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CHAPITRE VIII
LE BAS-POITOU SOUS LES WISIGOTHS
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Action de l’Eglise sur les Barbares
LES MEROVINGIENS (507-732). - Division de la propriété
Les Colliberts
Entreprise des Bretons contre les côtes de Vendée
Malheurs publics à la fin du VI° siècle, - Causes. Ateliers
monétaires bas-poitevins :
Thiré, Brillac, Aizenay, Montaigu, Talmont, etc.
Obscurités de l’histoire, - Rôle de l’Eglise, - Elévation
du bas-poitevin Leudaste
Bataille de Poitiers (732). Ses conséquences pour le Bas-Poitou.
Les religieuses de Sainte-Croix de Poitiers se réfugient à Jard.
Curiosités géographiques.
Fusion des races, - Arts et monuments, - Résistance du Poitou.
LES CARLOVINGIENS. - Les Missi Dominici.
Les Vicomtes-Vigniers.
Les Comtes du Poitou.
Les Ducs. Les Vigueries du Bas-Poitou (Divisions ou circonscriptions religieuses).
Fidélité du Poitou aux régimes déchus.
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ACTION DE L'ÉGLISE SUR LES BARBARES
LE BAS-POITOU SOUS LES WISIGOTHS
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Au milieu du débordement de peuples barbares dont nous
avons parlé dans un précédent chapitre, Honorius
essaya d'apporter quelques remèdes aux maux qui déchiraient
le pays. En 419(1) il abandonnait à Vallia, successeur d'Ataulphe,
roi des Wisigoths, l'Aquitaine seconde, dont faisait partie la Vendée
actuelle ou Bas-Poitou. Ainsi tomba la domination romaine dans notre
pays après cinq-cents ans d'existence. Mais après sa chute
elle y laissa néanmoins des traces profondes, et une civilisation
dont nous retrouverons l'influence sous les Wisigoths et sous les rois
Francs de la première et de la seconde race.
Les Wisigoths. maîtres du Poitou, prirent sans y rien changer
les institutions décrépites et l'administration désorganisée
qui existaient à leur arrivée. Le Poitou conserva ses
divisions territoriales, ses pays, sa cité ; les tribunaux, les
administrations, les municipes, tout resta dans le même état.
Les cités et leurs curies se relevèrent plus florissantes
que sous les derniers empereurs.
Mais les populations poitevines avaient une haine profonde contre les
Wisigoths, qui leur avaient enlevé les deux tiers de leurs propriétés,
et qui les persécutaient dans leurs croyances religieuses.
Malgré l'arianisme, en grand honneur chez les nouveaux conquérants,
l'église catholique continue, dans le Poitou, à développer
ses moyens d'action. Dans la cité de Poitiers elle a son évêque,
dans les papi ou " pays " elle commence à avoir ses
curés ", là comme ailleurs, elle puise dans son mode
électif, une force et une popularité qui manquent à
l'administration laïque.
Les évêques poitevins, tantôt comme saint Martin,
apportent du fond du monastère, le prestige d'une vertu surhumaine,
tantôt comme saint Hilaire, empruntent à l'illustration
de leur famille, un éclat aristocratique qui n'était pas
sans action sur le peuple.
Dans les derniers temps, les rois Wisigoths fixèrent à
Poitiers leur principal séjour et firent du Poitou le centre
de leur puissance.
Alaric II construisit à Poitiers l'enceinte fortifiée
dont les débris subsistent encore et attestent l'art que les
Wisigoths avaient appris à l'école des Romains.
Mais la puissance des Wisigoths, qui semblaient aspirer à la
prépondérance dans le pays, n'offrait en réalité
qu'une grandeur factice ; ce peuple n'avait pu y prendre racine, l'hérésie
d'Arius qu'il professait le plaçant dans un état continuel
d'hostilité visà-vis des populations gauloises attachées
à la foi catholique (2). Le clergé, dont l'influence s'était
justement accrue dans les derniers temps, par le rôle de médiateur
que son caractère lui donnait, entre la barbarie des vainqueurs,
et la civilisation des vaincus, entretenait ces répulsions et
cherchait dans un peuple jeune encore, et d'un heureux caractère,
la docilité aux dogmes de l'Église latine. Clovis, avec
sa petite tribu, n'eut qu'à, se laisser conduire. Là est
toute la raison de ses nombreuses victoires, l'explication de son agrandissement
soudain : les sympathies de toute la Gaule convergèrent de son
côté, et de merveilleux secours vinrent en aide à
celui dont les évêques avaient bénit l'épée.
Un mot d'ordre court dans toute la Gaule; une main invisible prend
par la main Clovis le païen, et devant ses pas, aplanit tous les
obstacles.
Cliché
Charier-Fillon
Les reliques de saint Martin de Tours se sont déclarées
pour Clovis ; de la cathédrale de St-Hilaire de Poitiers , une
lueur mystérieuse éclaire sa marche, une biche blanche
lui a indiqué le gué de la Vienne. Il marche à
la victoire entouré d'un cortège de miracles, et bientôt,
la puissante confédération armoricaine, les Mauges, les
régions alpestres de la Vendée qui avaient résisté
à tous les efforts des hordes barbares, se soumettent à
Clovis presque sans combat (3).
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NOTES:
(1) A cette époque vivait un poète qu'on appelle
le dernier des païens, et dont nous avons encore de jolis et méme
de beaux vers, qui furent composés en 420. - Ce poète
est Antilius Numatianus, né à Poitiers, qui exerça
l'office de préfet de Rome et qui décrivit, avec un rare
talent, son admiration pour les splendeurs de la cité antique.
(II. de France pour tous, page 103.)
(2) Brunehaud, fille du roi wisigoth Athanagilde, et dont un auteur
a dit " qu'elle fut sage du vivant de son époux, coquette
dans son veuvage, et débauchée dans sa vieillesse ",
dut renoncer a l'arianisme pour, en 561, se marier avec Sigebert, roi
d'Aquitaine.
(3) Rambaud. - Histoire de la civilisation française (T. i,
page 75).
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LES MÉROVINGIENS (507-752)
DIVISION DE LA PROPRIÉTÉ
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La nation des Francs étant peu nombreuse, même après
la réunion de toutes les tribus de la même race, il en
résulta qu'en Poitou, la nouvelle domination ne fut protégée
que par un très petit nombre de Francs, qui surent s'attirer
la sympathie des vaincus.
Les anciens habitants du pays conservèrent leurs positions et
restèrent même en. possession du plus grand nombre des
fonctions publiques,, comme il est facile de s'en. convaincre pour le
Poitou par l'examen attentif des noms que nous a transmis Grégoire:
de Tours (1).
Les Francs respectèrent les propriétés privées
des Galloromains. Dufour croit même qu'ils rendirent aux anciens
propriétaires du Poitou, les biens propres qui leur avaient été
pris par les Wisigoths. Ils s'emparèrent seulementt des domaines
du fisc et des bénéfices.
Framée du VIe siècle trouvée au Marchoux
de Fontenay-le-Comte
Sous la domination romaine et sous les Wisigoths, les petits propriétaires
qui possédaient moins de vingt-cinq Jugères, et ne faisaient
pas partie de la curie, habitaient les villages gallo-romains, et formaient
au milieu des campagnes une population libre assez nombreuse, mais sans
importance, et dans un état très voisin de la servitude,
Lee grand propriétaire habitant la cité,, dédaignait
les champs, et sur son domaine rural n'avait qu'un grand corps d'exploitation,
une villa où étaient renfermés les colons qui cultivaient
la terre et le régisseur ou intendant qui les surveillait.
Un grand changement s'opéra dans les campagnes après
l'établissement des Francs et pendant le règne de la première
race.
Le Franc possesseur d'un alleu ou d'un grand bénéfice,
le divisa en plusieurs " tenures " ou manses (2), n'ayant
pas toujours la même contenance, mais composées en général
de 12 bonniers, ou A 1 hectares 56 ares de nos mesures modernes (3).
Le propriétaire se réserva autour de son habitation principale
de sa sala, une assez vaste étendue de territoire qui forma sa
réserve - sa terre salique - et fut connue 'aussi sous le nom
de "mansus indominicatus ou domaine " (4).
Les tenanciers, cultivateurs des manses, reçurent leurs champs
et leurs maisons à perpétuité et héréditairement,
sous des conditions qui varièrent d'abord suivant que le tenancier
se trouvait plus ou moins engagé dans la servitude, mais qui
se confondirent peu à peu dans l'obligation de rester attachés
indissolublement à la terre, et de payer une rente, en argent
ou en nature, d'acquitter des redevances et de cultiver gratuitement
le " mansus indominicatus ", c'est-à-dire des terres
réservées par le propriétaire.
Il arriva aussi que dans le partage des terres, les chefs francs ayant
reçu des portions plus considérables que celles de leurs
soldats, plusieurs de ces derniers avaient préféré
rester près du chef, sous son patronage militaire, ou suivant
l'expression de cette époque dans son maimbourg. Par suite, les
propriétaires d'une très grande étendue de terre,
au lieu de concéder la totalité directement à des
serfs tenanciers, en accordèrent des portions détachées
aux hommes libres restés dans leur " mainbourg ", qui
subdivisèrent eux-mêmes ce qui leur était donné
en tenures cultivées par des serfs agricoles, devenant ainsi
des propriétaires de seconde main à la condition d'être
les hommes, les fidèles, les vassaux soumis et dévoués
du grand propriétaire, qui de son côté leur assurait
sa protection et sa garantie (5).
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NOTES:
(1) A cette époque les Francs donnaient, il est vrai, à
leurs noms, une terminaison latine ; mais avecc un peu d'attention,
il est facile de distinguer les noms gallo-romains, et d'ailleurs, le
vieil historien explique très' fréquemment lui-méme
l'origine des personnes dont il parle. -En 1804, on a recueilli dans
des tombeaux, à Gaillardon, près Fontenay-le-Comte, quatre
inscriptions chrétiennes. - Une de ces inscriptions, qui est
de la dernière moitié du Ve siècle, et la plus
récente de la fin du VIIe, ont conservé les noms des premiers
habitants de cette ville, Jovinus et sa femme Pola Rusticus, Maurolénus
(gallo-romain) Chagnualdus (Chaigneau), et Vinoaldus (Vincent), de race
franque.
(2) Le mot de " mansus " se trouve dès la fin du Ve:
siècle : sous les Mérovingiens le mot "villa "
resta, mais n'eut plus l'ancienne signification romaine ; il n'exprima
plus le corps d'exploitation, mais l'ensemble de la terre avec sa réserve
et ses divisions (Guérard).
(3) Le bonnier (bunuarinum) valait 1,0 " aripeunes " gaulois
ou cinq Jugères romains et répondait à 1 hectare
22 ares des mesures modernes. - La nappa ou l'ansange répondait
à. 44 ares de nos mesures. La mesure de capacité la plus
employée était le modius, qui varia beaucoup jusqu'au
moyen âge ; le modius romain valait 8 litres 67; le modius de
l'année 774 est évalué par M. Guérard à
52 litres, et on trouve qu'en 845, le modius légal vaut en Aquitaine
138 litres, suivant M. Dureau de la Malle.
(4) M. Guérard a prouvé que la " terre salique,",
terra salica - et le " mansus indominicatus " sont la même
chose, - page 30 de la plaquette de du Fougeroux.
(5) Voir Guérard et Guizot.
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Les mots de fiefs et arrière-fiefs ne paraissent pas encore
sous les Mérovingiens, mais la première organisation féodale
existe déjà et se développe.
Les tenanciers des manses, plus heureux que les cultivateurs renfermés
autrefois dans la villa romaine, étaient cependant engagés
encore dans la servitude à différents degrés. Ainsi
nous trouvons dans le Poitou, comme dans toutes les contrées
occupées par les Francs, des serfs, des colons, des lides, des
fiscalins attachés aux domaines de la couronne, et enfin des
" colliberts " colliberti, classe peu nombreuse et peu répandue
dans les autres provinces, et qui tenait le milieu entre le serf et
l'ingénu, comme le lide, mais avec des obligations différentes.
Les Colliberts, race d'hommes amenés sans doute du Nord par
les Romains(1), étaient surtout cantonnés dans les marais
de l'Aunis et du Bas-Poitou, occupés aux travaux de la terre
et à ceux d'une modeste navigation. Ils vivaient principalement
sur les bords de l'ancien golfe des Pictons, et au milieu de ces îlôts
sans nombre, bordés de canaux qui partagent le sol couvert d'arbres.
Le nom de cette race d'hommes, dont les ancêtres remplacèrent
probablement ces colons, qui, vers l'époque de la décadence
de l'Empire romain, furent une classe intermédiaire entre les
hommes libres et les esclaves, s'est perpétué jusqu'à
nos jours sous le nom de huttiers. _ Aujourd'hui cette population,
qui naguère encore, restait pauvre et vivait en dehors des autres
hommes, d'une vie uniforme, à l'abri des saules et des frênes
qui ombragent ses étroits canaux, se distingue de moins en moins
des autres habitants, grâce aux routes qui pénètrent
partout, et aussi aux bienfaits de l'instruction.
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NOTES:
(1) D'après d'autres auteurs, les Colliberts (huttiers)
rappelaient par leurs yeux bleus et leurs cheveux blonds, l'origine-scandinave
des pirates, qui avaient envahi et occupé le pays au IXe
siècle ; dans leurs traditions persistait aussi le souvenir des
Saxons de Witikind, dispersés par Charlemagne dans l'Empire (Extrait
de divers).
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ENTREPRISE DES BRETONS
CONTRE LES COTES DE
VENDÉE. |
Dagobert venait de parcourir une partie de son empire, y affermissant
partout l'autorité royale, et de donner le royaume d'Austrasie
à son jeune fils Sigebert (633), lorsque les Gascons s'agitent,
se ruent sur la Novempopulanie, et mettent le pays à feu et à
sang.' Une nombreuse armée, formée surtout dans la Haute-Aquitaine
et dans le Poitou, marche à la rencontre des rebelles, leur inflige
une sanglante défaite et une paix humiliante.
Mais à peine la paix était-elle conclue que Dagobert,
qui se trouvait dans sa résidence favorite de Clichy, apprit
par des leudes poitevins accourus en toute hâte, que le littoral;
occidental de notre département était pillé par
des, troupes de Bretons. Montés sur des frêles embarcations,
les sujets de Judikaël avaient abordé les îles vendéennes,
les îlôts du golfe des Pictons, et par les rivières,
remonté jusque dans l'intérieur des terres qu'ils avaient
ravagées, ainsi que les châteaux (1) et les villages que
possédait déjà dans notre pays la noblesse mérovingienne
(2). Le châtiment ne se fit pas attendre, ou plutôt la réparation
fut prompte. Saint Eloi fut envoyé vers le roi des Bretons, avec
mise en demeure de venir se justifier à Paris, sous peine de
voir arriver chez lui des troupes nombreuses qui le forceraient d'obéir.
Judikaël accepta tout ce que voulut l'ambassadeur du roi. Il s'engagea
à réparer les pertes causées aux fiefs du Bas-Poitou,
et à faire restituer aux seigneurs tout ce qui leur avait été
pris. De plus il fut convenu (et c'était à quoi Dagobert
tenait le plus), que la Bretagne et son roi relèveraient désormais
à titre d'aveu du roi de France et de ses successeurs (3).
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MALHEURS PUBLICS A LA FIN
DU VIe SIÈCLE. - CAUSES.
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Les populations étaient maltraitées et ruinées
par les vainqueurs avides de pillages Les riches leudes dans leurs châteaux,
les pauvres paysans dans leurs fermes n'étaient point à
l'abri de ces avanies. Ajoutons-y les intempéries des saisons,
les calamités ordinaires qui en naissent, les déceptions
de l'agriculture, les ravages de la famine et de la peste, et nous n'aurons
qu'une faible idée de tant de revers......
Des redevances oppressives pesant sur le peuple et variant selon les
caprices du comte -des spoliations arbitraires des petits par les grands,
les champs ravagés par des bandes sans discipline levées
à la hâte le sol laissé par cela sans culture, les
demeures rurales sans réparation, des disettes, des inondations,
les pestes inséparables de tant de sang répandu, etc....
La civilisation, dont les progrès avaient été
si sensibles aux IVe et Ve siècles, faiblissait et s'arrêtait
tout à coup devant ces luttes barbares suscitées par l'ambition
cruelle des grands " qui ne trouvaient pour eux, dans la religion,
qu'un moyen de défense, jamais un assez puissant moyen de s'améliorer
".
Les causes des malheurs que nous venons d'indiquer, peuvent se résumer
ainsi : désorganisation sociale causée par le mélange
forcé de races opposées par le caractère, vivant
côte à côte sur le même sol le peuple conquérant,
aux moeurs violentes, ne vivant que de la hache et de l'épée,
et le peuple, envahi aux idées nobles et paisibles, ne se portant
à la guerre que malgré lui, supportant impatiemment le
joug dé ces maîtres hautains....
Des familles romaines formant une aristocratie élégante,
mais jalouse aussi de sa prépondérance morale, et ne cédant
pas facilement à des parvenus qu'elle n'estimait que fort peu...(4)
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ATELIERS MONÉTAIRES
BAS-POITEVINS
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Dès les premiers temps de la dynastie mérovingienne,
de nombreux ateliers monétaires se fondent en Poitou, et bien
qu'en vertu d'un usage germanique, les rois eussent seuls le droit de
battre monnaie, il arriva bientôt que les seigneurs et même
les évêques se l'arrogèrent.
Le plus ancien atelier monétaire établi en Bas-Poitou
(5) paraît être celui de Thiré (Theodericiacum),
aujourd'hui modeste bourgade du canton, de Sainte-Hermine. Il fut' l'un
des plus actifs du Poitou durant la période mérovingienne,
et les légendes de cinq tiers de sous d'or (vue siècle),
. dont les dessins sont cidessous, permettent de suivre les modifications
successives que subit le nouveau nom du lieu avant d'arriver à
la forme moderne de Thiré.
Monnaies frappées à Tiré (Cliché Pillon)
Mais en général toutes les monnaies émises dans
ce pays entre la seconde moitié du vine siècle et les
dernières années du XIIe portent au revers le nom de Melle
(6). Ceci n'empêcha pas d'autres ateliers de fabriquer des monnaies
dès l'époque carlovingienne, et sans entrer dans des discussions
techniques très ardues, il nous suffira de faire remarquer qu'on
trouve des monnaieries " à Fontenay, à Brillac, simple
hameau de la commune de Chaix, à Aizenay, à Montaigu,
à Talmont, à la Chevrerie de Vairé, car on peut
dire qu'après le règne de Charles le Chauve, tout seigneur
un peu puissant eut le droit de battre monnaie. Il y a autant de systèmes
monétaires que' de petits états. D'abord les rois capétiens
ne croient pas pouvoir contester ce droit à leurs vassaux, mais
bientôt ils travaillent à en faire un droit exclusivement
royal. Saint Louis se borne à décider que la monnaie du
roi aura cours dans tout le royaume, et comme sa monnaie est de meilleur
aloi, cette mesure est bien accueillie par le peuple. Enfin, c'est seulement
sous Philippe de Valois et Jean le Bon, que les rois s'arrogent enfin
le droit exclusif de battre monnaie. Le duc de Bretagne est le seul
qui gardera cet attribut de la souveraineté, et encore Charles
V lui fera défense de mettre son nom sur les monnaies.
Après l'expulsion des Anglais, Charles VII établit l'un
de ses ateliers monétaires à Fontenay-le-Comte (7), un
second à Montaigu, et un troisième à Aizenay, mais
ces ateliers de circonstance, abandonnés depuis la fin du Xe
siècle, fonctionnèrent fort peu de temps (8).
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Monnaies trouvées à la Bogisière de St-Michel-le-Cloucq,
au commencement du
XIXe siècle : ce sont des tiers de sous d'or frappés à
Voutegon - Cursay - Ardin (Deux-Sèvres), et à Chàteau-Chinon
(Nièvre)
Monnaie frappée au vile siècle à Déas,
où furent déposés provisoirement
les reliques de, saint Philbert,
lors de la première invasion normande
Monnaies trouvées à la Bogisière de St-Michel-le-Cloucq,
au commencement du
XIXe siècle : ce sont des tiers de sous d'or frappés à
Voutegon - Cursay - Ardin (Deux-Sèvres), et à Chàteau-Chinon
(Nièvre)
Monnaie frappée au vile siècle à Déas,
où furent déposés provisoirement
les reliques de, saint Philbert,
lors de la première invasion normande
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NOTES:
(1) Sadragésiles, gouverneur de l'Aquitaine en 613, possédait
en Bas-Poitou, plusieurs châteaux et des salines (Du Tressay),
Tome I, page 57.
(2) C'est sur ces entrefaites que Dagobert fit enlever les portes de
bronze de Saint-Hilaire de Poitiers qui, par la beauté de l'ouvrage,
étaient d'une valeur inestimable, pour les faire porter à
Saint-Denis, qu'il honorait d'une dévotion toute particulière.
(3) Auber (Tome I, pages 331 et 363).
(4) Extrait de l'Histoire du Poitou, par l'abbé Auber. T. n,.
pages 147, 180 et 181.
(5) Si l'on en croit l'abbé Aillery (fouillé du diocèse
de Luçon, XVI), des monnaies gauloises auraient été
frappées à Luçon, probablement sous Auguste.
(6) En 845, Charles le Chauve qui, le premier, mit sur les monnaies
la formule " Roi par la grâce de Dieu " - " Gratia
Dei Rex ", qui se perpétua jusqu'à la fin de la Monarchie,
publia à Pitres un édit, clans lequel il fixait à
dix le nombre des ateliers monétaires royaux, au nombre desquels
se trouvait Melle. L'or, si commun dans les monnayages gaulois et mérovingien,
cesse d'être employé l'argent lui succède, les pièces
s'amincissent et leur flanc s'élargit ; les têtes royales
disparaissent, ainsi que les noms des monétaires, et sont remplacées
par le nom du souverain. - Les seules espèces alors en usage
sont le denier (valant environ 3 fr. 50 d'aujourd'hui), et le demi-denier
ou obole. Le type monétaire carolingien est fort simple; pour
tout ornement, il porte une croix aux quatre branches égales,
légèrement bifurquées à leurs extrémités,
et pour légende le nom du roi : au revers on lit le nom du lieu
où la pièce est frappée. (Histoire de France pour
tous, par Bordier et Charton, pages 225 et 226).
(7) D'après le numismate Poey d'Avant, Fontenay aurait été
pourvu d'une nouvelle officine monétaire entre 1361 et 1372,
époque de la reprise de cette ville par Duguesclin. Cet atelier
occupait, dans la rue de la .Fontaine, l'emplacement actuel de l'Hôtel
du Cerf. - Ci à côté le dessin d'une monnaie à
l'effigie du Prince noir et frappée à Fontenay-le-Comte.
(8) Une note publiée parle comte du Castellane dans le Bulletin
de numismatique, T. III, pages 177 et 178, établit qu'un atelier
monétaire aurait 'été ouvert à Fontenay
à la fin de 1420 ou au commencement de 1421, et qu'il aurait
cessé de fonctionner en 1430. - L'existence de cet atelier est
constatée dans un document original trouvé par M. Planchenaut
en Angleterre, à Cheltenham, dans la bibliothèque (le
Sir Thomas Philippe. - Le comte de Castellane attribue à Fontenayle-Comte
les pièces présentant le style des monnaies de la Rochelle
et portant un C (cursive gothique), sans aucun point d'atelier. (Bulletin
des antiquaires de l'Ouest, année 1896, page 377.).
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OBSCURITÉS DE L'HISTOIRE.
- ROLE DE L'ÉGLISE. -ÉLÉVATION DU BAS-POITEVIN
LEUDASTE |
Pendant les années qui s'écoulent entre la mort
de Clotaire 1er (561) et les invasions sarrazines, on pourrait même
dire et l'avènement de Charlemagne, un voile, épais couvre
l'histoire de notre pays. C'est à peine si Grégoire de
Tours, Fortunat, le poète favori de Sainte-Radégonde et
Adatius, plus connu sous le nom d'Aimoin, et Frédégaire,
nous ont laissé quelques notes isolées, sur ce qu'ils
ont pu voir ou relire, soit dans les chroniques de leur temps, soit
en quelques devanciers inconnus.
Pendant cette époque de décadence et de profonde obscurité,
le triomphe de l'aristocratie sur la royauté, augmente le chaos
les vertus primitives des Francs dissiminés au milieu des gallo-romains
du Bas-Poitou se perdent : la classe des hommes libres diminue, et les
petits propriétaires dépouillés par les grands
sont réduits pour la plupart à l'état de tributaires.
Au, milieu de ce trouble moral et matériel, l'Eglise devint
pour ainsi dire le seul asile des lettres et des sciences. Au clergé
était exclusivement confié le dépôt sacré
des lumières.
Les couvents étaient alors des bibliothèques immenses
qui nous conservèrent les trésors de la littérature
païenne. Les chefsd'oeuvre de l'antiquité se fussent perdus
au milieu de l'inondation des peuples barbares, si le cloître
ne les eut recueillis et renfermés dans son inviolabilité.
Au vite siècle, les écoles diocésaines- et monastiques
de Poitiers (1), de Ligugé, de Saint-Maixent, de Nouaillé
et d'Ansion (aujourd'hui Saint-Jouin-des-Marues) étaient florissantes.
Ansion vit sortir de ses cloîtres plusieurs évêques
et des abbés qui, à l'exemple de saint Fortunat, cultivèrent
les belles-lettres.
L'Église fut aussi le dernier refuge contre l'oppression. Le
clergé, protecteur naturel du peuple, sorti de ses rangs, abolit
l'esclavage dans les terres que la libéralité des rois
lui concéda. Sa hiérarchie, son. organisation admirablement
propres au développement du talent, ne furent qu'une longue protestation
contre le privilège, l'ignorance et la force brutale. Elle prit
les serfs sous sa protection et les conduisit peu à peu à
la liberté. Les affranchissements se multiplièrent aidés
par la religion et par la loi (2) et l'affranchi ne trouva même
pas devant lui de barrières infranchissables pour arriver aux
plus hautes fonctions de l'état, ainsi que cela 'se produisit
pour Leudaste.
Leudaste naquit dans la villa royale de Traîne, située
près du bourg de Grues, au lieu où s'éleva plus
tard le prieuré de Saint-Hilaire. Fils d'un certain Léocadius,
esclave du vigneron préposé à la culture de la
terre du fisc, cet homme que Grégoire de Tours peint sous de
si sombres couleurs, et qui devait être un jour pourvu des plus
hautes dignités, commença par être marmiton dans
la cuisine du roi.. Mais, ajoute un biographe, comme il avait dans sa
jeunesse, des yeux chassieux qui s'accommodaient mal du piquant de la
fumée, il passa du pilon au pétrin. Tout en paraissant
se plaire au milieu des pâtes fermentées, il s'enfuit et
quitta le service. Il fut ramené deux ou trois fois ; niais attendu
qu'on ne pouvait le retenir, on le punit en lui coupant une oreille.
Puis, comme il n'était aucune puissance capable de cacher la
note d'infamie imprimée à. son corps, il s'enfuit auprès
de la reine Marcovière, que le roi Charibert, par un excès
d'amour, avait admise dans son lit, à la place de sa sur
(3). Elle le recueillit avec bonté, l'avança et lui confia
la garde de ses meilleurs chevaux. Dès lors, tourmenté
par la vanité, toujours avide d'élévation, il ambitionna
le titre de comte des étables (4) et, l'ayant obtenu, il n'eut
plus que du dédain et du mépris pour tout le monde. Enflé
d'orgueil, livré à tous les plaisirs, enflammé
de cupidité, partisan dévoué de la reine, il s'entremit
de côté et d'autre pour les intérêts de sa
protectrice. Après sa mort, engraissé de butin, il offrit
des présents au roi Charibert, et obtint d'exercer auprès
de lui les mêmes fonctions. Ensuite, pour les péchés
du peuple, il fut nommé comte à Tours. Là il affecta
encore plus l'insolence d'une haute dignité ; là il se
montra rapace pour le pillage, arrogant dans les querelles, ignoble
par ses adultères et par son talent à faire naître
la discorde et à semer la calomnie ; il y accumula d'immenses
trésors. Après la mort de Charibert, cette ville étant
entrée dans le partage de Sigebert, Leudaste passa du côté
de Chilpéric, et toutes ses richesses injustement amassées,
furent pillées par les fidèles de Sigebert. Quand le roi
Chilpéric envahit la ville (le Tours, par les armes -de Théodebert,
son fils,' j'étais déjà arrivé à
Tours ; Leudaste me fut vivement recommandé par Théodebert,
pour recouvrer le comté qu'il avait eu auparavant. Il se faisait
devant nous humble et soumis, et jurait souvent sur le tombeau du saint
évêque, que jamais il n'agirait contre les lois de la raison,
et que, pour mes intérêts particuliers comme pour les besoins
de l'Eglise, il me serait toujours fidèle. Il craignait ce qui
arriva en effet, que le roi Sigebert ne remit la ville sous son obéissance.
A sa mort, Chilpéric en étant redevenu le maître,
rendit le comté à Leudaste ; mais quand Mérovée
vint à Tours, ce prince pilla toutes ses richesses.
Pendant les deux ans que Sigebert avait été maître
de Tours, Leudaste s'était tenu caché en Bretagne. Quand
il fut en possession de son comté, comme je l'ai dit, il s'enfla
d'un si vain orgueil, qu'il entrait dans la maison de l'église,
couvert de son corselet et de sa cuirasse, armé d'un carquois,
une lance à la main et le casque en tête, ayant tout à
redouter de chacun, parce - qu'il était - l'ennemi de tout le
monde. Si en siégeant comme juge avec les principaux du pays,
soit clercs, soit laies, il voyait quelqu'un soutenir son droit, aussitôt
il entrait en furie, et vomissait des invectives contre, les citoyens.
dl faisait entraîner les prêtres par des menottes et frapper
les soldats à' coups de bâton :. enfin, telle était
sa cruauté, qu'on ne saurait l'exprimer en paroles. Au départ
de Mérovée, qui avait pillé son trésor,
il se fit mon dénonciateur, assurant faussement que c'était
par notre conseil que Mérovée lui avait enlevé
ses richesses. Mais après nous avoir fait bien du mal, il nous
réitéra ses serments, et jura, sur la couverture du tombeau
de saint Martin, qu'il ne se montrerait jamais notre adversaire.
(histoire ecclésiastique des Francs ; tradition de MM. J. Guadet
et Taraune).
Après maintes autres aventures, dont Grégoire de Tours
s'est complu à faire le récit (5), Leudaste finit par
tomber en disgrâce, à la suite de propos inconsidérés
tenus contre Frédégonde, et par être traqué
comme une bête fauve. Arrêté enfin en 583, sur l'ordre
de la reine, il fut conduit dans une villa du fisc, à demi mort
déjà d'une blessure reçue en se défendant
contre les soldats chargés de mettre la main sur lui. Quelques
jours après on lui broya la gorge avec une poutre, à la
grande satisfaction de ses nombreux ennemis (6).
|
NOTES:
(1) A la fin du via siècle, les études étaient
encore assez complètes à Poitiers, pour durer six années.
A Ligugé on s'occupait de l'enseignement et de la transcription
des manuscrits.
(2) Etudier les formules d'affranchissement dans Marculfe.
(3) Marcovière était fille d'un cardeur de laine. Merland
-Biographies vendéennes. T. III, page 475.
(4) Titre qui fut, depuis, le premier dans l'ordre militaire, sous
celui de connétable. Alors c'était comme une intendance
sur toutes les écuries d'un roi ou-d'une reine : et, déjà
on le voit par ce passage, cette charge était regardée
comme importante.
(5) Histoire ecclésiastique des Francs, livre v, 49 et 50 et
livre VI, 32.
(6) La vie de Leudaste fait le sujet des 5e et 6e Récits des
temps Mérovingiens d'Augustin Thierry.
Extrait de Poitou-Vendée, Grues, pages 2, 3 et 4.- Pour plus
de détails, voir la Biographie de Leudaste dans le Tome iii des
Biographies vendéennes, par Merland, Tome ni, pages 471, 519
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BATAILLE DE POITIERS (732)
SES CONSÉQUENCES POUR LE BAS-POITOU
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Les Bas-Poitevins s'étaient vite assimilé les murs
et la civilisation plus avancée de leurs vainqueurs (1) ; l'agriculture
se développait, le commerce renaissait, les habitants de la
région qui constitue aujourd'hui une partie ~de l'arrondissement
des Sables-d'Olonne sillonnaient de leurs barques la mer des Pictons.
A: cette époque notre pays, selon toute vraisemblance, commençait
à con- naître le noisetier, l'abricotier, le châtaignier,
le prunier, le pêcher etc.
L'industrie gallo-romaine était en progrès, et sur
beaucoup de points de la Vendée des découvertes établissent
d'une façon certaine que dès les premiers siècles
de l'ère chrétienne, l'industrie du fer était
prospère à la Ferrière, à la Vergne de
Saint-Hilaire-des-Loges, à Mervent, et que celle du verre y
était en grand honneur sur plusieurs points, notamment dans
la forêt de Vouvent, où en 1889 et 1890, nous avons découvert
plusieurs fours, remontarit aux ne et me siècles (2).
Dès le ne siècle, sous la monarchie des Antonins,
et plus tard sous Posthumus, Lollianus, Victorinus, Marius et Tétricus,
Pendant le règne desquels la Gaule fut pour ainsi dire indépendante,
toutes les magnificences du midi avaient envahi notre contrée.
Aux sanctuaires des forêts avaient succédé des
temples magnifiques'- à Champorté près Pouzauges,
à Saint-Michel -Mont-Mercure, à Bouin, à Saint-Georges-de-Montaigu,
- et aux maisons de terre et de bois, avaient succédé
les maisons de pierre et de marbre.
Les hommes considérables ont dans la cité leur maison
d'hiver et dans les campagnes des villas magnifiques, des curtis,
coin, prenant outre la maison seigneuriale, de véritables villages
occupés par de nombreux artisans, où le luxe de la richesse,
le bon goût, et même une certaine poésie charmaient
l'existence de ceux qui venaient chercher un abri contre les préoccupations
ou e ennuis de la cité.
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Ces villas, qui sous la première race de nos rois deviendront
la demeure de quelque noble franc ou appartiendront au fisc royal
comme à l'Hermenault, Thiré, Grues, Saint-Nicolas-de-Brem,
Antigny, Petosse, Payré-sur-Vendée, Saint-Gervais, Noirmoutier,
etc., (3) sont souvent pourvues de thermes ou balnéaires comme
ceux de Noirmoutier, que nous décrirons plus loin, .et dont
l'aménagement et la richesse sont pour nous un sujet d'admiration.
Ces villas sont cachées au bord des eaux, à l'ombre,
des forêts (4), au flanc des collines, au fond des vallées
les plus reculées, et les fouilles entreprises depuis 50 ans
en Vendée, notamment par MM. de la Brière, Piet, de
Sourdeval, Audé, Fillon, Brethé, Baudry, Mandin, etc.,
ont établi qu'il en existait sur plus de cent points aujourd'hui
connus.
Dans maints tombeaux de cette époque, au Mazeau, à
l'lsleaules-Vases, à Saint-Denis-du-Payré, à
Nalliers, au Langon, à Dompierre, à Saint-Georges-de-Montaigu,
à la Bernardière, à Saint-Médard-des-Prés,
et ailleurs, on a trouvé de nombreux objets en verre de l'époque
gallo-romaine, fabriqués en Vendée et dont' l'ensemble
annonce un sentiment artistique très développé.
Dans la villa de, Saint-Médard-des-Prés, découverte
en 1845, et dont l'atrium reconstitué figure dans notre dessin,
on a trouvé des couleurs, des bronzes, des mosaïques et
des vernis. Des peintures murales, qui ornaient cette riche habitation,
pourraient bien faire honte à. quelques peintres décorateurs
de nos jours. On y remarque surtout des sujets ayant trait aux divinités
des eaux.
Instruments de peinture découverts à Saint-Médard
(Atrium restauré de la villa)
(D'après une eau-forte de M. de Rochebrune)
Dans l'angle sud-est de la sépulture, on a trouvé un
coffret en fer très oxydé, de 0 m. 25 de longueur, 0
m. 15 de largeur et 0 m. 10 de hauteur. Il renfermait, mêlés
à un peu de terre amenée par l'infiltration des eaux
1- Une boite à couleurs en bronze (n° 1). - 2- Un godet
on petit mortier du même métal (n° 7). - 3- Un étui
contenant deux petites cuillères également en bronze
(n° 8, 9 et 10). - 4° Deux instruments en cristal de roche
(n° 11). - 5° Deux manches de pinceaux en os (n° 12).
- 6- Une palette en basalte (n° 13).
Ces divers fragments, possédés par MM. Charier, Jousseaume,
de Fontenay, etc., dénotent une grande habileté et-se
rapportent au IIIe siècle. Un mouvement considérable
dans les arts de la Gaule se produisit sous Posthumus, dont certaines
- monnaies seraient aussi très; supérieures comme sentiment
de l'art, à ce qui se faisait alors en Italie. Les bains romains,
découverts à Noirmoutier, semblent se rapporter à
l'époque du grand mouvement dont nous venons de parler. Il
n'est, pas jusqu'aux potiers poitevins qui, ainsi que nous le verrons,
_n'aient laissé avec leurs marques de fabrique, divers objets
de la même époque.
L'ancienne côte des, Pitons, depuis Benet jusqu'aux limites
du pays de Retz surtout, est littéralement garnie de substructions
romaines.
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NOTES:
(1) A, la suite de cette défaite, sa fille Lampagie, mariée
à Manuza, gouverneur de la Catalogne, fut prise et envoyée
par Abdéram à Damas, dans le, sérail' du calife.
(Thibaudeau. T, i, page 496.
(2) Histoire de France pour tous, par Bordier et Charton, page 152.
(3) Louis Brochet. - Histoire de l'abbaye royale de Saint-Michel-en-l'Herm.
Le monastère de 1'11e (le Ré fut détruit par les
Normands, un siècle après sa fondation. - La principale
pierre précieuse qui ornait la couronne ducale était une
turquoise.
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LES RELIGIEUSES - DE SAINTE-CROIX
DE POITIERS SE RÉFUGIENT A JARD. CURIOSITÉS GÉOGRAPHIQUES
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" Les religieuses de Sainte-Croix de Poitiers, dont la basilique
était hors de l'enceinte fortifiée de Poitiers, restèrent
dans leur couvent tant qu'Abdel-Rahman demeura au-dessous de la Charente
; mais quand elles apprirent qu'il arrivait pour piller le sanctuaire
du grand saint Hilaire et celui de saint Martin de Tours, elles songèrent
à dérober par la fuite, aux mains des sectateurs de l'Islam,
les restes vénérés de leur fondatrice. Une seule
route leur était ouverte, celle des petits ports de l'Océan,
où elles pouvaient avoir la ressource de s'embarquer, si l'invasion
pénétrait jusque dans le pays d'Herbauges. Elles prirent
le Chemin des Sauniers, se dirigeant sur Jard qui, s'il ne faisait pas
partie de leurs domaines, dépendait du fisc royal.
Ce Chemin des Sauniers, bordé tout le long de son parcours de
localités d'origine fort ancienne, ne semble point, dès
le principe du moins, avoir été créé dans
un but stratégique, mais pour faciliter le transport d'une denrée
de première nécessité, telle que le sel.
Dans sa traversée du Bas-Poitou, on lui donna, au moyen âge
divers noms : tantôt on l'a appelé le chemin de la Bissexte,
tantôt celui des Mulets; près des Magnils-Reignier, proche
de Luçon, il devient le chemin des Treize-Pas, en souvenir de
sa largeur première. A quelque distance. de là, c'est
le chemin de Sainte-Ragond, parce qu'il longe les murs de l'ancien prieuré
de sainte Radégonde des Cagoules (1), situé dans la commune
de la Bretonnière.
Selon toute probabilité, les religieuses de Sainte-Croix durent
franchir le Lay vers le 1er octobre, ainsi que le constatait la procession
qui, avant 1789, partait de la chapelle de Sainte Radégonde des
Cagoules, pour se rendre processionnellement à Saint-Hilaire-la-Claye,
en commémoration de ce que sainte Radégonde avait passé,
ce jour-là, la rivière du Lay (2). Quelques semaines après
l'arrivée des religieuses à Jard, parvint la nouvelle
de la défaite des Sarrazins, serait de la sorte une commémoration
qui nous permettrait, à plus de onze siècles de distance,
de fixer la date précise de cette glorieuse victoire.
Anneau de sainte Radégonde, reine de France. dont la fête
du 27 octobre Possédé par Mme Charier-Fillon
Mais ce n'est pas tout; d'autres indices géographiques
sont encore à signaler. Vis-à-vis de la Claye, de l'autre
côté du Lay, sont les débris d'une petite chapelle'
dédiée à sainte Aigne, dans laquelle on reconnaîtra
sainte Agnès, la première abbesse de Sainte-Croix, l'amie,
la confidente de ta femme de Clotaire (3). Une lieue plus loin, toujours
sur la même voie, au point ou se joignent les territoires des
paroisses de Saint-Cyr, de SaintBenoît-sur-Mer et de la Jonchère,
sur l'escarpement de la rive gauche du ruisseau de la Bonde, est un
champ appelé dans les vieux actes (4)le Cahu Saint-Tragon, bienheureuse
qui, malgré la forme masculine de son nom, n'est autre que la
sainte Ragonde du langage populaire (5).
|
NOTES:
(1) Cagoule, coiffure de cagous, sorte de gueux qui fréquentèrent
beaucoup le Poitou au moyen âge.
(2)Sainte Radégonde, étant morte le 12 août 587
il s'agit évidemment des cendres de la défunte, portées
par les religieuses de Sainte-Croix.
(3) Une métairie, dite de Sainte-Agne, où était
une vieille chapelle. est placée dans le bourg des Magnils, sur
la même voie, près de son point d'intersection avec le
Chemin de Saint-Gilles, conduisant autrefois de Luçon à
ce dernier port, et remplacé aujourd'hui par le chemin de G.
C. n° 56. A petite distance du Chemin des Sauniers, non loin d'Ardin
(Deux-Sèvres), se voit aussi un autre oratoire dédié
à sainte Agnès, près duquel est une fontaine qui
donne, dit-on, du lait aux nourrices.
(4) Arrentement, par l'abbé. de Talmond, du Champ de la Bonde,
proche le Cahu Saint-Tragon, à Richard-Farry (4 Juin 4475). Le
Cahu Saintragon (sic), dans une autre pièce du 22, septembre
1622. (Papiers du prieuré de la Gillerie de Saint-Cyr.)
(5) Extrait de Poitou-Vendée, (Jard, par de Rochebrune et Fillon.)
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FUSION DES RACES. - ARTS
ET MONUMENTS
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Vers la fin de la dynastie mérovingienne, la fusion des
races était déjà très avancée dans
le Poitou. Dans ce pays, la civilisation gallo-romaine avait gardé
de profondes racines, et les Francs y montraient moins de répugnance
à admettre les éléments du passé dans l'organisation
nouvelle. Néanmoins, on a peu construit à l'époque
franque, ou du moins rien qui fut original ou de durée. Entre
les murailles monumentales de l'époque romaine et celle de l'âge
féodal, les cinq-cents ans de la domination germanique semblent
n'avoir rien fondé dans notre pays. La plupart des églises,
des monastères et des forteresses qui furent élevés
à cette époque ont dût être reconstruits depuis.
Il n'y a guère été fait exception en Vendée,
que pour le fort de Saint-Georges-de-Montaigu, dont il subsistait encore
des traces au commencement de ce siècle (1). Le monde franc vivait
sur les dernières épaves de la civilisation romaine Charlemagne,
pour orner de colonnes son palais d'Aix-la-Chapelle, était obligé
de dépouiller les monuments de Rome et de Ravenne.
Lorsqu'en 752, Pépin, luttant contre le malheureux Waifre,
duc d'Aquitaine, acheva de briser la couronne des rois mérovingiens,
l'Aquitaine seule se souleva au milieu de ses ruines, pour, protester
contre l'usurpation des maires du palais, et contre la réaction
germanique.
L'histoire offre peu d'exemples d'une résistance aussi énergique
et aussi longue.. Elle dura pendant tout le règne de Pépin,
et ne succomba que devant le génie et la puissance de Charlemagne.
Le Poitou fut alors le théâtre d'une guerre acharnée.
Poitiers fut pris et repris, et les vieux chroniqueurs parlent alors
pour la première fois du château de Thouars, qui était
à cette époque le plus fort de tous les châteaux
d'Aquitaine (2).
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NOTES:
(1) Voir le dessin au chapitre V.
(2) " Thoarciis castrum, quo in Aquitania firmior non erat destruxit
" Annales Mettenses, Recueil de Dom Bouquet.
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LES CARLOVINGIENS
LE MISSI DOMINICI
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Les Chartes de cette époque (Charlemagne pour le Poitou,
comme pour le reste de la France), reproduisent les anciennes formules
et montrent qu'il n'y eut de changement dans l'organisation administrative
et judiciaire, que pour la relier plus fortement au pouvoir central
(1).. Par une contradiction qu'offrent fréquemment les révolutions,
la nouvelle dynastie, née de la réaction germanique, appuya
surtout son gouvernement sur la centralisation, et contint énergiquement
l'esprit d'indépendance.
L'institution des missi dominici (2) fut un des plus puissants moyens
qu'employa Charlemagne pour maintenir l'unité dans son gouvernement.
Il envoya en Aquitaine le comte Richard et l'évêque Wilbert,
qui firent cesser les envahissements et rétablirent l'ordre dans
les finances de Louis, roi d'Aquitaine.
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NOTES:
(1) Plaïd tenu par le comte Abbon, â Poitiers, en 781.
- Notice d'un jugement rendu à Poitiers en 791, par le comte
Abbon, assité d'Aldebald et d'Hermingard, envoyés du roi.
(Dom Etiennot). -.Manuscrit de Dom Fonteneau, Du Fougeroux. - Le Poitou
sous la domination Carlovingienne.
(2) Hauts fonctionnaires envoyés dans la province, avec mission
d'inspecter les agents locaux, de leur retirer leur charge si -c'était
nécessaire, et de réformer les abus. Ces hauts fonctionnaires
étaient pris surtout dans le sein du clergé. Leur présence
est signalée pour la première fois en Bas-Poitou en 814.
Sous Charlemagne, la police des rivières et des routes, dont
plusieurs conservent son nom à Sigournais, à Chantonnay,,
et dans les environs de Talmont, fut assurée ; les voies publiques
durent être entretenues par les comtes. Après lui, le réveil
de l'industrie
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LES VICOMTES. - VIGUIERS
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Guizot a pu dire avec raison que du Ve au Xe siècle, le
règne de Charlemagne est la seule époque où l'existence
des grands propriétaires (1) et leur pouvoir dans leurs domaines
aient vraiment subi avec quelque régularité le pouvoir
royal. Il faut placer à cette époque la création
des. vicomtes, des viguiers et des scabins. A la place du tribunal,
où les hommes libres se jugeaient entre eux, Charlemagne établit
des juges nommés scabins (scabini), fonctionnaires de l'État,
chargés de juger sous la présidence du viguier (vicarius)
(2), dans la circonscription rurale de l'ancienne décanié,
qui prit alors le nom de viguerie. Filleau (3) a trouvé dans
le Poitou quatre-vingt-quatre vigueries. De la Fontenelle, dans son
savant travail sur les Vigueries du Poitou, en compte un peu moins.
Au-dessus des viguiers fut placé le vicomte, vicecomes, chargé
de remplacer le comte, et venant immédiatement après lui.
Le Poitou eut quatre vicomtes : le vicomte de Thouars, le vicomte de
Châtellerault, le vicornte de Melle et le vicomte d'Aunais. A
la fin du règne de Charlemagne, lorsque les Normands commencèrent
à paraître, le pays d'Herbauges, qui comprenait presque
tout et du commerce eut le méme sort que le' réveil des
lettres et des arts. Lé règne de Charlemagne, pour toute
la vie sociale, est un temps de repos entre deux anarchies, un rayon
de lumière entre deux barbaries. le littoral (1), fut érigé
en comté, pour qu'il y eut toujours un chef militaire prêt
à agir dans la portion du pays la plus menacée par l'invasion;
mais les comtes d'Herbauges restèrent cependant dans une situation
inférieure à celle des comtes de Poitou.
|
(1) Charlemagne était grand propriétaire lui-méme,
et il attachait. une si grande importance à la bonne administration
de ses innombrables villas qui occupaient environ la quinzième
partie du territoire et formaient tout son revenu, qu'il rédigea
lui-même, sur ce sujet, une ordonnance en soixante-quinze articles
(capit. de Villis, vers 789.) Histoire de France pour tous, page 195.
(2) Le nom de vicarius paraît du temps des Wisigoths.: mais à
cette époque c'était surtout une charge militaire. - Le
vicarius commandait à mille hommes.
(3) Mémoire de la Société' académique de
Poitiers.
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LES COMTES DU POITOU
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Le Poitou eut des comtes particuliers sous les rois de la race
mérovingienne. Charlemagne en établit aussi et les mit
sous la domination du duc d'Aquitaine, qui était alors comte
de Toulouse.
Mais les comtes de Poitiers ne tardèrent pas à partager
le premier titre avec eux ; car, en 846, Charles le Chauve nomma Ranulfe
1er, comte de Poitiers, duc d'Aquitaine, en plaçant le Poitou,
l'Angoumois et la Saintonge dans sa juridiction.
Lorsque Hugues Capet eut usurpé le trône, les comtes de
Poitou, toujours ducs d'Aquitaine, étendirent leur autorité
sur l'Aunis et le Limousin.
Eudes, fils de Guillaume III et d'une fille de Sanche - Guillaume,
duc de Gascogne, eut en héritage ce dernier duché, Est,
à son avènement au comté de Poitiers, en 1038,
le remit à celui d'Aquitaine. On sait comment, par le mariage
d'Eléonore avec Louis VII, puis avec Henri II, roi d'Angleterre,
le Poitou et l'Aquitaine passèrent en ces deux maisons, Philippe-Auguste
les confisqua en 1201 sur Jean-sans-Terre. Le traité de 1250
céda définitivement le Poitou à . la France.
Donné par Louis IX à son frère Alphonse, il fut
par la mort de celui-ci, réuni pour la seconde fois à
la couronne. .Conquis de nouveau par les Anglais, le traité de
Bretigny (1360) leur en assura la possession, jusqu'au moment où
Charles V le reprit pour constituer un apanage à son frère
Jean, duc de Berry, à la mort duquel Charles VI le donna aussi
à Jean, son fils. Celui-ci étant mort sans enfants, le
Poitou revint- définitivement à la couronne. L'histoire
des comtes de Poitou étant presque continuellement confondue
avec celle des dues d'Aquitaine, et le numéro -d'ordre de ceux
qui portent le même nom variant selon qu'on les compte pour le
Poitou ou pour l'Aquitaine, leur chronologie devient quelque peu difficile
à débrouiller. Dans celle qui va suivre, nous indiquerons,
comme le font les auteurs de l'Art de vérifier les dates, ceux
qui étaient en même temps ducs d'Aquitaine, en faisant
observer, qu'à l'égard des Guillaume, il y a lieu d'augmenter
de deux unités le chiffre de leur rang comme ducs d'Aquitaine.
Ainsi, Guillaume 1C, de Poitou est Guillaume III d'Aquitaine et ainsi
de suite, jusqu'à Guillaume VIII, qui se trouve Guillaume X d'Aquitaine.
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COMTES DE POITOU
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Abbon, 778.
Ricuin et Bernard, 832.
Bernard et Eménon, 838-839.
Rainulfe 1er, duc d'Aquitaine, 839-867(2).
Bernard II, 867-880.
Rainulfe II, 886-893.
Adémar ou Aymar, 893-902.
Ebles Manzer, duc d'Aquitaine, 902-932.
Guillaume 1er, tête-d'Etoupes, duc d'Aquitaine, 932-963
Guillaume II, Fier-à-Bras, duc d'Aquitaine, 963-990.
Guillaume III, le Grand, duc d'Aqui taine, 990-1029.
Guillaume IV, le Gros, duc d'Aqui taine, 1029-1038.
Eudes ou Odon, duc d'Aquitaine, 1038-1039. |
Guillaume V, Aigret ou le Hardi, duc d'Aquitaine,
1039-1058.
Guillaume VI, duc d'Aquitaine, 1058-1087.
Guillaume VII le Jeune, duc d'Aqui taine, 1087-1127.
Guillaume VIII, duc d'Aquitaine, 1127-1137.
Eléonore et Louis le Jeune, 1152.
Eléonore et Henri d'Anjou, 1169.
Richard, duc d'Aquitaine, 1196.
Othon de Brunswick, 1196-1197.
Eléonore, 1197-1203.
Alphonse, 1241-1271.
Philippe le Long, 1311-1316.
Jean de France, 1357-1360.
Le même, duc de Berry, 1369-1416 (3) |
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NOTES:
(1) Dufour. La Fontenelle. - Doué, placé sur les confins
de l'Anjou et du Poitou, et dont la construction remontait aux Wisigoths,
fut le principal séjour de Louis le Débonnaire qui, en
818, rit commencer: les levées de la Loire, continuées
au XIIe siécle par Henri d'Angleterre, enfin achevées
sous Louis XII.
(2) Un Begon fut comte pendant quelques années.
(3) Extrait des monnaies seigneuriales Françaises, par Poey
d'Avant, pages 94-95.
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LES DUCS
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Les Ducs étaient surtout chargés de commander les
troupes, tout en laissant à la garde des frontières et
à l'administration civile et judiciaire, les comtes et les officiers
de leur dépendance. Ceux-ci avaient en outre l'intendance des
finances et la direction des ateliers monétaires de la province
dont nous parlons ailleurs. - Les comtes du Poitou, ainsi que nous l'avons
vu, furent mis par Charlemagne sous la domination du duc d'Aquitaine,
qui était alors aussi comte de Toulouse.
Néanmoins, les comtes de Poitiers ne tardèrent pas à
partager les premiers titres, et à être les vrais maîtres
du Pagus ou Civitas pictavensis.
Mais ce grand pays était trop vaste, pour qu'à l'exemple
de l'administration religieuse, et même simultanément à
elle, le gouvernement ne cherchât pas à simplifier ses
rouages par des subdivisions indispensables. Alors on créa des
pagus minores, qui en Bas-Poitou, portèrent les noms de pagus
de Mervent, Herbauges, Tiffauges et Thiré.
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LES VIGUERIES DU BAS-POITOU.
- DIVISIONS OU
CIRCONSCRIPTIONS RELIGIEUSES
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Après le démembrement du pagus de (Mairevant), il-
exista une viguerie au même lieu, à partir de 971, une
à Chantonnay en 975. Une autre fut créée aussi
à Talmont et à Brane (Bram, Bran), (Brandois n'est plus
aujourd'hui qu'un point de la côte qui a donné son nom
à deux communes : Saint-Nicolas et SaintMartin-de-Brem). Le document
le plus important ayant trait à cette viguerie est de 1020, contenant
don par Adhémar, au monastère de Saint-Cyprien de Poitiers,
`de biens au pays d'Herbauges dans la viguerie de Bram et de Talmont.
Fontenay est mentionné entre 4029 et 1031 comme chef-lieu de
viguerie (1). Dès cette époque Fontenay possédait
un château. Les vigueries (vicaris de vicus, bourg considérable)
furent donc placées dans les centres importants et eurent sous
leur autorité les villages ou paroisses renfermées dans
leurs limites.
Au XIe siècle l'institution commença à décliner
.par suite de la formation d'un plus' grand nombre de vicomtés,
dont les titulaires, devenus héréditaires et plus indépendants,
administrèrent la justice et les autres choses de leur ressort
par des prévôts et autres agents.
Au VIIIe siècle, dit Auber, le Bas-Poitou comprenait au point
de vu religieux l'archiprêtré de Pareds, les doyennés
de Mortagne et de Saint-Laurent-sur-Sèvre, qui relevaient de
l'archidiaconé de Thouars ; les doyennés de Fontenay,
ou plutôt de Saint-Pierre-du-Chemin, Mareuil et Talmont, qui relevaient
de l'archidiaconé de Briançay, autrement dit Brioux.
|
NOTES:
(1) Il s'agit dans l'espèce d'un don fait à l'abbaye
de Saint-Cyprien de Poitiers par Guillaume le Gras, due d'Aquitaine,
d'une pécherie située dans la viguerie de Fontenay. Fontenay
avait alors comme viguier Ingelelme de Veluire, Veluire faisant alors
partie de cette circonscription administrative (Archives de Fontenay,
T. I, page 31.
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FIDÉLITÉ
DU POITOU AUX RÉGIMES DÉCHUS
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Le Poitou avait combattu pendant cinquante ans pour maintenir
sur le trône les descendants de Clovis lorsque le dernier représentant
de la première race eut disparu, il s'attacha à la seconde,
resta fidèle à Charles le Simple dans sa mauvaise forturie,
repoussa Eudes, Robert et Raoul, et résista longtemps à
Huges Capet lui-même (1). Les historiens n'ont pas assez remarqué
cette loyale fidélité qui, dans nos contrées, resta
inébranlable à toutes les époques; nous y trouvons
aussi une nouvelle preuve de. la fusion plus rapide des qualités
de chaque race dans notre Poitou. Le respect de l'autorité et
l'amour de l'ordre et de la régularité étaient
dans les traditions romaines ; le dévouement chevaleresque, la
fidélité et l'attachement à la personne du chef
étaient dans les murs des, Francs. La réunion, de
ces qualités, se retrouve dans les sentiments de, toute, la France
au, moyen âge ; elle s'était développée plus
vite et plus rapidement dans notre province. Elle y a mieux résisté
aussi à l'épreuve du temps, et la royauté Au vieux
droit, à une époque peu éloignée de nous,
a trouvé encore ses plus énergiques défenseurs
dans le Poitou et sur les champs de bataille de l'héroïque
Vendée(2).
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NOTES:
(1) Dom Bousquet. - Recueil des historiens de France. - Auber.
(2) Du Fougeroux.
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