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HOSTILITÉS NOUVELLES. - LA
MILICE DE FONTENAY A LA ROCHELLE (1706)
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La paix de Ryswich venait de terminer cette vaste guerre, dans laquelle
les deux parties avaient déployé sur mer et sur terre
des forces incomparablement plus grandes que celles qu'avait vues
en mouvement l'Europe moderne, lorsque l'avènement du duc d'Anjou
au trône d'Espagne embrasa de nouveau l'Europe.
Après les victoires de Hoclisted (13 août 1704) (1)
et de Friedlingen, où Villars avait été sur le
champ de bataille proclamé maréchal de France, Louis
XIV eut l'imprudence de soulever contre lui l'Angleterre et la Hollande,
en donnant à la mort de Jacques II, le titre de roi au prince
de Galles, son fils. C'était remettre en question le traité
de Ryswich. Les flottes anglaises croisèrent de nouveau en
vue de nos côtes, et en 1706, la milice bourgeoise de Fontenay
fut envoyée en garnison à l'Aleu de la Rochelle, pour
s'opposer, le cas échéant, à toute tentative
de débarquement. (2)
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NOTES:
(1) Le 13 juillet 1704, avait été bénit
en grande pompe â Fontenay, le drapeau du régiment d'infanterie
bourgeoise et du guidon de la compagnie de la cavalerie (Archives
de Fontenay - T. IV, page 409).
(2) Les Archives de Fontenay, T. IV, pages 414,
415, et 416, possèdent, datée du 19 juillet 1706, une
fort curieuse lettre d'un nommé Fillon, sur les faits et gestes
de ses compagnons d'armes.
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GRAND HIVER DE 1709. - LES DAMES DE
LA MISÉRICORDE
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Les défaites de Ramillies et d'Oudenarde (1709) venaient d'ajouter
au découragement. Le présent était sinistre ;
l'avenir tel, que la pensée n'avait plus à en sonder
les abîmes, et la nature semblait conjurée avec les hommes
contre notre malheureuse Patrie. La Vendée n'échappa
point à la misère commune, occasionnée par un
hiver d'une rigueur comme on n'en avait point vu depuis 1608.
Il faut lire dans les archives municipales du Bas-Poitou les détails
des horribles souffrances qu'endurèrent nos ancêtres.
Toutes les rivières furent arrêtées dans leur
cours ; la mer gela sur nos côtes comme dans les régions
polaires ; presque tous les arbres fruitiers périrent, les
pierres se fendaient ; les blés furent gelés dans leurs
sillons, et dans certaines campagnes on était arrivé
à cet excès de désespoir où l'on se sent
mourir en silence.
Et pourtant, au milieu des malheurs de toutes sortes qui marquèrent
la fin du règne de Louis XIV, la Vendée, dont les fils
se battaient avec gloire aux frontières menacées (1),
marquait par des fondations et des créations de toutes sortes,
son ferme désir de marcher dans la voie du progrès.
Sous l'influence de l'administration éclairée et bienfaisante
de quelques intendants et sénéchaux, de nombreuses améliorations
matérielles et morales furent réalisées, et de
grands progrès se développèrent sur tous les
points. Nous allons résumer en quelques pages les faits accomplis
dans cet ordre d'idées jusqu'à la convocation des notables
(1787).
En 1710, M. Hugueteau de la Martinière, curé de Notre-Dame
de Fontenay, établit la confrérie des dames de la Miséricorde
et bientôt, après, un saint religieux, le père
de Montfort, allait fonder sur notre sol un de ces établissements
religieux dont on ne saurait trop reconnaître le noble but,
non plus que les immenses services rendus, sous tous les climats et
sous toutes les latitudes, par ces femmes dévouées et
respectables qu'on appelle les Surs de la Sagesse (2).
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NOTES:
(1) Un fils de Robert de la Proutière, commandant
pour le roi au château de la Chaume et ville des Sables-d'Olonne,
fut tué à Malplaquet.(7 septembre 1709).
(2) Le père de Montfort avait aussi, le 26 août
1715, c'est-à-dire peu de temps avant sa mort, marqué
son passage à Fontenay, par d'abondantes aumônes destinées
aux pauvres, ainsi que le constate un reçu existant aux Archives
de Fontenay, T. IV, page 435.
Six jours après, le 1er septembre, à huit
heures et quart du matin, Louis XIV rendait le dernier soupir, et
cette mort, annoncée le 3 septembre par Moriceau de Cheuss,
sénéchal du Bas-Poitou, y causa la plus grande douleur.
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ÉTABLISSEMENT DES MISSIONNAIRES
ET DES FRÈRES DU SAINT-ESPRIT ET DES FILLES DE LA SAGESSE,
A SAINT-LAURENT-SUR-SÈVRE
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En 1720, il se forma, à Saint-Laurent-sur-Sèvre, à
7 kilomètres environ de Mortagne, un établissement qui
procura bientôt aux hospices de Poitiers, de Niort et de Fontenay,
des femmes pour soigner les malades. L'origine de cet établissement
fut signalée par plusieurs incidents. En 1716, Louis-Marie
Grignon, surnommé Montfort, du lieu de sa naissance,
parcourant en apôtre les villes et les hameaux de la Bretagne
et du Poitou, s'arrêta à Saint-Laurent-sur-Sèvre
et y mourut le 28 avril.
Ce digne prêtre avait posé les bases de trois grandes
sociétés par lesquelles il devait se survivre dans son
apostolat, et qui avaient pour but la prédication des missions,
le soin des pauvres malades et l'éducation des enfants. De
là prirent naissance les Pères de la compagnie de Marie,
les Filles de la Sagesse et les Frères du Saint-Esprit. De
ces derniers sont sortis les Frères de Saint-Gabriel, qui se
vouent à l'éducation chrétienne des enfants,
y compris les sourds-muets et les aveugles.
Après la mort de Montfort, les prosélytes de ce prêtre
formèrent le projet de s'établir près de son
tombeau, et en 1720, Marie-Louise Trichet, l'une de ses élèves,
amena quelques compagnes à St-Laurent, et l'abbé Mulot,
un de ses disciples, y réunit plusieurs prêtres de différentes
provinces. Vers cette même époque, une école de
garçons y était établie sous la direction des
Frères.
Deux nobles personnages du pays, Mine de Bouillé et M. de
Magnage, qui habitaient les châteaux de la Machefollière
et de Magnage , près de Saint-Laurent, avaient, acheté
des maisons pour ces nouvelles associations. Les Missionnaires du
Saint-Esprit et les Filles de la Sagesse éprouvèrent
de grandes difficultés pour obtenir des lettres-patentes d'autorisation
; le nouvel établissement resta pendant plus de cinquante ans
sans existence légale; il fut plusieurs fois menacé
d'être poursuivi ; ce ne fut qu'en 1773 que les Missionnaires
du Saint-Esprit et, les Filles de la Sagesse obtinrent enfin des lettres-patentes,
qui leur accordèrent la faculté d'acquérir jusqu'à
concurrence de 5.000 livres de rente en biens-fonds, savoir 4.000
livres pour les Filles de la Sagesse et 1.000 livres pour les Missionnaires
du Saint-Esprit. Les officiers de justice de la baronnie de Mortagne,
d'où relevait Saint-Laurent, et la famille de la Tremblaye,
qui venait d'acheter la seigneurie de Mortagne de M. le duc de Villeroy,
firent tous leurs efforts pour empêcher l'enregistrement de
ces lettres-patentes. Le chevalier de la Tremblaye écrivit
à ce sujet à M. Filleau, procureur général
du conseil supérieur de Poitiers, une lettre qui exprime la
plus vive opposition contre les missionnaires. Cependant, malgré
toutes ces difficultés, les lettres-patentes furent enregistrées
le 11 août 1773 à la commission de Paris, qui remplaçait
le parlement alors exilé, et le 24 décembre suivant
au conseil supérieur de Poitiers.
L'établissement, qui avait été extrêmement
pauvre dans le principe, avait pris rapidement de grands développements.
Les missionnaires, qu'on appelait mulotins, du nom de leur
premier Supérieur, se transportaient, pour faire des missions,
dans toutes les paroisses où ils étaient demandés
par les pasteurs, et les Filles de la Sagesse se répandaient
de tous côtés dans les hôpitaux des villes. Dès
1748, les Filles de la Sagesse administraient les hôpitaux d'un
grand nombre de villes, et il était question d'en envoyer jusqu'au
Canada. Vers la même époque, de vastes et belles constructions,
dirigées par un architecte de Rennes, M. Besnard, remplacèrent
les modestes habitations qui avaient été achetées
par Mme de Bouillé et M. de Magnage.
La Révolution supprima momentanément la Communauté
des Surs de la Sagesse qui, reconnue par décret impérial
du 2 février 1811, s'est depuis développée d'une
manière considérable. La Congrégation dont il
s'agit se livre surtout aux soins à donner aux malades et à
la direction des hôpitaux, mais elle s'occupe aussi de l'éducation
des jeunes filles (1).
Comme les Filles de la Sagesse, les Frères du Saint-Esprit
eurent beaucoup à souffrir pendant la tourmente révolutionnaire.Ils
ne commencèrent à se multiplier sensiblement que vers
1820, sous le R. P. Gabriel Deshayes, supérieur des Communautés
du Bienheureux de Montfort. Bientôt même, l'espace étant
devenu insuffisant, les Frères spécialement destinés
à l'enseignement quittèrent la maison des Pères
et changèrent leur nom primitif en celui de Frères de
l'Instruction chrétienne de Saint-Gabriel.
Dès 1823, une ordonnance royale approuvait l'Institut pour
cinq départements. Le 3 mars 1853, un décret impérial
consacrait définitivement son existence légale et l'autorisait
pour tout le territoire français.
La. Congrégation compte actuellement 1.500 membres et possède
168 établissements en France et 22 à l'étranger
(2).
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NOTES:
(1) S'occupent aussi de l'éducation des jeunes
filles : la Congrégation des Ursulines de Chavagnes, fondée
il y a un siècle, celle de Mormaison, fondée aux Brouzils
il y a quelque 80 ans, et celle de l'Union-Chrétienne de Fontenay
(1679).
(2) Extrait de l'histoire du Poitou, par Thibaudeau,
et notes aimablement communiquées par M. l'abbé Pacteau,
aumônier des Frères de Saint-Gabriel.
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PROJETS DE CRÉATION DE ROUTES
ET DE CANAUX. ÉTAT DU PAYS. - MANIFESTSTIONS DIVERSES
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La sage administration du cardinal Fleury avait rendu à la
France une partie de ses forces épuisées. L'attention
du ministre se portait sur les points les plus éloignés
de la capitale, et nul doute que sans la guerre d'Allemagne et la
guerre de sept ans, le Bas-Poitou n'eût possédé
dès le premier tiers du XVIIIe siècle, un ensemble sérieux
de grandes routes et même, de canaux.
En effet, le 17 juin 1732, un arrêt du conseil ordonne la mise
à l'étude d'un projet de canalisation et de jonction
des rivières de la Vendée, du Thouet et de la Sèvre-Nantaise,
présenté par Jacques d'Arcemalle, seigneur de la Grange,
marquis de la Touche, et le 18 juillet de la même année,
le sieur Delamotte, intendant des bâtiments du Roi, écrivait
à l'intendant du Poitou, pour le prier de s'occuper d'un projet
de route de Limoges aux Sables, passant par Fontenay, Luçon
et Talmont (1). Les événements qui suivirent ne permirent
pas de donner immédiatement suite à ce projet, et ce
n'est que vingt ans après, le 24 décembre 1752, que
l'on trouve pour la première fois trace aux archives de Fontenay
d'une indemnité de 240 livres, allouée au sieur Bauchereau,
qui, sous les ordres de Parent de Curzon, avait été
proposé à la direction des corvées pour la construction
des routes de Fontenay aux Sables et de Fontenay à Nantes (2).
Les mesures projetées en 1732 auraient pourtant été
bien accueillies par les populations de notre pays, qui, s'il faut
en croire Joseph Delamure, médecin à Lyon, qui les visita
au mois de mai 1734, étaient dignes du plus grand intérêt.
« Le peuple de Fontenay est pauvre, sans grande industrie,
estant mangé par les tailles et écrasé de son
petit nombre pour les payer. Il y avait autrefois force tanneries
et fabriques de draps, en les faubourgs, mais les guerres, la révocation
de l'Édit et une négligence coupable les ont laisser
tomber... La plaine des environs de Fontenay est nue et mal cultivée.
La ronce y occupe plus de place que le bled, par fautte de bras (3)
».
Nous devons pourtant à la vérité, de dire que
le récit du docteur Delamure est contredit en plus d'un point
par d'autres documents, notamment par l'état des bestiaux et
marchandises vendus à Fontenay lors de la foire de la Saint-Venant
1736. En effet, de cette mercuriale fort curieuse, il résulte
que le chiffre des transactions commerciales s'était élevé
à 561.914 livres 8 sous, soit environ un million 1/2 de notre
monnaie actuelle, ce qui était un joli chiffre pour l'époque,
et ne sembait pas indiquer le marasme dont parle notre voyageur.
Mais ce retour à des jours meilleurs ne devait pas être
de longue durée, car les années 1738 et 1740 furent
particulièrement désastreuses pour les paysans vendéens,
et ce, au moment où la, guerre de la succession d'Autriche
allait une fois de plus déchaîner toutes les forces vives
de l'Europe. Néanmoins, en 1743, malgré la misère
trop répandue, le peuple applaudit cette année aux levées
des troupes et couvrit les emprunts : les Etats du Languedoc offrirent
au roi un régiment de dragons tout équipés ;
l'assemblée provinciale du Bas-Poitou vota des subsides extraordinaires
en hommes et en argent, et Fontenay fournit une compagnie d'élite
à la défense du sol de la patrie. L'enthousiasme fut
unanime, quand on apprit que Louis XV allait marcher en personne à
la tête de son armée. La victoire de Fontenoy, remportée
le 11 mai 1745, par le roi de France, le seul qui, dans les temps
modernes ait gagné en personne une grande bataille sur les
Anglais, bataille où les alliés perdirent 14.000 tués
ou blessés et les Français 7000, fut accueillie avec
enthousiasme en Bas-Poitou. On illumina et ou donna des fêtes
magnifiques, à Fontenay surtout, qui, dans la crainte d'une
invasion anglaise toujours possible, possédait une forte garnison
composée de milice bourgeoise, d'infanterie et de cavalerie.
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NOTES:
(1) Archives de Fontenay, T. V, pages 67 â
75.
(2) L'année précédente (1751),
un établissement d'enseignement laïque avait été
fondé à Fontenay, par un nommé Brisseau. Archives
de Fontenay, T. V, pages 203 à 206.
(3) Archives de Fontenay, T. V, pages 79, 80
et 81.
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LA GUERRE DE SEPT ANS ET LE ROLE DU
BAS-POITOU
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La paix d'Aix-la-Chapelle (1748) n'avait point réparé
les maux. que la guerre avait laissés. Versailles était
le théâtre de toutes les ambitions, de toutes les bassesses,
le gouffre où s'engloutissaient toutes les ressources de l'Etat.
Le trésor public fut livré aux plus honteuses déprédations
; tous les services souffrirent de cette incurie. On laissa dépérir
la marine ; les chantiers étaient abandonnés, les arsenaux
vides. Nos ennemis virent ce délabrement ; ils résolurent
d'en profiter.
Sans déclaration de guerre, les Anglais attaquèrent
dès 1753 nos colonies, et pillèrent à la fois
comme des pirates, trois-cent bâtiments de commerce. Néanmoins,
nos efforts furent d'abord couronnés de succès ; le
maréchal de Richelieu reprit Minorque, que les Anglais occupaient
depuis cinquante ans ; le maréchal d'Estrées remporta
deux victoires sur le duc de Cumberland, dans le Hanovre, mais la
bataille de Rosbach (3 novembre 1757), où le prince de Soubise
avait été écrasé par le grand Frédéric,
anéantit pour un instant nos espérances.
Toutes les précautions avaient été néanmoins
prises pour préserver d'une descente des Anglais les côtes
du Bas-Poitou. Le 24 octobre 1757, le corps de ville de Fontenay,
avisé qu'une flotte formidable croisait en vue de La Rochelle
et de l'Aiguillon-sur-Mer, s'était réuni d'urgence,
et avait décidé, sur la proposition du marquis de la
Coudraye, qu'il y avait « nécessité à former
dans la capitale du Bas-Poitou cinq compagnies d'infanterie de cent
hommes chacune, une de cavalerie composée de soixante maîtres,
et un autre de soixante cadets volontaires, sous le commandement de
Picq de la Duranderie, cy-devant capitaine au régiment de Piémont
(1) ».
Le ban de la noblesse du Bas-Poitou fut également convoqué
à Fontenay et à Luçon, au mois de juin de 1758,
avec mission de se rendre sur les points menacés (2), en conséquence
de l'ordre suivant.
A La Rochelle, ce 14 juin 1758.
« La noblesse, dans tous les tems, Monsieur, a témoigné
tant d'empressement pour se signaler contre les Ennemis du Roy et
de l'Etat, que, dans les circonstances présentes, où
les Anglois paroissent avoir le dessein d'attaquer les côtes
du Poitou, de Saintonge et du Pays d'Aunis, Sa Majesté est
persuadée que la Noblesse de ces provinces se portera avec
le même zèle à lui rendre ses services.
Elle m'a ordonné de l'assembler dans les lieux que je lui
indiqueray, qui sont à Saint-Jean-d'Angely, pour la Noblesse
du Haut-Poitou : à Fontenay et Luçon en aide s'il en
est besoin, pour celle du Bas-Poitou ; à Saintes, pour la Noblesse
de Saintonge, et à Marans, pour la noblesse d'Aunis.
C'est pourquoi, Monsieur, en conséquence des Ordres du Roy,
j'ay l'honneur de vous écrire, pour vous dire que, Sa Majesté
compte sur votre zèle et votre fidélité, et qu'aussitôt
la présente lettre reçue, vous vous rendrez avec armes
et cheval, au lieu indiqué pour l'assemblée de Messieurs
les Gentilshommes de chaque Province où arrivés, ils
choisiront un d'entre eux pour les commander sous mes ordres. Je le
prie, lorsque le choix de Messieurs de la Noblesse de chaque Province
sera fait, de m'en informer, d'attendre mes Ordres, et de se tenir
prêt, avec Messieurs les Gentilshommes qu'il commandera, à
se porter où je jugeray qu'il sera nécessaire pour le
service du Roy.
Les Maires et échevins des villes indiquées pour s'assembler
auront ordre de fournir les logements à Messieurs de la Noblesse
à mesure qu'ils arriveront.
Je suis très parfaitement, Monsieur, votre très humble
et très obéissant serviteur. »
Le maréchal de SENECTÈRE (3).
Au mois d'avril 1758, une escadre attaqua à l'embouchure de
la Charente, cinq vaisseaux de ligne et des transports chargés
de troupes et de munitions pour le Canada, mais une partie de nos
bâtiments gagnèrent le large ; les autres s'échouèrent
à la côte en y jetant leur chargement et l'expédition
fut manquée.
Nos vaisseaux furent moins heureux au mois de juin 1758, lorsque
les Anglais les incendièrent dans le port de Saint-Malo, malgré
l'énergique résistance dont fit preuve un bataillon
de milice de Fontenay-le-Comte (4).
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NOTES:
(1) Archives de Fontenay, tome V, pages 235-236
etc.
(2) Dans une lettre de Claude, vicomte de la Chatre,
existe une protestation contre « la prise d'un drapeau emblématique
par les nobles ». (Archives de Fontenay, tome V, pages
261-262 et 263).
(3) Extrait des papiers de M. Courteaud, curé
d'Adilly (Deux-Sèvres), Revue du Bas-Poitou, IVe année,
pages 411 et 412.
(4) Bretagne et Vendée, T. III, page 163.
- Un bas-poitevin, Isaac de Bessay, de l'illustre famille de Lusignan,
prit une part active à la guerre de sept ans, où il
fut fait prisonnier par les Anglais. Il assista, au mois de juillet
1778 au combat d'Ouessant, où il commandait l'Intrépide,
qui coula sous ses pieds. Il monta alors sur le vaisseau la
Couronne, où il fut tué peu d'heures après.
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ACHÈVEMENT DE ROUTES ET PONTS.
- ÉTABLISSEMENT DE LA POSTE AUX CHEVAUX
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Les travaux de construction des routes dont nous avons parlé
plus haut se continuaient néanmoins sous l'intelligente direction
de l'ingénieur Parent de Curzon. Au mois de juin 1766, on poussait
activement ceux du pont de Puy-Bernier. Le 1er septembre 1766, le
corps de ville de Fontenay décidait l'établissement
de la poste aux chevaux sur la route de Niort à Nantes, et
le 8 septembre 1766, délivrait le brevet de maître de
la poste aux chevaux au sieur Lecomte, dont le fils devait plus tard
se distinguer comme officier de l'armée républicaine,
pendant les guerres de Vendée.
Le 28 avril 1767, Parent de Curzon proposait au maire de placer une
inscription commémorative de la construction de la route de
Niort aux Sables, sur la façade des bureaux d'octroi à
édifier dans le clos des Jacobins (1). - Le Pont-Neuf ne fut
livré à la circulation qu'en 1776. Le devis présenté
le 28 mai 1775 accusait une dépense de 31.311 livres 3 sols
8 deniers. Les deux routes dont nous avons parlé étaient
à peine complètement terminées lorsqu'éclata
la Révolution (2).
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NOTES:
(1) Archives de Fontenay, T. V, pages 443, 449
et 453.
(2) L'ingénieur Parent dirigea tous ces travaux
et fit démolir pendant leur cours le château de Fontenay
et une grande partie des fortifications pour avoir les pierres.
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TRAVAUX AU PORT DES SABLES-D'OLONNE
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Le port des Sables-d'Olonne, dont les premiers travaux importants
ne remontent qu'à Louis XI, avait rapidement pris un grand
développement, et la ville était devenue considérable,
mais au XVIIIe siècle, la prospérité de ce port
avait tout à fait cessé. La partie de la ville qui s'étendait
au midi avait été détruite par la mer, et en
1750, toute une rue, formée d'une grande quantité de
maisons, avait été renversée. Les sables, arrachés
de la côte et de la ville, avaient été entraînés
dans le chenal et dans le port qui s'étaient encombrés,
et l'entrée en était d'autant plus dangereuse que la
rade, inégalement approfondie par des courants tortueux, n'offrait
plus de chenal fixe et sûr, de sorte que la plupart des navires
qui se présentaient pour entrer ou pour sortir, lors d'un vent
considérable de sud-ouest ou de sud-est, se trouvaient affalés
et périssaient sur les rochers de la pointe Saint-Nicolas,
près de la ville.
Le commerce des Sables-d'Olonne déclinait de plus en plus.
Le port était devenu si mauvais que souvent des barques de
80 à 100 tonneaux ne pouvaient y entrer ni en sortir que pendant
deux ou trois jours des vives eaux, c'est-à-dire pendant quatre
ou cinq jours par mois. Il arrivait même que, pour procurer
aux navires un passage toujours dangereux à travers des sables,
on était obligé d'établir des épis flottants
de fagots. A l'époque des marées faibles, toutes les
précautions étaient infructueuses, et les navires étaient
obligés de mouiller en rade ou de se retirer dans les rades
des coureaux de La Rochelle, pour y attendre souvent très longtemps
des marées favorables.
Comme la rade se joignait alors immédiatement avec le port,
les mouvements du dehors se ressentaient dans le port avec une telle
force que des murs de quai, construits le long du bourg de la Chaume,
se trouvaient presque entièrement détruits, et que le
20 février 1747, quinze navires amarrés au quai des
Sables et en armement pour Saint-Domingue, furent tourmentés,
cassèrent leurs cables et furent tous jetés ou dispersés
sur divers points. Un événement semblable arriva en
mars 1751. Cet état empirait chaque jour et le Poitou était
menacé de perdre le plus important de ses ports, qui était
l'uvre de l'habileté de Louis XI et de Philippe de Commynes,
lorsqu'en 1751, des ingénieurs furent chargés de projeter
des ouvrages au moyen desquels on put parvenir à conserver
le reste de la ville et à améliorer le port des Sables.
On pensa que, pour remplir ce double but, il ne s'agissait que de
couvrir la ville au sud, du côté de la mer, par un mur
venant se raccorder aux anciens quais du port. La construction de
ce mur d'enceinte fut commencée en 1751, continuée jusqu'en
1756 à 526 mètres, et suspendue ensuite, faute de fonds.
La faiblesse de cet ouvrage, et son peu de profondeur en fondation
sur le sable mouvant, lui firent éprouver des dégradations
continuelles, et d'ailleurs ce mur ne pouvait pas empêcher l'encombrement
du port. La mer parvint, en 1760, à détruire encore
plusieurs maisons de la ville. En 1762, des ingénieurs furent
chargés d'examiner de nouveau, par quels ouvrages on parviendrait
à conserver cette ville et à améliorer son port.
Ces ingénieurs, au lieu d'adopter les bases des travaux commencés
en 1751, et interrompus en 1756, pensèrent au contraire qu'il
fallait s'avancer en mer, en construisant une jetée capable
de fixer le chenal, le long du coteau de la Chaume, et d'opérer
le long de la ville des atterrissements, au moyen desquels cette ville
put se trouver en sûreté contre les entreprises de la
mer ; on pensa que cette jetée intercepterait les sables qui
se rendaient dans le port, et, en augmentant la vitesse du courant,
ferait entraîner au dehors la majeure partie de ceux qui se
trouvaient déjà dans le port et dans le chenal. Ces
ingénieurs proposèrent de revêtir le coteau de
la Chaume par un quai, pour faire cesser les retours de marées,
occasionnées par les aspérités d'où la
mer détachait des matières qui s'introduisaient dans
le port, et pour procurer le long du coteau un halage qui était
impraticahle ; ils jugèrent également à propos
de construire sur les rochers de la pointe Saint-Nicolas une jetée,
à l'effet d'intercepter les coups de mer qui poussaient à
la côte et faisaient périr les vaisseaux qui entraient
et qui sortaient. Dans le but d'approfondir le chenal et le port,
de lui donner plus d'importance et de le rendre plus avantageux au
commerce, ils furent d'avis de construire à l'intérieur
une écluse de chasse et un bassin, et enfin, pour tirer tout
le parti dont le local était susceptible, ils proposèrent
de conduire dans le port la rivière d'Ile ? par un canal pouvant
au besoin procurer une grande quantité d'eau.
Le peu de fonds dont on pouvait disposer ne permit pas d'entreprendre
de suite tous ces ouvrages ; il fallut se borner à celui qui
était le plus pressant et qui consistait à mettre la
ville en sûreté contre les entreprises de la mer ; on
y parvint en 1763, par la construction d'un éperon provisoire
en bois, de 82 mètres de longueur, qui fixa l'opinion sur les
effets de la jetée qui était proposée. Pendant
les années 1764 et 1765, on construisit la jetée Saint-Nicolas
de la Chaume, dont le succès, ainsi que celui de l'éperon
provisoire, fut constaté de la manière la plus positive,
par une lettre du 9 septembre 1765, de la communauté de la
ville des Sables, qui priait instamment l'administration de faire
commencer la grande jetée. D'ailleurs, pour ne pas perdre entièrement
le mur construit de 1751 à 1756, qui était plus agréatble
qu'utile à la ville des Sables, on l'avait terminé dès
l'année 1763 par un pan coupé, et on avait fait par
derrière des remblais et des pavés au moyen desquels
il était devenu la promenade de la ville.
Les fonds consacrés à la restauration du port des Sables
ayant été augmentés, la grande jetée en
pierres qu'on admire encore aujourd'hui fut commencée en 1767
; on s'était d'abord proposé de ne lui donnerà
compter du port que 390 mètres de longeur, parce qu'on avait
pensé qu'il serait impossible de s'avancer plus loin, à
cause des obstacles que la mer apporterait aux fondations, mais l'art
a su vaincre les difficultés et l'on est parvenu à porter
cette jetée à 725 mètres ; elle se trouve arriver
au point où la mer termine sa retraite lors des plus grandes
marées d'équinoxe.
Ces beaux ouvrages ont enfin mis la ville des Sables-d'Olonne à
l'abri des entreprises de la mer ; ils ont empêché le
premier port du Poitou de s'encombrer ; les heureux effets qu'ils
ont ainsi produits sur la prospérité du pays sont immenses,
et depuis le jour où Thibaudeau écrivait les lignes
qui précèdent, la création d'un bassin à
flot et d'autres travaux importants ont donné au port des Sables-d'Olonne
une importance que l'auteur de l'Histoire du Poitou ne pouvait
soupçonner.
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LETTRES, SCIENCES ET ARTS
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Louis XV était descendu dans la tombe le 10 mai 1774, et depuis
ce moment, jusqu'à la convocation des notables (1787), le Bas-Poitou
resta dans une sorte d'effacement complet. Le bagage littéraire
et scientifique est assez mince ; des bouts rimés de petits
vers galants, des épigrammes où Jansénistes et
Jésuites étaient parfois plaisamment tournés,
en firent tous les frais. Seul ou à peu près, l'abbé
Gusteau, prieur curé de Doix, échappa à cette
affeterie, et composa des chansons et des Noëls d'un style naïf
qui ne manque pas de charme. Sa traduction de la première églogue
de Virgile est surtout un modèle du genre. On n'en saurait
dire autant du roman immonde de Justine, composé en partie
par le marquis de Sade à Fontenay, où il avait été
envoyé en garnison sous Louis XVI, et qu'il fut obligé
de quitter à la suite d'un duel avec le fils d'un des magistrats
de la sénéchaussée.
En ce qui concerne les arts, nous dirons pour n'y plus revenir, un
mot sur les poteries poitevines du XVIIe siècle à nos
jours, et sur les verreries de notre pays.
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POTERIES POITEVINES (XVIIe SIÈCLE)
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Rigné ou Rigny, près de Thouars, «
cinq douzaines d'assiettes de terre de Rigné et d'Ardelay.
» Inventaire de François Ber
land, fait à la Guittonnière, paroisse de Périgné,
près de Melle, le 18 août 1620. Ardelay (près
les Herbiers), ci-dessus mentionné ; l'Ile-d'Elle. Suivant
supplique de David Rolland, maître verrier, natif de Parthenay
(22 mars 1636), adressée à Mgr de Villemontée,
intendant du roi, ès-pays de Poictou, Saintonge, Aunis et La
Rochelle, il ressort, que le 11 du mois précédent, Mathieu
Gendronneau, paroissien de Saint-Hilaire de l'Ile-d'Elle, diocèse
de Saintes, aurait affermé au dit Rolland, « une maison
sise au dict bourg et quairuage y joignant à ceste fin
d'y establir un four et fabrique de poteries et autres vaisselles
de terre, d'iceluy lieu de l'Isle-d'Elle tout ainsi que la dite
industrie s'y pratiquait d'ancienneté. »
Aiguière d'Oiron (fin du XVIe siècle).
(Cliché Fillon)
Une maison isolée placée sur l'autre rive de la rivière
Vendée, porte encore le nom de la Faïencerie. Le
dépôt de terre de l'Ile-d'Elle propre à la poterie
est très considérable (1).
Le four fut renversé vers 1710 et rétabli à
Marans.
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NOTES:
(1) L'Art de terre chez les Poitevins, pp. 146
à 149.
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XVIIIe SIÈCLE
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Vendrennes. - Le 14 mai 1774, Philippe de Sarode et Marc Lozelet
de Vendrennes, sollicitèrent la faveur d'être autorisés
« à fabriquer de la porcelaine à la verrerie de
cette paroisse ». Ils se recommandaient de l'ancienneté
de leurs familles « en l'estat de verrier et de la pratique
qu'ils avaient de ce nouvel art », que le sieur Lozelet avait
exercé plusieurs années à Paris et autres endroits.
Longtemps avant 1772, l'aïeul de Sarode avait fabriqué
de la porcelaine qui devait être factice et de pâte tendre.
Saint-Denis-la-Clievasse. - Le 1er juillet 1784, le marquis
de Torcy suppliait Calonne de vouloir bien lui accorder un privilège,
pour établir une manufacture de porcelaine dans sa terre de
Saint -Denis-la-Chevasse. Cette demande, transmise le 8 juillet 1784,
à M. de Blossac, intendant de la province du Poitou, fut chaudement
appuyée par lui, le 4 août suivant. On ignore si ce projet
reçut un commencement d'exécution.
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XIXe SIÈCLE
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Vers 1815, un ouvrier, étranger au département de la
Vendée, vint établir un four dans l'enclôture
du bois du Landreau, près des Herbiers, mais il mourut bientôt
d'une maladie de poitrine et sa petite fabrique disparut avec lui.
Il y faisait de la vaisselle à fond blanc avec fleurs et coqs
de couleurs éclatantes. Un autre individu lui avait fait un
instant concurrence à Bourbon-Vendée, seulement, il
avait ajouté à son commerce la fabrication des épis
destinés à surmonter le faîtage des maisons.
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POTERIES FAITES A L'ÉTRANGER
POUR DES POITEVINS
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Espagne. - Tasse de faïence populaire, servant à
faire manger les oiseaux en cage, fabriqué à Pont-l'Archevêque,
pour
Félix-Marie Rainier, curé de l'Orberie, près
Fontenay-le-Comte, déporté en Espagne le 6 septembre
1792, mort curé de Mervent.
Le même pays a fourni aussi des poteries plus luxueuses au
général Belliard, qui fut gouverneur de Madrid, de 1809
à1812 (1).
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NOTES:
(1) Comme nous l'avons indiqué précédemment
et pour la commodité du tirage, nous avons reproduit sur une
planche hors texte du chapitre VI, différents types de poteries
de diverses époques. Nous signalerons particulièrement
à partir du XVIe siècle.
23. Buie en faïence d'Oiron, XVIe siècle.
- 24. Grand plat ovale de 0,55 sur 0,43, attribué à
Bernard Palissy. - Fut longtemps dans la famille Benoist, des Sables
d'Olonne, originaire de Fontenay-le-Comte. - 25. Hanap en terre blanche,
provenant probablement des fabriques de Nantes. - 26. Pavés
de la chambre à coucher de Marie de la Tour, duchesse de la
Trémouille, fabriqués probablement à. Thouars.
- 27. Ecusson. - 28. Ecuelle. - 29. Assiettes à bords dentelés
provenant de Saint Porchaire. - 30. Buste, copie de l'antique, en
Kaolin de la Chaize-leVicomte, modelé par Drouard ; commencement
du XIXe. - 31. Assiette dentelée. - 32. (Do). - 33. Epi attribué
à Giraudon, potier à Bel-Air, près Fontenay
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LES VERRERIES BAS-POITEVINES, DEPUIS
LE XVe SIÈCLE JUSQU'A NOS JOURS
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L'industrie du verre n'a cessé de fonctionner chez nous, mème
aux temps les plus troublés de notre histoire.
LA ROCHE-SUR-YON
En 1456, une charte est octroyée par René d'Anjou,
en faveur des verriers de La Roche-sur-Yon.
LE RORTEAU (commune de Dompierre)
Arrentement d'un terrain situé dans le bois du Rorteau, consenti
le 19 mars 1486, par Guyon de Rezé, seigneur de la Merlatière,
à Jacques Bertrand, seigneur de la Vrignonnière et à
Jean Bertrand, son frère, pour y construire une verrerie, moyennant
soixante sols tournois de cens et devoir noble, et un certain nombre
de verres, aiguières et godolfes « pour mettre l'eau
à distiller à la chambre (1) ».
La verrerie du Rorteau était exploitée en 1696 par
Jeanne Racquet, veuve de Frédéric de Roussy, écuyer.
Les Roussy restèrent verriers en ce lieu jusqu'à la
Révolution.
(1) Document communiqué à Benjamin Fillon,
par M. Gourraud, ancien notaire à Chavagnes-en-Paillers.
MERVENT
Une verrerie importante fonctionnait dans la forêt de Mervent,
au lieu dit Les Hautes Verreries, à la fin du XVIIIe
siècle.
On y voit encore les ruines de cinq fours, dont quelques-uns fouillés
par nous pendant le mois de mai 1889, nous ont révélé
la présence de produits vitrifiés nombreux. Nous y avons
trouvé notamment des frittes en abondance, des fragments de
creusets, une sorte de crémaillère en fer, de forme
moderne, bien conservée, qui se trouvait à l'entrée
d'un des fourneaux, plusieurs gouttes de verre à bouteille,
dont une du poids de 170 grammes ; est absolument semblable à
celui fabriqué il y a quelque quinze ans à Faymoreau,
et plus de soixante casseaux de verre, dont quelques-uns ont appartenu
à des vases de formes diverses. L'un de ces fragments nous
a présenté une cassure bizarre ; composé de deux
couches de verre de tons différents, formant corps, il semble
avoir été fabriqué à l'aide du procédé
des anciens, tant vanté par Pline, et auquel serait due la
perfection de la fameuse coupe dite de Portland, conservée
à Londres et autrefois dans le palais Barberine à Rome
(1).
Depuis la Révolution, l'industrie du verre ne s'est pas relevée
en Vendée. Un essai de fabrication de verre blanc fut tenté
sous le Consulat, au Petit-Bourg des Herbiers. On y faisait surtout
des ustensiles populaires, ornés de coqs, de papillons et de
fleurs colorés en rouge, jaune et noir. Les fours étaient
installés dans la vieille église. Au bout de peu d'années,
on fut forcé de les éteindre, de même que ceux
d'une faïencerie commune dressée à côté,
dans le parc du Landreau, mais il existe toujours dans cette commune
des fabricants de grosse poterie (2).
Il n'existe plus en Vendée de verrerie depuis environ 20 ans.
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NOTES:
(1) Louis-Brochet. La Forêt de Vouvent, son
histoire et ses sites, page 159.
(2) Les godolfes ou guedoufles mentionnés plus
haut, sont des vases bibursiformes, destinés soit à
contenir l'huile et le vinaigre, soit àfiltrer les liquides,
lorsque leurs deux parties communiquaient entre elles par un petit
tube. - Les comptes de la succession de Michel Tiraqueau mentionnent
l'emploi du verre pour les serres chaudes. A cette époque,
un peintre verrier du nom de Didier de Maignac, de Bourganeuf, s'était
établi à Fontenay, mais il faut croire que son métier
n'était pas lucratif, car il se fit potier.
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LE POITOU DONNÉ EN APANAGE
AU COMTE D'ARTOIS
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Un changement auquel il fallait s'attendre, en voyant s'abaisser
successivement les caractères d'autonomie administrative, vint
annoncer aux habitants de la cité poitevine qu'elle n'avait
plus rien de ses antiques immunités. En 1778, Louis XVIII nomma
son frère le comte d'Artois, depuis Charles X, comte apanagiste
du Poitou, avec tous les honneurs de la souveraineté dans cette
province. Le prince prit possession de son apanage par son intendant,
Elie de Beaumont, qui, accueilli magnifiquement, reçut le serment
de fidélité de tous les corps et dignitaires de la ville
de Poitiers.
Le comte d'Artois, qui était venu en Bas-Poitou l'année
précédente, et qui avait même dîné
à Saint-Fulgent, le 25 mai 1777, se rendit en 1782 à
Poitiers, où il fut peu convenable. Il parut trop grand seigneur
du temps à cette magistrature, qui chez nous, gardait encore
sa vieille et austère dignité. En quittant Poitiers,
il n'emporta ni les vux ni l'estime d'une ville où l'on
croyait encore que l'élévation du rang exigent la gravité
de la vie et la délicatesse du sentiment. (Auber, IX, page
471) (1).
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|
NOTES:
p class="note">(1) La forêt de Vouvent fut, en novembre 1778,
distraite du domaine royal pour faire partie des propriétés
privées du comte d'Artois : elle revint enfin au domaine de
l'Etat au moment de la Révolution.
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L'INSTRUCTION PUBLIQUE EN BAS-POITOU
A U MOMENT ET PENDANT LA RÉVOLUTION
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Au début de la Révolution, la Vendée ne possédait
que trois maisons d'instruction publique (1) pour les garçons.
1° Le Séminaire-collège de Luçon, sous la
direction des Lazaristes.
2° Le collège de Fontenay avec six professeurs.
3° L'école de Montaigu, fondée par les anciens
seigneurs du lieu et dotée par eux d'une rente de 300 livres,
possédait un :maître et deux sous-maîtres y enseignant
les éléments de la langue latine.
Le 13 juillet 1796, grâce à l'influence de Rodrigue,
l'ancien séminaire-collège de Luçon, devenu un
hospice militaire, fut désigné pour recevoir l'école
centrale qui ne paraît pas avoir jamais été bien
florissante, attendu qu'en 1802, 45 élèves seulement
en suivaient les cours.
Cette même année, une loi du 1er mars 1802 décidait
que les lycées remplaceraient les écoles centrales,
dans la proportion d'un par arrondissement de tribunal d'appel. Le
15 avril de l'année suivante, un arrêté des consuls
autorisait la commune de Fontenay à établir une école
secondaire dans le ci-devant couvent de N.-D. L'inauguration en eut
lieu solennellement le 14 floréal, an XII (4 mai 1804).
L'année suivante, la munificence de Napoléon Ier dotait
les populations du Marais de la Vendée d'un collège
impérial à Saint-Jean-de-Monts, avec entretien de 50
élèves boursiers, aux frais de l'Etat, sous la direction
de Dom Graux, curé de Saint-Gilles-sur-Vie. Au mois de décembre
1810, les établissements d'instruction du département
étaient : Le Séminaire de Chavagnes, avec 120 élèves,
le collège de Saint-Jean-de-Monts, sous la direction de Châtain,
avec quatre professeurs et 45 élèves, le collège
communal de Fontenay, de plein exercice sous la direction de l'abbé
Garnereau, avec trois professeurs, 25 à 30 pensionnaires ;
l'école communale des Sables, dirigée par Sauvage ;
celles de Luçon par Poudral et de Montaigu par Aillery.
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NOTES:
(1) Enseignement secondaire.
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LE PETIT-SAINT-CYR, PAR BRUMAULD DE
BEAUREGARD, ANCIEN ÉVÊQUE D'ORLÉANS
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Vers 1780, le Petit-Saint-Cyr, célèbre pensionnat de
jeunes filles, fut fondé à Luçon, par l'abbé
André de Beauregard. Cet établissement, dont il ne reste
plus trace aujourd'hui, était enserré dans une vaste
enclôture, sise sur l'emplacement du couvent des Carmélites,
et non loin de l'hôpital actuel (1).
Après avoir exposé l'état précaire de
l'instruction des jeunes filles du Bas-Poitou vers cette époque,
et les difficultés pour les familles nobles de doter leurs
enfants des bienfaits de l'éducation..., l'auteur met en lumière
le «modus vivendi » des classes aisées, leur vie
simple et retirée au fond de leurs manoirs, heureuses de pratiquer
les devoirs de l'hospitalité à l'égard de leurs
voisins, et partageant avec eux les émotions des grandes chasses,
entremêlées de joyeux plaisirs champêtres qu'égayaient
les chansons d'autrefois, et ces délicieuses gavottes, qui
mettaient en mouvement des voix jeunes et fraîches sur l'herbe
des pelouses ou sous l'ombrage des charmilles.
Les motifs qui poussaient l'abbé de Beauregard à fonder
cet établissement furent d'abord le désir de propager
les bonnes murs parmi les jeunes filles, de relever leur niveau
intellectuel, de les façonner dès le bas-âge au
soin du ménage, et de les renvoyer ainsi formées dans
leurs familles, pour leur faciliter des alliances avantageuses. Des
jeunes ouvrières de la campagne devaient en outre être
attachées à la maison, pour y apprendre la coupe et
le ravaudage des habits...
Placé sous la direction des religieuses de l'Union-Chrétienne,
cet établissement, fondé grâce à la munificence
du duc de Penthièvre, compta à son inauguration quatre-vingt
élèves...
Ce pensionnat eut bientôt acquis un tel renom, que les familles
de Poitou et de Bretagne se disputaient les bourses devenues disponibles.
Tout allait donc à souhait pour assurer le succès de
l'uvre entreprise par le théologal, lorsqu'éclata
le Révolution qui, en obligeant les ordres religieux à
se disperser, provoqua, en mars 1792, la fermeture du couvent et le
renvoi à leurs familles des élèves qui en suivaient
les cours.
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NOTES:
(1) Ces bâtiments furent convertis le 25 frimaire,
an II (15 décembre), en une caserne pour les troupes de la
garnison.
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ECOLES POUR LES FILLES DU PEUPLE (1)
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« Si les fondateurs du Petit-Saint-Cyr avaient eu surtout pour
objectif de procurer aux filles de noble origine une éducation
selon leur naissance, ils voulurent y admettre également les
enfants de la bourgeoisie, en moins grand nombre sans doute, mais
aux mêmes conditions. Il y eut même une école spéciale
pour les jeunes filles du peuple, qui y reçurent une éducation
suffisante pour leur condition.
Comme à Saint-Cyr, le pensionnat était divisé
en trois classes, distinguées par un ruban de couleur différente.
La troisième classe, celle des plus jeunes élèves,
portait le ruban rouge ; le deuxième, ou classe moyenne, le
ruban bleu ; la première, celle des grands, le ruban violet.
On était admis à cette dernière qu'après
la première communion.
Il y avait en outre une classe formée de l'élite de
la première, ornée d'un ruban spécial. Une vertu
solide, un caractère irréprochable étaient les
conditions d'admission. C'étaient alors pour les élèves
des amies et des modèles, et pour les maîtresses d'utiles
auxiliaires, car elles passaient successivement dans les diverses
classes et y faisaient la leçon, mais en présence d'une
maîtresse. »
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NOTES:
(1) (Extrait de l'annuaire 1888 - Bitton)
Vue de Fontenay-le-Comte
Cliché Giraudeau
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