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LE PROTESTANTISME EN BAS-POITOU DEPUIS
LA RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES (1685) JUSQU'A L'ÉDIT
DE TOLÉRANCE (1787).
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L'edit de révocation de Nantes, défendant
entre autres choses aux protestants de s'assembler pour faire l'exercice
de leur religion, - enjoignant aux ministres de sortir du royaume
dans le délai de quinze jours, - aux parents de faire baptiser
leurs enfants suivant le rite catholique, - aux religionnaires fugitifs
de rentrer dans le royaume dans le délai de quatre mois, sous
peine de confiscation de leurs biens, etc., fut expédié
en toute hâte aux gouverneurs et aux intendants, sans attendre
l'enregistrement, qui eut lieu le 22 octobre.
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ABJURATION ET EXIL DE DIVERS PROTESTANTS
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Avec la Révocation, la dragonnade s'étendit sur toute
la France, et l'intendant du Poitou, Foucault, se distingua tristement
parmi les chefs des sinistres missions bottées.
Tous les pasteurs de la province, sauf trois qui apostasièrent,
allèrent rejoindre leurs frères dans l'exil. Les bataillons
de convertisseurs envahirent le Bas-Poitou dans la fin de l'année
1685. Deux-cent-onze gentilshommes abjurèrent, notamment Amproux
de la Massais, seigneur de Mouchamps, de Bessay et de la Muzanchère,
tandis que d'autres, ainsi que de riches bourgeois, abandonnaient
leur patrie, emportant sur la terre étrangère les débris
de leur fortune. Parmi ces derniers, on peut citer de Béjarry,
de La Roche Louherie (1), Butaud de l'Ansonnière, des Sables-d'Olonne
; - de Chavergnay, seigneur de la Grossetière ; - Deladouespe,
de Mouchamps ; - Kerveno de l'Aubouinière, de Ste-Pexine ;
- La Fontenelle, de la Violière, près la Copechagnière
; - Pierre Marchegay, de Saint-Denis-la-Chevasse ; - André
et Alexandre Marchegay, de Sigournais ; - Moussyau de la Pouzaire,
de St-Hilaire-le-Vouhis ; - de Vilattes, de Chantonnay. D'autres voulurent
rester, et quelques uns des plus influents jetés dans les fers.
De ce nombre, furent Gazeau de la Brandonnière et Regnon de
Chaligny. Pour eux s'ouvrirent les portes de la Bastille, d'où
l'on ne sortait que converti, du moins en apparence.
Des familles entières d'industriels ou d'artisans quittaient
aussi la France au milieu de dangers et de difficultés de toutes
sortes, car au mois de mars 1686, des gardes furent établis
sur les bords de la mer pour empêcher cet exode, cette fuite
d'Israël hors d'Egypte, et à la fin d'octobre, Foucault
demandait au roi une chaloupe pour croiser dans les parages de Saint-Michel-en-l'Herm.
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NOTES:
(1) De Béjarry suivit le prince d'Orange à
la conquéte de l'Angleterre et fut tué au siège
d'Athlone.
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FÉNELON EN BAS-POITOU. - PERTES
CAUSEES PAR L'ÉMIGRATION
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Pendant ce temps-là, on envoyait en Bas-Poitou un homme de
bien, Fénelon, cette noble et touchante figure, une des plus
pures et des plus aimées qui soient restées gravées
dans le cour de la France. Ce saint prélat, alors abbé,
ne rencontra partout que des demeures désertes, et sa voix
évangélique n'ayant plus d'incrédules à
convertir à la foi catholique, exprima douloureusement les
tristes effets des premières mesures, que sa charité
réprouvait, car, en prenant congé du roi, il l'avait
prié de leur retirer la garde « peu apostolique des dragons
(1) ».
Durant cinq ans, les fugitifs, ballottés par les tempêtes,
franchissant les frontières et la mer, abandonnant en un mot
leur patrie, emporteront hors de France soixante millions. - Quoi
qu'il en soit, la perte d'hommes fut bien autrement regrettable que
la perte d'argent. - Par cette plaie toujours béante de l'émigration,
ne cessèrent de s'écouler pendant bien des années
les forces vives de la France.
Cependant les dragons continuaient à conduire à la
messe ceux qui avaient manqué de courage ou l'occasion pour
passer à l'étranger, mais néanmoins rien n'était
moins assuré que ces conquêtes de l'Église romaine.
Pendant que l'émigration décimait la population, que
le savant ministre Claude, encouragé par le prince d'Orange,
exposait au monde protestant l'éloquent tableau de la persécution,
et provoquait à la résistance au dedans, à la
coalition au dehors, le culte proscrit était secrètement
rétabli, et la mort venait souvent donner d'éclatants
démentis aux convertisseurs qui, chez les nouveaux convertis,
n'avaient point enlevé « l'hérésie du
cur ».
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NOTES:
(1) Fénelon, qui avait, alors trente ans, était
à la tête de la mission envoyée en Aunis et Bas-Poitou.
Parmi les membres de cette mission, se trouvaient l'abbé Fleury,
l'auteur célèbre de l'Histoire Ecclésiastique,
l'abbé de Langeron, l'abbé Bertier, depuis évêque
de Blois, l'abbé Milon, aumônier du roi, depuis évêque
de Condom. - Ils eurent avec les ministres protestants des conférences
publiques ou particulières, et en convertirent un certain nombre.
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ASSEMBLÉES DE 1687. - MORT
AFFREUSE DE BIGOT
SUPPLICE DE PLUSIEURS RÉFORMÉS
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En février 1687, malgré l'ordonnance du 1er, juillet
1686, prononçant la peine de mort contre quiconque prendrait
part à une assemblée, les réformés des
environs de Pouzauges et de Moncoutant tinrent nuitamment plusieurs
assemblées présidées par un nommé Bigot,
ancien maître d'école. Un certain nombre, faits prisonniers
et menacés du dernier supplice, demandèrent grâce
et promirent de vivre en bons catholiques, mais Louvois écrivit
à l'inténdant qu'il ne fallait avoir aucun égard
à leur témoignage de repentir et qu'il devait faire
leurs procès. - Le 22 février, quatre furent jugés
à Fontenay-le-Comte. Bigot fut condamné à être
pendu : deux autres furent envoyés aux galères et un
quatrième banni à perpétuité. Bigot marcha
au supplice en chantant un psaume : mais le peuple couvrit sa voix
par le chant du Salve.
D'autres protestants morts en repoussant les sacrements, étaient
traînés sur la claie et jetés à la voirie,
comme on le fit pour les cadavres d'une pauvre vieille de Pouzauges,
âgée de 78 ans ; - du marquis de Goulaine, à Saint-Georges-de-Montaigu.
Au milieu de ces dissensions intestines, un homme, Vauban, aussi
grand par le cur que par l'intelligence, faisait, mais vainement,
entendre au pouvoir la voix de la France, non pas de la France égarée
un moment par les préjugés et l'esprit de système,
mais la voix du génie éternel de la patrie. Il parla
comme eut fait l'Hospital. Mais Vauban ne fut point écoulé
et ne pouvait l'être. Il eut fallu à Louis une grandeur
surhumaine pour confesser ainsi son erreur devant l'univers, et pour
descendre volontairement du piédestal où l'on avait
élevé « le destructeur de l'hérésie.
»
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ASSEMBLÉES DU DÉSERT
(1697)
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Ces persécutions avaient le don de raviver la foi des protestants,
qui bravaient les rigueurs du supplice, et bientôt la cour apprenait
que le sang versé l'avait été inutilement. Calme
et impassible, le peuple continuait à se réunir, le
plus souvent la nuit, sous le nom d'assemblées du désert,
au fond des bois et des ravins.
Le 4, 13 et 14 mars 1697, des assemblées se tinrent dans la
commune du Boupère, à Boispouvreau, aux Lattries,
à la Vernière, et chez Melle Loyeau de la
Baudonnière. - Le 7 mars, à la Babinière,
au-dessous des rochers de Mouilleron ; - le dimanche suivant et le
lundi après jour couché, à la Débuterie
de Rochetrejoux, et dans les environs du Petit-Tillay. - Le
16 mars le prêche se fit à la Grande Etablière
de Mouchamps.
Aux mêmes dates, d'autres assemblées avaient lieu au
Vigneau, à la Coutancière, à. la
Bouère de Mouchamps, à l'Audairie de Pouzauges,
à Chantefoin, près Montsireigne, à la
Chauvinière, chez la dame de Fourchefière, dans
les paroisses de Sigournay (La Salle et la Bobinière),
de Chavagnes-les-Redoux (La Touche), de Saint-Germain-l'Aiguiller,
etc.
Pendant quinze jours, dans toute la contrée, « les chemins
furent remplis de nouveaux convertis qui passaient et repassaient
(1) » ; aussi, avec de tels rassemblements, le secret devenait
impossible, malgré toutes les précautions prises et
le mystère dont on cherchait à s'entourer. De nouvelles
poursuites allaient donc commencer contre les réformés
du Bas-Poitou malgré le faible adoucissement apporté
au sort des protestants par la paix de Ryswich.
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NOTES:
(1) Lièvre. - Histoire des églises
réformées du Poitou.
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ARRESTATIONS DIVERSES
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Le 22 mars, veille des Rameaux, on arrêta la dame de La Mothe
; qui avait souvent donné asile aux ministres, dans la maison
de la Débuterie. Thomas Morel, de Rochetrejoux, et Jacques
Drillaud, du Moulin-au-Four, furent emprisonnés. Malgré
leur abjuration, Drillaud fut condamné aux galères perpétuelles,
le 31 mai 1698, et Morel subit trois années d'emprisonnement.
Quant aux ministres protégés par leurs fidèles,
on n'en put saisir aucun. De nouvelles troupes furent envoyées
dans la commune du Boupère, et leur présence contint
les réformés, mais à peine les eût-on retirées,
vers la fin de mai 1698, que ceux des paroisses voisines, Tillay,
Chavagnes, Montsireigne et Mouchamps recommençaient leurs réunions.
D'Ablège faisait en même temps poursuivre certains protestants
du Bas-Poitou, pour avoir refusé de se marier à l'église.
D'autres étaient mis aux fers, pendant que l'Union-Chrétienne
de Poitiers et de Luçon recevaient des jeunes filles protestantes,
auxquelles on donnait une éducation orthodoxe.
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TOLÉRANCE SOUS LA RÉGENCE.
- BEAU ROLE DU DUC DE NOAILLES. - LE PASTEUR DAUBAN. - L'ABBÉ
GOULD ET L'ABBÉ DE MARBEUF, CURÉS DE POUZAUGES
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Sous la régence, les protestants jouirent d'une certaine tolérance
(1). Le pouvoir central contint un peu la violente inquisition des
curés sur les mariages protestants, et empêcha les hideux
procès contre les cadavres des relaps. Le duc de Noailles avait
pressé avec force le régent de rendre à la France
les bras, les intelligences, les capitaux que lui avait ravis la révocation
de l'Édit de Nantes, et de rouvrir aux protestants expatriés,
au moins quelques points du royaume, par exemple les autoriser à
s'établir à Douai. Il en était temps encore :
la patrie vivait toujours dans le cur des exilés ; un
grand nombre eussent accepté avec transport cette grâce,
ou plutôt cette justice. Le régent fut très ébranlé,
mais n'osa passer outre (1717).
Mais quoi qu'il en soit, du côté de Mouchamps, Pouzauges
et Moncoutant, le pasteur Daubant revenu d'Angleterre, malgré
la peine de mort toujours en vigueur, avait pu prêcher pendant
quelque temps ; mais cela ne faisait pas l'affaire du fougueux abbé
Gould. Il profita de la monstrueuse déclaration du 14 mai 1724,
renouvelant presque toutes les dispositions les plus impitoyables
de Louis XIV, pour jeter la terreur du côté de Pouzauges,
Moncoutant, le Boupère, Rochetrejoux et Mouchamps, où
l'hérésie plus profondément enracinée,
résistait à tous les efforts. La délation, la
menace, les promesses, tout fut employé contre les malheureux
protestants, qui ne voulaient pas envoyer leurs enfants à «
l'école obligée ».
Mais il faut aussi, dans l'intérêt de la vérité,
reconnaître que si quelques prêtres crurent faire uvre
pie, en dénonçant les hérétiques, le digne
curé que possédait alors Pouzauges, M. l'abbé
de Marbeuf, vivait en bonne intelligence avec les réformés
de sa paroisse, mangeant et buvant avec eux, et les laissant libres
d'envoyer ou non leurs enfants à l'école chrétienne.
Dénoncant « ce scandale » à Des Gallois
de la Tour et au procureur général, Gould leur écrivait
en 1725, qu'on ne convertirait point les religionnaires de Pouzauges,
tant qu'on y laisserait le sieur de Marbeuf.
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NOTES:
(1) Cette tolérance n'était pas du goût
de Moriceau de Cheusse, sénéchal de Fontenay, d'autant
plus intolérant qu'il avait été protestant lui-même.
Le 22 juillet 1716, il informait l'intendant du Poitou que plusieurs
nouveaux convertis retournaient à la religion protestante,
que la rentrée « parmy leurs proches des endurcis huguenots
destenus ès prisons, sous le règne du feu roy, a occasionné
plus de mal en deux mois qu'on ne sauroit le nombrer », et il
concluait sur les conseils du clergé, à l'adoption de
mesures de rigueur comme celles employées sous le feu roy (Archives
de Fontenay, T. V).
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HUMANITÉ DES RELIGIEUSES. -
PERQUISITIONS A PAYRÉ-SUR-VENDÉE. - ARRESTATION DE BARITAUD
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Il faut dire aussi, à l'honneur d'un sexe trop souvent facile
aux suggestions du fanastisme, que les religieuses montrèrent
beaucoup plus d'humanité et de vraie religion que certains
prêtres et certains moines. - Étonnées de voir
les femmes huguenots si différentes de l'image qu'elles s'en
étaient faite, elles devinrent presque partout les protectrices
des victimes qu'on leur avait données à tourmenter (1).
Peu de temps après, un prédicant nommé Pierre
Baritaud, revenu d'Angleterre, était arrêté à
Pouzauges pour avoir présidé plusieurs réunions
religieuses, notamment à la Bonnelière de Saint-Michel-Mont-Mercure,
et conduit à Fontenay, où on instruisit son procès.
Au même moment (22 mai 1732), sur l'ordre de l'intendant du
Poitou, le prieur des Jacobins de Fontenay, Saint-Potier, se rendait
en compagnie de la maréchaussée à Payré-sur-Vendée
pour y faire des perquisitions en vue de découvrir des livres
protestants cachés par le sieur Daniel Pineau. Dans la paillasse
du lit de sa femme, on trouva écrits à la main et traduits
en français les Psaumes et la Bible, qui furent remis au juge
séculier (2).
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NOTES:
(1) Histoire de l'édit de Nantes, tomeV, page
901..- Henri Martin. T. XV, page 51.
(2) Archives de Fontenay, T. V, page 65. - Papier
de la famille Galloy.
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NOUVELLES ASSEMBLÉES ET NOUVELLES
PERSÉCUTIONS. -
LE 1er SYNODE DU DÉSERT (18 Août 1744)
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Le ministère du cardinal Fleury apporta un peu d'adoucissement
à la situation des réformés ; les assemblées
devinrent de plus en plus fréquentes à l'occasion des
fêtes de Pâques et de la Pentecôte, mais se tinrent
le plus souvent la nuit. Le 18 août 1744, au plus fort des hostilités
avec l'Autriche, le premier synode du désert qui ait
pris le titre de national s'assembla en Bas-Languedoc, et son premier
acte fut une protestation de fidélité au roi.
Le pouvoir ne répondit à la douceur des opprimés
que par de nouvelles violences ; deux ordonnances des 1er et 16 février
1745 prescrivirent d'envoyer aux galères, sans formes de procès,
quiconque aurait assisté aux assemblées des religionnaires
; les femmes devaient être enfermées à perpétuité,
etc. Malgré la promulgation de ces atroces mesures, des pasteurs
furent, cette même année, envoyés dans le Poitou,
et à la fin de 1745, Dubesset, originaire du Vivarais, arrivait
dans notre pays. Partout on accourait au culte avec un empressement
extraordinaire, et l'intendant Berryer, homme bon et pacifique, fermait
les yeux sur ces réunions « où l'on ne s'occupait
que de la pratique de la religion ». A ce moment l'église
protestante de Fontenay jouissait d'une paix relative et d'une certaine
prospérité, ainsi que l'établit le document ci-après.
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DÉMISSION DE LA CHARGE DE TRÉSORIER
DE L'ÉGLISE PROTESTANTE PAR ISAAC CAQUINEAU, ANCIEN DE LA DITE
ÉGLISE (25 Décembre 1743)
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« Moy, Isaac Caquineau, ancien de I'esglyse persécutée
de Fontenay-le-Comte, estant malade de mon corps, mais sain d'esprit,
et incertain de l'heure où il plaira à mon divin créateur
de me restirer de ceste terre d'épreuves, pénétré
du devoir quy m'a esté baillé par ceulx de ceste ville
quy, en segret, sont demeurez fermes à la foy, ay, cejourd'huy
remis ès mains de M. Gaultreau, ministre de la parolle de Dieu,
la bourse commune de notre esglyse pour estre par luy administrée
en commun avec Jean Maingueneau et David Mesnager, anciens eslus à
la dernière assemblée des fidèles, et compte
faict de la dite bourse commune, s'y est trouvé deux-mille-cent-vingt-quatre
livres, tant monnaies d'or qu'argent, et vingt-sept livres douze solz,
huict deniers, tant billon que cuivre et ay signé de mon seing
manuel le présent escript qui a esté aussy signé
des dicts sieurs ministres et anciens. Faict en quadruple coppye à
Fontenay-le-Comte, en ma mayson, le vingt-cinquiesme jour de décembre
l'an mil sept-cents-quarante, et troys sept heures du matin. »
Mesnager.
Isaac Caquineau.
Laurent Gaultreau.
I. Maingueneau (1).
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NOTES:
(1) Archives de Fontenay, T. V, page 147 bis.
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ARRESTATIONS DIVERSES A LA JAVELIÈRE,
A LA BURELIÈRE ET A VELAUDIN. - ERECTION DE QUELQUES ORATOIRES.
- ÉDIT DE TOLÉRANCE DE 1787
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Néanmoins, dans la nuit du 24 au 25 avril 1717, les maréchaussées
de La Châtaigneraie, Chantonnay et Fontenay, essayèrent
de s'emparer, au village de la Javelière, de Jean Pérochon,
prédicant. Surpris par les soldats, il fut arraché des
mains des archers par ses voisins accourus à son secours, mais
il y eut mort d'hommes, et dans la crainte de nouvelles dragonnades,
les habitants de ce village et de celui des Places, abandonnèrent
leurs maisons, leurs fabriques, leurs bufs, etc.
Dans ce même village de la Javelière, pendant la nuit
du 22 au 23 janvier 1750, un jeune protestant, Jacques Poing, poursuivi
par les archers, tomba frappé de trois balles. Un protestant
de Mouchamps échappé des mains des cavaliers, fut aussi
percé de coups, et mourut à Lusignan. Le 23 juillet,
Jacques Bursault de la Burelière fut pendu à Poitiers.
Jean Pérochon fut exécuté en effigie, et André
Bridonneau, du village de Velaudin, de la paroisse de Bazoges-en-Pareds,
condamné aux travaux forcés à perpétuité,
pour avoir assisté aux assemblées.
Pourtant, à partir de 1769, s'élevèrent quelques
modestes oratoires, et les frères Métayer, Lebrun et
Gamain parcouraient le Bas-Poitou ; le dernier, que son âge
condamnait à une espèce de retraite, mourut à
Pouzauges le 10 novembre 1782 (1).
Enfin, l'édit de tolérance de 1787 rendit aux dissidents
l'état civil. Il est juste d'observer que ce fut un évêque,
Mgr de la Luzerne, qui au sein de l'assemblée des notables,
appuya et fit passer la notion de La Fayette sur les protestants,
fait d'autant plus significatif et d'autant plus nouveau, que l'évêque
de Langres était dévot et non pas philosophe. Mgr de
la Luzerne alla plus loin et accepta d'avance la liberté des
cultes, en disant qu'il aimait mieux des temples dans les villes,
que des prêches au désert. L'antique esprit de saint
Martin et du christianisme évangélique reparaissait
enfin pour donner la main à la philosophie contre le catholicisme
persécuteur (2).
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NOTES:
(1) Lors du sacre de Louis XVI (11 juillet 1775), le
roi, sur les conseils de ses courtisans, surtout de Maurepas. avait
fait encore le serment d'exterminer les hérétiques.
L'influence de Turgot, qui réclamait la liberté des
cultes, au nom de la raison d'état, du droit naturel et des
vrais principes religieux, empêcha le roi de tenir en partie
les engagements criminels qu'il avait pris, car l'année suivante
(1776), le protestant Necker devenait ministre des finances.
(2) Henri Martin, Histoire de France, T. XVI,
p. 585. - Néanmoins, et jusqu'au moment de la Révolution,
les protestants restèrent exclus des charges de judicatures
royales et seigneuriales, des offices municipaux ayant fonction de
judicature et des places qui donnaient le droit d'enseignement public.
- Anc. Lois françaises, T, XXVIII, p. 474.
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