Histoire de Vendée

Histoire de la Vendée
du Bas Poitou en France

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CHAPITRE XXX

 

La Vendée depuis la convocation des notables (janvier 1787) jusqu'au grand soulèvement de mars 1793

Création du département de la Vendée

 

LA VENDÉE DEPUIS LA CONVOCATION DES NOTABLES (JANVIER 1787)
JUSQU'AU GRAND SOULÈVEMENT DE MARS 1793

 

CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES

 

Depuis longtemps déjà, des signes nombreux, avant-coureurs des grandes révolutions, annonçaient, même aux plus optimistes, que nous touchions à de graves événements qui devaient modifier de fond en comble les institutions de la vieille monarchie française. Ces institutions, qui avaient, pendant de longs siècles, rendu de réels services et fait de notre pays un état puissant et homogène, n'étaient plus à la fin du XVIIIe siècle en harmonie avec les idées.
Sous l'influence des grands écrivains et des grands philosophes, le mouvement intellectuel était devenu immense : partout les esprits cherchaient la vérité, l'ordre, la raison de toutes choses : la foule lisait, écrivait, discutait. L'Esprit des lois (1) avait eu vingt-deux éditions en dix-huit mois. Les livres proscrits se communiquaient mystérieusement sous le manteau, et par l'influence d'une puissance nouvelle, insaisissable, inattaquable, l'opinion publique, les vœux unanimes du pays, s'élevaient pour condamner les institutions du temps, restées en arrière pendant que les esprits avaient marché en avant.
La France, tombée de siècle en siècle, de la Monarchie représentative de Clovis et de Charlemagne à la Monarchie absolue de Louis XIV et de Louis XV, voulait voir renaître sous une forme nouvelle ces assemblées nationales où toutes les classes votaient par milliers ; en un mot l'identification du monarque avec son peuple et l'administration du pays par le pays.
La société, féodale dans sa constitution, mais moderne par l'esprit, les aspirations, la hardiesse de la pensée, était donc prête pour une révolution que tout indiquait comme devant être prochaine. Des causes diverses l'avaient préparée, l'état déplorable des finances allait en précipiter le dénouement.
Econome et simple pour lui-même jusqu'à l'austérité, Louis XVI laissait les dépenses de la reine, du comte d'Artois et de la cour monter, en huit ans, jusqu'à 861 millions. Bientôt la dette s'éleva progressivement à un milliard, et le ministre fut contraint de demander une assemblée de notables pour lui faire sanctionner les projets de Turgot et de Necker auxquels il fallait enfin revenir.

Les notables furent convoqués à Versailles pour le 29 janvier 1787.

 

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NOTES:

(1) Liste des souscripteurs à l'Encyclopédie, domiciliés dans le ressort de Fontenay (1788) : David-Pierre Ballard (l'abbé), Curé du Poiré-de-Velluire. - Biarge (l'abbé de), Archidiacre et Vicaire Général de Luçon. - Bonamy de Bellefontaine, Maître particulier des eaux et forêts. - Bouron, Avocat du Roi au siège royal. - Cabinet (le), de lecture de Fontenay. - Cercleron (l'abbé), Vicaire de la Châtaigneraie. - Chessé, Procureur à Fontenay. - Cormasson (l'abbé), curé de Saint-Médard-des-Prés. - Coudraye (le chevalier de la), Officier de la marine royal. - J.-Gabriel Gallot, Médecin à Saint-Maurice-le-Girard. - Gandillon (l'abbé), Chanoine et Secrétaire de l'Evêché de Luçon. - Claude-Victor Giraudeau (l'abbé), Professeur à Fontenay. - J. Augustin Poëy d'Avant, Receveur des domaines et contrôleur des actes. - Queré, Avocat à Fontenay. - Rozand (l'abbé), Grand Vicaire de Luçon (A).

(A) Extrait des papiers de Cochon de Chambonneau, imprimeur à Fontenay, et de ceux de Renaudin, libraire. - Archives de Fontenay, T. V, page 643.

 

RÉUNION DES NOTABLES

 

Cette réunion, composée des princes, des ducs et pairs, des prélats, des députés de la noblesse et de quelques rares représentants du tiers-état, s'opposa vivement à l'abolition des privilèges, obtint le renvoi et l'exil de Calonne et se sépara sans rien conclure (25 mai 1787).

Néanmoins, sous la pression de l'opinion publique, Louis XVI rendit, le 22 juin, un édit prescrivant dans tout le royaume l'établissement d'assemblées provinciales.

Un second édit du 12 juillet ordonna dans notre province, pays d'élection (1), la formation « d'une assemblée provinciale et d'assemblées d'élections et de communautés ou assemblées municipales ».

 

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NOTES:

(1) C'est-à-dire où l'impôt était réparti par l'intendant, et où les différends qui pouvaient s'élever entre les collecteurs et les contribuables étaient jugés par des magistrats appelés élus.

 

LL'ASSEMBLÉE PROVINCIALE DU POITOU

 

L'assemblée provinciale du Poitou tint sa première session du 25 au 29 août 1787. Y figuraient, pour le Bas-Poitou :

 

1° pour l'ordre du clergé

De Mercy, évêque et baron de Luçon.

De Rozand, vicaire général.

De Fresne, abbé des Fontenelles.

 

2° pour l'ordre de la noblesse

Le marquis de Saint-Sulpice-en-Pareds.

Le marquis de Régnon de Chaligny, seigneur de la Genétouze.

Le comte de Chasteigner, seigneur de Saint-Michel-le-Cloucq.

 

3° pour l'ordre du tiers-état

Perreau de la Franchère, écuyer du roi.

Duval de la Vergne, président des trésoriers de France, au bureau des finances de Poitiers.

Bouron, avocat du roi en la sénéchaussée de Fontenay.

Coutouly, sénéchal de Luçon.

Cadou, chef de division des canonniers gardes-côtes aux Sables.

Desayvres, lieutenant particulier en la sénéchaussée.

 

Procureur-syndic

Robert de Lézardière, du Poiroux.

 

Secrétaire-greffier

Giraudeau, avocat.

 

Cette réunion préliminaire, composée des personnages désignés par le roi, avait principalement pour objet : 1° de nommer les membres qui, avec ceux choisis par le roi, devaient compléter l'assemblée ; 2° d'élire le membre du clergé, celui de la noblesse, et les deux représentants du tiers-état qui, avec les deux procureurs-syndics et le secrétaire-greffier, devaient composer la commission intermédiaire, sorte de délégation chargée de la direction des affaires de la province, dans l'intervalle des sessions.

Le 12 novembre, l'assemblée provinciale du Poitou, qui comptait dans son sein Savary de Calais, maire de Fontenay, Brisson et Bouron, avocats, et Testard, notaire, commença sa seconde session, pendant laquelle on s'occupa surtout de rapprocher en quelque sorte notre province de tous les points de la France par l'ouverture de grandes routes, la création de canaux et l'amélioration des cours d'eau navigables.

 

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MANIFESTATIONS DIVERSES EN FRANCE

 

Pendant que notre province faisait l'essai d'une nouvelle forme d'administration, de grands événements, précurseurs d'autres plus grands encore, se préparaient de toutes parts en France.

Le Parlement de Paris était exilé à Troyes et remplacé par une cour plénière contre laquelle protestaient et les Parlements de province et l'Université. La Normandie s'agitait pour le maintien de ses privilèges et de sa quasi-indépendance. Les États du Dauphiné s'étaient réunis d'eux-mêmes à Vizille, berceau paternel de la famille de Casimir Périer, ancien président de la République française.
L'altière Bretagne était en feu et une grande députation, composée des trois ordres, était arrivée à Paris le 15 août, bien décidée à parvenir au roi, morte ou vive, pour obtenir l'élargissement des députés bretons enfermés à la Bastille et l'exécution du pacte de l'Union.

En disputant ses derniers privilèges à la Royauté, la Bretagne, par suite de la fatalité des choses, hâtait la Révolution qui devait abolir tous les privilèges.

 

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MANIFESTE NANTAIS

 

C'est de Nantes que devait partir le premier manifeste de l'insurrection bourgeoise, comme la première étincelle de l'insurrection populaire en était partie sous Louis XIV. La commune et les notables de cette ville réclamèrent par délibération publique du 6 octobre 1788 : 1° le nombre des députés du Tiers égal à celui de la noblesse et du clergé réunis ; 2° un procureur général syndic pour chaque ordre et le partage alternatif de la charge de greffier en chef ; 3° l'adjonction des curés non nobles, après dix ans de rectorat ; 4° l'égale répartition de l'impôt entre tous les citoyens des trois ordres : 5° l'abolition de la corvée en nature ; 6° le droit pour tout Breton payant une capitation de douze livres, de s'assembler dans chaque paroisse et de nommer des députés, lesquels assemblés à leur tour dans la ville épiscopale, éliraient entre eux leurs représentants aux Etats.

 

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CONTRE-COUP A FONTENAY-LE-COMTE

 

Comme le premier coup de foudre dans un ciel chargé d'orage, cette manifestation avait enflammé une partie de la Bretagne et de l'Anjou, et l'écho en avait retenti jusqu'à Fontenay, où depuis longtemps déjà beaucoup de nobles esprits étaient mûrs pour la Révolution. - En 1787, alors que la convocation des Etats-Généraux n'était pas encore décidée, René Esnard avait adressé à l'illustre Necker un mémoire qui contenait la quintessence des réformes opérées depuis, et en 1788, Bouron, avocat du roi, faisait paraître une vigoureuse brochure intitulée : Moyens de sauver le royaume de la banqueroute.

Dès le 23 octobre 9.788, l'assemblée du département de Fontenay-le-Comte s'occupait des formes à employer dans la convocation et la formation des Etats-Généraux et discutait les mémoires (1) présentées à cet effet par deux bas-poitevins distingués : le marquis de La Coudraye, alors syndic du corps de ville de Luçon, et de Lapparat, conseiller au siège de Fontenay.

Dans un langage inspiré par le plus pur patriotisme et les plus nobles sentiments, nos devanciers, par l'organe du rapporteur, déposaient au pied du trône, en même temps que leurs vœux pour le bonheur du monarque, l'exposé digne et ferme de leurs revendications légitimes, dont la plupart devaient quelques mois après être contenues dans la fameuse déclaration des droits de l'homme.

Le 30 du même mois, sur la proposition du maire Savary de Calais, le corps de ville, à l'unanimité, adhérait en tout son contenu aux desiderata des officiers municipaux de la ville de Nantes dont nous avons parlé plus haut.

 

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NOTES:

(1) Celui de La Coudraye, que nous avons sous les yeux et qui fait partie de la collection B. Fillon, est un chef-d'œuvre de logique et de bon sens.

 

ÉTAT DES ESPRITS A LA FIN DE L'ANNÉE 1788S

 

La monarchie mourante se débattait inutilement ; une force invincible la poussait à cette convocation de la nation qui lui inspirait tant de terreurs.

En attendant la réunion des États-Généraux, les représentants des trois ordres réunis à Fontenay le 24 décembre 1788, mus par une même pensée de concorde et de sages réformes, réclamaient pour le Poitou l'organisation d'états particuliers, comme ceux du Dauphiné ; cette organisation était trop tardive. Dans cette période où nous entrons, l'événement le plus inattendu va

déchaîner les tempêtes : la moindre étincelle allumer un grand incendie.

A la fin de l'année 1788, les esprits étaient dans un état de fermentation indescriptible. A l'exemple de l'Angleterre, se formaient des assemblées qui, sous le nom de clubs, ne s'occupaient que des abus à détruire, des réformes à opérer.

A nos portes, la tenue des États-Généraux de Bretagne surtout avait été orageuse et la noblesse et le clergé, invoquant l'article 22 du contrat qui les liait à la France, s'opposaient violemment à la convocation des États-Généraux.

Historiquement et logiquement la noblesse avait cent fois raison : mais c'est une preuve de plus qu'en fait de politique, la logique aboutit quelquefois à l'immobilité, c'est-à-dire à la mort.

Les gentilshommes bretons ne comprirent pas que le jour de l'avènement du Tiers et de l'unité française était arrivée. Inébranlables comme le granit de leurs manoirs et comme les chênes de leurs forêts, invariables dans leur antique devise : Potius mori quam fœdari - Plutôt la mort qu'une souillure ; ils aimèrent mieux mourir que de sacrifier leur manteau d'hermine ou d'aller conspirer à Coblentz contre leur patrie. Ce fut une grande erreur, mais une erreur glorieuse, du moins pour ceux que nous verrons, fidèles à leur serment, tomber en héros ou en martyrs sur le champ de bataille ou sur la guillotine, et cette erreur devait être partagée par la plupart des gentilshommes bas-poitevins. Opposition bien inutile ; le vent de la Révolution agitait toutes les têtes comme un océan près de se déchaîner, et en Bretagne comme ailleurs, le Tiers allait l'emporter de haute lutte sur les ordres privilégiés.

Le programme de la Révolution était tracé, et la nation n'avait plus qu'à exécuter le plan de campagne de son audacieux tacticien Siéyès.

Ce plan, tout le monde le connaît, et nous ne nous attarderons pas à le rappeler.

Dans la noblesse bas-poitevine même, brave et toujours agitée, chez laquelle les mœurs patriarcales (1) s'étaient conservées presque dans toute leur pureté, et où le régime féodal était loin de peser sur le peuple comme dans le reste de la France, des esprits supérieurs à leur siècle et auxquels nous sommes heureux de rendre ici un solennel hommage, attaquaient eux-mêmes ces institutions séculaires, qui n'étaient plus en rapport avec l'esprit public ni avec les mœurs.

Le marquis de la Coudraye, né à Luçon, vers 1740, publiait par souscription, à Fontenay, un Mémoire en faveur du cardinal de Rohan (affaire du collier de la Reine) et plus tard un Mémoire contre la, corvée.

Mlle de Lézardière elle-même, née au Poiroux, écrivait à la même époque l'ouvrage célèbre intitulé : La théorie des lois politiques de la monarchie française, dont nous parlons dans un autre chapitre.

 

 

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NOTES:

(1) « Le château regorgeait de chevaliers sans apanages, d'abbés sans bénéfices... Il en élait de même à l'office, ou les domestiques, depuis des siècles, parties intégrantes de la maison, conservaient avec eux leurs enfants et les enfants de ceux-ci ». - « La noblesse de l'Ouest au moment de la Révolution, par Baguenier-Désormeaux - Revue du Bas-Poitou, Ve année, page 205. »

 

CONVOCATION DES ÉTATS-GÉNÉRAUX ET DEMANDES DES TROIS ORDRES DU BAS-POITOU

 

Le récit des événements qui se passaient à Rennes avait produit dans le Bas-Poitou une certaine fermentation. A Fontenay surtout, les esprits étaient agités, et l'on craignait que les élections aux États-Généraux, qui s'annonçaient comme devant être proches, n'eussent pas le caractère calme qui leur convenait, et que des influences plus ou moins occultes n'essayassent de fausser le verdict du pays. Dans cette pensée, les officiers de la sénéchaussée de Fontenay demandaient, dès le 9 janvier 1789, à Necker, qu'une convocation directe fut adressée aux électeurs de leur ressort.

Enfin, le 24 janvier, parut la lettre de convocation des États-Généraux à Versailles pour le 27 avril. Cette lettre, accomgagnée d'un règlement sur la forme des élections, reconnaissait le doublement du Tiers (600 députés pour ce dernier, 300 pour la noblesse, 300 pour le clergé, en tout 1.200 députés). Elle invitait également les électeurs à se préoccuper de la rédaction des Cahiers qui devaient contenir en substance l'ensemble des desiderata des trois ordres (1).
Le cahier de la noblesse bas-poitevine réunie à Fontenay, était marqué au cachet d'un certain libéralisme, dû en grande partie aux principes généreux que professait le principal rédacteur, le chevalier Loynes de la Coudraye. La noblesse renonçait notamment aux privilèges pécuniaires dont elle jouissait et consentait à supporter les charges publiques dans une parfaite égalité, en proportion des fortunes et des propriétés, et admettait le principe que pour faire la loi, il fallait le concours du prince de la nation. Mais aussitôt après, elle demandait le maintien et la conservation de tous ses autres droits, prééminences, prérogatives, distinctions et propriétés, etc. Sous l'influence de Robert de Lézardière, elle imposait à ses députés « le mandat très impératif de ne voter que par ordre », et se prononçait contre l'innovation « insolite, inadmissible pour l'avenir », de la représentation du Tiers en nombre double de celui accordé aux deux ordres de l'État.

La majorité des membres du clergé exigeait surtout que le catholicisme demeurât la seule religion autorisée, que les emplois ne fussent accordés qu'aux catholiques, que la censure fut maintenue et l'éducation des enfants confiée aux ecclésiastiques.

Sous l'influence des curés, le tiers-état du clergé demandait que le mode de perception des dîmes et du boisselage, qui pesait si lourdement et si inégalement sur le peuple des campagnes, fut réglementé d'une façon plus équitable (2).

Le tiers-état, qui n'avait point de privilèges à maintenir, mais des droits à revendiquer, réclamait hardiment, par l'organe de la sénéchaussée de Fontenay, une constitution nouvelle du gouvernement et de la société. Dans beaucoup de cahiers, il était expressément enjoint aux députés du Tiers de ne consentir à aucun subside que la déclaration des droits de l'homme ne fut passée en loi. La question des principes dominait presque partout la question d'intérêts particuliers. Le vote par tête, l'égalité complète des citoyens devant la loi et devant l'impôt, l'abolition du droit d'aînesse, des servitudes féodales, la réforme des codes, la permanence des états en leur périodicité, la liberté de la presse, la liberté du commerce et de l'industrie, étaient presque unanimement réclamées. Il n'en fut pas ainsi en ce qui concernait la liberté de conscience, et seule dans le Bas-Poitou, l'assemblée du bailliage de Vouvent, dont le célèbre docteur protestant Gallot était membre, reçut les doléances des réformés.

La sénéchaussée de Fontenay-le-Comte entre autres choses, proposait pour combler le déficit, l'aliénation au profit de l'Etat d'une partie des biens destinés aux services des autels, des honoraires fixes de 1500 livres pour les curés, de 750 pour les vicaires, en un mot la gratuité de toutes les fonctions du ministère et l'entière abolition du boisselage.

 

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NOTES:

(1) Michelet prétend que cinq millions d'hommes prirent part à l'élection.

(2) Le cahier des demandes, plaintes et doléances de l'Ordre du clergé de la province du Poitou, assemblé le 16 mars 1789, se trouve relaté dans l'Histoire des évêques de Luçon, par de La Fontenelle de Vaudoré, pages 868-869, etc.

 

OPPOSITION DE LA NOBLESSE BAS-POITEVINE AU DOUBLEMENT DU TIERS

 

La clause des « lettres royaux » portant doublement du Tiers souleva dans une partie de la noblesse bas-poitevine les plus violentes récriminations, et à peine fut-elle connue, que sous l'inspiration du marquis de la Coudraye, fut décidée pour le 28 janvier, une réunion préparatoire au couvent des Cordeliers, aujourd'hui couvent des Ursulines de Chavagnes.

Trente et quelques gentilshommes s'y rendirent, et après avoir protesté contre la tenue des Etats-Généraux, ils décidaient l'envoi d'un message au roi et l'expédition sans signature du billet suivant à tous les gentilshommes de la province.

 

M...

« Dans ce moment important oü la noblesse doit avoir à cœur de conserver ses droits et ses privilèges, vous êtes invité, comme membre de cet ordre, de vous trouver à Fontenay-le-Comte, le 10 février au matin, à la maison de l'Assemblée du bureau intermédiaire du département. Vous êtes prié d'avertir, les gentilshommes à portée de vous, du contenu de ce billet, pour obvier à tout oubli involontaire ou accident quelconque ».

 

Cette réunion ayant provoqué quelque agitation dans la ville et apprenant qu'une autre plus importante devait avoir lieu le 10 février, le maire Savary de Calais crut devoir convoquer pour le 9 le corps de ville qui, à la suite du discours prononcé par le premier magistrat, prenait la décision suivante.

 

« L'assemblée proteste tant contre celle de la noblesse, tenue en cette ville le 28 janvier dernier, que contre celle qui doit se tenir demain, 10 de ce mois, contre tout ce qui a pu être arrêté dans la première et contre tout ce qui pourrait l'être dans la seconde, de contraire aux intentions de Sa Majesté et aux droits de cette ville et commune. »

 

Malgré la protestation du corps élu, 200 nobles ou anoblis se réunirent à nouveau dans la capitale du Bas-Poitou, pour s'opposer à toute convocation des Etats-Généraux.

La noblesse du Haut-Poitou, convoquée à Poitiers le 15 février, ayant désavoué, en partie du moins, l'attitude de celle du reste de la province, les gentilshommes de notre région, au nombre clé 286, ne s'en réunissaient pas moins les 17 et 18 février, c'est-à-dire pour la 3e fois depuis 20 jours, à Fontenay. N'ayant pas trouvé de salle pour tenir leur séance, qui était en fait, illicite, ils se rendent aux Cordeliers de la ville qui, moyennant 250 livres, mettent la chapelle à leur disposition. Après des discussions orageuses qui durent deux jours, ils se séparent, non sans avoir décidé, à la majorité de 173 voix contre 113, de s'opposer au doublement du Tiers et à tout ce qui pourrait porter atteinte aux droits et privilèges attachés à la qualité de gentilhomme.

 

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ORDONNANCE DE SAVARY DE BEAUREGARD, SÉNÉCHAL DE FONTENAY-LE-COMTE, CONCERNANT LA CONVOCATION DES ÉTATS-GÉNÉRAUX
(17 Février 1789)

 

Le jour où la noblesse bas-poitevine se réunissait pour la 3e fois à Fontenay, afin de protester surtout contre le doublement du Tiers, le sénéchal Savary de Beauregard rendait une ordonnance fixant le mode de publication « des lettres royaux » du 24 janvier 1789, dans toutes les villes, bourgs, villages et communautés de son ressort.

Le 5 mars, toujours en vue des élections, on désignait, pour porter à Poitiers le cahier de la sénéchaussée de Fontenay et nommer des députés aux États-Généraux :

 

De Bessé du Patis (Henri), marchand.

Biaille de Germon (François-Thomas), Procureur du roi des eaux et forêts.

Bouron (François-Anne-Jacques), Avocat du roi en la sénéchaussée.

Chevallereau (Jacques-René), Lieutenant civil en la sénéchaussée

Cochon de l'Apparent (Charles), Conseiller en la sénéchaussée.

Pervinquière (Mathieu-Joseph-Séverin), Avocat.

Testard (Jacques-Pierre), Notaire.

Dupuy (Pierre-Claude), Procureur du roi en la sénéchaussée.

Savary de Calais (L. T. N. Philippe), Maire (1).

 

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NOTES:

(1) Documents de la collection B. Fillon - Le procès-verbal des nominations des députés et commissaires de la sénéchaussée et siège royal de Fontany-le-Comte pour l'assemblée du Tiers-Etat à Poitiers, du 7 mars 1789, donne le nom des 69 élus. - Le premier nommé fut François-Anne Bouron, avocat du roi à Fontenay, et le dernier Louis Levraud, fermier à Saint-Michel-en-l'Herm.

 

RÉUNION DES TROIS ORDRES POITEVINS A POITIERS
ATTITUDE DES DÉPUTÉS DU BAS-POITOU

 

Les électeurs de la noblesse, du clergé et du tiers-état, chargés de nommés les députés aux États-Généraux arrivèrent à Poitiers dans les premiers jours de mars 1789.

Le 9, par une température sibérienne, eut lieu dans la chapelle des Jésuites, aujourd'hui chapelle du Lycée, l'appel nominal des électeurs, en procédant par lettres alphabétiques et par paroisse. Dans les conciliabules tenus et les propos échangés au cours des séances préparatoires, il fut facile de voir que la noblesse du Bas-Poitou se montrerait beaucoup moins conciliante que celle du Haut-Poitou, qui dès le début fit force prévenance aux électeurs de Fontenay, de Saint-Gilles, des Sables, etc.

Nous ne parlerons point du cérémonial usité en pareille circonstance... Il nous suffira de dire que si la noblesse et le clergé déployèrent une grande magnificence, une étiquette humiliante fut imposée au tiers-état.

Mais les hommes ne sont pas moins jaloux de leur dignité que de leurs droits, et préludant au grand rôle qu'ils allaient jouer bientôt et malgré leur extérieur modeste, semblant fort de leur nombre et de leur avenir, les députés de la bourgeoisie n'en prirent pas moins une part active et brillante aux discussions qui eurent lieu au sein de l'Assemblée jusqu'au 4 avril.

Bouron surtout, se signala par ses connaissances juridiques profondes, par l'ampleur de ses vues et la sûreté de son jugement, et le 19 mars, après une séance mouvementée, provoquée par la lecture des cahiers de Lusignan, Niort et Fontenay, il fut assez écouté pour faire prendre comme base celui de sa ville.

Son attitude énergique lui valut les suffrages de ses collègues. Il eut, avec Biaille de Germon, procureur du roi aux eaux et forêts de Fontenay ; Goupilleau et Pervinquière, Cochon de l'Apparent, de la sénéchaussée de Fontenay, et Auvynet, sénéchal de Montaigu, Birotheau des Burondières, Lofficial et Gallot, du bailliage de Vouvent, - La Châtaigneraie, tous députés du tiers-état, et ses autres collègues du clergé et de la noblesse ; De Mercy, évêque de Luçon ; Dillon, curé du Vieux-Pouzauges, Richard de la Vergne, recteur de la Trinité de Clisson ; Ballard, curé du Poiré-sur-Velluire ; le marquis Le Clercq de Juigné et le chevalier de la Coudraye, l'honneur d'aller s'asseoir aux États-Généraux, à côté de cette pléïade de penseurs et d'orateurs puissants, qui initièrent la France à la liberté, et dont la plupart payèrent hélas de leur sang cette redoutable initiation.

 

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ETATS-GÉNÉRAUX DE 1789.
(ATTITUDES DES DÉPUTÉS POITEVINS)

 

Enfin sonna la dernière heure du monde féodal et la première du monde nouveau, le 5 mai 1789. La première scène de la Révolution fut un jour d'ivresse et d'espérance que devaient suivre hélas d'autres jours de deuil, que l'historien ne peut que regretter et blâmer.

On sait l'opposition des ordres privilégiés à la vérification des pouvoirs faite en commun, elles séances orageuses. qui en furent la conséquence ; - on connaît moins bien l'attitude digne d'éloge des quatre ecclésiastiques que le Poitou avait envoyés comme députés aux États-Généraux, Jallet, de Cherigné, Lecesve, de Saint-Triaize-de-Poitiers, Ballard, du Poiré-sur-Velluire, Dillon, du Vieux-Pouzauges. Rompant avec certains préjugés de leur ordre, et aussi avec les opinions émises par leurs évêques, sentant bien que rien ne pouvait arrêter le flot populaire qui montait, et que le mieux était de le modérer dans sa course, ces quatre ecclésiastiques s'immortalisèrent les 13 et 14 juin 1789, en quittant les premiers la salle de leur ordre pour aller se réunir au Tiers, rendre possible le serment du Jeu de Paume, et déterminer la formation de l'Assemblée nationale.

Dans cette fameuse séance du Jeu de Paume, tous les députés du tiers-état du Bas-Poitou prêtèrent le serment, et Goupilleau de Fontenay, bien que malade, se fit porter dans un fauteuil à la réunion. C'est lui qui est représenté à gauche, dans l'immortelle toile de David.

Mais les députés de la noblesse poitevine comprirent moins bien leur époque, leurs intérêts et les manifestations des 17, 19, 20 et 23 juin 9.789. - En vain, le 30 juin, signaient-ils-une protestation suprême contre le droit de délibérer en commun, en vain, Irland de Bazoges, lieutenant général du grand sénéchal du Poitou, convoquait-il les nobles pour le 27 juillet, en vue de leur soumettre les doléances de leurs mandataires, l'orage grondait et s'annonçait comme devant être terrible.

Le 14 juillet, les Parisiens avaient assiégé et emporté en quelques heures la Bastille, cette vieille forteresse de l'arbitraire, et cette nouvelle avait été accueillie avec enthousiasme par la jeune bourgeoisie des petites villes du Bas-Poitou. A Luçon, où dominait l'aristocratie, le maire avait fait, le 31 juillet, célébrer dans l'église paroissiale un service funèbre en l'honneur des victimes de la prise de la Bastille, et à Fontenay, on avait chanté un Te Deum d'actions de grâces pour le retour de la tranquillité dans la capitale, livrée à des agitateurs « sans pudeur et sans frein. »

L'annonce des événements accomplis à Paris pendant la fameuse nuit du 4 août ne provoqua pas à Fontenay un enthousiasme moins grand que la nouvelle de la prise de la Bastille, et la municipalité fut une des premières à adresser ses félicitations à l'Assemblée nationale.

 

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EMEUTES A FONTENAY ET AUX SABLES-D'OLONNE (Août 1789)

 

Au milieu des discussions politiques qui s'imposaient aux méditations de l'Assemblée, la disette menaçait la France, et la malveillance cherchant à exciter la nation contre ses représentants, avait provoqué des révoltes jusqu'au fond des provinces les plus éloignées. Dans la nuit du dimanche au lundi 10 août, Fontenay eut son émeute provoquée par la cherté des grains. Il y eut mort d'homme et exécutions capitales, et le sénéchal Savary de Beauregard faillit être tué.

Aux Sables-d'Olonne, la police put à grand peine maîtriser les fureurs de la foule contre les boulangers annonçant qu'ils n'avaient de blé que pour huit jours, - qu'il n'y en avait plus dans la campagne et que la récolte se ferait attendre.

Dans la crainte que de nouveaux troubles ne se produisissent, Savary de Calais, maire, colonel de la garde nationale, et Baudry d'Asson furent députés vers le duc de Maillé, commandant la place de La Rochelle, qui, sur l'avis de M. de Nanteuil, intendant de la province, leur remit 300 fusils avec leurs baïonnettes, des gibernes, 100 sabres sans fourreau et 4 caisses en cuivre.

Aussitôt leur retour, la municipalité s'occupa de constituer un régiment national, qui se donna pour chef, sous le titre « de major général, Gabriel-Baudry d'Asson, demeurant à Brachain, près la Châtaigneraie. »

 

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SOUSCRIPTIONS PATRIOTIQUES

 

Malgré tout ce qu'avait pu faire l'Assemblée nationale pour approvisionner la France, la famine allait croissant, et avec elle la situation générale du pays s'aggravait. Le trésor public était en détresse. Deux emprunts, l'un de 30 millions, et un autre de 80 millions, émis les 7 et 27 août avaient échoué.

La contribution patriotique ordonnée par la loi du 6-16 novembre 1789, suivie d'une proclamation royale, en date du 15 du même mois, donna peu de chose en Vendée, sauf à Fontenay, qui fournit 138.584 livres, et Montaigu 30.000 livres. Les autres localités avaient montré une grande tiédeur, et il fallut recourir aux moyens cœrcitifs pour faire rentrer les impôts.

 

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CRÉATION DU DÉPARTEMENT DE LA VENDÉE


FONTENAY-LE-COMTE, CHEF-LIEU. - OPPOSITION DE NIORT, LUÇON ET LES SABLES-D'OLONNE

 

Lorsque l'Assemblée nationale voulut effacer les distinctions historiques des provinces, il fut d'abord question de ne former que deux départements du Poitou, et alors disparaissait toute objection contre Fontenay comme chef-lieu de la région du Bas-Poitou. Mais sur les conseils de Thibaudeau, la ville de Niort réclama la création d'un troisième département dont elle serait le chef-lieu, en proposant La Roche-sur-Yon comme celui de la subdivision occidentale.

Les Sables-d'Olonne et Luçon suivirent Niort dans son opposition, mais ne purent empêcher l'assemblée de décider, le 26 janvier 1790, que Fontenay serait le chef-lieu du département occidental du Poitou, qui comprendrait les six districts de Fontenay, La Châtaigneraie, Montaigu, Les Sables, Challans, La Roche-sur-Yon, soit 58 cantons et 317 communes.

 

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FORMATION DE L'ADMINISTRATION DÉPARTEMENTALE

 

Le département de la Vendée, dont la création avait été décidée en principe, le 26 janvier 1790, n'avait point reçu de suite une organisation administrative définitive. Les services publics fonctionnaient mal ; les impôts ne rentraient point, et des conflits de toute nature se produisaient à chaque instant entre des pouvoirs plus ou moins définis. Toutes les réformes de l'Assemblée n'avaient point été accueillies avec une bien grande faveur par la très grande majorité des ordres privilégiés. L'orage grondait sourdement, surtout dans le bocage et dans le marais de Challans, et il importait à la tranquillité publique d'organiser le plus promptement possible au chef-lieu un pouvoir fort et. respecté.

La première assemblée générale des électeurs de la Vendée s'ouvrit à Fontenay, en l'église des Cordeliers, le 29 juin 1790, à neuf heures du matin, sous la présidence de Pichard du Page.

Les élections durèrent huit jours, et furent presque toujours marquées par des séances tumultueuses, provoquées en grande partie par la désignation de Fontenay comme chef-lieu. Lors du scrutin ouvert sur la question du chef-lieu, le dépouillement donna le résultat suivant. Sur 357 votants, 219 s'étaient prononcés contre Fontenay, malgré l'énergique intervention de Pichard, qui eut l'honneur d'être le premier nommé procureur général syndic du département, avec Menanteau comme substitut ; les membres élus furent , Badereau, Guillet Millouain, Perreau, Paillou, Morisson, Thiérot et Luminais.

Le 1er septembre 1790, le directoire du département s'installa provisoirement au Puy-St-Martin, dans la maison aujourd'hui occupée par Mme Clémenceau de la Loquerie, et où il tint ses séances jusqu'au 3 novembre suivant. A cette date il se fixa au Puy-Lavau, dans la maison Chevallereau, habitée actuellement par les Sœurs du Bon-Pasteur, et son premier arrêté, daté du 9 novembre, fut de décider l'établissement d'une bergerie modèle, à Péault, sous la direction de Cavoleau, curé de cette paroisse.

D'autres dispositions furent prises pour établir des haras, perfectionner les races bovines du pays, développer l'instruction, améliorer le sort des pauvres et des enfants naturels, créer à Fontenay une école de sages-femmes, sous la direction de Ballard, nommé professeur au traitement de 300 livres, rendre plus prospère le port des Sables et faciliter les moyens de communication.

 

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FÉDÉRATION POITEVINE. - LE 14 JUILLET 1790

 

-Les troubles et les alarmes, qui n'avaient pas entièrement cessé dans les campagnes depuis le 14 juillet, s'étaient renouvelés avec plus d'intensité à l'entrée de l'hiver 1789. L'année 1790 venait de commencer et une agitation générale se faisait sentir. D'un bout de la France à l'autre, une incommensurable farandole entraînait les Français dans les bras des Français. Le pays entier se ruait à la tribune, aux clubs, au forum ; la vie publique absorbait complètement la vie privée, et un grand nombre de communes et de gardes nationales se fédéraient, à l'exemple de Paris.

Le Poitou n'allait pas tarder à suivre le mouvement, et le 5 avril, les gardes nationales de Fontenay, convoquées en armes dans la salle du palais, adhéraient aux propositions de celles de Poitiers, et nommaient une délégation pour les représenter dans cette ville lors du renouvellement du serment civique, qui devait avoir lieu sur les bords du Clain le 11 avril. L'exemple de Fontenay avait, porté ses fruits, et le 30 mai, les gardes nationales de 18 communes s'assemblaient en confédération au Fougerais de Sainte-Florence-de-l'Oie, sous le commandement en chef du marquis de Lespinay, colonel de la garde nationale de Chantonnay.

La fêle du 14 juillet 1790, destinée à une réconciliation générale, n'avait pas été célébrée avec enthousiasme seulement à Paris, où Fontenay avait envoyé des délégués. Aux Sables, à Luçon, à Saint-Gilles et ailleurs, toutes les classes de la société y avaient pris part, sans distinction de rang ni de fortune.

Mais l'admirable concorde de la Fédération ne devait malheureusement pas durer. Dans la journée du 14 juillet, beaucoup de Vendéens s'étaient, comme le reste des Français, élevés au dessus d'eux-mêmes. Ils n'allaient pas tarder à retomber dans des erreurs regrettables.

 

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TROUBLES OCCASIONNÉS PAR LA CHERTÉ DES GRAINS

 

Des achats de grains, des distributions de pain aux indigents et l'ouverture des chantiers communaux n'avaient pu conjurer l'orage qui, pour les moins prévenus, s'annonçait, menaçant.

A Bressuire, à Saint-Amand, à Mouchamps, des troubles avaient éclaté au sujet de la libre circulation des grains, et à Mouilleron, Guinefolleau, maire et curé, s'était livré à l'accaparement des grains. Pendant quatre joursle tocsin avait sonné dans les villages voisins, et le 13 février 1790, le duc de Maillé, commandant militaire de la province, donnait des instructions pour assurer la libre circulation des grains de Marans a Fontenay.

Les mesures prises par le duc de Maillé n'étaient qu'un faible palliatif. La disette sévissait de plus en plus. A Fontenay, des hommes, des femmes, des enfants en haillons se pressaient aux portes de l'Hôtel-de-Ville, demandant à grands cris de leur donner du pain. Le maire, Pichard du Page, toujours sur la brèche, se prodiguait avec un dévouement admirable. Sa porte était toujours ouverte aux infortunes, et les puissantes relations qu'il avait, à Paris étaient mises au service de ses administrés avec un désintéressement qui l'honore. Sa sollicitude s'étendait même aux autres localités du Bas-Poitou voisines de Fontenay, et l'on peut dire que c'est à sa puissante intervention et aux influences qu'il avait dans les ministères, que fut dû l'envoi des secours en grains accordé par Necker et attendu avec une impatience fébrile.

 

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BIENS NATIONAUX. - CONSTITUTION CIVILE DU CLERGÉ
(12 juillet - 26 décembre 1790)

 

L'Assemblée nationale ayant, le 14 avril 1790, en exécution des lois des 2 et 3 novembre 1789, voté la remise des biens (1) de l'Église aux départements et aux districts en les chargeant, d'assurer le salaire du clergé et les dépenses du culte, les conseils municipaux des Sables-d'Olonrne et de Fontenay notamment, décidaient qu'il serait fait des soumissions en conséquence. Cette décision irrita profondément le clergé séculier du diocèse qui, dès l'année 1789, avait protesté contre le décret, du 24 décembre, portant admission des non catholiques à toutes les fonctions publiques. Il gagna facilement à sa cause les anciens titulaires des bénéfices ecclésiastiques qui, dès les 13 et 14 novembre 1789, avaient fait la déclaration exigée par la loi. Nous verrons cette irritation grandir et amener, avec d'autres mesures, concernant le clergé, les plus redoutables complications, surtout après l'adoption de la mesure impolitique exigeant des ecclésiastiques le serment à la constitution civile du clergé (2), serment que la plupart des prêtres refusèrent de prêter, à commencer par ceux de Fontenay (21 janvier 1791) (3).

 

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NOTES:

(1) Les ordres religieux furent supprimés le 13 février 1790.

(2) Cette constitution, votée le 12 juillet 1790, ne fut sanctionnée par le roi que le 26 décembre, mais le serment de fidélité à cet acte schismatique ne fut exigé que le 4 juillet 1791. - 50.000 prêtres, sur 60.000, répondirent par un refus à cette tyrannique sommation.

(1) Une loi du 22 décembre 1790 ordonnait aussi que tout fonctionnaire public, recevant pension ou traitement de l'État, qui ne serait pas dans le royaume et qui n'aurait prêté son serment civique dans le délai d'un mois, serait déchu de tout grade, emploi, pension ou traitement.

 

ÉLECTION DE L'ÉVÊQUE CONSTITUTIONNEL DE LA VENDÉE
(27 février er 1er mars 1791),
ET INSTALLATION DU CLERGÉ CONSTITUTIONNEL

 

L'évêque de Luçon, Mgr de Mercy, ayant refusé le serment civil, l'assemblée électorale chargée de nommer un évêque constitutionnel se réunit le 27 février 1791, dans l'église de Notre-Darne de Fontenay, où elle assista à une messe solennelle, célébrée par M. Bridault, curé-doyen.

Des 471 électeurs choisis par les assemblées primaires, 173 seulement répondirent à l'appel de leur nom. Au premier tour de scrutin, Ballard, curé du Poiré-sur-Velluire et député à la Constituante, obtint le même nombre de voix que Servant, supérieur de l'Oratoire de Saumur, qui, au second tour, fut élu évêque par 77 voix.

Servant n'ayant pas cru devoir accepter ces hautes fonctions (1), l'assemblée électorale, réunie de nouveau le 1er mai, nommait évêque Rodrigue, curé de Fougeré.

Aussitôt l'élection de Rodrigue, les districts convoquèrent les assemblées primaires pour nommer, conformément à la loi, les « fonctionnaires civils destinés à remplacer ceux qui persistaient dans l'insermentation ».

Le 22 mai, aux Sables, les électeurs, réunis dans l'église de Notre-Dame, procédèrent après la messe, à la nomination des curés des 26 paroisses dont les curés étaient réfractaires. Mais cette élection fut frappée d'opposition canonique, le 25 juin, par le Grand Vicaire de Luçon. D'un autre côté, les non conformistes protestaient, au nom de la liberté des cultes, contre l'aliénation de tout ou partie des églises et des chapelles non reconnues paroissiales ; dès ce moment, on élevait autel contre autel.

 

(1) A la suite d'une lettre que lui écrivit Mgr de Mercy, évêque de Luçon. - Nous regrettons de ne pouvoir reproduire cette lettre, dont l'original est sous nos yeux.

 

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ÉTATS DES ESPRITS A LA FIN DE 1790 ET AU COMMENCEMENT DE 1791
FUITE DU ROI (20 Juin 1791)

 

A l'époque où nous sommes rendus, l'émigration devenait chaque jour plus considérable en France : les routes se couvraient d'une noblesse qui semblait remplir un devoir sacré en courant prendre les armes contre sa patrie. Des femmes mêmes croyaient devoir attester leur horreur de la Révolution en quittant le sol de la France. Hâtons-nous de dire que la plupart des nobles vendéens restèrent dans leurs pauvres gentilhommières. « Au moment du danger, dit un érudit écrivain, quand la bande dorée des courtisans et des favoris commettra la faute insigne, si durement, expiée d'ailleurs, d'abandonner le roi pour aller, impuissante, s'armer au-delà des frontières ; quand même quelques-uns des hommes les plus comblés des faveurs de la cour trahiront leur bienfaiteur, cette noblesse, que la royauté a dédaignée au jour de prospérité, se lèvera tout entière pour la défendre. Le sang de ses membres coulera sur tous les champs de bataille ; les Bonchamps, les Lescure, les La Rochejaquelein, les d'Autichamp, les Charette, les Marigny et tant d'autres rempliront les cadres de la garde constitutionnelle du malheureux Louis XVI, ou veilleront à ses côtés. Leurs cadavres joncheront les marches des Tuileries, comme plus tard les champs de la Vendée et les landes de la Bretagne (1). » Néanmoins il ne se passait guère de semaines sans que la nouvelle de quelque complot n'arrivât au Directoire, du département.

En février 1791, la population d'Avrillé, sur les conseils de Duchaffault, son ancien seigneur, s'était soulevée à l'occasion de la mise en vente des dépendances du prieuré-cure du bourg, et le 27 du même mois, le Directoire de Fontenay demandait l'envoi de 200 hommes d'infanterie aux Sables-d'Olonne.

Dans les districts de Challans, de la Roche-sur-Yon et des Sables-d'Olonne, des mouvements populaires du caractère le plus grave s'étaient produits dès le mois d'avril. Les curés insermentés avaient été insultés et les autorités légales menacées. Une révolte armée avait éclaté à Apremont (24 avril), à Saint-Christophe-du-Ligneron, à Froidfond, à Saint-Paul-Mont-Penit, etc. (28 avril). Le 3 mai, le tocsin avait sonné à Cœx, Saint-Révérend, l'Aiguillon et Saint-Maixent-sur-Vie.

Dans une séance de nuit du Directoire du département et du district, il avait été arrêté que le procureur général syndic Pichard. du Page et Majou des Grois seraient, munis de pleins pouvoirs, chargés de conduire dans la région troublée 130 hommes de la garde nationale de Fontenay, avec 25 cavaliers du régiment en garnison dans cette ville (2). Les prisonniers faits à la suite de ces mouvements insurrectionnels furent transférés en la prison du Bouffay, à Nantes. Les préludes d'une insurrection générale s'étaient déjà manifestés en Vendée, quand on apprit à Fontenay, dans l'après-midi du 23 juin, que le roi s'était enfui de Paris le 20.

 

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NOTES:

(1) Baguenier-Désormeaux. - La noblesse de l'Ouest au moment de la Révolution. - Revue du Bas-Poitou, Ve année, pages 209 et 210.

(2) Le 25 juin les administrateurs du Directoire en informaient leurs administrés.

 

SOULÈVEMENTS ET MANIFESTATIONS

 

La fuite et l'arrestation de Louis XVI brisèrent le dernier frein de la Révolution. Toutes les fureurs qui se contenaient encore allaient faire explosion.

Les Directoires commencèrent alors à prendre des mesures restrictives et à interdire aux prêtres réfractaires de dire la messe sans la permission de l'évêque et des prêtres constitutionnels. L'intolérance répondait à l'intolérance, et des excès

coupables furent commis de part et d'autre (1).

Le prêtre constitutionnel était excommunié par sa paroisse. Dans toute son étendue, il ne trouvait ni un sacristain, ni un enfant de chœur, ni une servante, ni un compagnon; on eût dit un de ces maudits auxquels les Sociétés antiques interdisaient l'eau et le feu. Quant aux insermentés, la persécution leur avait donné une sainteté nouvelle et une invincible puissance. Ce n'était plus seulement des prêtres, mais des martyrs. Chassés des églises, ils dressaient un autel dans les bruyères, au fond des bois ou même sur la mer.

On juge par là de l'influence que devaient exercer dans l'ouest les prêtres insermentés, vis-à-vis des populations foncièrement honnêtes, mais à peu près complètement illettrées. La Basse Bretagne s'insurgeait et les gardes nationales de Vannes avaient dû intervenir. Répondant à ces provocations, celles de Cholet avaient envahi et saccagé, à Saint-Laurent-sur-Sèvre, la communauté des Sœurs de la Sagesse, et faits prisonniers les missionnaires Dauche et Duguet, qui furent relâchés par ordre du Directoire de Fontenay.

A Saint-Étienne, à Beaufou, aux Lucs, à Saint-Christophe-du-Ligneron, des complots se formaient (2). Des troubles avaient eu, lieu dans les environs de Luçon ; des rassemblements de nobles étaient signalés un peu partout : aux Herbiers, aux Épesses, à Luçon, à Mouzeuil. - On craint des débarquements sur les côtes de Saint-Gilles. A Beauvoir et à Saint-Jean-de-Monts, où règne la plus vive agitation, on signale l'apparition de bateaux ennemis (27 et 28 juin 1792). A la Proutière (3), des réunions clandestines avaient lieu et la force armée dut intervenir (28 juin). Mais en arrivant devant le château, la troupe expédiée de Fontenay et des Sables ne put que constater, avec les cieux commissaires Pichard du Page et Luminais, l'incendie allumé par Loiseau, garde national des Sables-d'Olonne.

 

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NOTES:

(1) A Saint-Fulgent, un jour de dimanche, pendant que le curé, M. Gourdon, était en chaire, le maire de la commune entra dans l'église le chapeau sur la tête,accompagné des autorités républicaines en armes et précédé d'un joueur de veze. Il s'avança ainsi jusque dans le sanctuaire et, tournant le dos à l'autel, il interpella à.haute voix le curé et son vicaire en leur faisant la sommation de prêter serment à la Constitution civile du Clergé. - Les deux prêtres refusérent ; le vieux curé mourut en exil et le vicaire, l'abbé Rrillant, se cacha dans la forêt de Grala. - L'abbé prunier, La Vendée militaire, page 18.

(2) 25 cavaliers, 80 gardes nationaux des Sables, ceux deNantes et de Machecoul avaient dû cerner le foyer de l'insurrection. (Lettre du substitut du procureur général syndic Menanteau, à MM. les maires et officiers municipaux de Fontenay) (5 mai 1791).

(3) Ce château appartenait à Robert de Lézardière, dont un des fils, réfugié à Paris, reçut l'abbè Edgeworth le soir de la mort de Louis XVI (21 janvier 1793). - Robert de Lézardière était le père de Mlle Pauline de Lézardière, le célèbre auteur de la « Théorie des lois politiques de la monarchie constitutionnelle ».

 

L'AMNISTIE DE LA CONSTITUANTE. - ÉLECTIONS LÉGISLATIVES D'AOUT-SEPTEMBRE 1791

 

Dans la fameuse séance du 17 mai 1791, l'Assemblée constituante avait voté le décret qui devait la faire disparaître de la scène politique. Le lendemain du jour où la Constitution avait été acceptée par le roi (3 septembre), l'Assemblée, déclarant
« que l'objet de la Révolution étant rempli, la Révolution devait prendre fin », proclamait par une loi promulguée le 15 septembre 1791, l'amnistie la plus générale sur les faits politiques et militaires de toute nature à compter du 1er juillet 1789. Mais cette loi,donnant à tout citoyen français, « le droit de voyager librement dans le royaume et d'en sortir à volonté » ne ramena guère d'émigrés en France, mais permit aux conspirations de se développer. - Quoi qu'il en soit, les poursuites commencées dans le district de Challans furent arrêtées, et ce fut au milieu d'un calme relatif, que les 30 août, 1, 2, 3, 4, 5 et 6 septembre 1791, eurent lieu à Fontenay, sous la présidence de Goupilleau de Montaigu, l'élection des huit députés à la législative : Goupilleau, Morisson, Maignen, l'abbé Musset, Gaudin, Thiérot, Giraud et Gaudin, vicaire général.

La défiance contre la noblesse et le clergé avait presque partout dicté le choix des députés à l'Assemblée législative, et l'impossibilité de renommer les constituants avait forcé de prendre des députés dans la génération nouvelle plutôt désireuse de précipiter le dénouement que de le ralentir.

Le parti républicain s'affirmait de plus en plus en même temps que la situation s'aggravait en France. Le roi, après l'amnistie accordée par la Constituante, avait tâché de faire rentrer les émigrés et n'avait pu y réussir. Le mouvement d'émigration tendait au contraire à s'accentuer, et à Fontenay, le 23 septembre, les dragons s'étaient soulevés contre leurs officiers suspectés de vouloir passer à l'étranger.

 

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GENSONNÉ ET GALLOIS NOMMÉS COMMISSAIRES EN VENDÉE

 

Le 16 juillet 1791, sur un rapport déposé par Cochon-Lapparent, ancien conseiller au présidial de Fontenay, l'Assemblée législative avait décidé que deux de ses membres, Gensonné et Gallois, seraient envoyés en Vendée pour y prendre tous les éclaircissements qu'ils pouraient se procurer sur les causes des troubles et se concerter avec les corps administratifs sur les moyens de rétablir l'ordre et la tranquillité publique.

Gensonné et Gallois, partis de Paris le 25 juillet arrivèrent à Fontenay le 29, à 4 heures de l'après-midi. Ils descendirent à l'hôtel de la Coupe-d'Or, place du marché aux Porches, où la municipahté vint leur souhaiter la bienvenue. Leur premier soin fut de prendre un arrêté qui contenait, entre autres dispositions, qu'à partir du 31 août, les curés dissidents ne pourraient dire la messe que dans les églises paroissiales et dans l'oratoire du collège ; que les portes des autres églises leur seraient fermées, ainsi qu'au public ; mais qu'ils pourraient cependant être appelés comme personnes privées auprès des particuliers et des malades, sans signes extérieurs et sans marques de leur caractère ecclésiastique.

Il n'entre pas dans notre cadre de relater tous les événements auxquels furent mélés les deux commissaires, qui, après avoir parcouru avec Dumouriez une partie de la Vendée (1) pour apaiser des soulèvements, se fixèrent à Fontenay du 17 août au 3 septembre. Il nous suffira de dire que leurs pressantes demandes auprès des ministres de l'intérieur et de la guerre pour l'envoi de troupes en Vendée n'eurent qu'un médiocre succès. Et pourtant, malgré tout ce qu'ils avaient pu faire pour ramener le calme dans les esprits, l'inquiétude persistait à Fontenay, ainsi que l'indique dans une lettre écrite à son père, le 25 septembre, Delacroix, employé des postes à Fontenay.

 

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NOTES:

(1) Durnouriez est le 11 juillet aux Sables, pour rétablir la discipline au 84e régiment d'infanterie. En août, il visite les régions de Challans, Saint-Gilles, la Mothe-Achard, Le Poiré, les Essarts, Chantonnay et Fontenay.

 

DÉPART DE GENSONNÉ

 

Gensonné, élu député dans la Gironde, quittait la Vendée le 17 septembre et partait pour Paris, laissant à son collègue Gallois le soin de compléter les informations qu'ils avaient prises ensemble et de les rédiger. Le rapport sur la situation de la Vendée fut, le 9 octobre, lu à la barre de l'Assemblée législative par Gallois, qui, l'amnistie ayant aboli les procédures pour faits politiques, se montra peut-être plus optimiste qu'on pourrait le supposer, car les non-conformistes s'agitaient sur presque tous les points de la Vendée, demandant au nom de la liberté des cultes, l'autorisation de s'assembler dans l'église désignée par eux. Dans le nord du Bocage surtout, Dumouriez et Verteuil étaient obligés d'envoyer des troupes pour maintenir l'ordre et assurer la sécurité des citoyens : ce qui n'était pas du goût de tout le monde, notamment de la municipalité de Montaigu, qui le 21 novembre 1791, demandait au ministre de la guerre « qu'il n'y ait pas de garnison dans cette ville ».

La sage conduite des commissaires civils en Vendée avait un moment calmé les esprits. Malheureusement on ne resta pas longtemps dans cette voie et la violence appela la violence. Le 29 novembre l'Assemblée décidait que tout ecclésiastique qui n'aurait pas, sous huit jours, prêté le serment civique, serait privé de son traitement, placé sous la surveillance de la police, et que, le cas échéant, il pourrait être éloigné provisoirement de son domicile et même condamné à la prison. Il n'en fallait pas davantage pour faire déborder le vase en Vendée, ainsi que nous le verrons plus loin mais n'anticipons pas sur les événements.

 

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APPEL A FONTENAY DES GARDES NATIONALES DEVANT FORMER L'EFFECTIF DE LA VENDÉE

 

Avec l'Assemblée législative, les Girondins venaient d'être appelés au ministère, et bientôt toute la France allait marcher sous les drapeaux de Lukner, de Lafayette et de Rochambeau.

Mais le décret du 21 juin 1791, prescrivant de mettre « en activité la garde nationale de tout le royaume » ne rencontra guère de faveur en Vendée ; le 19 septembre, Dumouriez écrivait de Fontenay qu'à cette date il ne s'était présenté aucun homme pour l'inscription au bataillon de la garde nationale de la Vendée.

Néanmoins, le 5 décembre, 469 volontaires, réunis au chef-lieu du département, répondaient à l'appel des autorités et formaient, sous la conduite du lieutenant-colonel Gratton, de Saint-Gilles-sur-Vie, un bataillon qui devait se couvrir de gloire dans la campagne de l'Argonne, à Valmy, à Jemmapes, à Aix-la-Chapelle, à Maubeuge, à Venise.

Au même moment, des bataillons de volontaires, venus des autres départements, étaient expédiés à Challans, la Roche-sur-Yon, les Sables, La Châtaigneraie, et sur tous les points où des troubles étaient à craindre, surtout au moment du renouvellement par moitié des officiers municipaux et notables composant l'administration des communes (novembre 1791).

 

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LA SESSION DU CONSEIL GÉNÉRAL DE LA VENDÉE EN 1794.
L'INSURRECTION DE L'ILE D'YEU

 

Pendant que s'accomplissaient les événements que nous venons de narrer, le Conseil général tenait, sous la présidence

de Rodrigue, sa session ordinaire, marquée par des discussions orageuses et passionnées qui, à la fin de décembre, devait se terminer par la démission de ceux de ses membres qui honoraient le plus l'Assemblée.

Nous touchons bientôt aux jours sombres de la guerre civile, car dès le mois de janvier 1792, sous la direction des femmes surtout, l'île d'Yeu s'insurgeait pour le rétablissement de l'ancien régime, et il fallut envoyer la force armée pour avoir raison des émeutiers, dont les chefs furent traduits devant les tribunaux (mars et juillet 1792).

 

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OPPOSITION DES CAMPAGNES AU RECRUTEMENT MILITAIRE
DÉPART DE DUMOURIEZ

 

Au moment où la Société ambulante des amis de la Constitution qui, depuis le 19 février 1790, consacrait tous ses efforts à éclairer les populations sur les lois du nouveau régime et à en aider l'application, les campagnes de la Vendée manifestaient les sentiments les plus opposés. Dès le commencement de 1792, on les voit non seulement refuser le service militaire, mais encore s'opposer à toute demande de soldats pour la patrie (1).

Dans l'arrondissement des Sables, à Angles notamment, se produisit, au mois de mars 1792, une rébellion semblable à celles qui devaient, un an plus tard, éclater en même temps dans des centaines de bourgs et villages.

Sur ces entrefaites, Dumouriez, nommé ministre des affaires étrangères, laissait au général de Marcé le soin de maintenir l'ordre dans un département presque dépourvu de garnison, et où les attentats contre les personnes et les biens devenaient de plus en plus inquiétants.

 

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NOTES:

(1) D'après les lois des 25 janvier et 23 mai 1792 sur le recrutement de l'armée, les divers moyens de contrainte ou de séduction étaient interdits. Les administrations départementales étaient simplement chargées d'inviter celles des districts à nommer des commissaires pour aller dans les diverses localités publier la loi et encourager les citoyens â s'enrôler de plein gré.

 

ÉTAT DE LA FRANGE AU COMMENCEMENT DE L'ANNÉE 1792

 

La position de la France au commencement de l'année 1792 était des plus critiques : travaillée à l'intérieur par les divisions des partis, menacée à l'extérieur par les états monarchiques et par les émigrés. Le clergé se retirait à l'intérieur, au fond des bois, et soulevait les habitants des campagnes : la cour favorisait les résistances intérieures et encourageait les résistances extérieures. Les rois de l'Europe regardèrent leur cause comme perdue si Louis XVI perdait la sienne, et en se liguant contre la Révolution, la poussèrent à tous les excès. Les mouvements séditieux continuaient en Vendée ; toute la région des Épesses, Saint-Mars-la-Réorthe et la Flocellière était en feu et un appel avait dû être fait aux garnisons voisines, aux brigades de gendarmerie et aux gardes nationales pour éviter une effusion de sang.

Des difficultés militaires se produisaient entre les officiers qui maintenaient le serment demandé par le décret du 22 juin 1791, et ceux qui le rétractaient.

Malgré le Directoire du département, la garde nationale de Fontenay était allée, le 25 janvier, au-devant d'un détachement du 51e venant de Luçon, et les deux troupes avaient traversé la ville en fraternisant et en criant : ça ira. Vergniaud venait, du haut de la tribune, de jeter ce grand cri, qui allait être bientôt le refrain de la Marseillaise :

 

Aux armes, citoyens !

 

et l'Assemblée ordonnait que le dernier dimanche de janvier, tous les citoyens en état de porter les armes seraient réunis dans les chefs-lieux de canton et invités à concourir à la défense de la patrie et de la liberté !

 

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MESURES CONTRE LES PRÊTRES

 

La réponse de l'empereur d'Autriche aux explications qui lui avaient été demandées le 25 janvier avait été, le 1er mars, accueillie par l'Assemblée avec colère et dédain, et Vergniaud, dénonçant les manœuvres perverses qu'on préparait, dit-il, aux Tuileries, pour nous livrer à la maison des Hapsbourg, s'écriait en tendant les brâs vers le château : « La Terreur est souvent sortie autrefois, au nom du despotisme de ce palais fameux, qu'elle y rentre aujourd'hui au nom de la loi ! » Au même moment un arrêté du Directoire expulse tous les prêtres réfractaires non originaires de la Vendée ne pouvant justifier d'une année de résidence. - Le 9 mars, un nouvel arrêté appelle au chef-lieu du département tous les ecclésiastiques insermentés remplacés dans leurs fonctions. Ils sont tenus de venir chaque jour à onze heures du matin, s'inscrire sur un registre déposé au secrétariat du département. Le 5 avril, alors que de nouveaux soulèvements éclatent partout et que des troupes sont dirigées sur tous les points de la Vendée (1), un décret prohibait le port du costume religieux. Mais ce décret, complété par un arrêté du département du 30 juin 1792, ayant été frappé de veto, ce ne fut qu'après le 10 août que commença la déportation des prêtres, dont la plupart furent préalablement internés à Fontetenay.

 

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NOTES:

(1) Dès le mois de mars 1792, l'abbé Leroy, vicaire des Echaubrognes, qui avait été dénoncé et surpris dans sa cachette, fut tué à coups de baïonnettes après un long et douloureux martyre. - Le 2 juin, un arrêté ordonnant de porter à la monnaie les cloches « des églises des maisons religieuses qui n'étaient pas conservées comme oratoires nationaux », avait encore froissé les populations attachées à tout ce qui, de près ou de loin, menait au culte.

 

NOUVELLES ÉLECTIONS DE CURÉS CONSTITUTIONNELS

 

Le 1er juillet 1792, c'est-à-dire le lendemain du jour où le Directoire du département avait pris un arrêté définitif d'expulsion des prêtres étrangers et d'internement des réfractaires indigents à Fontenay, eurent lieu, aux chefs-lieux de chaque district, de nouvelles élections de curés. Peu de candidats se présentèrent, et beaucoup de paroisses demeurèrent sans prêtre ; ce que voyant, l'administration décida que les registres de l'état civil seraient provisoirement tenus par les maires.

 

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LA PATRIE EST DÉCLARÉE EN DANGER

 

Les événements se précipitent avec une rapidité vertigineuse. En apprenant nos premiers revers, un rassemblement tumultueux se forme le 20 juin, pour obtenir par la force, le consentement du monarque, au décret qui ordonnait la déportation des prêtres insermentés. Le peuple a coiffé le roi du bonnet rouge. La Prusse et le Piémont se lèvent avec l'Autriche contre la France. Tous les pouvoirs cessent de fonctionner. Les ministres se retirent en masse et l'Assemblée législative déclare la patrie en danger (11 juillet 1792 (1)).

Le canon annonce cette terrible crise de ville en ville. Toutes les assemblées sont en permanence ; toutes les gardes nationales en mouvement. Sur chaque place s'élève un autel de la patrie et les officiers municipaux y reçoivent les noms de tous ceux qui veulent marcher contre l'ennemi.

Le 19 juillet, arrive à Fontenay le décret qui déclarait la patrie en danger. A cette effrayante nouvelle, les diverses administrations se précipitent vers le lieu de leurs séances et se déclarent en permanence. La municipalité fait annoncer et afficher dans toutes les rues, des proclamations brûlantes de patriotisme portant notamment : que tous les citoyens en état de porter les armes, ayant fait le service de gardes nationales sont déclarés en état d'activité permanente, -, qu'ils sont tenus de déclarer dans la huitaine, le nombre et la nature des armes dont ils sont pourvus, - que tout homme résidant ou voyageant dans la commune est tenu de porter la cocarde tricolore, et que toute personne intentionnellement revêtue d'un signe de rebellion, sera punie de mort, conformément à l'article 17 de la loi du 8 juillet 1792.

 

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NOTES:

(1) Nous avons vu dans la collection Fillon, un document ne portant aucune signature, qui aurait été trouvé dans les papiers d'un royaliste exécuté à Fontenay. - Il contient des renseignements curieux, notamment ceux relatifs aux forces dont pouvait disposer contre la France la coalition européenne : Autriche, 60.000 hom. ; Prusse, 60.000 hom. ; Suisse, 30.000 ; Suède, 6.000 ; Espagne, 25.000 hom. ; Piémont, 10.000 ; Hollande, 1.000 hom. ; Total, 201.000 hommes. - Le comte d'Artois devait fournir 500 chevaux, et la Marine 73 vaisseaux de ligne, dont 10 de 112 canons.

 

JOURNÉE DU 10 AOUT 1792

 

Cependant les puissances étrangères pressaient les frontières. Le peuple, soulevé de nouveau par la crainte de l'ennemi et par les Jacobins, se porta en armes contre le château des Tuileries pour enlever ou massacrer le roi, dont la déchéance avait été vainement demandée. Louis XVI, voulant éviter une sanglante collision, se rendit à l'Assemblée avec sa famille. C'était le 10 août. Une municipalité républicaine fut nommée pendant cette émeute ; elle obtint de l'Assemblée la déchéance du roi et la convocation d'une Convention nationale pour le juger. Louis XVI et les siens furent conduits au Temple et placés sous la surveillance de leurs ennemis. C'était la fin de la royauté.

 

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MISE EN DÉFENSE DES COTES DE VENDÉE. - LA LEVÉE DES MARINS

 

Aussitôt l'administration départementale envoie des commissaires dresser procès-verbal de l'état des poudrières, corps de garde et batteries de côtes (1), et adresse leurs rapports au commandant de la 12e division militaire, en lui signalant « les mauvaises dispositions » des maraîchins de Challans, et des difficultés qui en résultaient pour la garde de Noirmoutier, de Bouin et du voisinage. D'ailleurs, les ressources de la 12e division militaire étaient presque complètement épuisées à Nantes, ainsi que l'indique une lettre écrite le 13 octobre 1792 par le général de Verteuil à de Marcé.

Le 22 janvier 1793, la Convention, inquiète de cette situation, décrète l'envoi de trois commissaires pour inspecter les côtes de l'Océan et veiller à leur défense, de Bayonne à Lorient.

Aussitôt après leur arrivée, le général de Marcé est chargé de la mise en défense de toutes les côtes de la 12e division militaire, et le 15 février commence sa tournée d'inspection ; mais les soldats et les officiers manquent : « Il n'existe guère, écrit de Verteuil à la date du 26 février 1793, que des rassemblements de gardes nationales ».

Sur ces entrefaites et en exécution de la loi du 25 juillet 1792, on ordonna une levée des matelots, quartiers-maîtres et officiers mariniers. Cette opération, effectuée les 20 et 22 février, donna pour les Sables, la Chaume, Saint-Gilles et Croix-de-Vie, 165 hommes dont beaucoup se distinguèrent pendant la Révolution, tels que les frères Collinet, Gizolme, Moreau, Gautier, Monnereau et surtout René Guiné, qui fut durant vingt ans la terreur des Anglais dans le golfe de Gascogne.

 

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NOTES:

(1) D'un état dressé au mois d'octobre 1792 par la direction de La Rochelle, et conservé dans les papiers inédits de B. Fillon, il résulte que pour armer les côtes de la Vendée, le préposé au service national des transports était chargé de faire rendre sur les lieux 1 canon de 36, - 7 de 18, - 1 affût de côte de 36 et 1 de 18, - 460 boulets de 36, - 400 de 24, - 1.008 de 18, - 3 armements de 36, - 1 de 18 et 28.000 livres de poudre.

 

LES MOUVEMENTS VENDÉENS

 

Le 5 août 1792, c'est-à-dire cinq jours avant la prise des Tuileries, des attroupements considérables s'étaient formés à Aizenay, au Poiré, à Venansault, - d'autres avaient lieu dans la région de Challans, pendant que dans les Deux-Sèvres plusieurs milliers de paysans se soulevaient. Les districts de Bressuire et de Châtillon surtout se signalèrent par des sentiments anti-républicains, et sous la conduite de l'ancien maire de Bressuire, Delouche, et de Baudry d'Asson, des insurgés se portaient, les 20 et 21 août, à des voies de fait contre les personnes et les propriétés à Montcoutant, La Forêt-sur-Sèvre, etc.

Les 21, 25, et 26 août, Bressuire fut attaqué par les insurgés (1) : Châtillon eut le même sort, mais force resta néanmoins à la loi. L'esprit de révolte gagna la Châtaigneraie, Pouzauges, où Mercier du Rocher fut envoyé en mission pour calmer les esprits.

Les décrets du 10 août rencontrèrent presque partout, en Vendée, une opposition considérable, notamment à Fontenay, où le maire, Biaille-Germon et le procureur de la commune Pichaud refusèrent de signer une adresse « Aux Législateurs ». Néanmoins, l'assermentation des fonctionnaires se poursuivit sans trop d'encombre.

 

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NOTES:

(1) De tous les mouvements qui préparèrent la Vendée à la grande prise d'armes du mois de mars 1793, le plus grave fut celui du 24 août 1792, que l'histoire signale sous le nom d'échauffourée du Moulin-Cornet, aux environs de Bressuire. Il était dirigé par Gabriel de Baudry d'Asson, seigneur de Brachain, près de la Chataigneraie, et MM. de Feu et de Richefeu.

 

L'ÉLECTION DES REPRÉSENTANTS DE LA VENDÉE A LA CONVENTION NATIONALE.
- L'EMBARQUEMENT DES PRÊTRES INSERMENTÉS

 

L'Assemblée des électeurs du département de la Vendée nommés en exécution de la loi du 12 août, s'ouvrit le 27 septembre 1792, sur les neuf heures du matin, dans l'église paroissiale de la Châtaigneraie. Elle y tint ses séances du 2 au 8 septembre, sous la présidence de Goupilleau de Montaigu, qui fut élu député à la Convention avec Goupilleau (de Fontenay), Gaudin, maire des Sables, Maignen, administrateur du district de la Châtaigneraie, Fayau, administrateur du département, Musset, curé de Falleron, Morisson, député sortant, Girard Villars, président du Directoire du département, et Gaudin Jacques, vicaire général constitutionnel.

En exécution de la loi du 26 août 1792 (1), confirmant et aggravant les rigueurs du décret du 27 mai contre les prêtres insermentés, l'embarquement du plus grand nombre de ces malheureux pour la terre d'exil (l'Espagne de préférence) (2), eut lieu aux Sables, dans les premiers jours de septembre, et donna lieu à des scènes déchirantes dont le souvenir ne contribua pas peu à entretenir l'agitation dans les esprits. En même temps était pratiquée la saisie des correspondances suspectes, pendant que les pères et mères d'émigrés étaient, par arrêté du Directoire du département (17 novembre 1792), mis en demeure de fournir, moyennant un prix déterminé, des habillements pour les gardes nationales. A la date du ler mars 1793, presque tous les émigrés avaient satisfait à cet arrêté pris en exécution de la loi du 12 septembre 1792.

Cette agitation allait encore se développer par la mise sous séquestre des biens des émigrés et la surveillance de leurs familles, surveillance d'autant plus dure quelquefois, qu'elle était exercée par des commissaires du district, un grand nombre de communes se trouvant sans municipalité.

 

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NOTES:

(1) Cette loi condamnait àl'exil tous les prêtres réfractaires de France. - 20.000 furent, bannis ; les autres, dit l'abbé Prunier, dans la Vendée militaire (page 15), vécurent cachés dans les bois comme des malfaiteurs, ou déguisés en valets de ferme, en chaudronniers, en charbonniers, en petits metiers, en garçons meuniers, pour continuer furtivement leur ministère, malgré les menaces et les poursuites de leurs persécuteurs.

(2) Des procès-verbaux produits, il résulte qu'il y eut aux Sables-d'Olonne 220 embarquements de prêtres insermentés pour l'Espagne. (Chassin. - Sa Préparation, T. III, page 91.)

 

LA RÉPUBLIQUE . - RENOUVELLEMENT DES ADMINISTRATIONS

 

Le procès-verbal officiel de la première séance de la Convention parvint aux autorités du chef-lieu le 25 septembre, à 9 heures du matin, et le décret d'abolition de la royauté fut immédiatement porté à la connaissance du public par le maire Biaille-Germon, suivi du corps municipal. Le 7 octobre, en exécution du décret qui ordonnait de faire disparaître tous les signes extérieurs rappelant la royauté et la féodalité, la municipalité de Fontenay requit des ouvriers pour effacer des monuments publics, des façades des maisons et même des tombeaux, les divers emblèmes de l'ancien régime et les inscriptions où se trouvait le mot Roi. Des fêtes eurent lieu pour la proclamation de la République aux Sables, à Saint-Gilles, à Croix-de-Vie, où le district de Challans n'avait pourtant, fait parvenir que le 8 octobre les instructions relatives à la publication du décret abolissant la royauté.

 

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ÉLECTIONS DÉPARTEMENTALES ET ÉLECTIONS MUNICIPALES

 

Le renouvellement des élus de l'administration départementale se fit, à Montaigu, en exécution du décret du 19 octobre, le 11 novembre 1792 (1) ; la semaine suivante eurent lieu les élections de district. Ces diverses élections amenèrent au pouvoir des hommes plus attachés à la Révolution, mais qui, nommés par un petit nombre d'électeurs, étaient loin de représenter les idées de la grande majorité des Vendéens.

« Les habitants des campagnes du district dé Montaigu, dit Mercier du Rocher, insultaient les électeurs au passage, et ceux de la ville fermaient les portes et les fenêtres de leurs maisons quand ils traversaient les rues... Le feu couvait sous la cendre, et il me semblait entendre le bruit d'un volcan sous mes pieds. »

 

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NOTES:

(1) L'installation du Conseil général renouvelé eut lieu le 3 décembre, dans les bâtiments de l'Union-Chrétienne, où avait été établi l'Hôtel-de-Ville le 20 octobre. - Le 26 janvier suivant, il prenait un arrêté ordonnant des visites domiciliaires dans les maisons supectes pour chercher les prêtres insermentés et les émigrés qui pourraient y être recélés (Collection Fillon).

 

SOURDE FERMENTATION ET NOUVEAUX SOULÈVEMENTS

 

Des conflits se produisaient à chaque instant entre les districts et le département : à Fontenay les élections municipales ne firent qu'aggraver l'hostilité déjà existante entre le maire du chef-lieu et le Directoire du département, depuis que la majorité y était devenue républicaine.

Le renouvellement des municipalités, opéré au commencement de décembre, eut pour résultat, dans la plupart des paroisses du marais de Challans et du Bocage, de donner le pouvoir à des procureurs et à des conseils qui devaient former les cadres des comités de paroisse, dès l'organisation des armées catholiques-royales.

On essaya bien de faire annuler quelques-unes des élections municipales, en raison de l'incapacité absolue des élus illettrés à remplir leurs fonctions, ou de l'inexécution totale des lois, mais presque partout il fut impossible de faire procéder à de nouvelles élections : la force publique manquant pour soutenir les commissaires substitués provisoirement aux maires révoqués.

 

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ALIÉNATION DES BIENS ECCLÉSIASTIQUES. - DIFFICULTÉ POUR FAIRE RENTRER LES IMPOTS. - VOTE DES DÉPUTÉS DE LA VENDÉE DANS LE JUGEMENT DE LOUIS XVI.   NOUVEAUX TROUBLES

 

Malgré les agitations politiques et religieuses, l'aliénation des biens ecclésiastiques avait continué ; la revente par les villes vendéennes des lots qu'elles avaient souscrits au début de la grande opération de l'Assemblée constituante, pour en assurer le succès, était très avancée à la fin de 1792, et l'on estimait que le total des biens vendus atteignait 23.811.188 francs, tandis que ceux restant à vendre ne représentaient que 4.462.155 francs. Fontenay, Les Sables, La Châtaigneraie, Luçon, pouvaient alors dresser le compte des primes qui leur avaient été attribuées par la loi, et en réclamer le solde.

Pendant qu'on envoyait aux hôtels des monnaies l'argenterie des maisons religieuses et les cloches jugées inutiles par les Conseils généraux des communes, en exécution de la loi du 22 avril 1792, l'administration départementale se trouvait dans l'impossibilité absolue de faire payer la contribution mobilière, reconnue exorbitante, et même d'en établir les rôles.

Le Conseil général continuant à siéger en permanence au mois de janvier, employait de nombreuses séances à fixer, article par article, les sommes nécessaires pour couvrir les dépenses de l'administration centrale et de celles de chaque district, pendant que la Convention jugeait Louis XVI.

Les votes des députés vendéens produisirent dans les campagnes l'impression la plus défavorable et furent l'occasion de nouveaux troubles dans les régions du nord de la Vendée.

Voici comment, d'après le procès-verbal officiel de la séance du mercredi 16 janvier 1793, ces votes furent motivés.

 

J.-F. GOUPILLEAU. - Avant d'infliger une peine à Louis, il faut que je le déclare coupable. Comme je ne fais que d'arriver de l'armée du Var, je n'ai pas encore opiné sur la première question. Je le déclare atteint et convaincu de conspiration contre l'État. Sur la seconde question j'ai consulté mes pouvoirs, j'ai vu que non seulement nous avons le droit, mais que nous avons le devoir de juger Louis sans appel, puisque nos commettants nous ont déclaré qu'ils nous donnaient plein pouvoir pour sauver la liberté. Quant à la peine à infliger, j'ouvre le livre de la nature, le guide le plus certain, j'y vois que la loi doit être la même pour tous ; j'ouvre le code pénal, j'y vois la peine des conspirateurs ; j'entends la voix de la liberté, la voix des victimes du tyran dont le sang arrose les plaines de tous nos départements frontières : toutes me demandent justice, je la leur dois ; je vote pour la mort. J'ajoute que je ne crois pas qu'il soit proposable de différer l'exécution ; autrement Louis subirait la mort autant de fois que le bruit des verrous de sa prison viendrait frapper ses oreilles et vous n'avez pas le droit d'aggraver son supplice.

P.-C. GOUPILLEAU. - Je vote pour la mort.

GAUDIN. - Je ne puis encore me persuader que le peuple français nous ait délégué le despotisme, c'est-à-dire la faculté de faire la loi et de l'appliquer. Quand j'en serais convaincu, la violation de toutes les formes m'empêcherait d'appliquer pour ce qui serait fatal seulement à l'accusé, la lettre de la loi. Je vote pour une mesure de sûreté générale, puisque je suis législateur ; c'est pour la détention pendant la guerre et l'exil à la paix.

MAIGNEN. - Je vote pour la mort.

FAYAU. - Je ne vois dans cet affaire que Louis Capet, qu'un homme coupable, qu'un conspirateur. Je vote pour la peine de mort.

MUSSET. - La peine de mort.

MORISSON. - J'opinerais sur la question s'il s'agissait que de prendre une mesure de sûreté générale : mais l'Assemblée a décrété qu'etle porterait un jugement et moi je ne crois pas que Louis soit justifiable. Je m'abstiens donc de prononcer.

GIRARD. - La réclusion et le bannissement.

GAROS. - La mort (1).

 

La nouvelle de la mort du roi ne fit qu'exciter la fermentation déjà existante, fermentation augmentée encore par la recherche des prêtres réfractaires et des émigrés.

L'arrêté départemental du 1er février 1793, généralisé par décret du 14 février, accordant « 100 livres de récompense à ceux qui dénonceraient ou feraient arrêter une personne rangée dans la classe des émigrés ou dans celle des prêtres qui devaient être déportés » la suspension de plusieurs maires, la formation « d'un comité de sûreté publique », la loi du 1er mars 1793 déclarant les émigrés « morts civilement, leurs biens définitivement acquis à la république, et leurs successions « échues ou à échoir pendant cinquante ans adjugées à l'état » soulevèrent au plus haut point les passions déjà surexcitées des anciens propriétaires.

D'un autre côté les prêtres insermentés, errant à travers les campagnes, se sentant recherchés de très près, redoutant d'être pris un à un et déportés à la Guyane, entretenaient par leur caractère respecté l'exaltation des masses restées profondément attachées à leurs pasteurs.

De tous les districts parvenaient au chef-lieu les nouvelles les plus inquiétantes : des révoltes avaient éclaté dans les Mauges, à Saint-Laurent-sur-Sèvre, à Saint-Jean-de-Monts (13 février), à la Caillère (24 février), à Landeronde (28 février) , à Beaulieu-sous-la-Roche, le Girouard, Sainte-Flaive (2 mars et 3 mars) (2).

Un soulèvement général était à la merci du plus petit événement imprévu ; la moindre étincelle pouvait allumer un incendie ; la révolte était déjà dans tous les cœurs, quand la loi des 20-24 février 1793, prescrivant une levée de trois-cent-mille hommes mit le feu aux poudres.

 

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NOTES:

(1) Documents communiqués par M. Angibaud, ancien Juge de paix.

(2) Dans le district de Montaigu, il avait été impossible d'organiser la garde nationale. (Lettre de Garo, procureur général syndic du département de la Vendée au ministre de l'intérieur).

 

 

 

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