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CHAPITRE XVIII
FONDATION DE L’UNIVERSITE DE POITIERS (1431)
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Les lettres et les sciences en Bas-Poitou vers la fin du
XV° siècle.
Le Missel de Pierre de la Nouhe des Herbiers.
Catalogue de la bibliothèque manuscrite de Jehan Moreau en 1447.
Emprunt par le seigneur de Mallièvre du roman de Julius César
en 1458.
Sciences. Etienne Bouhet, des Epesses.
Louis XI et le Bas-Poitou. Convocation à Fontenay de l’arrière-ban
du Poitou (1467).
Pillage d’Apremont et de Saint-Gilles-sur-Vie par les
Bretons (1468). Bouin brûlé par Louis XI.
Louis XI en Bas-Poitou (1469), - Fontenay érigé en commune (1471).
Nouveau voyage de
Louis XI en Bas-Poitou (1472). - Accident de la Maleboire, près Mortagne.
Travaux d’agrandissement du port des Sables, ordonnés à
Dinchin près le Puybelliard.
Seconde coalition contre Louis XI, - Réunion des nobles à Montaigu.
Création de foires à l’Hermenault (1477),
- Les Grands assises royaux enlevés momentanément à Fontenay
au profit de Niort et de Montaigu, - Pillage de Rocheservière et de la
Garnache.
La noblesse du Poitou au XV° siècle, - Louis d’Amboise,
vicomte de Thouars, - Georges de la Trémouille, - Gilles de Retz, seigneur
de Tiffauges.
Démembrement de la vicomté de Thouars.
Gilles de Retz (1423). Le Bas-Poitou sous Charles VIII, Louis XII, François
1er et Henri II,
Les La Trémouille.
La fantaisie du prince de Talmont.
Le Corsaire de Mme de la Trémouille (1491).
Convocation du ban et de l’arrière-ban des nobles du Bas-Poitou
(1491-1492).
Cotisation de la noblesse et du clergé poitevin (1526).
Voyage de François 1er et d’Eléonore de Portugal, au Puy-du-Fou,
près les Epesses, - Les Grands jours à Poitiers en 1531.
Convocation du ban (1533). Les compagnons poitevins de François 1er.
Le duel La Châtaigneraie, Chabot-Jarnac. - Chasteigner
Jean, seigneur de Saint-Michel-le-Cloucq.
Foucher Bertrand, seigneur des Herbiers.
Sébastien de Luxembourg, - Jacques de Bessay et Cathus des Granges.
Philippe Chabot.
Réparations et divers canaux de dessèchement, etc. Noms des commissaires.
Etat des marais de la Sèvre du midi à la fin du XVI° siècle.
Tableau des chemins du Bas-Poitou au milieu du XVI° siècle, d’après
Charles Etienne 1553.
Etat des principaux sièges ressortissant du siège
royal et sénéchaussée de Fontenay, Bas-Pays de Poitou.
Revision des coutumes du Poitou.
Règlement pour les moissons et les vendanges.
La Gabelle, - Troubles en Bas-Poitou, - Remboursement des offices
du magasin à sel du pays de Poitou, etc.
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LES LETTRES ET LES SCIENCES EN BAS-POITOU
VERS LA FIN DU XVe SIÈCLE (1).
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Charles VII, désirant récompenser par un témoignage éclatant la fidélité
que lui avait toujours montrée le Poitou, résolut de doter sa capitale
d'une Université. Créée en 1431, elle fut autorisée par une bulle du
pape Eugène IV, en date du 23 ruai de cette même année, et divisée en
quatre nations qui prirent pour devises les noms de France, Aquitaine,
Touraine et Berry.
La direction en fut confiée à Jean Lambert, professeur de théologie,
qui sut imprimer à ce grand centre intellectuel une organisation puissante,
une vie; une activité littéraire et scientifique, qui dépasseront de
beaucoup les limites de la province.
Cette création sera pour notre pays le commencement d'une ère nouvelle,
et s'il est juste de reconnaître que l'influence s'en fait encore sentir
parmi nous, il est équitable de reconnaître également que le flambeau
allumé par Charles VII rayonna rapidement dans le Bas-Poitou, où les
bibliophiles, les savants et les lettrés n'étaient pas rares, même avant,
la découverte de l'imprimerie.
Ce fait est d'autant plus digne de remarque qu'à cette époque encore,
les oeuvres littéraires n'étaient connues que d'un petit nombre, car
Biles n'existaient que dans de très raies manuscrits qui coûtaient fort
cher. Un beau manuscrit, même au commencement du XVe siècle, pouvait
valoir plusieurs mille livres. Aussi on le reliait précieusement, solidement,
avec de fortes planches recouvertes de peaux, avec des angles de métal
et un énorme fermoir. On le gardait avec soin dans les bibliothèques
dès châteaux et dès monastères qui, pendant longtemps, possédèrent seuls
des ateliers de copistes.
" Presque toutes les règles monastiques, surtout celle de saint Benoît,
prescrivaient l'étude de la calligraphie à tous les moines qui n'étaient
pas employés au travail de la terre. De nombreuses légendes montrent
combien cet art était agréable aux habitants du ciel. Un religieux,
qui avait certaines fautes à se reprocher, s'imposa pour pénitence de
copier un gros volume de l'Écriture sainte. A sa mort, les démons le
réclament, mais un ange apporte au souverain juge le précieux manuscrit
: on fait le compte dès lettres, et, leur nombre dépassant celui de
ses fautes, il est renvoyé sur la terre pour faire son salut. Un autre
moine s'appliquait, chaque fois qu'il rencontrait le nom de Marie, à
le reproduire en lettres très soignées, de trois couleurs différentes.
Quand il mourut, un dès moines ses frères, aperçut distinctement; la
Vierge qui venait recueillir son âme. " Puisque tu as si bien pris soin
d'honorer mon nom dans tes oeuvres, lui disait-elle, j'ai fait inscrire
le tien sur le livre de vie (2) ".
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NOTES:
(1) Vers 1472, l'Université de Poitiers comptait 4.000
écoliers (Auber, T. IX, page 269.)
(2) Rambaud. - Histoire de la civilisation. T. I, page
349.
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LE MISSEL DE PIERRE DE LA NOUHE
DES HERBIERS.
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Au nombre dès objets d'art conservés à la Bibliothèque
nationale, se trouve un missel avec des dessins de la plus rare beauté
et de la meilleure exécution. Ce manuscrit précieux porte
sur le dernier feuillet : " Fuit finitum hoc missale nova aprilis
1492, et fecit ipsum. scribi Reverendus in Xe Patre et Dominos dominus
Johannes de Fuxo, miseratione divina épiscopes Convennarum, in
Alano, per me Petrum de la Noulx habitantem loci de Herbertis Lucionensis
dyocesis. Ad laudem Dei Patris et Filii et Spiritus Si gloriosissimoe
Virginis Marioe, omnium angelorum et sanctorum Dei, ad salutem animarum
vivorum et de functorum sit. Amen. "
" Ainsi, il se pourrait faire que les Herbiers eussent donné
le jour à un des miniaturistes Poitevins les plus célèbres
au XVe siècle. Ce missel date du XVe siècle : commandé
par l'évêque de Comminges, Jean du Fou, il est écrit
par Pierre de la Noue, homme pieux qui travaille pour la gloire de Dieu
et place son oeuvre, heureusement terminée en 1492, sous la protection
de la Sainte-Trinité, de Marie, des anges et des saints. Par
une pensée bien touchante, il reporte aux vivants et aux morts
le mérite et la récompense qui lui reviennent (1). "
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NOTES:
(1) Archives du diocèse de Luçon, page 488.
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CATALOGUE DE LA BIBLIOTHÈQUE
MANUSCRITE DE JEHAN MOREAU EN 1447.
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Une bibliothèque manuscrite était avant l'invention de
l'imprimerie, ainsi que nous l'avons déjà dit., une chose
d'autant plus précieuse qu'elle était plus rare, surtout
quand elle était la propriété d'un simple particulier,
et qu'elle atteignait le chiffre de près de cent manuscrits différents,
représentant un nombre encore plus considérable de tomes
tels que nous les fournit a présent la librairie.
Telle était, en 1447, la bibliothèque- de Jehan Moreau,
seigneur de la Jouhenniere ou Jouenière (aujourd'hui la Jaunière,
près La Roche-sur-Yon), terre qui a appartenu jusqu'à
la Révolution au seigneur de la Rabatelière (1).
Jehan Moreau était conseiller et avocat fiscal du roi René
d'Anjou, pour la châtellenie de la Roche-sur-Oyon (plus tard la
Roche-sur-Yon, puis Napoléon-Vendée), etc.
Feu M. Constant Gourraud, notaire honoraire à Chavagnesen-Paillers
et membre de la Société d'émulation de la Vendée,
en fouillant les archives du château de la Rabatelière,
qui appartient, comme on sait, à M. le comte de la Poèze,
a eu la bonne fortune de rencontrer à la fin d'un énorme
registre en parchemin, le catalogue de la bibliothèque de Jehan
Moreau, dressé par lui.
Jehan était issu d'une famille du Bas-Poitou, appartenant à
la robe depuis au moins trois générations, et qui, par
ses études et sa connaissance du droit, était à
la hauteur des charges qu'elle remplissait dans le barreau. Il en était
de même de la famille Maignen, à laquelle il s'était
allié.
Les premiers éléments de sa bibliothèque lui furent
fournis par son ayeul, Maurice Moreau, contemporain du prince de Galles
et de Du Guesclin, et par Nicolas Maignen son beau-père.
Il est possible que pendant la guerre de cent ans qui désola
nos contrées, les grands seigneurs du Poitou fussent plus familiers
avec les champs de bataille qu'avec les livres ; mais à cette
époque même de perturbations et de ruines, le pays que
nous habitons n'était pas aussi déshérité
d'instruction que quelques-uns pourraient peut-être se l'imaginer.
Eu dehors des châteaux-forts et des camps, la science avait trouvé
un refuge dans le barreau; la bibliothèque de Jehan Moreau nous
le prouve surabondamment. Elle avait aussi dans l'abbaye et dans le
presbytère deux autres foyers si bien alimentés, qu'il
était impossible que sa flamme put s'éteindre. Plusieurs
des manuscrits les plus précieux de notre avocat provenaient,
l'un (le Digeste vieil), de l'abbaye des Fontenelles, l'autre (le Bréviaire),
de l'abbaye de Luçon, et un grand nombre qu'il serait trop long
d'énumérer, de trois prêtres, dont deux ont le titre
de curé de Buereau de Palluyau (Palluau), de Jehan Lemarié,
curé de la Grolle, et du curé de la Roche-sur-Oyon qu'il
appelle son compère.
Si maintenant j'analyse la bibliothèque de l'avocat fiscal de
cette dernière châtellenie, en 1417, j'y trouve le programme
des études en honneur à la fin du XIVe et au commencement
du XVe siècle, non seulement chez les moines et les curés,
même de campagne, mais encore chez les hommes du monde qui embrassaient
les carrières libérales.
Ce programme comprenait tout à la fois la religion, le droit
canon, le droit civil et la littérature, c'est-à-dire
les branches les plus essentielles de l'instruction, au point de vue
de l'esprit et du cur.
Les livres de religion n'étaient pas rares dans là bibliothèque
de Jehan Moreau.
Qui dit bréviaire dit un recueil de psaumes, de leçons
tirées de l'Ecriture Sainte et des saints Pères, d'homélies
expliquant les évangiles qui. correspondent aux dimanches et
aux fêtes de l'année, de légendes de saints, de
répons et de prières en harmonie avec les offices qui
se célèbrent chaque jour. Le bréviaire, qui est
aujourd'hui le livre exclusif du prêtre, était au moyen
âge entre les mains de beaucoup de laïques. Nos rois eux-mêmes
(de Charlemagne à saint Louis surtout), se faisaient un devoir
de réciter leurs Heures.
Jehan Moreau avait son bréviaire, précieux cadeau de
l'évêque de Luçon, qui l'honorait de son amitié.
Il avait aussi sa Bible, qu'il appelle " ma bible belle et bien
vraye ", qui lui avait coûté 20 écus d'or ;
plus une table des livres et chapitres de la bible ; et un livre "
de plusieurs belles autorités suivant les évangiles. "
Après l'Ecriture Sainte, venait la théologie. L'avocat
fiscal avait un traité sur les anges ; - une explication du Décalogue,
par Nicolas de Lyre ; - un opuscule sur la répression des sortilèges
; - un livre de saint Thomas d'Aquin sur le gouvernement des princes
; - deux autres de Monbodun et de Nicolas André, qui traitaient
des sacrements - un autre encore, ayant pour titre : De Lumine confessorum,
de la lumière des confesseurs ; - un autre enfin, sur la manière
de se confesser, qu'il avait fait faire lui-même, preuve, disons-le
en passant, qu'il se confessait. Il n'était pas étranger
non plus aux principes de la Philosophie, comme le prouve son livre
De la propriété des choses et le fragment qu'il avait
d'Aristote.
Les livres de morale et d'ascétisme venaient après. Témoins,
un manuscrit sur les quatre vertus cardinales - un autre sur les trois
vertus théologales, par Alain Charretier ; - un troisième
sur les vices ; - un quatrième sur l'amour de Dieu et sur la
bonne vie ; - un traité de méditations sur la mort; un
autre sur le chemin de l'éternité ; - un livre intitulé
Scala celi, l'échelle du ciel ; enfin, la légende dorée
de saint Grégoire.
Le droit canon, qui est le vaste répertoire des règlements
et des décrets appropriés aux temps et aux lieux qui ont
formé et forment encore la discipline de l'Église, depuis
son origine, faisait partie du programme des études du XIIe au
XVIIIe siècle, tandis qu'aujourd'hui cette science est reléguée
dans les rayons ignorés des bibliothèques publiques.
Le corps du droit canon forme trois volumes in-folio, divisés
en six parties : Le décret de Gratien publié en 1151,
les Décrétales, les Sextes, les Clémentines, les
Extravagantes de Jean XXII et les Extravagantes communes.
Jehan Moreau possédait les Décrétales qui forment
la matière du second volume. C'est un recueil des lettres des
anciens papes, décidant quelques points de la discipline ecclésiastique,
qui fut collationné par saint Raymond de Pennafort et publié
en 1230 par ordre de Grégoire IX.
Jehan Moreau attachait un grand prix à ces Decrétales
: dans son catalogue il les appelle " belles Decrétales
". L'édition, composée de trois parties différentes,
lui coûta 45 écus.
Les Clémentines figurent dans le troisième tome du droit
canon. Elles renferment les constitutions de Clément V et du
concile de Vienne promulguées par Jean XXII, en 1319. L'avocat
de la châtellenie de la Roche-sur-Yon les comptait au nombre des
livres de sa bibliothèque, ainsi que plusieurs décrets
tirés du Sexte, autrement dit le sixième livre des Decrétales,
publié par Boniface VIII en 1298. _ Plus, le Miroir de Guillaume
Durand; une brochure sur les Elections, par Mandagot; cinq volumes du
code ; la concordance du droit canon et du droit civil ; - enfin, la
Pragmatique-Sanction qui réglait les rapports de l'Eglise et
de l'Etat.
La connaissance du droit civil était indispensable à
celui qui était chargé de faire exécuter la loi
et de rendre la justice.
La bibliothèque de Jehan Moreau était riche en cette
matière. Il avait deux cours du droit civil. Le plus beau de
ses manuscrits était l'un de ses Codes, oeuvre du XIIIe ou du
XIVe siècle, qu'il tenait clé son grand-père, dont
toutes les lettres étaient en or.
Outre le Code, le droit romain collationné au VIe siècle
par Justinien, comprenait les Digestes ou Pandectes, et les Novelles.
Nous trouvons dans le catalogue des livres de Jehan Moreau, deux Digestes
vieils, volume composé de 50 livres, contenant les réponses
des anciens jurisconsultes, et deux Digestes novels renfermant 168 constitutions
sur divers sujets, sans compter les ouvrages des docteurs les plus célèbres
du moyen âge, tels que Barthol, Rosret, Boutaud, Balde, Henry
Bouic, Fabre, qui répondaient par des solutions pratiques aux
questions les plus difficiles du droit.
La littérature tant ancienne que moderne, faisait aussi partie
du programme (les études, au temps du conseiller du roi René
d'Anjou. Je rencontre dans sa bibliothèque, Salluste, Cicéron,
Thérence, Egidius et Bèce, avec la glose de Travet, le
Papaliste ou l'Histoire des papes depuis Jésus-Christ, l'Arbre
généalogique des batailles, les chroniques de Baudouin,
comte de Flandres, et deux livres en vers.
Les romans occupent une place relativement considérable dans
son catalogue. Il avait plus de douze volumes consacrés à
ce genre de littérature. Mais il y a tout lieu de croire qu'ils
étaient inoffensifs, et ne blessaient en aucune manière
la religion et les murs, ce qui n'est que trop fréquent
aujourd'hui. Il avait le roman de Troie en latin et en français,
le roman des Echecs, suivi du livre des bonnes murs ; le roman
des sept Sages ; le roman de Christine, déesse de la Sapience;
plus le roman de Guillemine et le roman. e d'Estrille Chauveau et de
la Chastelaine de Vergi, avec une bonne instruçion pour, eschiver
les temps pestilencieux : " enfin le roman dit Passe-Temps, sur
la question-de France et d'Angleterre.
Pour qu'il ne manquât rien à sa bibliothèque, Jehan
Moreau y avait placé le Miroir des Dames et le Réveil-Matin
ou le Débat des Dames, ce dernier composé probablement
par un malin, et enfin un ouvrage d'économie politique.
Maintenant on se demande ce que sont devenus les manuscrits dont je
viens de parler, manuscrits conservés si précieusement
par la famille de notre avocat, et qu'il avait considérablement
augmentés par ses achats dans les abbayes et les presbytères,
ainsi que dans ses ouvrages à Poitiers et à Paris, comme
il nous l'apprend lui-même. Hélas! on les cherche en vain
à La Roche-sur-Yon, à la Jaunière, à la
Rabatelière, on ne les trouve nulle part ! Leur perte est d'autant
plus regrettable que plusieurs étaient d'un très grand
prix.
Il y avait dans sa bibliothèque 24 volumes qui lui avaient coûté
un ou plusieurs écus d'or.
En portant l'écu à 11 francs (c'est à peu près
le poids qu'il pèse),. le rapport de la valeur monétaire
pour les XVe et XIXe siècles étant, de 1 à 7, on
arrive aux résultats suivants :
1° Les Fins dernières lui coûtaient.
2° Les Vertus cardinales
3° Le livre sur les Remèdes contre la bonne et la mauvaise
fortune.
4° Therence
5° Le traité sur les sortilèges...
6° Un livre en vers
7° Les trois Vertus théologales
8° Le Livre de Vilate, conditionis humane
9 Les sacrementaires de Monbodun et de Nicolas André
10° Egidius
11o Le traité des vices
12° Balde
13° Le traité de la propriété des choses
14° Le songe Duvergier
15° Le traité des anges....:
16° Barthol
17° La légende dorée
18° Fabre
19° Guillaume Durand
20° Les Decrétales
21° Le livre dit le Résidu des Titres et autres
22° La Bible
23° Bouic |
77 fr.
77 -
77 -
77 -
77 -
77 -
154 -
154 -
154 -
231 -
231 -
231 -
308 -
308 -
308 -
308 -
770 -
924 fr.
1001 -.
1309 -
1925 -
1925 -
2310 - |
Total.. 13013
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NOTES:
Si maintenant je donne à son Code écrit
tout en lettres d'or une valeur double de celle de sa Bible, ce qui
ne me parait pas exagéré, j'ai à ajouter une somme
de ........................................................................................3850
fr.
Ce qui pour trente volumes environ, c'est-à-dire pour le quart
de sa bibliothèque, me fournit un total en valeur monétaire
de ...............................................................................................................................................16863
fr.
Mais laissons la parole à Jehan Moreau lui-même, faisant
l'inventaire de ses livres en l'an de grâce 1447.
L'abbé Ferdinand BAUDRY,
Curé du Bernard.
Suit le dit inventaire....................... Extrait de l'Annuaire
de la Société d'émulation de la Vendée (année
1866).
(1) Elle relevait pour la majeure partie de la seigneurie
de la Roche-sur-Yon et pour le surplus de la scigneurie de Sainte-Flaive,
à foi et hommage plein.
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EMPRUNT PAR LE SEIGNEUR DE MALLIÈVRE
DU ROMAN DE JULIUS CÉSAR EN 1458.
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On a souvent répété qu'un gentilhomme requis d'apposer
sa signature au bas d'un acte dans lequel il était partie intervenante,
avait déclaré et fait constater parle notaire qu'il ne
savait pas écrire, vu sa qualité de noble; et de cette
constatation, on a conclu qu'avant la Révolution la noblesse
mettait une sorte d'orgueil à rester et à se montrer ignorante.
Cette fable et les conséquences dont on en faisait suivre le
récit, ont été facilement combattues et réduites
à leur juste valeur par des mémoires publiés l'un
à Nantes, l'autre à Paris, par MM. de la Borderie et Delisle,
archivistes paléographes. Il suffit en effet de feuilleter un
registre d'aveux et d'hommages féodaux pour reconnaître
que les possesseurs des divers fiefs savaient signer, et pour le moins
aussi lisiblement que la plupart de nos contemporains. Mais là
ne se bornait pas leur science ; ils aimaient la lecture, achetaient
souvent à un prix très élevé des manuscrits,
puis des livres, entretenaient pour leurs affaires, comme pour leurs
relations de famille, des correspondances assez étendues et composaient
parfois des vers ou même des ouvrages volumineux, dont quelques-uns
figurent au rang le plus honorable parmi les produits de l'ancienne
littérature. En renvoyant les incrédules à la liste
de ries divers écrivains, pour leur faire connaître cette
vérité, nous nous bornerons à imprimer une petite
pièce autographe des archives de Maine-et-Loire.
Elle nous montre le seigneur de Mallièvre consacrant à
la lecture une partie des loisirs que lui avaient donnés la fin
de la guerre contre les Anglais et leur expulsion du royaume. Jeune,
il aurait recherché les merveilleux romans de chevalerie ou les
récits dans lesquels une belle princesse soumettait â une
longue épreuve la constance de la passion inspirée par
sa beauté et le charme de son esprit. Arrivé à
un âge qui éloignait les pensées d'amour et d'aventureux
exploits pour gagner un cur rebelle, Bertrand de la Haye préférait
les lectures rappelant les combats auxquels il avait pris une part glorieuse.
Nous le voyons suivant de l'il les longues lignes d'un de ces
volumineux manuscrits en caractères gothiques auxquels on donnait
le nom de roman parce qu'ils étaient en langue vulgaire et non
en latin.
Le roman de Julius. César faisait partie d'une compilation contenant
une histoire romaine Li fès des Romains, d'après Salluste,
Lucain et Suétone. La bibliothèque nationale en possède
plusieurs exemplaires, dont l'un se compose de 655 pages (1).
On remarquera le soin minutieux avec lequel l'ouvrage emprunté
par le sieur de Mallièvre à l'abbé de Saint-Florent,
près Saumur, est désigné. Un manuscrit sur vélin
était un objet précieux, surtout lorsqu'il offrait des
pages enluminées et de belles miniatures comme on en rencontre
souvent dans les romans et les histoires. L'existence du récépissé
du volume parmi les papiers de l'abbé de Saint-Florent ne prouve
pas que le seigneur de Mallièvre ait manqué à sa
promesse de le restituer. Il aura sans doute été annulé
par une quittance du prêteur, lors de la restitution faite par
Bertrand de la Haye. En tout cas, voici le texte de son billet autographe
(2).
J. Bertran de la Haye, seigneur de Malle-Lièvre, confesse avoir,
à cause de prest de révérend père en Dieu,
monsieur l'évêque de Fréjus et abbé de Saint-Florent,
ung Romant de Julius César commençant ou premier chapitre
et ou N. III : Chascun homme à qui Dieu a donné sens et
entendement, et ou segond chapitre : Grant estrivement, et ou pénultième
chapitre : Lors se mist Cesar, et ou dereain : puys fut li fens ordonnés
ou champ; lequel Romant je promet restituer à mondi sieur de
Fréjus, à son bon plesir, tesmoing mon saing manuel cy
mis. A Saint-Florent, près Saurnur, le XIIIe jour de mars mil
CCCC cinquante et sept (3).
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|
NOTES:
(1) Département des manuscrits. No 6918.
(2) Archives de Maine-et-Loire, abbaye de Saint-Florent,
près Saumur. (Portefeuille des du Bellay.)
(3) C'est-à-dire 1458, l'année commençait
alors à Pâques. Recherches historiques sur la Vendée,
par Paul Marchegay et Annuaire E. 1857.
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SCIENCES
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Un bas-poitevin, Etienne Bouhet, ou Bouet, né à Langebaudière
des Epesses, suivit l'exemple de plusieurs gentilshommes de cette époque
en marchant sur les traces d'Adam Fumée et de Gabriel Miron.
Il s'attacha à l'étude de la médecine, qui alors
florissait à Paris et ne donnait pas moins de réputation
à la noblesse que les premiers emplois de la robe et de l'épée.
Il franchit rapidement tous les degrés qui précèdent
le. doctorat, et fut nommé professeur à la Faculté
de médecine de Paris. Mais ses talents et sa capacité
qui lui avaient procuré cet emploi lui en méritèrent
un autre. Il fut nommé Principal du collège de Sainte-Barbe
et il remplit ces fonctions avec autant d'intégrité que
de prudence jusqu'à sa mort, arrivée l'an 1497, ainsi
qu'il paraît par l'inscription gravée sur sa tombe en l'église
de Saint-Etienne des-Grès, et qui est ainsi conçue :
" Cy gist noble homme et sage maistre Etienne Bouët en son
" vivant docteur régent en la faculté de médecine
de l'Univer
" sité de Paris et maistre principal du collège
de Sainte-Barbe,
" lequel trépassa le jeudy 12 décembre l'an 1497.
Priez Dieu
" pour luy " (1).
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|
NOTES:
(1) Cette famille a possédé longtemps Langebaudière,
sise à la limite des Epesses et des Châtelliers.
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LOUIS XI ET LE BAS-POITOU
CONVOCATION A FONTENAY-LE-COMTE DE
L'ARRIÈRE-BAN DU POITOU.
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Dès le début de son règne, Louis XI comprit combien
il lui importait de s'attacher par tous les moyens possibles Fontenay-le-Comte,
la seule ville du Bas-Poitou qui pouvait, par sa situation, contrecarrer
les projets des barons turbulents de ce pays, car dès le mois
de juillet 1465, cette ville avait résisté à une
tentative faite par les révoltés au nom du Bien public,
pour s'emparer du château (1).
Le traité de Conflans (1465) avait mis fin à ce premier
soulèvement, des grands feudataires de la couronne contre Louis
XI, mais en 1467, le comte de Charolais, depuis Charles le Téméraire,
étant devenu le chef de la maison de Bourgogne, forma une nouvelle
ligue avec son beau-frère le roi d'Angleterre et le duc de Bretagne.
Louis XI fit immédiatement ses préparatifs contre le
duc de Bretagne, et cette même année 1467, l'arrière-banc
du Poitou fut convoqué par lettre du roi. Le 21 octobre le comte
de Penthièvre, les sieurs de l'Aigle, de Bressuire, de la Grève,
de Jarnac, de Soubise, de Montreuil, de Fors, de Saint-Mesmin, de l'Herbergement,
etc., firent leurs montres et revues à Fontenay, et prétèrent
serment : de, servir le roi envers et contre tous, même contre
M. Charles, son frère, et les ducs de Bourgogne et de Bretagne
(2). A ces noms de chefs il convient d'ajouter ceux de Robert Vincent,
seigneur de la Baritaudière en Chantonnay, qui servit d'abord
comme brigandinier du seigneur de Belleville, puis passa sous les ordres,
du sieur de Soubise; - Racodet Jean, seigneur du Langon, brigandinier
du seigneur de Bressuire; - Baudry d'Asson Jean, brigandinier du sieur
de la Grève; - Cathus Charles, seigneur des Granges, homme d'armes
du sieur de Soubise; - Jean Chabot, seigneur de la Turmelière;
- Bastard Guillaume; - Foucher Louis, seigneur de Thénies (3)
; - Jousseaume Pierre, seigneur de Couboureau, etc. ; de Rorthais Jean,
homme d'armes du seigneur de Soubise.
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|
NOTES:
(1) Le Bas-Poitou, en effet à cette époque,
n'était pas lui-même sans créer des ennuis à
la royauté. Depuis plusieurs années le sieur Duboys, seigneur
de la Caillère, du Poiré, ct un certain Rabasteau, à
la tête d'une bande de pillards, terrorisaient le pays. Ils avaient,
en 1464, tenu pendant plusieurs mois garnison au Gué-de-Velluire,
où ils avaient battu par deux fois les soldats du roi envoyés
contre eux. Le 20 octobre 1466, Louis XI donnait des lettres de rémission
aux deux chefs. (Anciens papiers de la Caillère.)
(2) Extrait des Rôles du ban et arrière-ban
du Poitou.
(3) Beauchet-Filleau.- Un autre Foucher Jacques, de l'Ermantruère
et du Gué-Sainte-Flayve, prit aussi part aux guerres de son temps
et mérita du roi Louis XI un brevet de chambellan de ce prince
(avril 1463
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PILLAGE D'APREMONT ET DE SAINT-GILLESSUR-VIE
PAR LES BRETONS. - BOUIN BRÛLÉ PAR LOUIS XI (1168).
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Pendant ces préparatifs, le duc de Bretagne n'était pas
demeuré inactif. Plusieurs de ses sujets ayant été
détenus comme prisonniers au château d'Apremont, trois
mille bretons vinrent, en 1168, mettre le siège devant la forteresse
qui appartenait alors à Renaud Chabot, second fils de Louis Chabot,
seigneur de la Grève, comme la tenant du chef de sa deuxième
femme, fille unique et héritière de Jean de Rochechouart,
seigneur d'Apremont . et de Brion. La vengeance fut . terrible, et malgré
la mise en liberté des détenus et l'engagement d'honneur
de ne faire aucun mal e au seigneur et à sa terre ", les
Bretons coururent tout le pays d'alentour, et après l'avoir mis
à feu et à sang, allèrent piller St-Gilles.
Les Etats assemblés à Tours, (1), ayant déclaré
que le duc de Bretagne serait contraint de rendre les places dont il
s'était emparé, sauf à lui payer une indemnité,
Louis XI en vertu de cette décision leva une armée, envahit
les marches de Bretagne et du Poitou, livra le bourg de Bouin aux flammes,
et réduisit le duc avant qu'il eût pu recevoir du secours
de ses alliés; puis il essaya avec Charles, de ses combats familiers,
les combats de la ruse : cette fois il y fut pris. Renfermé à
Péronne, dans le château où était mort Charles
le Simple, il n'en sortit qu'en gagnant un des conseillers du Téméraire,
Philippe Commynes, que nous verrons bientôt posséder d'immenses
territoires en BasPoitou, et en signant un traité onéreux
qu'il ne lui coûtait guère de jurer sur une relique de
la vraie croix, se promettant bien de ne pas l'observer.
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NOTES:
(1) Chabot, Louis II du nom, seigneur de la Grève
en Saint-Martin-des-Noyers, y assista comme conseiller chambellan de
Louis XI depuis: 1464. Il commanda 1e ban et l'arrièrc-ban en
1472 et 1475. Il mourut en .1488. -. Un autre bas-poitevin.
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LOUIS XI EN BAS-POITOU (1469).
FONTENAY ÉRIGÉ EN COMMUNE (1471). - NOUVEAU VOYAGE
DE LOUIS XI EN BAS-POITOU. - ACCIDENT DE LA
MALBOIRE, PRÈS MORTAGNE.
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Louis XI profita de cette trêve pour juger par lui-même
de la situation et de l'état du Bas-Poitou. Il y vint pour avoir
une entrevue avec son frère le due de Guyenne, alors en armes
contre lui. Le 6 septembre 1469, les deux princes se virent au passage
du Braud, sur la Sèvre-Niortaise, et parurent réconciliés,
puisque le Poitou fut donné en apanage au frère du roi.
Un pont de bateaux avait été jeté à cet
effet sur la rivière, et une tente coupée par une grille
de fer, en témoignage de confiance, leur servit de lieu de réunion.
Le roi, en se retirant, alla coucher à Puyravault. Le lendemain
il se rendit à Fontenay, où il put juger par lui-même
de l'importance de l'industrie qui avait depuis longtemps pris possession
de tout le. faubourg des Loges, et y comptait de nombreux métiers
de drapiers et des, tanneries importantes qui, pendant près de
trois cents ans fourniront de draps et de pelleteries une partie du
Poitou.
Deux ans après (mars 1471), Fontenay fut érigé
en commune, ayant à sa tête un élu annuel, assisté
de trente échevins, et cette ville vit s'accroître considérablement
son commerce, ainsi que nous le constaterons plus loin.
L'année suivante, Louis XI retourna en Bas-Poitou dans le but
surtout de régler le mariage de Philippe de Commynes (1), alors
prince de Talmont, baron de Curzon, de la Chaume, d'Olonne, etc. (2),
avec Hélène de Chambes-Montsoreau, soeur de Nicole, et
veuve de Louis d'Amboise (3). C'est pendant ce voyage que le roi faillit
perdre la vie dans des conditions assez dramatiques.
Le 23 décembre 1472, Louis XI chassait le sanglier dans le bois
de la Maleboire, près Mortagne-sur-Sèvre. Tout à
coup, au détour d'un fourré, un sanglier blessé
s'élance sur le roi qu'il allait probablement mettre en pièces
saris le courage de Nicolas Seguin, prieur claustral de Saint-Michel-en-l'Herm,
qui chassait aussi. Après avoir voué le roi à saint
Michel, il s'élance sur le carnassier et le tue d'un coup d'épieu.
En témoignage de sa reconnaissance perpétuelle envers
saint Michel pour la visible protection qu'il venait d'accorder au royaume
et à sa personne royale, Louis XI, outre le collier qu'il portait
à son cou ce jour-là, fit don à l'abbaye d'un relief
en albâtre représentant l'archange à cheval perçant
d'un coup de lance, un sanglier furieux à côté d'un
roi en prière. Ce magnifique relief, dû au ciseau du célèbre
sculpteur tourrangeau Michel Colombe, fut brisé par les protestants
lors de la prise de l'abbaye de Saint-Michel-en-l'Herm, le 9 janvier
1569. Louis XI avait également donné deux-cents marcs
d'argent provenant de confiscation, pour être employés
à la fondation d'un anniversaire de l'événement
du 23 décembre (4).
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|
NOTES:
Georges de la Trémouille, connu sous le nom de
sire de Craon, comte de Ligny, l'Ile-Bouchard, gouverneur do Touraine,
y assista aussi comme conseiller et premier chambellan du roi. - Se
trouva en 1468 à la prise de Liège par le roi Louis XI
et le duc de Bourgogne. - Louis XI, si bon juge de la capacité
des hommes, se l'attira avec Philippe de Commyne, le fit Chevalier de
Saint-Michel, lors de la création de cet ordre (1469) et le chargea
de traiter de la paix avec le duc de Bourgogne. - Il lui confia, le
21 septembre 1473, la conduite des gens d'armes de l'ordonnance des
francs-archers, et le plaça à la tête de l'armée
qui devait s'opposer aux Bourguignons, puis lui donna le commandement
des troupes envoyées au secours de l'empereur, Frédéric
III, de cellcs qu'il envoya en Champagne (1473), et après la
mort du duc de Bourgogne le chargea de réduire les Etats de ce
prince; Georges prit Dijon, mais ayant échoué devant Dolé,
Louis XI, qui n'aimait pas les gens malheureux le disgracia ; il mourut
vers 1481.
Son frère aîné, Louis de la Trémouille,
Vte de Thouars, prince de Talmont, etc., né vers 1431, accompagna
Charles VII au siège de Rouen et ne prit aucune part à
la guerre du Bien public. - En 1475, il accompagna Louis XI, lorsqu'il
alla au-devant d'Edouard IV roi d'Angleterre, qui venait de débarquer
à Calais. Il fut présent au traité de Pecquigny
entre ces deux princes, et fut du nombre des princes et grands seigneurs
qui souscrivirent le traité d'Ancenis (19 septembre 1478), entre
Louis XI et François II duc de Bretagne. Il mourut retiré
de la cour, en revcnant d'assister aux Etats-Généraux
de Blois en 1483 (A).
(A) Beauchet-Filleau, T. n, page 751.
(1) Commynes peut être considéré comme
un. politique de premier ordre et un historien remarquable. Commynes,
en essayant de nous faire comprendre la politique de Louis XI, la conçoit
le premier comme une science dont on peut tracer les règles et
dont l'histoire fournit la démonstration.
(2) Un arrêt du 22 mars 1485, condamna l'ancien
favori de Louis XI à une restitution totale vis-à-vis
de là famille La Trémouille.
(3) Au mariage qui eut lieu au mois de février
1493, assistait Chabot Louis, seigneur de la Grève dont nous
avons déjà parlé. Il était oncle de la mariée
par sa mère Jeanne Chabot (Beauchet-Filleau T. I, page 562).
(4) Louis Brochet. - Histoire de l'Abbaye de Saint-Michel-en-l'Herm,
page 47.
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TRAVAUX D'AGRANDISSEMENT DU
PORT DES SABLES, ORDONNÉS A DINCHIN, PRÈS LE PUYBELLIARD.
|
Ce voyage fut aussi marqué par un événement dont
les conséquences ont été grandes pour la ville
des Sables-d'Olonne. En parcourant sa plage avec Philippe de Commynes,
le roi avait été frappé des avantages que présentait
cette position, et avant de laisser le Bas-Poitou, il voulut donner
aux vassaux du nouveau seigneur d'Olonne, une preuve de sa haute bienveillance.
C'est à Dinchin, maison de chasse appelée autrefois
Dine-Chien (1), près du Puybelliard, que Louis XI ordonna, en
1472, les premiers travaux qui ont été faits à
la Chaume et aux Sables, afin d'y former un port capable de rivaliser
avec ceux de la Rochelle et de la Bretagne. Il désigna deux de
ses familiers pour diriger les, travaux du port et des fortifications
encouragea les constructions particulières par de grandes libéralités,
et exempta les habitants de tout impôt pendant vingt ans. Ces
efforts produisirent d'heureux résultats que devait compléter
la découverte du Nouveau-Monde.
Placés sur le bord occidental de la France les marins des Sables-d'Olonne
se confieront à l'Océan, et avant la découverte
de Colomb, nous les verrons transformés en corsaires, partir
en guerre contre les Sarazins, les Espagnols, les Anglais, à
l'inspiration de Gabrielle de Bourbon, duchesse de la Trémouille
et princesse de Talmont.
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|
NOTES:
(1) Dine-Chien était alors une seigneurie appartenant
à Pierre Prévost, sénéchal de Mareuil et
de la Vieille-Tour. Mathurine Prévost, sa fille, avait épousé
Tristan Maynard, seigneur de la Vergne-Cornet, qui servit fidèlement
Louis XI.
|
SECONDE COALITION CONTRE LOUIS
XI. - RÉUNION
DES NOBLES A MONTAIGU.
|
Le traité de Péronne, conclu entre Louis XI et le duc
de Bourgogne ne devait pas être plus solide que les précédents.
Les rivaux s'observaient, prêts à saisir le plus léger
prétexte pour prendre les armes. Louis le savait et n'ignorait
pas non plus que le duc d'Anjou et le duc de Bretagne attaqueraient
d'abord le Poitou qui lui était demeuré fidèle,
et que le roi d'Angleterre Edouard IV, beau-père de Charles le
Téméraire, tenterait une descente sur les côtes
du Bas-Poitou.
Toutes les précautions furent prises pour garantir notre pays
d'une invasion possible, et le 13 juillet 1473, le gouverneur de Montaigu
pour le roi, du Plessis-Bourré, et le seigneur de Bressuire,
Jacques de Beaumont, convoquèrent par ordre royal à Montaigu
(1), tous les nobles et autres tenant fiefs et arrière-fiefs,
tant de Poitou que de Basse-Marche, afin de marcher contre le duc de
Bretagne et d'aller garder les Sables. Les habitants de Poitiers, invités
à fournir plusieurs pièces d'artillerie, invoquèrent
les privilèges dont ils jouissaient, et qui les exemptaient de
répondre aux convocations de bans et arrière-bans : ils
obtinrent gain de cause.
Malgré. tout, le roi négocie encore , il signe un traité
avec le duc de Bourgogne, et pour le détacher de ses alliés,
lui abandonne quelques villes. Tout à coup le duc de Guyenne,
sur qui reposait l'intérêt principal des confédérés,
est empoisonné avec la dame de Montsoreau sa maîtresse,
par un moine qui leur donne une pêche à goûter. Louis,
délivré de ce côté, ne craignit plus de braver
son vassal, et refusa d'exécuter le traité.
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|
NOTES:
(1) En 1467, Louis XI craignant des attaques probables
du duc de Bretagne, avait. échangé Montaigu à Louis
Harpedanne, son chambellan, seigneur de Belleville, Montaigu, etc. (A);
contre le comté de Dreux, les seigneuries de Montmorillon, La
Chaize le Vicomte et le château, ville et seigneurie de Saintes.
La grandeur et l'importance des objets concédés par ce
prince indiquent assez de quelle conséquence il jugeait pour
ses intérêts d'être possesseur de la ville de Montaigu,
qui devenue domaine privé de Louis XI, fut fortifiée et
devint un point important. - La garde en fut confiée par le roi
à son loyal et habile ministre M. du Plessis-Bourré (Marchegay,
8e lettre de Charlcs VIII). - Gilles, son fils, rentra dans la terre
de Montaigu en 1491, par suite du mariage de Charles VIII avec Anne
de Bretagne, et restitua, au roi ses terres de Montmorillon, La Chaize-le-Vicomte
et le comté d'Evreux.
(A) Louis Harpedanne était le fils de Jean Harpedanne,
chambellan du roi Charles VII, qui avait épousé Marguerite
de France, dite de Valois, fille naturelle de Charles VI et d'Odette
de Champdivers, dite la Petite Reine ; à ce sujet, M. Puichaud
Casimir nous communique la très curieuse note que voici : - "
Isabeau de Bavière, femme de Charles VI, avait acheté
l'hôtel Barbotte ; c'était son petit séjour, (nom
qu'on donnait aux petits hôtels qu'avaient les princes, aux portes
de Paris). Elle s'y retirait ordinairement pendant les accès
de la maladie de ce prince. L'abbé de Choisy rapporte, d'après
un ancien manuscrit, que comme il était quelquefois furieux et
qu'il frappait â droite et à gauche, sans distinction et
qu'il y avait à craindre que la nuit il ne blessât la Reine,
on lui amenait tous les soirs la fille d'un marchand de chevaux qui
était fort belle, qui fut bien récompensée, qu'on
appelait communément et publiquement la Petite Reine et dont
il eut une fille (Marguerite de Valois) à qui l'on donna en dot,
en la mariant au sire d'Harpedanne, la terre de Belleville en Poitou.-V.
Saint-Poix. Essais historiques sur Paris. Tome 1, pages 52, 53, 54,
etc.
|
CRÉATION DE FOIRES A L'HERMENAULT.
- LES GRANDS ASSISES ROYAUX ENLEVÉS MOMENTANÉMENT
A FONTENAY, AU PROFIT DE NIORT ET DE MONTAIGU.
PILLAGE DE ROCHESERVIÈRE ET DE
LA GARNACHE.
|
La fin du règne de Louis XI fut signalée en Bas-Poitou
par l'établissement, en 1477, de foires à l'Hermenault,
sur la demande de l'évêque de Maillezais. Ce fut peut-être
en souvenir de la bonne réception qui lui avait été
faite au château de l'Hermenault, par l'évêque Louis
Rouault, oncle à la mode de Bretagne du maréchal de ce
nom, Joachim Rouault, seigneur de Bois Mesnard et de Garnache .(1),
que le roi octroya cette faveur, rare alors.
Louis XI crut devoir prendre aussi une autre mesure qui ne laissa pas
que de jeter quelques troubles dans la prospérité de Fontenay-le-Comte.
A la fin de cette môme année 1477, le roi, mû par
le désir de mettre la main sur une place forte qu'il lui importait
d'air, céda, le 24 décembre, Fontenay en échange
de Fronsac, à Pierre de Rohan, maréchal de Gié,
qui accompagna plus tard Charles VIII et Louis XII dans leurs expéditions
d'Italie. Son court, passage fut signalé par un acte malheureux.
Le 2 avril 1478, la tenue des grands assises royaux fut partagée
entre Montaigu et Niort, mais à la suite de vives réclamations
de Jehan Laidet, lieutenant du sénéchal du Poitou, et
de Pierre Cailler, châtelain de Fontenay qui, considérant
toujours la ville comme royale, avaient fait assembler le peuple le
dernier jour de juin 1478, fête de saint Pierre, la tenue, disons-nous,
fut rétablie en 1482 (2), par Philippe de Commynes, qui vint
le présider lui-même le 20 août de cette même
année. C'est vers cette époque (26 avril 1480), qu'eut
lieu, par une soixantaine de cavaliers bretons, le pillage de Rocheservière;
trois jours après, c'était le tour de la Garnache (3).
Charles VIII rendit Fronsac au maréchal de Gié le 26
janvier 1488, et reprit Fontenay. Quatre années auparavant (mars
1484), après avoir, en février 1483, confirmé les
privilèges de la commune, il avait .permis à l'élu
de Fontenay de prendre le titre de maire. Guillaume Goion fut le premier
qui se para de ce titre(4).
Disons, pour n'y plus revenir, que les privilèges de la commune
de Fontenay furent encore confirmés par François Ier (novembre
1516) ; - par Henri Il (mars 1547) ; - François II (janvier 1559)
; - Henri III (mars 1577) ; Henri IV (août 1592); - Louis XIII
(janvier 1610) ; -- Louis XIV (mars 1662) (5).
Parmi les divers privilèges dont jouissait la ville, on peut
citer celui qui exemptait le corps de ville du ban et de l'arrièreban
(22 août 1537 et 16 septembre 1541) (6)
Le corps de ville avait aussi le droit d'acquérir des fiefs
nobles ce droit fut confirmé par Louis XIII au mois d'octobre
1614 (7).
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|
NOTES:
(1) Joachim Rouault, qui avait acheté de Louis
d'Amboise la baronnie de la Chaize-le-Vicomte, était d'une maison
illustre, Il tirait son origine de Clément Rouault, écuyer,
qui vivait en 1327. André Rouault, premier de ce nom, seigneur
de Bois-Ménard, près Pouzauges, se trouva aux guerres
de Guienne et de Poitou en 1341 et 1352. II avait épousé
selon quelques mémoires, Marie de Montfaulcon, veuve de Guillaume
de Beaumont, seigneur de Glenay, dont il eut Clément Rouault
ou Tristan, seigneur de l'ale de lié, de Marans, de la Garnache,
et vicomte de Thouars à cause de Perrenelle, sa femme, qu'il
épousa en 1376. André Rouault tint un rang honorable à
la cour et dans les armées, soifs les règnes de Charles
V et de Charles VI. - Joachim Rouault mourut dans ses terres le 4 août
1478 ainsi que nous l'avons déjà dit, et l'ut, suivant
son désir, inhumé dans l'église des Cordeliers
de Thouars.
(2) Les sieurs Laidet, Cailler, Du Planché et Constantin,
furent par Louis XI, traduits devant le Parlement, le 23 septembre 1478,
pour avoir voulu s'opposer à la translation des assises du ressort
de Fontenay à Montaigu et à Niort. - Archives de Fontenay,
T. I, pages 381-85.
(3) En cette même année, Guillaume ou Guillemin
Cavelier, un des bons artilleurs de France sous Charles VII, et digne
élève de Gaspard Bureau " maître ,général
de l'artillerie ", était alors préposé à
la garde ; et à l'entretien des machines de guerre et des armes
conservées dans le château de Noirmoutier. - Dans un procès
verbal de même date on lit que le seigneur de Noirmoutier devait
annuellement "aux arbalétriers du dit fille, cinq sous chaque
dimanche pour l'entretenement du jeu de l'arbalaiste ", ce qui
faisait 13 livres par an. L'emploi des armes à feu ne fit abandonner
que très tard, ce genre de défense auquel il fallait souvent
recourir, soit contre les ennemis déclarés, soit contre
les forbans maritimes, alors très communs sur nos côtes.
(Viaud-Grand-Marais. Histoire de Noirmoutier), chap. V.
(4) Il était d'une famille noble de Saint-Philbert-du-Pont-Charrault,
qui adonné un évêque à Luçon. Les
Goion possédaient à Fontenay l'hôtel de la Pigasse.
- Les rois de France étaient loin de se désintéresser
de la nomination du maire de Fontenay, car on trouve aux (Archives de
Fontenay, T. II, page 5), une lettre de Louis XII- (5 mai 1515), invitant
le sénéchal du Bas-Poitou, à faire élire
le sieur Poysson, échevin, maire de Fontenay aux lieu et place
de Suzannet, croyons nous, dont la mort lui avait été
annoncée par de La Chastaigneraye. Le 10 janvier 1513, le méme
Louis XII nommait Louis Goulard, seigneur de la Geffardière,
capitaine de la ville. (Archives de Fontenay, T. II, page 19).
(5, 6 et 7) Archives de Fontenay, T,II, pages 21, 177,
233 et 239, - 99 et 107, T.III, page 263.
|
LA NOBLESSE DU POITOU AU XVe
SIECLE
LOUIS D'AMBOISE, VICOMTE DE THOUARS. - GEORGES DE LA TRÉMOUILLE.
- GILLES DE RETZ, SEIGNEUR DE TIFFAUGES.
|
Si les bourgeois des cités trouvèrent au XVe siècle,
dans la couronne de France, un puissant appui pour le développement
de leurs franchises municipales, la noblesse, de son côté,
loin d'être l'objet d'aucunes faveurs, se vit souvent exposée
à de violentes persécutions, car la royauté n'est
pas fâchée d'abaisser cette puissance rivale, de réprimer
à la fois son orgueil et ses tentatives d'usurpation. - Une famille
féodale qui, dans le Poitou, l'emportait sur toutes les autres
par l'ancienneté de sa race, la gloire de ses descendants, les
services rendus, la maison de Thouars, dans laquelle vinrent s'entremêler,
aux XIVe et XVe siècles, les dynasties d'Amboise et de la Trémouille,
possédait d'immenses richesses, et pouvait rivaliser en puissance
et en éclat avec les plus illustres seigneurs, et près
d'elle la royauté de France elle-même semblait bien pauvre
et bien faible.
Dans un rendez-vous (1431), entre Poitiers et Parthenay, la Trémouille
fit couper la tète aux sires de Lezay et de Vivone, se contentant
de réduire à une pénible captivité le sire
d'Amboise, vicomte de Thouars, dont la fille devait plus tard épouser
son propre fils. Ce guet-apens devint le signal de nouvelles guerres
civiles dans nos contrées. La dame de Rieux, la noble châtelaine
de Thouars, qui possédait d'importantes terres en Bas-Poitou,
s'arme pour conquérir ses domaines lâchement envahis. Secondée
par les efforts des sires de Beaurnanoir et de Rostrenen, elle recouvre
les châtellenies de Marans, de Benon et de l'île de Ré.
Plus tard Fontenay, la Rochelle et Châtelaillon sont repris par
le connétable de Richemond, frère du duc de Bretagne,
associé aux hommes d'armes de la dame de Thouars pendant que
son mari, accusé de crime de lèse-majesté, était
chargé de fers, jeté dans un cachot du château de
Poitiers, d'où il ne devait sortir qu'au mois de septembre 1434,
grâce aux prières de la reine Marie d'Anjou, et surtout
à l'affaiblissement de la faveur de la Trémouille. Une
partie des biens confisqués lui fut rendue, mais les lettres
de rémission lui enlevaient au profit du roi " les chasteaux,
terres et chastellenies de Talmond et de ChâteauGontier, ainsi
que la seigneurie d'Amboise, ensemble les foy, hommages, fiefs, arrière-fiefs,
droits, noblesse, prérogatives, profits et émolumens quelconques
des dits biens. "
Le sire de Thouars ne conserva point rancune des mauvais procédés
du roi de France à son égard. Soumis, suppliant, meurtri
de blessures judiciaires et royales, il ne se rappelle que le serment
de fidélité qu'à sa sortie de prison il a prêté
à Charles VII qui, l'année suivante, lui rendit tous ses
biens, sauf la seigneurie d'Amboise, et lui permettait même plus
tard de réaliser ses projets de mariage de sa fille aînée
avec Pierre de Bretagne, dont l'union fut célébrée
en 1442 (1). - En 1445, une réconciliation s'opérait également
entre Louis d'Amboise et Georges de la Trémouille, en qui se
personnifie l'homme d'armes, le chevalier féodal du XVe siècle,
avec son indépendance et ses passions tantôt brutales,
tantôt généreuses. - La plus jeune fille du vicomte
de Thouars épousait le fils aîné de son ancien ennemi.
Abreuvé d'injures par les siens, qui lui reprochaient sa vie
dissolue (2) et ses débordements et demandaient son interdiction
(3),poursuivi par la haine de Louis XI, il abandonna par testament du
25 janvier 1461 (4), à titre de donation, tous ses biens, se
réservant un simple usufruit, une pension de 4,000 livres, et
le retour en cas de naissance d'enfants mâles de son second mariage.
La mort du vicomte de Thouars, arrivée le 24 février
1469, donna à l'uvre de spoliation son complet dénouement.
En vain sa fille aînée, -la veuve du duc de Bretagne, retirée
dans son monastère de Couets, près de Nantes, en appelle
à la justice du Parlement des décisions du grand conseil:
mais ainsi que la féodalité venait expirer aux pieds du
trône, de même la justice des Parlements était impuissante
contre la volonté souveraine du monarque.
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|
NOTES:
(1) Cela ne l'avait pas empêché, en 1440,
de se soulever en faveur du dauphin, plus tard Louis XI, car il faut
bien le remarquer, dans ces rapports du suzerain et du vassal, il n'y
avait quelquefois rien de chevaleresque ni de poétique. Adviennent
donc les temps où la royauté de France, unie de corps
et d'âme avec son antique noblesse, trouvera en elle une fidélité
à toute épreuve, un dévouement de chaque jour !
(2) L'acte fut passé par des notaires de Nantes.
(3) A la demande de l'évêque de Poitiers,
patriarche d'Antioche, il consentit à transporter son sérail
à 'Talmond.
(4) Voici quelques-unes des raisons données parles
enfants de Louis d'Amboise pour justifier son interdiction :
" La vicomté de Thouars est l'une des plus
considérables terres du royaume : il en relève à
foi et hommage vingt baronnies, savoir : Bressuire, Argenton, Mortagne-sur-Sèvro,
Tiffauges, Pouzauges, la Garnache, Beauvoir-sur-Mer, Noirmoutier, Châteaumur,
La Grève, les Essarts, Palluau, Apremont, Mareuil, Sainte-Hermine,
et vingt-cinq à trente châtellenies qui en dépendent
aussi, le droit de fondation do vingt ou vingt-cinq abbayes, comme Saint-Laou-de-Thouars,
la Grainetière, Orbestier, Saint-Michel, Angles, etc. - Le vicomte
de Thouars relève du roi à cause de son comté de
Poitou : c'est le premier hommage et la plus noble et honorable vicomté
du royaume " et d'un revenu considérable ". - Le jeu,
les prodigalités de toute, sortes absorbaient plus que ses revenus,
il avait vendu notamment à Joachim Rouault, la baronnie de la
Chaize-le-Vicomte valant huit-cents livres de revenu : la forêt,
garenne et étang et autres revenus, pour neuf-mille écus
d'or, etc.
|
DÉMEMBREMENT DE LA VICOMTÉ
DE THOUARS.
|
Louis XI ordonne à Jacques de Beaumont, seigneur de Bressuire,
qui " avoyt aydé à conduire l'oeuvre ", de s'emparer
du château de Thouars et de toute la succession du seigneur décédé.
Alors les dépouilles mortelles de l'antique famille féodale
servirent à enrichir les seigneurs dévoués. A sa
fille Anne de France, fut octroyée provisoirement la vicomté
de Thouars ; au connétable de Saint-Pol les seigneuries de Marans
et de l'île de Ré. Mais le plus favorisé dans cette
munificence royale, faite aux dépens de la Trémouille,
gendre du comte de Thouars, fut un seigneur flamand, Philippe de Commynes,
dont nous avons déjà parlé et, qui passa au. service
du, roi de France. Les plus importantes seigneuries de la succession
d'Amboise tombèrent en son pouvoir; " à raison des
services rendus, au roi, en le délivrant des rebelles, et en
le servant contre eux, au péril, de sa vie, et pour les pertes,
endurées, par lui ". C'étaient la, principauté
de Talmond, avec ses baronnies et ses autres dépendances, les
terres de Curzon, d'Olonne, de la Chaume, de Braix, de Brandois et de
plusieurs autres domaines considérables.
Louis. Ier de la Trémouille protesta, mais en vain, au nom
de ses enfants mineurs, contre cette spoliation inique, qui avait soulevé-une
vive, opposition dans le Parlement, lorsque les lettres-patentes furent
présentées pour l'enregistrement. Ce ne fut qu'après
la mort du despote, arrivée le 30 août 1483, que des lettres
royales du 29 septembre de la même année, mettant à
néant tous les actes intervenus entre le défunt roi et
le sire d'Amboise, les arrêts et les jugements du grand conseil
rendaient aux quatre fils de Louis Ier, mort en 1482, la possession
de tous les biens, dont une partie avait été donnée
à Commynes, l'ancien favori, maintenant sacrifié.
A ne considérer les faits que nous venons d'analyser qu'au point
de vue de l'équité légale " il est hors de
doute que tous sont empreints de fraude et de mauvaise foi. Mais si
on les envisage avec l'intelligence des temps et des passions de cette
époque ou tout est en litige, royauté et aristocratie,
alors il est facile de lui donner une interprétation vraiment
historique. Si la famille de Thouars nous a fourni le spectacle des
hostilités du roi de France contre la féodalité,
c'est elle encore qui nous offre celui de la fidélité
chevaleresque du seigneur féodal à son suzerain, le roi
de France, Le jeune La Trémouille se rappellera le serment qu'il
a fait à Louis XI, mourant, de le servir toujours en sujet loyal
et soumis et si dans la querelle de sa. famille, il rencontre quelque
souvenir de haine contre la monarchie, il n'oubliera jamais ses propres
sentiments d'affection et de dévouement (1)
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NOTES:
(1) Guérinière. - Histoire du Poitou, T.
II, page 166.
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GILLES DE RETZ
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Un seigneur bas-poitevin qui, pour la richesse et la munificence, pouvait
le disputer aux d'Amboise et de la Trémouille, fut, au XVe siècle,
Gilles de Retz, plus connu sous le nom. de Barbe-Bleue, dont il, a été
question au cbapitre XVII. Né au château de Machecoul le
5 février 1404, il devint, à la mort de son père,
possesseur de la baronnie de Retz, des seigneuries de Machecoul, Saint-Étienne-de-Mer-Morte,
l'île de Bouin, la Mothe-Acbard, etc.
Par son mariage contracté le 30 novembre 1420, avec Catherine
de Thouars, il reçut Pouzauges, Tiffauges, Chabanais, Confolens,
Auzanne, près Poitiers et autres terres. - Ses immenses revenus,
ses alliances avec toutes les familles les plus considérables,
sa parenté avec la famille royale de France et la dynastie ducale
de Bretagne, firent de lui un des seigneurs les plus en vue de cette
époque où s'alliaient si étrangement la bravoure
et la faiblesse, la vertu et le crime, la superstition et l'incrédulité,
la richesse, la puissance et l'abjection. Tout le; monde connaît
sa fin misérable. Accusé et convaincu de crimes contre
nature, il fut, le 23 octobre 1440, brûlé vif à
Nantes, dans la prairie de Bièce ou du Pré-aux-Clercs.
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|
LE BAS-POITOU SOUS CHARLES VIII,
LOUIS XII,
FRANÇOIS 1er ET HENRI II.
LES LA TRÉMOUILLE
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En dehors des troubles occasionnés par la perception des impôts
sur le sel, les querelles religieuses (2), les entreprises du duc de
Bretagne (3) et quelques seigneurs, le Bas-Poitou jouit d'une paix à
peu près complète .sous Charles VIII, François
Ier et Henri II, dont les règnes furent surtout marqués
par les folles expéditions d'Italie et les luttes contre la maison
d'Autriche.
Ces guerres furent encore pour la noblesse vendéenne l'occasion
de se couvrir de gloire ou de rendre à son pays de signalés
services (4).
Charles VIII, après une marche triomphale à travers l'Italie,
avait fait son entrée à Naples dans l'appareil d'un empereur
d'Orient. Mais cette capitale amollit les Français avec ses plaisirs,
ses tournois et ses fêtes, et le pape, les Vénitiens, le
duc de Milan le roi d'Espagne et l'empereur Maximilien, formèrent
une ligue, pour les enfermer dans leur conquête. Charles VIII
se hâta de quitter Naples. En redescendant l'Apennin, il rencontra,
à Fornoue l'armée des confédérés,
forte de trente cinq mille hommes. Les Français n'étaient
que neuf mille. Ils se battirent en désespérés
(6 juillet 1495). Après d'incroyables efforts, Louis II de la
Trémouille, prince de Talmont (5), parvient à faire franchir
la rude traversée des Alpes à l'artillerie française,
avec laquelle il foudroie l'ennemie, et décide la victoire à
la tête d'une réserve de 300 lances. Ce glorieux succès
assurait aux Français leur retour da leur patrie et terrait cette
guerre où tout fut empreint d'un caractère merveilleux,
la pensée, l'exécution et le dénouement.
Confirmé dans tous ses exploits par Louis XII qu'il avait vaincu
et fait prisonnier à Saint-Aubin-du-Cormier, alors qu'il n'était
que duc d'Orléans, Louis de la Trémouille reconquiert
le Milanais, et fait prisonnier à Novare le duc Maximilien Sforce
; en 1507, il accompagne Louis XII dans son expédition contre
Gêne, se signale avec son fils à la bataille d'Agnadel
(1509), met la Normandie en état de défense, et arrête
la redoutable invasion des Suisses, qui déjà assiégeaient
Dijon; se conduit en héros à Marignan, où son fils
unique Charles est tué, atteint de 62 blessures (6). Il défend
la Picardie, et couvert de blessures à Pavie (1525), termine
au lit d'honneur, étendu aux pieds du roi, une carrière
de soixante années de travaux et d'exploits (7).
Un seigneur de Beauvoir, Pierre de Rohan, également seigneur
de Frontenay, fut aussi tué à la bataille de Pavie où
il s'était vaillamment conduit Un de ses. fils épousa
Isabeau d'Albret, et c'est de ce mariage que naquit entre autres, la
célèbre Françoise. de Rohan, cousine de la mère
de Hemri IV.
Un autre de la Trémouille, abbé de la Blanche, Jean VI,
cardinal, nommé évêque de Poitiers en 1505, mourut
à Milan, en juin 1.507, après avoir assisté à
l'entrée triomphale de Louis XII dans cette ville (8).
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|
NOTES:
(1) Aujourd'hui square de l'Hôtel-Dieu de Nantes.
- Pour plus de détails sur Barbe-Bleue, voir notre brochure Tiffauges
et Barbe-Bleue, Nantes, Salières, 1899.
(2) Nous consacrons plus loin un chapitre spécial
eux guerres de religion en Bas-Poitou et, quelques pages à La
Gabelle.
(3) De Bessay, Jacques II du nom, fut honoré en
1487, de deux commissions, l'une signée du seigneur de Beaumont,
grand chambellan du roi et gouverneur du Poitou, l'autre d'Yvon du Fou,
grand échanson de France et grand sénéchal du Poitou,
portant pouvoir de commander en toutes les places du Bas-Poitou, les
fortifier, assembler la noblesse et les gens de guerre pour s'opposer
aux entreprises du duc de Bretagne, et aux courses du maréchal
de Rieux. (Beauchet-Filleau, page 338. Dans la liste des capitaines
de place appartenant à Louis II de la Trémouille, exemptés
à la date du 13 mai 1487, du ban et de l'arrière-ban,
par Charles VIII, on relève les noms de Loys Suriecte, capitaine
de Saint-Ermyne ; Anthoine Menart, capitaine de Thallemond ; Adam de
Ravenel, capitaine de Brandoys ; Guyot de Lalende, capitaine de Marueil
; Guillaume Lignault, capitaine de Nermoutier ; François Serpillon,
capitaine de Chantonnet ; Guillaume le Gras, capitaine de la Chèze-le-Vicomte
; Mathurin Atton, capitaine de Luçon ; et Lyenard Junyer, capitaine
de Puy-Belliart. (Le duc de la Trémouille. - Une succession en
Anjou au XVe siècle, in-4° de 229 pages.)
(4) Jacques de Surgères, conseiller, et chambellan
de Charles VIII; obtint du roi, en 1487, l'établissement des
foires à la Flocelière.
(5) Nommé par Guichardin le 1er capitaine du monde,
et par ses contemporains le chevalier sans reproches. - André
de Vivonne, seigneur de la Châtaigneraie et sénéchal
du Poitou en 1489, faisait aussi partie de l'expédition et se
trouvait à la prise de Naples. Il avait épousé
Louise de Daillon. Un de ses fils mourut pendant l'expédition
d'Italie en 1527. Un autre y succomba en 1536. - Un autre bas-poitevin,
qui prit part à ces guerres, Chabot Jacques, seigneur de Jarnac,
Apremont, Briou, etc., fut fait conseiller et chambellan du roi, le
22 septembre 1485.
(6) Charles était prince de Talmont et de Mortagne.
Il assista aux obsèques de Charles VII qui était son parrain.
Son fils François n'avait que vingt ans lorsqu'il combattit à
Pavie où il perdit son aïeul. - Marié à Anne
de Laval, il hérita du chef de son épouse des prétentions
qu'avait son beau-père sur le royaume de Naples par Charlotte
d'Aragon, princesse de Tarente, sa mère. Ce fut François
qui, en sa qualité de gouverneur du Poitou, reçut Charles-Quint
à Poitiers, le 9 décembre 1539, en présence des
deux fils du roi de France, du connétable et du maire de Poitiers,
Pierre Boit, qui complimenta Charles-Quint. Il était accompagné
de ses fils et de quatre à cinq-cents gentilshommes à
cheval. Son fils François, comte de Benon, baron de Mareuil,
Mortagne, etc., assista au couronnement de Catherine de Médicis
en 1549, et fut un des défenseurs de Metz en 1552. Louis III
de la Trémouille, fils de François, duc de Thouars, prince
de Talmont, etc., accompagna le dauphin au voyage de Perpignan (1542),
servit contre les Anglais en Picardie et fut l'un des quatre barons
donnés en otage de la Sainte-Ampoule, lors du sacre de Henri
II, et l'un des otages du traité de paix conclu en 1542 entre
la France et l'Angleterre servit, en Italie sous le maréchal
de Cossé, et se trouva à la prise d'Ulpian. Il fut chargé,
en 1567, du commandement des pays situés le long de la Loire,
servit sous le duc d'Anjou et fut tué devant Melle, dont il faisait
le siège, le 25 mars 1577, au moment où la ville se rendait.
En récompense du service rendu par Louis, le roi Charles IX avait,
au mois de juillet 1563, érigé le vicomté de Thouars
en duché. Son fils Claude, second duc de Thouars, ayant combattu
pour Henri IV à Coutras et à Ivry, n fut récompensé
par l'érection du duché de Thouars en pairie, en 1595.
(7) Son corps fut porté dans l'église collégiale
du château de Thouars, qu'il avait fondée et bâtie.
(8) Les vassaux du seigneur de Curzon accompagnèrent
tout probablement aussi Louis XII en Italie, car on a trouvé
dans ce bourg, un petit trésor presque uniquement composé
de, monnaies italiennes de l'époque.
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LA FANTAISIE DU PRINCE DE. TALMONT
(10-20 décembre 1521).
|
Depuis que son père est mort à Marignan, le corps criblé
de soixante-deux blessures, François de la Trémouille
est l'unique et dernier rejeton de sa famille. Son aïeul, le chevalier
Sans Reproche, ne cherche cependant pas à le. marier aussi jeune
qu'on le faisait souvent alors. Il attend que les exercices physiques,
l'étude, la fréquentation de la cour aient développé
convenablement le corps et l'esprit et le jugement du prince de Talmont.
Au bout de 6 ans, la belle santé et les heureuses dispositions
du jeune homme permettent au vieillard de réaliser son. vu
le plus cher, celui de voir perpétuer sa noble génération
(1). Sans s'arrêt à des avances nombreuses et réitérées
de toutes les personnes de l'entourage du roi, qui ont des filles ou
des nièces plus ou moins nubiles, M. de La Trémouille
s'enquiert, dit Jean Bouchet, par tout le royaume de quelque dame propre
et pareille audit jeune seigneur, et de laquelle il peut avoir lignée
bientôt. Ce choix, fait avec autant de réflexion que de
réserve, il envoie son petit-fils voir si la femme qu'il lui
destine est bien telle qu'on la dépeinte, et si elle fait naître
en lui l'amour et l'estime indispensables pour le bonheur domestique
et la prospérité des familles. Nous imprimons la lettre
dans laquelle est racontée, avec autant de charme que de naturel,
l'entrevue du prince de Talmont, alors âgé de 20 ans, et
d'Anne de Laval, qui en a un peu plus de 15. Elle est écrite
en entier de la main de l'amoureux et adressée à l'héroïque
et aimable grand-père qui, après l'avoir attendue avec
impatience, la lut en souriant et en pleurant de joie.
" Monseigneur, plaise vous savoir que en suivant ce que me dites
au partir d'avec vous et aussi que m'evez écrit par Chazerac
(2), je arrivai à Laval mardi dernier, la où je trouvai
monsieur et madame de Laval (3) et mademoiselle leur fille ; et vous
promets; monseigneur, qu'ils m'ont fait de l'honneur et du bon traitement,
ce que jamais gens sauroient faire, et vous assure Monseigneur qu'ils
ont merveilleusement grand'envie que je soie leur fils.
Et quand au regard de mademoiselle leur fille, après que j'eus
parle à M. et Mme de Laval, me mis â parler â elle
et fus avec elle deux ou trois- heures, et ensemble y ai été
trois jours. Je l'ai vue en toutes sortes que j'ai pu voir, et ne faisoit-on
point de difficulté de la me montrer. Et quant au personnage,
elle est assez belle et a fort bonne grâce. Sa manière
fort douce et fort arrêtée (4), fort beau corps sans avoir
tare d'être bossue (5), et autant obéissante à Monsieur
son père et Madame sa belle-mère que femme que je acointai
jamais. Et premier que lui dire ma volonté, je regardai â
tout ceci, mais je n'ai trouvé chose en elle qui ne soit fort
honnête ; sa parole moins égarée que femme que je
vis oncques. J'ai bien regardé partout et la trouve terriblement
de ma fantaisie.
Et quand je vis qu'elle s'y adonnoit, je lui dis que ne luis saurois
céler ce qui étoit en ma fantaisie : C'est que je l'aimois
bien fort, et que ne savoir femme en France avec qui je vécusse
plus volontiers que avec elle. Je lui priai qu'elle me dit la sienne
et qu'elle me regarda bien, et qu'elle me dit point chose de quoi elle,
se vousiu (6) repentir. Elle. me fit réponse qu'elle feroit ce
qu'il plairoit à Monsieur son père. Je lui répliquai
cela et lui dis que ce n'était point parlé, et quant à
ce cas là le père n'en doit avoir la connoissance. Je-
lui priai que à père ni à mère elle ne fut
point si obéissante qu'elle m'en dit la volonté, et que
de moi je n'ai eu conseil que de ma fantaisie. Elle me répondit
qu'elle se sentiroit bien heureuse d'être ma compagnie, puisque
lui faisais cet honneur que de la prendre, et qu'elle mettra si bonne
peine d'obéir à celui qui l'aura qu'il devra être
content d'elle.
Après je lui dis que nous ferions grand'chère (7) ensemble.
Et vous jure ma foi, Monseigneur, que je n'en ai cru que ma fantaisie
qui s'adonne si fort à elle, qu'il n'est possible de plus, car
c'est une aussi honnête femme et une des plus parfaites que je
vis jamais. Je vous en supplie, Monseigneur, que je l'aie, car je l'aime
fort; et crois que si nous sommes bientôt ensemble, que nous vous
ferons ce que toujours avez tant désiré, car elle est
de mat fantaisie et je suis de la sienne ; et crois que si vous l'aviez
vue que vous diligenteriez la chose, car à mon avis, mais (8)
que la voyez, là trouverez ainsi que je vous le dis et si je
ne pensois vivré avec elle, je vous assure, Monseigneur, que
je ne vous manderois pas ce que je vous en mande.
Je vous supplie, Monseigneur, encore un coup, qu'il ne tienne à
rien qu'il ne se fasse car je vous assure que ce qu'elle a dit n'a point
été par son père, car elle la dit de naïveté,
et ce que j'ai dit on ne me la point fait dire. Et quant à l'honnêteté
du maître et de la maîtresse, ils en ont ce que gens en
peuvent avoir, ainsi tant des serviteurs que des femmes car c'est la
maison la mieux réglée que je vis jamais, qui y vont de
meilleure volonté â cette affaire. Si je voulois louer
tout ainsi que la raison le veut, je ne cesserois jamais. J'ai donné
charge â Ghazerac et à Briaute de vous dire le demeurant.
Je vous supplie, Monseigneur, qu'il vous plaise les croire ; vous suppliant
que je demeure en votre bonne grâce, à laquelle tant et
si très humblement que faire puis me recommande. Priant Notre-Seigneur,
Monseigneur, qu'il vous doint très bonne vie et longue.
Ecrit à Châteaugontier, ce 20e jour de décembre.
Votre très humble et très obéissant
fils,
F. DE LA TRÉMOULLE.
L'année, Omise le plus souvent dans les lettres de cette époque,
est 1521. Le même jour, le comte de Laval écrivait à
M. de La Trémouille.
" Monseigneur mon cousin
j'ai vu Monsieur le Prince votre
fils, lequel est trouvé si gaillard et de tant de bonne sorte
que avec le bon vouloir que avez â moi et l'honneur que m'avez
fait de l'envoyer ici, dont le bon coeur vous mercie, ne suis mis en
tel devoir et raison de tout ce qu'il m'est possible honnêtement
faire' que connoîtrez de ma part que désire votre alliance.
"
" Deux mois plus tard le mariage eut lieu à Vitré.Monseigneur,
écrivait le " 25 février François de L. T.
à son grand-père, plaise avons savoir que je fus hier
épousé, et pour commencement je m'y trouve très
bien; et crois, Monseigneur, mais que avez vu votre fille, que vous
la trouverez si obéissante en ce qu'il vous plaira lui commander,
que vous en contenterez. "
Anne de Laval lui exprimait le même jour ses sentiments d'une
manière touchante.
" Monseigneur, Monsieur le Prince... est délibéré
bientôt partir de céans et m'emmener avec lui la part où
il vous a plu lui commander. Et' la chose de ce monde qui autant me
réconforte de perdre la présence de Monsieur mon père
et Madame ma belle-mère, c'est de penser avoir recouvert un si
bon père comme vous ; vous avisan, Monseigneur, que de ma part
suis en volontéd'être vers vous si obéissante que
n'aurez occasion d'avoir regret de m'avoir fait cet honneur de me vouloir
pour- fille. -Et vous supplie, Monseigneur, qu'il vous plaise avoir
cette estime de moi, jusques à ce que ayez connu du contraire,
qui ne sera jamais s'il plait à Dieu me sauver l'entendement."
" Le lendemain M. de Briauté écrivait encore : "
Monseigneur, plaise vous savoir que Monsieur votre fils fait très
bonne chère ; aussi fait Mademoiselle votre fille et se trouvent
bien ensemble.. J'espère, â l'aide de Dieu, que, bientôt
ils vous feront de beaux enfants. C'est une belle et très honnête
demoiselle, et de ce 'que j'ai vu bien conditionnée. "
Enfin, M. de la Trémouille, alors en Bourgogne où il
commandait l'armée du roi, lisait deux mois plus tard dans une
lettre du comte de Laval :
" M'a été grand plaisir de savoir de vos nouvelles
et qu'ôtes bien aise de " l'assemblée de nos deux
enfans ; et encore serez â mon avis plus, mais que sachiez "
les. nouvelles qu'ils m'ont écrites, c'est que notre fille est
grosse.
Avant de périr sur le champ de bataille de Pavie, 24 février
1525, le chevalier Sans Reproche vit dresser trois berceaux au château
de Thouars. Sept autres rejetons vinrent raviver l'antique et glorieuse
souche et probablement leur, nombre, eut encore augmenté si François
de la Trémouille ne fut mort à l'âge de trente-neuf
ans. Le Père Anselme (9) lui donne, outre six fils et quatre
filles, une bâtarde légitimée qui épousa,
dit-il, le seigneur du Landreau. Il s'est trompé, comme nous
le prouverons plus loin ; et cette rectification nous autorise à
croire que si la terrible fantaisie inspirée par la jeune Anne
de Laval au prince de Talmont s'est calmée avec l'âge,
elle n'en a pas moins été fidèle à la mère
de ses dix enfants (10).
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|
NOTES:
(1) Voir Jean Bouchet, panégyrique du chevalier
Sans Reproche.
(2) MM. de Chazerac et de Briauté étaient
deux gentilshommes attachés au prince de Talmont
(3) . Guy, XVIe du nom, comte de Laval, et Anne de Montmorency,
sa seconde femme, Anne de Laval, était née de son premier
mariage, avec Charlotte d'Aragon, fille de Frédéric III,
roi de Sicile. C'est de son chef que datent les prétentions du
royaume de Naples, de MM. de la Trémouille, et que l'aîné
des fils de la branche aînée, appelé prince de Talmont
dès, la fin du XVe siècle, a été depuis
le seizième, nominé prince de Tarente.
(4) C'est-à-dire retenue.
(5) Ou il y avait des bossus dans la famille de Laval,
ou à la cour, quelque mère jalouse de voir préférer
à sa fille, Mlle de Laval, avait fait courir le bruit que cette
dernière était contrefaite.
(6) Du latin voluisset, aujourd'hui voulut.
Nous avons du reste corrigé l'orthographe du prince de Talmont,
dont on pourra se faire une juste idée, par les phrases suivantes
: " Elle me fist reponce quelle feroit ce qui plairoit, à
Monsieur son père. Je luy replique sein et luy diz que se nestoit
point parle et quant a se quaz le père nan doit avoir la connoyssance
".
(7) C'est-à-dire vivrions grandement et agréablement.
(8) C'est-à-dire pour peu.
(9) Histoire Généalogique, vol, IV, p. 469.
(10) Extrait d'un travail publié en 1864, par le
regretté M. Marchegay, dans l'Annuaire de la Société
d'émulation de la Vendée. - Recherches historiques sur
le département de la Vendée (ancien Bas-Poitou).
|
LE CORSAIRE DE MADAME DE LA.
TRÉMOUILLE
(10 Novembre 1491).
|
Pendant que Louis II de la Trémouille, le chevalier Sans Reproche,
commandait les armées de Charles VIII, ou combattait à
ses côtés en Italie, sa femme Gabrielle de Bourbon faisait
partir des Sables-d'Olonne, pour aller en guerre " sur les Mores,
Sarazins, Espagnols et Anglais ", la nef à laquelle elle
avait donné son nom, La Gabrielle.
L'espoir d'un riche butin n'était pas, il faut bien l'avouer,
le moindre motif de ces expéditions, mais malgré leurs
succès, cet espoir fut déçu plus d'une fois, notamment
lorsque la nef eut pour commandant Étienne de Chiros. En dérobant,
ou faisant dérober les plus grosses bourses et les meilleurs
objets, le capitaine diminuait non seulement la part de Mme de la Trémouille,
mais encore le lot de chacun des gens, de son équipage composé
de 135 hommes. Il provoqua ainsi de nombreuses plaintes à la
suite desquelles eut lieu une enquête destinée à
faire connaître le nombre et la valeur des prises. Parmi les plaignants
figurait le maître de la nef, c'est-à-dire le chef des
mariniers chargés exclusivement de la: manoeuvre, André
Micquellet, demeurant à la Chaume, âgé de 60 ans.
Sa déposition, relatée tout au long dans l'Annuaire de
la Société d'émulation de. la Vendée (année
1864), est datée du 10 novembre 1491. Elle fait connaître
les principaux événements d'une expédition qui
avait duré un peu plus de trois mois et au cours de laquelle
on avait assez malmenés a Sarazins, Espagnols et Anglais (1)
".
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|
NOTES:
(1) Extrait d'un travail de M. Paul Marchegay.
|
CONVOCATION DU BAN ET DE L'ARRIÈRE-BAN
DES
NOBLES DU BAS-POITOU (1491 et 1492).
|
Au moment où Mme de la Trémouille le disputait, en vaillance
à son époux, les nobles du Bas-Poitou s'assemblaient sur
nos côtes pour s'opposer, le cas échéant, à
une descente des Anglais. Parmi les gentilshommes vendéens qui
servirent aux bans de 1491 et 1492, il convient de citer le chevalier
Barlot, habitant près Velluire ; - Jacques de Beaumont, seigneur
de Bressuire et de Sigournais, qui fut le chef ; - De Béjarry,
seigneur de la Roche-Greffier et le Langon ; - Jean de Chantefin, seigneur
de la Brunière (1) ; François Chantefin, de Réaumur
; Racodet Jean, de Luçon ; - Bastard, de la Mothe, près
Velluire(2) et d'autres membres de la même famille.
D'après une eau-forte de M. de Rochebrune
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|
NOTES:
(1) Faisait en 1491, partie de la garnison noble de Tiffauges.
(2) En qualité d'archer, il lui fut adjoint d'avoir
des gantelets. Extrait, de, Beauchet-Filleau, pages 21, 252, 578, etc.
|
COTISATION DE LA NOBLESSE ET DU
CLERGÉ POITEVIN (1526).
VOYAGE DE FRANÇOIS Ier ET
D'ÉLÉONORE DE PORTUGAL AU
PUY-DU-FOU.
LES GRANDS JOURS A POITIERS (1531)
|
Lorsque François Ier, de retour en France, après la paix
de Madrid, demanda des secours à son peuple pour le payement
de sa rançon, la noblesse du Poitou donna le dixième de
ses revenus; le clergé (1) se cotisa également (2). Si
l'on en croit la tradition, ce serait en cette année 1526, que
le roi de France aurait couché avec la nouvelle reine., Eléonore
de Portugal, sueur de Charles-Quint, et sa suite, dans la princière
demeure du Puy-du-Fou, près les Epesses, dont nous donnons ci
à côté le dessin.
Pendant la captivité du roi, le Poitou avait eu énormément
à souffrir des exactions commises par bon nombre de seigneurs
secondés par des gens sans aveu, Pour rétablir l'ordre,
François Ier fit tenir les Grands Jours à Poitiers (3).
Ce tribunal, présidé par le Viste, président de
la grand'chambre du parlement de Paris, fit le procès à
douze ou treize gentilshommes qui furent décapités à
Poitiers, après avoir vu leurs maisons ruinées pour crimes
de rébellion et excès commis envers les officiers de justice.
Il y eut beaucoup d'affaires civiles expédiées, mais la
cour leva précipitamment ses séances parce qu'on avait
ressenti quelques atteintes de peste dans la ville.
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|
CONVOCATION DU BAN (1533).
|
Malgré la Paix des Dames, une sourde hostilité existait
toujours entre les cours de Paris et de Madrid, et l'Angleterre envoyait
de temps, en temps des navires cingler en vue des côtes de l'Aunis
et du Poitou. Au commencement de l'année 1533, le roi ordonna
aux gentilshommes de la province de se réunir avec leurs vassaux
et de faire bonne garde de Noirmoutier à La Rochelle. Parmi ceux
qui figurèrent au ban de 1533 et dont les descendants ont joué
dans l'histoire de notre province un rôle considérable,
on ne saurait oublier Appelvoisin Gilles, de. la sénéchaussée
de Fontenay.
Bastard Louis, seigneur de la Cressonnière et de Cezais.
Cathus Jean, seigneur des Granges, près Talmont.
Des Nouhes Jean, seigneur de la Tabarière et de la Javeliêre
en Chantonnay.
De la Touche Georges, seigneur de la Touche et de Saint-Hilaire-de-Mortagne.
Chabot, seigneur du Chaigneau et de Thénies de Saint-Germain-le-Prinçay
(4).
Jean des Herbiers, seigneur de l'Etenduère, Beaufou, etc. (5).
LES COMPAGNONS POITEVINS DE
FRANÇOIS Ier
François Ier, qui avait en haute estime la noblesse du Poitou
(6), mettait deux gentilshommes de cette province au nombre des trois
qui étaient ses compagnons d'armes : Panvilliers, qui se distingua
dans les guerres d'Italie et d'Écosse, et La Châtaigneraie
de Vivonne, fils puiné d'André de Vivonne, grand sénéchal
du Poitou. Un Savary de Vivonne avait épousé Marguerite
de Brosse, qui lui apporta en mariage les terres de la Châtaigneraie
et d'Ardelay. André de Vivonne, un de ses descendants, fut aussi
sénéchal du Poitou, seigneur de la Châtaigneraie
et de 1a Mothe-Sainte-Hérayen en 1489 : il mourut en 1532 et
fut inhumé à la Châtaigneraie (7).
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|
NOTES:
(1) En 1522 les abbayes avaient déclaré
leurs biens. - Histoire des abbés et des évêques
de Linon, par La Fontenelle de Vaudoré, tome I, page 191.
(2) Le 23 janvier 1549, le fils de François Ier
faisait à son tour appel, non point à la noblesse ni au
clergé, mais aux maires, échevins et conseillers du corps
de ville, les priant de s'imposer extraordinairement pour aider à
reconquérir la ville de Boulogne-sur-Mer. - Archives de Fontenay,
tonie n, page 183.
Six ans auparavant (août 1543), un édit royal
avait créé deux charges de conseillers au siège
royal de Fontenay, mais la suppression en fut faite au mois de mai de
l'année suivante.
(3) On les tint encore en 1634. Ils furent présidés
par Seguin, .président du Parlement de Paris.
(4) Son fils Léon fut exempté de se trouver
au ban des nobles de 1557, parce qu'il servait comme archer dans la
compagnie du prince de la Roche-sur-Yon, et fut nommé le 7 juin
1565 lieutenant du château de la Roche-sur-Yon. - Foucher Joachim,
seigneur de Sainte-Flaive, en fut aussi dispensé parce qu'il
était chargé de la garde du port de Saint-Cilles.
(5) Beauchet-Filleau, pages 68, 224, 574, etc.
(6) Il disait : " Nous sommes quatre gentilshommes
de la Guienne qui combattons en lice et courons la bague contre tous
allans et venans de France, moi, Sansac, Dessé et Châtaigneraie.
"
(7) Il était surnommé le bon sénéchal,
et avait épousé Louise Daillon, fille du conseiller ordinaire
du roi Louis XI dont on a déjà parlé. - Il était
le parrain de Tiraqueau qui, grâce à son crédit,
obtint la lieutenance particulière de Fontenay.
|
FRANÇOIS DE VIVONNE.
- DUEL AVEC CHABOT-JARNAC.
|
François de Vivonne de la Châtaigneraie, son fils puiné,
est celui qui se battit en duel avec Chabot-Jarnac. Ces deux jeunes
seigneurs étaient liés de la plus étroite amitié
des courtisans jaloux voulurent rompre cette union. Ils publièrent
que La Châtaigneraie avait dit que Jarnac s'était vanté
d'avoir les faveurs de sa belle-mère. Le mari offensé
s'en plaignit à Jarnac son fils : celui-ci donna le démenti
à la Châtaigneraie et l'appela en duel. Blessé dans
une rencontre qui eut lieu devant Henri II et toute sa cour, et terrassé
par son adversaire, il ne voulut pas néanmoins se soumettre.
La Châtaigneraie, grièvement blessé, fut porté
dans sa tente, mais la honte de sa défaite lui faisant refuser
tout service, il enleva lui-même I'appareil posé. sur sa
plaie et mourut trois jours après (1).
CHASTEIGNER JEAN, SEIGNEUR DE SAINT-MICHEL-LE-CLOUCQ.
Un autre bas-poitevin remplit aussi à la cour de François
Ier et de Henri II des fonctions honorables; Chasteigner Jean, seigneur
de la Meilleraye, en Saint-Michel-le-Cloucq, fut chevalier de l'ordre
de Saint-Michel, conseiller et chambellan des rois François Ier
et Henri II, leur maître-d'hôtel ordinaire, et gentilhomme
ordinaire de leur chambre. Il fit l'office de maître des cérémonies
aux obsèques de François Ier. Il s'était trouvé,
en 1525, au fameux siège de Pavie, en qualité de guidon
de la compagnie des gendarmes de René de Savoie; comte de Villiers
et grand maître de France. Il reçut à la jambe,
en montant à l'assaut, un coup de mousquet dont il resta boiteux
toute sa vie.
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|
NOTES:
(1) De la maison de Vivonne, en Haut-Poitou, descendait
la maison des Vivonne d'Oulmes, issue d'Ebles de Vivonne, second fils
de Savary II; il servait en Poitou en 1338.
|
FOUCHER BERTRAND DES HERBIERS
|
Foucher Bertrand de l'Esmentruère des Herbiers et du Gué
de Sainte-Flaive, né en 1470, avait suivi la carrière
des armes. Bien qu'âgé de plus de cinquante ans, il voulut
encore prendre les armes pour accompagner en Italie, Louis de- la Trémouille,
dont il était l'ami. Avant de partir, il demanda par testament
qu'en cas de mort, son corps fut rapporté en France et inhumé
près de sa mère. Il tomba lui aussi à la malheureuse
journée de Pavie, près de François le', en faisant
partie des gentilshommes qui défendirent le roi sans pouvoir
le sauver, et il mérite d'être cité comme un héros
parmi tant d'autres qui méritaient aussi de l'être. Son
cur put seul être rapporté et inhumé près
de sa mère, dans une chapelle de l'église de SainteFlaive
; on lui éleva un monument où il était représenté
à genoux, armé de pied en cap, et sur lequel on lisait
l'inscription suivante :
Le Poictou me donna la vie :
La guerre conduisit mon sort
Jusqu'au temps que devant Pavie
En combattant je tombai mort.
Passant qui verras cette image
Apprends et te souviens de moy
Qu'au cinquante-cinq ans de mon âge,
Je mourus pour sauver le roy (1) |
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|
NOTES:
(1) Le fils de Foucher Bertrand, Joachim, fut, en 1555,
chargé avec le seigneur de Châteaubriant, de lever des
troupes si besoin était, pour s'opposer aux descentes que projetaient
les Anglais sur les côtes de Vendée. Ce Joachim avait épousé
Marie de Croisil, fille et unique héritière de Jean et
de Marie Sauvage, qui lui porta les droits qu'elle avait sur la baronnie
de Retz, les seigneuries de Machecoul, La Mothe-Achard, etc., comme
descendante de Guillaume Sauvage, premier écuyer du roi, tué
à la bataille de Poitiers en 1356, et qui avait épousé
Jeanne de Laval, fille aînée `de Foulques de Laval et de
Jeanne Chabot, dame de Retz. - Beauchet-Filleau, page 114.
|
SÉBASTIEN DE LUXEMBOURG.
- JACQUES DE BESSAY
ET CATHUS IDES GRANGES.
|
Sébastien de Luxembourg, seigneur des Essarts et de Rié,
surnommé le chevalier sans peur, assista en 1552 et 1553, aux
sièges de Metz et de Thérouanne (1), à ceux de
Calais et de Guines en 1558, se signala en Écosse, à la
bataille de Dreux, aux sièges de Rouen et d'Orléans, et
mourut des suites d'une blessure reçue le 19 novembre au siège
de Saint-Jean-d'Angély.
Un autre bas-poitevin, Jacques de Bessay (2), prit aussi part aux guerres
du Piémont, et fut nommé par le roi Henri II (3) gouverneur
de Cassel.
Pendant que Sébastien de Luxembourg et Jacques de Bessay guerroyaient
à l'étranger, Marie Tudor, qui avait succédé
à son jeune frère Édouard VI, reprenait les hostilités.
Les côtes du Poitou ayant été de nouveau menacées,
Cathus Henri des Granges fut chargé, en 1557, par MM. de Lude
et d'Estissac, de la surveillance des rivages vendéens vers Talmont
et les environs (4).
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|
NOTES:
(1) Rouault, seigneur de Gamache et de Bois-Ménard,
près Pouzauges, dont on à parlé ailleurs, y assista
aussi. Son père avait été chambellan de Louis XII
et de François Ier.
(2) Un membre de cette noble famille, Elisabeth de Bessay,
avait épousé vers 1200, Guy de Lusignan, prince de l'illustre
maison des rois de Jérusalem et de Chypre.
(3) A propos d'Henri, nous croyons devoir reproduire un
renseignement curieux, relatif à ses amours avec Diane de Poitiers.
Jean de Poitiers, comte de Saint-Vallier, complice de la révolte
du connétable de Bourbon, fut condamné à perdre
la tête. Diane, sa fille, alla se jeter aux pieds du roi et demanda
sa grâce ; elle obtint dit-on cette faveur, par le sacrifice de
ce qu'elle avait de plus cher. Elle épousa Louis de Brezé,
sénéchal de Normandie, dont elle eut deux filles ; l'une
d'elle se maria avec le maréchal de Bouillon la Mark, et l'autre
avec le due d'Aumale.
Diane de Poitiers. ayant perdu son mari, revint à
la cour ; elle avait 40 ans, lorsqu'Henri II en devint dit-on éperdument
amoureux. On ajoute que ce prince, voulant depuis reconnaître
une fille qu'il avait eue d'elle, Diane lui répondit : "
J'étais née pour avoir des enfants légitimes de
vous ; j'ai été votre maîtresse parce que je vous
aimais, je ne souffrirai pas qu'un arrêt me déclare votre
concubine. - Elle eut le titre de duchesse de Valentinois, -Thibaudeau,
Histoire du Poitou, T. II, page 229.
(4) Beauchet-Filleau, page 544.
|
PHILIPPE CHABOT.
|
Philippe Chabot, auquel se rattache la famille Rohan-Chabot, qui existe
encore, seigneur de Brion, comte de Charni et de Buzançais, chevalier
de l'ordre de Saint-Michel, amiral de France, naquit en 1480 et mourut
en 1543. Élevé au château d'Amboise, il eut pour
compagnon de son enfance le comte d'Angoulême, depuis François
Ier qui, devenu roi de France, lui donna une place parmi ses grands
capitaines. Détaché en mission, auprès de Vendôme,
devant Thérouanne, en 1524, il se signala à l'assaut de
Bailleul-le-Mont. Puis quand le roi eut rappelé Vendôme
pour l'envoyer en Italie au secours de Bonnivet, au premier bruit du
débarquement des Anglais à Calais et de leur marche sur
Paris avec les Impériaux, Chabot fut député vers
la capitale pour rassurer les esprits et annoncer l'arrivée prochaine
de Vendôme. L'ennemi effrayé se retira. Après la
.mort de Bayard et l'évacuation de l'Italie, Chabot se jeta avec
200 lances dans Marseille assiégé par le connétable
et Pescaire, et grâce à l'arrivée de 3.000 Italiens
conduits par un gentilhomme romain d'une grande valeur, il réussit
à repousser les troupes impériales. - Après cette
défense qui lui fait le plus grand honneur, il va rejoindre François
Ier en Italie. Fait prisonnier à Pavie, après avoir vu
sa compagnie écrasée, il accompagna à Madrid le
roi de France qui le chargea de négocier sa délivrance
avec Marguerite de Valois et Charles-Quint. Chabot fut un des signataires
de l'humiliant traité de Madrid (14 janvier 1526), qui rendait
la liberté au roi, et fut encore intermédiaire de ce dernier
auprès de la princesse Éléonore, reine de Portugal,
qui devint plus tard reine de France. Marié ensuite à
Françoise de Longuai, fille de Jeanne d'Angoulême, sur
naturelle du roi, il fut nommé gouverneur, de la Bourgogne et
amiral de France.
Apposa sa signature au bas du traité, dit Paix des Dames et
fut reçu princièrement à Plaisance par Charles-Quint.
En 1535, lors de la reprise des hostilités, Chabot est mis à
la tête de l'armée qui devait envahir le Milanais. Toutes
les places s'ouvrent devant lui et à la suite de l'audacieux
passage de la Dora, arrive jusqu'à Verceil. Mais jalousé
par Anne de Montmorency et le chancelier Poyret, il tomba en disgrâce,
perdit sa charge et vit ses biens confisqués. Néanmoins
son procès fut revisé; mais Chabot, dont la santé
avait été altérée par tant d'émotions,
mourut le 1er juin 1543, avant d'avoir vu ses ennemis complètement
châtiés. Il fut enterré à Paris dans l'église
des Célestins.
Chabot favorisa les expéditions lointaines. Il envoya plusieurs
fois Jacques Cartier dans le Nouveau-Monde, et ce navigateur appela
Brion, une des terres qu'il avait découvertes. Il s'occupa aussi
de la colonisation du Canada et de la canalisation de la Vie, en Bas-Poitou
(1).
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|
NOTES:
(1) Extrait de l'Annuaire de la Société
d'émulation, 1882, pages 94-98, et des Biographies vendéennes.
par Merland.
|
RÉPARATIONS A DIVERS
CANAUX DE
DESSÉCHEMENT, ETC. - NOMS DES COMMISSAIRES.
|
Nous avons dit dans de précédents chapitres, que divers
canaux de desséchement avaient été creusés
dans le bassin de la Sèvre-Niortaise, notamment les canaux des
cinq Abbés du Bot, de l'Anglée et du Canal du Roi. Enfin,
neuf autres canaux de moindres dimensions conduisaient à la mer
les eaux de la partie la plus occidentale du bassin, de celle qui forme
aujourd'hui les deux desséchements du Petit Poitou et de la Vacherie.
L'on voit dans ce qui précède le système complet
de l'écoulement des eaux de la partie occidentale du bassin de
la Sèvre, entre la Vendée et le canal de Luçon,
tel qu'il fut établi il y a quelques siècles. Ce système
était assez bien combiné ; et, si le sol n'était
pas assez desséché pour se prêter à la production
des céréales, il devait présenter une grande étendue
d'excellents pâturages, et produire des récoltes de fourrages
très abondantes, sans parler du lin, du chanvre et du bois que
l'on pouvait cultiver dans ce vaste marais. Mais sans doute que l'on
n'avait pas pris des mesures assez efficaces pour en assurer la prospérité,
puisqu'on lit dans les lettres-patentes de François Ier du 11
août 1526, "que tous les canaux étaient comblés,
que les digues opposées aux invasions de la mer étaient
rompues, que tout le pays était submergé et qu'on ne pouvait
plus y voyager ni à pied, ni à, cheval, ni en charrette.
" Le roi ordonna que le mal qui devait se développer pendant
les guerres de religion fut réparé.
Les procès verbaux des opérations qui en furent la suite,
établissent qu'elles furent pour les paroisses de Champagné,
Puyravault, Sainte-Radégonde et Chaillé-les-Marais, commencées
le 7 mars 1526 et finies le 30 août 1527, et qu'elles tendaient
aux réparations des bots des reliais, entretenements des achenaux
et autres choses nécessaires, utiles et profictables pour les-dites
parties, et aussi pour la chose publique du pays.
Les commissaires qui y procédèrent furent Etienne Choppin,
Colas Siméon, Mathurin Paradis et Michau Barbier, commis par
lettres données à Fontainebleau et communiquées
à Tiraqueau, lieutenant-général à Fontenay.
Ils se transportèrent d'abord vers les principales personnes
intéressées ou leurs représentants, savoir : l'évêque
de Maillezais, l'abbé de Moreilles, tant en son nom que comme
. ayant charge de l'abbé de Jard et de la damoiselle d'Oulmes
: frère Mathieu Bastard, fermier de la commanderie de Puyravault;
maître Pierre Boudet, procureur, et Pierre d'Enfer, receveur de
la seigneurie de Champagné, et le prieur de Sainte-Radégonde-des-Noyers.
Et il est à remarquer que Colas Siméon, l'un des commissaires,
était intéressé de son chef dans les marais, et
aussi comme fermier de la Billaudière. Quoi qu'il en soit, les
commissaires sommèrent les dites parties intéressées
de réparer les bots et achenaux, pour les portions qui "
leur compétaient " et cela avant la Saint-Jean-Baptiste
suivante, à peine de saisie de leurs terres et seigneuries. A
quoi l'évêque de Maillezais et les autres intéressés
répondirent qu'ils voulaient obtempérer au commandement
qui leur était fait, avertis qu'ils étaient de la grande
ruine, perte et dommage du pays par défaut des réparations
des dits bots et achenaux, et aussi du grand bien qui en adviendrait
si le pays pouvait être remis en nature en faisant les dites réparations.
"
Sur cela les commissaires commencèrent à besogner, en
indiquant les réparations à faire et à ce sujet
il n'est pas inutile de dire que la façon d'un, bot neuf à
faire est portée à neuf sous six deniers la toise. Plus
tard et après le délai imparti, ils parcoururent le marais
pour indiquer les travaux faits, et ils étaient de beaucoup les
plus nombreux, et aussi. ceux qui restaient à faire. La marche
des commissaires est bonne à indiquer, parce qu'elle fait connaître
les divisions de cette portion du marais méridional à
cette époque. D'abord, ils visitèrent les terres situées
depuis le chemin ou achenal de Bonneuf jusqu'au bot de Secorceau ; ensuite,
ils furent de l'achenal de Secorceau jusqu'à l'achenal de Puyravault,
territoire au milieu duquel se trouvait l'achenal Concrasse, prenant
d'un certain point le nom d'achenal de la Bardelle, et arrivaient à
l'entredeux de l'achenal de Puyravault jusqu'à l'achenal de Fenouse.
Après l'opération faite de l'achenal de Bourdeau, situé
près de l'achenal de Fenouse jusqu'à l'achenal de la Grenetière,
la marche continue depuis l'achenal de la Grenetière jusqu'à
l'achenal de la Pironnière , elle suit entre l'achenal de la
Pironnière et l'achenal de Champagné et on finit par les
terres placées entre les achenaux de Champagné et de la
Charrie, territoire traversé par l'achenal de L'Houmeau. Ce travail
est un véritable cadastré pour cette spécialité,
et fait au commencement du XVIe siècle, il est extrêmement
curieux, parce qu'il fait connaître l'état des desséchements
à cette époque (1) ".
L'industrie n'avait pas développé d'aussi grands efforts
dans la partie orientale du bassin de la Sèvre, où la
nature opposait à l'art des obstacles plus puissants, et jusqu'au
milieu. du XVIIe siècle, cette partie ne forme qu'un cloaque
fangeux, couvert pendant presque toute l'année par les débordements
de la Sèvre, de l'Autise et de la Vendée, qui n'avaient
d'autre issue à lamer que le lit même de la Sèvre,
trop peu profond et gêné alors comme aujourd'hui encore,
par des .obstacles qui retardent l'écoulement des eaux.
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|
NOTES:
(1) Statistique de la Vendée.-- Notes de la Fontenelle
de Vaudoré, pages 69 et 70. - Un nouveau canal, creusé
en 1531, commençait au bourg. du Langon, et après avoir
traversé le marais Sauvage, versait ses eaux dans la Sèvre,
près de Marans.- D'après Arcère, les moines de
Saint-Michel n'auraient pas été heureux dans les travaux
de desséchement entrepris en 1540.- pour tous ces canaux, voir
détails dans la Chronique du Langon.
|
ÉTAT DES MARAIS DE LA
SÈVRE DU MIDI, A LA FIN
DU XVIe SIÈCLE.
|
On a une idée des marais de la Sèvre du midi, à
la fin du XVle siècle, en lisant une lettre qu'Henri IV écrivait
à la belle Corisandre, lettre à laquelle on donne la date
du 17 juin 1586 : "
J'arrivai au soir de Marans, dit-il,
ou j'étois allé pour pourvoir à la seureté
d'icelluy.... C'est une isle renfermée de marais bocageux, où,
de cent en cent pas, il y a des canaux pour aller charger le bois par
bateau ; l'eau claire peu courante, les canaux de toutes largeurs, des
bateaux de toutes grandeurs. Parmi ces déserts, mille jardins
où l'on ne va que par bateaux. L'isle a deux lieues de tour ;
ainsi environnée, passe une rivière, par le pied du chasteau,
au milieu du bourg qui est aussi logeable que Pau. Peu de maisons qui
n'entre de sa porte dans son petit bateau. Cette rivière s'estend
en deux bras qui portent non seulement de grands bateaux, mais les navires
de cinquante tonneaux y viennent. I1 n'y a que deux lieues jusqu'à
la mer. Certes, c'est un canal, non une rivière, contremont vont
les bateaux jusqu'à Niort où il y a douze lieues
"
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|
TABLEAU DES CHEMINS DU BAS-POITOU
AU MILIEU DU XVIe SIÈCLE D'APRÈS CHARLES ESTIENNE (
1553)
|
1° DE LODUN
(Le plus deoict chemin et le plus court)
Lodun, ville, chasteau (gras
|
5 J.(1) |
Chantaulnay, bourg |
2 |
chapon) :.... |
|
Passe le Lay, (passage dangereux |
Plat pays |
|
Les Moustiers, sur le Lay, |
Pas de jeu, bourg |
5 B |
bourg |
31/2 |
Missay, bourg |
2 |
Bessay |
1 |
Sainct-Mesmin, bourg |
4 |
Mainclaye |
1 |
Tillais, bourg |
3 G |
Lusson, ville, évêché |
3 |
Sigournay, chasteau |
2 |
|
|
Dans la ville vient un brachs de mer, procédant de la grande
mer, qui est à une lieue et derme de là, et fait le chemin
de l'isle de Rez. Là se peshent scèches, merluz, saulmons,
aloses, marsouyns et baleines (2).
2° DE THOUARS A LUSSON
(Le plus long)
Touars, ville, chasteau |
5 |
|
|
Coutoignes - Thouarsoises, |
|
Menomblet |
2 |
(Coulonges Thouatsaises).. |
2 |
Mauvais chemins
|
Narterre (Noireterre) |
1 1/2 |
Mouilleron (en Pareds) bourg. |
2 |
|
|
Mauvais chemins
|
Sainct-Porchère |
1 |
Thiray, bourg (Thiré) |
3 |
Bressuire, ville, ehasteau... |
1 |
Lusson, ville, évesché,
chas
|
|
La Forêt-sur-Sèvre |
2 1/2 |
teau |
3 |
Montées et descentes (Mauvais chemins) |
|
|
3a DE TOURS A TALMOND (3)
Touars, ville, chasteau |
5 J |
Torignay, bourg |
1 |
Sainct-Amand, bourg |
3 |
Sainct-Florent, bourg, (St- |
Bressuire, ville, chasteau.. |
2 |
Florent-des-Bois) |
2 |
Maulévrier, bourg |
4 |
Le Tablier, bourg |
1 |
Malle-Lièvre |
2 |
Les Moustiers (les Maux- |
Boccages et roches, mauvais pays |
faits) chasteau |
2 |
Montournoy, bourg |
4 |
La Guignardière(en Avrillé). |
2 |
Sainct-Mesmin, bourg |
2 |
La Grange de Talmond |
Pouzauge, ville |
3 |
(Les Granges Cathus) .... |
2 |
Tillaiz, chasteau |
3 |
Talmond, (digit Talon du |
Le Puys-Béliard, bourg.... |
2 1/2 |
monde), ville, chasteau... |
1. |
Le Bourg nouveau, (Bour- |
Petits brachs de mer, où on pêche |
nezeau) bourg |
2 |
mulets et autres poissons. |
|
4° DE TOUARS A MONTAGU
(Le plus long) (4)
Touars, ville, chasteau |
5 J |
Poulsauge. ville |
3 |
Bressuire, ville |
5 |
Les Herbiers |
3 |
Maulévrier, ville |
4 |
Le Boupère |
2 |
Malle-Lièvre, bourg |
2 |
La Grainetière |
2 |
Mauléon |
1 |
Vandreynes |
2 |
Boccages |
|
Sainct-Georges de Montagu. |
2 |
Montournoy, bourg
|
3 |
Montagu, ville, chasteau... |
1 |
Sainct-Mesmin |
2 |
Salines et la mer à dix lieues |
5° DE. MONTAIGU A LA GANACHE
Montagu (cy-dessus) |
3 |
La Ganache |
5 G |
Paluyau, ville |
1 R |
Bas-Poitou, sur les marches de Bre- |
Grand-Landes, bourg |
1 R |
taigne, vers le pays de Riay, qui est |
Pays de boccages |
marécageux. |
|
6° DE LA GANACHE A BEAUVOIR
La Ganache (cy-devant). |
teau |
5 |
Beauvoir-sur-mer, ville chas- |
Salines, port de mer. |
7° DE PARTHENAY A FONTENAY
Partenay |
|
Borneau |
11/2 |
Axais, bourg |
1 |
Fontenay-le-Comte, ville, |
|
Vernou, bourg |
1 |
chasteau |
2 G. |
La Sye en Gastine, abbaye.. |
1 R |
Siège royal, et
y a trois foires l'année, comme à Nyort. Au pied
des murailles de cestes villes passe la Vendée, petite
rivière, laquelle est aucune fois si grande et impétueuse
qu'elle couvre tout le bas Fontenay et aussi les prairies alentour. |
Le Breil-Barret |
2 |
La Chasteneraye, bourg... |
2 |
Vouvent (que feit Mélusine) |
|
bourg :. |
1 1/2 |
Mairevent (ce que feit Mélu- |
|
sine) bourg(5) |
11/2 |
8° DE TALMOND AUX SABLES-D'OLONNE
Talmond, ville, chasteau.. |
8 1/2J |
baye |
2 |
Sainct-Jean-d'Orbestier, ab- |
Les Sables d'Aulonne, port. |
3 |
9o DE FONTENAY-LE-COMTE A LA ROCHELLE
(Le plus beau)
Fontenay-le-Comte. |
|
Marans |
2 |
Le Gué-de-Veluire |
3 |
La Rochelle, ville, chasteau, |
|
Entre en bateau, sur un brachs de |
port |
4 G |
mer, dit Berault (6). |
|
|
|
10° DE LUSSON A LA ROCHELLE
(Le plus long)
Lusson. |
|
Esnandes, bourg |
1 R |
Champigny (Champagné-les- |
|
Sainct-Sandre |
1 |
Marais) |
2 |
La Rochelle. . |
1 |
Passe le Berault, bras de mer, mau- |
|
|
vais chemin de marescage. |
|
|
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|
NOTES:
(1) Les grandes lettres G J R, placées en fin de
ligne, signifient gâte, journée, repue. (Ces indications,
données par Ch. Estienne, sont très souvent inexactes.)
(2) Une baleine avait été prise près
de la côte, à quelque distance de SaintMichel-en-l'Herm,
en 1538, et apportée à Luçon, où son squelette
resta longtemps exposé dans le lieu qui a pris depuis le nom
de rue de la Baleine. Des fragments de ce squelette ont été
retrouvés en 1846. C'est sans doute ce fait anormal qui a fait
croire à Ch. Estienne qu'on péchait de ces cétacés
en cet endroit.
(3) Il y a confusion entre les premières localités,
sur ce chemin et le suivant. Pour s'y reconnaître, il faut absolument
retrancher Sainct-Amand, Maulévrier; Mallièvre et Montournais,
qui s'écartent, beaucoup trop à droite et à gauche,
intervertir Pouzauges et Saint-Mesmin, comme nous l'avons fait, et lire
simplement Touars, Bressuire, Saint-Mesmin, Pouzauges, Tillay, etc.
(4) La rubrique de cet itinéraire portant : A Montaigu,
le plus long, sans qu'on trouve avant ou après, le plus court,
il y a lieu de croire que dans la coordination des lieux, le rédacteur
a tout d'abord confondu ensemble les deux chemins. En séparant
les localités divergentes entr'elles, et les rapportant chacune
à leur ligne respective, on aurait Thouars, Mauléon, les
Herbiers, Vend rennes, etc., pour le plus court, et pour le plus long
: Thouars, Bressuire, Saint-Mesmin, Pouzauges, le Boupère, la
Grainetière, Vendrennes, etc.
(5) De Vouvent on ne pouvait venir â Mairevent pour
se rendre à Borneau, c'eust été tourner à
gauche pour aller à droite. II faut donc ici supprimer Mairevent
et lire comme s'il y avait Vouvent (que feit Mélusine avec Mairevent),
bourg.
(6) Extrait de la guide des chemins de France, Paris,
par Ch. Estienne, 1553. Extrait des Archives de Fontenay, T. II, pp.
202-206.
|
ÉTAT DES PRINCIPAUX
SIÈGES
RESSORTISSANT DU SIÈGE ROYAL ET
SÉNÉCHAUSSÉE DE
FONTENAY-LE-COMTE, BAS-PAYS
DE POITOU (1).
|
L'Évêché de Luçon.
L'Évêché de la Rochelle, pour le détroit
de Maillezais.
La Principauté de Tallemont.
La Principauté de la Roche-sur-Yon, pour les Cas-Royaux comme
plus prochain Juge-Royal ainsi qu'il a été jugé
avec les officiers du Présidial de Poitiers, par plusieurs Arrêts
du Parlement, rapportés par Imbert.
Le Comté des Sables-d'Olonne.
QUATORZE BARONNIES
Savoir
Oulmes.
|
Poiroux. |
Maillezais. |
La Mothe-Achard. |
Baronnie royale de Champagné. |
Jard. |
Luçon. |
Sainte-Flaive. |
Sainte-Gemme-de-Luçon. |
Petit-Château en la ville de Vouvant. |
Saint-Michel-en-l'Herm. |
Foussa y. |
Riez. |
L'Absie-en-Gâtine. |
Par attribution à Fontenay, accordée depuis plus de trois
siècles au dit siège de Fontenay, et par lettres de Gardes-Gardiennes,
confirmées par plusieurs Rois.
Et les Châtellenies et Justices Seigneuriales qui relèvent
des dites baronnies.
QUINZE ABBAYES COMMENDATAIRES
Savoir :
La Grâce-de-Dieu (Charente-Infre). |
Moureille. |
Saint-Jean-d'Orbestier. |
Les Fontenelles. |
Noirmoutiers. |
Jard. |
Angles. |
Les Fontaines. |
Boisgrolland. |
Trizay. |
Breuil-Herbaut, |
Nieul-sur-l'Autise. |
L'Isle-Chauvet. |
L'Absie (Deux-Sèvres). |
Tallemont. |
|
SEPT COMMANDERIES
Savoir :
Puyravault (psse de Puyravault).,
|
Champgillon (psse de Champgillon). |
Billy (psse de Corbaon). |
De Launay (psse de Sainte-Cécile). |
Féaulette (psse de Saint-Etienne-de-Brillouet). .
|
Saint-Thomas (psse de Fontenay) (2) |
Fossés-Chaslons (psse de Nieul-le-Dolent). |
|
RESSORT DU SIÈGE ROYAL ET
SÉNÉCHAUSSÉE DE
FONTENAY-LE-COMTE , CAPITALE DU
BAS-POITOU
FONTENAY ET LA BANLIEUE
Consistent en les paroisses de :
Saint-Médard-des-Prés.
Auzay.
Longesves.
Sergné.
Pissot.
L'Orbrie.
Charzais.
Chaix.
Dans quelques unes des dites Paroisses, il y a quelque chose qui
relève
de la Baronnie de Vouvant, récemment Barre-Royale
LA BARONNIE D'OULMES ET CHATELLENIE DU COURDEAUX SAINT-SIGISMOND
Consistent en les paroisses de :
Oulmes.
Courdeaux.
Saint-Sigismond.
Le Village de Massigny, paroisse de Saint-Pompain, de laquelle
Jurisdiction relèvent les paroisses deFontaine. Doix. Montreuil-sur-Mer.
Sainte-Radégonde-la-Vineuse, en partie.
LA BARONNIE DE MAILLEZAIS
Consiste en les paroisses de :
Maillezais.
Saint-Pierre-le-Vieux.
Chalays.
Maillé.
Notre-Daine-de-Liez.
Saint-Maurice-des-Noues.
LA CHATELLENIE ET PAROISSE DE VIX, LA BARONNIE DE BRILLAC ET CHATELLENIE
DU GUÉ-DE-VELLUIRE
Consistent en les paroisses de :
Gué-de-Velluire.
Velluire.
Isle-de-Vouillé, en partie.
Le surplus relève de l'Abbaye de Saint-Maixant, distant
de Fontenay de douze lieues.
Le Poiré, en partie.
L'autre partie relève (le Vouvant.
LA CHATELLENIE DE CHAILLÉ
Dépend de l'Évêché de la Rochelle,
et consiste en la paroisse et marais desséchés de
Chaillé.Il y a quelque chose qui relève de Vouvant.
LA CHATELLENIE ET PAROISSE DE PUYRAVAULT
Commanderie de Malte.
L'ABBAYE' ET CHATELLENIE DE MOREILLES ET SAINTE - RADÉGONDE
-
DES-NOYERS.
Des Marais.
LA CHATELLENIE DU SABLEAU
Membre de l'Abbaye Royale de la
Grâce de Dieu (3).
LA BARONNIE ROYALE DE CHAMPAGNE
Consiste en la paroisse de :
Champagné.
LA BARONNIE
Et paroisse de :
La Bretonniére.
LA BARONNIE
Et paroisse de :
Sainte-Gemme de Luçon.
La paroisse de :
La Claye, en partie.
LA CHATELLENIE
Et paroisse de :
L'Hermenault.
D'où relèvent les paroisses de :
Petosse.
Pouillé.
Sainte-Radégonde-la-Vineuse, en partie.
LA BARONNIE DE LUÇON
Consiste en 1a ville de :
Luçon et les paroisses des :
Magnils-Régniers (Les).
Chanays.
LA CHATELLENIE
Et paroisse de :
Les Moutiers-sur-le-Lay.
LA CHATELLENIE DE NALLIERS
Relève de Luçon.
La Paroisse de Corps, en partie.
Le prieuré et paroisse de :
Bellenoue, en partie, à cause du dit prieuré.
LA COMMANDERIE DE BILLY ET FÉOLETTE
Commanderie de Malte.
(3) Charente-Inférieure.
LA CHATELLENIE
Bourg et Marais de Triaize.
LA BARONNIE ET ABBAYE ROYALE DE SAINT-MICHEL-EN-L'HERM
Consiste en les paroisses de :
Saint-Michel-en-l'Herm.
Grue.
Le Prieuré du :
Langon, en ce qui dépend de Saint-Michel-en-l'Herm. Dans
la paroisse du Langon, une partie de la juridiction S de ladite
paroisse.
LA CHATELLENIE DE SAINT-DENIS-DU-PAYRÈ
Consiste en les paroisses de :
Saint-Denis-du-Payré.
Lairoux.
LA CHATELLENIE DE CURZON OU DE LA GRENOUILLÈRE
Consiste en la paroisse de :
Curzon.
LA PRINCIPAUTÉ DE TALLEMONT
Consiste en les paroisses de :
L'lsle-d'Olonne.
Girouard.
Grosbreuil.
Saint-Vincent-sur-Graon.
Le Champ-Saint-Père.
Le Château-d'Olonne.
Saint-Hilaire-de-Tallemont .
Saint-Hilaire-de-la-Forêt.
Avrillé.
Le Givre.
Saint-Vincent-sur-Jard.
Longeville.
Le Bernard.
La Motte-d'Angles.
La Tranche.
L'Aiguillon-sur-Mer.
De cette principauté relève :
LA BARONNIE DE RIEZ
D'où relèvent les paroisses de :
Saint-Hilaire-de-Riez.
Notre-Dame-de-Riez.
L'Aiguillon-sur-Vie.
LA BARONNIE DE POIROUX
Consiste en la paroisse de :
Poiroux.
Et s'étend sur plusieurs fiefs, en les paroisses d'Avrillé,
Grosbreuil, Saint-Hilaire-de-la-Forét, Saint-Hilairede-Talmond,
Le Bernard, Saint-Vincent-sur-Jard, Longeville, La Jonchère,
Le Givre, Saint-Benoît, Saint-Cyr, Saint-Denis-du-Payré
et la Claye.
LA CHATELLENIE
Et paroisse de :
Saint-Cyr.
LA CHATELLENIE
Et paroisse de :
Saint-Benoît.
LA CHATELLENIE
Et paroisse de :
Moricq.
LA CHATELLENIE DE LA GUYNARDIÈRE
Paroisse d'Avrillé.
LA BARONNIE DE LA MOTHE-ACHARD
Consiste en les paroisses de :
La Mothe-Achard.
La Chapelle-Achard.
Girouard.
Niel-le-Doulent, en partie.
LA CHATELLENIE DE SAINTE-CROIX DE TALMONT LA CHATELLENIE
De l'Abbaye royale de :
Saint-Jean-d'Orbetier.
Dans l'étendue de cette Principauté est aussi l'abbaye
de Boisgrolland.
LA. CHATELLENIE
Et paroisse de :
Saint-Sorlin.
Relève de Fontenay.
LA. CHA.TELLENIE
Abbaye royale et paroisse d'Angles.
LA CHATELLENIE DES MOUTIERS-LES-MAUXFAITS
Consiste en les paroisses de ;
Les Moutiers-les-Mauxfaits.
Saint-Avaugour-des-Landes.
LA BARONNIE
Abbaye et paroisse de :
Jard.
Et châtellenie du dit lieu.
LE COMTÉ DES SABLES D'OLONNE
Consiste en les paroisses de :
La ville des Sables-d'Ollonne.
Le Château-d'Ollonne , en partie.
LA PRINCIPAUTE-PAIRIE DE LA ROCHE-SUR-YON ET DU LUC
Relève nuement du Parlement de Paris, et pour les cas Royaux
et autres affaires dont les Juges des Lieux ne peuvent connaître,
relève du Siège-Royal de Fontenay, comme plus prochain
Juge-Royal des Lieux, jugé contradictoirement avec les
Juges de Poitiers, par différents Arréts de la Cour
du Parlement de Paris, des 18 juillet 1518 et 12 mai 1530, rapportés
par Imbert, dans sa. Pratique civile et criminelle, chap. 23,
livre premier, laquelle Principauté consiste en les paroisses
de :
La ville de la Roche-sur-Yen.
Le bourg de la Roche.Dompierre.
Saint-André-d'Ornays.
L'Ecluseau (Les Clouzeaux).
Nieul-le-Doulent, sauf quelques fiefs
qui relèvent de la Principauté de
Talmont .
LES FOSSES-CHALONS
Commanderie de Malte, qui doit relever du Siège-Royal de
Fontenay, comme plus prochain Juge Royal des Lieux .
Sainte-Flayve.
Landeronde.
Saint-Georges-de-Pointindoux, sauf
quelques fiefs de la Mothe-Achard.
Martinet.
Saint-Julien-des-Landes.
Beaulieu-sur-la-Roche.
La Génétouze.
Venansault.
Mouilleron-le-Captif.
Poiré-sur-la-Roche.
Belleville.
Saint-Denis-la-Chevasse.
La Ferrière, autrement la terre des
Chapelets.
Château-Fromage.
Saint-Pierre-du-Lue.
Notre-Dame-du-Luc.
Beaufoux.
L'ABBAYE ROYALE DES FONTENELLES ET DE TRIZAY, LA CHATELLENIE ET
COMMANDERIE DE CHANZILLON
Grand Prieuré d'Aquitaine et de la
Touche-Maurice
Consistent en les paroisses de :
Changillon.
Thiré.
Et s'étendent sur celles de :
Saint-Juire, en partie.
Saint-Marlin-Lars, en partie,. Chapelle-Thémer, en partie:
Saint-Martin-des-Fontaines; en partie.
La Jaudonnière, en partie.
Saint-Aubin-la-Plaine, en partie.
Nalliers, en partie.
Saint-Jean-de-Beugné, en partie. L'Hermenault, en partie.
Thouarsay, en partie.
Sainte-Pezanne (3), en partie.
Bessay, en partie.
Le Simon, en partie.
Sainte-Hermine, en partie.
Les Moutiers-sur-le-La y, en partie.
Saint-Hermant, en partie.
Saint- Valérien.
Saint-Etienne-de-Brillouet:
Sainte-Gemme-de-Luçon,
Saint-Philbert-du-Pont-Charrau, en partie.
La Réorthe, en majeure partie.
Saint-Vincent-du-ford-du-Lay, en partie..
Chantonnay, en partie.
Puybelliard, en majeure partie.
Saint-Germain-de-Prinçay, en partie.
Saint-Médard-des-Prés, en partie.
Saint-Pierre-du-Chemin, en partie.
Qui sont paroisses contiguës à trois, quatre et cinq
lieues de Fontenay.
LA CHATELLENIE
Prieuré et paroisse de :
Saint-Ceorges-de-Montaigu.
LA CHATELLENIE
Prieuré et paroisse de
Cheffois
La paroisse et prieuré de Saint-Cyr-des-Gâts.
LA BARONNIE DU PETIT CHATEAU EN VOUVANT
Relève de la Sénéchaussée et siège
Royal de Fontenay-le-Comte, de laquelle Baronnie sont mouvants
les Fiefs et Jurisdictions situés dans les paroisses
ci-après
ANTIGNY
Dans laquelle paroisse sont :
La Moyenne Justice des Prés-Audayers. La Haute Justice
de la Pémissière.
La Puraudière.
La Boursière.
La Basse Justice du Gluères.
La Basse Justice de la Cessonnière.
La Haute Justice de la Jaudronnière.
Le Breuil-Boucelin.
ARDIN
Dans laquelle paroisse sont :
Les Chasses de la Gasconnière et des
Places.
La Haute Justice du Grand-Clos-de Dissay.
La Basse Justice de Périgné-L'Espinay.
BOUILDROUX
Dans laquelle paroisse sont :
La Châtellenie de Bouildroux.
La Moyenne Justice de la Gourdelière.
BOURNEAU
Dans laquelle paroisse sont
La Basse Justice du Grand Chazeau.
La Vaudieu.
La Basse Justice de la Chabossière.
La Basse Justice de la Boutellière.
CEZAY
Dans laquelle paroisse sont :
La Moyenne Justice du Grand-Chazeau
Elangs-Chabot
La Basse Justice du Fougerais Jalleau
La Basse Justice des Douzillières et Rouillières.
Le Fief des Fontaines.
La Cressonniére,
CHARZAIS
Dans laquelle paroisse est :
Le Fief de Trousse-Couble.
COULONGES -LES- ROYAUX
Dans laquelle paroisse est :
La Haute Justice de Tourteron.
FIEFMOREAU
Dans laquelle paroisse sont :
La Moyenne Justice de la Brejaudière.
La Basse justice de la Grange-Mestivier.
MERVANT
Dans laquelle paroisse est :
La Châtellenie d'Autebray.
PISSOT
Dans laquelle paroisse est :
La moyenne Justice de la Fête de Pissot
SAINT-HILAIRE-DU-BOIS
Dans laquelle paroisse est :
La Moyenne Justice de la Vivinière.
SAINT-HILAIRE-SUR-L'AUTISE
Dans laquelle paroisse est :
SAINT-HILAIRE-DE-VOUST
Dans laquelle paroisse est :
La Haute Justice de la Bodinatière.
Saint-Hilaire et Payré-sur-l'Autise.
Dans laquelle paroisse sont :
La Haute Justice de la Cigence de Vendée et Fief-de-Vigne.
SAINT-MAIXENT-DE-BEUGNÉ
Dans laquelle paroisse est :
La Haute Justice de Livernière,
St-MAURICE-DES-NOUES
Dans laquelle paroisse sont :
La Basse Justice d'Espagne, la Ligonnière, le Fief-Vexon
et les Dûnes.
SAINT-MAURICE, près Niort.
Dans laquelle paroisse est :
La Haute Justice de la Mothe-de-Mairé, le Faignoux.
St-MAURICE ou VOUVANT
Dans laquelle paroisse est :
La Basse Justice de la Martellière.
St-MÉDARD, près Fontenay.
Dans laquelle paroisse est
La Haute Justice de la Gueffardière.
SAINT-MICHEL-LE-CLOUCQ
Dans laquelle paroisse sont :
La châtellenie du Pain-Mauges et autres fiefs. L'Epineraye.
SAINT-PIERRE-DU-CHEMIN
Dans laquelle paroisse est :
Le Fief de la Grange.
THOUARSAY
Dans laquelle paroisse sont :
La Justice et la Juridiction du Plessis-Encelin.
La Basse Justice de Thouarsay.
Le Fief de la Massaire.
La Basse Justice de la Largère.
VOUVANT
Dans laquelle paroisse sont :
Le Fief de la Graisde-Girouette.
Le Fief de la Petite-Girouette.
Les Prés-Dalliers.
Le Fief du Moulin-Genet.
La Basse Justice de la Noue-du-Gast
Le Fief du Plessis-Encelin.
La Moyenne Justice de la Goderie.
Le Fief de la Mongie.
La Basse Justice des Fresnays.
VOUVANT et BOURNEAU
Dans ces paroisses est :
La Basse Justice des Bois du PetitChâteau,
XANTON et SAINT-MICHEL-LE-CLOUS
Dans ces paroisses est :
La Basse Justice de Vagne.
EN AUNIS
Le Fief des Braignes, quoique en Aunis, relève du Petit-Château
de Vouvant. La Moyenne Justice de Siec, près Niort, relève
pareillement du Petit-Château en Vouvant ; ainsi que le
Fief des Prés du Bois, situé en la prée
de Fontenay.
LA CHATELLENIE DE CUDEBRAYE
Paroisse de Mervent, d'où une partie
de la dite paroisse relève.
LA BARONNIE
Prieuré et paroisse de Foussais. Relève irectement
de Fontenay.
LA CHATELLENIE DE LA MELLERAYE
En la paroisse de Saint-Michel-le-Clous, relève directement
de Fontenay et consiste en les paroisses de :
Saint-Michel-le-Clous, en partie.
Sérigné, en partie.
Bourneau, en partie.
Chaix.
Charzay, en partie.
Lorbrie, en majeure partie.
Pissot, en partie.
LA JURIDICTION DE L'ABBAYE ROYALE DE L'ABSIE
Relève par appel au siège royal de Fontenay, par
lettres-patentes de plusieurs rois, confirmées par fouis
XIV, et consiste en les paroisses de :
Chapelle-Seguin, en partie.
Vernoux, en partie.
Ceillé, en partie.
Chapelle-Tireuil.
Saint-Paul-en-Castine.
Saint-Etienne (la Cigogne).
L'Argasse, en partie.
LA CHATELLENIE ET PRIEURÉ DU BUSSEAU
Consistent en les paroisses du :
Busseau.
Ceillé, en partie.
Saint-Lors, en majeure partie.
LA CHATELLENIE DE SAINT-PAUL-EN-GASTINE
Consiste en la dite paroisse de :
Saint-Paul-en-Gastine.
LA CHATELLENIE DE COULLONGES-LES-ROYAUX
Consiste en la paroisse de :
Coullonges-les-Royaux.
Breuil-Barret, en partie.
Laquelle dépend du Fief du seigneur de la Roche-Breuil
en Haute-Justice.
LA CHATELLENIE ET ABBAYE ROYALE DE XANTON
Membre de l'Évêché de Saintes.
Consiste en les paroisses de :
Xanton.
Saint-Martin-de-Fraigneau.
L'ABBAYE ROYALE DE NIEUIL
Consiste en les paroisses de :
Nieuil, et ses dépendances, comme plus prochain Juge
Royal.
LA CHATELLENIE ET PRIEURÉ DE SENANS
Paroisse de Saint-Pompain, dépendant du Grand Prieuré
d'Aquitaine.
LE PRIEURÉ ET PAROISSE DE PUY-HARDI
Haute Justice.
L'ANCIENNE CHATELLENIE DE SAINT-MAXIRE
Consiste en les paroisses de :
Saint-Maxire.
Surin.
Saint-Remy.
|
La Jurisdiction de Fontenay-le-Comte confronte au bourg de Benet et
Dompierre, éloigné de trois lieues.
La rivière de Sèvre sépare la Jurisdiction de
Fontenay des provinces de Saintonge et Aunis.
La mer confronte la dite Jurisdiction, à prendre depuis Champagné
jusqu'à Riez, du côté du midi. On compte de Fontenay
à Champagné six lieues, et de Riez vingt lieues de Poitou.
La Jurisdiction de Talmont est séparée d'un bout aux
terres de la Barre-de-Mont, aux terres de la Baronnie d'Apremont, et
à celle de la Principauté de la Roche-sur-Yon, et à
la rivière d'Yon, qui descend dans la rivière du Lay,
La Principauté de la Roche-sur-Yon est bornée par les
terres de la baronnie de Montaigu et celles de la Jurisdiction de Mareuil,
la Chaize et Brandois, de la Principauté de Talmont, et des Jurisdictions
de Palluau, Marche, Poitou et Bretagne.
La Châtellenie de la Bretonnière, la baronnie de Luçon,
la Châtellenie des Moutiers-sur-le-Lay, sont séparées
de la Jurisdiction de Mareuil par la rivière du Lay.
La Jurisdiction de Changillon, et ce qui en dépend dans les
paroisses ci-dessus énoncées sont, pour la plus grande
partie, au delà de la rivière du Lay, fort celles de Saint-Vincent-du-fortdu-Lay,
Chantonnay, Bournezeau, Puybelliard, Saint-Germainde-Prinçay,
Saint-Médard-des-Prés, qui sont au-delà, et joignent
la dite rivière du Lay. On compte de Fontenay cinq à six
lieues.
La Jurisdiction de la Baronnie du Petit Château en Vouvant est
si confuse et mêlée avec le siège de Vouvant, dont
le roi est entré en possession par la mort de Monsieur de Longueville,
qu'il est impossible d'en donner des bornes certaines que par l'énonciation
qu'on a fait des Bourgs et lieux qui en dépendent.
La Châtellenie de Saint-Paul-en-Gâtine, du Prieuré
du Busseau, et de l'abbaye Royale de l'Absie, confrontent aux paroisses
de la Chapelle-aux-Lys, Saint-Hilaire-de-Voust et Marillet.
La Châtellenie et paroisse de Saint-Georges-de-Montaigu est
enclavée dans la Jurisdiction de Montaigu. On compte de Fontenay
au dit lieu quatorze lieues.
La Châtellenie de la Melleraye,- du Paint-Manger, de Coulonges,
Haute-Justice de Puyhardi, Ardin, Xanton, L'Abbaye de Neuil et Senans,
sont bornées par les paroisses de Fenioux, Fay-sur-Ardin, Saint-Pompin
et Benet.
La Jurisdiction de Saint-Maxire tient aux paroisses de Saintrais, de
Fay-sur-Ardin, à deux lieues de Niort, et à quatre lieues
de Fontenay.
Toutes les autres Jurisdictions sont toutes enclavées dans
les confrontations ci-dessus(4).
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|
NOTES:
(1) La sénéchaussée fut créée
au mois de novembre 1544, grâce surtout au crédit d'André
Tiraqueau. A cette date, Fontenay devint officiellement la capitale
du Bas-Poitou.
(2) Archives de Fontenay. T. II, pages 155 et 156.
(3) Charente-Inférieure.
(4) Archives de Fontenay, pages 157-158-159-160-161-462-163
et l64, T. II
|
RÉVISION DES COUTUMES DU POITOU.
|
Henri II nomma des commissaires pour réformer la coutume du
Poitou et celle de plusieurs autres provinces. Ces coutumes étaient
un composé des usages des anciens Gaulois, du droit romain, des
usages des Germains, des anciennes lois des Francs et autres peuples,
recueillies dans le code des lois antiques et des capitulaires des rois.
Les " assises de Jérusalem ", rédigées
par écrit en 1099, constituaient pour ainsi dire le précis
du droit coutumier qui s'observait alors en France, mais qui forcément
variait sur bien des points, de région à région,
et rendait fort difficile la tâche des juges. En 1267, Alphonse,
comte de Poitiers, fit des ordonnances sur les fiefs en Poitou, du consentement
des principaux seigneurs, au mois de mai 1267 (1).
Le 14 octobre 1514, une commission avait siégé à
Poitiers, pour mettre un peu d'ordre dans la jurisprudence par trop,
variable. Le procès verbal de publication fait en 1514 et lu
au réfectoire des frères mineurs de la ville de Poitiers
par M. Jacques Beaulin, donne des renseignements intéressants
au, sujet des seigneurs des principales terres du Bas-Poitou. On. y
voit figurer notamment, Claude de Brissay, abbé de Jart; Jean
Garnier, procureur des doyen, chanoines et chapitre de Luçon
; M. Rasseteau, procureur du chapitre et de l'évêque de
Maillezais; Jean Bouchet, procureur de Louis-de Bourbon, prince de la
Roche-sur-Yon; Jean Grignon,. procureur du duc de Longueville, à
cause des terres, seigneuries, baronnies de Parthenay, Vouvent, Mervent
; M. Jean Chevredant, sénéchal , Guillaume Limosin, châtelain
; Mathurin Mangeais, avocat et Louis Rideau, procureur de Messire Louis
de la Trémouille, chevalier, vicomte de Thouars, prince de Talmont
et baron de Mauléon, La Chaize-le-Vicomte, Mareuil et Sainte-Hermine
; M. Jean Durant, procureur de Louis de Graville, amiral de France,
seigneur, baron de Tiffauges et. Pouzauges ; messire André de
Vivonne, chevalier, seigneur de la Châtaigneraie, sénéchal
de Poitou Louis de Montberton, écuyer, seigneur de la Caillère;
M. Artus Cailler, lieutenant particulier au siège de Fontenay-le-Comte;
M. André, Tiraqueau, juge châtelain audit lieu; MM. Jean
Brisson, avocat, Pierre Maillet, procureur du roi, substitut au dit
lieu de Fontenay, etc.
Cette coutume fut encore réformée une seconde fois en
1559, en exécution des lettres patentes de Henri II et de François
II, des années 1558 et 1559 (2).
Les président et conseillers commissaires arrivèrent à
Poitiers le dimanche 15 octobre: ils s'assemblèrent au palais,
le lendemain 16. On. y avait. convoqué et assigné les
gens des trois états, qui y comparurent pour la, majeure partie
; les rédactions et réformation furent finies le samedi
21 du même mois, et le même jour la coutume fut publiée
: on trouve ces procès verbaux dans tous les Commentaires.
Nous croyons devoir détacher des vieilles coutumes bas-poitevines,
les règlements relatifs aux gens de journées travaillant
aux moissons et aux vignes.
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|
NOTES:
(1) Parmi les noms des seigneurs bas-poitevins dont les sceaux sont
à la charte concernant les rachats insérés dans
ce coutumier, on relève ceux de Savary de Thouars, Hugues Larchevêque,
seigneur de Parthenay et de Vouvent, Maurice de Belleville, seigneur
de la Garnache et de Montaigu, Fabien Chabot, seigneur de Rocheservière,
. Pierre-Guy de Serville, seigneur de Mortagne, Thibaut, seigneur de
la Châtaigneraye, etc.
(2) Le clergé du diocèse de Luçon y fut représenté
par Me Nicole Le Roi, vicaire général,` assisté
de Me François Poupet, procureur.
|
RÈGLEMENT POUR LES MOISSONS ET LES VENDANGES.
|
Les moissons s'étaient souvent perdues en partie, parce que
dans les temps d'abondance du blé les ouvriers ne voulaient se
louer qu'à prix d'argent, et refusaient de prendre du blé
en paiement. Les laboureurs qui se trouvaient manquer d'argent ne pouvaient
faire ramasser leur blé : pour prévenir cet inconvénient
à l'avenir, et pour qu'on ne manquât pas d'ouvriers, il
fut ordonné que depuis le 15 juin jusqu'à la fin d'août,
tous les laboureurs, ouvriers et gens de bras, comme maçons,
charpentiers et autres, demeurant hors des villes closes, vaqueraient
aux moissons il leur fut défendu de faire autre chose à
peine d'amende, tant contre chaque ouvrier que contre celui quai les
employait à autres ouvrages, pour le paiement de laquelle amende
les condamnés seraient mis en prison. L'amende était de
7 sols 6 deniers la première fois, et pour la seconde et les
suivantes, de 15 sols, applicables au seigneur justicier.
Il s'était aussi introduit un abus au sujet de ceux qui devaient
travailler aux vignes.
L'ancien usage était de louer les ouvriers à la journée
sans les nourrir; on leur fournissait cependant le pain et la boisson,
qu'on appelait refoux. Les gens riches qui n'avaient que peu de vignes
se mirent dans l'usage de donner à leurs journaliers; tous dépens,
c'est-à-dire la nourriture entière, afin que leur ouvrage
fût fait plus promptement, en saisons les plus convenables. Tous
les ouvriers voulurent exiger la même chose de tous les propriétaires
des vignes, et comme plusieurs refusaient de faire une dépense
aussi considérable, les journaliers ne voulaient point travailler
pour eux. Les propriétaires ne pouvaient trouver des ouvriers
pour faire leurs vignes, et comme c'est chose moult somptueuse, la chose
leur est de la plus grande mise qu'elle ne vaut; par quoi plusieurs
des dites vignes sont demeurées en dessert et en ruines, et plus
y en pourra demeurer, s'il n'y était pourvu
" Il est réglé et ordonné que dans la suite
les journaliers qui travailleront aux vignes, ne pourront demander d'être
nourris, et personne ne leur en. pourra donner, à peine de l'amende
de 60 sols ; ils auront seulement, comme à l'accoutume, du breuvage
et jusqu'à deux denrées de pain gros, charge de blé
valant jusqu'à 15 sols et au-dessous, et qui si plus valait à
l'équipollent.
" Il est aussi réglé que les journaliers auront par
jour, depuis la Toussaint jusqu'au 1er février, 15 deniers ;
depuis le 1er février jusqu'à la mi-avril, 20 deniers
; depuis la mi-avril jusqu'à la Toussaint, 2 sols et 1 denier.
" Défense de leur donner plus, à peine d'amende.
" Travailleront aux vignes depuis le soleil levant jusqu'à
environ soleil couchant, sur peine de perdre leur journée et
d'amende (1).
Retour
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|
NOTES:
(1) Histoire du Poitou. Thibaudeau, T. II, page 280.
|
LA GABELLE. TROUBLES EN BAS-POITOU.
|
Si l'on en croit l'historien Hénault, ce serait Philippe le
Long qui le premier aurait mis un impôt sur le sel : cet impôt
aurait été augmenté par Philippe de Valois en 1342,
mais cette denrée aurait toujours été marchande
jusqu'en 1356 (bataille de Poitiers). Après cet événement,
le Roi se réserva le droit. de vendre le sel, en établissant
des greniers, où tout le sel récolté était
porté.
Le roi Jean voulut établir la gabelle cri Poitou, et le duc de
Berry eut le même projet sous le règne de Charles VI. Les
habitants exposèrent que cette nouveauté ruinerait les
côtes du Bas-Poitou, et un voyage que le duc fit sur le littoral
jusqu'à Saint-Michel-en-l'Herm, le convainquit du bien fondé
des réclamations On se contenta de percevoir l'impôt qu'on
appelait le quart : le roi prenait le " quart de denier "
du prix des sels revendus par les marchands : ce droit était
de cinq sols par livres.
Le roi Charles VII à son tour, voulut établir la gabelle
en Poitou (1), mais il dut lui aussi renoncer à ce projet, à
la suite des doléances qui lui furent présentées
par les habitants de ce pays qu'il tenait en très haute estime.
On continua donc à percevoir le droit du " quart denier
" qui était affermé, en 1451 à Jean Bastier,
et qu'on laissait aux reines douairières de France. Mais après
la mort, de Marie d'Angleterre, veuve de Louis XII, François
Ier augmenta cette imposition de moitié, en portant ce droit
à un quart et demi ce qui faisait sept sols et demi par livre
: c'était le prélude de l'établissement de la gabelle.
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ÉTABLISSEMENT DE LA GABELLE EN POITOU.
TROUBLES.
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Par un édit de 1541, daté de Châtellerault et provoqué
par les folles dépenses du roi, " il fut ordonné
que tout le sel qui serait vendu dans le Poitou, Saintonge et pays d'Aunis,
il serait payé comptant au receveur du roi, sur le marais par
droit de gabelle, le quart du prix de la première vérité
faite sur le marais, et qu'il serait également payé au
receveur du roi dans les villes et autres endroits où le sel
serait porté et vendu le quart du prix de la revente, avec le
demi quart de crue ordonné pour le payement des gages des cours
souveraines, payables par le vendeur". Il y eut des bureaux de
revente exclusive de sel établis dans certaines villes, et des
conservateurs, procureurs du roi, greffiers, contrôleurs, etc.
L'édit contient trente-neuf articles.
Le peuple opprimé par les préposés aux droits de
gabelle, dont plusieurs avaient édifié rapidement des
fortunes scandaleuses, se souleva sur plusieurs points. Dans l'arrondissement
des Sables-d'Olonne, dans les Marches surtout, jalouses de leurs, immunités,
les troupes royales envoyées pour assurer l'exécution
de l'ordonnance, furent dispersées par les habitants. Au Poiroux,
à Talmont, à Cugand, à La Bernardière, des
atrocités furent commises, et préparèrent, on peut
le dire, les populations à embrasser le protestantisme (2).
Les habitants de la Guyenne prirent les armes pour chasser les employés
à la gabelle, et s'avancèrent du côté de
Poitiers, obligeant les habitants lésés dans leurs intérêts
à se joindre à eux. Civray était menacé
ainsi qu'Angoulême, où l'on fut obligé de rendre
aux rebelles les capitaines des communes, emprisonnés. Poitiers
fut mis en état de défense : trois compagnies d'hommes
de guerre furent envoyées à Fontenay pour maintenir, la
population surexcitée (3), et le comte du Lude expédia
une commission au lieutenant du sénéchal de Poitiers pour
convoquer l'arrière-ban. Les rebelles n'étaient plus qu'à
douze lieues du chef-lieu de la province, lorsque la bienveillante intervention
de Laurent Journeaux, maître des eaux et forêts, amena une
détente dans les esprits ; mais Bordeaux résistait toujours,
et il fallut y envoyer deux corps d'armée aux ordres du connétable
de Montmorency et du duc d'Aumale pour avoir raison de la ville rebelle.
Mais le feu couvait toujours sous la cendre, et le roi qui avait grand
besoin d'argent pour achever la reddition de Boulogne, laissa comprendre
aux Poitevins qu'il était tout disposé à abolir
la gabelle, moyennant certain don en argent. Les Etats du Poitou, réunis
en Assemblée générale, offrirent au roi pour l'abolition
de la gabelle, deux-cent-mille écus valant quatre-cent-cinquante-mille
livres tournois, à la charge de continuer de payer le "
quart et demi ".
Ces propositions furent acceptées par le roi qui comprit "
que la gabelle et les vexations qui en étaient inséparables,
dévasteraient en peu d'années des provinces dont toutes
les ressources et presque toute l'industrie se réduisaient à
la pêche et à la nourriture du bétail, etc. "
Par un édit du mois de septembre 1549, Henri II " éteignait
et supprimait toute gabelle à sel, magasins, greniers et états,
et officiers institués pour l'administration d'iceux, dans les
provinces de Poitou, Saintonges, Aunis, Angoumois, Guienne et Périgord,
comme étant incommodes au roi et à la chose publique des
dits pays ", à la charge du payement de la somme de 450.000
livres, dont le Tiers-État paierait les deux tiers, les gens
d'église et la noblesse l'autre tiers par moitié ; à
la charge en outre de rembourser les officiers créés pour
l'administration de la gabelle, et de payer le quart et demi-quart que
les gens des dits états s'obligent de faire valoir jusqu'à
la somme de quatre-vingt-mille livres par an. "
Les États des provinces intéressées à cette
suppression s'assemblèrent de nouveau à Poitiers pour
faire la répartition des 450.000 livres et des 25.000 livres
pour les frais et remboursements des officiers. Tout fut en conséquence
payé, et la gabelle fut abolie au mois de janvier 1551.
Par un autre édit du 6 décembre 1553, Henri II vendait
pour la somme de quatre-vingt-mille livres tournois, le droit "
quart et demi sur le sel " aux habitants du Poitou et des autres
provinces limitrophes sujettes à ce droit.
Les monopoles que fit naître le commerce des sels, principalement
dans la Saintonge, obligèrent le roi Henri IV de faire rendre
un arrêt du Conseil, pour empêcher ces vexations. - Enfin,
il y eut encore en 1622, sur le sel, un nouveau projet d'impôt
qui n'aboutit pas.
Mais les fermiers de la gabelle entreprirent, en 1651, d'établir
des bureaux et de percevoir des droits sur le sel dans le Bas-Poitou.
Les députés des trois ordres de la province firent des
représentations au Conseil et demandèrent " l'exécution
des privilèges ". Un arrêt du Conseil, revêtu
de lettres-patentes, ordonna que tous les bureaux établis dans
le Poitou " seraient levés et dotés dans huitaine
", que le transport des sels des marais du Bas-Poitou serait libre,
sans paver aucuns droits, pour être consommés en la dite
province et non ailleurs.
Roolle suivant lequel le roy (Henri II) veult et entend les offices
des magasins â sel du pays de Poictou estre rembourses en ensuivant
l'esdict du mois de septembre 1549, par luy faict de la suppression
de la gabelle, magasins et officiers du dict pays et de ceulx de Xainetonge,
gouvernement de la Rochelle Angoulmois, Hault et Bas-Limosin, Haulte
et Basse-Marche et Périgort (septembre 1549).
POICTIERS
Pierre Bretté, controlleur. XIe IIIJ** XIIh Xs
Pierre Le Blanc, Procureur. LXh
Pierre Mousseau, Greffier. IJe XL VIJh Xs
Pierre Coquin, Mesureur. VIJxx X IIJh Xs
Michel Coquin, Mesureur. VISxx X IIJh Xs |
MALLIÈVRE
Jacques Boysson, Receveur. XIJ. ch ,,
Jehan Nau, Controlleur. VJe ,,
Jehan Dupuy, Procureur., IX "
Pierre Morineau, Greffier. NI** ,,
Anthoine Denis, Sergent, XIV. ,, |
FONTENAY-LE- COMTE
Jehan Rabateau, Receveur. XIV IXVIJh X3
Heury, de Sallenove, Controlleur. VJc XIVh
Jehan Rapin, Procureur, LXh
Francois Petit, Greffier. XJ** XVIIJh
Mathurin Clémenceau, Mesureur. XIIJh Xs |
BEAUVOIR-SUR-MER
Raymond Dubois, Garde IIIJ** Xs
François Arnault, Greffier. IXh. ,, |
LA CHASTEIGNERAYE
Jehan Bettereau, Receveur. XIJch
Claude Amy, Controlleur. VJc
Nicolas Jay, Procureur. IXIJ'' Xs
Jehan Bouchereau, Greffier. IIc XXVh
Fiacre Dyvé, Sergent XLV. |
LUÇON
Jehan Béyault, Receveur. XIIc.
Mathurin Béreau, Controlleur. VJc.
Jehan Voysin, Procureur. IX.
Jehan Champion, Greffier. VJ** |
LA ROCHE-SUR-YON
Robert Ribaudeau, Receveur. XIJch
Anthoine de la Boucherie, Controlleur. VJc
René Voyneau, Procureur. IX.
Léonard Roullet, Greffier. VJ** |
MONTAIGU
Jacques Le Vasseur, Receveur. XIJ IXVIJh Xs
Jehan Mazelier, Controlleur. VJc
Nicolas Baron, Greffier. VJ** |
BOIS-DE-CÉNÉ
François Daniel, Garde. VIJ** |
NOIRMOUTIERS
Pierre du Bouchet, Garde. IIIJ** Xs |
(Extrait des Archives de Fontenay-le-Comte. Original : Collect. B. Fillon).
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NOTES:
(1) Dans celle ordonnance qui est de 1451, il est défendu aux
sauniers du Bas-Poitou et de Saintonge, de transporter du sol dans les
Marches de Bretagne et d'Anjou, non plus qu'à Cholet, Maulévrier,
Tiffauges, Mortagne et autres lieux prochains. - Les sels venant par
Beauvoir, La Roche-sur-Yon, La Couture et Clisson et transportes à
travers les Marches, devaient payer le droit au fermier à Bergrolle
et à la Seguinière. - Le 4 décembre 1462, Louis
XI, sur Ies plaintes d'olivier Paummier, rendit de nouvelles lettres
pour faire cesser certains abus, qui se produisaient dans les Marches
du Poitou, voisines de l'Anjou où l'on avait établi des
dépôts considérables de sel qui alors, dans cette
région, ne payait pas d'impôt. - En 1469, une autre ordonnance
indiquait les seules villes ou il pourrait y avoir un grenier à
sel ; c'étaient les villes de Poitiers, Niort, Saint-Maixent,
Fontenay-le-Comte, Parthenay, Bressuire, Thouars, Mauléon, Châtellerault,
Lussac-les-Châteaux, Availles, Chauvigny et Vivone ; elle spécifiait
aussi la route à suivre et les obligations imposées à
ceux qui porteraient du sel dans ces différents lieux.
(2) Le pays fut longtemps troublé, car une lettre de Raoul Gallier,
sieur de Guinefolle et bourgeois de Fontenay, avertit, le 22 avril 1557,
le gouverneur du Poitou des brigandages commis par la bande de valeurs
du sieur du Coudray et de l'insuffisance de la garnison du château.
- Cette bande se cachait le jour dans la forêt de Vouvent. - Le
fort de Chantoizeau était probablement son quartier général.
- Louis Brochet. - La forét de Vouvent, son histoire et ses sites,
pp. 87 et 88.
(3) Archives de Fontenay, T. II, page 115.
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