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UTILITÉ DE L'ÉTUDE DES ANCIENNES
SÉPULTURES
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Tous les peuples du monde, barbares ou civilisés, ont une
religion, et cette religion, sous des noms différents, a pris
naissance aux tombeaux, et les tombeaux ne peuvent se passer d'elle.
La Vendée n'a point échappé à cette loi
commune, et sur ce sol labouré par tant de révolutions,
les diverses races qui s'y sont remplacées ou mêlées
ont marqué, par leurs monuments funéraires et leur mode
d'inhumation, la trace de leurs croyances et de leurs usages, et jusqu'à
un certain point leur degré de vitalité et de civilisation.
L'architecture des tombeaux et des nécropoles, sous des noms
différents, peut être envisagée comme une fonction
directe des conditions particulières d'existence commandées
par le milieu dans lequel elle se développe chez chaque peuple
; et on peut, pour ainsi dire, suivre la vie des nations et leurs étapes
diverses dans la voie du progrès ou de la décadence :
« La tombe, en effet, dit le savant archéologue Parenteau,
ne sait pas mentir ; les témoins qu'elle fournit sont irrécusables,
et ces infimes débris, véritables fossiles historiques,
permettent à ceux qui savent les interroger, de reconstituer
avec certitude tout un monde depuis longtemps disparu ».
On peut, avec les objets découverts dans d'antiques sépultures,
refaire l'histoire des anciens arts, et notamment de la céramique,
de la bijouterie et de la ferronnerie. Tel est le but que nous nous
proposons d'atteindre, en résumant pour le lecteur les résultats
acquis sur divers points du département, par la découverte
de sépultures allant de l'époque celtique à celle
du moyen âge.
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SEPULTURE CELTIQUE EN St-AVAUGOUR-DES-LANDES
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En 1875, on a découvert à la Roussière de
Saint-Avaugourdes-Landes, sous un bloc de granit de 8 à 40,000
kilogr., une sépulture celtique remontant, selon toutes probabilités,
au vue siècle avant l'ère chrétienne Les objets
composant le mobilier funéraire étaient au nombre de neuf,
savoir : quatre haches, une dague, trois disques et une petite lame
; le tout en bronze. Les haches, . plus ou moins mutilées, avaient
en moyenne de 0 m. 08 à 0 m. 10 de longueur; la longueur de la
dague était de 0 m. 13. Les trois disques ou palets présentaient
une face plane et une face bombée ; leur diamètre variait
entre 0 m. 42 et 0 m. 16 et le, poids total était de neuf kilogrammes.
La simple lame, munie comme la dague d'un trou de suspension, a environ
0 m. 40. On suppose que c'est un rasoir antique qui constituerait le
quatre-vingt-unième trouvé jusqu'à ce jour en Gaule.
Comme on sait par Diodore de Sicile que l'aristocratie guerrière
de la Gaule se rasait le visage, ne gardant que de longues moustaches,
comme signes de sa noblesse, il n'est pas étonnant de rencontrer
le rasoir dans son mobilier funéraire. M. Bertrand pense que
l'usage de se raser existait chez nos pères dès les premiers
temps de l'introduction des métaux en occident.
L'usage de ces dalles funéraires se perpétua jusqu'à
J.-C. dans notre Bas-Poitou. Trois d'entre elles, placées dans
trois communes de l'arrondissement des Sables-d'Olonne, en donnent la
preuve, savoir : celle de la Roussière de Saint-Avaugour, celle
du Champ du quarteron des arondes, près la Bernardière
de Vairé, celle du Champ du Bénitier, dans la Boissière-des-Landes.
Ces dalles, du poids de 8 à 10,000 kilogr., recouvraient la première,
ainsi que nous venons de le dire, des haches, des disques et un rasoir
en bronze, c'est la période, celtique; - la deuxième,
un bracelet en or aujourd'hui au musée de Cluny c'est l'époque
gauloise ; la troisième, de la cendre, du charbon, le culot;
pointu d'une amphore, des vases, entre autre une écuelle où
l'abbé Baudry a recueilli un fragment d'os que M. Bertault, pharmacien
à la Roche-sur-Yon, a déclaré être un os
humain incinéré: c'est la première étape
gallo-romaine (1).
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NOTES:
(1) L'abbé Baudry
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SÉPULTURES GALLO-ROMAINES
DE SAINT-MÉDARD
DES-PRÉS ET DE
L'ISLEAU-LES-VASES (Commune de Halliers) |
Le tombeau d'une femme artiste gallo-romaine, trouvée en
1847, à Saint-Médard-des-Prés, au centre de la
villa dont nous parlons au chapitre V, renfermait le squelette d'une
jeune femme entourée de tous les instruments de son art.
La mort avait surpris la jeune artiste au moment où elle répandait
sur les murs de sa villa les trésors de sa palette, et comme
une touchante coutume faisait alors entourer les morts des objets qu'ils
avaient affectionnés durant leur vie, lorsque la dépouille
de la jeune femme fut confiée à la terre, on plaça
dans sa fosse tout ce qui avait servi à son usage personnel,
usage qui nous a valu la conservation du merveilleux dépôt
qui arrachait des cris d'admiration au grand Chevreul, ainsi que nous
l'avons déjà dit. La fosse avait quatre mètres
de côté dans sa partie inférieure, six dans sa partie
supérieure, à cause du talus, et deux de profondeur. On
ne voyait nul vestige de maçonnerie, mais seulement les débris
de poutres, en bois de chêne qui formaient la voûte de la
sépulture. De grosses pierres, placées au-dessus pour
protéger ce plafond improvisé, avaient coulé au
fond avec les débris de bois pourri. Le cercueil et les autres
objets déposés dans la fosse avaient été
entourés de sable fin et de terre rendue noire par la décomposition
des matières organiques. Le tassement et la chute du plafond
avaient brisé plusieurs des vases et des autres ustensiles dont
quelques-uns portaient aussi la trace d'une violation postérieure,
ayant eu pour but. de dépouiller cet asile de la mort des objets
en métal précieux qu'il avait dû renfermer.
Objets trouvés : le Cercueil contenant le squelette; - 2e Vases
en verre blanc : - 3e Vase en verre de couleur et assiettes en terre
cuite, à figures en relief ; - 4e Amphores ; - 5e Vases en verre
jaune, débris de boîte â couleurs en bois ; - 6e
Mortier en albâtre ; 7e Coffret en fer contenant une boite à
couleurs, un godet, un étui et deux petites cuillères
de bronze, deux instruments en cristal de roche, des manches de pinceaux
en os, et une palette en basalte ; - 8e Grands vases en verre blanc
: - 9e Grande bouteille en verre blanc, remplie d'une matière
bleue; 10e Petites fioles en verre blanc, vase de terre noire contenant
de la terre de Vérone et du bleu égyptien ; autre vase
en verre blanc rempli de résine ; - 11, 12 et 13e Coffres en
bois.
Vases de verre et de terre et peintures murales trouvés à;
Saint-Médard
(D'après une eau-forte de M. de Rochebrune).
Autour du cercueil et dans divers endroits de la fosse, on avait placé
près de quatre-vingts vases en verré de toutes dimensions.
La plupart avaient été brisés par le tassement des
terres et par la violation de la sépulture : une vingtaine, dont
notre dessin reproduit les types; avaient cependant résisté
à tant d'épreuves. Disons que trois de ces bouteilles étaient
remplies de cire (1).
La sépulture gallo-romaine trouvée en 1893, par M. Marais,
dans les fameux dépôts de cendre de l'Isleau-les-Vases
(commune de Nalliers), contenait aussi un mobilier, funéraire
rappelant, par plus d'un point, celui dont nous venons de parler.
La fosse renfermait les débris d'un épais cercueil en
bois pourvu de larges armatures en fer. Le squelette était celui
d'une jeune femme dont la tête, absolument intacte, reposait sur
une petite plaque métallique sans inscription visible.
Autour du corps, une trentaine de vases en terre rouge ou noire, des
assiettes et coupelles dont l'une porte au revers un nom gravé
au couteau : JULIA SIINA, celui sans doute de la jeune gallo-romaine
inhumée, - une lampe funéraire avec l'inscription FORTE,
moulée sur la base, et quantité de coquilles d'huîtres
et de palourdes. Un peu au-dessus du cercueil, à droite, les
débris d'un coffre avec armatures d'os, où se trouvaient
renfermés une cinquantaine de vases et, de fioles en verre d'un
blanc bleuâtre de toutes formes et de toutes dimensions. Ces objets,
conservés. pieusement par M. Marais sont, pour la plupart, dans
un parfait état de conservation (2). |
NOTES:
(1) Extrait de Poitou-Vendée. La plupart de ces objets
font partie de a collection de feu M. Charier-Fillon, ancien maire de
Fontenay-le-Comte,
(2) Une excursion à Nalliers, par MM. de Rochebrune, volette
et Brochet.
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SÉPULTURES GALLO-ROMAINES
DE SAINT-DENIS-DU-PAYRÉ
(OBJETS TROUVÉS EN 1891, près des Garnes)
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Le premier objet consiste en un tombeau en pierres calcaires de
Ravarre, échantillonnées avec soin, reliées entre
elles par de forts crampons en fer de 0 m. 15 de longueur, 0 m. 01 de
largeur et 0 m. 22 d'épaisseur.
objets gallo-romains trouvés dans les tombeaux
Ce tombeau, du poids de plus de 1.600 kilos, renfer - mait le squelette
d'un homme, jeune encore, à en ju ger par cer - tains indices,
notamment par la conservation étonnante des dents.
Le squelette, orienté vers le nord-ouest (1),était intact.
Il tenait ,dans la main droite l'obole due au fameux Caron, afin-que
le passage de l'Achéron s'effectuât sans encombre. C'était
une pièce de monnaie à l'effigie de Claude, c'est-à-dire
du premier siècle de notre ère.
A côté de ces restes étaient rangés à
droite :
1e - Une jolie bélière en bronze (C) de 0 m. 14 sur 0
m. 07 en moyenne, avec attaches du même métal.
2e - Un petit couteau (F) également en bronze, de 0 m. 11 de
longueur, placé avec la bélière sous le pied droit
du défunt.
3e - Deux vases (E) en terre noire micacée avec rebord très
saillant sur la panse. Ils sont fortement étranglés à
leur partie supérieure et leurs dimensions moyennes sont de 0
m. 12 sur 0 m. 08.
4e - Bouteille carrée (A) en verre verdâtre, avec anse.
Sa hauteur est de 0 m. 12 sur 0 m. 09 de large pour un goulot qui n'a
que 0 m. 018, de diamètre.
5e - Une autre bouteille en verre (D), également carrée,
avec anse. Elle mesure 0 m. 09 sur 0 m. 055 et est absolument semblable
à d'autres trouvées au Mazeau et â Saint-Médard-des-Prés,
dans le tombeau de la femme artiste du une siècle dont nous parlons
plus haut.
6e - Une petite coupe aussi en verre (B), d'une minceur extrême,
portant des filets en creux. Son orifice supérieur mesure 0 ni.
075 pour une hauteur de 0 m. 07, et la base n'a que 0 m. 03 ; tous ces
objets, qui sont aujourd'hui la propriété de M. Jolly,
de Luçon, sont d'une conservation étonnante.
objets gallo-romains trouvés hors des tombeaux
A la tête du cercueil, mais en dehors, se trouvaient :
1e. - Une fort jolie coupe en terre (V), d'un rouge brun in - tense,
portant en relief à son pourtour des oves faits à l'aide
d'un cachet, sur l'argile encore molle : le diamètre de l'orifice
est de 0 m.18 pour une hauteur de 0 m. 09 le pied' mesure 0 m. 057 de
largeur.
2e. - Une sorte d'urne (S) en terre, d'un rouge pâle, d'une forme
pure et gracieuse. C'est une sorte de plat à hauts bords presque
perpendiculaires, divisés à une certaine hauteur par un
bourrelet pouvant servir d'appui à un couvercle malheureusement
brisé.
3e. - Une assiette en terre noire grossière avec couverte ou
sorte de vernis.
Le deuxième tombeau, trouvé à 15 mètres
du premier(1) et dont nous avons déjà donné les
dessins dans la Revue du BasPoitou (année 1891) était,
comme presque tous ceux de l'époque gallo-romaine, creusé
dans un "bloc unique de pierre de Charente de 2 m. 45 de longueur'
extrême, pour une hauteur de 0 m. 80, la largeur était
de 1 m. 10, , l'épaisseur des parois latérales de 0 m.
18, celle du fond. 0 m. 20. Le couvercle, formé de deux morceaux
creusés en arc de cercle était recouvertt par une rangée
de moëllons calcaires du pays, maçonnés avec du mortier,
sans nul doute afin de le protéger. Le poids de ce sarcophage
énorme est sensiblement de 3.600 kilogrammes.
Il avait absolument la même orientation que celui dont nous avons
parlé plus haut et le squelette qu'il renfermait était
réduit en poussière.
Dans l'intérieur, on a rencontré :
le. -Des vases brisés en terre et en verre, absolument semblables
à ceux contenus dans le premier cercueil.
2e. - Une sorte de petite serpette (H) en bronze, de 0 m. 025 de largeur
maximum pour une longueur de 0 m. 08.
3e. - Une espèce de couteau ou poignard (K) en bronze, aplati
vers la pointe et arrondi à la partie inférieure, dont
la douille retient encore un reste de manche en bois.
4e. - Une bagne romaine (I) en bronze, avec entaille et soudure en
argent au point.
5e. - Une pièce de monnaie un peu fruste, que nous croyons être
à l'effigie d'Antonin le Pieux, c'est-à-dire de la fin
de la première moitié du, deuxième siècle.
(1) Toutes les sépultures gallo-romaines trouvées
par nous en Vendée, avaient cette orientation, qui n'était
que la conséquence d'un dogme religieux, cher aux populations
gauloises.
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UN DEHORS DES TOMBEAUX
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Non loin des tombeaux dont nous venons de parler, ont été
trouvés également un assez grand nombre d'autres objets
dont nous allons décrire les principaux :
le. - Deux grands vases (U), en terre d'un gris rougeâtre, de
qualité inférieure, faits au tour. Le plus grand, dont
la panse mesure 0 m. 18, pour une hauteur de 0 m. 20, a le col muni
d'une couronne, et, sur son pourtour, des raies concentriques.
2e. - Un autre (T) en terre noire, veinée de blanc, qui paraît
avoir eu un long contact avec le feu, a son rebord supérieur
terminé par une torsade ; son diamètre principal est de
0 m. 12, pour une hauteur de 0 m. 10.
3e, - Un vase (0) en terre grise, recouverte d'un vernis rougeâtre,
affecte une forme bizarre qu'on pourrait comparer â celle de tenailles
entr'ouvertes. D'un côté, c'est une sorte de coupe très
évasée de 0 m. 20 de diamètre, pour des parois
d'une grande minceur, et de l'autre, une espèce de coquetier
de 0 m. 05 de diamètre, comme ceux que nous avons trouvés
au Langon.
4e. - Une coupe élégante (M) en terre, imitant celle
de Samos, mais malheureusement brisée, sur le bord de laquelle
avait été artistement reproduit en relief le lotus, cette
fleur par excellence de l'antique Orient, que les prêtres tiennent
dans leurs mains fluettes dans les palais de Ninive et de Khorsabad,
reconstitués par M. et Mme Dieulafoy, et dont le pistil aurait
servi, dit-on, de type à tous les vases à libations des
races antiques.
5e. - Sur un autre vase en terre grise très fine, dont il ne
reste plus que ,des fragments, avaient été représentés
des phallus et une danse de faunes et de bacchantes.
6e. - Une petite fiole en verre bleu foncé, dite lacrymatoire,
destinée à contenir des parfums, mesure 0 m. 10 de hauteur
: la base fortement évasée est surmontée d'un cylindre
creux de 0 m. 01 de diamètre.
7e. - Une coupe en verre (N) d'une minceur et d'une transparence très
grandes, a sa base formée d'une sorte de cône dont la partie
supérieure émerge du fond du vase. Le diamètre
est de 0 m. 105 pour une hauteur de 0 m. 045.
8e. - Une bouteille ronde (Y), aussi en verre mince, d'une conservation
étonnante, porte sur son pourtour quatre rouelles. Elle mesure
en tout 0 m. 175 de hauteur sur 0 m. 08 de largeur, et son orifice circulaire
avec rebord, a 0 m. 035 de hauteur, sur 0 m. 025 de diamètre
; elle est munie d'une anse de même matière.
9e. - Une autre, carrée, brisée en partie, devait mesurer
environ O m. 26 de hauteur sur 0 m. 10 de largeur, et son orifice circulaire
avec rebord, 0 m. 055 de largeur.; elle était munie d'une anse
en verre d'une teinte verdâtre.
10e. - Une faucille (Q) en fer, de 0 m. 40 de longueur totale, pour
une section de 0 m. 045. Le manche, également en fer, percé
d'un trou de 0 m. 015, a un diamètre de 0 m. 035. Il est terminé
par une boule de même métal.
11e. - Une sorte de lance en bronze oxydé (R), de 0 m. 12 de
longueur, pour une section maximum de 0 m. 03.
12e - Une pièce de monnaie en bronze (J), portant d'un côté,
avec la légende Colonia Nemausis, le symbole bien connu du crocodile
enchaîné an pied d'un palmier, et de l'autre deux effigies,
sans doute celle d'Auguste restituée par son gendre Agrippa,
et celle de ce dernier.
13e. - Un fort joli miroir circulaire à pied, en bronze argenté,
avec ourlet découpé à jour, portant d'un côté
la rouelle caractéristique de cette époque. Son diamètre
est de 0 m. 095, et sa hauteur semblable. Il présente la plus
grande analogie avec celui trouvé à Pompéi et reproduit
à la page 401 de l'Histoire romaine de Duruy (1).
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NOTES:
(1) Louis Brochet. - Une excursion es les Gallo-Romains de Saint-Denis-du--Payré.,
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AUTRES CIMETIÈRES
GALLO-ROMAINS
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Nous croyons devoir faire remarquer que les cimetières
galloromains sont très nombreux en Vendée. A citer ceux
du Langon, de Saint-Georges-de-Montaigu;, de Boufféré
qui, au contraire des autres cimetières gallo-romains, renfermaient
beaucoup plus d'objets en verre qu'en terre. Au Langon, B. Fillon a
découvert un grand nombre de sépultures par incinération.
La plupart de ces ,sépultures dataient des IIe et IIIe siècles.
Dans un cimetière exploré à Pouzauges, par M. Parenteau,
on a découvert divers objets déposés au musée
de Nantes, et dans un autre, au Port- de-la- Claye, la magnifique lampe
sépulcrale dont le dessin est ci-dessus.
Lampe sépulcrale en bronze
Trouvée près du Port-de-la-Claye (Epoque gallo-romaine)
Cliché Charier-Fillon.
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SÉPULTURE MÉROVINGIENNE
DE GRUES (VIe siècle),
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Le cercueil trouvé à Grues il y a environ quarante-cinq
ans, était composé sur chaque face latérale de
cinq pierres plates, et fermé aux extrémités par
une autre pierre de même, nature. Le lit sur lequel reposait le
cadavre était battu à chaux et à sable comme une
aire. Un épais bain de mortier enveloppait l'ensemble et préservait
l'intérieur du tombeau du contact immédiat de l'humidité
(n° I de la planche I). - Le corps enseveli, les pieds tournés
vers l'Orient, était celui d'une femme de haut rang, si l'on
en juge par les objets trouvés dans sa sépulture. Il ne
restait plus qu'une portion du crâne,, quelques vertèbres,
partie dû bassin et les tibias. Les autres ossements étaient
réduits en poussière. Une moisissure blanche couvrait
les parois intérieures du cercueil et tout ce qu'il contenait.
Deux boucles d'oreilles se trouvaient à côté de
la tête : une fibule en or, ornée d'une large améthyste,
et une autre très grande en argent doré étaient
au-dessous, ainsi qu'un grand nombre de perles d'or, ayant fait partie
d'un collier. Des bracelets étaient ,de chaque côté
à la hauteur de la hanche.. Un couteau gisait avec :des vases
en verre, alignés près de l'épaule.
Un coffret reposait aux pieds.
Objets en or : 2e Boucles d'oreilles décorées de
pierre blanche transparente, caillou ou cristal de roche ; 3e Epingle
à cheveux, ayant la partie supérieure en forme de tête
d'aigle. - 4e Epingle à cheveux, à tête coudée,
avec ciselures 'striées. - 5e Fibule ronde, en forme de fleurs
â treize pétales émaillées de rouge, et ornée
au centre d'une améthyste non taillée de la plus belle`
eau. - 5e - Fibule carrée, avec grenats bruts, employés
comme cabochons.-7e Petit médaillon avec bélière:
- 8e Collier composé de quarante-huit ovoïdes. - 9e et 9
bis, Bracelet, fil d'or dans lequel sont passées dix-sept perles
semblables â celles du collier. • 10e Bracelet de seize
perles, 2 anneaux unis, fil d'or et double coulant. - 11e Anneau uni
avec trace de suture. - 12e Anneau plus petit. -13e Fil d'or. ,- 14e
Double coulant.- - 15e Couteau avec manche en ivoire bruni par le temps
: pommeau plat en or, avec émaux ronges cloisonnés . -
Une virole unie, de même métal, est â sa jonction
avec la lame de fer, tranchante d'un seul côté. Ce couteau
avait été placé dans la sépulture avec sa
gaine, ornée en haut d'une assez forte armature de fils d'or
tressés et enroulés.
N°1 de la planche II. - Coffret en bois de noyer revêtu d'une
étoffe de laine bleue.
Objets en argent. 17e Grande fibule de 0 m. 13 décorée
de deux griffons, d'entrelacs et de ciselures niellés d'un très
grand goût. - 17e' Deux fibules d'argent doré. - 18e Une
boucle de ceinture en bas argent doré. , - 19e Attache d'argent
doré. - 20e Boutons avec losange en verre rouge.,- 21e Un cureoreilles.
- 22e Une cuillère â parfum en argent doré. - 23e
Une aiguille.
Objets en os. - 26e Epingle avec tête ronde.'- 27e Aiguilles
de 0 m. 054 de longueur. - 28e Rondelle en corne de cerf ornée
d'un griffon en relief, etc.
Objets en verre (Planche II). 2e Coupe vert foncé, avec filets
et dentelures jaune également foncé. Sur, la panse, le
nom d'EVTVCHIA en relief; formé de baguettes d'émail blanc
mal appliquées. 3e Flacon bleu irisé. = 4e Bouteille de
verre blanc. - 5e Grand plat en verre jaune pâle. =. fie Bracelet
ou collier. - En plus divers objets en ambre.
Selon toutes probabilités, les vases en verre sont sortis de
fabriques poitevines qui fonctionnaient alors, notamment celles île
la forêt de Mervent-Vouvent, dont nous avons déjà
parlé.
Les cinq vases renfermés dans la sépulture de Grues figurent
parmi les plus intéressants .qui nous soient restés de
l'âge, mérovingien. La coupe vert foncé, avec ses
ornements et filets jaunes et son inscription en émail blanc,
est surtout du plus charmant effet. L'inscription appliquée sur
la panse fournit sans doute le nom de la personne pour laquelle le vase
a été exécuté ; EVTVCHIA (Fortunée).
Quoi qu'il soit d'origine grecque, il a très bien pu être
porté par une femme franque, convertie au christianisme, car
ce serait singulièrement se tromper que de demander aux noms
du vie siècle, l'origine des individus qui les ont portés
(1).
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NOTES:
(1) Pour de plus amples détails, voir dans Poitou-Vendée,
la notice sur Grues, par Benjamin Fillon. -En 1895, on a également
trouvé e. Antigny, des tombeaux mérovingiens (Camille
de la Croix) Revue du Bas-Poitou, 8- année, page 392).
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UN AUTEL PAIEN, UNE ÉGLISE
CHRÉTIENNE ET UNCIMETIÈRE CARLOVINGIEN
AUX VIEILLES-ÉGLISES ET A PAREDS,
PRÈS LA JAUDONNIÈRE.
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L'autel païen trouvé en 1872, par l'abbé Baudry,
dans le champ des Vieilles-Églises, était un bloc de calcaire
en partie brisé, d'environ 4 m. de largeur sur 1 m. 15 de hauteur.
Un chapiteau privé de volutes se montrait encore sur la face.
- Entre le pilastre et le chapiteau se trouvait une astragale : le chapiteau
très fruste portait un ornement semblant appartenir au. composite
2 Le tableau de devant était orné du portrait de l'Hercule
Gaulois, vu de face ; il avait les cheveux longs, la barbe épaisse
et frisée; il n'était couvert que d'une simple bande d'étoffe,
allant de la ceinture à mi-cuisse ; son extrémité
était enroulée autour du bras gauche qui était.
pendant; la main droite, élevée à la hauteur de
la tête, s'appuyait sur un long bâton semblant lui servir
de sceptre. Le corps entier accusait des formes athlétiques et
trapues, dénotant la force, comme il convient à la représentation
d'Hercule (1).
Une autre divinité, en relief comme la précédente,
se montrait en profil à l'angle du tombeau d'autel. C'était
la déesse de l'Abondance, portant la corne qui en est l'attribut.
Elle était vêtue d'une longue robe et d'un manteau flottant,
mais malheureusement, elle était privée de sa tête(2).
L'église de Pareds, où l'on a trouvé de nombreuses
sépultures carlovingiennes, remonterait au vie ou au vite siècle.
Ces sépultures étaient placées dans un sous-sol
où gisaient des échantillons de tous les âges, tels
que grattoirs celtiques en silex, grands bronzes d'Adrien et d'Antonin
le Pieux, monnaies carlovingiennes, lames de couteaux en fer, fragments
de coupes en terre rouge sigillée, etc.
Les cercueils, composés en général d'une seule
pierre calcaire sortie des carrières de Saint-Etienne-de-Brillouet,
avaient une longueur variant entre 1 m. 82 et 2 in. 15 ; la hauteur
dans oeuvre était de 0 m. 40, et l'épaisseur des parois
d'environ 0 m. 07. Ils sont en forme d'auge. - Le couvercle est d'une
seule pierre, comme le sarcophage (3).
Mobilier des tombeaux. - Un des tombeaux, hermétiquement fermé,
renfermait le squelette d'un homme et celui d'une femme. Il contenait
les objets suivants :
1e. - Fibule en bronze, ornée de cinq cabochons posés
en croix.
2e. - Grande agrafe en bronze avec ornementation, consistant en cabochons
entourés de cercles concentriques.
3e. - Petite fibule de bronze, d'aspect cruciforme.
4e. - Petite fibule à deux crochets en bronze.
5e. - Petite agrafe en bronze, au bord festonné avec entrelacs
dans le champ.
6e. - Fibule ansée en bronze.
7e. - Fibule ansée â plaques unies taillées en
coeur.
8e.- Petite fibule ornée de cercles en creux.
9e. - Des épingles, dont l'une en or, des boucles de ceinturons,
deux bagues en cuivre, un collier de femme en bronze, avec pendeloques,
une petite sonnette, une ampoule de verre jaunâtre, trois monnaies
en argent de Louis le Débonnaire et des défenses de sangliers,
etc...
A partir du moyen âge, l'usage de meubler les tombeaux, en y
plaçant les objets de la représentation de ceux qui avaient
servi aux besoins et aux plaisirs de la vie, disparaît peu à
peu et on ne trouve plus guère dans le sarcophage, que des vases
contenant du charbon bénit.
Néanmoins nous avons, en octobre 1888, trouvé à
Fontenay, entre la rue des Cordeliers, et l'ancienne barrière
d'octroi, une sépulture du XVIIe siècle, pour laquelle
on avait cru devoir conserver une partie des anciens rites (4).
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NOTES:
(1) Abbé Baudry.
(2) Abbé Baudry.
(3) Nous en avons vu de semblables, trouvés en 1901 dans la
commune de Bourneau, non loin de Bourseguin.
(4) Louis Brochet. - Les anciennes nécropoles de Fontenay-le-Comte.
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