbon-Lancy.
Le Chêne, on le sait, était consacré à
Jupiter, le myrte à Vénus, le laurier à Apollon,
le pin à Cybile, et le peuplier à Hercule.
Cybile était en particulier invoquée pour la santé,
et l'on tirait des pignons du pain, qui était son arbre favori,
une amande oléagineuse dont on faisait des émulsions
tempérantes ... La figurine de Vénus trouvée
à Troussepoil mesurait 0 m. 15 des pieds à la naissance
de la tête.
Elle fut coulée dans un moulé à deux faces,
et représente Vénus nue par derrière et par devant.
Par derrière, elle rappelle- celle de Rome, dite Callipyge
ou la déesse aux belles fesses (2).
La figurine de -Troussepoil est en terre blanche et d'origine gauloise...
Les figurines qui n'appartiennent pas à l'art gaulois sont
généralement rouges.
Il est vrai que dans le principe, au témoignage de Lucain,
les cérémonies religieuses n'avaient lieu dans la Gaule,
qu'à l'ombre des grands arbres ; mais plus tard, personnifiant
les objets de la nature, les Gaulois créèrent des images
symboliques qui traduisaient mieux leurs croyances et les aspirations
de leur âme.
C'est ainsi qu'à la suite de leur contact avec les Romains
ils adoptèrent les figurines que ceux-ci avaient, empruntées
eux-mêmes aux Etrusques. M. Tudot a trouvé dans la vallée
de l'Allier, un certain nombre d'ateliers de figuristes, avec les
matériaux propres à la fabrication, c'est-à-dire
l'argile, le bois et les moules. L'expérience lui a appris
que l'usage des statuettes dans la Gaule centrale, date de la fusion
du culte importé par les latins avec la religion des Gaulois.
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L'habile administration des premiers empereurs, dit-il, accéléra
cette fusion, et prépara cette ère de prospérité,
de `calme et de grandeur qui marque le ne siècle. "
Dans une des fosses sépulcrales on a trouvé notamment
une très jolie 'coupe ressemblant par son galbe, sa capacité
et ses motifs de décoration, à celle trouvée
à Jard il y a quelques années dans le jardin de M. Potier
et déposée au musée de la Roche-sur-Yon. Les
moules des courants, des feuilles et des frises sont les mêmes
dans les deux. Il n'y a qu'une différence, c'est que les oiseaux
qui figurent dans les cercles concentriques sur celle de Jard, sont
remplacés à Troussepoil par deux personnages de face
plusieurs fois répétés, alternant avec des courants
de vigne. Ces deux personnages sont debout et s'appuient l'un et l'autre
sur une lyre placée au milieu d'eux. L'un, imberbe et presque
nu, a la main droite posée sur le sommet de la tête et
représente Apollon ; l'autre, plus âgé. et vêtu,
est sans doute quelque lyriste célèbre du nie siècle
(le vase est de cette époque).
Ces sortes de 'coupes se donnaient ordinairement en prix, à
la suite d'un concours, au musicien qui avait remporté la palme
sur ses rivaux. Dans cette hypothèse, elle aurait été
attribuée à l'un de ces hardes de Troussepoil qui réjouirent
si longtemps des mélodies de leur lyre, les échos aujourd'hui
silencieux des trois collines (tria podia), et seraient descendus
avec lui dans la tombe, brisée en signe de douleur (3).
|
NOTES:
(1) L'existence des puits funéraires a été,
il y a quelques années, violemment attaquée par M. Lièvre,
bibliothécaire de la ville de Poitiers, et une polémique
assez vive a même été échangée a
ce sujet entre le contradicteur et les héritiers de MM. Baudry
et Ballereau. Tout en professant la plus sincère estime pour
le savant M. Lièvre, dont les théories paraissent séduisantes,
nous devons faire observer que de Nadaillac, dans son ouvrage : Moeurs
et Monuments des peuples préhistoriques, admet l'existence
des puits funéraires. Dans le Bulletin de la Société
archéologique de Bordeaux, Tome XX, 3' et 4é fascicules,
a paru un article sur le cimetière gallo-romain de Saint-Martin,
â Ravenac, où est de nouveau agitée et résolue
dans le sens de l'opinion de l'abbé Baudry, la question des
puits funéraires. (Bulletin de la Société des
Antiquaires de l'Ouest.
Quatrième trimestre de 1896, p. 397.
(2) Le savant antiquaire du Bernard estimait, avec
un écrivain catholique, M. Tudot, que " si l'archéologie
a droit de parler ainsi de vénus, c'est parce que le sentiment
élevé de l'art purifie tout. "
(3) On sait que les Gaulois avaient la musique en si
grande estime qu'elle leur semblait venir du ciel, et qu'elle était
presque uniquement cultivée par un corps spécial connu
sous le nom de Voles, qui appartenait à la hiérarchie
sacerdotale. Le nom de PATERNVS, qui avait sa fabrique sur lés
bords de l'Allier, étant inscrit sur la coupe de Jard, il est
probable, d'après Benjamin Fillon, que celle de Troussepoil
a la même provenance. Extrait de Rapport sur les puits funéraires
de Troussepoil par l'abbé Baudry. Annuaire 1868-69
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|
FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES
A NOIRMOUTIER
|
En 1863 et 1864, des fouilles faites par M. Piet, à Noirmoutier,
sur le plateau de Saint-Hilaire, du sommet duquel l'il domine
toute l'île et embrasse la haie de Bourgneuf, avec les côtes
de l'ancien pays de Retz jusqu'à l'embouchure de la Loire,
amenèrent la découverte des restes d'une villa gallo-romaine
et d'un balnéaire.
A l'époque où ces établissements furent construits,
la mer remontait jusqu'au village de Luzay, et formait ainsi, au midi,
un petit golfe navigable, communiquant avec le hâvre de Luzan,
et à peine éloigné d'un kilomètre de Saint-Hilaire.
Au nord, le rivage du Viel, distant d'environ 500 mètres, offrait
un port sûr et commode, où le sensuel Romain pouvait
prendre les bains de mer et se livrer au plaisir de la pêche.
Enfin, l'existence de forêts voisines venait ajouter à
ces avantages l'agrément de la: chasse.
C'est dans cette position favorable' que sont situées les
ruines des bains romains dont nous allons parler sommairement (1).
Dans un des compartiments, pavé en béton, le mur sud
était revêtu, sur une certaine étendue, de peintures
à fresques, où dominait la couleur rouge. Une des salles,
de 4 m. 20 sur 2 m. 80, aux murs. recouverts d'une épaisse
couche de ciment rouge, renfermait 22 petits piliers brisés
à d'inégales hauteurs, faits de carreaux en terre cuite
de 0 m. 25 carrés, espacés entre eux de 0 m. 22.
Dans la partie ouest, deux bancs de pierre étaient adossés
en retour d'équerre à chacun des angles. Nous pourrions,
en nous servant dû remarquable rapport de M. Piet, décrire
l'ensemble des compartiments mis à jour, mais ce serait sortir
des limites du cadre que nous nous sommes assigné dans cet
ouvrage. Il nous suffira de dire que l'on y a rencontré toutes
les pièces formant un balnéaire romain complet ; la
fournaise (hypocausis) sur laquelle étaient placés les
vases contenant l'eau destinée aux bains où elle arrivait
au moyen de tuyaux conducteurs ; - les étuves (caldaria) disposées
de manière que des tuyaux partant de l'hypocausis, introduisaient
l'air chaud sous le plancher, par un conduit voûté le
bain de vapeur (laconicum), sorte, d'alcôve à demi-circulaire
qui, par des tuyaux, recevait de la chaudière d'eau bouillante,
des tourbillons de vapeur. La température élevée
où cette vapeur brûlante et sans cesse renouvelée
tenait la pièce, amenait sur le corps du baigneur une abondante
transpiration que celui-ci enlevait avec la strigile, en jetant sur
lui l'eau contenue dans un bassin plat (labrum) qui s'élevait
du plancher, au fond ou au centre de la chambre ; - un bain d'eau
*chaude (alveus 9); - une chambre tiède (tepidarium) tenue
à une température modérée qui pré.parait
le corps à supporter la transition subite du chaud au froid;
- (l'apodyterium) chambre où l'on se déshabillait et
où les vêtements restaient déposés pendant
qu'on prenait le bain ; - le (frigidarium), ou bain froid, etc.
|
NOTES:
{1) Pour de plus amples renseignements, lire le mémoire
de M. Piet, paru dans l'Annuaire 1864 de la Société
d'émulation de la Vendée.
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|
OBJETS RECUEILLIS DANS LE BALNÉAIRE
(MÉTAUX)
|
1. Une médaille en bronze d'Antonin-le-Pieux (138 de Jésus-Christ),
du poids de 11 grammes.
2. Un moyen bronze de Lucille, épouse de l'empereur Lucius
Verus (164 de Jésus-Christ), et petite-fille d'Antonio-le-Pieux,
comme étant née du mariage de Marc Aurèle avec
Faustine-la-Jeune ; poids, 125 grammes.
3. Une porte en plomb, d'une ornementation remarquable, mesurant
0 m. 75 de hauteur sur 0 m. 65 de large et pesant 42 kilos ; elle
servait à fermer l'ouverture d'un conduit voûté,
à l'effet de retenir l'air chaud introduit sous le plancher
des étuves.
4. Une strigile en fer, des clous de différentes espèces,
etc.
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|
OBJETS EN OS ET EN CORNE
|
1. Un style (stylus), de 0 m. 11, dont la pointe servait à
tracer les caractères sur la cire et le bout plat à
les effacer.
2. Une-épingle à cheveux (acus comatoria ou crinalis)
de 0 m. 11, que les femmes avaient l'habitude de passer dans leurs
cheveux derrière la tête.
3. Une agrafe (fibula) ou boucle de ceinture, avec dessins au trait.
4. Une cuillère.
5. Deux petites flûtes.
6. Des bois de cerf portant encore les clous qui les avaient fixés
à la muraille, des défenses de sangliers, etc.
On y a trouvé aussi des poteries appartenant à l'ère
gallo-romaine et à la période mérovingienne;
- divers objets en verre, des morceaux de peintures à fresques,
des tuiles à rebords, des tuiles courbes, etc., des briques
longues, des poids, des bouts d'amphores, etc.
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|
ARRONDISSEMENT DE LA ROCHE-SUR-YON
|
A Javarsay, de Saint-Philhert-du-Pont-Charrault, appelé Gavarciacum
sous les Carlovingiens, était une villa galloromaine. Le village
qui touche à l'ancien prieuré porte encore le -nom de
Ville pour villa Il y existait naguère des substructions assez
considérables avec briques, tuiles à rebords et à
crochets. Les constructions antiques ont fait place à un établissement
nouveau dit Maison-Neuve (villa-nova).
Lors de la reconstruction de la façade de l'église
de Chantonnay, il existait encore devant la porte même, un mur
de l'époque romaine.
On voyait dans le même canton, il y a quelques années,
un reste de viaduc. Il était situé sur une voie romaine,
à Bourdin, commune de Sigournais, au confluent du-ruisseau
de la Bruyère et du. Grand-Lay. Dans la commune de Saint-Hilaire-le-Vouhis,
aux abords du Lay, MM. Brethé et Audé ont trouvé
des traces d'habitations gallo-romaines importantes, et le premier
de ces savants a mis à découvert un de leurs cimetières,
à la Créancière, à deux lieues de la Roche-sur-Yon.
Le sol de l'antique Durinum renferme un grand nombre de substructions
gallo-romaines.
A Mareuil, à la Couture, à Dissais, aux Pineaux, à
Château-Guibert, les Moutiers-sur-le-Lay, etc., M. Ferdinand
Mandin a mis à nu plusieurs villas gallo-romaines et exhumé
du sol de nombreux objets de la même époque, armes, bijoux,
vases, objets divers, etc. A Chavagnes-en-Paillers, on a fait également
des découvertes fort importantes sur lesquelles nous reviendrons
.
Statuette de Mars, en bronze
(1/2 grandeur), trouvée au Mazeaù vers 1835.
(Cliché Fillon)
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Toute la partie de cet arrondissement qui borde l'ancien golfe des
Pictons, est surtout riche en souvenirs romains. Citons au hasard:
A Benet, atrium et stèles déjà m'entionnés,
Au Mazeau, indépendamment d'une statuette de Mars, en bronze,
: dés montnaies. médailles et objets ro-mains trouvés,
vers 1862, on ,a mis à découvert, il y a dix ans, trois
cimetières gallo-romains . Dans celui attenant au bourg, on
a trouvé une assez grande quantité de sépultures
et de vases que nous avons décrits dans la Revue du Bas-Poitou
(Nous avons également fait le compte-rendu des découvertes
opérées en 1890 à Saint-Denis-du-Payré)
(1). - Nieuil-sur-l'Autise, Xanton-Chassenon, Bonneuil, La Vergne,
La Bogisière, Grues, Saint-Pierre-le-Vieux, Chalais, L'Hermenault,
Auzay, Pouzauges, Saint-Michel-Mont-Mercure, Payré-sur-Vendée,
Longèves, Nalliers (2), l'Isleau-lesVases, Civray (3), Saint-Michel-en-l'Herm,
Vix, etc., abondent en gisements romains. Le Langon est au point de
vue des objets et des souvenirs un des plus riches pays de la Vendée.
Fillon appelle, surtout l'attention des archéologues sur un
morceau de terre situé en bordure du marais, dans la plaine
s'étendant du bourg au village de Pontreau, non loin des Ouches
de Saint-Graout ; car il y a là un des plus anciens cimetières
chrétiens du Poitou, ainsi que nous l'a appris une précieuse
inscription funéraire de la fin du nie ou du commencement du
IVe siècle qui y a été déterrée,
et dont nous parlons plus loin.
Des fouilles et des sondages pratiqués par nous au Langon,
le 23 octobre 1901, dans un pré appartenant au docteur Gourmaud,
sis en bordure de la voie romaine présumée de Nantes
à Saintes, nous ont permis de reconnaître l'existence
de substructions gallo-romaines, s'étendant sur plus de vingt
ares. Il serait on ne peut plus intéressant pour la science,
que des travaux de déblaiement sérieux y fussent entrepris,
pour savoir si l'on se trouve, en présence d'une mansion placée
à l'intersection de deux voies romaines que nous supposons
devoir se réunir au Langon, -, des restes d'une villa,- de
thermes peut-être.
Dans cette dernière hypothèse, on pourrait affirmer,
une fois de plus, que les Romains pratiquaient largement les ablutions,
puisque trois jours plus tard, à 10 kilomètres environ
du Langon, le long de - cette même voie, à Champ-Canteau,
nous découvrions, adossés à une pièce,
de 3 m. 70 sur 2 mètres, légèrement arrondie
aux angles, au moyen de briques de cinq centimètres sur deux,
les conduits d'un balnéaire, ou peut-être d'une grande
salle de bains, faisant partie d'une villa importante. Ces conduits,
revêtus en ciment rouge, mesuraient 0 m. 18 de largeur, pour'
une hauteur de 0 m. 35, et leurs dalles brisées s'appuyaient
d'un côté sur les briques, et de l'autre sur des massifs
de maçonnerie dont la largeur varie entre 0 m. 30 et 0 m. 40.
Non loin de là se trouve un puits parementé avec des
briques formant clausoir, que le propriétaire actuel, M. Pelletier,
se souvient parfaitement avoir vu, il y a environ 35 ans, mais que
nous n'avons encore pu retrouver. - Aux abords, on a trouvé
divers objets, notamment des monnaies à l'effigie de Posthume,
de Charles le Chauve, et un écu de Charles X, roi de la Ligue,
frappé en 1.593, c'est-à-dire trois ans après
sa mort.
L'Erablais et le Braignard, dans la commune de Saint-Martin-Lars,
en-Sainte-Hermine, ont été des villas et des fabriques
de tuiles et poteries gallo-romaines importantes. Payré-sur-Vendée
avait un balnéaire dont MM. Vallette, de Rochebrune et nous,
avons, en 1889, retrouvé les conduites, des débris de
colonnes sculptées, des fragments de frise en marbre blanc,
et en pierre de Tonnerre, des clous, des tuiles à rebords,
des traces d'incendie, des aires en ciment, etc.
Mais la découverte la plus importante de la région
est sans contredit celle faite en 1845, à Saint-Médard-des-Prés
par MM. de Rochebrune et sillon, et qu'il nous suffise de dire ici
ce que cette découverte, relatée tout au long dans Poitou-
Vendée, faisait l'admiration de l'illustre Chevreul.
Nous excéderions les limites que nous nous sommes imposé
si nous donnions dans ce chapitre la nomenclature détaillée
de tous les points du département où existent des vestiges
de l'époque gallo-romaine. Nous y reviendrons d'une manière
plus détaillée en faisant l'historique de chaque commune.
En parlant des invasions barbares, nous dirons également
un mot des trésors les plus importants exhumés du sol
de la Vendée et dont l'origine est romaine.
|
NOTES:
(1) Voir au chapitre n, où nous en reparlerons,
la légende et les dessins y afférents.
(2) A Nalliers, le Docteur Auger a trouvé un
dépôt d'armes, plus de vingt épées en fer,
avec petits pommeaux de bronze, des médailles, grand nombre
de monnaies consulaires, quelques-unes d'Auguste,' et les plus récentes
de Tibère.
(3) A Civray, près Maillezais, qui se trouve
le long de la voie romaine présu-mée allant de Nantes
à Saintes, nous avons recueilli en 1900, un fragment d'inscription
ainsi conçu
VIA. PRIVAT
C. IVL. T. AVRIC
Cette inscription qui semble remonter au' n° siècle,
pourrait ainsi être traduite d'après le savant épigraphiste
Espérandieu, professeur à l'École militaire de
Saint-Maixent, à qui nous l'avons soumise.
D(iis) [m(anibus), Oct]acia Privata, sibi et] C(aio) Jul(io), Tauric[o,
marito (ou folio) ? possedum Curant).
" Aux dieux mânes, Octavia Privata, a fait construire ce
tombeau pour elle-même et pour Caius Julius Tauricus, son mari
(ou son fils. "
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|
LES CASTRUMS. LES CHATELLIERS
|
A côté de ces splendeurs de la vie menée par
la riche aristocratie gallo-romaine, les conquérants, pour
maintenir leur domination, élèvent, soit sur les côtes
de la Vendée, soit sur des points culminants, des Castrums,
reconnaissables encore sous leur nom de Châtelliers appliqués
à de nombreuses bourgades ou même à de simples
hameaux. Castrum à Curzon, à Nieul et à l'Hermenault
; Les Châtelliers-Châteaumur (bourg) ; Les Châ-
Les Châtelliers-Châteaumur, d'après. une eau-forte
de M. de Rochebrune.
telliers d'Auzay Mouilleron-en-Pareds ; Velluire ; Bourneau ; Saint-Michel-le-Cloucq
; Saint-Hilaire-des-Loges ; Pouzauges ; La Chaize-le-Vicomte ; Les
Herbiers ; Mouchamps ; Bessay ; Boufféré ; La Bruffière
; Saint-Martin-Lars, La Verrie ; SaintChristophe-du-Ligneron, etc.
Ces Châtelliers (1), qui souvent ont pris la place d'oppidums
gaulois (2)comme à Mervent, Mareuil,-Châtelliers-Chàteaumur,
Bessay, Saint-Vincent-sur-Graon, Pouzauges, etc., deviendront, au
moment des invasions barbares, de véritables camps retranchés,
où les populations `de tout rang se refugieront avec ce qu'elles
ont de plus précieux, tant il est vrai que le malheur commun
développe les sentiments de fraternité humaine, ensevelis
dans les jours prospères au fond des curs.
Bien que l'administration romaine eut brisé l'organisation
sociale de la Gaule, et que les Druides eussent été
proscrits, la vieille nationalité gauloise, dans ses caractères
apparents, n'était pourtant pas toute engloutie sous les flots
de la civilisation conquérante : elle se réfugiait au
cur du peuple, toujours plus fidèle que les hautes classes
aux affections et aux intérêts patriotiques, et surtout
plus rebelle aux innovations importées par l'étranger.
Elle trouvait asile avec la langue et les religions indigènes,
parmi les populations des campagnes, au milieu des bois, dans les
forêts d'Aizenay et de la Chaize-le-Vicomte, surtout dans celle
de Vouvent, énergique et inextricable foyer du druidisme' et
aussi dernier refuge dès industries du verre et du fer qui,
même aux époques les plus troublées de notre histoire,
furent toujours exercées (3).
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Quoi qu'il en soit, pendant quatre siècles, nos pères,
absorbés par les intérêts, matériels; éblouis
par une brillante civilisation, amollis par-le luxe, acceptent sans
trop murmurer la domination de Rome. Par tous les moyens possibles,
l'Empire. essaie de faire oublier aux vaincus la perte de la liberté
en leur apportant les arts et aussi la corruption de l'Italie. Ils
partagent sa bonne et sa mauvaise, fortune, prennent ses murs,
son langage, suivent à peu près son culte, écoutent
ses prêtres, et pénétrés partout par son
influence civilisatrice, acceptent son droit quiritaire, le vieux
droit de la cité romaine, si étroit, si -exclusif, si
dur pour la femme, pour l'enfant, pour l'esclave, pour tous les faibles,
mais qui s'était progressivement douci par là large
interprétation du préteur " le droit des gens "
crée non plus parla tradition, mais par la raison, à
l'usage des étrangers de toute origine dont le magistrat romain
avait à. juger les personnes ou les biens. Le " droit
des gens " s'était élevé à côté
du vieux droit romain qu'il tendait à absorber, tandis que
lui-même tendait à s'identifier au " droit naturel
",conçu par les philosophes, et à devenir ce qu'on
a si grandement nommé " la raison écrite ".
Ce droit quiritaire, tombé dans un complet état de
décadence pendant les guerres vexatoires des prétendants
à l'Empire, et sous la première race de nos rois, a
pourtant déposé sur notre sol des germes qui fructifieront
plus tard, et nous donneront en 14.71 la première commune jurée
du Bas-Poitou, Fontenay-le-Comte.
|
NOTES:
(1) Les Châtelliers furent tous des lieux de défense
datant en général du IVe siècle.
(2) Oppidum veut dire aussi place forte.
(3) Louis Brochet. - La Forêt de Vouvent. - Les
Fours à Verriers.
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|
INVASIONS BARBARES
|
Cependant le moment était venu où le colosse romain
devait se briser comme une statue d'argile, et où les dépouilles
de l'univers amassées à Rome depuis des siècles,
allaient être la proie dé cent nations.
Par delà le vieux monde celte-ibère devenu le monde
romain, s'étendait le monde immense et indompté du nord,
qui devait passer sur les ruines du monde antique, en même temps
que la religion de Jésus-Christ, comme ces alluvions terribles
et fécondes qui disposent la terre pour les semailles du laboureur.
Une force immense, dit Pitre-Chevalier, pousse tous les barbares
de la Germanie et de la Scythie contre le monde romain; à pied,
à cheval, en chariots, traînés par des cerfs ou
des rennes, portés sur des chameaux, bercés sur des
boucliers, flottant sur des barques de cuir ou d'écorces, nus,
ou couverts de peaux de bêtes, de colliers et de bracelets,
chevelus ou rasés, hostoyant épars ou formés
en coins, combattant sur les, arbres ou dans les bras de leurs dieux.
" Nous ne savons où nous allons ", disaient les
Vandales... nous marchons par ordre d'en haut divino jussu. Outre
cette impulsion providentielle, un double aimant attirait les barbares,
l'or et la femme ; ils se ruaient au pillage de l'Empire comme à
une immense orgie.
L'enfouissement du trésor du Veillon pratiqué sous
Posthume (1), non loin de l'Océan, les nombreux dépôts
monétaires trouvés depuis quatre-vingts ans un peu sur
tous, les points de la Vendée, notamment à: Port-Juré
(2), à Olonne, à Saint-Benoît-sur-Mer, à
Saint-Martin-Lars-en-Sainte-Hermine, à l'Ile de Ré,
Le Veillon, Monnaies romaines (Cliché Fillon).
Monnaies romaines trouvées au Mazeau en 1862 et se rapportant
presque toutes
aux règnes de Posthume et de Trétricus (Cliché
B. Fillon).
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à Vix, q Saint-Michel-le-Cloucq, à Mareuil, à
la Jonchère, au Poiré-de-Velluire, au Mazeau, à
Fontenay-le-Comte, etc., et dans lesquels les pièces de ce
prince étaient invariablement les plus récentes, cette
multiplicité d'enfouissements pratiqués au même
moment, chez nous, et aussi chez nos voisins les Santons, semblent
indiquer qu'ils le furent dans un moment de crise. Ils servent en
quelque sorte à marquer l'itinéraire des barbares qui,
partant des bords du Rhin, se dirigèrent vers la Marne, franchirent
la Seine, se répandirent dans les riches contrées comprises
entre Lutèce et la Loire, et traversant ce dernier fleuve firent,
vers 266, une pointe jusque chez- les Pictons (3).
Pendant le règne d'Honorius surtout, une inquiétude
générale se répandit dans toutes les cités
gauloises. Sous l'aiguillon de la peur et de l'instinct de sa propre
conservation " la population de chaque ville, dit M. de Cumont,
renversa es plus beaux monuments pour bâtir des murs d'enceinte.
Les tombeaux mêmes furent arrachés de leurs bases pour
être employés avec les matériaux provenant des
temples, des prétoires, à construire des murs de défense,
devenus le premier besoin, la première condition d'existence.
"
Les légionnaires, ne pouvant plus se recruter à Rome
ou dans les anciennes provinces,' il fallut, aller, chercher des soldats
chez les nations barbares.. Vers la fin du e siècle,' l'Empire
prit à sa solde des corps de Goths, d'Alains, de Burgondes,
de Francs, et des peuplades entières furent établies
comme colonies militaires sur les frontières et jusque dans
les provinces de l'intérieur. Les camps de Sauvaget et de Berneveau,
situés dans la forêt de Vouvent, sur les bords de la
Vendée, furent occupés par les Lètes, barbares
à la solde de l'Empire agonisant. Tiffauges, l'Assurie, La
Romagne, Mortagne, Marmande Epagnes, Aiffres, tirent leurs noms d'anciennes
colonies étrangères importées chez nous à
partir de la fin du IIIe siècle (4)
Mais rien ne pouvait arrêter le torrent, et l'invasion de
412 balaya les dix-sept provinces de la Gaule, chassant devant elle,
comme un troupeau, sénateurs et matrones, maîtres et
esclaves, hommes et femmes, enfants et vieillards.
La Vendée (Bas-Poitou), eut le sort commun. Elle vit ses
florissantes campagnes désolées, ses localités
incendiées, ses monuments détruits, ses habitants pressurés
par des colonies étrangères. Des Espagnols s'établissent
à Epagnes, près de Vouvent, des Scythes à Tiffauges,
à Mervent, et sur les confins de l'Aunis, où ils donnent
naissance aux fameux Colliberts ou Collibrits de la Sèvre-Niortaise,
devenus plus tard les huttiers.
D'ailleurs, les traces d'incendie partout visibles parmi les décombres
romains exhumés, disent assez les nouveaux maux causés
par la guerre civile au déclin de l'empire. Les monnaies de
Constantin, de Gratien, de Valentinien et d'Honorius qu'ils recèlent,
prouvent toutefois qu'aussitôt ces alertes passées, la
population revenait des forêts ou des îles du golfe aux
champs qu'elle cultivait.
Alors, pendant plusieurs années, il se fit dans notre pays
un silence de mort. Sur ces grandes voies où se pressaient
les légionnaires et les tribuns à la brillante armure
et au fier cimier, on n'entendit plus que les cris des vaincus et
des mourants succédant aux chants d'allégresse et de
joie.
|
NOTES:
(1) Presque tous les dépôts monétaires
s'arrêtent au 3e consulat de Posthume.
(2) Port-Juré, près du Veillon.
(3) Fillon, Poitou-Vendée. Cette opinion n'est
point. partagée par tous les historiens. Le savant M. Caillé
notamment, pense que les Bagaudes du nie siècle ne franchirent
pas la Loire. De son côté, Pitre-Chevalier dit : "
La Bagauderie fut dispersée, mais non détruite par Maximien,
au confluent de la Seine et de la Marne, lieu nommé longtemps
les Fossés des Bagaudes, aujourd'hui Saint-Maurdes-Fossés,
près Paris. " La Bretagne ancienne, page 42. - Du Fougeroux,
dans sa remarquable étude sur Le Poitou pendant la période
Romaine dit aussi e Les populations du Poitou portèrent avec
une triste résignation l'ombre de l'Empire elles ne prirent
point part à la confédération des Bagaudes, tentative
impuissante qui, ne répondant, point a l'opinion: générale,
n'entraîna que quelques cités ".
(4) Fillon. - Poitou et Vendée, p. 78.
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|
DÉCADENCE.
|
Pendant la longue agonie de l'Empire, au milieu des désordres
qui précédèrent et suivirent sa chute, il y eut
dans le Poitou, comme dans tout le reste de la Gaule, une diminution
de richesses et de population qui s'aggrava par les affreux ravages
des Normands, sous la seconde race, et qui ne fut réparée
qu'au moyen âge. Le Bas-Poitou, plus exposé par sa position
sur les bords de la mer, eut surtout plus cruellement à souffrir.
La date de l'envahissement des landes et des forêts sur le sol
cultivé dans nos contrées, appartient à ces temps
d'anarchie, et ne doit pas être reportée aux premiers
siècles de la domination romaine.
Nous avons cité les auteurs contemporains ; il y a aussi
d'autres témoins qui parlent très haut : ce sont les
ruines mêmes faites par les Colons, les Vandales, les chrétiens
et les Normands; ces débris' où se confondent les tuiles
à rebords, le ciment des Romains, et les pierres rougies par
le feu, tristes souvenirs de destructions qui se rencontrent fréquemment
sur toute la surface de notre ancien Poitou. Et cependant, ces restes
de constructions romaines ne donnent qu'une indication incomplète
du nombre des habitations qui existaient alors dans nos contrées.
Plusieurs passages de Grégoire de Tours nous apprennent qu'à
cette époque et sous la première race, les habitations
rurales étaient souvent en planches clouées, suivant
le vieil usage gaulois. De pareilles constructions ne portaient pas
sans doute la lourde couverture de tuiles à rebords, et la
destruction de leurs fragiles matériaux n'a dû laisser
aucune trace. A côté des ruines nombreuses que nous retrouvons
aujourd'hui, il y en a, donc beaucoup dont le souvenir n'existe plus
(1).
|
NOTES:
(1) Du Fougeroux.
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|
CAUSES QUI ONT AMENÉ
EN BAS-POITOU LA DESTRUCTION DES MONUMENTS ROMAINS DANS
LES DERNIERS TEMPS DE L'EMPIRE D'OCCIDENT.
|
Lorsque les Vandales, dont le nom est demeuré le synonyme
du génie de la destruction aveugle et féroce, pénétrèrent
en Vendée vers 407, la besogne dévastatrice dont on
les accuse d'avoir été les exécuteurs uniques
avait été presque entièrement faite :
1° Par les colons et soldats à la solde de l'Empire chancelant
qui, pour la construction de camps retranchés (castra), se
servirent trop, souvent de matériaux provenant des édifices
sacrés et profanes existant en dehors de ces castra ;
2° Surtout par des chrétiens fanatiques.
Foulant aux pieds les sages prescriptions des édits de Rome
et de Milan, qui concédaient aux chrétiens et aux païens
le droit de pratiquer librement leur culte, la religion chrétienne,
reconnue comme religion officielle, devint persécutrice après
avoir été persécutée. A son tour, elle
proscrivit les dieux et les rites romains, et bientôt le marteau
s'abattit sur les temples et les statues, la cognée sur les
arbres sacrés.
Vers 360, saint Martin, ancien soldat, plus tard évêque
de Tours, menait énergiquement ces entreprises, et sous ses
coups, au dire de l'historien Rambaud, de nombreux monuments périrent
dans le Poitou, dont faisait partie la Vendée actuelle.
Cliché Charier-Fillon
Il n'existait probablement pas de village qui n'eut, sinon son temple
dédié à quelque grande divinité du paganisme
ou à quelque patron local, du moins une chapelle, un autel
sacré, un bois ou une fontaine, objet de culte et de vénération.
Chaque temple avait son. collège de prêtres, dont les
fonctions' étaient comptées parmi les grands dignitaires
de la cité, et le culte était d'une magnificence dont
les traditions et de nombreux détails sont conservés
dans l'Eglise chrétienne(1)
Pendant tout son épiscopat, qui dura de 371 à 400,
il fit, dit Amédée Thierry,' la guerre à la partie
matérielle du paganisme. Il fit la guerre à tout ce
qui était à ses yeux de l'idolâtrie, aux pierres
vénérées, aux temples, aux statues, aux bains
qu'il considérait comme indécents (2), aux arbres qui
étaient pour les Pictons l'objet d'un. culte particulier, Comme
il ne pouvait pas détruire les sources et les fontaines, objet
également d'une vénération très grande,
il s'établissait dans leur voisinage, et y attirait les campagnards,
les- paysans (3) de préférence à tous autres
lieux pour les sermonner et leur faire honte de leurs superstitions.
C'est ce qui explique probablement pourquoi tant de sources et de
fontaines portent son nom
Lorsque Théodose renversa pour la seconde fois, en 399, l'autel
de la Victoire (4), partout alors les ruines du paganisme achevèrent
de disparaître.
Partout, dit Charles Dareste, le zèle iconoclaste, enflammé
par le- souvenir des anciennes persécutions, ne respecta point
les chefs-d'oeuvre de l'architecture et de la statuaire ils furent
mutilés, brisés, enfouis dans la terre ou précipités
dans les rivières, d'où les fouilles modernes ne retirent
le plus souvent que des débris. C'est en vain, qu'au siècle
suivant, la voix du poète chrétien Prudence essaya d'arrêter
ce vandalisme; et de sauver les derniers et rares monuments qui eussent
échappé à la destruction (5).
Parlant de cette époque, dans ses Études historiques,
Châteaubriand dit": De toutes parts, on démolit
les temples, perte à jamais déplorable pour les arts
Les temples s'écroulaient, dit le même auteur, à
" la voix et sous les mains des évêques et des moines.
"
Conclusion générale en opposition avec beaucoup d'idées
reçues jusqu'à présent, mais que nous croyons
devoir indiquer parce qu'elle est l'expression de la vérité,
et que la vérité a des droits supérieurs à
toutes considérations. C'est aux chrétiens surtout,
et non aux barbares qu'il faut imputer la destruction de la plus grande
partie des monuments de l'antiquité quelles qu'en fussent la
nature et la destination, car dans 'tous ces monuments, ils `voyaient
l'empreinte d'une idolâtrie qui leur était odieuse, et
dont ils; auraient voulu effacer jusqu'aux moindres traces et souvenirs
Il convient même de dire (et c'est triste) que-ceux de ces
monuments qui avaient par quelque heureux hasard échappé
à la ruine, y demeurèrent voués longtemps après_
l'instauration de la religion chrétienne. Tout le moyen âge;
de ses commencements à la fin y travailla.
Ne raisonnaient pas ainsi; il faut savoir le reconnaître,
le grand saint Hilaire de Poitiers, non plus que le grand évêque
d'Hippone, lorsqu'il écrivait à son ami Publicola :
" Quand on applique les temples, les idoles et les bois sacrés
à dés usages publics, ou qu'on les consacre au culte
du vrai Dieu, on agit en cette occasion, comme on a coutume de faire
à l'égard des infidèles qu'on amène par
la persuasion à la connaissance et à la pratique de
la vraie religion. "
Mais c'était parler d'or (6).
|
NOTES:
(1) Histoire de France pour tous, page 80.
(2) Dufour, dans l'Ancien Poitou et sa capitale. dit
qu'ils étaient communs aux deux sexes. Les bains scandalisaient
l'évêque ; ils devaient, à plus forte raison,
scandaliser les chrétiens et les porter â les détruire,
ce qu'ils ne manquèrent pas de faire.
(3) Voilà pourquoi du mot Paganus ou paysan,
on a- fait les mots païen et paganisme.
(4) L'autel de la Victoire, cette grande et suprême
divinité de la Rome républicaine et impériale,
se trouvait dans la curie Julienne, où le Sénat se réunissait.
11 était surmonté d'une statue de cette déesse,
conquise sur les Tarentins, au temps de la République. Auguste
l'avait orné des plus riches dépouilles. Chaque sénateur
en entrant, brûlait un grain d'encens aux pieds de, la vierge
gardienne de l'Empire (custos Imperii virgo) et l'Assemblée
prêtait devant elle serment de fidélité.
(5) Histoire de France, livre ni. Théodose et
la ruine du paganisme.
(6) Extrait de la Revue -littéraire de la Vendée,
par Caillé, ancien chef de bureau au ministère de la
guerre.
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|
INTRODUCTION DU CHRISTIANISME
EN VENDÉE
|
Au milieu de ces ruines amoncelées, de cette société
mourante, des dieux de. Romulus qui ne protégeaient plus la
Ville Eternelle, parut tout à coup un principe nouveau modifiant
de fond en comble la société humaine, et substituant
au vieux culte celtique une religion d'amour qui devait (et c'est
un de ses plus beaux titres) affranchir l'esclave, soutenir le faible
et faire de la femme, la compagne de' l'homme, son égale, et
non pas sa servante.
L'abbé Auber, du Fougeroux, et avec eux d'autres écrivains,
pensent que le premier apôtre du Poitou fut saint Martial, disciple
de Jésus-Christ même, et compagnon de voyage 'de saint
Pierre à Antioche et à Rome. Nous estimons que cette
opinion est peut-être un peu hasardée.
Les seuls renseignements sérieux que l'on possède
à ce sujet ne remontent pas au-delà de la seconde moitié
du nie siècle. C'est sous Gallien, c'est-à-dire vers
265, que Poitiers aurait eu, son premier évêque, appelé
par les uns Nectarius, par d'autres Vietorirlus. Cet évêque
aurait été martyrisé à Poitiers, ainsi
que beaucoup de chrétiens, dans les arènes dont il ne
reste plus que quelques débris (1). Quoi qu'il en soit, presque
tous les historiens admettent que-lorsqu'en 312, Constantin fit asseoir
le christianisme sur le trône dès Césars, une
partie du Poitou était convertie à la religion nouvelle
(2).
Les seuls monuments authentiques remontant à cette époque,
et même aux- IVe et Ve siècles sont fort rares en Vendée,
nous en donnons ci-après la nomenclature
Le Langon. - Deux petits poissons symboliques en verre, destinés
à être portés au cou, recueillis vers 1840 par
Benjamin Fillon qui, en 1858, a trouvé au même lieu,
en pratiquant des fouilles, les assises inférieures d'un curieux
tombeau chrétien de là fin du IIIe siècle
ou du commencement du IVe.
L'inscription de ce tombeau déposée aujourd'hui au
musée de la Roche-sur-Yon est ainsi conçue :
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ROMVLVS VERPANTI. F
La petite palmette gravée au commencement de cette inscription
ne laisse aucun doute sur son origine chrétienne (3).
Le Veillon et Olonne. - Plusieurs pièces de monnaie de l'impératrice
Salonine, femme de Gallien, à la légende chrétienne
Augusta in pace, trouvées dans le trésor du Veillon,
près Talmont, et un petit bronze rare retiré de terre
à Olonne, frappé à Constantinople sous Constantin,
au type d'Urbs Roma, ayant le monogramme du Christ au-dessus de la
louve au revers, peuvent faire supposer que leurs possesseurs étaient
chrétiens.
Saint-cyr-en-Talmondais. - Trouvé au Marchieul un tombeau
chrétien et à Anson une inscription chrétienne
du IVe siècle.
Angles. - Vase en verre avec le chrisme.
Le Tallud-Sainte-Gemme. En 1880, on a' trouvé au Tallud,
dans un cercueil de pierre, deux bagues de femme parfaitement conservées.
L'une de ces bagues, en argent, porte un monogramme qu'on croit, être
une dégénérescence de celui du Christ; l'autre,
en bronze, qui, a pu être émaillée, représente
parmi divers ornements, deux dauphins reproduits plusieurs fois sur
la surface> annulaire. Comme chacun le sait, les chrétiens,
des premiers siècles, dispersés au milieu des païens
et persécutés par eux, formaient une sorte de société
secrète, et un de leurs principaux signes de ralliement était
le poisson qui symbolisait, croit-on, la régénération
de l'homme par l'eau baptismale Ces bagues chrétiennes, fort
rares aujourd'hui, datent des IVe et Ve siècles et sont, elles
aussi, comme on le voit, d'intéressants documents pour l'histoire
de l'établissement du christianisme en Vendée.
Fontenay-le-Comte. - En 1801 on a recueilli à Gaillardon,
près Fontenay-le-Comte, quatre inscriptions chrétiennes.
Une de ces inscriptions, qui est de la dernière moitié
du Ve siècle, et la plus récente de la fin du VIe, nous
ont en outre conservé les noms des premiers habitants de cette
ville. Jovinus et sa femme ; Pola Rusticus ; Maurolenus (gallo-romain)
; Chagnoaldus (Chaigneau) et Vinoaldus (Vincent), de race franque.
Au mois d'octobre 1888, nous avons trouvé dans le quartier
Saint-Martin, non loin de l'ancienne chapelle de ce nom, plusieurs
tombeaux des Ve et VIe siècles.
Foussais. - On a aussi découvert à Foussais un tombeau
chrétien que l'on peut attribuer au Ve siècle.
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NOTES:
(1) C'est à la fin du IIIe siècle, sous
l'administration de Rictiovare ou Rictus Varus, Préfet du prétoire
des Gaules, que l'on place aussi le martyre de Saint Domnin d'Avrillé.
(Saint-Domnin d'Avrillé), par l'abbé Rivalland.
(2) On prétend qu'il y avait â cette époque,
au quartier de la Coupe lasse, de Bouin, un temple du Soleil qui devint
ensuite la première chapelle de l'île, vers l'an 300,
époque où six femmes de la Basse-Bretagne s'y seraient
établies.
(3) L'abbé Aillery. Fouillé du diocèse
de Luçon.
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APOSTOLAT DE SAINT HILAIRE DE
POITIERS ET DE
SAINT MARTIN DE VERTOU
FONDATION DU MONASTÈRE DE DURINUM
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Quoi qu'il en soit, il est hors de doute que le grand apôtre
de a Vendée fut saint Hilaire, appelé à l'évêché
de Poitiers à la mort de saint Maixent, luter janvier 353,
et sous la présidence duquel eut lieu, vers 355, un concile
provincial où furent examinés les obstacles que les
habitudes traditionnelles et les poétiques superstitions des
campagnes, opposaient à l'introduction du christianisme.
Saint Hilaire parcourut une partie de la Vendée, portant
partout la bonne parole, et les vingt paroisses placées sous
le vocable du grand docteur de l'Eglise sont les témoins irrécusables
que son apostolat fut couronné de succès (1).
Néanmoins un temps d'arrêt dans les conversions parut
se produire, après qu'Eugène et Arbogaste eurent relevé,
un moment, les autels des anciens dieux. D'après l'abbé
Auber, le culte du paganisme subsistait au commencement du VIe siècle
sur certains points de la Vendée ; on y gardait encore le-culte
des idoles, et à l'occasion de leurs fêtes sacrilèges,
on s'y livrait à des plaisirs désordonnés, à
des chants et à des danses qui rappelaient par plus d'un côté
les saturnales de Rome.
C'est en ce moment-là que naissait celui qui devait compléter
en Vendée l'uvre de conversion au christianisme : Nous
avons nommé saint Martin de Vertou.
Saint Martin de Vertou, ainsi appelé à cause du monastère
qu'il fonda sur les bords de la Sèvre, naquit à Nantes
en 527. Entré de bonne heure dans les ordres, il fut chargé
par saint Félix, évêque de Nantes, d'évangéliser
le pays de Rezé, les îles de Bouin et de Noirmoutier
habitées par des pirates saxons, ainsi que les Marches de la
Bretagne et du Poitou qui, bien que visitées par saint Hilaire,
saint Vicence et d'autres missionnaires, renfermaient des populations
retournées au culte du paganisme.
Vers 575, il fonde à Durinum (2), un couvent de femmes et
un couvent d'hommes qui deviendront à leur tour autant de
Le Forum de Saint-Georges dte .Montaigu
Cliché Aug. Douillard, de Montaigu
nouveaux missionnaires, Une chapelle dédiée aux deux communautés,
et devenue plus tard d'église paroissiale, s'élève
alors sur l'ancien forum, et reçoit le nom de Saint-Georges,
que le lieu a conservé jusqu'à présent (3).
Des voies romaines qui traversent la vieille cité païenne,
et par les Deux-Maines, partent des légions de moines qui,
d'après les traditions conservées encore aujourd'hui,
vont Évangéliser les Herbiers, les Essarts, Mouchamps,
Rocheservière, Clisson, Tiffauges, Vendrennes (4).
Le 24 octobre 601, le grand thaumaturge (5) mourait à SaintGeorges-de-Montaigu
le Bas-Poitou était complètement converti au christianisme
(6).
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NOTES:
(1) Saint Hilaire eut comme contemporain à, Poitiers,
le célèbre grammairien et professeur Ammonius Anastasius.
(2) Aujourd'hui Saint-Georges-de-Montaigu.
(3) Cette chapelle dut probablement être superposée
à un monument civil et religieux à la fois (Le Forum),
qui servit de point de repère aux ingénieurs romains,
car les quatre voies venant de Poitiers et de Nantes, d'Angers et
de l'Océan s'alignent chacune dessus comme une flèche.
Il serait peut-être possible (le retrouver les fondations du
monument en question, dédié sans doute à Apollon,
l'une des grandes divinités, de la Gaule, dont le culte aura
été remplacé à Durinum, comme en une foule
'autres lieux, par celui de Saint-Georges qui, dans la légende
chrétienne joue lui aussi le rôle de vainqueur de monstres
symboliques.
(4) Auber. Histoire du Poitou, T.-ii, p. 211.
(5) Ce qualificatif est aussi, et surtout, attribué
â St-Martin de l'ours.
(6) Pendant l'apostolat de saint Martin de Vertou, se
produisirent dans notre pays plusieurs événements importants
: - Vers 572, Clovis, le plus jeune des lits de Chilpéric,
porte, sur les conseils de Frédégonde, la désolation
dans le Poitou
L'année suivante, ce malheureux pays est encore
ravagé par Théodebert et Mérovée, malgré
les instantes supplications de sainte Radégonde ; - En 575,
nouvelle invasion de Théodebert.
A peine le Poitou commençait-i1 à respirer,
que de nouveaux malheurs fondent sur le nord de la Vendée actuelle.
Vers 580, la peste, venant de la Bretagne; s'attache aux bords de
la Loire, gagne le sol du Bas-Poitou et envahit le pays des Mauges.
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