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CHAPITRE XXI
DEPUIS LE SIÈGE DE FONTENAY (1587) JUSQU'A CELUI DE LA ROCHELLE
(1628)
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Siège et prise de Fontenay par Henri de Navarre (1er juin 1587). - Il s'empare aussi
de Maillezais
Continuation de la
Lutte après la prise de Fontenay
Anarchie à
Fontenay
Prise des Herbiers
par Mercur. - Nouvelle attaque de Montaigu et sièges de
la Garnache et de Beauvoir. - Maladie du Roi
Prise de Niort par
Saint-Gelais (28 Décembre 1588)
Réclamations
de Fontenaisiens contre les impôts. - Talmont fortifié
La Garnache, Tiffauges,
Pouzauges et La Flocellière se rendent au Roi. - Mariage de la
fille du Duc de Mercur avec le Duc de Vendôme
Division de la province
en sept cantons. - Exploits du fameux Guilleri. - Edit de Nantes (13
avirl 1598)
Voyage de Sully à Fontenay (1604). - Consistoire. - Des troupes de malandrins infectent
le pays. - Entrée de Richelieu à Fontenay (21 Décembre
1608)
Assassinat d'Henri
IV (14 Mai 1610). - Le premier roi en Poitou. - Les Etats Généraux
de 1614. - Entrée de Condé en campagne (161). - Sully
lui livre ses places de sureté du Poitou
Paix de Loundun.
- Condé arrêté (1616). - Assemblée générale
de La Rochelle. - Vente du Doignon et de Maillezais au Duc de Rohan
par d'Aubigné (1619)
Plan d'une république
fédérative. - Le roi marche contre les révoltés.
- Duplessis perd son gouvernement de Saumur. - Louis XIII acclamé
à Thouars, Parthenay, Chatellerault
Maillezais et Marans
se rendent à lui. - Siège et prise de Saint-Jean-d'Angély
par Louis XIII. - Son retour à Paris. - Le clergé de nouveau
molesté
Siège des
Sables d'Olonne et sac de la ville par Soubise. - Le comte de la Rochefoucauld
poursuit Soubise qui, le 31 Mars 1622, prend Luçon et le livre
au pillage. - Les échecs de Soubise à Saint-Gilles, Talmont
et Noirmoutier
Arrivée de LOUIS XIII en BAS-POITOU.
Attaque de Soubise
(16 Avril). - Sa fuite . - De nombreux prisonniers. - Horrible spectacle
après la bataille
Le roi se dirige
d'Apremont sur Fontenay, par Aizenay, La Roche, La Chaize-le-Vicomte,
Sainte-Hermine. - Son départ pour Niort. - Marie de Médicis
séjourne à Fontenay-le-Comte (16 Mai 1622)
La Rochelle se révolte
de nouveau
Guitton et Soubise
se retirent sur les cotes d'Angleterre
Richelieu offre la
paix aux Rochelais et aux réformés
Démantèlement
de Niort, Les Herbiers, Mortagne, Montaigu, Tiffauges, Parthenay, Saint-Maixent,
Fontenay
Maladie du Roi
Déclaration
royale. - Investissement de La Rochelle
Richelieu demande
de l'Argent au clergé. - Assemblée générale
de Fontenay (27 Avril - 14 Mai 1628). - Reddition de La Rochelle (28
Octobre 1628)
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SIÈGE ET PRISE DE FONTENAY
PAR HENRI DE NAVARRE (1er Juin 1587). - IL S'EMPARE AUSSI DE MAILLEZAIS
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Trois mois après, Henri de Navarre était
devant Fontenay. Dès que la nouvelle de son arrivée
se répandit dans la ville, la terreur fut à son comble.
Une grande partie de la population prit la fuite : le corps de ville
et le maire donnèrent l'exemple de la défection. Onze
échevins et conseillers restèrent seuls à leur
poste. Parmi eux, le vieil Hilaire Goguet, beau-père de Julien
Collardeau, assura en partie la lourde tâche de la défense.
Il prit le commandement de la milice bourgeoise, composée d'environ
quatre cents hommes, emprunta diverses sommes pour payer les soldats
du capitaine Morinière, et donna à tous l'exemple de
la fermeté et de l'abnégation. Secondé dans son
énergique résolution par La Roussière-Culdebraye,
gouverneur qui occupait la ville avec le régiment de Verluisant,
il mit les Loges en état de défense et attendit l'ennemi.
Dans la .nuit du 23 au 24 mai, le comte de La Rochefoucauld,
sous les ordres du roi, occupa Charzais à la tête des
compagnies d'arquebusiers et de quelques autres tirées de l'infanterie
qu'il divisa en cinq colonnes. Le lendemain, Maximilien de Béthune,
plus connu sous le nom de Sully, arriva avec quarante gentilshommes,
et l'attaque commença aussitôt du côté des
Horts. - Grâce à Démosthène Jamoneau, neveu
de Nicolas Rapin, qui, avec Feuquière, Puy-Vidal et La Barre,
jeta un madrier sur le fossé des jardins, le roi de Navarre
pénétra dans les Loges, et vint, d'après la tradition
populaire, s'installer dans la maison connue aujourd'hui sous le nom
de Mille-Pertuis (n° 85 de la rues des Loges).
Tandis que cela se passait, les assiégés
luttaient vaillamment au pont Bareil, et après deux heures
d'un combat acharné, Sully, Dangeau et d'autres ayant voulu
franchir la barricade, furent repoussés à coups de piques.
- En apprenant l'entrée du roi à l'extrémité
des Loges, les catholiques épouvantés se retirèrent
derrière les autres barricades du faubourg qu'ils abandonnèrent
peu à peu. - Mais Henri de Navarre avait commis la même
faute que le duc de Montpensier en 1574 ; l'artillerie manquait. On
s'aperçut bien vite que la place ne pouvait être forcée
qu'avec des pièces de fort calibre que l'on s'empressa d'aller
chercher à La Rochelle et à Saint-Jean-d'Angély.
- En attendant les canons, on se livrait à une série
d'escarmouches qui tenaient constamment en haleine les assiégés.
Bientôt cinq pièces de canon dirigées sur la Grosse
Tour, attaquée par Condé, une sur le Marchoux qu'entourait
le régiment de Borie, et quatre autres sur le fort des Dames,
où Sully se révéla un tacticien et un ingénieur
militaire, de premier ordre, avant de devenir un grand ministre, firent
pleuvoir une grêle de boulets sur la malheureuse ville.
Les 30 et 31 mai, une canonnade épouvantable
annonça aux Fontenaisiens que les protestants allaient donner
l'assaut général à leur ville. Despevilles s'empare
du fort des Dames, pendant que le capitaine des Littres et Lhomeau
attaquent bravement le fort Saint-Michel.
Le 1er juin, les travaux d'attaque étaient tellement
avancés que l'on entendait la voix des assiégés.
Alors la Roussière voyant qu'il ne pouvait songer à
se défendre plus longtemps, envoya son lieutenant vers Henri,
qu'il trouva dans les approches des murs dirigeant lui-même
les travaux et payant bravement de sa personne. Les propositions du
gouverneur furent acceptées et les conditions immédiatement
réglées : à midi la capitulation était
signée ; La Boulaye en était nommé gouverneur
et trois jours après le roi s'emparait de Maillezais, dont
l'abbaye, malheureusement, fut mise à sac ainsi que la cathédrale.
Ruines de la Cathédrale de Maillezais. (Cliché
Ducourt.)
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CONTINUATION DE LA LUTTE APRÈS
LA PRISE DE FONTENAY.
- LE ROI DE NAVARRE SE RETIRE A LUÇON,
PUIS A LA ROCHELLE. - DÉMANTÈLEMENT DE PLUSIEURS PLACES.
- BATAILLE DE COUTRAS (20 Octobre 1587).
- LA PESTE SÉVIT A
FONTENAY.
- LES MAGISTRATS ABANDONNENT LA VILLE ET SE RÉFUGIENT
A NIORT.
- PRISE DE MAILLEZAIS ET DE MARANS.
- INCENDIE DE L'ÉGLISE
DE BOIS-DE-CINÉ ET DE L'ABBAYE DE L'ILE
CHAUVET (16 Mars 1588)
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Henri de Navarre, après avoir licencié
presque toute sa cavalerie aussitôt la prise de Fontenay, s'était
retiré pendant quelques jours à Luçon. Il cantonna
çà et là, avec ses compagnies de pied, dont une
bonne partie, pour se reposer de ses fatigues resta devant la ville
prise d'assaut, en attendant une occasion favorable pour reprendre
les hostilités. Il fit ensuite démanteler plusieurs
villes, ne conservant dans la région que Fontenay, Talmont,
Maillezais et Saint-Maixent, et se retira à La Rochelle pour
y goûter un peu de repos. Ce repos ne devait pas être
de longue durée.
Le duc de Joyeuse, parti de Paris le 30 juin, menaçait
Fontenay, mais pendant les mois de juillet, d'août et de septembre
tout se borna à des escarmouches sans importance et à
des cruautés sans nombre, commises par l'armée royale
devant Fontenay. - Pendant ce temps, le roi de Navarre ne restait
pas inactif. Renforcé par Condé et par tout ce que les
huguenots avaient de gens de guerre disponibles dans la Guyenne, l'Aunis
et le Poitou, le Navarrois marcha à la rencontre de Joyeuse(1)
et lui offrit la bataille dans la plaine de Coutras.
Le matin, à la première heure, au moment
où l'armée catholique s'ébranlait, les ministres
protestants Chandieu et d'Amours, entonnèrent devant le front
de l'armée protestante le verset XII du ps.118 :
La voici, l'heureuse journée
Qui répond à notre désir.
A la vue des réformés agenouillés,
la folle ,jeunesse qui entourait Joyeuse poussa des clameurs insultantes
« Par la mort ! ils tremblent, les poltrons, ils
se confessent ! »
- « Vous vous trompez, répondit un capitaine
plus expérimenté, quand les huguenots font cette mine,
ils sont résolus de vaincre ou de mourir. »
Ils devaient vaincre en effet : quatre cents gentilshommes
et deux mille soldats de Joyeuse passés au fil de l'épée,
de nombreux morts, un butin immense qu'on évalue à six
cent mille écus, des étendards déposés
à Marans, aux pieds de la maîtresse du roi, donnant,
comme dit d'Aubigné « sa victoire à l'amour»,
tel fut le bilan de cette journée où les protestants
ne perdirent pas quarante hommes.
Pendant ce temps, la peste sévissait avec une
extrême violence à Fontenay, où depuis trente
ans, les complots et les massacres avaient familiarisé la plupart
des esprits avec le meurtre. - Au milieu de ce bouleversement, les
magistrats de Fontenay reçurent des lettres secrètes
de Henri III, qui leur mandait de sortir de la ville avec tous les
catholiques et sujets fidèles. Les conseils furent suivis et
les malheureux exilés se retirèrent à Niort,
où l'on établit le siège de l'administration
judiciaire. Aussitôt leur départ effectué, les
maisons des magistrats furent pillées et saccagées par
le reste des troupes protestantes demeurées à Fontenay
sous le commandement de la Boulaye.
Après la bataille de Coutras, le Bas-Poitou avait
été pendant quelque temps relativement tranquille. Les
derniers mois de l'année 1587, et les premiers mois de l'année
suivante n'avaient guère été marqués que
par la prise de Marans et de Maillezais, tombés aux mains des
catholiques, et par l'incendie de l'église de Bois-de-Céné
et de l'abbaye de l'Ile Chauvet (16 mars 1588).
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NOTES:
(1) Sa cornette blanche était portée
par Claude de Maillé de Brezé, seigneur de Cerizay,
de la famille des seigneurs de la Flocellière.
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ANARCHIE A FONTENAY. - LE FORT DU BRAULT ET MARANS SE RENDENT AU ROI DE NAVARRE (27 Juin 4588). - LA
GUERRE CONTINUE A LA LIMITE DU BAS-POITOU ET DE LA BRETAGNE, MONTAIGU,
SAINT-GEORGES, CLISSON, VERTOU, NANTES,
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Néanmoins la victoire de Coutras, en rendant
courage aux réformés, malgré quelques échecs
partiels, avait fait que beaucoup de Fontenaisiens protestants étaient
rentrés dans la ville accompagnés d'un certain nombre
de catholiques. - Le maire Frouard signalait son administration par
des mesures propres à inspirer confiance, et bientôt
les conséquences de cette sage conduite ne tardèrent
pas à se manifester, mais les événements qui
se passaient à Paris, la journée des barricades (11
mai 1588) les prédications fanatiques, les félicitations
de la cour d'Espagne, les bénédictions papales, etc.,
avaient eu leur contre-coup à Fontenay, et l'anarchie commençait
à y régner de nouveau lorsqu'on apprit qu'en vertu d'un
des articles secrets de l'Union, Henri III s'engageait à envoyer
une armée en Poitou.
Dans cette province, les Ligueurs avaient partout levé
l'étendard de la révolte ainsi que les protestants.
La Boulaye, aidé de Claude de la Trémouille, avait échoué
dans un coup de main contre Vouvent ; le roi de Navarre, après
avoir repris les forts du Brault et de Charron, s'était emparé
de Marans (27 juin 1588).
D'un autre côté, le duc de Nevers s'avançait
pour venger la défaite de Coutras ; son passage était
signalé par toutes sortes d'excès, et la désolation
était à son comble en Bas-Poitou.
En même temps, le duc de Mercur dirigeait
des troupes nombreuses sur Montaigu, qui appartenait à la famille
de la Trémouille, et René Bourré, sieur de Gersac,
un de ses plus braves officiers, était déjà rendu
à Saint-Georges-de-Montaigu avec un régiment, lorsque
le roi de Navarre apprit la situation critique de cette place qui
tenait pour lui.
Les fortifications, rasées par Albert de Gondy,
duc de Retz, seigneur de Dompierre-sur-Yon, n'avaient pu qu'être
incomplètement refaites par de Colombières qui y commandait,
et tout faisait présager la chute prochaine de Monlaigu si
la garnison ne recevait de prompts secours.
Le roi de Navarre se hâta de sortir de La Rochelle
avec seulement cent chevaux et quelques arquebusiers. Le 9 avril il
était à Luçon, le 10 à Bournezau, où
La Boulaye et Pidoux lui amenèrent quelques renforts, et le
11 aux Essarts, où il apprit que le duc de Mercur, après
avoir assiégé vainement le faubourg Saint-Jacques, s'était
retiré à Clisson. - Le roi n'en continua pas moins ses
poursuites. Accompagné de Sully et de la Trémouille
qui vint le rejoindre à la tête de troupes levées
dans ses terres, il se dirigea vers Montaigu, dont il confia la défense
à la Luzernec, frère de Colombières. - Avec le
renfort que lui procura la garnison de Montaigu, Henri de Navarre
infligea près de Mousnières une sanglante défaite
à Gersay et revint aussitôt à Saint-Georges-de-Montaigu
pour y faire reposer ses troupes. Il mit Montaigu en état de
défense et résolut le siège de Beauvoir dont
nous parlerons plus loin.
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PRISE DES HERBIERS PAR MERCUR.
- NOUVELLE ATTAQUE DE MONTAIGU ET SIÈGES DE LA GARNACHE ET
DE BEAUVOIR. - MALADIE DU ROI
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Mercur ne devait pas tarder à reprendre
l'offensive, et les Herbiers, qui avaient victorieusement résisté
à une première attaque du duc, ne purent tenir contre
une seconde. Devant les ravages causés par une puissante artillerie,
le château capitula.
Pendant ce temps, Henri de Navarre se prodiguait partout,
visitait les villes du Bas-Poitou qui lui étaient demeurées
fidèles, et les engageait à la résistance, d'autant
mieux que tout faisait prévoir de nouvelles attaques des Ligueurs.
En effet, le duc de Nevers venait d'entrer en Bas-Poitou
et Mauléon, défendue par Joachim du Bouchet, traitée
en ville prise d'assaut, bien qu'elle se fut rendue à la vue
du canon.
L'armée royale alla ensuite investir la petite
ville de Montaigu, qui appartenait alors à Condé, et
qui était défendue par trois cents hommes de pied, cent
arquebusiers à cheval et soixante gens d'armes. Le château,
bien que remis en assez bon état sur les ordres du roi de Navarre,
ne put tenir contre les douze pièces d'artillerie qui le foudroyaient,
et le 8 décembre 1588 la garnison capitulait.
Après la prise de Montaigu l'armée royale
se porta sur la Garnache, dont le château était occupé
par une garnison de l'armée du roi de Navarre, qui venait d'obtenir
de nombreux succès sur le littoral de la Saintonge et du Poitou.
Mathurin Brunetière, seigneur du Plessis-Gesté commandait
la place : il avait avec lui une compagnie de chevau-légers
et deux compagnies d'infanterie, qui se virent bientôt renforcées
par de nouvelles troupes et de l'artillerie amenée à
la hâte par le baron de Vignole, d'Aubigné et Robinière.
- Le gouverneur se hâta de mettre à profit les quelques
jours qui lui restaient pour multiplier les moyens de défense
; il occupa ses hommes à fortifier le château, fit garantir
par un éperon la porte qui existait près la chaussée
de l'étang, et fit raser les maisons des faubourgs, ainsi que
la chapelle du Saint-Esprit.
Les postes les plus dangereux ayant été
confiés à d'Aubigné, Robinière, Beauregard,
Ferrière et Forestière, on travailla avec ardeur à
les rendre tenables, et on chercha dans la campagne des hommes pour
aider aux travaux.
Le 15 décembre 1588, les éclaireurs de
l'armée royale s'avancèrent sur les hauteurs des Poirières
pour reconnaître la Garnache. Le lendemain 16, un gros de cavalerie
se présenta au même endroit, et malgré l'énergique
résistance de la Perrine, lieutenant du Plessis-Gesté,
l'ennemi put le soir loger dans les ruines de Saint-Léonard.
- Malgré ce succès des Ligueurs, le reste du mois se
passa en escarmouches, au cours desquelles la cavalerie de la garnison
fit de fréquentes sorties et des prisonniers, dont les uns
furent employés aux fortifications, les autres rançonnés,
d'autres même durent être renvoyés sur parole,
tant on en fit.
Cependant le 30 décembre l'artillerie, consistant
en six canons de batterie, quatre couleuvrines royales et deux moyennes,
saluèrent la ville d'une volée de boulets, mais ce n'était
qu'une fausse attaque. Les pièces furent bientôt transportées
du côté des Justices, pendant que le duc de Nevers sommait
la garnison de se rendre. Le gouverneur refusa, déclarant qu'il
ne reconnaissait d'autre lieutenant général que le roi
de Navarre.
Un froid terrible incommodait fort les assiégés,
qui ne pouvaient continuer les travaux de défense, et l'abaissement
de température fut tel qu'une épidémie se déclara
presque instantanément parmi les assiégés. Néanmoins
le premier jour de l'an 1589 (jour de dimanche), chaque parti sembla
plus occupé des fêtes qui ont lieu ordinairement en cette
occasion que d'agir contre l'ennemi, et ce ne fut guère que
le mercredi 4 janvier, que plus de « huit-cents coups de
canon tirés » ouvrirent une large brèche à
droite et à gauche de la porte d'entrée. Mais le jour
était trop avancé pour que l'assaut fut livré.
Le lendemain matin, les assiégeants, rangés
en bataille, s'avancèrent rapidement contre les brèches
qui étaient larges de seize pas ; ils franchirent les premiers
ouvrages démolis, essuyèrent la décharge des
deux fort qui flanquaient les brèches et perdirent quelques
hommes, car les soldats qui gardaient la porte avaient, quoi qu'inférieurs
en nombre, lutté héroïquement.
La Ferrière, de son côté, luttait
désespérément ; voyant que la glace pouvait porter
ses hommes, il les rallia et sur ce point la résistance fut
tellement énergique que les ligueurs furent obligés
de rétrograder, laissant sur le terrain trois-cents tués
ou blessés. La lutte allait continuer encore si Henri de Navarre
ne fut pas tombé malade à la Mothe-Frelon, près
le Champ-Saint-Père : ce que voyant les assiégés
sortirent de la place le 14 janvier et furent conduits à l'abbaye
de Breuil-Herbault, d'où ils rejoignirent facilement l'armée
du roi de Navarre. Robert de Joyeuse resta au château de la
Garnache avec son régiment.
Quelques mois avant la reddition de la Garnache, Henri
de Navarre était venu faire le siège de Beauvoir. Le
5 octobre, pendant une reconnaissance devant la place, le Navarrois
faillit être tué par les arquebusiers de Villeserein.
Grâce au dévouement de d'Angeunes, qui couvrit le roi
de son corps, Henri n'eut aucun mal. Irrités par ce qui avait
failli arriver à leur chef, les gentilshommes protestants,
au nombre d'une quarantaine, s'élancèrent, l'épée
à la main, sur la troupe de Villeserein qui se retira avec
précipitation vers la forteresse.
Duplessis-Mornay étant arrivé quelques
jours après avec de l'artillerie débarquée à
Saint-Gilles, la, ville fut obligée de se rendre le 21 octobre
; la garnison, composée de cinquante-trois hommes, fat conduite
en l'île de Bouin, où elle avait demandé à
se retirer.
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PRISE DE NIORT PAR SAINT-GELAIS (28Décembre 1588).
- MAILLEZAIS, SAINT-GERVAIS, THOUARS ET LOUDUN
SE RENDENT AUX RÉFORMÉS. - RÉCONCILIATION DES
DEUX ROIS. - SIÈGE DE PARIS. - EXCOMMUNICATION ET ASSASSINAT
DE HENRI III( 1er Août 1589). - LE ROI DE LA LIGUE, TRANSFÉRÉ
A MAILLEZAIS, MEURT A FONTENAY, LE 9 MAI 1590
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Sur ces entrefaites Saint-Gelais enlevait Niort aux
catholiques (28 décembre 1588), et d'Aubigné s'emparait
de Maillezais défendu par Saint-Pompoint. - Saint-Gervais,
Thouars, Loudun se rendaient également aux réformés
qui échouaient devant Parthenay et Vouvent.
Mais la réconciliation de Henri III, abandonné
par la Ligue, et du roi de Navarre, qui venait d'avoir lieu à
Plessis-les-Tours, par l'intermédiaire de Duplessis-Mornay,
allait donner aux hostilités une autre couleur politique. Les
armées combinées des deux rois vinrent, à la
fin de juillet, camper devant Paris dont étaient maîtres
les Ligueurs. Leurs forces royales étaient imposantes, mais
les deux souverains avaient à lutter contre les masses populaires,
et contre l'esprit de parti qui ne pardonne point.
Henri III venait d'être excommunié à
cause de ses relations avec les protestants. Paris retentissait des
déclamations que quelques orateurs emportés exhalaient
contre lui. De terribles passions fomentaient au fond des cloîtres
; l'idée de l'entrée des huguenots dans Paris y soulevait
des paroxysmes de rage. Il était impossible que ces passions
n'armassent pas quelques bras de sectaire et que la Ligue n'eut aussi
son Poltrot. La tradition classique et la tradition juive, la mémoire
de Brutus et celle de
Judith, étaient aussi populaires chez les catholiques
que chez les protestants. Elle allait engendrer un de ces fanatiques
qui sont la honte de leur époque. Le 1er août 1589, un
dominicain, Jacques Clément, frappait à Saint-Cloud,
d'un coup de couteau, Henri III, qui expirait le lendemain à
quatre heures, en récitant à voix basse le premier verset
du psaume LV : Miserere Mei Deus, quoniam conculvavit me homo.
Il avait trente-huit ans.
La mort de Henri III exalta encore les Ligueurs, qui
se donnèrent pour souverain, sous le nom de Charles X, le vieux
cardinal de Bourbon, alors prisonnier à Chinon.
Mais derrière la soutane royale de son compétiteur,
Henri de Navarre, qui venait de se faire reconnaître roi sous
le nom de Henri IV, voyait l'ambitieuse famille de Lorraine et les
chefs de la Ligue qui, au moyen de quelques idées généreuses,
ne visaient qu'à soulever le peuple, à ressusciter la
féodalité, à faire de la France une fédération.
Mais la cause d'Henri 1V, en 1589, était la cause nationale
; au-dessus, de ces majorités hétérogènes
d'un jour, il y avait l'unité permanente de la patrie française
qui, aux heures de nos plus grands revers, est toujours demeurée
comme un principe tutélaire.
Duplessis-Mornay, qui commandait Saumur, reçut
du roi l'ordre d'enlever des mains de Chavigny, gouverneur de Chinon,
le cardinal qu'Henri III lui avait donné en garde. Le roi de
la Ligue fut conduit à Maillezais et confié à
d'Aubigné, mais le climat de notre pays mina rapidement la
santé délabrée de ce vieillard qui, transféré
quelques mois après à Fontenay, dans une maison de la
rue des Loges, y mourut de la gravelle le 9 mai 1590.
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RÉCLAMATIONS DES FONTENAISIENS
CONTRE LES IMPOTS. - TALMONT FORTIFIÉ. - TROUBLES DE
CHAVAGNES-EN-PAILLERS. - ENTRÉE DE HENRI IV A PARIS (22 Mars 1594). - MASSACRE DE
LA BROSSARDIÉRE
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La mort du roi de la Ligue fut loin de ramener le calme
dans les esprits. La Sainte-Union s'agitait toujours, et, sous
le couvert de la religion, jetait le trouble partout. Les discussions
intestines continuaient à désoler le Bas-Poitou, où
le pouvoir royal était de moins en moins reconnu ; le roi,
qui se trouvait au camp de Gonesse, près de Paris, crut prudent
d'enjoindre au duc de la Trémouille de rester dans le pays
avec les forces qu'il devait lui amener.
Chavagnes-en-Paillers (Vue prise de la Lagère
en 1860). - Cliché Auguste Douillard, de Montaigu.
A Fontenay, les catholiques demandaient instamment que
Notre-Dame fut rendue au culte, que la ville fut débarrassée
des ruines qui l'encombraient, que les impôts fussent diminués,
etc., mais la pétition des « chers sujets de la bonne
petite ville de Fontenay » n'eut d'autre résultat que
de valoir au maire l'honneur de recevoir une lettre autographe du
roi, priant les Fontenaisiens d'attendre « qu'il plût
à Dieu de lui permettre de les dégrever » et une
ordonnance royale donnée à Saint-Denis, au mois d'août
1592, confirmant les privilèges de la ville (1).
Quelques mois auparavant, et pour garantir les côtes
d'une incursion possible des Ligueurs, Henri IV avait chargé
Giron de Bessay du commandement d'une compagnie de cavalerie, avec
mission de fortifier la ville de Talmont, dont son fils Jonas fut
nommé gouverneur, le 31 octobre 1596, en remplacement de son
oncle Saint-Étienne, décédé.
Des troubles religieux se produisaient aussi en même
temps à Chavagnes-en-Paillers, au sujet de l'inhumation de
Gilles de Durcot dans l'église paroissiale, et d'un autre côté,
au mois de mars 1594, au moment où Henri IV faisait son entrée
solennelle à Paris (22 mars 1594), les troupes régulières
du Bas-Poitou n'étant point payées, furent sur le point
de se débander.
Quelque temps après l'abjuration d'Henri IV,
un massacre épouvantable de protestants avait lieu au village
de la Brossardière, près de la Châtaigneraie.
Le dimanche 13 août 1595, à l'issue du sermon, des sicaires
venus de Rochefort en Anjou, tuaient 31 réformés sans
défense, en blessaient autant et faisaient 4 prisonniers.
Ce massacre répandit l'effroi parmi les protestants
du pays, Duplessis-Mornay envoya le capitaine Bruneau auprès
des gouverneurs des places du Poitou pour les engager à prendre
les armes contre les bandes de la Ligue et à réprimer
leurs excès, mais peu de jours après, Mercur signa
un traité avec les royalistes et le monstrueux assassinat de
la Brossardière resta impuni.
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NOTES:
(1) Deux ans après, au mois de novembre
1594, une élection ayant été créée
aux Sables-d'Olonne, mit de fort mauvaise humeur les élus de
Fontenay, dont les intérêts se trouvaient, par ce fait,
sérieusement lésés.
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LA GARNAGHE, TiFFAUGES, POUZAUGES ET LA FLOCELLIÈRE SE RENDENT AU ROI.
- MARIAGE DE LA FILLE
DU DUC DE MERCUR AVEC LE DUC DE VENDOME
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Au nord-ouest du Bas-Poitou on guerroyait encore : La
Garnache, appartenant comme Beauvoir à la maison de Rohan,
avait pour gouverneur Eusèbe du Puy-du-Fou, très attaché
à Jean de Beaumanoir de Lavardin, maréchal de France,
mais il l'était aussi au duc de Mercur. Voulant se dégager
de cette situation fausse, il profita de l'approche des régiments
de Goulaine, de la Perraudière et de Vauvrilles, pour rendre
la place au roi (20 mai 1597). Le même jour, la garnison ligueuse
de la. Grange-Maronnière, près d'Aizenay, était
également taillée en pièces par le capitaine
La Ferrière.
Au commencement de l'année 1597, la Ligue était
pour ainsi dire éteinte par toute la France, excepté
en Bretagne et en Poitou, où Mercur se maintenait moins
par sa propre force que par les circonstances qui retenaient alors
le roi ailleurs. De nombreux châteaux que le duc possédait
dans le bocage, notamment Tiffauges, étaient autant de repaires
de brigands. Le pays était désolé par eux. Ils
volaient et pillaient partout, dit un chroniqueur, et « il n'y
avait personne assurée de sa maison, ni sur les chemins. »
- Au même moment, la Flocellière était prise par
un lieutenant de Mercur, le vicomte de La Guerche, et livrée
au sac (30 juillet 1597).
Mais ces exactions ne pouvaient durer plus longtemps.
A la suite d'une réunion de la noblesse et de la bourgeoisie
catholique convoquée à Fontenay par Malicorne, pour
aviser aux moyens de faire cesser les troubles qui agitaient le pays,
on se décida à prendre les armes contre les bandes du
dernier chef de la Sainte-Union, et le peuple finit par sonner le
tocsin à la vue de l'écharpe noire des défenseurs
de la foi.
Le 3 août, c'est-à-dire quatre jours après
le sac de la Flocellière, le gouverneur du Poitou ordonnait
à de Parabère de conduire du canon devant cette place
et de s'en emparer. En présence des forces considérables
amenées par le lieutenant général, les protestants
de la Flocellière mirent bas les armes. Tiffauges fut abandonné
par Champigny, et Pouzauges se rendit à Pierre de Chouppes,
pendant que Mercur envoyait sa femme à Angers, pour traiter
de son accommodement avec le roi (20 mars 1598).
Le 3 avril suivant, le mariage de sa fille Françoise
avec le duc de Vendôme, fils naturel du roi et de Gabrielle
d'Estrée, consacrait définitivement la paix.
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DIVISION DE LA PROVINCE EN SEPT CANTONS.
- EXPLOITS DU FAMEUX GUILLERI.
- ÉDIT DE NANTES (13 Avril 1598).
-PLACES DE SURETÉ DONNÉES AUX PROTESTANTS. - ENTRETIEN
DES MINISTRES PAR L'ÉTAT.
|
La province fut alors divisée en sept cantons,
sous le commandement d'un nombre égal de capitaines. Ces précautions
amenèrent la destruction des derniers levains de discordes
et l'anéantissement des bandits qui rançonnaient la
contrée, à l'exception de la troupe la plus redoutable
commandée par un nommé Guilleri, homme d'un courage
à toute épreuve et d'une audace incroyable, né
aux Landes, paroisse de Boulogne, d'un père maçon de
son état. Retranché dans un petit château des
environs des Essarts, nommé le Bois-Potuyeau, qu'on désigne
comme son quartier général, il mettait à contribution
tout le pays, et étendait ses brigandages jusque vers Niort
et La Rochelle. Assiégé et pris dans son repaire du
Bois-Potuyau, Guilleri fut fait prisonnier et roué vif sur
la place de Saintes en 1608.
A Fontenay, les catholiques étaient rentrés
en possession de Notre-Dame, et de leur côté les protestants
prenaient leurs mesures pour faire édifier un temple dans une
ville qui leur était donnée (6 décembre 1597)
comme place de sureté, mais cette concession n'était
que le prélude de l'Édit de Nantes, publié le
13 avril suivant.
La paix étant faite avec l'Espagne, et Mercur
venant de déposer les armes, Henri IV comprit qu'une ère
de pacification devait succéder à trente-cinq années
de sanglants déchirements.
Le célèbre Edit fixait irrévocablement
l'état civil, politique et religieux des protestants. Appelés
comme les catholiques à contribuer aux charges de l'Etat, les
réformés étaient déclarés capables
de tous les emplois publics et dignités.
C'était une mesure de haute politique, approuvée
par les gens sages, blâmée par les fanatiques, un voile
jeté sur le passé terrible, qui avait mis la France
à deux doigts de sa perte, et une garantie de tranquillité
pour l'avenir.
De nombreuses places de sûreté étaient
laissées aux mains des protestants, comme garantie de l'exécution
de l'Édit. A l'exception de la capitale, toutes les principales
villes du Poitou étaient en leur pouvoir et y restèrent.
Dans notre pays, Niort, Fontenay, Maillezais, Marans,
Talmont, Beauvoir-sur-Mer, et plus tard la Garnache furent confiés
à des garnisons huguenotes soldées par l'Etat. - Une
partie de l'entretien des ministres fut aussi mise à la charge
du trésor public : douze pasteurs furent chargés de
desservir le colloque ou la classe de Fontenay, qui comprenait dans
son ressort, Fontenay, Maillezais avec Saint-Hilaire, Luçon,
Saint-Benoît avec le Tablier, Talmont, La Chaume, Saint-Gilles-sur-Vie,
Le Poiré avec Belleville, Mareuil avec La Bretonnière.
Sainte-Hermine avec La Chapelle-Thémer, Le Puybelliard avec
Chantonnay, Mouilleron avec Bazoges, La Châtaigneraie avec Pouzauges,
Mouchamps avec Les Herbiers et Saint-Fulgent, Vaudoré.
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VOYAGE DE SULLY A FONTENAY (1604).
- CONSISTOIRE. - DES TROUPES DE MALANDRINS INFECTENT LE PAYS. - ENTREE
DE RICHELIEU A FONTENAY (21 décembre 1608)
|
Malgé tout, le Poitou n'était pas sans
causer quelques craintes à Henri IV. Depuis qu'il avait abjuré
le protestantisme, ses anciens amis se défiaient de lui et
gardaient un profond ressentiment de ce qu'ils appelaient son ingratitude.
- Il était donc urgent d'empêcher les mécontents
de cette province de se joindre à ceux que la conspiration
du maréchal Biron avait démasqués. C'est dans
l'espoir de ramener à lui les esprits encore hésitants,
qu'il envoya Sully faire en Poitou, une tournée qui avait pour
prétexte la prise de possession de la province dont il avait
été pourvu le 3 décembre 1603, en remplacement
de M. de Malicorne, mais qui en réalité fut triomphale,
et produisit le résultat qu'on en attendait.
Le 9 juillet 1604, Sully fut reçu en grande pompe à
Fontenay, où il demeura pendant plusieurs jours. Il mit à
profit son voyage dans cette ville pour régler un différend
entre la commune et Zacharie de Pirelle, contrôleur des guerres,
étudier la question de la navigabilité de la Vendée
et faire visiter toutes les côtes du Bas-Poitou, par Nicolas
et Boy.
Grâce à lui, une assemblée composée des
députés des consistoires put, l'année suivante,
se réunir à Fontenay et y discuter les intérêtes
temporels et spitituels, mais par crainte de troubles possibles, le
roir s'opposa en 1606 au synode national que les protestants voulaient
tenir à La Rochelle.
Malgré une paix apparente dans le bocage surtout, les habitants
continuaient à être dévalisées, et pendant
de longues années encore, la région de la. Châtaigneraie
et Pouzauges était le point de réunion de tous les gens
sans aveu de cinquante lieues à la ronde.
Quatre ans après la mort de Guilleri, en 1612,
le passage du Lay, entre Chantonnay et Sain t-Philhert-du-Pont-Charrault,était
tellement redouté des voyageurs, qu'ils se trouvaient forcés
de former des caravanes pour aller de Nantes à La Rochelle.
Le 14 septembre de cette année, le porteur des dépêches,
trois marchands bretons, deux autres voyageurs et leur domestique
furent assaillis dans ce lieu. Deux furent tués, quatre blessés
et le courrier ne dut son salut qu'à la vitesse de son cheval.
Dans le domaine religieux, des escarmouches entre protestants
et catholiques se succédaient avec des chances presque égales,
et souvent les capucins et les ministres, non contents de dogmatiser,
faillirent en venir aux mains.
Pendant que ces misérables querelles ravivaient
les haines, un évêque qui, quelques années plus
tard devait devenir un grand ministre, Richelieu, sacré évêque
de Luçon le 17 avril 1607, faisait le 21 décembre 1608
son entrée dans Fontenay au milieu d'une foule nombreuse et
enthousiaste.
Le même accueil ne devait pas se produire dans
la ville épiscopale, où dès son arrivée,
il se heurta à de nombreuses difficultés suscitées
par les protestants, et aussi par certains catholiques qui cultivaient
sur une vaste échelle le système des confiscations ;
mais le grand évêque était de taille à
se faire obéir.
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ASSASSINAT D'HENRI IV (l4 Mai 1610).
- LE PREMIER ROI EN POITOU. -
LES ÉTATS-GÉNÉRAUX
DE 1614. - ENTRÉE DE CONDÉ EN CAMPAGNE (1615). - SULLY
LUI LIVRE SES PLACES DE SURETÉ DU POITOU
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C'est sur ces entrefaites qu'un criminel, François
Ravaillac, frappait lâchement d'un coup de couteau Henri IV,
dans la rue de la Ferronerie, à Paris (14 mai 1610).
Un immense cri de douleur s'éleva d'un bout de
la France à l'autre, à la nouvelle de la mort du roi
qui fut le plus sympathique par les manières et par le cur,
du roi qui s'occupa le plus sérieusement des intérêts
du sol et des travailleurs, et en qui les penseurs ne cesseront jamais
d'honorer le précurseur d'une Europe nouvelle.
Les conséquences de l'assassinat du roi n'allaient
pas se faire attendre longtemps, et les passions, avides et turbulentes,
que la fermeté d'Henri IV avait contenues devaient se rallumer.
D'un côté, les grands, naguère écrasés
avec la Ligue, tentèrent bientôt de ressaisir le pouvoir
et de recommencer les luttes épuisées de la féodalité.
De l'autre le protestantisme avec sa force militaire, ses places de
sûreté, ses assemblées, son organisation militaire,
politique et toutes les garanties qui lui étaient assurées
par l'Edit de Nantes, essayait de créer dans l'Etat un corps
indépendant et ne dissimulait point ses vues menaçantes.
Le duc de Rohan cherchait à se former un parti
dans l'Ouest, et dès 1612 aurait pris les armes sans la sage
intervention de Mornay. La fameuse assemblée de Saumur, où
s'étaient réunis les députés des seize
provinces ecclésiastiques de la France protestante, venait
d'être dissoute, sans mettre fin à l'agitation qui régnait
parmi les réformés.
L'anarchie était partout, et à la cour
surtout, où Condé, le 13 février 1614, somme
la reine-mère de convoquer les Etats-généraux
sous trois mois. - Marie de Médicis, qui savait par ses émissaires
qu'une partie de la noblesse du Bas-Poitou était disposée
à seconder les projets ambitieux de Condé, se décida
à venir dans ce pays, avec le jeune roi. Elle partit de
Paris, le 5 juillet 1614 : partout les populations, irritées
contre les fauteurs des désordres, saluèrent Louis XIII
de leurs acclamations et Fontenay, où ils passèrent
paraît-il au mois d'août, fit à ses hôtes
un accueil enthousiaste.
Quelques jours après, se réunissaient
les Etats-généraux, où devaient se distinguer
François Brisson, sénéchal du roi à Fontenay,
Jean Besly, avocat au même siège et surtout l'évêque
de Luçon, Richelieu, qui pour la première fois, du moins
sur un grand théâtre, avait l'occasion d'élever
cette voix qui devait un jour maîtriser bien d'autres tempêtes.
Les Etats-généraux s'étant séparés
sans rien décider, les mécontents résolurent
d'en profiter pour lever à nouveau l'étendard de la
révolte. - De toutes parts les protestants couraient aux armes.
Le 9 août 1615, Condé lance un manifeste violent contre
le clergé catholique, et entre en campagne avec cinq ou six
mille hommes, décidés à marcher en Guyenne pour
s'opposer au mariage du roi. - A la fin de décembre de cette
année, Sully lui livrait ses places du Poitou, notamment Fontenay.
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PAIX DE LOUDUN. - CONDÉ ARRÊTÉ
(1616). - ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE LA ROCHELLE.
-VENTE DU DOIGNON ET DE MAILLEZAIS AU DUC DE ROHAN PAR D'AUBIGNÉ
(1619).
|
Le 16 mai suivant était signée la paix
de Loudun, qui accordait notamment quinze-cent-mille livres à
Condé pour les frais de la guerre ; ce n'était qu'une
éclaircie dans un ciel chargé d'orage. Condé,
qu'on ne cessait de représenter à la reine-mère
comme un futur usurpateur était, le 1er septembre 1616, arrêté
par le marquis de Thémines, sénéchal du Quercy.
Les autres princes qui avaient pactisé avec lui s'échappèrent
et purent se retirer dans les provinces qui leur étaient dévouées.
L'entrée en campagne ne se fit pas attendre :
les princes, déclarés criminels de lèse-majesté,
furent attaqués dès le mois d'avril 1617 et battus sur
tous les points. Il ne leur restait plus d'autre ressource que la
clémence du roi.
Le 25 juin de cette année, un arrêt du
Conseil ayant ordonné le rétablissement du culte catholique
dans toutes les villes, bourgs et villages du Béarn, souleva
de virulentes protestations parmi les réformés. Malgré
les hommes éclairé du parti, l'Assemblée générale
fut transférée à la Rochelle, à la fin
de 1618. Malgré aussi une violente déclaration fulminée
contre elle au mois de janvier 1619, par le Parlement, elle n'en demeura
pas moins le centre d'où partirent toutes les déclarations
enflammées de certains orateurs, les libellés des exaltés
du parti, d'autant mieux que partout, en Bas-Poitou, se créaient
des couvents, notamment dans les contrées où le protestantisme
demeurait vivant.
Aux portes de Fontenay, d'Aubigné, gouverneur
de Maillezais, s'attachait au parti du duc de Rohan, achetait l'île
du Doignon, et y bâtissait une forteresse d'où il exerçait
un droit de péage sur les bateaux qui descendaient ou remontaient
la Sèvre.
Ces deux places, dont disposait d'Aubigné, inspirèrent
des craintes à la cour, et l'on fit offrir au vieux capitaine
deux-cent-mille écus pour qu'il s'en dessaisit. Mais d'Aubigné,
qui ne voulait pas qu'elles tombassent entre les mains de l'évêque
de Maillezais ou du duc d'Épernon, traita avec le duc de Rohan
pour la moitié du prix qu'on lui offrait.
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|
PLAN D'UNE RÉPUBLIQUE FÉDÉRATIVE.
- LE ROI MARCHE CONTRE LES RÉVOLTÉS. - DUPLESSIS PERD
SON GOUVERNEMENT DE SAUMUR. - LOUIS
XIII ACCLAMÉ A THOUARS,
PARTHENAY, CHATELLERAULT.
|
Les chefs du parti protestant, réunis à
la Rochelle, n'avaient rien écouté, et malgré
les efforts d'une nombreuse minorité, les résolutions
les plus violentes avaient prévalu, notamment celle de faire
de la France une vaste république fédérative.
Un des principaux personnages de cette organisation devait être
le duc de Soubise, à qui on attribuait le second cercle, formé
de la Bretagne, de l'Anjou et du Poitou.
La cour, en face de ce rêve anti-national, pressait
sans relâche de redoutables préparatifs. Le 29 avril
1621, le roi se mit en route, à la tête de ses troupes,
non sans avoir lancé sur l'Assemblée de la Rochelle
et ses adhérents, une déclaration de lèse-majesté,
qui garantissait toute sécurité civile et religieuse
aux réformés paisibles. Cette distinction équitable
et politique fut confirmée par un acte significatif : Louis
XIII, en passant à Tours, fit pendre cinq des auteurs d'une
émeute dans laquelle la populace de cette ville avait récemment
saccagé le temple et quelques maisons de réformés.
L'Assemblée de la Rochelle répondit à
la déclaration du roi par un manifeste qui justifiait la guerre,
et par un règlement qui l'organisait (10 mai). Elle fit faire
un sceau sur lequel était figuré un ange tenant d'une
main une croix, de l'autre l'Évangile et foulant aux pieds
une figure « qu'ils disoient être l'Église romaine
(1) ».
Le roi, entré à Saumur ce même jour,
en repartit le 17, après avoir enlevé le gouvernement
à Duplessis-Mornay, qui le possédait depuis trente-deux
ans. Arrivé à Thouars, où Julien Collardeau,
maire de Fontenay, lui apporte, le 20 mai, les clefs de la ville,
le roi détache le duc de la Trémouille du parti des
réformés. Toutes les villes se soumettaient : Parthenay
reçut le roi avec enthousiasme, et Châtellerault lui
envoya des députés, pour l'assurer de son obéissance.
Le 23 mai, Louis XIII se présenta devant Fontenay. La dame
de la Boulaye en était gouvernante. En son absence, son lieutenant,
Delorière, remit la place au roi, qui y plaça quatre-cents
hommes, et le gouvernement au comte de La Rochefoucauld, obligé
d'habiter Fontenay.
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|
NOTES:
(1) Mémoires de Richelieu,
page 235.
|
MAILLEZAIS ET MARANS SE RENDENT A
LUI. - SIÈGE ET PRISE DE SAINT-JEAN-D'ANGÉLY PAS LOUIS
XIII. - SON RETOUR A PARIS. - LE CLERGÉ, DE NOUVEAU MOLESTÉ
|
Le lendemain 21 mai, Maillezais se rendit au roi et
le même jour, le gouverneur de Marans, frère de La Boulaye,
apportait les clefs du château. Saint-Maixent s'étant
également rendu, le roi se présenta le 1er juin devant
Saint-Jean-d'Angély qui, malgré sa vieille enceinte
du moyen âge, ne put tenir longtemps contre une puissante artillerie.
Le 25 juin (s1) la ville demanda une capitulation par l'entremise
d'un bas-poitevin, Isaie du Mats, seigneur de Montmorin et de Pouzauges.
Cette capitulation fut accordée, et Soubise eut, sous promesse
de fidélité pour l'avenir, le pardon qu'il sollicitait.
Après avoir maintenu dans la ville soumise la
liberté de conscience et du culte, Louis XIII retourna à
Paris, non sans avoir préalablement fait mettre par ses lieutenants,
Favas, La Noue et Bessay, dans l'impossibilité de continuer
la lutte sur le Lay, où ils avaient opéré plusieurs
descentes, et dans le Talmondais qu'ils avaient ravagé.
Mais l'engagement de Soubise ne devait pas tarder à
être déchiré. Les Rochelais, maîtres de
la mer depuis l'automne de 1621, ravagent le pays compris entre la
Loire et la Garonne ; les religieux de l'abbaye de l'île-Chauvet
sont chassés et remplacés par des soldats calvinistes
; le curé de Mouchamps, Isaac Ringère, ligotté
par les protestants, et conduit à la Chaize-leVicomte «
en l'armée de Soubise » qui s'apprêtait à
mettre le siège devant les Sables-d'Olonne.
(1) Deux jours auparavant, Mlle de Rohan
avait chassé de la Garnache les protestants, qui s'en étaient
emparés, et qui en faisaient une retraite de brigands.
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|
SIÈGE DES SABLES-D'OLONNE ET SAC DE LA VILLE PAR SOUBISE. - LE COMTE DE LA ROCHEFOUCAULD POURSUIT
SOUBISE QUI, LE 31 MARS 1622, PREND LUÇON ET LE LIVRE AU PILLAGE.
- LES ÉCHECS DE SOUBISE A SAINT-GILLES, TALMONT ET NOIRMOUTIER
|
Au mois de février 1622, l'armée protestante
vint investir cette ville. Bon nombre de gentilshommes catholiques
qui s'y étaient retirés firent, de concert avec les
habitants, une vigoureuse résistance. Mais la plupart périrent,
et les assiégés, voyant qu'ils ne pouvaient se défendre
plus longtemps, adressèrent des propositions à Soubise.
Celui-ci leur imposa pour conditions 1° de lui payer vingt-mille
écus ; 2° de lui fournir quatre-vingts pièces de
canon et trois vaisseaux. Il s'engageait, de son côté,
à les préserver du pillage. Les assiégés
acceptèrent le traité et l'exécutèrent,
mais Soubise ne fut pas plus fidèle à cette promesse
qu'à celle qu'il avait faite au roi.
Il permit à ses soldats le pillage pendant deux
heures ; ils se livrèrent à tous les désordres
imaginables. Ils emportèrent les calices, les vêtements
sacerdotaux et les cloches, brisèrent les images, profanèrent
ce qu'il y a de plus sacré. Ils firent des drapeaux avec les
plus beaux ornements des églises, enlevèrent tout ce
qui appartenait aux habitants, et les laissèrent presque nus,
exposés à la plus grande misère.
Le comte de la Rochefoucauld réunit la noblesse
du pays afin de réprimer ces brigandages. Secondé par
des Roches-Baritaud, il poursuit Soubise à La Roche-sur-Yon,
aux Clouzeaux, à La Chaise-le-Vicomte, bat son lieutenant Cressonnière
à Mareuil. - Mais l'intrépide huguenot demeurait toujours
intraitable. Battu à Pouillé et à Thiré,
il va, le 31 mars 1622, mettre le siège devant Luçon
qui est pris de nouveau et livré au pillage.
Il fallut entreprendre une nouvelle campagne contre
le terrible réformé qui venait d'éprouver un
échec devant Saint-Gilles et qui avait vainement assiégé
Talmont et Noirmoutier. Le roi se décida à aller en
personne combattre les rebelles.
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|
ARRIVÉE DE LOUIS XIII EN BAS-POITOU.
- LES FORCES DE SOUBISE. - LA CONCENTRATION DE L'ARMÉE ROYALE.
- PRISE DE VIEILLEVIGNE. - ARRIVÉE DU CORPS DE LA
ROCHEFOUCAULD.
- L'ARMÉE ROYALE A CHALLANS (14 Avril). - ARRIVÉE DU
ROI DEVANT RIEZ. - IL TRAVERSE LE CANAL DE BESSE
|
Le roi, alors à peine âgé de vingt
ans, partit de Paris le dimanche des Rameaux, 22 mars 1622 et arriva
à Nantes le 10 avril, avec une nombreuse escorte de princes
et seigneurs, de hauts dignitaires de l'Eglise. - Le 9, Soubise, arrêté
dans sa marche du côté de la Bretagne, s'était
dirigé vers les îles de Riez et de Monts, avec l'intention
apparente de s'y loger. Ses forces se composaient de six à
sept mille hommes d'infanterie, commandés par le comte de Marenne,
La Mothe-St-Surin, Vaudoré, Ballebat et Rollandière,
de huit-cents chevaux et de sept pièces de canon.
Apremont. - Le Château, l'Eglise et la Vallée
de la Vie (Cliché de M. Renaud).
Sans attendre les renforts demandés, et malgré
l'avis de plusieurs de ses conseillers qui lui faisaient observer
que l'armée royale était dépourvue d'artillerie,
le roi se décida à marcher immédiatement à
la rencontre de Soubise. Le comte de La Rochefoucauld, qui se trouvait
alors devant le château de la Chaume, reçut l'ordre de
venir à Apremont rejoindre le monarque qui, le 12 Avril, partit
de Nantes, se dirigeant sur Vieillevigne, où devait avoir lieu
la concentration des troupes. L'armée royale, composée
de huit mille hommes d'infanterie aux ordres de Louis de Marillac,
Bassompierre et Clérembault, des gendarmes de la garde du roi,
des chevau-légers et d'une compagnie de carabiniers, commandée
par Schombert, atteignit gaiement le but, sous une pluie battante,
en devisant des ennuis de la journée. Le château de Vieillevigne,
abandonné par Gabriel de Machecoul, qui était allé
rejoindre l'armée calviniste, fut pris par le duc de Vendôme,
qui s'empara des armes qui s'y trouvaient.
De son côté, La Rochefoucauld, avec le
coup d'il d'un capitaine consommé, avait admirablement
organisé ses forces, composées indépendamment
d'un grand nombre de volontaires, de la noblesse poitevine, de trois
régiments d'infanterie, dont l'un aux ordres de Châtellier-Barlot,
seigneur de Velluire.
Après avoir investi le fort de La Chaume, qui
paraissait être le point d'appui des opérations militaires
de l'armée calviniste, coupée ainsi de ses relations
avec la mer, et malgré la faiblesse numérique de ses
forces, il n'hésita pas à harceler Soubise jusque dans
l'île de Riez, défendue par un vaillant royaliste du
Bois de Kergrois, mais qui devant le nombre des ennemis avait dû
abandonner la position.
A la suite d'un conseil de guerre tenu dans la nuit
du 13 au 14 avril, il fut décidé sur l'avis de Condé,
général en chef, et de Bassompierre de hâter la
marche de l'armée royale.
Le 14 au matin, les colonnes se dirigèrent en
ordre de bataille vers Challans, où le roi s'installa chez
le sieur Massé de Grousseau de la Coursandière, et le
prince de Condé chez Mme de Logerie. Après avoir pris
des informations, on combina ses mesures en vue d'une attaque qu'on
s'attendait à être tellement chaude, que plusieurs d'entre
les chefs, notamment le prince de Condé, le comte de Soissons,
le duc de Vendôrne, le comte de Saint Paul et leur suite «
crurent devoir mettre ordre à leur conscience, en se confessant
et en communiant (1). »
Etabli dans l'île de Riez comme dans un fort inexpugnable,
protégé d'un côté par la mer, d'un autre
par les eaux profondes de la Vie, d'autre part enfin par les canaux
et la fange des marais, le chef calviniste s'y était cru en
sûreté. Mais le roi ne laissa pas à Soubise le
temps de se retrancher dans cette forte position. Le vendredi 15,
à trois heures du matin, le roi s'en alla avec sa cornette
blanche devant Riez, en suivant la longue et pénible chaussée
qui, flanquée de deux larges fossés remplis d'eau, traversait
le marais. - La journée entière se passa à attendre
des compagnies qui s'étaient égarées et à
observer l'ennemi qui se fortifiait au pont d'Orouet.
Après un engagement heureux contre Soubise, La
Rochefoucauld ayant opéré sa jonction avec l'armée
royale, entre Coumequiers et la commanderie des Habites, le roi passa
la revue des troupes, et tout étant prêt pour l'expédition,
on se décida à agir.
A minuit, profitant de ce que la mer était basse,
le roi, à cheval à la tête de sa gendarmerie,
traversa le canal de Besse, distant de la mer de cinquante pas, laissant
à cet endroit un nom qu'il porte encore aujourd'hui.
La cavalerie et l'infanterie ayant pu se réunir,
le roi fit faire de grands feux pour réchauffer les soldats
et distribuer des vivres. Louis mangea au milieu d'eux sur le gazon,
prit quelques instants de repos sur une poignée de paille,
puis ayant pourvu au besoin de ses troupes, il les disposa au combat.
- On était au samedi 16.
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|
NOTES:
(1) Documents consignés sur les
registres de la paroisse de Challans par le curé de l'époque,
Germain Régaudineau.
|
ATTAQUE DE SOUBISE (16 Avril). SA FUITE. NOMBREUX
PRISONNIERS, - HORRIBLE SPECTACLE APRÈS LA BATAILLE
|
Le roi, monté sur un superbe genet d'Espagne
blanc, marchait au milieu des troupes avec sa compagnie de gendarmes,
et l'on s'avançait en bon ordre vers le bourg de Riez, lorsque
le maréchal de Vitry apprit que ce bourg était évacué,
et que Soubise
s'était sauvé à la nage, suivi
de cent-cinquante cavaliers, abandonnant le gros de son armée
à l'ennemi (1). Ses soldats d'infanterie, qui remplissaient
les maisons et les bateaux de Saint-Gilles, de Croix-de-Vie et de
Riez, faisaient des efforts désespérés pour gagner
le large. Condé tomba sur eux comme sur une proie facile, et
ils allaient être impitoyablement massacrés, si le roi
ne leur avait accordé la vie, à la condition de servir
sur ses galères.
Un certain nombre de barques s'étant cependant
éloignées de la terre se mirent à tirer sur les
troupes royales. On leur répondit par une décharge meurtrière
qui leur tua beaucoup de monde. D'autres rebelles, qui essayaient
de se sauver à travers les marais, furent assommés par
les paysans. La cavalerie ne fut pas plus heureuse, malgré
l'énergie de son brave commandant. qui seul au milieu de cette
panique universelle ne perdit pas la tête. Il fut fait prisonnier
par Baïes, lieutenant de La Rochefoucauld, qui s'était
mis à sa poursuite.
Presque tous les chefs de l'armée calviniste
tombèrent au pouvoir du roi, notamment : le comte de Marennes,
principal lieutenant de Soubise, Louis Regnier de la Planche, fils
du célèbre auteur de l'Estat de la France, de la
Religion et de la République pendant le règne de François
II ; La Morinière, Gabriel de Machecoul, et le sieur de
la Rollandière, d'Aizenay, dont la femme, Renée de Rivaudeau,
était la nièce du poète poitevin de ce nom.
Le butin fut considérable : les sept canons que
possédait l'armée calviniste restèrent au pouvoir
du roi. Les drapeaux blancs et bleus, qui n'avaient pas été
détruits, furent pris. Le roi les envoya à sa mère
et donna les navires au comte de La Rochefoucauld. Le reste du butin
fut en partie abandonné aux soldats, à l'exception des
ornements d'église, qui furent autant que possible restitués.
Plusieurs chariots étaient chargés de cloches enlevées
dans les églises.
L'île et les environs de Riez, que le roi visita
avec Châtellier-Barlot, présentaient un spectacle horrible
après la bataille. Deux-mille-cinq-cents corps inanimés
étaient étendus çà et là sur la
terre humide du marais, ou noyés dans les canaux et les rivières,
tandis que la mer, pour ajouter à l'horreur de cette scène,
rejetait cent-vingt cadavres sur le rivage. Le roi n'avait perdu que
vingt hommes, et avait arraché sept-cents protestants à
la rage de ses troupes. Il envoya les soldats à Nantes et les
distribua ensuite sur ses galères. Les gentilshommes, au nombre
de neuf-cents, allèrent expier leur faute dans les prisons
de Saintes, de Fontenay et de Poitiers.
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NOTES:
(1) Poursuivi par La Rochefoucauld, Bayers
et Thomas,, de la Pintière, il alla se cacher chez Mme de Saint-Amand,
à une lieue de Mauze.
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LE ROI SE DIRIGE D'APREMONT SUR FONTENAY,
PAR AIZENAY, LA ROCHE, LA CHAIZE-LE-VICOMTE, SAINTE-HERMINE.
- SON DÉPART POUR NIORT.
- MARIE DE MÉDICIS SÉJOURNE A FONTENAY-LE-COMTE (16 Mai 1622)
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Le roi, satisfait d'avoir délivré le pays
des brigandages, se rendit à Apremont, où il ordonna
la démolition du château d'Apremont, puis se dirigea
sur Fontenay, en passant par Aizenay, la Roche-sur-Yon, la Chaize-le-Vicomte
et Sainte-Hermine, où il fut reçu avec sa nombreuse
escorte, par Madame de la Tabarière, fille de Duplessis-Mornay,
et femme de Jacques des Nouhes. En quittant Sainte-Hermine, le roi
continua sa marche vers Fontenay, où il arriva, avec toute
sa cour, le 22 au soir. Il y séjourna jusqu'au 26 et le lendemain
se rendit à Niort. La reine-mère, retenue par une indisposition,
n'avait pu arriver que le 12 mai à Fontenay, où elle
demeura dans la maison du gouverneur, qui existe encore près
de la Grand'Fontaine.
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LA ROCHELLE SE RÉVOLTE DE NOUVEAU.
- SOUBISE S'EMPARE DE L'ILE DE RÉ, D'OLÉRON, ETC.,CAPTURE
PLUSIEURS NAVIRES DE LA FLOTTE ROYALE, NOTAMMENT « LA VIERGE
». - COMBAT NAVAL DES SABLES.
HÉROISME DES MARINS
DE LA « VIERGE»
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Au milieu d'une ère d'apaisement amenée
surtout par la défaite de Soubise, La Rochelle murmurait
toujours des mesures qu'on prenait contre elle, et le 20 octobre 1622,
elle avait encore livré dans les eaux de l'île de Ré,
un combat naval à la flotte royale, commandée par le
duc de Guise. Tout annonçait donc le projet d'en finir avec
cette cité si jalouse de ses libertés, et aussi avec
les protestants, trop souvent aveuglés par l'esprit de parti
et l'amertume de leurs défaites passées.
A la suite de certains scandales, arrivés surtout
dans diverses églises, où quelques protestants avaient
été un peu molestés, La Rochelle venait encore
de se soulever et de faire appel à l'étranger. Les deux
frères Rohan et Soubise, emportés par un vertige difficile
à expliquer, accédèrent au projet des Rochelais,
et un rapprochement monstrueux s'opéra secrètement entre
ces chefs calvinistes et les agents de l'Espagne, qui avaient menacé
Richelieu de rendre aux huguenots l'argent donné par la France
aux Hollandais, et qui tinrent parole.
Dans les premiers jours de janvier 1625, Soubise se
met en mer avec une douzaine de petits bâtiments et se saisit
de l'île de Ré. De là, il fait voile vers les
côtes de Bretagne et surprend, dans le port de Blavet, six vaisseaux
du roi, dont un, La Vierge, portait quatre-vingts canons «
de fonte verte », chose prodigieuse pour ce temps. Puis il s'empare
de Saint-Gilles et de l'île d'Oléron, pendant qu'un corps
de troupes est envoyé par Richelieu à la limite du Poitou
et de l'Aunis, et que des vaisseaux, demandés aux puissances
protestantes, s'apprêtent à livrer combat aux huguenots
français, qui venaient follement en aide à la maison
d'Autriche.
Les armées navales furent bientôt en présence
; les vingt navires promis par la Hollande étaient arrivés
sur les côtes de Vendée, et douze d'entre eux avaient
reçu des capitaines et des soldats français, condition
exigée par Richelieu, qui savait que les marins hollandais
ne servaient qu'à regret contre leurs coreligionnaires. Manti,
vice-amiral, s'était réuni avec une douzaine de vaisseaux
français à Houtsteen, amiral de. Zélandé
qui commandait l'escadre auxiliaire, et l'on attendait encore vingt-deux
bâtiments qui achevaient de s'équiper aux Sables-d'Olonne,
qu'animait une ardente rivalité contre La Rochelle. Soubise
voulut prévenir la jonction des Olonnais avec les deux amiraux
; le 16 juillet, il assaillit brusquement, avec trente-neuf voiles,
la flotte franco-batave qui se croyait sur la foi d'une suspension
d'armes, et lança des brûlots sur les principaux navires.
Le vaisseau amiral de Houtsteen fut consumé, et quatre autres
navires pris ou coulés. Mais Soubise fut moins heureux devant
l'île de Ré ; ses défenseurs furent battus sur
mer et sur terre, les marins anglais ne manuvrèrent que
l'épée sous la gorge.
Une dizaine de vaisseaux protestants furent pris. La
Vierge, le plus puissant navire qu'on eut vu encore en France,
conquis par Soubise devant le port du Blavet, avait touché
à la côte ; trois vaisseaux français et un hollandais
l'abordèrent : c'était Le Harlem, commandé
par le chevalier de Villeneuve ; Le Saint-Louis, commandé
par le chevalier de Bazzili ; Le SaintFrançois, capitaine
Kergueser et L'Olonnais, capitaine Veillon, des Sables-d'Olonne.
Les trois premiers vaisseaux, qui se sont cramponnés à
L'Olonnais, en jetant leurs grappins dans ses mâtures
entourent La Vierge, et les Sablais s'élancent à
l'abordage. Les matelots de La Vierge sont assaillis de toutes
parts par les haubans, par la proue, par le tillac. L'un d'eux,
nommé Durand, de l'île de Ré, s'écrie
du bas du château de poupe où étaient les poudres
: « Donnez la vie ou vous ne tenez
rien. » - « Pas de quartier » lui
est-il répondu. L'équipage défend son bâtiment
pied à pied, fait sauter le premier, puis le
second pont, puis enfin Durand fait voler en éclats
l'énorme navire par l'épouvantable détonation
de deux-cent-trente barils de poudre. Les quatre vaisseaux qui assaillaient
La Vierge s'abîmèrent dans les flots avec elle.
Les Rochelais faisaient payer cher leur défaite. Sept-cent-trente-six
royalistes périrent dans les flots. Deux personnes seulement
furent sauvées par miracle, le capitaine Kergueser, et un gentilhomme
bas-poitevin, nommé Chaligny, habitant près Ste-Pexine.
Guitton regagna La Rochelle dans une barque, sans pourpoint,
chausses, manteau ni épée. Il fut accusé de trahison
; il avait été malheureux. Mais le conseil rendit justice
à ses efforts. Il devint maire, l'âme de la défense
pendant le siège de La Rochelle et mourut, semble-t-il, le
15 mars 1664, seigneur de Mepose-Pucelle, âgé de 69 ans
environ.
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GUITTON ET SOUBISE SE RETIRENT SUR
LES COTES D'ANGLETERRE
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Soubise et Guitton, après quelques jours passés
à La Rochelle, se retirèrent sur les côtes d'Angleterre
avec vingt-deux voiles qu'ils avaient ralliées.
Saint-Martin-de-Ré et le château d'Oléron
se rendirent, et La Rochelle, étroitement resserrée
de toutes parts fut, suivant l'énergique expression de ses
adversaires, « rendue sans terres, sans îles, sans mer,
sans soldats et sans vaisseaux. »
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RICHELIEU OFFRE LA PAIX AUX ROCHELAIS
ET AUX RÉFORMÉS
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Ferme dans le péril, Richelieu ne fut point enivré
de la victoire. Il jugea que le siège de La Rochelle était
encore prématuré dans la situation générale
des affaires, et que l'énergique cité puiserait dans
son désespoir des ressources nouvelles. Il lui offrit la paix
à la condition, en un mot, que la république de La Rochelle
rentrerait dans le droit commun des villes du royaume.
Enfin, le 5 avril 1621, il « donnait » la
paix, d'une part aux églises réformées, de l'autre
aux Rochelais, par un acte séparé, dont les conditions
étaient moins dures que celles qu'avait proposées Richelieu
après la bataille de Ré.
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DÉMANTÈLEMENT DE NIORT,
LES HERBIERS, MORTAGNE, MONTAIGU, TIFFAUGES, PARTHENAY, SAINT-MAIXENT,
FONTENAY
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Ruines du Donjon de Tiffauges (Porte d'entrée).
D'après un cliché de M. Arsolier.
Le 31 juillet, une ordonnance datée de Nantes,
décrétait que les fortifications des villes et châteaux
inutiles à la défense des frontières, et propres
à servir de retraite aux perturbateurs de la paix publique,
seraient dans toute l'étendue de la France, rasées et
démolies, ainsi que les fortifications faites depuis trente
ans « es châteaux et maisons des particuliers sans permission
expresse du roi ». En vertu de cette ordonnance, Niort, Les
Herbiers, Mortagne, Tiffauges, Montaigu, Parthenay, Saint-Maixent
et Fontenay devaient être démantelés . Mais ces
mesures ne furent exécutées que plus tard.
Un immense cri de joie populaire éclata dans
toute la Bretagne, puis dans toute la France : depuis Louis le Gros,
la monarchie n'avait rien fait de plus grand pour l'unité nationale,
contre la tyrannie féodale et contre l'anarchie : tout ce qui
subsistait de féodalité politique était frappé
au cur.
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MALADIE DU ROI. - BUCKINGHAM ARRIVE
AVEC LA FLOTTE ANGLAISE DEVANT L'ILE DE RÉ. - SES ÉCHECS.
- SUCCÈS DE TOIRAS. - MESURES ÉNERGIQUES PRISES PAR
RICHELIEU POUR LUTTER CONTRE LES ANGLAIS. - LE ROI ÉTABLIT
SON QUARTIER GÉNÉRAL A MARANS. - ARRIVÉE DE PLUSIEURS
GENTILSHOMMES BAS-POITEVINS. - DÉVOUEMENT DE LA
GROSSETIÈRE.
- ÉNERGIE DE CATHERINE DE PARTHENAY ET DE SA FILLE ANNE DE
ROHAN
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Le roi était tombé malade peu de temps
après l'ordonnance du 31 juillet, et de toutes parts arrivaient
des nouvelles menaçantes. Rohan agitait encore Le Languedoc
; le 20 juillet, la flotte anglaise était, en vue de l'île
de Ré, et Buckingham, qui la commandait, lui avait promis,
ainsi qu'à ses autres alliés secrets, de jeter trois
corps d'armée en France, l'un en Normandie, le second dans
l'Aunis et le troisième en Guyenne.
L'anxiété de Richelieu était extrême,
mais les succès de Toiras à Saint-Martin-de-Ré,
et les débuts malheureux de l'amiral anglais contre l'île
de Ré et le Fort-Louis lui rendirent l'espoir.
Une flotte fut formée à la hâte,
et les meilleurs navires marchands de Dieppe, du Havre, de Saint-halo
et des Sablesd'Olonne équipés en guerre. Dans cette
dernière ville, on avait réuni de vastes approvisionnements,
ainsi qu'à Brouage, poste important que Richelieu avait fait
racheter par le roi à l'ancien gouverneur, et qu'il s'était
approprié, ainsi que le Havre, sous le nom de la reine-mère.
Il expédie des renforts considérables dans l'île
d'Oléron et à Saint-Martin-de-Ré, afin de leur
permettre de pouvoir lutter contre les Anglais, maîtres de la
mer, bien renseignés par les huguenots des côtes, et
ravitaillés par leurs flottes et par les Rochelais.
L'armée française cependant, grossissait
à vue d'il autour de son quartier général
de Marans, où arrivaient bon nombre de Fontenaisiens catholiques
et de gentilshommes bas-poitevins (1), notamment le fameux Châtellier-Barlot,
du Poiré-deVelluire, à la tête de son régiment,
tandis que les protestants couraient se renfermer dans La Rochelle,
se dévouant ainsi à une entreprise qu'ils regardaient
comme un acte méritoire aux yeux de Dieu. De ce nombre était
la Grossetière, ancien page des écuries du roi qui,
au plus fort de la lutte, ne craignit pas de traverser pendant la
nuit les lignes des assiégeants, en vue d'aller à Londres
porter lui-même des dépêches.
Pris à son retour et détenu à Marans
jusqu'à la reddition de La Rochelle, il fut, d'après
Bernard, condamné à avoir la tète tranchée
; ses membres mis en quartiers, furent exposés aux environs
de La Rochelle, et sa tête placée sur la tour de la Lanterne.
La Grossetière ne fut pas le seul qui, durant
le siège, eut le courage de passer les lignes. « Un,
entre autres, dit le Mercure français, p. 667, lequel
fut pris et pendu, et lorsqu'on lui donnait la question, avoua qu'il
avait avalé une amande d'argent creuse, dans laquelle une lettre
était renfermée... car il la rendit par le bas, l'ayant
gardée quatre jours dans son corps, nonobstant les lavements
qu'on lui donnait (2).
Catherine de Parthenay et Anne de Rohan du Parc Soubise
s'étaient jetées dans la place dès le début
des hostilités, et par leur mâle énergie, y encouragaient
la résistance.
Sur un refus que lui fit Louis XIII de la laisser sortir
de la ville avec deux-cents femmes, à qui l'humanité
exigeait qu'on épargnât les tortures d'un plus long siège,
Catherine et sa fille voulurent dès lors vivre comme les plus
misérables. Elles sacrifièrent les chevaux de leur carrosse,
et en distribuèrent la viande à la foule affamée.
Lors de la reddition de la ville, Catherine ne voulut
pas qu'il fut particulièrement fait mention d'elle dans l'acte
de capitulation. Il lui répugnait qu'on put croire un instant
qu'elle avait plié sa volonté, et était entrée
pour une part dans le consentement du traité de paix. Conduite
prisonnière avec sa fille au château de Niort, le 2 novembre
1628, elle mourut au Parc de Mouchamps, le 26 octobre 1631, âgée
de près de soixante-dix-sept ans. Fille de Jean Parthenay l'Archevesque
et de Antoinette d'Aubeterre, elle fut la mère du duc de Rohan
et du prince de Soubise.
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|
NOTES:
(1) Nous croyons être agréable
à nos lecteurs en leur donnant ci-après les noms des
principaux seigneurs bas-poitevins qui prirent part au siège
de la Rochelle en dehors du comte de La Rochefoucauld et du Châtellier-Barlot.
1- Foucher, seigneur des Herbiers, dont
nous avons déjà parlé, y assiste en qualité
de lieutenant général.
2- De Grimouard, Geoffroy, seigneur du
Peré, assista au siège de La Rochelle et perdit tous
ses bagages à l'île de Ré, où il courut
risque de sa vie, - servait avec quinze chevaux de son train dans
le corps d'armée du comte de La Rochefoucauld.
3° De Montalembert, Jean, seigneur
des Essarts, fut aide de maréchal de camp et en remplit les
fonctions sous les ordres de Bassompierre.
4° De Rechignevoisin, Jean, seigneur
de la Roussière et de la Maison-Neuve qui, le 5 octobre 1626,
avait obtenu la capitainerie et gouvernement de la ville de Marans,
fut, le 9 novembre suivant, chargé par Louis XIII de pourvoir
à la translation, dans cette ville, du présidial de
La Rochelle. Dans les derniers jours du siège, il lui fut enjoint
par Richelieu de faire préparer 50.000 fascines, 6.000 pieux
et 1.000 perches, pour les travaux nécessaires à l'investissement.
de La Rochelle.
5° De La Trémouille, Henri,
fils de Claude de la Trémouille qui, à Coutras, avait
combattu dans le parti du roi de Navarre, assista en qualité
de maître de camp de la cavalerie légère de France,
au siège de La Rochelle, où il abjura le protestantisme
entre les mains de Richelieu. - (Documents extraits du Dictionnaire
des familles de l'ancien Poitou, par Beauchet-Filleau. - Edition
de 1840--1854.)
(2) Arcère. - Histoire de La
Rochelle, t. II, page 291
|
DÉCLARATION ROYALE. - INVESTISSEMENT
DE LA ROCHELLE. - UNE ESCADRILLE DES SABLES - D'OLONNE TRAVERSE LA
FLOTTE ANGLAISE DANS LA NUIT DU 7 OCTOBRE 1627
|
Le 5 août, une déclaration royale avait
été lancée contre les rebelles qui se joignaient
à l'étranger, et qui, par une aveugle fatalité,
ne craignaient pas de solliciter des secours de l'Angleterre, cette
éternelle ennemie de la France, que nous verrons à la
fin du siècle suivant, toujours perfide, pousser vers la ruine
l'héroïque Vendée, et vouer à la mort, pour
le triomphe de sa politique égoïste et néfaste,
de malheureux français égarés.
Le 15 août 1627, l'armée royale vint asseoir
son camp devant La Rochelle, et les hostilités commencèrent
dès les premiers jours de septembre entre les troupes royales
et les Rochelais. Malgré la flotte de Buckingham qui tenait
la mer, une escadrille de trent-cinq barques, à voiles et à
rames, partie des Sables-d'Olonne au cri de : Passer ou mourir,
avait, dans la nuit du 7 au 8 septembre, traversé la flotte
anglaise avec une audace et un bonheur inouïs, forcé une
estacade flottante, faite avec des mâts et des cables, devant
le port de Saint-Martin et pu apporter aux assiégeants des
vivres pour six semaines et quatre-cents hommes de renforts (1). Le
roi et le cardinal étaient arrivés quatre jours après
au camp, devant La Rochelle.
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|
NOTES:
(1) Un enfant des Sables, Jean Martin,
se distingua encore pendant ce siège mémorable, en se
faisant mutiler pour couvrir la personne du roi.
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RICHELIEU DEMANDE DE L'ARGENT AU CLERGÉ.
- ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE FONTENAY (27 Avril-14
Mai 1628). REDDITION DE LA ROCHELLE (28 Octobre 1628)
|
Mais pour achever ses grands desseins, Richelieu avait
besoin d'argent. Il s'adressa, tout naturellement au clergé
qui avait le plus activement poussé au siège. Le 3 novembre
1627, il fit signer au roi des lettres de convocation d'une assemblée
générale des prélats, qui ouvrit ses séances
à Fontenay-le-Comte, le 27 avril, sous la présidence
de l'Archevêque de Sens. Cet événement remarquable,
auquel prirent part vingt-neuf archevêques, évêques
et abbés, fut l'occasion de fêtes et de cérémonies
pompeuses. Notre-Dame à peine renaissante fut ornée
de peintures et de décorations nouvelles, les dalles du chur
se couvrirent de riches tapis, le trône archiépiscopal
surmonté de son dais et de ses crépines d'or, s'éleva
au milieu des sièges de velours, et les chappes aux vives couleurs,
les étoffes chatoyantes, les vases précieux brillèrent
aux yeux de la foule étonnée qui se pressait dans la
nef. On décida que les séances se tiendraient à
l'Hôtel-de-Ville, et l'on envoya prier le maire, Giles Fradet,
et le lieutenant général de faire étayer le plancher
de la salle haute pour plus de sûreté. Le maire répondit
le 28 qu'il serait fait selon leur désir. Le 2 mai, arrivèrent
des députations, ayant en tête le clergé du diocèse
de Maillezais. Le Vicaire Général et Jacques Valin,
curé de Notre-Dame et grand pénitencier, prononcèrent
des discours latins. Le lieutenant général de la sénéchaussée
vint ensuite, accompagné de Julien Collardeau, procureur du
roi, et de quatre officiers de justice, précédés
de leurs huissiers. Le compliment du lieutenant général
prononcé, le président remercia. Enfin le maire, Giles
Fradet, entouré des échevins et conseillers, de bourgeois
et de ses gardes ordinaires, se présenta. Le président
l'accueillit d'une manière bienveillante, répondit à
son discours, et le fit reconduire jusqu'à l'escalier par les
agents.
Les séances, au cours desquelles le clergé
vota trois millions de subsides, durèrent jusqu'au 23 mai.
Le 24 au matin, une messe solennelle fut célébrée
à Notre-Dame par l'archevêque de Sens, et l'Assemblée
se sépara après un discours d'adieu prononcé
par le sieur de Breteuille, secrétaire de l'Assemblée
(1).
Cependant, le siège de La Rochelle avançait
lentement. Il fallait fermer à tout prix la mer pour empêcher
la ville de se ravitailler et de recevoir des secours des Anglais.
Aidé par les conseils de Métezeau, architecte du roi,
Richelieu conçut et fit exécuter le projet gigantesque
de fermer le port et de couper l'Océan par une digue de plus
de sept-cents toises. Ce travail colossal fut achevé sous ses
yeux, malgré les tempêtes qui le détruisirent
une première fois. Il dirigea les travaux, commanda lui-même
les troupes en présence du roi, et réduisit enfin cette
ville après un an de siège, malgré la sombre
exaltation de ce peuple, si énergiquement personnifié
dans le corsaire qu'il s'était donné pour chef, malgré
l'énergie du maire Guitton, l'éloquence du ministre
Salbert, et le fanastime héroïque qu'il avait su entretenir
dans l'âme de ses concitoyens.
Toutes les tragédies des grandes guerres de religion
se renouvelèrent, moins le crime, dans la cité dévouée
qui, le 28 octobre 1628, n'ayant plus que cent-trente-six hommes,
dont soixante-quatorze Français et soixante-deux Anglais en
état de porter les armes (2 ) ; ouvrit ses portes au roi et
au cardinal qui, le 1er novembre, de général redevenu
prêtre, célébra une messe solennelle et chanta
un Te Deum dans l'église Sainte-Marguerite de la Rochelle.
Son fidèle lieutenant, Henri de Sourdis, qu'il avait fait d'évêque
de Maillezais, archevêque de Bordeaux, lui servit de diacre.
Ainsi finit la dernière et la plus vigoureuse
lutte de l'esprit municipal contre la monarchie. La Rochelle était
la dernière et l'une des plus glorieuses entre cette famille
de républiques bourgeoises, qui avaient souvent rappelé,
au moyen âge, les vertus des cités antiques, mais dont
l'indépendance était devenue incompatible, non pas seulement
avec la monarchie, mais avec l'unité nationale.
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NOTES:
(1) Nous avons publié, dans notre
Histoire des guerres de religion, T. II, un compte-rendu détaillé
de cette réunion, pour laquelle il existe, aux Archives de
Fontenay, des renseignements du plus haut intérêt.
(2) De 28,000 hommes qui étaient
dans les murs de la Rochelle au début du siège, 23,000
étaient morts de faim. (Lièvre. - T.I, page 10).
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