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LA PRESSE POLITIQUE ET LA PRESSE LITTÉRAIRE
CRÉÉES PAR DEUX POITEVINS, THÉOPHRASE RENAUDOT
ET DENIS SALLO
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La politique extérieure de Richelieu, que nous
allons voir se dérouler dans toute sa grandeur, ne souffre
aucune discussion, et le Poitou fut loin d'y être indifférent.
Visà-vis de l'étranger, que combattirent souvent avec
gloire les gentilshommes bas-poitevins, cet homme a été
la France incarnée, et si à l'intérieur sa politique
prête quelquefois à la critique, elle n'en fut pas moins
inspirée toujours par le plus ardent patriotisme (1).
Rien n'échappe à cet homme extraordinaire, qui a pour
ainsi dire la prescience de l'avenir, et celui du grand rôle
que jouera dans la société moderne, la presse, qu'on
a qualifiée de quatrième état. Dans cet ordre
d'idées, c'est encore un poitevin, Théophrase Renaudot,
né à Londres en 1586 et mort en 1653, qui ouvre la voie
qui s'élargira et se développera peu à peu avec
une vitesse surprenante.
Sous le patronage du roi et du grand cardinal, Renaudot,
nommé commissaire général des pauvres, ouvrait
dans l'intérêt des malheureux sans emploi, un bureau
d'adresse, sorte d'office de publicité auquel nos modernes
Petites Affiches n'hésitent pas à faire remonter
leur origine.
Le 1er, mai 1631, paraissait également, sous
le patronage de Richelieu, La Gazette, le premier journal créé
en France, qui à travers toutes nos révolutions s'est
transmise jusqu'à nos jours sous le nom de Gazette de France,
et à laquelle le roi et le cardinal ne dédaignèrent
point de collaborer. La presse, ce puissant véhicule, a donc
été créée en France par Richelieu et par
Louis XIII, c'est-à-dire par la dictature. Richelieu a enfanté
tout ensemble les deux grands ennemis dont la lutte devait remplir
le monde moderne, l'absolutisme et la presse.
Disons aussi, pour n'y plus revenir, que c'est encore
à un poitevin que la France doit sa presse littéraire.
Sallô Denis, seigneur de la Coudraye, près Sainte-Hermine,
naquit en 1626, à Paris, et fut reçu, en 1653, conseiller
au Parlement de Paris. En 1665, il fonda, sous le nom supposé
du sieur d'Hédouville, son valet de chambre, un ouvrage périodique,
le Journal des Savants. Il était savant lui-même,
et comme il parut en divers cas où la cour fit appel à
ses connaissances, Denis se vit retirer son privilège au 13e
numéro, par l'influence jalouse de quelques auteurs dont il
n'avait pas assez ménagé la vanité dans ses critiques,
et fut obligé de le céder à l'abbé Gallois.
Ainsi, toujours le sic non vobis ; mais son idée fut
féconde et le monde savant y applaudit en l'imitant (2).
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NOTES:
(1) Richelieu, dit Fillon, a commencé
le premier à donner à la France cette prépondérance
dans le système politique de l'Europe, prépondérance
qu'elle a conservée jusqu'à nos jours. En détruisant
la féodalité, il a soustrait le peuple à l'Empire
des grands et diminué leur puissance. De son temps le peuple
était heureux.
(2) Beauchet-Filleau (page 670).
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GUERRE D'ITALIE. - HENRI DE L A TRÉMOUILLE
ET LÉON BARLOT
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Sur ces entrefaites, Richelieu, pour se délivrer
de l'inquiétude que lui donnaient les cabales formées
contre sa puissance, et pour soustraire le roi à l'influence
de la cour, lui fit soutenir une guerre en Italie contre le duc de
Savoie, guerre qui fut tout à l'avantage de la France. Les
Impériaux furent battus : Pignerol, le Pas de la Suze tombèrent
en notre pouvoir. Le 6 juillet 1630, le passage de Vegliana était
forcé dans un violent combat, où s'illustrait le duc
de Montmorency, qui s'emparait aussi de Conflans. Cette dernière
affaire, particulièrement meurtrière, ainsi que celle
du Pas de la Suze furent, pour deux bas-poitevins surtout, l'occasion
de s'illustrer. Nous croyons devoir consacrer quelques lignes à
ces deux brillants capitaines.
Henri de la Trémouille, duc de Thouars, prince
de Talmont, comte de Laval, etc., né en 1599, mestre de
camp de la cavalerie légère de France, assista au siège
de la Rochelle en 1628, et abjura la religion protestante entre les
mains de Richelieu. Se trouvant, peu de temps après, à
l'attaque du Pas de la Suze, il se plaça, avec un grand nombre
d'autres jeunes seigneur, au poste le plus périlleux. Il servit
en Piémont et fut blessé au genou en allant reconnaître
la place de Carignan, dont il s'empara. Nommé chevalier
du Saint-Esprit en 1633, il présida, le 17 décembre
1636, les États de Bretagne, et lorsque le roi marcha contre
les Espagnols qui s'étaient emparés de Corbie, le duc
l'alla rejoindre avec 4.000 hommes de troupes qu'il avait levés
à ses dépens. Il remplit la charge de grand maître
aux obsèques de Louis XIII, et lors du Congrès de Munster
il fit, avec l'agrément du roi qui, en 1651, lui avait accordé
les prérogatives de prince étranger, toutes les protestations
contre l'occupation, par le roi d'Espagne, du royaume de Naples, à
la couronne duquel il prétendait, du chef d'Anne de Laval,
sa bisaïeule. Il mourut le 21 janvier 1674. Il était marié
à Marie de la Tour, ardente protestante, qui fit construire
le château de Thouars pour lequel elle dépensa, dit-on,
1.220.000 livres.
Un de leurs fils, Louis-Maurice, servit en Italie en
1642, à la tête de son régiment d'infanterie,
aux sièges de Crescentin, Nice, de la Paille, etc., puis à
celui de Thionville, en 1643, sous le duc d'Enghien ; embrassa ensuite
l'état ecclésiastique, fut abbé de Charron et
de Talmont et mourut le 25 janvier 1681 (1).
Léon Barlot. - Léon Barlot, seigneur
du Châtellier-Barlot, dans la paroisse du Poiré-sur-Velluire,
mestre de camp, qui s'était déjà signalé
en combattant Soubise (2), en 1622, se couvrit de gloire à
Conflans ; deux ans après devant Pézenas et Béziers,
par sa bravoure notre compatriote étonnait les maréchaux
de la Force et de Schomberg. En 1635 (3), il était nommé
premier maréchal de camp avec le commandement en second de
l'armée de Flandre, sous les ordres du maréchal de la
Force.
Très en froid avec Richelieu, qui lui refusa
le gouvernement du Poitou, il créa et organisa néanmoins
le régiment qui, depuis, porta le nom de la province ; puis
alla cacher son mécontentement, contre ce qu'il considérait
comme un passe-droit, au fond du manoir paternel, qu'il fit restaurer
et entourer de nouvelles constructions dont beaucoup subsistent encore.
On prétend que Richeheu offrit, avec le bâton
de maréchal de France, de lui acheter le Châtellier-Barlot
pour y créer le port des régions de l'Ouest, établi
depuis à Rochefort. Il mourut au Poiré en 1644, à
l'âge de 62 ans. Il employa les dernières années
de sa vie à faire rédiger, par Julien Collardeau et
son secrétaire Chatevère, des mémoires imprimés
à Fontenay sous ce titre : Mémoires pour servir à
l'histoire, tirés du cabinet de Messire Léon du Châtellier-Barlot,
depuis l'an 1596 jusqu'en 1636. Ils furent imprimés par
Pierre Petit, imprimeur du roi et du Corps de Ville. MDCXLIII - In-4°.
Un portrait aux trois crayons existant à Paris,
montre Châtellier-Barlot ayant grande mine et l'air peu accommodant.
Il laissa deux fils, dont l'aîné fut mestre de camp du
régiment de Poitou. Son nom s'éteignit dans la personne
d'un pauvre diable qui finit ses jours dans une maison dépendant
du Châtellier.
Louis de Bessay. - Au moment où Léon
Châtellier-Barlot se signalait par sa bravoure, un de ses voisins,
de Bessay Louis, seigneur de Bessay et Saint-Hilaire-le-Vouhis, était
chargé, en 1632, de lever un régiment d'infanterie de
douze compagnies, qu'il conduisait en Picardie, Champagne et Allemagne,
et on voit par un rôle de quatre-vingt-douze gentilshommes qu'il
commanda la noblesse du Bas-Poitou à l'arrière-ban convoqué
par le roi en Lorraine. Il se trouvait sous les ordres du prince de
Condé, à l'armée du Roussillon, en 1639, et servit,
tant comme volontaire que comme commandant la noblesse du Languedoc.
Le 22 février 1652, il fut nommé commandant du Périgord,
pour soumettre les rebelles à l'obéissance de Sa Majesté,
avec ordre à toute la noblesse de la province et à toutes
les communautés d'obéir au comte de Bessay, en qualité
de gouvverneur (4).
Foucher Germain, baron du Gué-de-Sainte-Flaive.
- Foucher Germain, neveu de Léon Châtellier-Barlot, par
sa mère Hélène Barlot, fille d'Antoine, seigneur
du Châtellier-Barlot, se distingua aussi pendant le règne
de Louis XIII. Dès l'âge de 14 ans, il commença
à servir dans le régiment de son oncle Léon,
sous la conduite duquel il assista aux sièges de Luzarches,
la Rochelle et Saint-Jean-d'Angély. Nommé gentilhomme
du frère de Monsieur, frère du roi, puis son premier
chambellan en 1632, il continua, malgré cela, à servir,
et fit partie de l'armée d'Italie. Il prit nettement le parti
de Monsieur contre le roi, et lors de leur réconciliation,
Monsieur voulant en donner connaissance au roi d'Espagne, qui l'avait
ménagé, dépêcha pour cette mission le baron
du Gué-Sainte-Flaive, qui s'en acquitta à la satisfaction
générale, et reçut, entre autres présents,
une rose en diamants d'un grand prix.
A son retour en France, Louis XIII lui donna un régiment
d'hommes de pied de 20 enseignes à drapeau blanc, qui prit
le nom de Gué-Sainte-Flaive. Il servit encore pendant
six ans et fut tué au siège de Catelet, par l'explosion
d'une mine, en voulant emporter d'assaut une. brèche dont il
commandait l'attaque (5).
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NOTES:
(1) Extrait de Beauchet-Filleau, T. II,
p. 755.
(2) En 1625, il figure avec tous ses titres
sur une cloche qui existe encore au Gué-de-Velluire, et dont
nous avons relevé l'inscription rapportée par la Revue
du Bas-Poitou.
(3) Deux ans auparavant, en 1633, au mois
de juillet, Louis XIII autorisait à Fontenay l'établissement
d'un couvent de religieuses de N.-D. -(A. Fontenay, T. IV, p. 57).
(4) Beauchet-Filleau (page 341).
(5) Beauchet-Filleau T. II, page 117.
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FABRICATION DE FAUSSE MONNAIE A POUZAUGES
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quelques années plus tard 1650, le théâtre d'un
événement tragique causé par la spéculation
criminelle dont nous venons de parler.
François de Fesque, seigneur de la Cacaudière,
en Pouzauges, avait épousé, en 1626, Renée de
Vandel. Les premières années du mariage avaient été
L'attention de Richelieu se portait sur toutes choses.
Par lettres patentes de juin 1631, une commission avait été
établie à l'Arsenal de Paris, afin de poursuivre le
crime de fausse monnaie, crime lucratif, qui se multipliait parmi
les gens de la plus haute qualité. La condamnation à
mort par contumace, du duc de Roannez, qui avait fabriqué de
la fausse monnaie, n'avait pu empêcher cette fièvre d'or
d'envahir les provinces les plus éloignées, et un château
jusque-là presque ignoré dans le Bas-Poitou allait être,
heureuses : la paix en fut troublée par l'arrivée au
château de Marie de Fesque, proche parente de François.
Pleine d'artifice et douée d'un génie infernal, Marie,
que la sentence du grand sénéchal de Poitiers compare
à Médée, eut bientôt un commerce criminel
avec de Fesque, sur l'esprit duquel elle prit un ascendant complet.
« Elle l'instruisait dans la science de la transmutation
des métaux, et le porta, sous prétexte de la recherche
de la toison d'or et de la pierre philosophale, à fabriquer
de la fausse monnaie, dont ayant fait avec elle une grande quantité,
il se résolut, avec un autre gentilhomme nommé Espinaceau,
de faire un voyage de Paris, pour en faire plus facilement le débit,
mais l'un et l'autre furent pris par les chemins, par le prévôt
d'Orléans, lequel les ayant convaincus de crime de fausse monnaie
les fit exécuter à Orléans, en 1650 (1). »
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|
NOTES:
(1) Louis Brochet. - Huit jours dans
la région de Pouzauges, pages 98 et 99.
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GRAVE MALADIE DE RICHELIEU
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Vers le 20 novembre 1632, Richelieu faillit mourir à
Bordeaux par suite d'une rétention d'urine du caractère
le plus grave... « Mais il n'en mourut pas cependant ! La frêle
enveloppe de cette âme si forte semblait toujours prête
à se dissoudre, mais on eût dit que l'âme forçait
le corps à vivre, et qu'une puissance magique soutenait cet
organisme exténué ; puissance magique en effet que celle
de l'esprit immortel et de la libre volonté domptant la nature
chez le grand ministre, dont une des plus grandes préoccupations
est d'abaisser la maison d'Autriche ».
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GUERRES D'ALLEMAGNE. - BRILLANTE CONDUITE DES
SEIGNEURS DE LA RABATELIÈRE ET DES ROCHES-BARITAUD.
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Battus dans la haute Allemagne, dans la Franconie, dans
le Palatinat, les Impériaux voulurent se venger par une attaque
contre l'évêché de Spire, qui était censé
neutre, sous le protectorat français. La ville épiscopale,
qui n'avait point de garnison, fut prise. La guerre commença
ainsi entre la France et l'Empereur.
Les maréchaux de la Force et de Brézé,
renforcés par Bernard de Weimar, allèrent investir la
place qui se rendit vers la mi-mars 1635. Pendant ce siège
terrible, Charles Bruneau, baron de la Rabatelière, qui s'était
déjà distingué au siège de la citadelle
de l'île de Ré, sous les ordres du maréchal de
Thoiras, traverse la France à la tête d'une compagnie
de bas-poitevins, recrutés sur ses terres, les conduit à
l'armée commandée par le maréchal de la Force,
et concourt avec succès à la prise de Spire (1).
Trois ans auparavant, un autre gentilhomme vendéen, Philippe
de Chateaubriant, comte des Roches-Baritaud en St-Germain-le-Prinçay
avait, à l'âge de 34 ans, trouvé la mort à
la bataille de Lérida, et une inscription que l'on voit encore
dans l'église de Saint-Germain consacre cet épisode
glorieux.
Les soins de la guerre, de la diplomatie et de l'administration
ne suffisaient point à l'activité de cet homme, qui
semblait n'avoir que le souffle. Le 12 février 1635, il réorganise
sur une plus vaste échelle la compagnie des îles d'Amérique,
crée trois compagnies pour le commerce de la côte occidentale
d'Afrique et une autre pour la colonisation de la Guyane.
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|
NOTES:
(1) En 1646, l'année qui suivit
la mort d'un de ses fils, tué glorieusement à Nordlingen
et dont nous parlons plus loin, Charles Bruneau se remaria avec Marie
de la Beaume le Blanc dont une nièce, alors enfant, racheta
dans un couvent de Carmélites, sous le nom de sur Louise-de-la-Miséricorde,
les fautes qui l'avaient fait nommer duchesse de La Vallière.
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ETABLISSEMENTS COLONIAUX. - LES FLIBUSTIERS
SABLAIS. -
NEAU DIT L'OLONNAIS.
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Des établissements se fondent à la Martinique,
à la Guadeloupe, aux Antilles. De 1632 à 1636 commence
la colonie des corsaires de la Tortue, sur la côte nord de Saint-Dominique.
A la tête de cette république de pirates héroïques
qui, sous le titre de flibustiers, font aux Espagnols une guerre sans
trêve ni merci, par leurs immenses déprédations
maritimes et leurs descentes dévastatrices se place Neau, dit
l'Olonnais, né aux Sablesd'Olonne au commencement du XVIIe
siècle. Il forme dans son port natal une petite escadrille
de navires légers à la course, faciles et prompts dans
les évolutions, bien que chargés d'artillerie et remplis
d'armes. A la tête d'aventuriers Sablais et Normands, il est
le fléau de tout ce qui porte un pavillon ennemi. Pris par
les Indiens en 1667, Neau est mangé par eux.
Dans les eaux de l'Atlantique et de la Méditerranée,
un autre bas-poitevin, un ancien évêque de Maillezais,
Henri d'Escoubleau de Sourdis, né à la Gaubretière,
soutenait l'honneur du pavillon Français contre les flottes
espagnoles et anglaises.
De Sourdis. - Le 23 juin 1636, la flotte du Ponant,
forte de 750 canons, aux ordres du comte d'Harcourt et de Henri de
Sourdis, archevêque de Bordeaux qui, au siège de la Rochelle
avait donné d'incontestables preuves de zèle et de capacité,
quitta les eaux de Ré, traversa. te détroit, de Gilbratar,
sans que les Espagnols essayassent de lui disputer le passage, prit
sur sa route un vaisseau anglais qui avait refusé de baisser
pavillon devant l'amiral français, et arriva le 12 août
aux îles d'Hyères. Malheureusement Harcourt et Sourdis
ne trouvèrent rien de prêt par suite des coupables manuvres
du maréchal Vitry, gouverneur de Provence, qui en arriva à
ce point d'insolence de lever le bâton sur Sourdis. La flotte
hiverna en Provence, après quelques escarmouches insignifiantes
contre l'armée navale des Espagnols. Mais dans le mois de mars
de l'année suivante, la flotte fut plus heureuse, et le 28
les fortifications élevées depuis deux ans par l'adversaire
autour de Sainte-Marguerite, la principale des deux îles ennemies,
furent emportées d'assaut ; la grande forteresse capitula le
6 mai 1637 et la garnison espagnole se rembarqua le 12. - En 1638,
l'archevêque de Bordeaux était appelé dans l'Océan
avec la moitié de la flotte qui avait repris les îles
de Lerins.
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VICTOIRE DE GUETARIA (22 Avril 1638).
- REVERS
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Le 1er août 1638, de Sourdis, monté sur
le vaisseau amiral la Couronne, le plus grand navire qu'eût
encore possédé la France, investit Fontarabie, assiégé
par Condé (1), général sans décision et
sans coup d'il. qui ne sut pas forcer La Valette à
agir, ni ouvrir la brèche en temps utile. « Mais la vigueur
de l'armée de mer présentait un étrange contraste
avec l'inertie de l'armée de terre. Une escadre espagnole ayant
été signalée à la hauteur de Guetaria,
Sourdis alla au-devant avec dix-huit gros vaisseaux et une demi-douzaine
de brûlots : les Espagnols se retirèrent dans la rade
de Guetaria. Les Français, favorisés par le vent, les
y attaquèrent et lancèrent leurs brulôts dans
l'étroit espace où se serraient les navires ennemis
; treize galions et beaucoup de bâtiments inférieurs
furent brûlés ou coulés avec leurs équipages
et trois-mille soldats qu'ils portaient à Saint-Sébastien.
- L'escadre espagnole fut anéantie. - Cette terrible journée
coûta à l'Espagne sept à huit-mille marins et
soldats, et cinq-cents canons ».
L'année suivante, de Sourdis ne fut pas aussi
heureux. Le 1er juin 1639, il partit de Belle-Isle avec quarante vaisseaux
de guerre, vingt-et-un brûlots et douze transports chargés
de soldats, pour aller assaillir les escadres espagnoles jusque dans
les ports de la Péninsule. Il rencontra en rade de La Corogne,
trente-cinq vaisseaux ennemis qui se préparaient à porter
des troupes en Flandre. La flotte espagnole se retira dans le port.
Sourdis l'y bloqua, l'y canonna mais ne put l'y forcer. Une violente
tempête maltraita cruellement la flotte française et
l'obligea de retourner à Belle-Isle pour s'y réparer.
Pendant ce temps l'ennemi, renforcé par d'autres escadres,
passa et gagna la Manche. Sourdis, qui s'était remis en mer,
ne rencontra plus sur les côtes de Biscaye que quelques bâtiments
retardataires ; il prit le galion-amiral de Galice et fit une descente
à Laréda qu'il pilla (2).
Un autre échec devant Tarragone (20 août
1641) perdit « le Prélat au Pied-Marin » dans l'esprit
de Richelieu, qui l'envoya en exil à Carpentras,et alla jusqu'àdemander
au pape des pouvoirs pour une commission d'évêques qui
serait chargée de juger Sourdis. L'affaire traîna, et
Richelieu mourut avant que son ancien ami eût pu se justifier
et le détromper. La correspondance de l'archevêque-amiral,
le témoignage de Duquesne, et celui de tous les meilleurs officiers
de la flotte paraissaient disculper complètement de Sourdis
(3).
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|
NOTES:
(1) Condé, le
vieux favori d'Henri III, passa ses dernières années
dans un oubli et dans un abandon qui durent être bien amers
àson orgueil ; il ne mourut que le 26 décembre 1646
; c'était le dernier représentant du XVIe siècle
au milieu du XVIIe : ce fut le dernier de ces puissants gouverneurs
qui jouaient aux grands vassaux dans leurs provinces. On ne vit plus
de ces individualités formidables àla couronne et au
peuple.
(2) Henri Martin, T.
XI, page 488.
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MÉCONTENTEMENTS ET SOULÈVEMENT
EN BAS-POITOU. - LA GUERRE DU SEL. - ÉTABLISSEMENT D'UN PRÉSIDIAL
A FONTENAY EN 1636-1644
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Les succès de la campagne de 1636 avaient été
mêlés de revers, et lorsque l'année suivante les
Impériaux envahirent la Picardie, Richelieu eut, dit-on, un
moment de doute et d'effroi ; il voyait Paris prêt à
se révolter, les provinces agitées, la noblesse malveillante,
le peuple aigri par l'aggravation des impôts (1). Les paysans
du Poitou, de l'Angoumois et de la Saintonge, où renaissait
constamment l'irritante question de la gabelle, étaient en
insurrection, et avaient à leur tête un frère
du malheureux Chalais. La capitale du Bas-Poitou était mécontente,
et de sourds grondements annonçaient un nouvel orage.
Richelieu songea alors à s'attacher la bourgeoisie
du seul centre important de la Vendée, et cette année
mémo (1636) il décida l'établissement d'un présidial
à Fontenay ; mais ce projet fut momentanément abandonné
à la suite des instantes représentations faites au nom
des habitants de Poitiers, par le médecin du cardinal, Citoys,
dont le dernier descendant mâle est mort à Saint-Vincent-Puymaufrais
en 1879. Plus tard l'édit de création fut rendu, puis
retiré, et ce ne fut qu'au mois de mars 1644 (2) que Fontenay,
déjà siège royal (3), eut son présidial
à la suite des instantes démarches de François
Brisson, sénéchal de Fontenay.
Mais cette concession, ou plutôt cette faveur
n'avait guère modifié les dispositions des campagnes,
qui à l'exemple de celles de la Guyenne s'insurgèrent
encore en 1636 et 1637 contre les impôts et les percepteurs.
On vit sous les armes plusieurs milliers de paysans, parmi lesquels
beaucoup d'anciens soldats, mais l'attitude énergique du duc
de La Valette, lieutenant général de Guyenne, et celle
de l'intendant du Poitou, firent mettre bas les armes à ces
nouveaux « croquants ».
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|
NOTES:
(1) C'est à la même époque
(été 1633) que Michel de Marolles, abbé de Villeloir
(Indre et Loire) visite le Poitou, notamment Fontenay, - est reçu
pendant dix-huit jours à l'Hermenault, par Henri de Béthune,
depuis archevêque de Bordeaux, - visite Luçon et vante
la fertilité de ses plaines et la richesse de Saint-Michel-en-l'Herm.
(Archives de Fontenay, T IV, pages 52, 53, etc.) Nous devons
à la vérité de faire remarquer que cette opinion
est absolument opposée à celle émise dans les
Traditions du Poitou par M. Boissonnade, professeur à
la Faculté de Poitiers et dont nous parlons longuement au chapitre
29.
(2) Archives de Fontenay, tome IV,
pages 125 à 135.
(3) En 1544, un édit avait érigé
le siège particulier de Fontenay en comté et sénéchaussée.
Michel Tiraqueau, qui était alors lieutenant au siège
de Fontenay, fut pourvu de l'office de sénéchal qu'il
réunit à celui de lieutenant.
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NAISSANCE DE LOUIS XIV (5 Septembre
1638). - SIÈGE
D'ARRAS (1610). - MORT DE CHARLES DE BESSAY
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Les succès remportés dans les mers d'Italie
par la flotte française et la victoire de Guetaria (22 août
1638), avaient dédommagé la France des échecs
essuyés sur terre, notamment devant Fontarabie, et le pays,
confiant dans ses destinées, se reprenait à espérer,
lorsqu'un grand événement se produisit. Deux
jours avant la déroute de Fontarabie, cinq jours après
la victoire navale remportée devant Gènes, par les galères
françaises, le 5 septembre 1638, anniversaire de la naissance
de Richelieu, Anne d'Autriche mettait au monde, au château de
Saint-Germain-en-Laye, un fils qui fut nommé Louis Dieudonné.
La France salua par un long cri de joie la naissance de l'enfant qui
devait être Louis XIV, et qui débutait par sauver son
pays du joug ignominieux de Gaston d'Orléans.
Les derniers faits de la campagne de 1638 confirmèrent
le favorable augure que le peuple tirait de la naissance du dauphin,
et le Rhin consola Richelieu de la Bidassoa. La prise d'Arras allait
encore ajouter au prestige de la France et reculer ses frontières.
Ce siège, où se distingua Charles de Bessay, qui y trouva
la mort à l'âge de 22 ans, fut long et meurtrier. Cette
ville, investie le 13 juin 1640 par les maréchaux de La Meilleraye,
de Châtillon et de Chaumes, ne se rendit que le 9 aoùt.
La conquête de ce chef-lieu de province si longtemps le boulevard
des Pays-Bas contre la France, la « recouvrance » de cet
antique fief depuis si longtemps à la couronne, excita dans
la nation un long frémissement de joie. On sentait que c'était
là une de ces conquêtes qui ne se reperdent pas, et l'on
y vit le commencement de l'absorption des provinces belges dans l'unité
française.
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LES COLLARDEAU ET RICHELIEU
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Ce n'était pas seulement la suprématie
politique que Richelieu voulait assurer à sa patrie ; s'il
aspirait à reculer les bornes du territoire matériel,
il prétendait élargir bien davantage le domaine intellectuel
de la France, et faire régner l'esprit français, là
même où ne pouvaient pénétrer les armées
françaises. - Alors que l'Espagne et l'Italie accablaient notre
littérature de leur éclatante supériorité,
Richelieu avait senti tressaillir dans les flancs de la France en
travail, le grand siècle qui allait naître, et dont il
fut le père. Pour aider les destinées de notre langue,
dont il avait jugé le caractère et la portée,
il fondait en janvier 1635 l'Académie française, donnant
en toute circonstance aux gens de lettre et de savoir, des preuves
de cette haute bienveillance dont un Fontenaisien, Julien Collardeau,
devait recevoir un témoignage bien flatteur.
Julien Collardeau (1), après de brillantes études
de droit à Poitiers, sous Louis de la Ruelle et François
Lauzon, était devenu procureur du roi en 1590, à l'âge
de 20 ans. Dans cette ville, qui avait formé les Tiraqueau,
les Brisson, les Viète, les Nicolas Rapin, les Besly, et où
le culte des lettres, des sciences et du droit était resté
en grand honneur, Collardeau avait voulu se montrer le digne émule
de ses nobles devanciers. A cinquante ans, devenu libre des travaux
qu'exigeait sa charge, il entreprenait un très long, très
pénible et très savant ouvrage, le commentaire des Antinomies
de droit romain. En 1634, l'auteur avait écrit au grand cardinal
de Richelieu et lui avait demandé la permission de lui dédier
son ouvrage, qu'il lui avait envoyé. Le cardinal l'honora de
la réponse la plus flatteuse. Elle est un titre trop glorieux
à notre Collardeau pour la supprimer.
« Monsieur,
« Ce me sera toujours un grand contentement de
pouvoir m'employer utilement pour ceux qui vous ressemblent. J'ai
lu le sujet, la préface et une partie du livre que vous désirez
mettre au jour. Il est digne de son auteur, et tel que je m'assure
qu'il lui acquerra de l'honneur parmi les savants, et profitera à
tous ceux qui le liront. Je vous ai obligation particulière
de vouloir bien le faire paraître sous mon nom. Je vous en rends
grâce et vous prie de croire que je rechercherai les occasions
de vous en témoigner mes ressentimens, et à Monsieur
le Procureur du roi, votre fils, et de vous faire voir que je suis,
Monsieur,
Votre affectionné et à vous servir,
Le Cardinal de Richelieu.
De Ruel, « 30 janvier 1634».
Son fils Julien (II), dont parle Richelieu, cultiva
de bonne heure et aussi avec succès les lettres et taquina
la muse.
Né à Fontenay en 1600, il était,
dès 1619, auteur (2), et faisait imprimer, contre la danse
et les mascarades, un roman satirique plein d'imagination et de vivacité.
L'épitre dédicatoire à Guillaume de Montholon,
intendant de Poitiers, est datée de Fontenay, du 9 octobre
1619 ; et une preuve que Collardeau était encore dans sa première
jeunesse se tire d'une lettre de Jean Morel de Rheims, auquel il avait
communiqué son ouvrage, avant de le rendre public. «
Eh ! quoi, lui écrit Morel, vous êtes déjà
auteur ? En vérité, c'est un vrai miracle. Tant de science,
tant d'érudition, un jugement si net, si formé, à
l'âge où vous êtes, cela ne se conçoit pas.
» Hui ! tam cito ? miraculum. Te id tatis adolescentem
pervenisse eo maturatis ingenii, eruditionis et doctrin !
Le reste est employé à faire l'éloge du livre
de Collardeau.
La mort de sainte Marthe, arrivée en 1623, réveilla
toutes les muses, celle de Collardeau tint sa partie dans ce concert.
Quelques années après, il publia un poème en
vers français intitulé : Les Tableaux des victoires
de Louis XIII.
Si l'on en croyait l'éloge contenu dans un sonnet
que Colletet adresse à l'auteur, Homère serait placé
un cran plus bas que Collardeau ; c'est ainsi que lui parle
Colletet.
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NOTES:
Quoi qu'on ait cru d'Homère, et
que tout l'univers
Vante les fictions dont il orne ses vers,
Ne sois point ébloui de l'éclat
de sa gloire,
Son art dans ces Tableaux ressuscite
aujourd'hui.
Et d'autant que la fable est moindre que
l'histoire,
D'autant t'estime-t-on plus louable que
lui !
Julien Collardeau, IIIe du nom, successeur de son frère
dans la charge de procureur du roi, est également considéré
à juste titre comme une des personnes les plus lettrées
qu'ait produites Fontenay (3) à cette époque ; on en
trouve la preuve dans une inscription gravée sur la porte de
la maison qu'il habitait à Fontenay et qui était occupée
naguère par le savant collectionneur, M. Hanaël Jousseaume.
Anx noms de Collardeau, il convient d'ajouter ceux de
Besly, dont nous avons déjà parlé, de Gasteau
Pierre, sieur du Vignault, orateur brillant, député
du Tiers aux États de Blois. - Mizière, médecin,
numismate, éditeur des uvres de Clément Marot,
des de Hillerin (Jacques et Charles).
Jacques de Hillerin (1573-1663), licencié ès-lois,
prieur de Mortagne et conseiller d'Église, est l'auteur de
plusieurs uvres publiées de 1635 à 1652, en quatre
volumes in-folio, se composant principalement : des Lettres chronologiques
et spirituelles, du Charriot chrétien à quatre roues,
menant au salut, et des Discours, meslanges et actions diverses, faits
en la cour du Parlement de Paris.
(1) Né à Fontenay en 1570,
mort le 6 juillet 4652.
(2) Il fut le précepteur de La Rochefoucauld,
l'auteur des Maximes, dont le père avait été
gouverneur de Fontenay-le-Comte.
(3) Un descendant des Collardeau était,
il y a quelque dix ans, maître de digues 11 Chaillé-les-Marais.
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CHARLES DE HILLERIN
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Charles de Hillerin, neveu du précédent,
prêtre, docteur en Sorbonne, curé de Saint-Méry,
à Paris, est né vers le commencement du XVIIe siècle,
dans les environs de Fontenay-leComte (1). Amené de bonne heure
à Paris, il fit dans la capitale de très fortes études
classiques et théologiques, qui lui valurent l'honneur d'être
pourvu pour moitié de la cure de Saint-Méry. Cette paroisse
avait deux curés, et de Hillerin y obtint de grands succès
comme orateur de la chaire. Possesseur d'une grosse fortune, dont
il savait faire un noble usage, tout lui souriait dans ses fonctions
sacerdotales, lorsque dégoûté du monde, qu'il
avait pu voir de près, grâce à Arnaud d'Andilly,
il s'exagéra ses fautes, et se mit en rapport avec le célèbre
abbé de Saint-Cyran, Duvergier de Hauranne, prisonnier à
Vincennes et fut touché de la grâce. Alors commença
pour le bas-poitevin une vie de mortification et de prières.
Il renonce au gros bénéfice que lui donnait sa cure,
et avec Fontaine et un digne ecclésiastique, il vient, au mois
de février 1644, se retirer dans le prieuré de Saint-André-sur-Sèvre,
qu'il trouve dans un état de délabrement complet. Dans
ce modeste asile, Hillerin mena une vie de privations de toute nature,
se couvrant d'un cilice et se livrant au travail avec une ardeur telle
que les forces trahissaient souvent son courage. Après quelques
voyages à Port-Royal, et s'être lié d'amitié
avec Baudry de Saint-Gilles d'Asson. il mourut le 14 avril 1669, sur
la paroisse de Saint-Joseph du Haut-Pas. Il avait auparavant composé
un livre ayant pour titre Les grandeurs du Verbe incarné,
qui, au dire de Dreux-Duradier, pourrait bien n'être qu'un abrégé
de celui publié, sur le même sujet, par son oncle.
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|
NOTES:
(1) Il reste encore, en Vendée,
des arrière-neveux de Charles de Hillerin.
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BAUDRY D'ASSON (ANTOINE, DIT M. DE
SAINT-GILLES)
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Baudry d'Asson, gentilhomme poitevin, contemporain et
ami de Hillerin, naquit en avril 1617, au château d'Asson, situé
entre la Boissière et Treize-Septiers. Possesseur d'une assez
grosse fortune et d'une grasse prébende, il abandonne tout
à coup ses bénéfices et les autres avantages
en découlant pour, en 1647, se retirer à Port-Royal-des-Champs,
maison célèbre par le mérite et le nombre des
grands hommes qui habitaient alors cette solitude. Le châtelain
y apporta sa gaieté, son entrain, sa bonne volonté,
et une rare aptitude à toutes choses. Chargé de la direction
des travaux agricoles de la fameuse abbaye, il s'occupa aussi des
affaires particulières des religieux et se livra à toutes
sortes de privations. Doué d'une grande énergie, il
prit hautement la défense du grand Arnauld et de ses amis les
Sacy, les Tillemont, les Singlin, les Nicole, déjouant les
recherches de la police, en laissant à Port-Royal l'habit religieux
pour reprendre, hors de l'enceinte, l'épée de gentilhomme.
Vue prise de la chaussée
(Cliché Auguste Douillard, de Montaigu)
Il tint tête aux procureurs et, en 1656, «
Les Provinciales », dont l'impression est due à un
bas-poitevin et que la police voulait étouffer dès leur
apparition, furent partout répandues, grâce à
de Baudry de Saint-Gilles d'Asson, à Périer, beau-frère
de Pascal et à Pontchâteau.
Asson (chapelle du château)
Cliché Auguste Douillard, de Montaigu
Quelque adresse qu'eût mis Baudry d'Asson à
déjouer les manuvres de la police, ses démarches
n'avaient pas été tellement secrètes qu'elle
n'en eût appris quelque chose. Alors commença contre
lui une série de tracasseries. Après la dispersion des
religieux de Port-Royal, Baudry d'Asson fut chargé de négocier
une entente entre le cardinal de Retz et la fameuse abbaye. Enfin,
après des traverses de toutes sortes, le correcteur des épreuves
de Pascal, le dispensateur des aumônes de Mme de Longueville,
le confident d'Arnauld, le défenseur infatigable des veuves
et des religieuses, le négociateur dans toutes les affaires
difficiles, s'éteignait le 30 décembre 1668, et son
cur était porté à Port-Royal-des-Champs.
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|
HARDOUIN PÉRÉFIXE DE
BEAUMONT,
ABBÉ DE SAINT-MICHEL-EN-L'HERM, ACADÉMICIEN
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Vers cette époque, le Bas-Poitou comptait encore,
parmi les lettrés, un abbé de Saint-Michel-en-l'Herm,
Hardouin Péréfixe de Beaumont (1605-1670). Fils d'un
maître-d'hôtel du cardinal de Richelieu, il fut, après
de brillants succès en Sorbonne, précepteur de Louis
XIV, puis son confesseur. Il composa pour son royal élève
l'Institutio Principis et La Vie de Henri IV. Cette
histoire, remarquable par l'élégante naïveté
du style et par une simplicité pleine de charme, obtint un
succès populaire que le temps a confirmé (1) ; aussi
l'Académie française, en 1654, s'empressa-t-elle d'appeler
dans son sein Péréfixe de Beaumont, alors abbé
de Saint-Michel-en-l'Herm (2). Péréfixe parvint, en
1662, au siège archiépiscopal de Paris, et devint, peu
de temps après, proviseur de la Sorbonne et commandeur des
ordres du roi.
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|
NOTES:
(1) Cet ouvrage, imprimé à
Amsterdam, chez Daniel Elzévir (1664), un vol. in-12 de 566
pages, est devenu extrêmement rare et fort recherché
des bibliophiles. La librairie Alexandre More, de Paris, en possédait
encore dernièrement un exemplaire de 131 millimètres
de hauteur.
(2) Son fauteuil n° 19 a été,
le 11 décembre 1890, attribué à M. de Freycinet,
alors président du Conseil des Ministres et 13° titulaire.
- Le 12° était Émile Augier. - Le 1er avait été
Balzac, en 1634 ; le 2e Mgr de Beaumont. - Louis Brochet. - Histoire
de l'Abbaye royale de Saint-Michel-en-l'Herm.
En 1644, Julien de Saligné, seigneur
de la Chaize-le-Vicomte, possédait, d'après Jacob, une
des plus belles bibliothèques du monde.
|
MORT DE RICHELIEU (4 Décembre
1642),
ET DE LOUIS XIII (14 Mai 1643). -
BATAILLE DE ROCROY (19 Mai 1643)
|
Richelieu était mort le 4 décembre 1642,
et, Dieu seul sait le secret de la confiance avec laquelle cet homme,
qui avait été si peu miséricordieux, attendait
la miséricorde du Souverain Juge. Louis XIII le suivait dans
la tombe peu de temps après, et ses derniers instants étaient
marqués par une manifestation vraiment singulière et
mémorable. « Le 10 mai 1643, le roi rêva que le
jeune duc d'Enghien, parti récemment pour aller prendre le
commandement en chef de l'armée du Nord, remportait une victoire
sanglante, opiniâtrement disputée, mais décisive.
L'opinion des anciens sur le don de prophétie accordé
aux mourants fut, cette fois, confirmée par le fait ; mais
Louis ne vit pas la réalisation de son rêve ; la bataille
de Rocroy fut livrée le 19 mai : Louis était mort le
14, trente-trois ans, jour pour jour, après l'assassinat de
Henri IV. Il n'avait pas vécu quarante-deux ans (1). »
« La France fut saisie d'un enivrement inexprimable,
quand elle apprit ce triomphe, le plus brillant que ses armes eussent
obtenu depuis un siècle, et quand elle vit arriver à
Notre-Dame de Paris les deux-cent-soixante étendards conquis
à Rocroy. Tout concourait au prestige d'une victoire remportée
par un prince de vingt-deux ans, pour un roi de cinq ans. Il semblait
miraculeux de voir la gloire inaugurer le gouvernement d'une femme
et d'un enfant, gouvernement dont l'idée s'associe, d'ordinaire,
à celle de la faiblesse et de l'impuissance : dès lors
ce berceau, couvert de si précoces lauriers, sembla porter
dans ses flancs une destinée nouvelle. »
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|
NOTES:
(1) Henri Martin, T. XI, page 587.
|
SIÈGE DE ROSAS OU ROSES. -
MORT HÉROIQUE DE BRUNEAU DE LA RABATELIÈRE AU SIÈGE
DE NORDLINGEN (3 Août 1645)
|
Moins de deux ans après cette éclatante
victoire, de nouveaux lauriers devaient couronner les armées
du jeune roi. Dès le commencement d'avril 1645, Du Plessis-Praslin
mit le siège devant l'importante ville maritime de Roses ou
Rosas, que les Espagnols avaient conservée à l'extrémité
nord-est de la Catalogne. Ni les pluies violentes, ni les ruisseaux
changés en torrents, noyant le camp français et gâtant
les bagages et les munitions, ni l'extrême solidité des
fortifications bâties en pierre, « dure comme le diamant
» ni la résistance meurtrière d'une brave et nombreuse
garnison ne découragèrent les assiégeants, parmi
lesquels s'illustrèrent plusieurs bas-poitevins dont nous avons
cité les noms ailleurs.
Roses fut réduite à capituler le 26 mai.
La marine ennemie n'avait rien tenté pour secourir la place.
Le pavillon espagnol n'osait quasi plus se montrer sur ces mers où
avaient jadis régné Charles-Quint et Philippe II.
Quelques mois après, un autre bas-poitevin, François
Bruneau, fils du seigneur de la Rabatelière, Charles, qui s'était
lui-même distingué au Siège de Spire, mourait
frappé de cinq blessures à Nordlingen (3 août
1645), en combattant à la tête de sa compagnie sous les
ordres du grand Condé. Son corps fut enterré sur le
champ de bataille et son cur enfermé dans une boîte
de plomb, apporté à La Rabatelière et déposé
dans l'église avec cette épitaphe.
« La France, l'Allemagne et les cieux et les arts
Les soldats et le monde ont fait, comme six parts
De ce grand chevalier; car une si grand'chose
Dedans un seul tombeau ne pouvait être enclose.
La France a eu le cur qu'elle avait élevé
;
L'Allemage le corps qu'elle avait éprouvé,
Les cieux en ont l'esprit et les arts la mémoire
Les soldats le regret et le monde la gloire (1). »
« Juste ou plutôt excusable expression du
moment et du lieu, dit Mourain de Sourdeval ; mais qui saurait aujourd'hui,
sans le manuscrit enfoui au fond de la bibliothèque du château
de La Rabatelière, deux fois passé en d'autres mains,
que François Bruneau a succombé vaillamment et a contribué
à l'une des plus belles victoires du Grand Condé (2).
»
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|
NOTES:
(1) Sa fille, Mine des Cars, a laissé
plusieurs ouvrages en prose et en vers, ainsi qu'un livre de piété
intitulé : Le Solitaire de Terrasson.
(2) Un autre personnage du Bas-Poitou,
François de Chevery, écuyer, seigneur de la Garouère,
capitaine de la 2e compagnie de Mgr le Dauphin, contribua aussi aux
victoires du Grand Condé. Blessé gravement à
Senef, le 11 août 1674, il mourut à Charleroi le 31 août
suivant, ainsi que le rapporte un des registres de l'état civil
Commequiers. Sa famille n'existe plus dans le pays.
|
SITUATION EN 1646. - SOULÈVEMENTS
PARTIELS EN BAS-POITOU. - ETIENNE MOYNE CONTROLEUR DES DRAPS. -
PRISE DE LENS
|
Malgré l'échec de Lérida (1646),
jamais la France ne s'était trouvée dans une situation
militaire aussi brillante. L'ensemble des événements
à la fin de l'année 1646, semblait concourir non pas
seulement à faire triompher, mais à dépasser
la pensée secrète de Mazarin, qui était d'imposer
à l'empereur une paix avantageuse à la France, et de
continuer la guerre contre l'Espagne seule, jusqu'à ce que
le Roi catholique se résignât à une longue trêve
qui laisserait la France en possession de tout ce qu'elle avait pris.
Des soulèvements partiels avaient pourtant lieu
en Bas-Poitou, où la noblesse toujours remuante essayait de
profiter de la minorité du roi pour rétablir une partie
des prérogatives que lui avait enlevées le grand cardinal.
- Des troupes nombreuses y furent envoyées, ainsi qu'on le
peut voir par la commission de contrôleur des draps employés
à l'habillement des soldats, donnée le 16 juin 1647
à Etienne Moyne par François de La Rochefoucauld, gouverneur
de la province (1).
Mais ces troubles n'avaient pas un caractère
assez grave pour empêcher le premier ministre de poursuivre
son plan de campagne contre les impériaux. Le 23 septembre
1647, le maréchal Gassion, avec plusieurs seigneurs bas-poitevins,
alla tout à coup investir Lens. Le 28, il prit d'assaut une
demi lune : ce fut son dernier exploit; il y fut mortellement blessé
d'une mousquetade à la tête. Lens ne s'en rendit pas
moins le 3 octobre, mais une pareille conquête ne valait pas
la vie d'un tel capitaine. - Lens fut pourtant repris par les Espagnols
le 18 août 1648, mais il fit retour à la France dès
le lendemain, à la suite d'une grande victoire remportée
par Condé sous les murs de la ville.
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|
NOTES:
(1) Archives de Fontenay, tome IV, page
157.
|
LA FRONDE EN BAS-POITOU
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Avec l'année 1648 avait commencé, pour
la France, une phase nouvelle ; au moment même où la
diplomatie nationale obtenait un si éclatant succès
par le traité de Westphalie, le mouvement et l'intérêt
dramatique de l'histoire qui étaient aux frontières
et au dehors rentraient à l'intérieur du royaume, signe
presque toujours funeste, et qui annonce, comme le dit éloquemment
Henri Martin « que le pays tourne son activité non seulement
sur lui-même, mais contre lui-même. »
Les Espagnols avaient refusé d'accéder
au traité de Westphalie, se flattant toujours de voir éclater
en France des troubles qui leur permettraient de reprendre leurs avantages.
Ils avaient bien jugé l'humeur turbulente des grands seigneurs
et l'esprit versatile du peuple. De nouveaux impôts, nécessités
par cinq ans de guerre, excitèrent un mécontentement
général. Les parlements et la noblesse s'allièrent
contre Mazarin, dont la fortune immense paraissait être le fruit
de la concussion (1). Le 26 août 1648 (2), le ministère
fit arrêter le Conseiller Broussel, qui avait refusé
avec plus de force que les autres contre l'enregistrement de quelques
édits. Le peuple de Paris, animé par le coadjuteur Paul
de Gondi, depuis cardinal de Retz, homme d'esprit et d'intrigue qui
affectait de jouer le rôle de Catilina, se souleva, établit
des barricades et fit relâcher les Conseillers que la Cour avait
emprisonnés.
Cette émeute organisée et permanente fut
appelée La Fronde. Le Poitou, trop éloigné
des principaux meneurs, n'y prit part qu'assez tard, après
qu'elle eut éclaté.
Par l'influence du prince de Marsillac, gouverneur du
Poitou, attaché au parti des Ligueurs, quelques menées
obscures agitèrent la cité de Poitiers. Le maire, Jean
Richeteau, fut menacé à diverses reprises. Peu de temps
après, de Marsillac, à la tête de quelques troupes,
s'avança jusqu'à Lusignan. Mais dans le Bas-Poitou,
le duc de Thouars, Henri de la Trémouille, investi de la confiance
des Parlements de Paris et de Bordeaux, soutint avec éclat
contre Chateaubriant des Roches-Baritaud, gouverneur du Bas-Poitou,
la cause des principaux insurgés.
Muni du brevet donné, en 1649, par le Parlement
« de lever des troupes pour le service du roi, défense
de la cour, du Parlement et du public dans l'ouest de la France »,
Henri de la Trémouille se mit à recruter des soldats.
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|
NOTES:
(1) Il était en ce moment-là
abbé de Saint-Michel-en-l'Herm.
(2) Le 9 juin de cette même année, Charles Dufrène,
directeur de la troupe de comédiens dont faisait partie Molière
adressait au corps de ville de Fontenay, une requête pour être
mis en possession temporaire du Jeu de Paume. - Archives
de Fontenay, T. IV, page 181.
|
FONTENAY AUX MAINS DES FRONDEURS
|
Des Roches-Baritaud, tenant pour Mazarin, venait d'occuper
la ville de Fontenay, et cherchait de tout son pouvoir à entrer
dans le château. Mme de la Boulaye (1), dont le mari était
partisan du Parlement, songeait peu à se retirer devant ce
dernier. Chateaubriant expédia alors à Paris, Portecuière,
un de ses gentilshommes, qui lui apporta les provisions de gouverneur
« des ville et château ». La gouvernante, se voyant
trop faible pour résister, envoya Brisson, frère du
sénéchal François (2) près du duc, demander
secours. La Trémouille lui lit répondre, par deux échevins
de Thouars, qu'il la protégerait. Elle rompit aussitôt
les négociations engagées avec des Roches-Baritaud,
sous les auspices de Raoul, évêque de la Rochelle, et
appela la population de la ville aux armes. Le maire, Lancelot Cailler,
fit sonner le tocsin, et chassa le lieutenant général
du Bas-Poitou. Le duc de Thouars, averti de ce qui était arrivé,
envoya des troupes dans le château, sous les ordres de Chezerac,
et ordonna de refuser l'entrée aux Mazarins (3).
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|
NOTES:
(1) Louise de la Mark, fille du duc de
Bouillon-la-Mark, mariée le 28 janvier 1633, avec Maximilien
Eschallard, chevalier, seigneur, marquis de la Boulaye, conseiller
d'Etat, gouverneur de Fontenay, baron de Mareuil, la Vieille-Tour,
la Bretonnière, Champdollan, Pierrefite, etc. M. de la Boulaye,
nouvellement converti, avait prit parti pour la Fronde et se trouvait
à Paris au commencement des événements dont nous
parlons. On lui adressa alors une pièce de vers intitulée
: Lettre joviale à M. le Marquis de la Boulaye, en vers
burlesques. A Paris, chez Sébastien Martin, rue Jean-de-Latran,
près le collège royal : MDCXLIX ; avec permission :
in-4° de 16 pages (très rare). - Cette pièce fait
partie des Mazarinades. - Il existe un portrait in-8° de Maximilien
Eschallard, gravé par Balth Moncornet.
(2) François Brisson, sénéchal,
était le cousin de Paul Scarron, surnommé l'apôtre,
frère du poète Scarron, premier époux de Mme
de Maintenon.
(3) Eschallard de la Boulaye, conseiller
d'État et gouverneur de Fontenay en 1667, 30.000 fr. de rente,
dit Colbert de Croissy, reçut, le 9 janvier 1649, commissien
du prévôt des marchands et des échevins de Paris,
de lever un régiment de mille chevaux en Bas-Poitou, avec ordre
de l'amener dans la capitale, s'empressa d'obéir et devint
l'un des chefs les plus turbulents de la Fronde. On connait le procès
qui lui fut intenté en décembre de la même année,
pour avoir voulu faire assassiner, sur le Pont-Neuf, le grand Condé,
que les énergumènes du parti accusaient de tiédeur.
- État du Poitou sous Louis XIV, page 111.
|
AFFAIRE DE SAINTE-HERMINE, MAREUIL
ET LA CHAIZE-LE-VICOMTE
|
Des Roches Baritaud se dédommagea de son insuccès
par la prise de Sainte-Hermine (1). Au mois de février 1649,
il s'empara du château, et y concentra des troupes. Tout l'hiver
suivant fut employé à des préparatifs de part
et d'autre, et lorsque les premiers beaux jours furent revenus, le
duc de Thouars ordonna au vicomte de Marcilly de se mettre en mesure
d'aller couvrir Fontenay, qui pouvait, être menacé.
On se donna rendez-vous à Faye-l'Abbesse le 18
mars, et le comte de Laval (2) prit le commandement de l'armée
d'expédition. Le 21, elle arriva à sa destination, et
les habitants la reçurent avec de grandes démonstrations
de joie. Les capitaines furent d'avis de se séparer et d'aller
lever de nouvelles troupes ; mais Mme de la Boulaye, Jean Brunet maire,
et le corps de ville demandèrent de toute leur force que l'on
ne s'arrêtât pas en si beau chemin, et que l'on attaquât
l'ennemi. Cet avis prévalut, et l'on décida d'abord
que l'on se rendrait à Mareuil. On revint cependant sur ce
premier projet, parce que ce lieu était trop éloigné,
et l'on marcha droit sur Sainte-Hermine. Les Fontenaisiens se joignirent
au nombre de trois-cents aux parlementaires ; l'on tira soixante hommes
de Maillezais et cinquante de Luçon ; puis Chézerac
prit deux pièces de canon au château. Des Roches-Baritaud,
prévenu à temps, se retira de Sainte-Hermine et alla
camper à la Chaize-le-Vicomte, où il fut complètement
battu (3) par le comte de Laval, et, enfin fait prisonnier aux Sables-d'Olonne.
Les autres événements de cette prise d'armes furent
insignifiants, et lorsque la paix arriva au commencement d'avril 1651,
les principaux acteurs étaient déjà retirés
chez eux.
La trêve fut de courte durée. Les mécontents
se soulevèrent encore en Guyenne, dès le mois de septembre
1651, et s'allièrent aux Espagnols. Le Bas-Poitou, sans prendre
directement part à une guerre qu'il désapprouvait, se
tint sur le qui vive.
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|
NOTES:
(1) Le seigneur de Sainte-Hermine était
alors Louis de Courcillon, dit Dangeau, frère du fameux Philippe
Dangeau, qui en devint baron en 1659. Ce dernier personnage, qu'on
a presque sacré grand homme pour avoir noté, jour par
jour, les menus détails de la vie intime de Louis XIV, fut
le type achevé du courtisan ; né le 21 septembre 1638,
il mourut le 9 septembre 1720, après avoir possédé
Sainte Hermine pendant soixante ans, sans jamais rendre le moindre
service à ses habitants.
(2) Ce fils puiné du duc de Thouars
était prêtre de l'Oratoire.
(3) Le cur des Roches-Baritaud,
mort le 13 août 1658 au château de Saint-Paul-en-Pareds,
fut placé dans un des piliers de Notre-Dame
|
COMBAT DU GUÉ-DE-VELLUIRE (4
Novembre 1651). - PROTESTATION DES FONTENAISIENS CONTRE L'ANOBLISSEMENT
DU MAIRE ET DES ÉCHEVINS
|
Une affaire sérieuse eut toutefois lieu au Gué-de-Velluire
; le 4 novembre 1651, entre les habitants de Fontenay et le marquis
de Jarzé, qui allait, avec deux-cents cavaliers, joindre les
troupes du prince de Condé (1), déclaré, le 8
octobre 1651, criminel de lèse-majesté. L'honneur de
ce dernier fait d'armes revenait tout entier aux artisans des Loges,
commandés par deux jeunes gentilshommes, Laurent de Puy-Rousset
(2), et Pierre du Boulay (3), et secondés par quelques bourgeois.
Les cavaliers du marquis de Jarzé furent tués ou faits
prisonniers et ramenés triomphalement en ville. Le 5 et le
6, on fit des funérailles publiques aux deux chefs qui étaient
morts dans l'action, et René Moreau inscrivit leur éloge
et ce fait sur les registres mortuaires de Notre-Dame (4).
L'échevinage et la magistrature, presque uniquement
composés d'ennemis du Cardinal, trouvèrent cependant
moyen de s'approprier les bénéfices d'un fait d'armes
auquel ils étaient demeurés étrangers, nonobstant
une procuration des habitants de Fontenay autorisant, le 8 décembre
1651 (5), Pierre Denfer et François Daguin, avocats, à
s'opposer à ce que les maires et échevins soient anoblis
à l'occasion d'un fait d'armes auquel ils n'avaient pas pris
part (6). Malgré l'intervention du clergé du diocèse,
que René Moreau avait gagné à la cause des protestataires,
Julien Collardeau et l'ancien vice-sénéchal Jacob de
Modon, se. firent nommer conseillers d'État ; André
Garipault, lieutenant de la maréchaussée, reçut
le collier de l'ordre de Saint-Michel, et devint, quoique roturier,
gentilhomme de la chambre ; le maire, naguère serviteur de
Louise de la Mark, obtint des lettres de noblesse (7).
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|
NOTES:
(1) Condé avait traité avec
l'Espagne et faisait la guerre en Guyenne.
(2) Laurent de Puy Rousset, écuyer,
seigneur de Payré, était àgé de 35 ans
lorsqu'il fut tué. Il était homme de bien et zélé
au service du roi, dit René Moreau. Il était marié
avec Sylvie Tiraqueau.
(3) Pierre du Boulay, écuyer, seigneur
de Beauregard, tué à l'àge de 25 ans.
(4) Archives de la Mairie. - Fillon,
Recherches sur Fontenay, pp. 298-301.
(5) Archives de Fontenay, T. III,
pages 189-190, etc.
En cette année 1651, le 21 juillet,
Louis XIV, qui avait alors douze ans, passa Poitiers et y fut reçu
comme dans une ville fidèle. On lui rendit les mêmes
donneurs, lorsqu'à son retour il s'y arrêta encore, le
31 octobre de la même année. Il y demeura trois mois,
ainsi que les grands corps de l'Etat. Pendant ce temps-là le
comte d'Harcourt, avec quelques milliers de soldats détachés
de l'armée du Nord, se dirigeait vers la Charente, où
bientôt il s'emparait de Cognac (17 novembre), de la Rochelle
(27 novembre) et de l'île de Ré.
(6) Dans ce document, les soussignés
se plaignent amèrement de la misère dans laquelle ils
se trouvent, attendu que depuis 15 ans « ils ont eu en quartier
d'hiver des régiments d'infanterie ou cavalerie... obligés
qu'ils ont été de faire subsister
leurs frais, l'espace de deux ans, huit
vingts espagnols faits prisonniers à la bataille de Rocroy...
outre qu'ils sont, journellement employés aux gardes et convois
de milice que la nécessité requiert, etc. - Archives
de Fontenay, T. III, page 189.
(7) Par mesure de précaution, la
vide de Fontenay demeura encore longtemps « munis d'artillerie
», car les Archives de la ville, T. IV, page 195, donnent
le texte de « provisions données par le duc de Rouanez
au sieur Audureau Paul, armurier et arquebusier de la maison commune
de la ville de Fontenay », pour le commettre à la garde
« des canons, couleuvrines et autres engins appartenant à
dicte maison commune » (16 mai 1653).
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VENTE DE LA BIBLIOTHÈQUE DE
MAZARIN
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Pendant que ces événements s'accomplissaient
en-Bas-Poitou, un arrêt du 29 décembre 1651 déclarait
Mazarin et ses adhérents criminels de lèse-majesté,
enjoignait aux communes « de lui courir sus, ordonnait de procéder
à la vente de ses meubles, de sa bibliothèque, et de
prendre, sur le produit de cette vente, 150.000 livres pour récompenser
quiconque le représenterait à justice, mort ou vif.
La vente et la dispersion de la bibliothèque
du Cardinal est un des actes les plus honteux qu'ait jamais commis
aucune assemblée. Cette belle collection de quarante mille
volumes avait été réunie et classée par
le savant Naudé, pour l'usage de tous les hommes studieux,
auxquels Mazarin en ouvrait libéralement les portes. Naudé
ne put survivre à un tel coup. Il faut dire cependant que cet
acte de vandalisme ne fut pas poussé jusqu'au bout : la vente
fut arrêtée à moitié chemin (1). Mazarin
avait fait de sa collection une vraie bibliothèque publique
prototype de notre grande Bibliothèque nationale, qui occupe
aujourd'hui l'ancien palais Mazarin. La collection de Mazarin forme
le premier fonds de la Bibliothèque Mazarine.
En mourant, le même Cardinal, qui était
aussi abbé de Saint-Michel- en-l'Herm, exprimait le désir
que la mense abbatiale fut réunie au collège des Quatre-Nations.
Dans ce collège, richement doté, les études étaient
gratuites. Il était ainsi nommé des quatre Nations parce
que Mazarin avait réunies à la France, l'Alsace, l'Artois,
le Roussillon et Pignerolles, en Italie.
En 1808, ce palais est devenu le palais de l'Institut.
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NOTES:
(1) Bordeaux s'étant soumis le 3
août 1653, la France était pacifiée.
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LE MARÉCHAL DE CLÉREMBAULT. -
CHARLES MESNARD
DE TOUCHEPRÉS ET FRANÇOIS DE BESSAY
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Si pendant les guerres de La Fronde, une partie de la
noblesse vendéenne avait pris fait et cause pour les parlements,
d'autres de ses membres pendant cette lamentable époque de
dissensions intérieures, combattaient bravement sur les frontières
pour la grandeur de la France, et se couvraient de gloire. Il nous
suffira de rappeler ici les noms du maréchal de Clérembault,
de Charles Mesnard de Toucheprés et de François
de Bessay.
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PHILIPPE DE CLEREMBAULT
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Philippe de Clérembault Palluau, issu d'une des
plus illustres familles du Bas-Poitou (1) originaire du Plessis, près
Aizenay, avait à peine 16 ans lorsqu'il commença à
porter les armes. Simple capitaine d'une compagnie de chevau-légers,
sous les ordres de Comtsalaud, colonel de la cavalerie légère
de France, il fut appelé en cette qualité à faire
partie d'une expédition en Italie, au mois d'août 1636.
Il se trouva au combat du Tessin ; l'année suivante, au siège
de Landrecies ; et en 1641 à l'attaque des lignes d'Arras.
Devenu alors maréchal de camp, Clérembault
prit part comme tel au siège de Perpignan en 1642 ; il accompagna,
l'année d'après, le Grand Condé au siège
de Thionville, et l'aida en 1644 à gagner la célèbre
bataille de Fribourg. Il combattit encore à Nordlingen en 1645,
et fut à la suite de ces brillants faits d'armes promu mestre
de camp général de la cavalerie légère.
Sa vaillante conduite aux sièges de Philisbourg, de Courtray,
de Dunkerque, de la Bassée et de Lens, lui valut peu de temps
après la lieutenance générale des armées
du roi. Il les commanda si bien aux sièges d'Ypres, de Bellegarde
et de Montrond en Berry, qu'il fut enfin fait maréchal de France,
au lendemain de l'assaut donné à cette dernière
place (18 février 1653). - L'insigne de sa dignité lui
fut remis le 1er juin de la même année.
C'est alors que brisant avec les charmes de la tant
célèbre Ninon de l'Enclos, il épousa, le 26 avril
1654, Louise Françoise Boutilhier, la fille du secrétaire
d'Etat Chavigny ; alors aussi qu'il songea à rebâtir
sa féodale demeure de Palluau dans le goût des maîtres
de la Renaissance, dont son séjour en Italie lui avait permis
d'admirer l'incomparable style.
Entre temps, il accompagnait en 1659 Mazarin aux conférences
de l'île des Faisans, qui amenèrent le traité
des Pyrénées. Le 31 décembre 1661 il était
nommé gouverneur de Berry, bailli de cette province, etc. Il
était alors à l'apogée de sa gloire.
Mais notre maréchal ne goûta pas longtemps
les joies de l'intimité conjugale, ni le faste de sa nouvelle
demeure où il ne faisait d'aillèurs que d'assez courts
séjours. Dès l'année 1662, il était pris
d'une maladie de langueur, et ni les médecins auxquels il eut
recours, ni les eaux de Bourbonne dont il essaya, ni l'air pur et
salubre de sa campagne de Palluau ne purent refaire sa santé
altérée. Trois ans après, le 24 juillet 1665,
il succombait à Paris. Son corps, rapporté à
Palluau, fut inhumé dans l'église du lieu. Lorsqu'en
1794, la colonne infernale de Commaire brûla cet édifice,
la tombe du maréchal de Clérembault fut, d'après
la tradition, odieusement violée, et les ossements qu'elle
renfermait jetés avec mépris et dérision dans
les fossés du château (2).
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NOTES:
(1) Un Geoffroy Clérembault était
seigneur du Plessis en 1117. - Un de ses descendants, Jean Clérembault,
seigneur du Plessis Clérembault, combattit contre les Anglais,
sous les ordres du roi de Sicile en 1412. - Un autre, Antoine,fut
fait chevalier du Croissant par le roi de Sicile en 4147. Cinq ans
après, son cousin Clérembault de Chantebuzin était
un des pillards de l'abbaye de Saint-Michel-enl'Herm, et pendant les
guerres de religion, ses descendants se distinguèrent tristement
par leurs violences contre les catholiques.
(2) Palluau et les Clérembault,
par l'abbé Boulin. - Revue du Bas-Poitou. IVe année,
page 275-304.
Le fils du maréchal de Clérembault,
l'abbé Jules, mort en 1714, fut membre de l'Académie
française. - Bouillé Diction, page 416.
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CHARLES MESNARD DE TOUCHEPRÉS
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Charles Mesnard de Toucheprés, marié en
1648 ou 1649 à Marie Grignon, devint baron de Pouzauges, seigneur
des Châtelliers et de la Ramée, etc., servit également
avec distinction, suivit le Grand Condé, et se signala brillamment
au siège de Rethel (9-13 décembre 1652), sous la conduite
du maréchal du Plessis, luttant contre Turenne alors au service
de l'Espagne.
Le vaillant soldat était condamné à
payer chèrement sa gloire ; la victoire de Crémone lui
avait coûté naguère son second fils ; la victoire
de Rethel lui coûta son fils aîné (1).
(1) Il habitait ordinairement le château
de l'Échardière, près Pouzauges. Colbert de Croissy
lui attribuait, en 1667, un revenu de 42.000 livres.
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DE BESSAY (FRANÇOIS)
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De Bessay (François), né le 17 octobre
1628, assistait à la prise de Lérida en 1646, et servait
en qualité de volontaire à l'armée de Catalogne.
Il commandait la cavalerie de la défense d'Ypres, où
il se distingua. Il servit en qualité de mestre de camp, lors
de l'attaque de la forteresse de Mont-Rond en Berry, reçut,
le 25 janvier 1653, une commission pour commander en Bas-Poitou, en
qualité de maréchal des camps et armées du roi,
et de lieutenant de Sa Majesté, place vacante par le décès
du sieur des Roches-Baritaud. Il assista, en qualité de mestre
de camp, commandant le régiment Clérembault, cavalerie
légère, aux sièges de Landrecies, Saint-Guillain
et de Condé, comme il appert d'un certificat délivré
le 29 septembre 1655, par Turenne, au camp d'Angres ; - fut ensuite
conseiller du roi en ses conseils d'État et privé.
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RENÉ MOREAU, CURÉ DE
NOTRE-DAME DE FONTENAY
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Si pendant les guerres dont nous venons de parler, la
noblesse de notre pays paya bravement de sa personne, et se distingua
sur presque tous les champs de bataille où la France déploya
ses étendards ; dans des sphères plus modestes, de grands
curs et de nobles caractères n'en honoraient pas moins
la Vendée, et nous sommes heureux de consacrer ici quelques
lignes au vénérable prêtre, René Moreau
(1605-1671), dont le nom s'est rencontré plus haut sous notre
plume, et à une humble fille du peuple, Anne Benoist.
René Moreau. curé de Notre-Dame de Fontenay
(D'après un rarissime portrait possédé par M.
Treuttel, de Sévigné).
René Moreau est descendu dans la tombe depuis
230 ans, mais sa mémoire n'a pas été oubliée
des Fontenaisiens, qui lui durent en grande partie alors d'échapper
aux horreurs de la guerre civile. « Disciple du Christ en esprit
et en vérité, dit Fillon, il enseigna, par l'exemple
de sa vie, ce que peut, dans une modeste paroisse aussi bien que sur
un plus vaste théâtre, l'intelligence alliée au
dévouement de chaque jour. Conciliant et plein de tolérance
à une époque d'aigres disputes religieuses, il ne cessa
jamais de faire appel à la concorde, et sut gagner, par l'ascendant
de ses vertus, les cours de ceux-là même que leur foi
séparait de lui. Comment en eût-il été
autrement, lorsqu'on le voyait à l'uvre ? Un trait, entre
mille, suffira pour le faire connaître. Le feu se déclare
la nuit dans la demeure d'un charpentier calviniste des Loges, et
menace d'embraser les maisons voisines. Le curé de Notre-Dame,
averti par le bruit du tocsin, accourt, quoique malade, sur le théâtre
de l'incendie, et apprend que la petite fille du huguenot va périr
au milieu des flammes. Le danger est extrême ; personne, pas
même le père n'ose l'affronter. Mais René Moreau
n'hésite pas un instant ; il adresse à Dieu une courte
prière, se débarrasse de sa soutane, et saisissant une
échelle, il monte arracher la victime à la mort (1).
Il avait connu François de Salles et Vincent de Paul tandis
qu'il suivait à Paris les cours de théologie, et ses
relations avec ce dernier ne paraissent pas avoir été
interrompues (2).
Le grand hôpital fut fondé par lui (3).
Deux autres établissements de bienfaisance, qu'il avait créés,
ne purent subsister du moment qu'il avait cessé d'exister.
Né le 16 septembre 1605, à la Chapronnière, village
de la paroisse de Notre-Dame de Moulins, près Mauléon,
dans la cabane d'un laboureur, il finit ses jours le 28 janvier 1671,
laissant à ses successeurs une bibliothèque bien choisie,
et un mobilier qui ne valait pas cinquante écus. Les effets
appartenant à sa personne furent estimés cinq livres.
L'influence de René Moreau sur la population
était, on doit le penser, trop considérable pour que,
dans ces temps de troubles, les partis n'aient pas souvent tenté
de l'attirer à eux; mais il sut résister à toutes
leurs avances. Le duc de La Rochefoucauld, le marquis de la Boulaye,
l'archevêque de Bordeaux, son ami personnel, et plusieurs autres
grands personnages essayèrent en vain de le faire sortir de
la voie qu'il s'était tracée. La perspective d'un évêché
ne le tenta point, et il préféra aux honneurs de la
mître, l'amour de ceux qui l'entouraient. Les Jansénistes,
le sachant de murs austères, voulurent se l'attacher;
mais ils ne furent pas plus heureux. Il se tint également loin
de l'une et de l'autre des deux sectes qui troublaient alors la paix
de l'Église.
Ce fut le duc de Roannez, gouverneur du Poitou, qui
s'efforça de gagner René aux doctrines de Port-Royal,
pendant l'un de ses séjours au château de Fontenay, où
l'appelaient les devoirs de sa charge. L'appartement occupé
par lui dans ces occasions, était meublé avec une simplicité
singulière, ainsi que le constate l'inventaire dressé
après qu'il se fut démis de son gouvernement pour se
retirer du monde. On y remarquait seulement un portrait du Roi, une
Sainte Famille et deux paysages ; l'un placé au-dessus d'un
meuble en noyer, l'autre derrière la porte. Au dos de ces dernières
toiles étaient des vers attribués à Blaise Pascal,
l'illustre ami du défunt (4).
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NOTES:
(1) Le fait est raconté par Isaac
Dusoul, ministre de Fontenay, dans une lettre qu'il écrivit
à son collègue de Thouars, quelques jours après
la mort de René Moreau. « Il est trépassé
de la semaine dernière, y est-il dit, au grand chagrin de tous
ceuls qui le cognoissaient. Si clans l'église de Rome n'y eus
eu que gens de mesme façon, nous serions tous frères
et non ennemis. »
(2) Les Archives de Fontenay, T.IV,
page 185, contiennent le texte d'une procuration par laquelle Vincent
de Paul charge René Moreau, curé de N.-D., de régler
pour son compte l'affaire pendante entre l'évêque de
la Rochelle et lui.
(3) Le 16 février 1661, il donnait
tout ce qu'il possédait à l'hôpital général,
qu'il voulait créer, soit une rente de deux-cent-trente-six
livres assise sur le Châtelier-Barlot. La générosité
de René Moreau en suscita d'autres : Mlle Marie Brisson, notamment,
fit don de neuf-cents livres de rente, et bientôt l'hôpital
Saint-Louis s'ouvrit aux misères de la ville, sous la direction
de Mme de la Chaulne, née Françoise Pichard. - Au mois
de septembre 1684, des lettres-patentes conservées aux Archives
de l'hôpital actuel, érigeaient en Hôpital
Général l'hospice St-Louis. - Le 17 janvier 1685. on
dressait le procès-verbal de visite de l'hôpital (A.
Font, T. IV, pages 345 à 349), et le 29 janvier de la même
année, Mgr de Laval, évêque de la Rochelle, approuvait
l'établissement, desservi ,jusqu'à la Révolution,
par des Surs grises. (A. Font., T. IV, page 351). Le
8 février 1685, une délibération du corps de
ville approuvait aussi l'établissement de l'Hôpital général
de Fontenay, dont les revenus étaient considérables.
(A. Font., T. IV, pages 353-54).
(4) Registres d'état-civil du greffe.
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ANNE BENOIST
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Anne Benoist, lingère, morte à trente-trois
ans et dix mois, était l'élève du vénérable
curé de N.-D. Instruite par lui dans les principes de la charité
sans bornes, elle consacra sa vie si courte à de bonnes actions.
Estimée de tous, on s'empressait de confier à ses mains
des sommes considérables. Elle en réglait l'emploi avec
une merveilleuse sagacité ; car la fille du peuple savait,
mieux que personne, secourir les malheureux, sans demander quelle
communion était la leur.
Le 11 mai 1669, toute la population, sans distinction
de rangs et de croyances, accompagna à sa dernière demeure
le corps de Anne Benoist. Elle emportait surtout les regrets des pauvres
de la ville, dont elle était la Providence. « C'était,
dit Aubineau, vicaire de René Moreau, une personne de grande
vertu, ayant même un don particulier de soulager les malades
blessés et ulcérés qu'elle traitait, pansait
et médicamentait avec tant de succès, qu'il y avait
lieu de juger que c'était en elle une grâce de Dieu singulière.
Sa vie comme sa mort a été exemplaire (1) ».
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NOTES:
(1) Poitou-Vendee. - Art. Fontenay.
Fillon, pages 76 et 77.
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JEAN LOGEAY
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A la même époque vivait, à Fontenay-le-Comte,
un sculpteur de grand talent, Jean Logeay, mort en 1681, et à
qui on attribue la très jolie cheminée dont le dessin
figure ci-dessous.
Cliché de la collection B. Fillon (Communiqué
par Mine Charles Fillon.)
Elle ornait autrefois la demeure de B. Fillon.
Sur le manteau se voient les personnages du Jardin
d'amour de Rubens, s'ébattant dans un parc du jardin de
Mazarin.
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